ARCHIVES 2012 POUR DOCUMENTER LE IER CHAPITRE DU DOCTORAT «IMAGINONS», DE L’ÉQUIPE DE RECHERCHE AULD, WOODARD, ROCHETTE)
Allo Pierrot voilà les argumentaires!
un fait auprès du Conseil des arts du Canada (on a eu la bourse)
l’autre au près du CALQ (refusé!)
Mais voit l’argumentaire de la Calq, il y a un beau terme qui te cerne bien l’homme que tu es!
Amicalement! Sim!
Simon Gauthier – bourse mi-carrière – spectacle de conte – avril 2012
Description du projet
L’objet de cette demande de bourse est de travailler à un nouveau spectacle de conte. Ma dernière création remonte à 2007, année où j’ai finalisé un travail de deux ans qui a abouti à mon spectacle Source(s), spectacle dont le texte écrit et « joué » a par la suite été publié en livre-CD aux éditions Planète rebelle, en 2009. Au cours des cinq années qui se sont écoulées depuis sa création, j’ai fait plus d’une soixantaine de représentations de Source(s), tant au Québec qu’en France, en Belgique ou en Suisse romande.
Alors que Source(s) avait pour thème « l’eau, source de vie, source de conflits », dans mon prochain spectacle, j’aimerais aborder le thème de la sagesse. Le spectacle aurait deux volets ou plutôt, les histoires auraient lieu à deux niveaux. D’un côté, le corps de l’histoire qui se passerait dans un village où règnent la bisbille et la délation ; ne pouvant que constater cette dégradation du tissu social, trois habitants du village auront la mission de partir à la recherche de la sagesse. Mais dans leur esprit obtus et bassement mercantile, ils croient que la sagesse s’achète, dans des petites fioles, tel un précieux élixir.
À cette trame principale viendront s’imbriquer de petites historiettes, des moments de sagesse inspirés de ma rencontre avec un personnage véritable et bien vivant : Pierrot le vagabond. Je prendrai ici quelques lignes pour parler de ce personnage improbable mais pourtant bien réel. Pierrot, c’est Pierre Rochette, chansonnier, qui fut l’un des deux fondateurs de la vénérable boîte à chansons « Les deux Pierrots » en 1974. En 2007, accomplissant un vieux rêve, Pierrot a donné tous ses biens pour ne conserver que quelques vêtements et sa guitare. Il a fait vœux de pauvreté et de chasteté – sans se joindre à un ordre religieux quelconque – et il est parti sur les routes, tel un vagabond, rappelant les moines gyrovagues, ces moines grecs vivant d’aumônes et n’ayant pas de demeure fixe. Pierrot a voulu « vérifier si l’univers allait prendre soin » de lui. Pendant trois ans, il a marché sur les routes, a fait connaissance de moult gens avec qui il a beaucoup parlé, échangé – et à qui il a chanté et même composé des chansons. Sa situation de détachement matériel et psychologique extrême lui a permis une grande ouverture d’esprit et un exceptionnel sens de l’observation du genre humain. Bref, Pierrot est devenu ce qu’on peut appeler un philosophe, au sens des racines grecques de ce mot – « philo-sophos », « ami de la sagesse ».
Donc, comme je le disais plus haut, à la trame principale de l’histoire viendront s’imbriquer de courtes historiettes de sagesse, ou philosophiques, inspirées de mes rencontres et nombreux échanges avec Pierrot le vagabond. Pour imager cette imbrication de contes opposés et complémentaires tout à la fois, un terme de la marine me vient à l’esprit : on peut dire que ce seront des contes épissés, tels des cordages assemblés en entrelaçant les fils.
Collaborateurs
Pour la mise en scène, la direction de jeu et à titre de consultant aux textes, je ferai appel à Daniel Gaudet, collaborateur et complice de longue date. Daniel m’a appuyé et a travaillé à la mise en scène de tous mes spectacles depuis mes débuts. Cette complicité et ces années d’expérience de travail d’équipe sont un gage d’efficacité, de confiance mutuelle et j’oserais même dire de réussite. (Voir le curriculum vitae de Daniel Gaudet en annexe.)
Pour composer une trame sonore, je ferai appel à Benoit Rolland, musicien électro-acousticien. Je n’en serai pas à ma première collaboration avec Benoit Rolland puisqu’il a conçu la trame sonore de mon spectacle Source(s). Nous avons aussi travaillé ensemble pour le projet des « Hommes à scie », ainsi que pour la série « Narrateurs atypiques pour un siècle hystérique », à l’émission « Vous êtes ici » de la radio de Radio-Canada, en 2009. Cette série a aussi été publiée en livre-CD aux éditions Planète rebelle. (Voir curriculum vitae de Benoit Rolland en annexe.)
