ARNAUD CHAUCHOY M’ÉCRIT: « EST-CE QUE LE RÊVE DE TOMMY CLADWELL DE GRAVIR UNE INFRANCHISSABLE MONTAGNE PEUT ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME UN RÊVE BIG BANG POUR LES IMPLICATIONS QU’IL A SUR SA VIE ET DES GENS QUE CET EXPLOIT INSPIRE?» … ET MOI DE LUI RÉPONDRE: « ET BIEN ARNAUD, T’ES À CE POINT PILE AVEC TON EXEMPLE QUE JE VAIS M’EN SERVIR POUR LE DOCTORAT (AULD, WOODARD, ROCHETTE) EN CITANT TON NOM … ET JE L’INSCRIS IMMÉDIATEMENT SUR LE BLOGUE… BRAVO POUR TON INTELLIGENCE VRAIMENT BIENVEILLANTE À MON ÉGARD…

ARNAUD CHAUCHOY M’ÉCRIT: « EST-CE QUE LE RÊVE DE TOMMY CLADWELL DE GRAVIR UNE INFRANCHISSABLE MONTAGNE PEUT ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME UN RÊVE BIG BANG POUR LES IMPLICATIONS QU’IL A SUR SA VIE ET DES GENS QUE CET EXPLOIT INSPIRE?» … ET MOI DE LUI RÉPONDRE: « ET BIEN ARNAUD, T’ES À CE POINT PILE AVEC TON EXEMPLE QUE JE VAIS M’EN SERVIR POUR LE DOCTORAT (AULD, WOODARD, ROCHETTE) EN CITANT TON NOM … ET JE L’INSCRIS IMMÉDIATEMENT SUR LE BLOGUE… BRAVO POUR TON INTELLIGENCE VRAIMENT BIENVEILLANTE À MON ÉGARD…

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Tommy Caldwell : « Une magnifique histoire d’amour avec le Dawn Wall »

Publié le vendredi 28 septembre 2018 à 12:13 | Mis à jour le 28/09/2018 à 14:57

En 2015, Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson ont dompté une des voies les plus difficiles du monde, la paroi de 900 mètres du Dawn Wall, sur El Capitan dans la vallée du Yosemite (Etats-Unis), réputée pour être impossible à gravir. Le film The Dawn Wall est l’histoire de cette ascension et de ces sept ans de préparation, mais aussi de la vie de Tommy Caldwell. Cet habitué des « big walls » revient sur leur exploit.

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Escalade – Escalade – Tommy Caldwell fait partie des meilleurs grimpeurs du monde. (The Dawn Wall)

Tommy Caldwell fait partie des meilleurs grimpeurs du monde. (The Dawn Wall)

Après ces sept années de préparation et tentatives, à quel moment vous avez réalisé que vous étiez capable de le faire, grimper le Dawn Wall (32 longueurs) ?
Je n’ai pas réalisé jusqu’à la dernière poussée. Quand vous êtes à 19 jours d’efforts, les derniers sont les plus durs. Pendant toute l’aventure, je me posais des questions. Là, j’ai su que c’était bon. Cette période de l’année, le milieu de l’hiver, donne les meilleures conditions pour escalader. Ça n’arrive qu’une fois dans l’année, où il fait aussi froid et sec.

Votre vision du Dawn Wall a changé depuis cette ascension ?
La première fois que j’ai envisagé de l’escalader, j’étais à un moment de ma vie où j’avais besoin d’une distraction, d’un objectif majeur. Quelque chose en quoi croire, un truc à m’obséder quand je traversais des périodes compliquées personnellement. Des années plus tard, c’est devenu un rêve positif. Escalader ce mur a été très inspirant. L’énergie sombre s’est transformée en quelque chose de positif.

