Ce matin, Michel me demandait: Pierrot… Comment fais-tu pour être au beau fixe tous les matins? ….. je suis devenu rire oeuvre fd’art et j’ai dit à mon partenaire des jours heureux du St-Vincent , il y a près de 50 ans maintenant… Veux-tu la vraie réponse ou la fausse?
Et Michel d’ajouter un de ses aphorismes si émouvant dont il a le secret:
UN HOMME AU BOUT DE SES GUERRES, À QUOI PENSE-T-IL?
Michel lit en moi… trop peut-être… mais on se connait tellement… on a partagé la même scène dans le Vieux Montréal avec nos guitares durant plus de 8 ans… Déjà, je souffrais en silence le fait de ne pas être à ma place sur scène…. et lui… il rayonnait chaque soir d’être à sa place….. les yeux bienveillants de merci au public qui l’accueillait…
Moi je marchais les ruelles du Vieux Montréal entre les sets… tourmenté de littérature inachevable…. comme dans mes nuits encore aujourd’hui….
Je n’ai pas changé ami… mes nuits sont des champs de bataille, des cimetières qui me hantent … ces millions d’enfants qui se meurent de faim et de blessures de guerre qui disparaissent un à un dans l’insondable d’une poésie blessée….
Cette nuit ….j’avais à côté de la planche de bois sur roulettes qui me sert de petit lit la lampe de poche que m’a donné Michel, mon cahier et mon crayon… en tentant de ne pas me réveiller… j’ai écrit
TROP DE BATAILLES ONT ÉTÉ PERDUES…..
Quand Michel cogne à ma porte le matin.. c’est comme si une trève de Noel mettait temporairement fin à mes cauchemars de guerre…. Puis mon ami me soigne par un de ses aphorismes que je note dans un cahier pour les accumuler… car un jour je sais que son CARNET DU CONCIERGE» obtiendra un très gros succès d’édition.
Ce matin j’ai noté celui-ci:
«Moi je vois un troupeau de vaches en face de moi …. Je tiens une balle de foin dans mes mains….. et je vois toujours les trois mêmes vaches qui n’auront pas de foin à manger … et la bataille pour y arriver …. c’est pas parce que les vaches sont méchantes… c’est parce qu’il n’y a pas assez de foin pour toutes… et de terminer son aphorisme par ces wrapping dont il a le secret…
« QUI SUIS-JE POUR REMETTRE EN QUESTION LE COEUR D’UN HOMME?»
Et Marlene de se lever à son tour… le café est prêt…. nous nous donnons des forces en équipe pour faire de notre journée un ÉVÈNEMENT DE JOIE DE VIVRE AU SERVICE DES AUTRES…
Au 24 heures de l’UQAM…. je suis de plus en plus convoqué à inspirer des jeunes camarades de recherche par le simple fait que je sois devenu un vieux chercheur dont les silences en disent plus que les paroles… J’écoute, j’encourage ….. Je ne dis jamais non…. ma manière à moi de dire merci à la vie d’honorer de si grands compagnons et compagnes de recherche depuis plus de 13 ans maintenant…
Pierrot vagabond