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LE CADRE THÉORIQUE DU DOCTORAT DE NOTRE ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD,WOODARD,ROCHETTE) ME SUSCITE UN ÉMERVEILLEMENT SEMBLABLE À CELUI QUE ME PROCURA LES 14 ANS DE RECHERCHE LORS DE MA MAÎTRISE SUR LE RIRE….

La maîtrise sur le rire dura 14 ans….. tout cela parce que l’auberge la calèche dans les Laurentides nous a permit d’accueillir 20,000 personnes par année à raison de trois autobus (150 personnes) pour lesquels nous devions écrire 3 différents spectacles.

C’était fantastique… Je lisais, écrivais, expérimentais le soir dans des numéros de toutes les factures de comédie (slapstics, burlesque, sketche, mimes, monologues, bits, stand up…)

Je recherchais le secret du rire, tel que Rose Ouellet la poune me l’avait transcrit en 1977 dans un spectacle à la butte au Pierrot de Val David où nous avons joué ensemble tout un été.

Comme Rose me disait: Mon p’tit chien… le secret du rire est simple… Quand le public est lent, va vite, quand le public est vite, va lent… Mais je poussai encore plus loin la quête…

je désirais passer du rire de supériorité comme du rire de libération au rire de l’incongruité, au cœur d’un même numéro…. the pure joy of laughing girl…

Combien de soirs ou à l’intermission je me réfugiais caché entre deux rideaux en continuant de lire mes livres sur le rire avant de remonter sur scène en deuxième partie.

Ca prenait bien le magnifique Denis Lamarre, mon partenaire de scène MONSIEUR EXCELLENCE, pour m’enrubanner durant 18 ans, lui conduisant d’une ville à l’autre, moi lisant sans cesse et sans cesse….

Quand ma maîtrise sur le rire fut déposée, le mois suivant, je crois, je quittai la scène à jamais.
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LA CHANSON DU CAMIONNEUR
www.demers.qc.ca/ l’île de l’éternité de l’instant présent/ chansons de pierrot/ paroles et musique/ le camionneur

LÂCHE-MOE PAS
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Marlene, jardinière de la beauté du monde
Michel, concierge de la beauté du monde
Pierrot, vagabond de la beauté du monde

DISCOURS D’ALEXANDRE SOLJENITSYNE POUR LE PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 1970….«LA BEAUTÉ SAUVERA LE MONDE»

Alexandre Soljenitsyne, prix Nobel 1970, n’a pas la parole.

Alors, il crie. Et c’est ce long cri dont L’Express

publie ici le texte intégral.

Parler de lui est interdit dans son pays,

où son œuvre continue à être bannie.

La cérémonie privée qui devait avoir lieu, à Pâques dernier,

dans un appartement de Moscou,

au cours de laquelle le prix Nobel devait lui être remis,

a été annulée parce que le secrétaire général

de l’académie suédoise n’a pas pu obtenir

des autorités soviétiques un visa d’entrée.

Soljenitsyne a refusé d’aller recevoir ce prix

à Stockholm, selon la coutume, parce qu’il craint,

s’il quitte le territoire russe,

de ne plus revoir son pays.

Ainsi le discours traditionnel du lauréat Nobel

a-t-il été escamoté.

Mais l’ambassadeur des ombres,

le survivant du « Pavillon des cancéreux »

et du « Premier Cercle », n’a pas accepté le silence.

Le discours qu’il aurait prononcé, il l’a écrit.

C’est un grand texte. Le voici dans son entier.

Comme le sauvage intrigué qui a ramassé un étrange objet – venu de l’océan ? dégagé des sables ou tombé du ciel ? – aux courbes compliquées et qui luit d’abord faiblement pour lancer ensuite de vifs éclats, de même qu’il le tourne d’un côté puis de l’autre, puis le retourne, essayant de découvrir ce qu’il peut en faire, s’efforçant de lui trouver une utilisation terrestre qui soit à sa portée, mais ne pouvant imaginer qu’il puisse avoir une plus haute fonction.

Ainsi sommes-nous, tenant l’art entre nos mains, convaincus d’en être les maîtres : nous avons l’audace de le diriger, de le renouveler, de le réformer ; nous le vendons pour de l’argent, l’utilisons pour nous attirer les faveurs du pouvoir, le transformons parfois en amusement – jusqu’aux chansons populaires et aux boîtes de nuit – ou, à d’autres moments, le brandissons comme une arme – carotte ou bâton – pour les besoins éphémères de la politique ou de mesquins idéaux sociaux. Mais l’art n’est pas souillé par nos efforts, pas plus qu’il ne s’écarte de sa vraie nature, car, à chaque occasion et pour chaque application, il nous révèle un peu de son feu interne et secret.

FÉDOR DOSTOIEVSKI. « La beauté sauvera le monde. »[ Roger-Viollet]

Pourrons-nous jamais, percevoir cette lumière dans sa plénitude. ? Qui aura l’audace de dire qu’il a pu définir les limites de l’art et qu’il en a recensé toutes les facettes ? Dans le passé, il est probablement arrivé que quelqu’un l’ait compris et nous l’ait fait savoir, mais nous ne nous en sommes pas contentés longtemps : nous avons écouté, puis nous avons oublié, et nous avons éparpillé cette connaissance de-ci, de-là, pressés comme d’habitude d’échanger ce que nous avions pourtant de meilleur, pour quelque chose de nouveau. Et lorsqu’on nous redit cette vérité ancienne, nous ne nous souvenons ‘même plus que nous la possédions déjà.

L’artiste se considère comme le créateur d’un monde spirituel qui lui est propre : il porte sur ses épaules la responsabilité de créer ce monde, de le peupler et d’en assumer l’entière responsabilité. Mais il est écrasé sous ce fardeau, car un génie mortel n’est pas en mesure de supporter une telle charge. De même que l’homme, après s’être déclaré le centre de la vie, n’a pas réussi à construire un système spirituel équilibré. Et fi l’infortune s’abat sur lui, il en rejette le blâme sur l’éternel manque d’harmonie du monde, sur la complexité des âmes brisées du temps présent, ou sur la stupidité du public.

D’autres artistes, reconnaissant l’existence d’une puissance supérieure, travaillent avec enthousiasme comme d’humbles apprentis sous le regard de Dieu. Mais alors, leur responsabilité : face à tout ce qu’ils écrivent ou peignent, et face aux âmes qui reçoivent leur message, est plus astreignante que jamais. En revanche, ils ne sont plus les créateurs de ce monde ni ne le dirigent. Pour eux, le doute n’est plus possible : l’artiste a seulement alors une conscience plus aiguë que celle des autres de l’harmonie du monde, de sa beauté et de sa laideur, de l’apport de l’homme, qu’il doit transmettre intelligemment aux autres. Et dans le malheur, et même au plus profond de la détresse de l’existence, dénuement, prison ou maladie, sa certitude d’une permanente harmonie ne l’abandonne jamais.

L’irrationalité de l’art, ses éblouissants revirements, ses découvertes imprévisibles, l’influence explosive qu’il a sur les êtres humains, tout cela contient trop de magie pour être épuisé par la vision que l’artiste a du monde, par la conception qu’il a de son art ou par l’œuvre de ses mains indignes.

Les archéologues n’ont pas découvert de traces d’existence humaine qui n’aient connu de forme artistique. Dès l’aube de l’humanité, nous avons reçu l’art de mains que nous avons été trop lents à reconnaître. Et nous avons été trop lents à nous demander : pourquoi avons-nous reçu ce don et qu’allons-nous en faire ?

“Ils se trompent ceux qui prophétisent que l’art va mourir. C’est nous qui mourrons, l’art est éternel”

Ils se trompent, et ils se tromperont toujours. ceux qui prophétisent que l’art va se désintégrer, et mourir. C’est nous qui mourrons, l’art est éternel. Serons-nous capables, même au jour de notre mort, d’en percevoir tous les aspects et toutes les possibilités ?

On ne peut donner un nom à toutes choses, car certaines choses nous entraînent bien au-delà des mots. L’art peut même enflammer une âme glacée plongée dans les ténèbres, et l’élever à une expérience spirituelle. Grâce à l’art, il nous arrive d’avoir des révélations, même vagues et brèves, qu’aucun raisonnement, si serré soit-il, ne pourrait faire naître.

Comme cette petite glace des contes de fées dans laquelle on ne se voit pas soi-même, mais où, pendant une brève seconde, on voit l’inaccessible, où aucun homme ne peut aller, ni avec ses jambes ni avec ses ailes. Et l’âme seule exhale sa plainte…

Un jour, Dostoïevski a laissé échapper cette énigmatique remarque : « La beauté sauvera le monde. » Qu’est-ce que cela veut dire ? Pendant longtemps, j’ai pensé que ce n’étaient que des mots. Comment était-ce possible ? Quand donc, au cours de notre sanglante Histoire, la beauté a-t-elle sauvé quiconque de quoi que ce soit ? Ennobli, exalté, oui. Mais qui a été sauvé ?

Il existe, toutefois, une certaine particularité dans l’essence même de la beauté et dans la nature même de l’art : la conviction profonde qu’entraîne une vraie oeuvre d’art est absolument irréfutable, et elle contraint même le coeur le plus hostile à se soumettre. On peut parfaitement composer un discours politique apparemment bien fait, écrire un article convaincant, concevoir un programme social ou un système philosophique, en partant d’une erreur ou d’un mensonge. Dans ce cas, ce qui est caché ou déformé n’apparaît pas immédiatement.

Un discours, un article ou un programme exactement contraire et un système philosophique construit d’une façon entièrement différente rallieront l’opposition. Et ils sont tout aussi bien construits, tout aussi convaincants. Ce qui explique à la fois la confiance et la défiance qu’ils provoquent.