Tommy Caldwell, droit dans le mur

La première fois que vous avez grimpé le Dawn Wall, vous aviez 19 ans, avec votre père. Quel souvenir vous gardez de ce moment ?
C’était mon premier « big wall » aussi grand. J’étais un bon athlète, et je pensais que ça irait. Mais le mur m’a totalement battu. J’étais très effrayé. Le challenge avait l’air si grand, ça m’a tué. Très rapidement les années qui ont suivies, je suis devenue très obsédé par ce mur, pour trouver la solution.

The Dawn Wall – Bande Annonce from Reel Rock France on Vimeo.

Aujourd’hui, qu’est-ce ce mur représente pour vous ?
Maintenant, je le vois comme une influence positive sur ma vie. Mais pas au point de le refaire, pas tout de suite. Je suis plutôt prêt à trouver d’autres murs semblables ailleurs. Mais ce genre de chose n’arrive pas tout le temps, il faut attendre le bon moment dans ta vie. Travailler si dur vers un objectif comme celui-ci, c’est une belle façon de vivre.

« Est-ce qu’on n’était pas totalement fous de passer autant de temps et investir autant de notre vie sur ce projet pour peut-être ne jamais y arriver ? »

19 jours sur le mur, à quoi ressemblait votre quotidien ?
En quelques mois, je suis devenu presque addict à ça. Parce que c’est si beau et l’expérience est tellement intense. C’est assez bizarre, tu ne peux pas marcher, juste t’asseoir d’un côté du porteledge. D’un côté, l’escalade est tellement complexe, éprouvante et difficile… Mais la vie sur le mur est simple : tu ne peux faire qu’une chose : escalader, et réfléchir à comment grimper. Il n’y a pas beaucoup d’autres distractions. Des choses simples. Chaque jour était excitant, être dehors, avec une vue magnifique. Tu n’as pas tout ce que tu as à la maison, donc la vie est plus simple et pure, et j’aime ça. Tu dois penser à tout attacher pour ne pas faire tomber. J’ai fait tomber mon portable mais au final, j’étais plutôt content. Car au fur et à mesure, on a eu de plus en plus de pression, de distraction par les médias… Avec tout ça, j’avais l’impression de ne pas vivre dans le moment présent.

Les deux grimpeurs ont vécu 19 jours sur le mur. (The Dawn Wall)
Les deux grimpeurs ont vécu 19 jours sur le mur. (The Dawn Wall)

Vous avez douté pendant ces 19 jours ?
Tout le temps. Sauf dans la dernière poussée. Mais tout le long de la grimpe et pendant ces sept années de préparation, entre la météo, les distractions, la motivation, la fatigue… il y a plein de raisons de douter. Est-ce qu’on n’était pas totalement fous de passer autant de temps et investir autant de notre vie sur ce projet pour peut-être ne jamais y arriver ?

Quel était votre sentiment en haut, une fois sur la terre ferme ?
Le meilleur moment a été juste avant de rejoindre le sommet. J’étais avec Kévin, avec les caméramans, notre équipe… c’était un instant où on a réellement apprécié ce qu’on a réussi à faire, ensemble. Puis, on a rejoint toutes ces personnes là-haut, c’était très bizarre. C’était un moment très personnel et le partager avec les médias, c’était dur pour moi.

Josh Lowell, réalisateur de The Dawn Wall : «J’ai songé à tout arrêter »
« Durant six ans, Tommy et son partenaire, Kevin Jorgeson, ont passé chaque printemps et chaque automne au Yosemite pour tenter l’ascension. Nous avions des équipes de tournage en place pour documenter le processus. Ils ont échoué à plusieurs reprises. J’ai parfois songé à tout arrêter car les chances de succès semblaient très minces. Mais en découvrant le passé de Tommy et la complexité de sa motivation, j’étais convaincu que la saga du Dawn Wall, réussie ou non, serait la toile de fond idéale pour raconter l’histoire fascinante de sa vie. »

Dompter le Dawn Wall vous a changé ?
Je suis toujours le gamin timide que j’étais avant. Les gens viennent me voir en disant que ce que j’ai fait est inspirant, ils me regardent d’une certaine manière… Ça me semble toujours bizarre.

