SANS LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, AUTANT L’ÉPOPTÉIA DE L’ANTIQUITÉ (LA CONTEMPLATION DU BIEN ET DU BEAU) QUE SA PRAXCISATION PAR UN CONSTRUCTIVISME DES LOIS DE LA BEAUTÉ DU MONDE NE POURRONT ENDIGUER CETTE IMMENSE TRAGÉDIE QUE CONSTITUE L’ERRANCE FANTOMATIQUE DE MILLIARDS DE MIGRANTS INJURIÉS PAR UN 21EME SIÈCLE PRÉDATEUR DE VIES PERSONNELLES OEUVRE D’ART

Les routes de migrants en mouvement

Par Mélanie Meloche-Holubowski

06 mai 2018 | access_time 11 MINUTES DE LECTURE

Ils sont encore des milliers à rêver d’un avenir meilleur en Europe, mais confrontés à davantage de contrôles frontaliers et de barrières physiques, ces migrants d’Afrique et du Moyen-Orient sont désormais contraints de choisir d’autres routes, souvent plus dangereuses.

Au plus fort de la crise migratoire, en 2015-2016, les pays européens ont multiplié les mesures pour endiguer le flot de migrants.

Clôtures, barbelés, barrières, surveillance accrue, refoulement aux frontières, ententes avec les pays voisins : les migrants se sont retrouvés devant une Europe de plus en plus fermée, de plus en plus difficile à atteindre.

« Plusieurs pays ont répondu de façon unilatérale; ils ont fait ce qu’ils pensaient être le mieux pour leur pays. Ils ne pensaient pas aux conséquences à long terme. » C’est ainsi que s’est créée la « Forteresse Europe », explique Jessica Hagen-Zanker, chercheure au Overseas Development Institute.

Ces décisions, qui ont permis de réduire le flux migratoire vers l’Europe, ont été prises au détriment des migrants, croit-elle.

L’impact de la « Forteresse Europe »

Le drapeau de l’Union européenne flotte dans un camp à Vamosszabadi en Hongrie.
Le drapeau de l’Union européenne flotte dans un camp à Vamosszabadi en Hongrie. Photo : Laszlo Balogh / Reuters

Depuis 2016, 10 États de l’espace Schengen – un regroupement de 26 pays européens qui ont aboli les contrôles frontaliers – ont introduit des contrôles « temporaires » aux frontières intérieures sur leur territoire dans le but de faire cesser les mouvements de migrants d’un État membre à un autre.

Les images de dizaines de milliers de migrants aux portes de l’Europe avaient créé un sentiment d’angoisse : qui contrôlait réellement les frontières?

« Il y a un gros problème de confiance entre les pays de l’UE; les pays du Nord ne font pas confiance aux pays du Sud pour la gestion des migrants », dit Susan Fratzke, analyste politique pour le Migration Policy Institute.

Cette méfiance a poussé plusieurs pays de l’UE à construire environ 1200 km de clôtures antimigrants, une distance qui représente presque 40 % de la longueur de la frontière américano-mexicaine.

Si le nombre de migrants a chuté depuis 2015-2016, les contrôles aux frontières sont toujours en place, rappelle Susan Fratzke. « Le retour à la normalité dans l’espace Schengen ne s’est pas fait. »

Selon un rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen publié en mars 2018, cette « Forteresse Europe » est devenue « la nouvelle norme ».

Le phénomène a pris de l’ampleur lorsqu’en octobre 2015, la Hongrie commence à mettre en place une barrière de 350 km avec la Croatie et déploie 3000 policiers. Peu à peu, cette barrière s’étend jusqu’à la frontière avec la Serbie et la Roumanie. Les autorités hongroises autorisent désormais l’entrée à un nombre très limité de migrants; de 100 personnes par semaine au début de 2017 à 50 par semaine à la fin de l’année, puis à 10 par semaine en février 2018.

