VAGABONDER LA BEAUTÉ DU MONDE

VAGABONDER LA BEAUTÉ DU MONDE

Je n’ai jamais vu mon père et ma mère élever la voix entre eux ou même avoir un argument sévère devant nous les enfants …. Mon père avait institué au début de son mariage un code qui pouvait se dire comme ceci: On ramasse nos problèmes de la semaine et on essaie de les résoudre le vendredi, si possible au restaurant, même si n’a que les moyens de se payer 2 cokes… Mais on n’incommode pas les enfants avec ça.

Cela m’a bien préparé à vagabonder la beauté du monde mais bien mal préparé au quotidien d’une vie de couple ….. Chaque manque de respect sous une forme ou sous une autre m’était vécu comme une blessure catastrophique profonde.

Quand je regarde l’arbre qui me parle dans la fenêtre de G. je me sens attendri d’une immense poésie contemplative. Le silence se fait parole ….toujours la même et jamais pareille.

Comme aujourd’hui je remercie mon partenaire de scène pendant 18 ans… Denis Lamarre …. Aucun argument même mineur entre nous … Que du respect, du respect, du respect …. De la douceur de faire carrière en équipe … comme mon père et Monsieur Bérichon quand mon père était réalisateur de télévision
à C.K.T.M. Trois-Rivières.

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Cher Denis Lamarre,

En 18 ans de carrière, je ne me rappelle pas d’une seule zone d’ombre … et je ne crois pas me tromper en me disant que tu penses exactement la même chose de ton côté. Comment avons-nous pu être aussi heureux au quotidien en 18 ans de carrière! Je n’en reviens pas encore….

J’ai aimé vagabonder la scène à tes côtés …. Quand nous inventions nos numéros de spectacle à l’auberge La Calèche, Mario un des propriétaires faisait construire les décors, nous fournissait une costumière qui nous créait les costumes. Durant ce temps, toi dans ton studio au 2eme étage de ta maison dans le bois, tu créais les pistes musicales pendant que de mon côté, je créais les numéros de comédie selon la thématique choisie…. Et entre tout ça, nous parcourions le Québec pour différents engagements dans les villes et villages …

Nous ne nous fréquentions pas en  dehors des heures de travail …. Mais comme de toute façon nous étions plus de 40 heures par semaine ensemble …. nous pratiquions une éthique du respect bien au-delà de ce que nous avions vécu chacun de nous auparavant. Nous étions amitié oeuvre d’art au service de notre art et nous le savions ….. Merci pour nous avoir permis cela par ton trèes grand professionnalisme

Pierrot vagabond