Quel a été le meilleur moment de votre aventure ?
La veille de notre arrivée en haut du Dawn Wall. Le matin, on s’est réveillés à l’aube. On s’est dit qu’on allait le faire ensemble. Nous étions gelés à cause du froid, et le soleil est apparu. On était les premiers de tout le parc Yosemite à voir le soleil. En haut de la montagne. C’était un moment vraiment magique, il restera gravé dans ma mémoire.

Le 14 janvier 2015, Tommy Caldwell vient à bout de son rêve : grimper le Dawn Wall. (The Dawn Wall)
Le 14 janvier 2015, Tommy Caldwell vient à bout de son rêve : grimper le Dawn Wall. (The Dawn Wall)

Quels sont vos prochains projets ?
J’ai des projets, mais je ne veux plus dédicacer ma vie à un seul objectif, comme je l’ai fait pour le Dawn Wall. J’ai envie surtout de passer du temps en famille. Mais j’ai toujours une liste de « big walls » que je veux grimper. En Argentine, à travers l’Europe… J’ai également des engagements dans la protection de l’environnement. Je veux essayer d’utiliser cette plate-forme, maintenant que les gens m’écoutent. J’ai la responsabilité de faire ça. Faire quelque chose de positif pour le monde.

Adam Ondra au sommet du Dawn Wall, la grande voie la plus dure au monde

Dans le film, et le livre, vous racontez votre vie, pas seulement l’ascension du Dawn Wall. Pourquoi ?
J’ai toujours été fan des livres d’aventures. J’aime lire et je voulais me tester à l’écriture. Grâce à ce livre, j’avais l’impression de m’asseoir chez mon psy, lui raconter ma vie, et tout lâcher. Pour comprendre ce qui m’était arrivé, comme une thérapie personnelle. Avoir des enfants, ça m’a aussi donné envie de comprendre ma vie et ma façon de voir les choses. Pour comprendre comment élever mes enfants. Avant, je n’avais pas pris le temps de réfléchir et me poser comme ça. Au début, je ne pensais pas tout le temps au fait de publier un livre, mais plus à l’idée de créer quelque chose par moi-même. Les réalisateurs ont utilisé mon livre pour faire le film. Je n’avais pas vu le film avant la première, je leur ai fait totalement confiance.

« Push ! la vie au bout des mains », le récit d’une vie
La découverte de l’escalade à trois ans avec son père, son amour pour l’escalade, la prise d’otage lors d’un voyage au Kirghizistan où Tommy Caldwell pousse un de ses ravisseurs du haut d’une falaise pour s’échapper, ses histoires d’amour, sa passion dévorante pour le Dawn Wall… Plus que le récit de leur ascension magistrale du Dawn Wall, dans Push ! La vie au bout des mains (Editions Glénat), l’Américain raconte sa façon de vivre, ses doutes, ses motivations, ses peurs. Sa vie de grimpeur.

Dans votre livre, vous écrivez que vous avez un peu peur de tomber dans une relative dépression une fois l’exploit réalisé, car cela a guidé sept ans de votre vie. Maintenant que vous avez réalisé votre rêve, dans quel était d’esprit êtes-vous ?
Je ne me sens pas dépressif. J’ai l’impression d’avoir vécu une magnifique histoire d’amour avec ce mur pendant sept ans. Et maintenant, c’est fini. Je pense qu’au début, j’ai essayé de trouver autre chose qui pourrait m’obséder autant, me guider dans ma vie et mes objectifs. Ecrire ce livre a été un peu ça. Mais durant l’année que j’ai prise à l’écrire, je me suis rendu compte que j’étais chanceux d’avoir ma famille et je veux passer plus de temps avec eux. Tout en continuant de grimper, mais moins. Je suis heureux.