HISTOIRE INDUSTRIELLE DE LA TUQUE… CHAPITRE 2.1 DU DOCTORAT DE L’ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE)

HISTOIRE INDUSTRIELLE DE LA TUQUE
Premières présences dans la région :
Le territoire du Haut-Saint-Maurice fut habité par les Atikamekws, et ce, depuis des siècles. C’est en 1651 que le premier blanc pénétra dans la région jusqu’au territoire amérindien dans le but de les évangéliser. Les premiers documents écrits sur la région au cours des années 1630 nous indiquent qu’environ 550 Amérindiens occupaient les rives de la rivière Saint-Maurice. L’arrivée de la Compagnie du Nord-Ouest puis de la Compagnie de la Baie d’Hudson intensifia la traite des fourrures souvent au détriment des populations autochtones. Les compagnies installèrent des postes de traite aux Piles, à la Rivière-aux-Rats, à La Tuque (1700), au Vermillon, à Parent et à Weymontachie.
La colonisation euro-québécoise de la haute Mauricie débuta vraiment au milieu du 19e siècle grâce à l’exploitation forestière. Elle amènera pendant la seconde moitié de ce siècle des centaines de travailleurs à La Tuque et bien au-delà. Le territoire s’organise autour de l’exploitation du bois. L’existence d’une population sédentaire, de voies de communication adaptées aux besoins de l’industrie (i.e. l’arrivée du chemin de fer) et une tendance économique à la hausse, permit la création d’une première industrie au début du 20e siècle. Les deux premières agglomérations à voir le jour en 1908-1909 sont La Tuque Village et La Tuque Falls. Les deux entités se fusionneront en 1911 pour donner naissance à la Ville de La Tuque avec une population approximative de 2,900 personnes.

Pionniers de La Tuque:
La Compagnie Tremblay-Desbiens aurait été formée en
1908 et elle a joué un rôle crucial dans la fondation de
cette municipalité car elle a:
– Fourni la première chapelle au premier Curé de La
Tuque, Eugène Corbeil et l’église St. Zéphirin par la
suite;
– Construit le premier aqueduc de la ville – il sera plus
tard détruit par une explosion;
– Construit bon nombre des maisons qui logeaient ses
quelque 8,000 habitants en 1933;
– Les associés Tremblay-Desbiens font parler d’eux dans
le journal Le Nouvelliste en 1954. Ces deux pionniers de
La Tuque étaient originaires du Saguenay-Lac-Saint-
Jean et ils y voyaient un important lien manquant entre les deux
régions;
– Vers 1910, le conseil de ville octroie le privilège à Ernest Desbiens
de fonder la première compagnie de téléphone pour une
période de 25 ans. La photo à droite montre des téléphonistes de
La Tuque date de la fin des années 40.
La Québec and Saint Maurice Industrial Co (future Brown Corporation):
En 1904, la Québec and Saint Maurice Industrial Company acheta les chutes de La Tuque et en 1909 elle entreprit des travaux de construction d’un barrage hydro électrique et d’une usine de
pâte de bois. Ce qui auparavant était un petit village, qu’on aurait pu appeler un simple campement, devint un théâtre animé. Avant l’arrivée du chemin de fer, La Tuque est un lieu difficile
d’accès. On y aboutissait soit à cheval, en empruntant une piste, soit en remontant la Saint-Maurice en canot, depuis les Grandes Piles. À l’époque, la ville était située sur ce qui est maintenant
connu sous le nom ‘Les Plaines‘, dont la moitié a disparu.

L’hôtel et les autres maisons, le long de la rivière, avaient été déplacés ou avaient glissé dans le cours d’eau à cause des changements du courant qui ont provoqué l’érosion des hauts bancs de sable.

En 1910, pour se rendre dans ce village, il fallait prendre le train à la jonction de La Tuque, sur la ligne du Canadian Northern Railway, puis parcourir une quarantaine de milles à bord d’un train qui ser-vait aux opérations de construction de la vieille compagnie Lake St. John Railway. Un horaire plutôt irrégulier. Apparemment, les trains ne roulaient que pour accommoder la Québec and Saint Maurice Industrial Co, quand celle-ci avait besoin de matériaux de construction, ou les entrepreneurs chargés de mettre en place le che-min de fer, McDonald et O’Brien.

