LE DOCTORAT DE L’QUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE) PREND UNE TANGENTE QUE JE N’AVAIS PAS PRÉVU

J’ai mis tant d’années à développer des outils théoriques, une culture générale, un argumentaire fluide et poreux à la fois pour me rendre compte maintenant que le tout servira d’arrière-fond à une documentation filmée sur MICHEL WOODARD dont les quatre chapitres du doctorat seront titrés sur les différents champs de force qui lui ont permis d’explorer sa vie personnelle œuvre d’art.

Ce matin, à 6h.30 am, nous filmions les témoignages de Michel au sujet de son grand-père du côté de sa mère et de ses 12 enfants, le grand-père Baribeau. Quand à 82 ans, il est parti à l’hôpital pour la première fois de sa vie parce qu’il avait mal au pied, et qu’au retour, sa si pauvre maison avait passé au feu, je suis devenu fragile

Dans une église catholique qui enseignait LA RÉSIGNATION, comment ces femmes et ces hommes qu’on obligeait à faire des enfants pouvaient connaître autre chose que L’OBÉISSANCE ET LA SOUMISSION.

Je suis devenu scandalisé… la religion emprisonne le libre arbitre de milliards d’êtres humains sur la terre. La vie personnelle œuvre d’art permet à une personne humaine de rêver sa vie.

Le doctorat sera donc consacré (en quatre chapitres) à la biographie du premier nanocitoyen démocrate planétaire à travers quatre évolutions de champs de force conceptuels

MICHEL WOODARD, MICHEL CHANSONNIER DANS LE VIEUX MONTREAL, MICHEL LE CONCIERGE ET MICHEL W CONCIERGE DU PAYS OEUVRE D’ART.

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Comptes rendus d’ouvrages

Jean-François Galinier-Pallerola La résignation dans la culture catholique en France (1870-1945) Paris, Cerf, coll. « Histoire » 2007 497 p.

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« Qui oserait aujourd’hui prêcher la résignation ? » C’est en ces termes que Claude Bressolette, préfacier du livre de Jean-François Galinier-Pallerola, provoque le lecteur en soulignant la distance entre ce concept et la reconfiguration contemporaine du message de l’Eglise catholique. Pourtant ce livre à la croisée de l’histoire culturelle et de la théologie traite d’un temps relativement proche, de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe, choix chronologique dans lequel pèse l’épaisseur d’une histoire nationale où le poids des défaites militaires posa à la société la question de leur acceptation ou de leur refus. Défaite de Sedan en 1870, Commune de Paris, Grande Guerre, débâcle de 1940 et valorisation de la Résistance affectèrent nécessairement la doctrine sociale de l’Eglise dans une chronologie certes dictée par les événements mais où la hiérarchie pontificale aussi bien que le clergé français opéraient des mises à niveau.

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Au-delà de ce cadre contextuel qui donne à l’analyse toute sa vigueur, étudier la résignation pour un chercheur du début du XXIe siècle revient d’abord à explorer un des actes d’accusation classique portés contre le christianisme, traversant son histoire aussi bien sous la plume de ses détracteurs que de ses défenseurs. Etre résigné serait une forme de passivité, l’homme subissant souffrance et malheur sans volonté de résister, sans ambition de défendre sa propre dignité. Le Christ, lui-même mis à mort par les hommes, invita ses disciples à prendre leur propre croix pour construire la gloire de Dieu, comme si l’acceptation de la souffrance était consubstantielle du message divin. Mais cette acceptation n’est-elle pas déjà le gage d’une action volontaire ? A l’heure où la résignation stoïcienne, que d’autres appellent en histoire sociale et militaire le « courage stoïcien », allait conduire à la mortalité inégalée des champs de batailles de la première guerre mondiale, la définition chrétienne de cette même résignation pouvait-elle souffrir d’être assimilée à ce concept aux conséquences si sanglantes ? C’est dans les interstices d’une définition conceptuelle demeurée floue que Jean-François Galinier-Pallerola, historien de formation, cherche le positionnement de l’Eglise, tant sur le plan social que théologique. Le livre évolue donc en terrain instable, traquant toute tentative de définition comme de mise en application d’un rapport au monde marqué par une nécessaire résignation expliquée, commentée, justifiée. Ce livre est ainsi une enquête à travers les interrogations inlassables que pose la vie sociale à une doctrine d’Eglise.

