L’ART EST UNE SORTE DE SCIENCE DE LA LIBERTÉ…. JOSEPH BEUYS

Ce que j’ai adoré le plus dans ma vie d’artiste de scène (32 ans), c’est ce qui se passait entre deux spectacles…

Dans ma vingtaine, je traînais mon gros dactylo dans mon automobile et la nuit, après le spectacle, dans ma chambre de motel, je retapais les textes de mes chansons dans de nouveaux cahiers et j’en apprenais de nouvelles… et surtout, je réfléchissais sur les perles majeures qui trainaient ça et là au cœur de cet art mineur de la ballade… je n’apprenais rien par cœur… je chantais en lisant les textes et souvent, j’arrêtais entre deux couplets pour raconter au public CETTE SCIENCE DE LA LIBERTÉ… qu’y traçaient les Brassens, Brel, Béart, Félix Leclerc…

A cette époque-là, la radio fm de radio-Canada était une radio culturelle et élitiste qui nous faisait découvrir un grand nombre de productions de France-Culture… que d’innombrables heures à rouler en me cultivant.

Puis, en vieillissant, (mes 18 ans en duo avec Denis Lamarre) j’arrêtais la nuit entre deux spectacles pour lire, là où il y avait de la lumière… à une telle intensité que parfois j’oubliais de passer voir une femme ou l’autre parce que mes livres étaient plus intéressants que ce que ces honnêtes représentantes de la beauté du monde auraient pu me conter…

Je n’ai jamais eu de patron, pour ainsi dire, pigiste, libre, hors temps, hors réalité hors servitude, je détestais toute dépendance (j’ai fais ma carrière sans boire, ni droguer, ni fumer)… j’avais même horreur qu’on me touche parce que ça nuisait à mon cerveau:))))))))))))))))))).

J’étais passionné de recherche intellectuelle au point d’avoir mis 14 ans à me taper une mâitrise sur le rire dans une forme de la question doctorante suivante: COMMENT SE FAIT-IL QUE LE SUCRE EST SUCRÉ POUR TOUS ET QU’UN GAG NE SOIT PAS DRÔLE POUR TOUS?

Ce que j’aimais de la scène, c’est qu’elle me permettait une sortie de la prison que constitue la vie axiologique ou fantomatique. Et comme je n’étais pas sensible aux applaudissements où à une réussite au niveau carrière, j’étais comme LA LETTRE VOLÉE D’EDGAR POE… bien cachée parce que visible…

J’ai vécu mes mariages et vies de couple comme John Wayne a fait ses films…. en passant… parce que je ne savais pas encore intellectuellement que toute forme d’engagement est en soi une toile d’araignée axiologique…. je n’avais pas les mots… Le mariage, la famille, la religion, l’état, sont des séquelles désenchantées des errants axiologiques ayant en horreur la peur fantomatique de la survie. Comme disait Einstein, l’homme est d’abord esclave de son estomac.

Musil, Kafka, Bretch, Becket ont contribué mondialement par la littérature à décreypter les pièges de l’errance axiologique en en dénonçant les conséquences fantomatiques… Beuys et Duchamps de leur côté ont ouvert le chantier de l’errance poétique au niveau de l’armature comme de la structure de l’ontologie existentielle bien encadrée théoriquement par l’ÊTRE ET LE NÉANT et LA NOUVELLE THÉORIE DES ÉMOTIONS de Jean-Paul Sartre…

Et en ce sens, L’homme sans qualité de Robert Musil est l’antithèse de L’homme aux quatre questions du vagabond céleste.

Oui, Joseph Beuys a eu raison d’affirmer que L’ART EST UNE ESPÈCE DE SCIENCE DE LA LIBERTÉ.

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Pierrot vagabond