Pour la création lumière, je compte faire appel à Simon « Luminart » Gauthier (non, ce n’est pas une erreur. Cet éclairagiste de talent est bien mon homonyme. C’est pourquoi je l’appellerai « Simon Luminart », du nom de la boîte de production artistique pour laquelle il travaille.) Ce ne sera pas non plus ma première expérience de travail avec Simon Luminart puisqu’il a assuré la création lumière du spectacle « Cabaret métallurgique » des Hommes à scie.
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Partie D – Description du projet
L’objet de cette demande est un travail de recherche et d’écriture d’un nouveau spectacle de contes.
Entre 2004 et 2008, j’ai écrit deux nouveaux spectacles : Simon pète les plombs !, un spectacle où le personnage principal « pète les plombs » et perd le contact avec la réalité, me permettant d’aborder le délicat sujet du déséquilibre mental et d’ainsi parler du « pays intérieur ». Puis, ce fut la création de Source(s) ; cette fois, par le biais de l’importance de l’eau et des problèmes créés par sa rareté, j’aborde aussi les problèmes socio-politiques découlant des injustices causées par un dirigeant assoiffé de pouvoir et de richesse. « L’eau, source de vie, source de conflits . »
Les deux spectacles dont je viens de parler succintement sont tous deux sous forme d’une seule longue histoire, une épopée que je raconte pendant une heure trente. Il est clair que ces spectacles ne peuvent être présentés dans des formats écourtés, par exemple lorsqu’on me demande une prestation de quarante-cinq minutes.
Pour ma nouvelle création, j’ai l’intention de refaire un spectacle comportant plusieurs blocs d’une durée de quinze minutes qui pourraient se faire en une seule prestation complète d’une durée de quatre-vingt-dix minutes, ou encore être présentés en segments courts et autonomes lorsque l’occasion le demande. Bref, je vise plutôt la formule communément appelée « tour de contes » plutôt que la longue épopée.
Mon prochain spectacle aura comme point de départ la marginalité. Pour ce, j’irai collecter
Subvention en littérature orale (conte) volet création – Simon Gauthier – Avril 2011
quatre « informateurs », quatre êtres humains aux parcours très différents, marginaux chacun à leur façon, ayant en commun d’être de magnifiques conteurs naturels. L’idée est de rencontrer chaque personnage pour son histoire et ses histoires, pour découvrir un coin de son jardin secret, pouvoir m’en inspirer et transmettre dans mes mots la substance, la couleur dont ils m’auront imprégné.
Laissez-moi maintenant vous présenter succintement chacun de ces quatre informateurs.
Pierrot le vagabond – Pierre Rochette est l’un des deux fondateurs-chansonniers de la vénérable boîte à chansons « Les deux Pierrots », ouverte en avril 1974 dans le Vieux-Montréal et dont le succès fut immédiat. Pendant des années, Pierre Rochette s’est produit en spectacle. En mars 2007, il a décidé de se débarasser de tous ses biens et de son argent ; il a tout donné, ne conservant que quelques vêtements et sa guitare, et s’est mis à parcourir les routes du Québec, sans itinéraire ni endroits prévus pour dormir, pour devenir un « vagabond céleste », « pour aller à la rencontre des rêveurs ». Je voulais voir si c’est vrai que l’univers s’occupe de toi, qu’il ne t’abandonne pas a-t-il dit. Tout au long de sa route, il rencontre, il écoute, il échange avec les gens, il s’intéresse à leurs rêves, leurs aspirations ; certains lui inspirent des chansons. À ce jour, il a écrit 180 chansons sur autant de gens rencontrés. Aujourd’hui, Pierrot a terminé son vagabondage dans tout le Québec ; il s’est fixé à Montréal, mais il maintient un style de vie très dépouillé. C’est à Tadoussac, alors que j’y donnais une série de spectacles, que j’ai fait la rencontre de Pierrot le vagabond. Il m’a été présenté par un ami peintre innu, Richard Fontaine.