La frontière entre la Hongrie et la Serbie a été lourdement fortifiée.
La frontière entre la Hongrie et la Serbie a été lourdement fortifiée. Photo : Laszlo Balogh / Reuters

En août 2015, la Bulgarie scelle sa frontière avec la Turquie avec une clôture de cinq mètres de haut.

Le mois suivant, la Macédoine dresse une clôture à la frontière avec la Grèce, bloquant ainsi une importante route pour les migrants qui essaient d’atteindre le nord et l’ouest de l’Europe. La Slovénie construit une clôture barbelée à la frontière de la Croatie; l’Autriche bâtit une clôture de métal à la frontière avec la Slovénie.

La Turquie doit terminer sous peu la construction d’une clôture de 911 kilomètres à la frontière de la Syrie. Cette barrière, composée de blocs de béton de sept tonnes, avec des barbelés et 120 tours de contrôle, a été construite pour arrêter les militants du groupe armé État islamique (EI), mais aussi pour réduire le nombre de migrants syriens. La Turquie a également construit une clôture le long de sa frontière avec l’Iran.

Les migrants provenant de l’Afrique et du Moyen-Orient empruntent plusieurs routes, les plus courantes étant par :
•la Méditerranée occidentale (du Maroc et de l’Algérie vers l’Espagne et le Portugal);
•la Méditerranée centrale (de la Tunisie, de la Libye et de l’Égypte vers l’Italie, Malte et la Grèce);
•les Balkans (de la Turquie vers la Grèce et la Bulgarie);
•la Méditerranée orientale (d’Israël, du Liban, de la Syrie vers la Grèce et Chypre).

Cette « Forteresse Europe » a modifié ces couloirs de migration.

Fermeture de la route des Balkans

« Les clôtures mises en place en Hongrie n’ont pas vraiment eu un effet sur le nombre (total) de migrants, elles ont plutôt eu un effet domino, souligne Mme Hagen-Zanker. Les migrants qui ne pouvaient plus passer par la Hongrie ont pris des routes différentes; les clôtures ne les arrêteront pas. Ces contrôles ne sont qu’une façon de transposer le problème à un autre pays ».

Si ces barrières n’ont pas dissuadé les migrants, la signature d’une entente entre la Turquie et l’Union européenne a changé la donne : pour chaque migrant intercepté en Grèce et renvoyé en Turquie, l’UE s’engage à « réinstaller » sur le territoire de l’UE un Syrien légalement réfugié en Turquie.

Ce n’est donc pas surprenant que le nombre de migrants qui ont emprunté la route des Balkans ait chuté de 764 000 en 2015 à un peu plus de 12 000 en 2017.

En 2018, on dénombre plus de 3,9 millions de réfugiés en Turquie; environ 230 000 d’entre eux sont hébergés dans des campements gérés par le gouvernement turc.
En 2018, on dénombre plus de 3,9 millions de réfugiés en Turquie; environ 230 000 d’entre eux sont hébergés dans des campements gérés par le gouvernement turc. Photo : Getty / Ibrahim Yasouf

Rabroués en Turquie, les migrants essaient désormais de traverser la mer Noire dans l’espoir d’atteindre la Bulgarie ou la Roumanie ou se dirigent vers la Méditerranée.

Pour Megan Bradley, professeur au département de sciences politiques de l’Université McGill, cette entente n’est bonne que pour les pays de l’Union européenne. « L’entente UE-Turquie suscite plusieurs questions. Est-ce éthique de soutenir un gouvernement qui devient de plus en plus autoritaire? Est-ce que la Turquie est un pays sécuritaire pour les réfugiés? »

La Méditerranée centrale, le chemin toujours privilégié

C’est pourquoi la route de la Méditerranée centrale demeure la route la plus utilisée, avec près de 119 000 migrants recensés par l’agence Frontex en 2017. Toutefois, depuis le début de l’année, le nombre de migrants arrivant en Italie par la Méditerranée a diminué de 74 % par rapport à la même période en 2017.