Mais une oeuvre d’art porte en soi sa propre confirmation. Si la pensée est artificielle ou exagérée, elle ne supporte pas d’être portée en images. Tout s’écroule, semble pâle et terne, et ne convainc personne. En revanche, les oeuvres d’art qui ont cherché la vérité profonde et nous la présentent comme une force vivante s’emparent de nous et s’imposent à nous, et personne, jamais, même dans les âges à venir, ne pourra les réfuter.

Ainsi cette ancienne trinité que composent la vérité, la bonté et la beauté n’est peut-être pas simplement une formule vide et flétrie, comme nous le pensions aux jours de notre jeunesse présomptueuse et matérialiste. Si les cimes de ces trois arbres convergent, comme le soutiennent les humanistes, mais si les deux troncs trop ostensibles et trop droits que sont la vérité et la bonté sont écrasés, coupés, étouffés, alors peut-être surgira le fantastique, l’imprévisible, l’inattendu, et les branches de l’arbre de beauté perceront et s’épanouiront exactement au même endroit et rempliront ainsi la mission des trois à la fois.

Alors, la remarque dé Dostoïevski « La beauté sauvera le monde » ne serait plus une phrase en l’air, mais une prophétie. Après tout, il est vrai qu’il eut des illuminations fantastiques. Et, dans ce cas, l’art, la littérature peuvent vraiment contribuer à sauver notre monde. C’est la compréhension qu’au cours des années j’ai pu acquérir en cette matière que je voudrais essayer de vous exposer aujourd’hui.

Pour accéder à cette tribune d’où est lu le discours du prix Nobel, où peu d’écrivains sont invités, occasion unique dans leur vie, je ne me suis pas contenté de monter trois ou quatre marches, j’en ai gravi des centaines et des milliers, raides, abruptes, glacées, émergeant de l’obscurité et du froid, où ce fut mon sort de survivre, tandis que d’autres – peut-être plus doués et plus forts que moi – périssaient. Je n’en ai rencontré que quelques-uns sur la multitude des Îles du Gulag [1]. Écrasé sous la surveillance policière, je n’ai pu parler à tous, je n’ai eu de nouvelles que de quelques-uns. Pour les autres, j’ai deviné. Ceux qui ont été engloutis dans ce gouffre, alors qu’ils s’étaient déjà fait un nom, sont au moins connus. Mais combien ont pu en revenir ? Toute une littérature nationale est enfouie là, plongée dans l’oubli, non, seulement sans une pierre tombale, mais sans vêtements, nue, avec seulement un numéro. La littérature russe n’a jamais cessé d’être, mais, du dehors, elle semble une terre en friche. Là où devrait s’élever une calme forêt ne subsistent, après cette coupe dramatique, que deux ou trois arbres épargnés par hasard.

Et si je suis ici aujourd’hui, accompagne par les ombres de ceux qui sont tombés, le front baissé pour laisser passer devant moi, à cette place, ceux qui la méritèrent avant moi, comment moi, devant vous, puis-je deviner et exprimer ce qu’ils auraient voulu vous dire ?

Cette obligation pèse sur nous depuis longtemps, et nous l’avons comprise. Comme le dit Wladimir Soloviev : « Même dans nos chaînes, nous devons nous-mêmes boucler le cercle que les dieux ont tracé pour nous. » Souvent, dans le grouillement pénible des camps, dans les colonnes de prisonniers, lorsque les guirlandes de lanternes percent les ténèbres des frimas nocturnes, jaillissaient au-dedans de nous les mots que nous aurions voulu crier au monde, si le monde extérieur avait pu nous entendre.

À ce moment-là, tout semblait clair, ce que notre ambassadeur devait dire et comment le monde réagirait aussitôt. Notre horizon embrassait distinctement les choses matérielles et les mouvements spirituels, et le monde indivisible ne présentait pour moi aucun défaut. Ces idées ne venaient pas des livres. Elles étaient nées au cours de conversations avec ceux qui sont morts aujourd’hui, dans les cellules des prisons et autour des feux. C’est de cette existence-là qu’elles sont nées et c’est à l’épreuve de cette vie-là qu’elles ont été soumises.

Lorsque, enfin, la pression se fut atténuée et que notre horizon se fut graduellement agrandi, à travers une fente minuscule, nous vîmes apparaître ce qu’était « le monde entier ». Et à notre stupéfaction, nous découvrîmes que ce n’était pas du tout ce que nous attendions, ce que nous espérions, c’est-à-dire un monde qui ne vivrait pas « par cela » et qui ne conduirait pas « à cela ». C’était un monde qui pouvait s’écrier, à la vue d’un bourbeux marécage : « Oh ! la jolie petite mare », ou, devant de lourds carcans : « Oh ! le charmant collier », un monde où certains versaient d’inconsolables larmes et d’autres dansaient au rythme d’une musique légère.

Comment cela a-t-il pu se produire ? Pourquoi cette faille ? Étions-nous insensibles ? Le monde était-il insensible ? Ou était-ce dû aux différences de langage ? Pourquoi les êtres humains ne peuvent-ils entendre, ce que disent distinctement les autres ? Les mots cessent d’avoir un sens et coulent comme l’eau, sans goût, sans couleur, sans odeur, sans laisser de trace.

Et, au cours des années, au fur et à mesure que je comprenais cela, changeaient la construction, le contenu et le ton de mon discours, ce discours que je prononce aujourd’hui. Il a maintenant peu de points communs avec le plan, initial, conçu au cours des soirées glaciales des camps.

Depuis les temps immémoriaux, l’homme a été ainsi fait que sa vision du monde, tant qu’elle ne lui est pas imposée par l’hypnose, ses motivations et son échelle des valeurs, ses actes et ses intentions sont déterminés par son expérience personnelle et collective de la vie.

Comme le dit un proverbe russe : « Ne crois pas ton frère, mais crois plutôt ton oeil, même s’il louche. » C’est le moyen le plus sûr de comprendre le monde qui nous entoure et le comportement des hommes qui y vivent. Pendant ces longues périodes où notre monde était plongé dans le mystère et la barbarie, avant qu’il ait été rapetissé par les moyens de communication, avant qu’il ait été transformé en un unique bloc aux pulsations convulsives, les hommes, se fondant sur l’expérience, apprirent à se gouverner dans le cadre de leurs communautés, de leurs sociétés et, finalement, de leurs territoires nationaux. À cette époque, il était possible aux êtres humains de discerner et d’admettre une échelle de valeurs commune, de faire la distinction entre ce qui était considéré comme normal, ou incroyable, ou cruel, ou ce qui dépassait les limites de la perversité, ou ce qu’était la loyauté, ou, au contraire, la tromperie.

Et bien que ces peuples disséminés aient mené des vies très différentes, que leurs valeurs sociales fussent souvent en violent désaccord, de même que leurs systèmes de poids et mesures ne coïncidaient pas, ces, contradictions ne surprenaient que d’occasionnels voyageurs, n’étaient signalées dans les récits que comme des sujets d’étonnement et ne présentaient aucun danger pour l’humanité, qui n’était pas encore unifiée.

Mais au cours des dernières décennies, imperceptiblement mais rapidement, l’humanité est devenue une seule entité -source à la fois de confiance et de danger – de sorte que les chocs et les embrasements de l’une de ses parties sont immédiatement transmis aux autres, détruisant parfois une immunité nécessaire. L’humanité est devenue une, mais pas aussi fermement que les communautés ou même les nations, pas grâce à des années d’expérience mutuelle, ni parce qu’elle a appris à voir avec un seul oeil, même s’il louche, ni parce qu’elle utilise le même langage, mais en enjambant toutes les barrières grâce à la radio et à l’imprimerie. Une avalanche d’événements s’abat sur nous et, en une minute, la moitié du monde en est informée.

Mais l’étalon qui permettrait de mesurer ces événements et de les évaluer en fonction des lois qui régissent des régions peu connues du globe n’est pas et ne peut pas se trouver sur les ondes ou dans les colonnes de journaux. Car ces échelles de valeur ont été mûries et assimilées pendant trop d’années, dans des conditions trop particulières, dans les communautés et les sociétés, pour qu’elles puissent être échangées à travers l’éther. Dans les diverses parties du monde, les hommes appliquent leurs propres références aux événements, et ils les jugent, avec entêtement et confiance, en fonction d’elles, et non selon celles des autres.

S’il n’existe pas tellement d’échelles de valeurs différentes dans le monde, on en dénombre au moins quelques-unes : une pour les événements proches, une pour les événements éloignés, une pour les vieilles sociétés, une autre pour les jeunes. Les peuples malheureux en ont une, les peuples heureux une autre. Les sons discordants et grinçants de ces diverses échelles nous abasourdissent et nous étourdissent, et, sans être toujours douloureux, ils nous empêchent d’entendre les autres dont nous nous tenons éloignés, comme nous le ferions de la démence ou de l’illusion, pour ne juger en toute confiance le monde entier que d’après nos propres valeurs.

C’est pourquoi nous considérons comme le, plus important, le plus pénible et le moins supportable ce qui est le plus proche de nous. Tout ce qui est loin, tout ce qui ne menace pas de nous envahir à l’instant et de franchir le seuil de notre porte même avec ses gémissements pathétiques, ses cris étouffés, ses vies détruites, ses millions de victimes – tout cela, nous le considérons comme parfaitement supportable et tolérable.

En se retirant dans sa tour d’ivoire, l’artiste risque d’abandonner le monde aux mains de mercenaires, de nullités, sinon de tous

Dans une partie du monde, il n’y a pas si longtemps, des persécutions semblables à celles de la Rome antique ont condamné des centaines de milliers de chrétiens silencieux à donner leur vie pour leur foi en Dieu. Dans l’autre hémisphère, un fou (il n’est sûrement pas le seul) se hâte de traverser l’océan pour nous délivrer de la religion, en frappant le grand prêtre d’une lame. Son acte a été calculé pour frapper chacun d’entre nous en fonction de son échelle de valeurs personnelle.