Paul-Émile Fontaine – Paul-Émile est un Innu de Malioténam âgé d’environ soixante-dix ans. Il a été grand chef innu, vice-président de l’Association d’affaires des premiers peuples et s’est beaucoup impliqué au sein du Réseau des gens d’affaires pour l’emploi. Très impliqué dans sa communauté, il est témoin de l’augmentation des problèmes sociaux et s’en
Subvention en littérature orale (conte) volet création – Simon Gauthier – Avril 2011
désole, bien sûr. Pour Paul-Émile, « on a besoin de l’autre pour aller guérir cette blessure qui affecte notre communauté ». J’aimerais aller passer quelque temps dans la communauté de Malioténam, prendre le temps de discuter avec Paul-Émile Fontaine, rencontrer les gens de la communauté. Le collectage auprès de Paul- Émile Fontaine sera plus axé sur le thème de la catharsis, la guérison.
Marcel Desrosiers – Marcel Desrosiers est un mécanicien de Sept-Iles, un personnage haut en couleurs qu’on pourrait qualifier de « cowboy de la Côte nord ». Durant les années où il vivait à Shefferville, ses excès de vitesse légendaires et autres frasques ont forcé les policiers à faire crisser les pneus de leur auto-patrouille plus d’une fois… Tant et si bien que le brave Marcel s’est vu émettre un ordre d’expulsion de la Ville de Shefferville pour une durée de 99 ans ! Installé à Sept-Iles, Marcel fit encore parler de lui ; la haute palissade qu’il érigea autour de son terrain mit en émoi toute la ville de Sept-Iles – même Radio-Canada en fit un reportage. Marcel était un des personnages de mon spectacle Simon pète les plombs! et j’ai l’impression de ne pas en avoir fini avec lui ; il est tellement coloré, une espèce d’archétype du délinquant-pas-méchant, du marginal non conscient de sa marginalité. De plus, j’aime amener dans mes contes des anecdotes et des gens en provenance de la terre ferreuse de mon Sept-Iles natal.
Jean-François Verstrynge – J’ai connu monsieur Jean-François Verstrynge lors d’une tournée en France et en Belgique, en 2001. Il était venu me parler après avoir assisté à un de mes spectacles et m’avait invité à venir faire une prestation chez-lui, lors d’une soirée de réception. C’est là que je vis son « côté givré » – pour paraphraser une publicité de céréales bien connue ; cet avocat de formation, haut placé dans la gouvernance de l’Union européenne, était tout comme moi un « tripeux » de contes, passionné de lectures, de philosophie et conteur lui-même. On est toujours resté en contact depuis.
Subvention en littérature orale (conte) volet création – Simon Gauthier – Avril 2011
Pour m’aider à bien définir la direction à prendre et à peaufiner l’écriture de ce nouveau spectacle, je compte faire appel à deux consultants :
Daniel Gaudet est diplômé de l’UQAM en théâtre et en enseignement du théâtre. De 2001 à 2009, il a été copropriétaire et directeur artistique du Crapet-soleil, bistro culturel de l’Île-aux-Coudres, où il a su démontrer son flair et présenter au public de Charlevoix des artistes émergents dont plusieurs sont maintenant bien connus – Cœur de Pirate, Karkwa, les Breastfeeders, Vincent Vallières, Fred Fortin, Malajube, pour ne nommer que ceux-là. Dans ma vie professionnelle, Daniel Gaudet est un consultant et un collaborateur de la première heure ; il a assuré la mise en scène de mes spectacles et a contribué à l’écriture de Simon pète les plombs ! et Source(s). Professionnellement, il connait mes forces autant que mes failles et il a toujours su travailler avec les premières et atténuer les dernières, sans complaisance.
Pierre Delye est conteur professionnel depuis plus de vingt ans, en plus d’être un prolifique auteur jeunesse – il a publié une dizaine de livres chez Didier jeunesse, maison d’édition parisienne. Il habite en France, près de Lille, dans le Nord-Pas-de-Calais. Pierre Delye est un homme cultivé, un passionné des mots, à l’esprit vif et au sens de l’observation aiguisé. Le qualificatif qui me vient à l’esprit en pensant à son style d’écriture et de prestations est « raffiné ». Il possède l’art du « peu c’est mieux ». Voici ce qu’un journaliste a dit à son sujet : Éblouissant de maitrise et de discrétion, Pierre Delye amène le public à comprendre ce qu’il y a derrière les mots, d’une simple intonation ou d’une question suggérant en même temps la réponse. C’est extrêmement fort. Le regard extérieur de ce collègue expérimenté saura certainement affiner ma direction et nourrir ma créativité.
Il est intéressant de noter que le choix de mes informateurs me ramène soit à ma terre natale, soit à mes pérégrinations, à ma propre marginalité. Car il faut bien dire que ma vie est faite de départs et d’arrivées, de décalages horaires et culturels, de rencontres et de solitude sur scène. Mon intérêt à ces quatre « personnages » est une évolution logique et naturelle dans mon travail de conteur.
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