À presque 71 ans, je suis soudainement devenu un fragment heureux des débris de la mémoire du cœur …. Me voici ce matin au 24 heures informatique de l’UQAM, salle sm 920… seul dans le fond, en état avancé de béatitude….
Pourquoi est-ce que je sens le besoin de l’écrire? Pour me rappeler de dire merci à la vie de ce cadeau de l’ineffable en mes rêves big bang que la synchroni-vie-té continue de m’abreuver comme si les milliards de constellations chantant chacun des débris de la mémoire du cœur dansaient l’impossible…
Ma carrière vagabonde de philosophe s’est construite à partir d’une seule chanson: LE BAL CHEZ TEMPOREL de Guy Béart…. Je chantais au St-Vincent je crois… c’était avant l’ouverture des Pierrot… on vient me voir pour aller chanter aux Iles de la Madeleine dans une nouvelle boîte à chansons … «chez Gaspard» …. j’y serais le deuxième chansonnier à y mettre les pieds… le ier étant René Robitaille…
A cette époque, dans les tempêtes d’hiver du mois de janvier, prendre un petit avion pour les îles était périlleux… et même pour revenir…. l’avion ne pouvait décoller les jours de brouillard ….
J’arrive à la boîte à chansons… on me fait coucher seul la nuit dans une chambre du grand couvent… la t.v. dans le bar n’est habitée que par Radio-Canada… et à la place des commerciaux, il y a de la neige sur les écrans…
Le ier soir… on me demande du Guy Béart… je n’en connais aucune… Et j’apprends que René Robitaille prenait plus un coup avec les clients qu’il chantait et qu’entre ses prestations il faisait jouer à répétition la cassette de Béart… dont la vérité, l’eau vive et bien sur LE BAL CHEZ TEMPOREL ….
J’apprends donc la cassette et chante LA VÉRITÉ à répétition… mais le soir à la fin je chante le bal chez Temporel… et là… la poésie de l’événement carte postale de la beauté du monde en moi se cristallise dans la condition humaine poétisée que ma guitare stradivariusse …. je chante… heureux… poète… en me jurant de chercher un jour par la pensée abstraite la plus pure… le pourquoi je suis si heureux par cette chanson…
IL ARRIVE QU’UNE SEULE CHANSON PORTE EN ELLE FRACTALEMENT TOUS LES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU COEUR DE LA CONDITION HUMAINE EN FÊTE OEUVRE D’ART
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Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés auprès du nôtre
Et deux cœurs taillés au couteau dans le bois des tables bancales
Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés auprès du nôtre
En l’honneur de nos vingt carats, qui depuis se sont fait la paire
Pense aux doigts qui tous ont laissé quelques “je t’aime”
Auprès du nôtre
Ce qu’alors nous avons aimé et pour que tu le reconnaisses
Pense aux bonheurs qui sont passés là simplement comme le nôtre.