ARN NEASS OU LA RÉALISATION DE SOI COMME NORME SUPÉRIEURE

ÉCOLOGIE COMMUNAUTÉ ET STYLE DE VIE
ARN NAESS
extraits… p.147-148

5- LA RÉALISATION DE SOI COMME NORME SUPÉRIEURE ET EXPRESSION CLÉ D’UN OBJECTIF ULTIME

Dans la systématisation de l’Écologie T., le syntagme de « réalisation de soi» est utilisé pour indiquer un type de perfection. La réalisation de soi est conçue comme un processus, mais aussi comme définissant un objectif ultime – «ultime» étant ici utilisé de manière tout à fait spécifique. La «réalisation du SOI» peut être dite logiquement ultime dans le cadre d’une exposition systématique de l’ÉCOSOPHIE T. La réalisation de Soi est comprise à la fois au plan personnel et au plan communautaire, mais elle est également liée à un certain type d’accomplissement DE LA RÉALITÉ COMME TOTALITÉ.

Le caractère vague et ambigu de termes clés aussi importants que celui de «RÉALISTION DE SOI» rend toute dérivation stricto sensu impossible. Il est par conséquent nécessaire de clarifier quelles directions d’interprétation ou mieux, de précisation, seront privilégiées au cours de l’analyse. Mais malgré l’importance de ce terme capital, il est judicieux de ne pas lui conférer une signification trop précise. L’interprétation de cette forme ultime et des autres doit prendre place au sein d’un processus continu durant lequel toute modification apportée à la stabilisation sémantique d’un terme situé au niveau supérieur réagit sur la signification que revêtent les termes situés au niveau inférieur.

Le principal procédé sémantique utiliser pour intégrer le syntagme de «réalisation de soi» à l’édifice de lÉcophilosophie T consiste à tirer les trois lignes de précisions suivantes:

T1: réalisation de l’égo
T2: réalisation de soi (avec «s» minuscule)
T3: réalisation de Soi (avec «S» majuscule)

Le concept de Soi (avec un «S» majuscule) n’a rien d’inoui dans l’histoire de la philosophie. Il y est mentionné sous des noms variés: «le Soi universel», «l’absolu», «l’atman», etc. De nombreuses langues indo-européennes se servent du terme correspondant au mot «soi» en des sens analogues.

Dans la pensée politique utilitariste et individualiste qui prévaut actuellement dans les pays industrialisés occidentaux, le syntagme de «réalisation de soi», «d’expression de soi» d’«intérêt pour soi» sont utilisés pour désigner ce qui a été appelé précédemment «réalisation de l’égo». Ils servent à souligner la profonde incompatibilité entre les intérêts de différents individus – ce que s’efforce d’exprimer les intérêts de différents individus selon lequel: «le pain d’un homme est la mort d’un autre».

Au rebours de cette tendance, certaines interprétations de la réalisation de soi se fondent sur l’hypothèse que plus les individus gagnent en maturité, et plus leurs intérêts respectifs se révèlent compatibles. Cette thèse a trouvé un développement magistral sous la plume de Spinoza, dont l’Écosophie T se réclame sur un point précis: la «préservation de soi» (ou plutôt la préservation dans son être propre», dit Spinoza, ne peut se réaliser que si chacun partage avec les autres joie et tristesse, ou, plus fondamentalement, si l’étroitesse de l’ego du petit enfant se déploie en un moi (self) embrassant LA TOTALITÉ DU GENRE HUMAIN. Le mouvement écologie profonde s’inscrit dans la lignée de l’éthique spinoziste, en accomplissant un pas supplémentaire en ce qu’elle appelle de ses vœux le développement D’UNE IDENTIFICATION PROFONDE DES INDIVIDUS AVEC TOUTES LES FORMES DE VIE.

Le développement des formes de vie, notamment depuis le cambrien, présente un DEGRÉ EXTRÊME DE L’ESPACE VITAL et une diversification des formes de vie capables de s’adapter à différentes conditions climatiques ou autres. Il n’y a pas d’adaptation passive, et pas davantage de préservation de soi au sens strict.

Il y a plutôt une «ÉVOLUTION CRÉATRICE» au sens ou Henri Bergson l’entendait, UNE EXPRESSION CRÉATIVE DU FORMIDABLE ÉLAN VITAL. Le terme «d’expression» ou « de réalisation de soi» est par conséquent plus approprié que celui de «préservation de soi». Si on se saisit pas bien ce qu’il y a derrière le terme «soi», on peut toujours penser au développement ou à l’expansion de la vie. Mais alors on court le risque de perdre de vue la relation essentielle entre «soi» et «Soi».

En s’inspirant de Kant, on pourrait être tenté de parler d’une action «belle» ou «morale». Les actions morales sont motivées par l’acceptation d’une loi morale, et se distinguent de toutes les autres en ceci que l’agent authentiquement moral luttre CONTRE SES INCLINATIONS PERSONNELLES. Par contraste, on dira d’une personne qu’elle a commis une belle action lorsqu’elle a agi avec bienveillance en vertu d’une inclination personnelle. ….

Ainsi la norme «réalisation de soi!» est-elle l’expression condenséede l’unité de certaines hypothèse ssociales, psychologiques et ontologiques: LE DÉVELOPPEMEMENT LE PLUS PROFOND ET LE PLUS ENGLOBANT DE LA PERSONNALITÉ HUMAINE GARANTIT L’ACTION BELLE.

La nature humaine étant ce qu’elle est, il n’est pas nécessaire de chercher d’autres fondements de la morale. Nous n’avons pas besoin de nous réprimer nous-mêmes; nous avons besoin au contraire de laisser notre SOI se développer. Les belles actions sont naturelles…. Une personnalité s’éveille et se développe en proportion de la richesse des liens qu’elle noue avec le milieu qui l’environne. Il résulte d’un développement que l’agent se comporte de manière deplus en plus éé

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