Ce qui paraît de loin, selon une certaine échelle de valeurs, une liberté enviable et florissante, est ressenti sur place, et selon des valeurs différentes, comme une contrainte insupportable, déchaînant la colère et les émeutes. Ce qui, dans une partie du monde, peut représenter un rêve d’incroyable prospérité peut exaspérer les hommes dans une autre et être considéré comme une exploitation sauvage, appelant la grève immédiate. Les échelles de valeurs sont aussi différentes Pour les catastrophes naturelles : une inondation qui emporte des centaines de milliers de vies humaines a moins de signification pour nous qu’un accident au coin de la rue.

Il en est de même pour les insultes personnelles : un sourire ironique ou un simple geste de renvoi est parfois humiliant, alors qu’à d’autres moments des brutalités physiques sont pardonnées, comme s’il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie.

Il en est de même pour les châtiments : pour les uns, un mois de prison, ou une interdiction de séjour, ou l’isolement dans une cellule avec du pain et du lait pour toute nourriture, frappe l’imagination et emplit les colonnes des journaux d’articles furieux. Tandis que, pour d’autres, des peines de vingt-cinq ans de prison, des cellules dont les murs sont givrés de glace et où les prisonniers n’ont que leurs sous-vêtements, des asiles de fous pour les gens sains d’esprit, d’innombrables gens qui, pour les raisons mystérieuses, s’obstinent à fuir et sont abattus, aux frontières, tout cela est courant et parfaitement accepté.

Notre esprit est tout à fait en paix quand il s’agit de cette partie exotique du monde dont nous ne savons pratiquement rien, dont nous ne recevons même pas d’informations, à l’exception des supputations superficielles et déjà dépassées de quelques correspondants.

Cependant, nous ne pouvons reprocher à la vision humaine cette dualité, cette incompréhension ahurissante de la peine d’un autre homme éloigné, car l’homme est ainsi fait. Mais, pour l’ensemble de l’humanité, unie en un seul bloc, cette incompréhension mutuelle présente la menace d’une destruction imminente et brutale. Un monde, une humanité ne peuvent exister en face de six, de quatre ou même de deux échelles de valeurs : nous serions déchirés par cette disparité de rythmes, cette dualité de vibrations.

Si un homme avec deux coeurs n’est pas fait pour ce monde, nous ne pouvons pas non plus vivre avec cette dualité sur une même Terre.

Alors, qui coordonnera ces échelles de valeurs ? Et comment ? Qui créera pour l’humanité un seul système d’interprétation, valable pour le bien et le mal, pour ce qui est supportable et pour ce qui ne l’est pas ? Qui fera clairement comprendre à l’humanité ce qui est une souffrance réellement intolérable et ce qui n’est qu’une égratignure superficielle ? Qui orientera la colère des hommes contre ce qui est le plus terrible, et non plus contre ce qui est le plus proche ? Qui réussira à transposer une telle compréhension au-delà des limites de son expérience personnelle ? Qui réussira à faire comprendre à une créature humaine fanatique et bornée les joies et les peines de ses frères lointains, à lui faire comprendre ce dont il n’a lui-même aucune notion ?

Propagande, contrainte, preuves scientifiques, tout est inutile. Mais il existe heureusement un moyen de le faire dans ce monde : l’art, la littérature.

Les artistes peuvent accomplir ce miracle. Ils peuvent surmonter cette faiblesse caractéristique de l’homme qui n’apprend que de sa propre expérience tandis que l’expérience des autres ne le touche pas. L’art transmet d’un homme à l’autre, pendant leur bref séjour sur la Terre, tout le poids d’une très longue et inhabituelle expérience, avec ses fardeaux, ses couleurs, la sève de sa vie : il la recrée dans notre chair et nous permet d’en prendre possession, comme si elle était nôtre.

Plus encore, les pays et les continents répètent les fautes des autres avec des intervalles de parfois plusieurs siècles.

Dans ce cas, tout devrait être clair. Mais non. Ce que certaines nations ont déjà rejeté est brusquement découvert par d’autres, qui le considèrent comme le dernier cri. Là encore, le seul substitut à l’expérience que nous n’avons pu acquérir est l’art, la littérature. Ceux-ci possèdent un merveilleux pouvoir : au-delà des différences de langues, de coutumes, de structures sociales, ils peuvent transmettre l’expérience de toute une nation à une autre. Ils peuvent faire connaître à une nation novice la pénible épreuve d’une autre s’étendant sur des dizaines d’années, lui évitant ainsi de suivre une route inutile, ou erronée, ou même désastreuse, abrégeant ainsi les sinuosités de l’histoire de l’humanité.

La littérature transmet encore l’expérience d’une autre façon : d’une génération à l’autre. Elle préserve ainsi son histoire et ranime sa flamme sous une forme pure de toute déformation ou calomnie. C’est ainsi que la littérature, avec le langage, protège l’âme d’une nation.

Il était de bon ton, récemment, de parier du nivellement des nations, de la disparition des différentes races dans le creuset de la civilisation contemporaine. Je ne suis pas d’accord avec cette opinion. La disparition des nations ne nous appauvrirait pas moins que si tous les hommes devenaient semblables, avec une seule personnalité et un seul visage. Les nations sont la richesse de l’humanité, ses personnalités collectives : la plus infime d’entre elles a sa coloration particulière et porte en elle un reflet particulier de l’intention divine.

Mais malheur au pays dont la littérature est menacée par l’intervention du pouvoir ! Car il ne s’agit plus là seulement d’une violation du « droit d’écrire », c’est l’étouffement du coeur d’une nation, la destruction de sa mémoire. La nation cesse d’être attentive à elle-même, elle est dépossédée de son unité spirituelle, et, en dépit d’un langage supposé commun, ses citoyens cessent brusquement de se comprendre les uns les autres.

Des générations silencieuses vieillissent et meurent sans s’être adressé la parole.

Quand des écrivains comme Evguéni Zamiatine – enterrés vivants pour le reste de leur vie – sont condamnés à créer en silence jusqu’à leur mort, sans entendre jamais l’écho des mots qu’ils ont écrits, alors ce n’est plus seulement une tragédie personnelle, c’est le martyre d’une nation tout entière.

Et même, dans certains cas – lorsqu’il résulte d’un tel silence que l’ensemble des faits historiques cesse d’être compris – c’est un danger pour l’ensemble de l’humanité.

En plusieurs occasions et dans divers pays, on a assisté à des débats animés, passionnés, subtils, sur la question de savoir si l’artiste doit être libre de vivre pour lui-même ou s’il doit toujours avoir à l’esprit ses devoirs envers la société et s’il doit toujours se mettre à son service. Le discours d’Albert Camus, à l’occasion de la remise de son prix Nobel, est un des plus brillants qui aient été prononcés à ce sujet, et je suis heureux de souscrire à ses conclusions. En fait, depuis plusieurs décennies, la littérature russe s’est gardée de se perdre dans une attitude contemplative, elle a évité les spéculations frivoles. Je n’ai pas honte d’avoir respecté cette tradition, du mieux que j’ai pu. L’idée qu’un écrivain peut faire beaucoup Pour la société où il vit et que c’est un devoir pour lui de le faire est depuis longtemps familière à la littérature russe.

UN CAMP DE TRAVAIL SOVIÉTIQUE. « Même dans nos chaînes, nous devons boucler le cercle que les dieux ont tracé pour nous. »

Ne violons pas le droit de l’artiste d’exprimer exclusivement son expérience et Sa vie, intérieure, sans se soucier de ce qui se passe dans le monde extérieur. N’exigeons rien de lui, mais demandons-lui, supplions-le, encourageons-le. Cela, nous pouvons le faire.

Après tout, il ne peut cultiver lui-même qu’une partie de son talent : pour la plus grande part, il lui est insufflé à la naissance, comme un produit fini. Et ce don impose des responsabilités à son libre arbitre.

Partons du principe que l’artiste ne doit rien à personne. Néanmoins, il est pénible de voir comment, en se retirant dans sa tour d’ivoire ou dans le monde de ses fantasmes, il risque d’abandonner le monde réel aux mains de mercenaires, de nullités, sinon de fous.

Notre XXe siècle a prouvé qu’il était plus cruel que les siècles précédents, et sa première moitié n’a pas encore effacé ses horreurs. Notre monde est toujours déchiré par les passions de l’âge des cavernes : la cupidité, l’envie, l’emportement, la haine, qui, au cours des ans, ont acquis de nouveaux noms respectables, comme la lutte des classes, l’action des masses, le conflit racial, le combat syndical. Le refus primitif de tout compromis est devenu. un principe et l’orthodoxie est considérée comme une vertu. Elle exige des millions de sacrifices par une guerre civile incessante. Elle essaie de nous convaincre a grands coups de tambour que les concepts universels de bonté et de justice n’existent pas, qu’ils sont relatifs et changeants. D’où la règle : « Fais toujours ce qui est le plus profitable pour ton parti ». Dès qu’un groupe perçoit l’occasion de s’emparer d’un morceau, même superflu, même immérité, il l’arrache sur-le-champ, et tant pis si toute la société doit s’écrouler.

Vue du dehors, l’amplitude des soubresauts de la société occidentale approche de la limite au-delà de laquelle le système perdra l’équilibre et s’effondrera. La violence, de moins en moins embarrassée par les restrictions imposées par des siècles de légalité, embrase le monde entier, se souciant peu de savoir que l’Histoire a démontré maintes fois son caractère stérile. Bien plus, ce n’est pas seulement la force brute qui triomphe au-dehors, mais sa justification enthousiaste.

Le monde est emporté par la conviction cynique que la force peut tout, la justice rien. Les démons de Dostoïevski -apparemment, les produits du ; cauchemar d’un provincial au siècle dernier – rampent à travers le monde sous nos yeux, contaminant des contrées où l’on ne pouvait même pas les imaginer.

À travers les enlèvements, les actes de piraterie, les explosions et les incendies de ces dernières années, ils manifestent leur volonté d’ébranler et de détruire la civilisation. Et ils pourraient bien y parvenir.