En bas, l’endroit appelé le «No 4», ne comptait que six maisons ! La partie Est de l’actuelle ville, de l’autre côté des voies du Canadien National, le village, ne comprenait qu’une seule maison et un petit moulin à scie, de l’autre coté du lac, et au Sud-Est il avait quelque six cabanes. L’éclairage à l’électricité était réduit à son minimum : un simple poteau, ici et là, éclairait la place. La Québec and Saint Maurice Industrial Co commença à fa-briquer de la pâte en 1910 et elle a pris son ampleur véritable en 1915. L’usine emploie environ 350 travailleurs à ses débuts et ce nombre augmente entre 600 et 1,200 de 1915-1940. En 1917, la Québec and Saint Maurice Industrial Co devient la Brown Corporation. Les trois quarts de la production sont acheminés à l’usine de Berlin jusqu’en 1928 afin d’être transformés en papier. En 1928, l’usine de La Tuque commence à produire du papier kraft à la suite d’un important investissement. La Brown possédait des usines de papiers fins dans le New Hampshire et ailleurs. Déjà en 1920, elle détenait au Canada, dans le bassin du St-Maurice et ailleurs, 586 m.c. de forêt en propre et 2500 m.c. en limites. Elle ne fabriquait que de la pâte chimique, 140 tonnes par jour (kraft) et du bois de sciage. Puis l’usine s’est agrandie vers 1930, elle s’inté-resse à la construction de la centrale électrique de La Tuque (178 000 h.p.) et a élargi ses réserves forestières jusqu’à posséder en propre 1687 m.c. et 3462 m.c. en limites. Sa production quotidienne est de 350 tonnes de pâtes Kraft et de fibres spéciales. On mélange l’huile d’ara-chide à la pâte pour le préparer convenablement à en faire des papiers spéciaux surtout ceux qui servent à imprimer les billets de banque. La Brown poursuivra son expansion à La Tuque jusqu’en 1954 lorsqu’elle vend tous ses actifs à la Canadian International Paper (CIP). La Brown aura donc joué un rôle très important dans les premiers développements de La Tuque qui avait alors pratiquement atteint son apogée. La Brown était une société paternaliste, elle payait bien ses employés et les traitaient comme des amis. Ils donnaient des primes à ceux qui faisaient les meilleures suggestions pour l’amélioration des divers services de l’usine. Chaque année les Brown suivent la tradition de donner une dinde à chacun de leurs employés mariés. La Brown s’impliquait beaucoup dans les affaires municipales et elle fut l’objet de certaines critiques par son obtention de conditions favorables. Il y eut aussi une alliance stratégique avec le curé fon-dateur, Eugène Corbeil qui entretient des relations amicales avec les dirigeants et il incite les Brown à donner de bonnes conditions de travail à leurs employés en leur laissant entendre que la création d’un syndicat surviendrait dans le contraire.
Historique de la famille Brown:
La Brown Corporation, La Tuque en 1951
C’est en 1868 que les frères William W. Brown et Lewis T.
Brown acquièrent le contrôle d’une grande scierie de la
société H. Winslow & Company à Berlin, New Hampshire,
une petite ville à vocation forestière de taille semblable à
celle de La Tuque. La nouvelle entité se nomme Berlin
Mills et sous la direction de N.W.Brown de 1892 à 1935,
la société devient l’un des principaux pionniers des pâtes
et papiers des États-Unis. Les ouvriers proviennent de divers
pays incluant le Canada. La société étend ses tentacules
dans toutes les directions incluant à La Tuque lorsqu’ils acquièrent les droits d’exploitation
des chutes en 1904 et cinq ans plus tard ils construiront le barrage et la première usine de
pâte de bois. On signale quatre membres de la famille Brown à La Tuque soit Montagu, Simmons,
Wentworth et D.P.Ils occupent tour à tour les postes de gérants de l’usine ou des exploitations
forestières. En 1917, Berlin Mills ont été renommé « The Brown Company », la même
année ou la Quebec & Saint Maurice Industrial Company devint la Brown Corporation à La
Tuque. Durant la grande dépression, la Brown fut contrainte à la mise en tutelle financière et
elle a survécu grâce à l’aide gouvernementale.
