LA NANO-CITOYENNET-PLANÉTAIRE SERA CONSTITUÉE DE DEUX ASSEMBLÉES DES JUSTES (125 HOMMES , 125 FEMMES) L’ARGUMENTAIRE EN ÉTANT FONDÉ EN AUTRE SUR L’ESSAI «LA NATURE HUMAINE EST DEUX» DE LUCE IRIGARAY, ESQUISSE D’UNE FÉLICITÉ DE L’HISTOIRE, PARIS, EDITIONS GRASSET, 1992

Luce Irigaray

Philosophe, linguiste, professeur d’université, féministeVoir et modifier les données sur Wikidata

A travaillé pour

Centre national de la recherche scientifiqueVoir et modifier les données sur Wikidata

Membre de

École freudienne de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata

Luce Irigaray, née le 3 mai 1930 à Blaton (Belgique) est une linguiste, philosophe et psychanalyste féministe française d’origine belge.

Elle naît en Belgique, où elle commence sa formation universitaire, à l’université catholique de Louvain. Elle enseigne dans un lycée de Bruxelles, puis s’installe en France, au début des années 1960. En 1964, elle devient chargée de recherche en philosophie au CNRS. Elle soutient en 1968 un doctorat en linguistique, intitulé « Approche psycholinguistique du langage des déments »1, à l’université Paris X-Nanterre. De 1970 à 1974, elle enseigne à l’université Paris 8-Vincennes.

Elle participe à la même époque au séminaire de Jacques Lacan. Elle devient psychanalyste, membre de l’École freudienne de Paris, et elle est notamment l’analyste d’Antoinette Fouque.

Elle soutient en 1974 une thèse d’État, intitulée « Speculum. La fonction de la femme dans le discours philosophique »2, dirigée par le philosophe François Châtelet, à l’université Paris-VIII. Dans cette thèse, elle conteste les théories psychanalytiques freudiennes et lacaniennes, ce qui cause la perte de ses enseignements à l’université de Paris-VIII-Vincennes ainsi que son éviction de l’École freudienne de Paris3.

Travaux de recherche[modifier | modifier le code]

Les premiers travaux de Luce Irigaray sont marqués par l’étude de la différence sexuelle dans la langue : elle fait l’hypothèse qu’il y aurait une langue des hommes et une langue des femmes, différentes et il appartiendrait, selon elle, aux hommes de comprendre que leur langue ne serait pas la langue de toute l’humanité. Elle présente le désir féminin comme une civilisation perdue dont le langage ne serait plus connu aujourd’hui4.

En 1995, Luce Irigaray a établi un bilan en trois étapes de son cheminement5 :

Critique du sujet masculin[modifier | modifier le code]
Œuvres majeures : Speculum. De l’autre femme, Ce sexe qui n’en est pas un, en particulier.
« C’est la phase où j’ai montré que c’est un sujet unique, le sujet masculin, qui a créé le monde dans une perspective unique. » La vérité comme une et unitaire, l’inexistence du multiple, l’illusion de la complémentarité des contraires sont autant de symptômes d’une omniprésence du sujet mâle.

Création d’un sujet féminin[modifier | modifier le code]

C’est le stade de la définition des « médiations qui permettraient l’existence d’une subjectivité féminine, c’est-à-dire, un autre sujet. » Il faut reconnaître ce qui est autre, qu’il y a (« au moins », ajoute-t-elle par moments) deux sexes[réf. souhaitée].

Postérité[modifier | modifier le code]

Ses livres, traduits en anglais, ont influencé plusieurs universitaires et féministes aux États-Unis, et appartiennent à la French Theory. Irigaray est parfois classée dans le « féminisme différentialiste », avec Julia Kristeva, Antoinette Fouque ou Carol Gilligan : l’idée est que la féminité est traditionnellement et métaphysiquement définie comme l’« autre » du patriarcat, et que sa libération passera par une redéfinition du féminin à partir de lui-même et non par une abolition de la différence sexuelle qui ne serait en fait qu’une « masculinisation » des femmes.