Les jeunes, à un âge où ils n’ont d’autre expérience que sexuelle, où ils n’ont pas encore des années de souffrance et de compréhension derrière eux, répètent avec jubilation les erreurs de la Russie dépravée du XIXe siècle, en ayant l’impression de découvrir quelque chose de nouveau. Ils applaudissent aux derniers actes de vandalisme des Gardes rouges chinois et les donnent joyeusement en exemple. Avec une méconnaissance totale de l’essence millénaire de l’humanité, avec la confiance naïve de cœurs sans expérience, ils crient : « Chassons ces gouvernements d’oppresseurs, cruels et avides ! Les nouveaux (c’est-à-dire nous), après avoir déposé les fusils et les grenades, seront justes et indulgents. »

Ce sera le contraire. Mais ceux qui ont vécu et qui savent, ceux qui pourraient s’opposer à ces jeunes ? Beaucoup n’osent pas. Ils gobent même n’importe quoi pour ne pas paraître « conservateurs ». Encore un de ces phénomènes russes du XIXe siècle que Dostoïevski appelait être esclave des dupes progressistes.

L’esprit de Munich ne s’est certainement pas estompé dans le passé : ce n’était pas une simple péripétie. Je me risquerais même à dire que l’esprit de Munich domine le XXe siècle.

Un monde civilisé et timide n’a rien trouvé d’autre a opposer à la renaissance brutale et à visage découvert de la barbarie, que des sourires et des concessions. L’esprit de Munich est une maladie de la volonté chez les peuples nantis. Un état d’âme permanent chez ceux qui se sont abandonnés à la poursuite de la prospérité à tout prix, ceux pour qui le bien-être matériel est devenu le but principal de leur vie sur terre. Ces gens-là – et il y en a beaucoup dans le monde aujourd’hui – ont choisi la passivité et la reculade, afin de prolonger un peu leur train-train quotidien, afin d’éluder la difficulté aujourd’hui. Et demain, vous verrez, tout ira bien. Mais rien n’ira bien. Le prix de la lâcheté est toujours le mal. Nous ne récolterons la victoire que si nous avons le courage de faire des sacrifices.

Un écrivain n’est pas le juge indifférent de ses compatriotes. Il est le complice de tout le mal commis dans son pays

Et, par-dessus tout cela, nous sommes menacés de destruction parce que notre monde, physiquement tendu et comprimé, n’a pas le droit de communier spirituellement. Les molécules de la connaissance et de là sympathie n’ont pas le droit de sauter d’une moitié dans l’autre. Voilà un danger évident : l’interdiction de l’échange d’informations entre les différentes parties de la planète. L’histoire contemporaine sait que l’interdiction de l’information rend toute signature d’accords internationaux illusoire. Dans un monde clos, il ne coûte rien d’interpréter n’importe quel accord à sa façon. Ou même, plus simplement, de l’ignorer complètement, comme S’il n’avait jamais existé (Orwell a compris cela admirablement), Un monde clos est peuplé, non pas de Terriens, mais d’un corps expéditionnaire de Martiens, qui ne savent rien de sensé sur le reste de la planète et qui sont prêts à l’écraser avec la conviction sacrée d’être des « libérateurs ».

Il y a un quart de siècle, naissait l’Organisation des nations unies, qui portait les espoirs de l’humanité. Hélas ! dans un monde immoral, elle est devenue immorale. Ce n’est pas une organisation de nations unies, mais une organisation de gouvernements unis, où tous les gouvernements sont égaux : ceux qui ont été élus librement, ceux qui ont été imposés par la force et ceux qui se sont emparé du pouvoir par les armes. S’appuyant sur une majorité mercenaire, l’ONU protège jalousement la liberté de certains pays et néglige souverainement celle des autres.

À la suite d’un vote servile, elle a refusé d’entendre les appels – sanglots, cris, suppliques – d’humbles individus ordinaires. Une bien petite chose pour une si grande organisation. L’ONU n’a déployé aucun effort pour faire de l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme – son meilleur texte en vingt-cinq ans – la condition pour être admis en son sein. Elle a ainsi trahi ces humbles gens placées à la merci de gouvernements qu’ils n’ont pas choisis.

Il semblerait que la physionomie du monde contemporain dépende, en fin de compte, des savants. Tous les progrès techniques de l’humanité sont entre leurs mains. Il semblerait donc que l’avenir du monde devrait dépendre de la bonne volonté des savants, et non de celle des hommes politiqués. D’autant plus que certains exemples ont montré tout ce dont ils sont capables, quand ils conjuguent leurs efforts. Eh bien ! non : les savants n’ont manifesté aucune volonté de devenir une force importante et indépendante de l’humanité. Ils consacrent des congrès entiers à ignorer les malheurs des autres. Il vaut mieux rester sagement dans les limites de la science. L’esprit de Munich a étendu ses ailes démoralisantes sur eux.

Quels sont donc exactement la place et le rôle de l’écrivain dans ce monde cruel, déchiré et sur le point de se détruire lui-même ? Après tout, nous n’avons rien à voir avec le lancement des fusées. Nous ne poussons même pas la plus petite des voitures à bras. Nous sommes méprisés par ceux qui respectent seulement le pouvoir matériel. N’est-il pas naturel que nous aussi, nous nous retirions du jeu, que nous perdions la foi dans la pérennité de la bonté, de l’indivisibilité de la vérité, pour nous contenter de faire part au monde de nos réflexions amères et détachées : comme l’humanité est devenue désespérément corrompue, comme les hommes ont dégénéré, et comme il est devenu difficile, pour des âmes nobles et raffinées, de vivre parmi eux !

Mais nous n’avons même pas recours à cette échappatoire. Quand on a épousé le monde, on ne peut plus lui échapper. Un écrivain n’est pas le juge indifférent de ses compatriotes et de ses contemporains. Il est le complice de tout le mai commis dans son pays ou par ses compatriotes. Si les tanks de son pays ont inondé de sang les rues d’une capitale étrangère, alors les taches brunes, marqueront son visage pour toujours. Si, par une nuit fatale, on a étrangle son ami endormi et confiant, les paumes de ses mains porteront les traces de la corde. Si ses jeunes concitoyens, proclamant joyeusement la supériorité de la dépravation sur le travail honnête, s’adonnent à la drogue, leur haleine fétide se mêlera à la sienne.

Aurons-nous la témérité de prétendre que nous ne sommes pas responsables des maux que connaît le monde d’aujourd’hui ?

Et, pourtant, je suis réconforté par le sentiment que la littérature mondiale est comme un seul cœur géant, qui bat au rythme des soucis et des drames de notre monde, même s’ils sont ressentis et exprimés différemment en ses quatre coins.

Au-delà des littératures nationales vieilles comme le monde, l’idée d’une littérature mondiale qui serait Comme une anthologie des sommets des littératures nationales et la somme de leurs influences réciproques a toujours existé, même dans le passé. Mais il y a toujours eu un décalage dans le temps. Lecteurs et auteurs ne pouvaient connaître les œuvres des écrivains d’une autre languie qu’après un certain délai, parfois après des siècles. De sorte que les influences réciproques étaient, elles aussi, retardées, et que l’anthologie des littératures nationales ne se révélait qu’aux générations futures.

Aujourd’hui, le contact entre les écrivains d’un pays et les écrivains ou les lecteurs d’un autre est presque instantané. J’en ai fait personnellement l’expérience. Ceux de mes livres qui – hélas ! – n’ont pas été publiés dans mon pays ont trouvé une audience immédiate dans le monde entier, malgré des traductions hâtives et souvent imparfaites. Des écrivains occidentaux comme Heinrich Böll ont entrepris de les analyser. Au cours de ces dernières années, alors que mon travail et ma liberté ne se sont pas écroulés, mais, contrairement aux lots de la gravité, sont restés suspendus en l’air, rattachés à rien, sinon à la toile d’araignée invisible d’un public sympathisant, alors j’ai découvert, avec une immense gratitude, un soutien inattendu : celui de la fraternité des écrivains internationaux.

LE SIÈGE DE L’ONU. Les humbles ont été trahis.

Pour mon cinquantième anniversaire, j’ai eu la surprise de recevoir les vœux de célèbres hommes de lettres occidentaux. Aucune pression sur moi ne fut plus ignorée. Au cours des semaines dangereuses où je fus exclu de. l’Union des écrivains, le, mur dressé par les auteurs les plus éminents du monde m’a protégé contre des persécutions plus graves. Des écrivains et des artistes norvégiens me préparaient un asile, pour le cas où l’on me forcerait à l’exil, comme on m’en menaçait. Finalement ce n’est pas le pays où je vis et ou j’écris qui a proposé mon nom pour le prix Nobel, mais François Mauriac et ses collègues. Et, plus tard, toutes les associations d’écrivains m’ont soutenu.

J’ai ainsi compris et senti que la littérature mondiale n’est plus une anthologie abstraite ni un vague concept inventé par les historiens de la littérature, mais un corps et un esprit vivants, reflétant l’unité grandissante de l’humanité. Les frontières des États sont encore portées au rouge par les fils électriques et les tirs des mitrailleuses, et de nombreux ministres de l’Intérieur considèrent encore la littérature comme « une affaire de politique intérieure » relevant de leur juridiction. Les manchettes des journaux proclament encore : « Pas le droit d’interférer dans nos affaires intérieures ! » Alors qu’il n’y a plus d’« affaires intérieures » sur notre terre surpeuplée et que le salut de l’humanité dépend de ce que chacun fasse siennes les affaires d’autrui, de ce que les peuples de l’Est aient un intérêt vital pour ce qu’on pense à l’Ouest, de ce que les peuples de l’Ouest aient un intérêt vital pour ce qui se passe à l’Est.

La littérature, un des instruments les plus sensibles de l’être humain, a été la première à détecter ce sentiment d’unité grandissante du monde et à le faire sien.

Aussi, je me tourne avec confiance vers le monde littéraire d’aujourd’hui, vers ces centaines d’amis que je ne connais pas et que je ne verrai peut-être jamais.