Sur cette route, la Libye est le principal pays de transit pour les migrants vers l’Europe, mais un autre obstacle se dresse devant eux lorsque l’UE appuie la garde-côtière libyenne pour arrêter les migrants qui traversent la Méditerranée.

Les autorités libyennes disent avoir intercepté 15 400 personnes en 2017.

L’équipage de l’Aquarius, un navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, vient en aide à un bateau de migrants avant l’arrivée de autorités libyennes.
L’équipage de l’Aquarius, un navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, vient en aide à un bateau de migrants avant l’arrivée de autorités libyennes. Photo : Radio-Canada/Jean-François Bélanger

Si le nombre total des traversées de la Méditerranée en 2017 a été réduit de 95 % depuis 2015, le transfert des migrants dans des centres de détention en Libye suscite énormément de craintes. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisait notamment état en 2017 de migrants vendus dans des « marchés aux esclaves » en Libye.

Moins d’intérêt pour la Grèce

En Grèce, le nombre total d’arrivées par la mer a diminué par rapport à 2016. En mars 2018, 3700 migrants ont tenté d’accéder à la Grèce par la Méditerranée orientale, soit 13 % de moins qu’en mars 2017.

Des migrants arrivent en Grèce après avoir traversé la rivière Évros.
Des migrants arrivent en Grèce après avoir traversé la rivière Évros. Photo : Reuters / Alkis Konstantinidis

Une des raisons expliquant cette baisse : les migrants vivent de longues périodes d’attente sur les îles grecques, dans des campements surpeuplés. À la fin de 2017, quelque 60 000 migrants étaient coincés en Grèce, dont 15 000 sur les îles.

« Il y a eu beaucoup de pression sur la Grèce en fermant la route des Balkans. La Grèce est sur la ligne de front », souligne Mme Fratzke.

Et pourtant, les autorités ont récemment observé que certains migrants se rendent tout de même sur les îles grecques en sachant qu’ils seront transférés dans d’autres centres grecs moins surpeuplés.

On a d’ailleurs observé une recrudescence du nombre de migrants de 33 % entre mai et décembre 2017, par rapport à la même période en 2016.

Des routes de plus en plus à l’ouest

Toutes ces restrictions n’ont pas refroidi les ardeurs de migrants, qui empruntent des routes de plus en plus à l’ouest. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a notamment constaté une recrudescence des arrivées en Espagne et au Portugal à la fin de 2017 et au début 2018. De plus en plus de bateaux traversent les 16 kilomètres du détroit de Gibraltar, malgré les risques élevés.

Des migrants africains tentent de franchir la frontière clôturée entre le Maroc et l’Espagne, dans l’enclave espagnole de Melilla en avril 2014.
Des migrants africains tentent de franchir la frontière clôturée entre le Maroc et l’Espagne, dans l’enclave espagnole de Melilla en avril 2014. Photo : Reuters

Le nombre de migrants interceptés sur la route de la Méditerranée occidentale est passé de moins de 10 000 au plus fort de la crise de 2015-2016 à plus de 23 000 en 2017. Depuis le début de 2018, 7900 migrants sont entrés par la Méditerranée occidentale, soit 30 % de plus qu’à la même période en 2017.

Les autorités craignent que l’Espagne ne dépasse la Grèce en nombre d’arrivées par la mer en 2018.

Moins d’intérêt pour la Grèce

Des milliers de migrants ont péri ou ont été portés disparus en mer Méditerranée.
Des milliers de migrants ont péri ou ont été portés disparus en mer Méditerranée. Photo : Reuters / Darrin Zammit Lupi

Les migrants empruntent des trajets de plus en plus dangereux. En 2017, 1 personne sur 29 mourrait en tentant de traverser la Méditerranée comparativement à 1 personne sur 14 depuis le début de 2018.