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La première partie aborde la question du discours épiscopal relatif à cette question. L’examen méthodique des lettres de carême permet à l’auteur de dresser un catalogue thématique de l’implication sociale de la résignation. A noter tout d’abord que ce thème demeure minoritaire dans cette littérature ecclésiastique et qu’il correspond à des contextes précis relevant la plupart du temps de l’histoire politique. Quatre aspects ressortent de ces lettres de carême : la souffrance, la pauvreté matérielle, la guerre et l’obéissance. La souffrance se présente comme un mal à accepter, un élément vertueux de valorisation individuelle. Son acceptation face à la maladie permet de la tenir en lisière, la vie amère conduit à se détacher des biens matériels, son développement s’apparente à une expiation apaisant l’ire divine, la souffrance pouvant dès lors se transformer en jouissance. Le pauvre quant à lui est un instrument de salut, discours traditionnel de l’Eglise encore vivant jusqu’en 1914. Inégalité nécessaire, cette situation sociale fut toujours liée à la question du salut de quelque côté que l’on se soit trouvé par rapport à la possession de biens matériels. Le discours marxiste a cependant bousculé ce conservatisme de l’Eglise, aussi bien que la crise des années 1930, et s’observe dans l’Entre-deux-guerres une réorientation théorique vers un meilleur équilibre social. Le rapport à la guerre connaît lui aussi une évolution en raison du traumatisme de 14-18, le discours passant d’une résignation patriotique à une valorisation de l’endurance. Ainsi, l’examen des textes épiscopaux de carême conduit l’analyse vers une adéquation entre résignation et passivité, la majorité des évêques enjoignant leurs ouailles à subir les alea de la conjoncture. Cependant, Jean-François Galinier-Pallerola souligne que sur les questions les plus tendues, la pauvreté, la guerre ou l’obéissance à l’Eglise comme au politique en temps d’occupation, les voies commencent à se faire divergentes, le discours se faisant nettement plus polyphonique, empêchant une nouvelle fois d’établir une définition d’Eglise du concept de résignation.

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La deuxième partie s’attache de son côté à scruter la résignation dans le cercle de la vie privée. Le foyer familial se tient au centre de l’analyse, l’homme étant recherché dans sa solitude face à la maladie, la mort, son insertion sociale et sa vie spirituelle. La famille est d’abord appréhendée dans sa définition idéale, à savoir l’image fournie par les romans de jeunesse publiés chez Mame dans la collection « La Bibliothèque de la jeunesse chrétienne » et ceux publiés chez Hachette, dans la collection « Bibliothèque des écoles et des familles ». Romans d’éducation rédigés dans une optique catholique, ils furent des vecteurs assurant le transfert de valeurs, dont la résignation. Les livres de spiritualité et dévotion viennent ensuite compléter ce tableau dans un long chapitre central, insistant sur une spiritualité pénitentielle d’inspiration monastique. Le corps serait un organe malade qu’il faudrait guérir, dans une métaphysique marquée par le néoplatonisme d’inspiration augustinienne. Entre l’âme bonne et le corps pêcheur, le combat exclut la résignation de l’âme et impose volontairement la souffrance au corps. Le livre s’attarde alors autour de la question du sacrifice, abordant l’idée d’une substitution mystique où la souffrance serait un sacrifice nécessaire, subi par les justes pour payer les péchés des mauvais. Véritable système au centre duquel se trouve l’enjeu du salut, la résignation se décompose entre l’action de l’homme livré à la concupiscence de la chair, le sacrifice du Christ et la valorisation de la souffrance comme actualisation de ce sacrifice.

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Enfin, la troisième partie sort le catholique français de son cadre privé pour le plonger dans la vie sociale et explorer les formes de résignation subie ou choisie face au monde. Résignation devant la pauvreté dans une lecture traditionnelle des inégalités sociales, résignation devant la guerre, résignation devant le pouvoir politique, la première de ces implications sociales souligne le discours d’obéissance qui entoure la culture catholique entre la fin du XIXe et début du XXe siècle. Position conservatrice des fidèles, mais aussi conception providentialiste de l’histoire humaine se mêlent dans un discours qui impose aux hommes une nécessaire acceptation. La guerre en particulier se trouve à la convergence de deux discours, à la fois fléau envoyé de Dieu et moyen de conversion pour celui qui vient à donner sa vie en véritable martyr. L’exemple caricatural de cette acceptation sur lequel revient le livre est le père Paneloux mis en récit par Albert Camus dans La Peste, dont le discours ne cesse de rappeler à l’homme sa nécessaire soumission aux souffrances qu’il endure. Le deuxième volet de la partie souligne en revanche les voix discordantes qui commencent à se faire entendre quant à ce discours traditionnel. Ici aussi, la réactivité du milieu catholique à une conjoncture difficile pour la société française force plusieurs d’entre eux à engager leur « responsabilité » d’homme. Action catholique, lutte pour la paix, positionnement face à l’anticléricalisme d’Etat ou au régime de Vichy, le discours évolue vers une non-acceptation d’une situation jugée injuste, provoquant un reflux nécessaire du discours providentialiste.

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Ce livre, issu d’une thèse soutenue à la faculté de théologie de l’Institut Catholique de Toulouse, aborde donc un problème relevant de la théologie morale et spirituelle plongé dans l’épaisseur historique des XIXe et XXe siècle. Il est une recherche de définition d’une résignation toujours véhiculée par un discours d’Eglise mais sans cesse écartelée entre des acceptions souvent contradictoires. Providence divine et responsabilité de l’homme, fatalisme face aux crises et combat contre l’injustice, passivité devant l’épreuve et acceptation volontaire d’une croix à porter, des binômes en apparence que tout oppose mais que les catholiques français cherchèrent à mêler. C’est dans ces incertitudes que se construit une culture religieuse et sociale, et ce livre nous en donne un très bel exemple.

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