Mes amis. Essayons d’être utiles si nous pouvons servir à quoi que ce soit. Qui donc, depuis les temps immémoriaux, a constitué une force d’union, et non de division, dans nos pays déchirés par les partis, les mouvements, les castes, les groupes ? Voilà, en substance, le rôle des écrivains : ils expriment à travers leur langue maternelle la force principale d’unité d’un pays, de la terre qu’occupe son peuple, et, au mieux, de son esprit national.

Je crois que la littérature mondiale, dans ces temps troublés, est capable d’aider l’humanité à se voir telle qu’elle est, en dépit de l’endoctrinement et des préjugés des hommes et des partis. La littérature mondiale est capable de communiquer une expérience condensée d’un pays à un autre afin que nous ne soyons plus divisés et déconcertés, que nos différentes échelles de valeurs puissent coïncider ; et, surtout, que le citoyen d’un pays puisse lire de façon concise et véridique l’Histoire d’un autre et la vivre avec une telle force et un tel réalisme douloureux qu’il lui soit ainsi épargné de commettre les mêmes erreurs cruelles.

Peut-être que, de cette façon, nous, les artistes, nous pourrons développer en nous un champ de vision capable d’embrasser lé monde entier : en observant, comme tout être humain, ce qui se passe tout près,, autour de nous, et en y introduisant ce qui se passe dans le reste du monde. Nous établirons ainsi des relations à l’échelle mondiale.

Et qui, sinon nous, les écrivains, pourra porter un jugement sur nos gouvernements défaillants (dans certains États, c’est la façon la plus facile de gagner son pain, occupation de tout homme qui n’est pas un paresseux), et aussi sur le peuple, lui-même, sur sa lâche humiliation, sur sa faiblesse satisfaite ? Qui pourra porter un jugement sur les écarts inconsidérés de la jeunesse et sur les jeunes pirates qui brandissent leurs couteaux ?

On nous dira : que peut la littérature contre la ruée sauvage de la violence ? Mais n’oublions pas que la violence ne vit pas seule, qu’elle est incapable de vivre seule : elle est intimement associée, par le plus étroit des liens naturels, au mensonge. La violence trouve son seul refuge dans le mensonge, et le mensonge son seul soutien dans la violence. Tout homme qui a choisi la violence comme moyen doit inexorablement choisir le mensonge comme règle.

Au début, la violence agit à ciel ouvert, et même avec orgueil. Mais, dès qu’elle se renforce, qu’elle est fermement établie, elle sent l’air se raréfier autour d’elle et elle ne peut survivre sans pénétrer dans un brouillard de mensonges, les déguisant sous des paroles doucereuses. Elle ne tranche pas toujours, pas forcément, les gorges ; le plus souvent, elle exige seulement un acte d’allégeance au mensonge, une complicité.

Et le simple acte de courage d’un homme simple est de refuser le mensonge. Que le monde s’y adonne, qu’il en fasse même sa loi – mais sans moi.

Les écrivains et les artistes peuvent faire davantage. Ils peuvent vaincre le mensonge. Dans le combat contre le mensonge, l’art a toujours gagné, et il gagnera toujours, ouvertement, irréfutablement, dans le monde entier. Le mensonge peut résister à beaucoup de choses. Pas à l’art.

Et dès que le mensonge sera confondu, la violence apparaîtra dans sa nudité et dans sa laideur. Et la violence, alors, s’effondrera.

C’est pourquoi, mes amis, je pense que nous pouvons aider le monde en cette heure brûlante. Non en nous donnant pour excuse de ne pas être armés, non en nous adonnant à une vie futile, mais en partant en guerre.

Les Russes aiment les proverbes qui ont trait à la vérité. Ceux-ci expriment de façon constante et parfois frappante la dure expérience de leur pays : « Une parole de vérité pèse plus que le monde entier. »

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DANS L’ÈRE DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, L’ACCÈS UNIVERSEL À UNE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART DEVIENDRA UN DROIT POLITIQUE INALIÉNABLE… ET C’EST EN SENS QU’IL FAUT LIRE CETTE MAGNIFIQUE PHRASE DE SOLJENITSYNE: « LA VALEUR DE NOTRE VIE RÉSIDE TOUTE ENTIÈRE DANS LA RÉALISATION DU BUT POUR LEQUEL ELLE EST FAITE»

Bertrand Le Meignen
Soljenitsyne
sept vies en un siècle
la recherche des causes.
p.763
extrait

1994

«LA VALEUR DE NOTRE VIE RÉSIDE TOUTE ENTIÈRE DANS LA RÉALISATION DU BUT POUR LEQUEL ELLE EST FAITE», note Soljenitsyne dans Aout 1914. Pour lui, ce but aura été, dès sa jeunesse, de raconter la tragédie du siècle que fut la Révolution de 1917, puis, plus tard, de rechercher et d’en trouver les causes, de renouer le fil brisé de l’histoire russe, et ainsi contribuer AU RENOUVEAU DU PAYS. En effet, pour trouver les directions possibles et sures, pour sortir la Russie de sa situation dramatique, il ne faut pas perdre de vue de nombreux ratés de notre histoire antérieure, explique-t-il, car, eux aussi nous ont acculés à la situation présente.

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COMMENTAIRE

`De là ma conviction profonde qu’un jour, l’invention de la NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE par notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) sera consacrée PATRIMOINE IMMATÉRIEL MONDIAL DE L’HUMANITÉ, car on y reconnaîtra toutes les intuitions D’ERRANCE POÉTIQUE rêvées tout au long de l’errance fantomatique et axiologique du plus noble de ses représentants sur terre, ALEXANDRE SOLJENITSYNE, dont l’aventure de son rêve personnel sur terre illustre politiquement les quatre questions de la vie personnelle œuvre d’art menant à la cinquième, fondatrice de la nano-citoyenneté-planétaire et ses deux assemblées des justes (125 femmes et 125 hommes)

1: Quel est ton rêve?
2: dans combien de jours?
3: qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve?
4: comment ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?

5 COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉDU MONDE?
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COMME LE DIT SI BIEN MON PARTENAIRE DE RECHERCHE ET AMI MICHEL LE CONCIERGE: «LES NANO-CITOYENS-PLANÉTAIRES SONT DES VOYAGEURS SANS DESTINATION CONNUE… EN CONSEQUENCE DE QUOI L’ERRANCE POÉTIQUE REPRÉSENTE LA CONTRIBUTION LA PLUS ÉLEVÉE À L’OEUVRE DE LA PAIX UNIVERSELLE…. LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE EN DÉCOULANT REPRÉSENTANT LE SENS SUPRÊME DE L’EXISTENCE DE L’HUMANITÉ SUR TERRE, METTANT FIN NANO-INSTITUTIONNELLEMENT AUTANT À L’ERRANCE FANTOMATIQUE QU’À L’ERRANCE AXIOLOGIQUE SYSTÉMIQUEMENT ET HISTORIQUEMENT CONSTITU.S PAR CES ÉTATS HOBBIENS, CRIMINELS DE DROIT COMMUN MIS AU BAN DE L’HUMANITÉ ET DE LA NATURE HUMAINE….. QUE PLUS UN NANO-ENFANT NE MEURE SUR TERRE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE.

Jamais je ne me serais attendu à une telle beauté architectonique du cadre théorique de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) au cœur même du prix Nobel que vise notre doctorat par sa conclusion ouverte (la marche à l’ONU en juin 2020 pour y déposer la chartre de la nano-citoyenneté-planétaire.

Ce qui est formidable d’un cadre théorique, succédant à une question, un sujet, un objet de recherche, une problématique, une mise en scène théâtrale d’un discours argumentatif, une constellation glossairique, une bibliographie éclatée dans l’explosion conceptuelle des différentes marges et déconstructions au cœur même des étiquettes et de leurs infranchissables attributs essentiels sous la forme de définitions de dictionnaires ou encyclopédies, c’est sa beauté esthétique.

Deux simples dates… 1970 et 2020 et les trois événements planétaires illustrant la dynamique entre les trois formes d’errance possibles sur terre: L’ERRANCE FANTOMATIQUE, L’ERRANCE AXIOLOGIQUE ET L’ERRANCE POÉTIQUE).

Et soudain s’en dessine une conclusion ouverte tournant autour de cette phrase de mon partenaire de recherche et ami Michel le concierge:

LES NANO-CITOYENS-PLANÉTAIRES
SONT DES VOYAGEURS
SANS DESTINATION CONNUE.

En 1970, les astronautes d’Apollo 13 symbolisèrent planétairement l’errance fantomatique, perdus dans le cosmos dans une mise en scène théâtrale fascinante qui dura 4 jours.

Puis, ssi en 1970 , le prix Nobel d’Alexandre Soljenitsyne symbolisa planétairement les dérives d’un état hobbien faisant vivre à son peuple une errance axiologique à la mesure de la modernité fracturée d’irrtionnalisme tout le long du 20 eme siècle.

Mais c’est aussi en 1970 que le groupe de folklore collégial les Contretemps vécut L’ERRANCE POÉTIQUE. Celle d’un rêve…. les premières prémisses théorisées de la vie personnelle œuvre d’art…

50 ans plus tard, des millions de migrants, EN ERRANCE FANTOMATIQUE, sont victimes des États hobbiens fornicateurs absolus D’ERRANCE AXIOLOGIQUE, pendant qu’une équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) se préparent à lancer planétairement un projet D’ERRANCE POÉTIQUE institutionnalisée par l’invention DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, et cela par une marche de la maison de Borduas à Montréal (le refus global) à l’ONU à New York pour y déposer UNE CHARTRE DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, la contribution la plus élevée à l’œuvre de la paix universelle apportant ainsi par l’errance poétique instituionnalisée le sens suprême de l’existence de l’humanité sur terre.