Controverses[modifier | modifier le code]

Elle fait partie des intellectuels critiqués par Alan Sokal et Jean Bricmont dans leur ouvrage Impostures intellectuelles, notamment la phrase : « L’équation E=MC2 est-elle une équation sexuée ? Peut-être que oui. Faisons l’hypothèse que oui, dans la mesure où elle privilégie la vitesse de la lumière par rapport à d’autres vitesses dont nous avons vitalement besoin. Ce qui me semble une possibilité de la signature sexuée de l’équation, ce n’est pas directement ses utilisations par les armements nucléaires, c’est d’avoir privilégié ce qui va le plus vite […] »6. Sokal et Bricmont lui reprochent un usage métaphorique et infondé de propositions scientifiques ; Luce Irigaray exprime ainsi, pour sa part, que tout discours, y compris scientifique, parle depuis une position sexuée, et que son universalité ou sa neutralité supposées sont illusoires7.

Œuvres[modifier | modifier le code]
Le Langage des déments, Mouton / De Gruyter, 1973.
Speculum. De l’autre femme, Éditions de Minuit, 1974.
Ce sexe qui n’en est pas un Éditions de Minuit, 1977.
Et l’une ne bouge pas sans l’autre Éditions de Minuit, 1979).
Amante marine de Friedrich Nietzsche Éditions de Minuit, 1980.
Le Corps à corps avec la mère, La Pleine lune, 1981.
Passions élémentaires, Éditions de Minuit, 1982.
L’Oubli de l’air – chez Martin Heidegger, Éditions de Minuit, 1983.
La Croyance même, Éditions Galilée, 1983).
Éthique de la différence sexuelle, Éditions de Minuit, 1984.
Parler n’est jamais neutre, Éditions de Minuit, 1985.
Sexes et Parentés, Éditions de Minuit, 1987.
Le Temps de la différence. Pour une révolution pacifique, LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio », 1989.
Sexes et genres à travers les langues, Grasset, 1990.
Je, tu, nous. Pour une culture de la différence, Grasset, 1990 ; LGF., coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 4155, 1992.
J’aime à toi, Grasset, 1992.
Être deux, Grasset, 1997.
Entre Orient et Occident, Grasset, 1999.
Prières quotidiennes / Everyday prayers, Maisonneuve et Larose / University of Nottingham, 2004.
(en) Teaching, Londres, Bloomsbury Academic, 2008.
(it) Il mistero di Maria, Rome, Paoline, 2010.
(en) Through Vegetal Being: Two Philosophical Perspectives, New York, Columbia University Press, 2016 (avec Michael Marder (en)).
La Voie de l’amour, Sesto San Giovanni, Mimesis, 2016.

Notes et références[modifier | modifier le code]

1.↑ Thèse de 3e cycle de linguistique, notice du Sudoc [archive], consultée en ligne le 24 janvier 2016.
2.↑ Thèse d’État, notice du Sudoc [archive], consultée en ligne le 24 janvier 2016.
3.↑ Marie Beth Mader, « Irigaray Luce (1930-) ».
4.↑ Anne d’Alleva, Méthode et théories de l’histoire de l’art, Paris, Thalia édition, (2004) trad. fr. 2006, p. 100
5.↑ (en) Elizabeth Hirsch, « “Je-Luce Irigaray”: A Meeting with Luce Irigaray », Hypatia, vol. 10, no 2,‎ 1995, p. 93–114
6.↑ Luce Irigaray, « L’ordre sexuel du discours », in Langages, le sexe linguistique, 1987, p. 110.
7.↑ « Le sujet de la science est-il sexué ? », in Parler n’est jamais neutre.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]
Marie Beth Mader, « Irigaray Luce (1930-) », Encyclopædia Universalis, [lire en ligne [archive]].
(en) Sarah K. Donovan, « Luce Irigaray (1932?—) » [archive], sur Internet Encyclopedia of Philosophy (consulté le 6 juillet 2017).
Philippe Granarolo, « Deux sexes : est-ce bien naturel ? » [archive], sur iphilo.fr, 21 février 2014 (consulté le 6 juillet 2017).
Louise Melançon, « Parler-femme selon Luce Irigaray » [archive], sur www.lautreparole.org (consulté le 6 juillet 2017).
Florence de Chalonge, « Luce Irigaray », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber (éd.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Éditions des femmes, 2013 (lire en ligne [archive]).