FRANK SCOTT BIOGRAPHIE….EXTRAITS POUR LE DOCTORAT

Frank Scott, une vie
biographie
Sandra Djwa
2001 les éditions Boréales pour les éditions françaises
1987 pour l’édition anglaise
extraits…

——–
p.105

Le groupe est l’une des nombreuses manifestations du nationalisme qui prévalait dans les années 1920. L’esprit qui règne après la guerre favorise l’éclosion d’un vif désir de posséder un art et une littérature authentiquement canadiens qui, selon l’idée la plus répandue, confirmeraient l’existence D’UNE NATION CANADIENNE.

——–
p.107

Si su Canada, le lien entre l’art et l’identité nationale a toujours été très étroit, il n’a jamais été aussi fort qu’au milieu des années 1920. En automne 1924, le groupe des sept est un phénomène national; l’énorme succès qu’il obtient à l’exposition de Wembley, cette année-là, a convaincu les visiteurs britanniques et par la suite les Canadiens, de l’existence d’un art canadien bien distinct. Comme il faut s’y attendre, les membres du groupe de Scott ont de grandes affinités avec les artistes canadiens et les mécènes de l’art.

——-
p.129

En fait, dans une nation en pleine mutation comme le Canada des années 1920, où le nationalisme et le modernisme romantique coexistent, de telles théories sont contraignantes. Smith, qui rejette les sujets canadiens et romantiques en faveur du cosmopolitisme, se coupe d’une grande partie de son public naturel. Scott, dont la conception du moderne n’exclut pas un paysage canadien quelque peu agrémenté à la sauce romantique, continue avec E.J. Pratt, d’écrire le poème nordique (et romantique) qui trouve infailliblement écho dans le public.

——
p.167

Si, dans les années 1920, le jeune Scott s’interroge principalement sur sa vocation, sur l’art canadien et sur l’identité nationale, c’est surtout la grande question de la réforme de la société canadienne, par le biais de la politique et du droit, qui retient son attention dans les années 1930. La constitution, croit-il, définit, au sens large, la forme d’un Canada indépendant, juste et responsable sur le plan social. Il affirmera plus tard avec une pointe d’ironie que «la politique est l’art de faire des constitutions». Il étudie attentivement le texte de la constitution en prenant chaque mot au sens strict, ce qui l’amène à entreprendre une analyse critique des arrêts qui font jurisprudence en la matière, sans perdre de vue ce qui fait l’esprit du texte de la loi, c’est-à-dire «la sorte de Canada que l’acte de l’Amérique du nord britannique a tenté de créer, et qui, je le pense encore aujourd’hui, valait mille fois la peine d’exister». En droit, en politique et en poésie, son être rationnel et universitaire vit en parfaite symbiose avec son être moral et créatif.

—–
p.186

Une question clé revient sans cesse sur le tapis durant les années 1930 chez les Scott, chez les Lyman, au restaurant Samovar, rue Peel: « l’art doit-il se contenter d’être de l’art ou doit-il se mettre au service de la société?». Même si bien des gens considèrent que l’aspect social en art, est important, on continue de débattre face aux théories qui défendent l’indépendance de l’art. Ce débat touche les deux Scott (Frank et Marian, sa femme qui est peintre); ni l’un ni l’autre ne croient que l’art peut être subordonné entièrement à la position d’un parti, mais Scott a pourtant le sentiment que l’on ne peut plus apprécier l’art en lui-même

——-
p.255

Ce désir de se démarquer de la Grande Bretagne, clame Scott, trouve sa source non seulement dans le patriotisme canadien, mais aussi dans le fait qu’au moins la moitié de la population canadienne n’a pas de liens de sang avec la Grande-Bretagne, ce qui rend bien difficile au Canada le maintien de l’unité nationale.

« S’il est une société assez bonne pour cimenter d’une même loyauté toutes les races du Canada et leur permettre de surmonter leurs différences au point où ils pourront instaurer une union politique stable, alors c’est dans la conception même du Canada comme NATION qu’elle se trouve. L’ÉDIFICATION D’UNE SOCIÉTÉ JUSTE et coordonnée au sein de ce vaste territoire, l’élimination de la pauvreté et de l’insécurité grâce à l’utilisation sage des ressources naturelles, le développement des arts et des sciences, la liberté politique et spirituelle – tout cela en maintenant un équilibre entre les revendications des minorités raciales et religieuses – c’est une tâche… qu’on aura du mal à accomplir, sauf si l’on relègue aux oubliettes la politique étrangère impérialiste et désuète.»

L’idée d’une «société juste» lui est venue au printemps de 1939, en même temps qu’ont commencé des rencontres avec un groupe de gauchistes et de nationalistes canadiens-français pour discuter de politique étrangère.

————
p.277

Pendant les années 1930, la lutte pour le bien de la société a pris le pas sur l’esthétisme de Scott. Toutefois, il reprend les vieilles notions du bien, du vrai et du beau pour les examiner dans une perspective humaniste et internationale. Tout ce travail de réflexion SUR LE CONCEPT DE DÉMOCRATIE lui fait entrevoir LE LIEN QUI UNIT LA DÉMOCRATIE ET LA BEAUTÉ. Pour Scott, l’artiste a droit à une place importante parmi les chefs de file de la démocratie. La démocratie «aura faim de beauté qu’elle sait en attente d’être créée. Les principaux ressorts de la démocratie sont la vérité, le beau, l’ordre, la création, la maîtrise et le savoir-faire. Ce sont aussi les ressorts de l,art. L’homme créant la vie, l’homme vivant la vie, l’homme comprenant la vie- tous se rejoignent dans ces deux projets.

———-

sur Google
Pierrot vagabond