Pour plus de détails sur l’histoire industrielle de la Mauricie, vous pouvez lire l’article du journal
Le Nouvelliste en date du 10 octobre 2014 : cliquer ici
Au pays de la houille blanche:
La Mauricie est une des premières régions au Canada où l’énergie hydroélectrique a été exploitée
à des fins industrielles. En ce sens, il n’est pas excessif d’avancer que la région fut le berceau
même de l’hydroélectricité au Québec. Ceci a certes découlé d’un contexte historique
particulier, mais antérieurement aux multiples interventions des hommes et des promoteurs,
ce fut d’abord sur la base de ses caractéristiques physiques
(dénivellations, chutes et débit du cours d’eau) que la force
remarquable du Saint-Maurice fut mise en valeur. Or, c’est
précisément ce potentiel hydroélectrique considérable, qui
se «cache» alors dans les eaux de la rivière, que les hommes
d’affaires commencent à découvrir à la toute fin du XIXe
siècle. À ce moment, bien que l’on commence à maîtriser la
production électrique, la technologie de l’époque ne permet
pas encore de la transporter sur de grandes distances.
La Shawinigan Water and Power Company (SWPC):
La Shawinigan Water and Power Company, fut fondée en janvier
1898 par un consortium d’hommes d’affaires montréalais
(William Stracham, Charles Archer, David Russell, William
Barkley Stephens et Herbert Illustration Pascal Blanchet Samuel Holt) et un américain
Logo de la SWPC
(John Joyce). La SWPC a joué un rôle spectaculaire
dans le développement industriel de la
Mauricie durant toute la première moitié du
XXe siècle. Cette compagnie met en service pas
moins de neuf centrales sur la rivière Saint-
Maurice : la centrale Shawinigan 1 est mise en
service en 1901. Puis, successivement apparaissent
: Shawinigan 2, Grand-Mère, LaGabelle,
Rapide-Blanc, La Tuque, Shawinigan 3, La
Trenche et Beaumont. Toutes ces centrales, sauf Shawinigan 1, sont toujours en production.
Les deux dernières centrales de Rapide des Coeurs et Chutes Allard viennent d’être construites
et mises en service par Hydro-Québec.
La SWPC peut être considérée à juste titre comme l’architecte du Saint-Maurice. Il existe peu
de régions sur le continent où on a mis en service douze centrales sur une même rivière. Les
centrales du Saint-Maurice se sont distinguées à l’époque de leur mise en service par la puissance
de leurs installations et l’on peut sans doute qualifier la Mauricie de Baie James du
temps. Encore aujourd’hui, en dépit de leur ancienneté, les onze centrales du Saint-Maurice
produisent près de 10% de la production totale du Québec.
Les centrales de la Mauricie se démarquent non seulement par leur importance historique
mais aussi par la qualité et la beauté de leur architecture. La SWPC était la plus importante entreprise
de production, de transport et de distribution d’électricité au Canada lorsqu’elle fut
acquise par Hydro-Québec lors de la seconde phase de la nationalisation de l’électricité de
1962-1963 au Québec.
Voici maintenant un extrait de l’étude de Pierre Lanthier, Université du Québec à Trois-
Rivières, 1983 au sujet du rôle joué par la SWPC :« Le développement de la Mauricie a avant
tout reposé sur le dynamisme d’une compagnie de production et de distribution d’électricité,
la Shawinigan Water & Power Company (SWPC). Cette société n’a pas hésité à s’endetter lourdement
à moyen et à long terme afin de financer des immobilisations particulièrement importantes
pour l’époque. La logique de sa stratégie était simple: l’exploitation d’une centrale élec-
Source: Wapedia barrage Gouin
Centrale de
La Tuque, 263 MW
trique n’est rentable que si elle est de grande puissance. Il restait à trouver un marché à la me-sure du projet. À cette époque, deux possibilités se présentaient: la ville de Montréal et la grande industrie. Pour rejoindre la première, il fallait des investissements aussi considérables que ceux requis par la construction de la centrale et surtout beaucoup de temps. Quant à la seconde, la Mauricie était une région trop neuve pour posséder un nombre appréciable d’en-treprises à grande consommation d’énergie. C’est pourquoi les dirigeants de la SWPC, tout en construisant la première centrale à Shawinigan, partirent à la recherche d’entreprises suscep-tibles d’ériger dans la région des usines exigeant une consommation considérable d’énergie.
En injectant dans la Mauricie d’énormes capitaux, les groupes industriels n’ont pas seulement contribué à développer la région, mais aussi à la rendre plus dépendante d’autres régions. Plus la Mauricie se développait, et plus elle dépendait des marchés national et international. Or cette dépendance était fonction des intentions des groupes industriels quant à leur manière de conquérir ces marchés. Dans l’ensemble, on s’aperçoit que ces stratégies ont suivi deux phases:
1- de 1910 à 1940, une période d’intégration verticale limitée accompagnée d’une décennie d’intégration horizontale;
2- de 1940 à 1971, intégration horizontale et diversification.
