FRED PELLERIN SUR LE C.D. CHANTE TELLEMENT JUSTE LA CHANSON DU CAMIONNEUR QU’ON DIRAIT QU’IL CHANTE FAUX, COMME ON SE FAISAIT L’HONNEUR DE LE FAIRE DANS MON TEMPS AUX PIERROTS

Quel magnifique conseil d’administration de la créativité ce matin… Hier soir, Michel avait travaillé avec passion pour terminer la nouvelle interface de www.wow-t.com qui accompagne la poïétique du lab doctoral de www.lepaysoeuvredart.ca… pendant que de mon côté à la bibliothèque, je transcrivais des passages de Félix Leclerc le roi heureux, biographie de Jacques Bertin pour nourrir le fil d’or de l’item La Tuque du chapitre 2 du doctorat.

Ceci dit… Michel me dit: Pierrot, Louis Alary m’a envoyé un extrait du c.d. de Fred où il chante la chanson du camionneur… l’as-tu entendu…. j’ai dit non… je suis concentré sur le doctorat…

Et Michel de la faire jouer…. Inimaginable…. une voix en avant comme je l’ai toujours vécue dans ma carrière…. tellement en avant qu’elle atteint le fragile éternel de chaque personne humaine… Une perfection émouvante… Un peu plus et je me disais que Fred aurait pu même la composer…

Quel cadeau quand même… et cette voix de femme si subtile et discrète qui semble habiter l’âme du camionneur pendant qu’il conduit…

Ca me rappelle… Aux Pierrots… la deuxième année je crois… Robert Ruel avait bâti un feu de foyer gigantesque dans le mur face à la scène… Les lundis de l’hiver, pendant des tempêtes de neige impressionnantes, je chantais sur une chaise devant le feu de foyer pour les quelques clients… les grandes chansons en lisant dans mon cahier et en arrêtant entre les couplets pour raconter….raconter…et raconter encore… Une voix qui rythmait le feu et les bûches…. une voix issue de nos folklores…. J’étais un homme qui chante et qui humblement, comme les premiers habitants de ce pays, comme mon arrière grand-mère avec son accordéon à piton faisait danser mon grand-père agé de 5 ans et ses frères et sœurs un 25 décembre pendant que mon arrière grand-père se mourait dans le haut côté…. avec des cris de douleurs que seul le vent de la tempête entre les montagnes pouvait accompagner…

Isabelle m’a souvent dit: Y a jamais personne qui t’a dit que tu chantais faux?…. ca m’a toujours fait éclater de rire… 32 ans à chanter faux…. certainement…. un homme qui chante refuse de chanter juste comme un vrai chanteur… Il chante faux pour tous les errants fantomatiques qui n’ont que la fausseté de leur gorge pour crier à l’univers la peur ontologique d’être né au mauvais moment et au mauvais endroit….

J’ai chanté faux toute ma vie comme j’ai eu des mauvaises notes à l’école toute ma vie… Il fallait s’enfuir par les crack de planchers des errants axiologiques trop asservis à devenir quelqu’un dans la courte existence….

La poésie passe par l’anonymat…. Ce camionneur de la chanson… il y a que lui et moi qui savons que j’ai vraiment volé les mots de sa bouche, des mots dédiés à sa femme… il y a que lui et moi qui savons que dans une tempête épouvantable sur la route de La tuque, on a failli se tuer pendant que le vieux chapelet jauni auquel on ne croyait ni lui ni moi se balançait complètement de nous…

Il y a que lui et moi qui savons que son amour pour sa femme était plus grand que son lit dans le camion…. Je lui ai volé ses mots en échange de quelques je t’aime qui bloquaient dans le fond de sa gorge comme une débâcle au printemps qui n’en finit plus de se gonfler de pitounes.

Oui Isabelle, j’ai chanté faux toute ma vie… j’ai jamais accordé ma guitare… j’ai souvent joué avec des cordes en moins… je fuyais, je me cachais en arrière de l’autre Pierrot parce que j’haissais profondément la scène… De la scène, on voit la terrible misère humaine des humains qui s’imaginent qu’on est quelqu’un parce qu’on est là-dessus alors que j’étais juste assez lâche pour me cacher là-dessus pour ne pas travailler…..

Une chanson… et c’est ce que Fred a compris… ca se chante au creux de l’oreille, dans un studio d’un ami, pour sa femme et ses enfants….faisant de chacun des hommes brisés par les horreurs de la condition humaine une espérance du meilleur à offrir à sa femme.

FRED CHANTE TELLEMENT JUSTE SUR SON C.D. QU’ON DIRAIT QU’IL CHANTE FAUX:))))))))))))))))))))))))) comme dans mon temps:))))))))))))))))) ET C’EST SUPERBEMENT RÉUSSI

Bravo Fred

Pierrot vagabond