à suivre
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D’UN PRIX NOBEL À L’AUTRE…. 1970 ALEXANDRE SOLJENITSYNE PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE…. 2020 L’ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE) PRIX NOBEL DE LA PAIX…. SYMBOLISANT LE PASSAGE PLANÉTAIRE DE L’ERRANCE AXIOLOGIQUE DE 1970 À L’ERRANCE POÉTIQUE 2020

Bertrand le Meignen
Soljenitsyne
sept vies en un siècle
biographie
acte sud 2011
p.324 à 326
extrait

1958

Ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Pasternak» préfigura alors, par bien des aspects, ce que Soljenitsyne allait connaître quelques années plus tard.

Boris Pasternak se vit décerner le 24 octobre 1958 le prix Nobel de littérature (après avoir déjà été proposé pour ce prix en 1947 et en 1954) «pour ses contributions remarquables à la poésie contemporaine ainsi que dans le domaine de la grande narration russe». Il l’accepta aussitôt, mais immédiatement ses proches eurent peur, pressentant que «quelque chose d’illicite, de compromettant, d’absolument inutile s’était passé».

En effet, l’attribution du prix déclencha un énorme scandale dans les milieux officiels soviétiques (qui espéraient que le prix irait à Cholokhov) et fut suivie d’un torrent d’injures, de menaces, d’insultes et d’intrigues ignobles contre le lauréat. L’union des écrivains s’en prit à cette « trahison envers le peuple soviétique… payée au moyen du prix Nobel». Dans la presse, on le traita «d’ennemi du peuple», de «Judas» et de «cochon souillant son propre sol». On traita son roman d’ouvrage mesquin, insignifiant et vil… d’une ordure littéraire. On réclama son exclusion de l’Union des écrivains et son bannissement. On exerça sur lui de très fortes pressions pour qu’il ne donne pas suite à cette brillante récompense. Et Khrouchtchev lui-même ne se priva pas de lancer des attaques ordurières contre le lauréat et des menaces de déportation, s’il persistait à accepter le prix. Alors, Pasternak devint «méconnaissable, gris, décomposé. Il était devenu vieux. Il avait mal partout. Mais des lettres de soutien arrivaient aussi par paquets ainsi que des approbations du monde entier…

p.326

…. Alors enseignant à Riazan, notre écrivain – bien que jugeant sévèrement la langue et la prose du Docteur Jivago (dont il lut des extraits en samizdat) enviait Pasternak, comme il le confie dans ses mémoires, espérant qu’il allait profiter de sa célébrité pour accomplir tout ce dont lui-même rêvait: PRONONCER UN DISCOURS ÉCLATANT, publier toutes ses autres œuvres, tout ce qu’il devait retenir et qu’il n’avait pas oser publier jusque-là au risque de tout perdre, AVEC LA CERTITUDE QU’AINSI, PAR SON SACRIFICE,******* IL CHANGERA LE MONDE ENTIER*******

Fort de son expérience concentrationnaire, Soljenitsyne n’imaginait pas que Pasternak put voir ou accepter les choses autrement et, rapidement déçu, il frissonna «de honte pour lui comme si c’eut été pour moi», ne comprenant pas qu’il se laisse intimider  par quelques invectives qu’il puisse flancher devant la menace d’un bannissement et se ravaler à implorer le gouvernement et à marmonner des contritions et des expressions convenues pour l’éviter….

«Si on m’appelle au combat- et, qui plus est, dans des circonstances aussi exceptionnelles, va et vers la Russie! lança Soljenitsyne. Il condamna sévèrement son ainé « ne lui trouvant aucune excuse» et comprit alors

ET DÉCIDA MÊME QU’IL LUI FALLAIT                                                               CE PRIX LE PLUS TÔT POSSIBLE,                                                                   COMME POINT D’APPUI DANS LA BATAILLE                                     QU’IL S’APPRÊTAIT À LIVRER                                                                        POUR POUVOIR FRAPPER D’AUTANT PLUS FORT.

Pour sûr, j’agirai alors tout à l’inverse de Pasternak: J’accepterai hardiment, j’y partirai hardiment, je prononcerai le discours le plus hardi. Résultat, ils ne barreront le chemin du retour (que l’écrivain imaginait cependant au bout de peu d’années).

PAR CONTRE, JE PUBLIERAI TOUT! JE PROFÈRERAI TOUT|           SE HISSER JUSQU’À LA TRIBUNE DU PRIX NOBEL                                 ET DÉFLAGRER.

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SANS NOTRE ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE), JAMAIS JE N’AURAIS CONNU CETTE JOIE INOUIE DE VIVRE L’INVENTION SOUDAIN EXPLOSIVE D’UN CADRE THÉORIQUE D’UNE GRANDE MATURATION… AU POINT OU LA THÈSE DE DOCTORAT PEUT MAINTENANT SE DÉCLINER SOUS LE TITRE SUIVANT 1970// 2020 LES TROIS FORMES D’ERRANCE SOUS LA CHARTE DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE

Le conseil d’administration de la créativité de ce matin m’a tellement réjoui. Marlene dormait (le lundi est sa journée de congé). Michel était en forme et moi d’une très grande intensité à lui communiquer CETTE MISE EN SCÈNE THEÂTRALE DE NOTRE DISCOURS ARGUMENTATIF AU COEUR MÊME D’UN CADRE THÉORIQUE DES PLUS INSPIRANTS.

Imagine, que je lui dis, les trois formes d’errance (fantomatique, axiologique, poétique) telles que théorisées durant plus de 5 ans avec Alexis Lemieux (voir sa maîtrise sur Fernand Bélanger).

Imagine surtout l’année 1970 et ses trois événements fondateurs symbolisant les trois formes d’errance

1) fantomatique ( apollo 13 et ses astronautes perdus dans le cosmos)
2) axiologique (Soljenitsyne recevant le prix nobel de littérature)
3) poétique (les Contretemps à l’exposition internationale d’Osaka)

Imagine efin, l’année 2020, 50 ans plus tard, et ses trois nouveaux événements fondateurs symbolisant les mêmes trois formes d’errance:

1) fantomatique (les millions de migrants perdus sur la terre)
2) axiologique ( les états hobbies en guerre)
3) poétique ( la marche vers l’ONU à New york de MARLENE LA JARDINIÈRE, MICHEL LE CONCIERGE, PIERROT LE VAGABOND))

CONCLUSION OUVERTE

dans la nano-modernité, le passage de l’errance fantomatique-axiologique à l’errance poétique passera par la charte de la nano-citoyenneté-planétaire, les deux assemblées des justes (125 femmes, 125 hommes) les quatre questions de la vie personnelle oeuvre d’art menant à une cinquième

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?

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devenant le pont entre les trois formes de l’axiologie de 1970 (apollo 13, soljenitsyne, les contretemps à l’expo d’Osaka) et les trois formes de l’axiologie de 2020 (millions de migrants, états hobbies, la marche à l’ONU)

L’EXPLOSION INVENTIVE DU CADRE THÉORIQUE TRACE ARCHITECTONIQUEMENT LE PLAN MÊME DU DOCTORAT   AVEC UN ESTHÉTISME DES PLUS ORIGINAUX.

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à suivre…
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1970/2020… LA NANO-CITOYENNETÉ PLANÉTAIRE….WOW-T=2.7K?

LE CADRE THORIQUE DU DOCTORAT

SE JOUERA ENTRE DEUX DATES PHARES:

1970 pour l’état de la planète terre à partir d’apollo 13 dans l’espace et 2020 pour l’émergence de la nano-citoyenneté-planétaire vue de l’espace en