La seule usine à n’avoir pas été touchée par l’intégration verticale fut celle de la Brown Corpo-ration à La Tuque, qui en resta à la production de la pâte. Toutefois elle améliora la technologie de lfabrication de la pâte et accrut ses établissements en conséquence. Lorsque les frères Brown construisirent l’usine en 1907, ils avaient l’intention de l’intégrer à celle qu’ils possé-daient déjà à Berlin (New-Hampshire). L’usine de La Tuque fabriquerait de la pâte, et celle de Berlin la transformerait en papier. Donc un processus d’intégration verticale à l’intérieur du groupe. C’est ce processus qui a fait vivre la ville pendant une cinquantaine d’années. Après la Deuxième guerre mondiale, les groupes industriels ont cessé de s’étendre horizontalement, à quelques exceptions près:
1- La SWPC a poursuivi le contrôle d’entreprises de distribution d’énergie et l’accroissement de son potentiel énergétique par la construction de nouvelles centrales, Shawinigan 3 (1949), La Trenche (1951) et Beaumont (1958) et l’absorbtion d’un concurrent en 1956, la Southern Cana-da.
2- La CIP acheta en 1954 l’usine de la Brown Corporation à La Tuque, mais pour l’intégrer aussi-tôt dans un processus de concentration verticale.
En somme, on se doit de constater que la naissance et, par la suite, le développement de l’industrie hydroélectrique en Mauricie, ont joué conjointement le rôle d’un puissant facteur d’industrialisation. La nationalisation de la SWPC en 1963, l’amélioration des technologies rela-tives au transport de l’électricité et la croissance du mouvement syndical dans les années qua-rante et cinquante semblent avoir été des événements déterminants dans le déclin de la ré-
gion mauricienne durant les quatre der-nières décennies.
L’Alcan et son usine d’aluminium:
En 1942, le Canada doit accélérer son effort de guerre pour alimenter les usines d’avions des forces Alliées. L’Al-can se tourne vers La
Tuque car il y a une main d’oeuvre dis-ponible et beaucoup de courant électrique provenant de la centrale du Rapide-Blanc inaugurée en 1931 avec une puissance de 210 MW propriété de la Shawinigan Water and Power et la centrale de La Tuque dont la reconstruction par la SWPC a démarrée en 1938 (l’ancienne ap-partenait à la Brown) et celle-ci fut complétée en 1940 avec une puissance de 263MW. Plus de 1000 employés travaillèrent à la construction du Barrage de La Tuque. Toute cette puissance électrique tombait à point lorsqu’en janvier 1942 il fut décidé de construire une usine de lin-gots d’aluminium qui devait être achevée avant la fin de l’année. Ce pari fut tenu et cette usine de $10 millions avait un total de 300 cuves de type Soderberg. 1,500 hommes vont travailler presque jour et nuit pour réussir cet exploit et une fois lancée, l’usine employa 600 personnes pour ses lignes de production. Malheureusement, la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945 entraîne aussi la fermeture de l’usine d’aluminium de La Tuque.
La Canadian International Paper (CIP) :
La CIP était une filiale de la société américaine International Paper fondée en 1898 et dont les usines de papier s’étalaient dans le nord-est des États-Unis principalement. À partir de son
achat de la Brown en 1954, la CIP investit constamment dans son usine de La Tuque pour y fabriquer non seulement de la pâte mais du papier fini et maintenir sa compétiti-vité. En 1988, elle vend ses actifs latuquois à la société Produits Forestiers Canadien Paci-fique (PFCP). Cette période a été assez diffi-cile car de 1989-1993, il y eut 417 pertes d’emplois à l’usine de La Tuque. En 1994, PFCP est reprise par Cartons Saint-Laurent. L’usine est à nouveau vendue à la compagnie américaine Smurfit-Stone en 2000.
En 2010-2011, Rock Tenn basée au Tenessee fait l’acquisition des actifs Nord-Américains de Smurfit-Stone Containers, incluant l’usine de La Tuque. En 2015 Rock Tenn est acquise par la multinational WestRock basée à Norcross en Géorgie. WestRock La Tuque fait partie d’une société de production de carton et d’emballage de haut niveau, avec des ventes de 15 milliards de dollars et 42 000 employés répartis dans 30 pays différents en Amérique du Nord, en Amé-rique du Sud, en Europe et en Asie-Pacifique. L’installation de La Tuque est une usine de pâtes et papiers (carton pour l’emballage et le secteur alimentaire). Elle emploie près de 475 personnes.