« La route de la Méditerranée centrale est de plus en plus utilisée depuis la fermeture de la Turquie. Mais il s’agit d’une route plus longue à traverser et les eaux y sont plus dangereuses. »

– Jessica Hagen-Zanker, Overseas Development Institute

Plus de 3100 personnes ont perdu la vie en mer ou ont disparu en 2017 pendant la traversée vers l’Europe, alors qu’on en dénombrait 5100 en 2016. Au cours des trois premiers mois de 2018, déjà plus de 580 personnes se sont ajoutées à la liste des morts ou des disparus.

Les passeurs utilisent davantage des bateaux en caoutchouc (qui risquent davantage de chavirer) plutôt que des bateaux en bois, craignant que leurs embarcations ne soient coulées par les autorités libyennes et européennes (plus de 400 ont déjà été coulés). Pour rentabiliser leurs coûts, les passeurs n’hésitent pas à entasser jusqu’à 150 personnes sur un bateau conçu pour 60.

La garde-côtière libyenne vient en aide à des migrants en Méditerranée.
La garde-côtière libyenne vient en aide à des migrants en Méditerranée. Photo : Reuters / Hani Amara

Des restrictions plus sévères à la frontière franco-italienne ont même poussé certains migrants à essayer de franchir les Alpes, malgré les dangers d’hypothermie et de chutes.

Le HCR note par ailleurs une détérioration de la santé des nouveaux arrivants provenant de la Libye; ils sont dans un état de grande faiblesse et amaigris.

« Les routes informelles sont dangereuses; les gens doivent traverser des océans, des déserts », dit Mme Hagen-Zanker. Elle ajoute que les migrants ont ainsi davantage recours aux passeurs pour faciliter leur voyage.

Le HCR souligne d’ailleurs que les abus des trafiquants et des passeurs sont en hausse. Par exemple, des migrants en Libye ont été vendus comme esclaves par des groupes criminels. Le HCR parle aussi de trafiquants qui abandonnent des migrants en plein désert.

Selon un sondage de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) auprès des 17 000 enfants qui sont arrivés en Europe seuls, 77 % disent avoir été retenus contre leur gré pour une rançon ou par des groupes armés et 88 % disent avoir subi des actes de violence.

De plus, en 2017, le nombre de migrants utilisant de faux documents d’identification découverts dans l’espace Schengen a augmenté de plus de 10 %, soit le chiffre le plus élevé depuis 2013. Selon Frontex, l’utilisation abusive de documents de voyage frauduleux risque d’augmenter, voire d’être généralisée.

« Nous le savions tous déjà; le renforcement des contrôles frontaliers pousse les migrants à la migration clandestine. Les pays de l’UE le savaient et ont renforcé leurs frontières, sachant quel effet ça aurait. »

– Susan Fratzke, Migration Policy Institute

L’impact humain sur les migrants

Des migrants manifestent à Paris en février 2018 contre un projet de loi asile et immigration controversé.
Des migrants manifestent à Paris en février 2018 contre un projet de loi asile et immigration controversé. Photo : Pascal Rossignol / Reuters

En imposant autant de restrictions et de barrières, l’UE « a utilisé ses politiques et son aide humanitaire pour transformer la Turquie, la Jordanie et le Liban en énormes zones tampons de migration;[…] et elle a joué un rôle de division sur la scène mondiale, provoquant la chute des standards pour les réfugiés », écrivent des chercheurs de l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne dans les Chaillot Papers.

« Les États — et je le dis de façon crue — sont prêts à accepter que leurs politiques tuent un certain nombre de personnes pour en empêcher d’autres de venir. Le problème que je vois avec ces politiques est le coût humain, mais aussi le fait qu’elles ne dissuadent personne. Vous avez encore des milliers et des milliers de personnes qui tentent leur chance », souligne François Crépeau, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des migrants de 2011 à 2017, dans une entrevue accordée à CBC.

C’est pourquoi Megan Bradley est catégorique : les États européens ne peuvent pas se vanter d’accueillir des milliers de migrants et d’être ouverts sur monde, tout en installant des barrières qui affectent ceux qui sont parmi les plus vulnérables au monde.

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