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Le 17 avril 1970, il y a tout juste 42 ans, les trois astronautes de la mission Apollo 13 revenaient miraculeusement sur Terre après qu’un des réservoirs d’oxygène de leur vaisseau a explosé, les obligeant à se réfugier dans le module lunaire. C’est l’un des plus célèbres échecs de l’histoire du spatial. Un échec qui aurait bien pu coûter la vie aux trois astronautes qui participaient à la mission. Le 17 avril 1970, il y a 42 ans jour pour jour, les Américains Jim Lovell, John Swigert et Fred W.Haise faisaient un retour remarqué sur Terre après moins de six jours passés dans l’espace pour la mission Apollo 13. Lancée le 11 avril, celle-ci avait pour but, comme les missions Apollo antérieures, de partir explorer la Lune et d’en ramener des roches ainsi que d’y pratiquer quelques expériences. Mais alors que les trois astronautes étaient censés alunir au niveau du cratère de Fra Mauro, ceux-ci n’ont jamais pu atteindre leur but.FacebookTwitterPinterestPartager sur Facebookif(width_site<769){ document.write(‘ ‘); }Dans les premiers temps, tout s’est bien déroulé. La fusée Saturn V a décollé avec succès depuis le Centre Spatial Kennedy en Floride pour envoyer le vaisseau dans l’espace. Ce dernier a alors voyagé pendant deux jours… avant que la situation ne se complique. Au cours du trajet vers la Lune, l’un des réservoirs d’oxygène du module de service a explosé, en raison d’une série de défaillances et de négligences au cours de la préparation du vaisseau. Suite à l’explosion, les astronautes se sont alors rapidement rendu compte que l’accident était grave. C’est à ce moment-là, en entendant l’explosion et en voyant une lumière d’alarme que le pilote Jack Swigert a prononcé la fameuse phrase aujourd’hui mondialement connue mais légèrement modifiée “Houston, nous avons eu un problème”.Trente minutes plus tard, les trois astronautes se sont aperçus que l’oxygène s’échappait au dehors. Endommageant les conduites d’un autre réservoir, l’explosion a au final rendu le module totalement inhabitable, faisant perdre l’approvisionnement en eau, en électricité et en oxygène. Malgré leurs tentatives, l’équipage n’a alors eu qu’un seul choix : se réfugier dans le module lunaire. Néanmoins, lorsque l’accident est survenu, le vaisseau se trouvait déjà à plus de 300.000 kilomètres de la Terre, excluant toute possibilité de faire demi-tour et obligeant à poursuivre le voyage vers la Lune. En contact avec les équipes au sol, les trois astronautes ont alors envisagé plusieurs moyens tous complexes pour parvenir à reprendre le chemin vers notre planète et s’en sortir vivants. Un retour particulièrement éprouvant Mais c’est finalement en faisant le tour du satellite naturel et en utilisant son attraction gravitationnelle qu’ils ont réussi à prendre la route du retour. Toutefois, c’était encore loin d’être gagné car le module lunaire Aquarius n’avait pas été conçu pour que l’ensemble de l’équipage l’habite durant une période prolongée. Jim Lovell, John Swigert et Fred W. Haise, aidés des équipes au sol ont ainsi dû trouver un moyen de récupérer de l’énergie, d’économiser l’oxygène et d’éliminer le dioxyde de carbone pour survivre le temps nécessaire pour revenir sur Terre. Les trois astronautes ont également dû considérablement réduire leur apport en eau. Durant tout le retour, l’équipage s’est trouvé totalement déshydraté et a établi un record auquel aucune mission Apollo n’était parvenue : Jim Lovell a perdu 6 kilos et l’équipage un total de 14 kilos, soit 50% de plus que ce qu’avaient jusqu’ici perdu de précédents astronautes. Le manque d’eau, d’oxygène ainsi que le froid a rendu le voyage retour particulièrement pénible pour les trois astronautes qui n’arrivaient quasiment pas à dormir. Finalement, il a fallu un peu moins de 4 jours pour que le module n’amerrisse dans l’Océan Pacifique et que l’équipage ne soit secouru. Sortis sourire aux lèvres du module, ils ont par la suite été honorés à plusieurs reprises pour cet “échec réussi” mais leur aventure a sans aucun doute marqué l’histoire du spatial, donnant même lieu au film Apollo 13 réalisé par Ron Howard et relativement fidèle. (Re)découvrez en images la mission catastrophe Apollo 13 sur Maxisciences Publié par Émeline Ferard, le 17 avril 2012 En savoir plus : http://www.maxisciences.com/apollo-13/il-y-a-42-ans-la-mission-catastrophe-apollo-13-faisait-son-retour-sur-terre_art23728.html Copyright © Gentside Découverte ——— LA CHANSON DU CAMIONNEUR www.demers.qc.ca/ l’île de l’éternité de l’instant présent/ chansons de pierrot/ paroles et musique/ le camionneur LÂCHE-MOE PAS www.reveursequitables.com/ boîte à chansons/ lâche-moe pas. ——— sur google www.simongauthier.com www.reveursequitables.com www.lepaysoeuvredasrt.com www.wow-t.com Marlene, jardinière de la beauté du monde Michel, concierge de la beauté du monde Pierrot, vagabond de la beauté du monde

L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE PEUT SE SITUER HISTORIQUEMENT COMME ACCIDENT CONSUBSTANTIEL COMME LE FURENT EN LEUR TEMPS LE DROIT CANON, LA SUITE JURISPRUDENTIELLE DU DROIT COUTUMIER, L’INNOVATION DES LOIS STATUTAIRES, LES IERES CODIFICATIONS LA SÉPARATION DES POUVOIRS COMME LA DIVISION DES PRINCIPES POUR UNE COUR SUPRÊME, DES ERREURS DE DROIT POUR UNE COUR D’APPEL ET DES APPLICATIONS LÉGALISTES D’UNE COUR DE IERE INSTANCE: L’ESSENTIEL ÉTANT LA RHIZOMATISATION IMPRÉVUE D’UNE ARCHITECTONIE DU DROIT POTENTIELLEMENT CAHRTE DES DROITS ET LIBERTÉS ANNONCANT LA PRIORITÉ NANO-CITOYENNE-PLANÉTAIRE AU 21EME SIÈCLE SUR LA FORCE DES 193 TATS HOBBIENS EN MODE AGONISTIQUE

Bernard Cottret
Histoire de l’Angleterre
p.94-95
extrait

Le second statut de Westminster, la même année 1285, restreignit la possibilité qu’avaient les grandes familles d’aliéner leurs terres: les baux devaient être à vie, et non pour des périodes trop courtes. Enfin, en 1290, le troisième statut de Westminster, encore connu sous son nom latin de quia emptores, mit un terme à la pratique consistant, pour un chevalier tenant sa terre du roi ou d’un baron, de la concéder à un tiers, en ÉCHANGE D’UN SERVICE ARMÉ. L’on mettait fin à la possibilité, pour un seigneur, de remercier ses serviteurs en leur accordant une tenure féodale. LA FÉODALITÉ PERDIT L’UNE DE SES BASES TERRITORIALES. Le recrutement militaire reposa de plus en plus sur UNE RÉTRIBUTION FINANCIÈRE – ce qui n’empêcha évidemment pas le maintien des formes régionales de fidélité. L’on parle couramment de FÉODALISME BÂTARD, bastard féodalism, pour décrire le phénomène en Angleterre. ….

Ce qui se passait au niveau des couches supérieures de la société n’était pas sans écho au bas de l,échelle sociale. Partout, L’ARGENT TENDAIT À SE SUBSTITUER AUX ANCIENNES RELATIONS D’HOMMES – sans pour autant les faire disparaître totalement. Mais le salariat, la rente froncière étaient bien appelés à TRIOMPHER À MOYEN TERME DU TRAVAIL SERVILE ET DU SERVAGE.

LE CONTRAT TENDIT
À ÉCLIPSER LE FIEF.

La diffusion de l’indenture en constitua la marque la plus tangible. Ecrite en double exemplaire, celle-ci permettait de conclure un accord entre un lord et son retainer, qui entrait à son service et recevait des gages ou fees en échange. Le retainer acceptait également de porter la livrée de son maître et de le servir en temps de guerre ou en temps de paix.

C’EST AINSI QUE NAQUIT
LA DIFFÉRENCE ESSENTIELLE
AU SEIN DES CLASSES DIRIGEANTES ANGLAISES
ENTRE LORDS ET GENTLEMEN,
ENTRE ARISTOCRATIE ET GENTRY
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LE JEU D’ÉCHECS, L’ÉCHIQUIER DU MOYEN-ÂGE EN ANGLETERRE ET LA THÉORIE DES JEUX… TROIS FORMIDABLES ÉTIQUETTES DONT LE DIALOGUE ANAPHORIQUE TRANSCENDE LA POÏÉTIQUE DE L’INVENTION DANS LE CORPS CONÇU COMME DAMIER DE L’INVENTION DU DROIT NANO-CITOYEN-PLANÉTAIRE… LES 193 PAYS ÉTATS HOBBIENS DE LA TERRE CONSTITUANT UN JEU DE DAMES CONTRAIREMENT AUX MILLIARDS DE TELEPHONES INTELLIGENTS DES NANO-CITOYENS-PLANÉTAIRES, UN JEU D’ÉCHECS AUX ÉVANESCENCES RHIZOMIQUES

Bernard Cottret
histoire de l’Angleterre
édition Tallandier 2011
p.53, extrait

Le nom pittoresque «Échiquier» venait du drap noir quadrillé, en forme d’abaque, posé sur la table des comptes. Des jetons posés sur les différentes cases figuraient des sommes plus ou moins élevées selon leurs places. «L’échiquier est une planche oblongue, d’environ 10 pieds de long sur cinq de large, entourée d’un bord de quatre pouces de hauteur à peu près, afin que rien ne tombe. L’échiquier est recouvert d’un drap, acheté durant le trimestre de Pâques, d’un patron bien particulier, noir et avec des traits distants les uns des autres d’un pied ou d’une main. C’est dans ces espaces que l’on place ces jetons. Et bien que le mot échiquier d’applique à cette planche,

ON L’UTILISE
POUR LA COUR
QUI SIÈGE AUTOUR D’ELLE.»

Les opérations étaient du reste réalisées en une monnaie de compte, «la blanche monnaie» gagée sur l’argent fin, pour éviter toutes les fluctuations des cours. un «échiquier?» Et pourquoi pas un «damier?» s’interroge le Dialogue,

TRÈS SENSIBLE
AUX RELATIONS SYMBOLIQUES
QUI EXISTENT
ENTRE LES MOTS ET LES CHOSES.

L’échiquier est plus approprié car, alors que tous els pions se valent au jeu de dames, quand on joue aux échecs, ON SAIT QUE LES PIÈCES SONT DOTÉES DE VALEURS INÉGALES. L’échiquier rend mieu compte de la hiérarchie et de la partie serrée qui s’engage entre le trésorier et le shérif qui lui rend des comptes.

CETTE THÉORIE DES JEUX
N’EST DU RESTE PAS SANS INCIDENCE:
ELLE REPOSE SUR LE CARACTÈRE
CONVENTIONNEL DU SIGNE.

C’est par la place qu’il occupe sur l’échiquier qu’un jeton prend toute sa valeur: CELLE-CI N’EXISTE PAS EN SOI: «Le même denier, utilisé comme jeton, peut valoir un denier, un sou, ul livre, cent ou mille livres».

IL SUFFIT POUR CELA
DE LUI AJOUTER
DES «ACCIDENTS» INDICATIFS
DE LA VALEUR QU’ON VEUT LUI DONNER.

AINSI EN VA-T-IL
DU RESTE DE L’HUMANITÉ EN GÉNÉRAL:
«LA ROUE DE LA FORTUNE»
PAREILLEMENT, EN ÉLÈVE CERTAINS
TANDIS QU’ELLE EN ABAISSE D,AUTRES.

TOUT LE MONDE REVET AINSI
UN SENS «MYSTIQUE» OU CACHÉ
CONCLUAIT BENOÎTEMENT
LE TRÉSORIER-PHILOSOPHE.

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COMMENTAIRE

Un Migrant, en changeant de pays, voit son corps quadrillé de droits selon la portée universelle des différentes chartes de droits et libertés. Au Canada, le migrant devient téléphone intelligent en main, un symbole des droits nano-citoyens-planétaires en marche vers sa destinée FAITE D’ESPÉRANCE DE JUSTICE COMME ÉQUITÉ.