Fondé en 1988, le Groupe Rémabec est devenu le plus grand entrepreneur forestier privé au Québec et l’un des plus importants scieurs de bois de la pro-vince, ce qui lui permet d’assurer un emploi direct de qualité à près de 2 000 personnes.Le siège social du Groupe Rémabec est situé dans la ville de La Tuque où plus de 100 employés travaillent sur une base permanente. C’est également en Mauricie que Rémabec exploite la plus grande partie des usines faisant partie de sa division manufacturière.
En 2012, le Groupe Rémabec a investi 1,8 million $ pour la modernisation de son usine John Lewis qui fabrique des bâtonnets de bois destinés à l’alimentation ce qui a permis de créer vingt nouveaux emplois (130 au total) et se rapprocher du nombre d’employés que l’usine em-bauchait avant la crise forestière. La Chine représente le principal concurrent des Industries John Lewis. Toutefois, la modernisation de l’équipement de l’usine a permis aux travailleurs latuquois de se démarquer. En avril 2015, les actifs de la division des Produits forestiers de Kruger passent aux mains d’un groupe d’entreprises appartenant aux actionnaires de Gestion Rémabec. Cette entente comprend la scierie de Parent et l’usine de rabotage et d’aboutage de Trois-Rivières, ainsi que les actifs des deux usines de Gérard Crête & Fils S.E.C., soit la scierie de Saint-Roch-de-Mékinac et l’usine de rabotage de Saint-Séverin-de-Proulxville. Ces établis-sements fabriquent du bois d’oeuvre et du bois abouté destinés aux marchés canadien et amé-ricain. Le groupe prévoit poursuivre les activités de récolte et de transformation des quatre usines, ce qui implique le maintien de plus de 300 emplois liés à la production dans les usines.
La multinationale Produits forestiers Résolu (Produits Forestiers Mauricie) maintien une impor-tante scierie le long de la route 155 à la hauteur de Rivière-aux-Rats. Cette scierie emploie 123 personnes et produit annuellement 175 millions de pieds-planche.
Projet futur
La ville de La Tuque, en Mauricie, pourrait accueillir en 2023 une bio raffinerie capable de pro-duire du diesel renouvelable à partir de résidus forestiers, un projet estimé à un milliard de dol-lars canadiens qui pourrait créer 500 emplois. Outre les trois paliers de gouvernements, les acteurs clés sont la finlandaise Neste, un leader mondial dans la production de bio carburants, FPInnovations, un organisme public-privé qui aide le secteur forestier à améliorer sa compétiti-vité et sa diversification, ainsi que la chaire en bioéconomie/bioénergie à l’Université du Qué-bec à Trois-Rivières et l’Université Laval.
La Tuque aujourd’hui
Le secteur manufacturier est caractérisé par une forte présence de l’industrie du bois et du pa-pier. La ville de La Tuque qui jouissait déjà d’une population de 8,000 personnes en 1933 selon l’historien Lucien Desbiens, a vu ses effectifs atteindre 13,000 personnes au début des années 70 et entamer un déclin à 12, 100 personnes en 1996, 11,298 en 2001 et 11,821 en 2006. Du-rant les années 1980, des grèves longues et pénibles pour les employés de l’usine de pâtes et papiers – et pour le reste des latuquois – sont le signe d’une crise des industries traditionnelles de La Tuque qui résulte dans l’exode des jeunes couples et des étudiants vers les grandes villes du Québec. Il faut noter que la ville a élargi ses frontières aux cantons avoisinants durant les deux dernières décennies pour en faire l’une des plus vastes municipalités du Québec.
Les communications avec l’extérieur:
Lorsque l’on considère que le principal lien avec le monde extérieur de 1910 à 1925 se faisait soit par la voie ferrée ou par la navigation sur le Saint-Maurice, un progrès immense survécut en 1925 lors de l’ouverture de la première route menant à Grand-Mère et Trois-Rivières. Au milieu des années 60, la route menant au Lac-St-Jean fut ouverte et plus dernièrement le Gou-vernement du Québec a investit des sommes importantes pour redresser et améliorer la route La Tuque-Trois-Rivières. Le dernier développement d’importance à se produire à La Tuque est la voie de contournement qui fut ouverte en 2011. Cela permet à quelque 1000 camions semi-remorques par jour, de contourner la ville. On peut donc affirmer que la Reine la Haute Mauri-cie est maintenant désenclavée!
Paul Desbiens
Ancien résident de la rue Bostonnais
La Tuque
Janvier 2017