UN MIGRANT-ENFANT TRANSFORMERA L’ÉCHIQUIER DES 193 ETATS HOBBIENS EN DAMIER POUSSIÉRÉ DE DÉSUÉTUDE ANHISTORIQUE.

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DANS UN DOCTORAT, IL EST PRÉFÉRABLE DE VISUALISER UN CADRE THÉORIQUE COME LE BIG BANG D’UNE INVENTION ISSUE DE LECTURES ANALOGIQUES PROVOQUANT UNE DYNAMIQUE ARCHITECTONIQUE D’OPINIONS, DE CONVENTIONS, DE POSITIONS, D’OPTIONS ET DE CONVICTIONS JUSQU’À CE QU’IMPLOSE EN PLEIN CENTRE DE LA CONSTELLATION DU CHAMP MAGNÉTIQUE EXPÉRIMENTAL L’INVENTION SOUS SA FORME POÏÉTIQUE INCANDESCENTE…. DE LÀ LA QUESTION MISE EN SCÈNE THÉÂTRALE DE LA PROBLÉMATIQUE QUI ILLUMINE TOUTE UNE VIE DE RECHERCHE……

Bruce Springsteen, en voix hors-champ, commente :

« C’est la beauté de l’invention.
Tu crées ce qui n’existait pas avant,
tu mêles tout ce que tu connais sans t’en apercevoir, et il y a une étincelle,
et puis une explosion… »

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Qu’est-ce qui faisait chanter Elvis?

La première moitié du documentaire «The Searcher» sera diffusée par HBO samedi prochain.
Photo: HBO La première moitié du documentaire «The Searcher» sera diffusée par HBO samedi prochain.

Sylvain Cormier LE DEVOIR

13 avril 2018

Écrans

The Searcher, documentaire de facture exceptionnelle dont la première partie est diffusée ce samedi à HBO, analyse le phénomène Presley comme jamais auparavant : l’histoire de la longue quête d’un homme.

On est le 5 juillet 1954, dans le petit studio du Memphis Recording Service. Le documentariste a peu à montrer, à peine quelques photos de séance d’enregistrement qui n’ont pas été prises ce jour-là. Mais il y a le son. Elvis Presley, spontanément, durant une pause, histoire de détendre l’atmosphère et ses propres nerfs, se lance dans une version quasi hillbilly d’un morceau rhythm and blues d’Arthur Crudup, That’s All Right. Le contrebassiste Bill Black et le guitariste Scotty Moore embarquent vite fait, pas mécontents de se défouler : la session n’allait nulle part, et la recherche d’une bonne chanson pour le jeune homme de 19 ans n’en finissait plus. Derrière la console, Sam Phillips, le patron de la place et des disques Sun, s’exclame : « Je ne sais pas ce que vous faites, mais refaites-le ! »

Bruce Springsteen, en voix hors-champ, commente : « C’est la beauté de l’invention. Tu crées ce qui n’existait pas avant, tu mêles tout ce que tu connais sans t’en apercevoir, et il y a une étincelle, et puis une explosion… » Dans le montage, sans coupure apparente dans la musique, on est téléportés en juin 1968, dans les studios du réseau NBC à Burbank, en Californie, où Elvis, tout de cuir vêtu, bronzé, à la fois heureux et rugissant, réédite le Big Bang avec le même Scotty Moore, le batteur DJ Fontana et quelques amis. La séquence est électrisante, une renaissance. Treize ans séparent ces moments-clés. Elvis n’est pas monté sur scène depuis sept ans, confiné au tournage de films où il ne fait que changer de costume : pilote de stock-car, de hors-bord, d’avion… Que s’est-il donc passé durant toutes ces années ? Pourquoi reprendre au point de départ ? Que cherchait donc Elvis en 1954 ? Et en 1968 ?

Réponse composite

C’est ce que l’on tente de comprendre et d’expliquer durant les trois heures et demie de l’extraordinaire documentaire Elvis Presley : The Searcher. La narration est à voix multiples. Il y a les témoins de première ligne : sa compagne Priscilla Presley ; ses amis Jerry Shilling et Red West ; Steve Binder, le réalisateur du Elvis TV Special de 1968 ; Mike Stoller qui créa plusieurs des titres forts d’Elvis avec son compère Jerry Leiber (Hound Dog, Trouble, Jailhouse Rock). Il y a les musiciens et choristes : Scotty, DJ, mais aussi Cissy Houston et Ronnie Tutt, le batteur des dernières années, entre autres. Il y a des artistes de première importance, feu Tom Petty, Emmylou Harris, Robbie Robertson, Bruce, ainsi que des musicologues, journalistes et historiens. Tous pertinents, tous hors caméra.

C’est aussi par la bande-son que l’on entend le plus souvent Elvis, Sam Phillips, le gérant « Colonel » Tom Parker. Les entrevues filmées d’Elvis sont rarissimes. C’est le premier mérite du documentaire de Thom Zimny : en voix hors champ, les intervenants n’ont pas d’âge, et tout a lieu au présent du propos. Quand David Porter, compositeur maison chez Stax Records, parle d’Elvis adolescent comme d’un « étudiant qui ne savait pas qu’il allait à l’école en écoutant la station afro-américaine WDIA », on est au début des années 1950, pas dans une parade de vieux évoquant des souvenirs.

Que montre-t-on, alors ? Le documentaire diffusé en deux parties à HBO samedi prochain ne manque pas d’images. Une quantité phénoménale de photographies. Des films d’amateur jamais vus. Des actualités. Les passages d’Elvis à la télé. Des extraits choisis de scènes parmi ses 31 longs métrages. Et très, très peu d’images récentes : là un gros plan de console, là une route du Sud où l’on aperçoit de loin une bicyclette, des plans de l’intérieur et de l’extérieur de Graceland, la maison qu’Elvis acheta en 1957 pour sa mère, Gladys. C’est à peu près tout. Des archives, des enregistrements d’Elvis, une trame sonore par Mike McCready de Pearl Jam, et encore des archives. Le tout monté pour que l’on comprenne le plus clairement possible.

Que l’on comprenne quoi ? Les intentions, les motivations d’Elvis. Sa part de décisions. Elvis savait ce qu’il faisait en allant au Memphis Recording Service, savait que Sam Phillips avait lancé des disques de Howlin’ Wolf et de Rufus Thomas sur son étiquette Sun. Elvis voulait deux choses : être une vedette de la chanson comme ses idoles Dean Martin et Mario Lanza, et plus encore, il fallait qu’il devienne riche. Les six mois que son père Vernon passa en prison au Parchman Farm, pendant lesquels sa mère se brisa le corps à laver des planchers, l’avaient marqué à vie. Dans le film Loving You, il détesta les jeans de son personnage : échapper à son destin d’ouvrier, c’était son obsession.

Maître dans le studio

Elvis voulut d’abord chanter dans un quatuor gospel : l’audition ratée lui restera sur le coeur. Quand vient le contrat chez RCA, au début de 1956, le producteur Steve Sholes est derrière la console, mais Elvis est de facto « son propre réalisateur ». « Personne ne faisait de suggestions à Elvis », précise Tom Petty. « Il n’avait pas inventé le rock’n’roll, mais son mélange de R’n’B, de country, de bluegrass, de pop de crooner, n’appartenait qu’à lui, et il le savait. » Le documentaire accole brillamment les versions d’origine et les versions d’Elvis : on entend la transformation, l’application naturelle de son principe de base, le « race mixing ». Une scène du film King Creole, où une voix de chanteuse noire lui fait écho dans Crawfish, le démontre parfaitement.

Cet instinct sûr dans les choix musicaux ne se transposera pas dans le reste de la vie d’Elvis, où l’insécurité de l’ancien pauvre lui fait accepter toutes les manoeuvres commerciales du Colonel. Ses contrats au cinéma lui procurant des revenus faramineux, il cesse de se produire en spectacle, chante ce qu’on lui demande pour agrémenter les scènes. S’il poursuit sa quête, c’est à travers des albums de gospel. Priscilla raconte : « À Graceland, Elvis écoutait du soul, du gospel, du folk, de l’opéra, mais évitait les succès du palmarès, les Beatles, les Stones. » Plus que jamais pendant la période de la machine hollywoodienne à imprimer de l’argent, Elvis cherchait, se cherchait. « La révolution qu’il avait déclenchée avait lieu sans lui… », constate un historien.

Le regain

L’Elvis TV Special de 1968 va lui redonner, pour quelques années, le contrôle de sa musique et de son destin. Bouleversé par les assassinats de Martin Luther King Jr. et de Robert Kennedy, il interprète If I Can Dream à la fin de l’émission. Puis enregistre des albums formidables de « southern soul ». Et retrouve la scène, accompagné par l’orchestre de ses rêves. « Personne avant Elvis n’avait eu à se demander comment une idole du rock peut vieillir, dit Tom Petty. He had no road map… »

Les résidences à Las Vegas, les tournées sans fin, lui coûteront son mariage et sa santé. Les moments de joie sur scène vont s’espacer. Le Colonel a repris les choses en main, vend sa marchandise. Dans son spectacle, note Springsteen, il poursuit quand même sa quête de la quintessence de la musique américaine à travers un medley qu’il a concocté, l’immense American Trilogy. « Il chante d’où il vient, ce qu’il est, c’est poignant. » Les dernières années, il chantera surtout sa douleur, dans Separate Ways, dans sa reprise tragique de Hurt. Quand Elvis meurt le 16 août 1977, il laisse 784 chansons enregistrées, et il a donné 1684 spectacles. Steve Binder : « La lumière dans ses yeux l’avait quitté. » Tom Petty : « Il n’était plus cet homme qui s’appelait Elvis Presley, il était devenu ELVIS… »

Elvis Presley : The Searcher

Un documentaire de Thom Zimny. HBO Canada, samedi, dès 20 h. Sur crave.tv dès le 20 avril

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