EXCELLENT ARTICLE DE NICOLE MORGAN SUR LE RIRE D’UMBERTO ECO

«… Qu’on ne se méprenne pas: le rire d’Umberto Eco n’était ni rictus, ricanement, ou même moquerie. Il était un grand philosophe au sens où il n’a cessé de scruté ce qu’on appelle le réel pour EN DÉGAGER L’ESSENCE sous ses manifestations mouvantes. Son rire, c’était la tendresse en plus pour les histoires que les humains ne cessent de se raconter afin de masquer leur peur, leur solitude, et leur désir d’éternité, de fixation sur des vérités absolues. C’ÉTAIT LE RIRE DE LA JOIE D’ÊTRE HUMAIN…»

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La lecture d’au nom de la rose d’Umberto Eco déclencha en moi l’idée de faire une maîtrise en philosophie sur le rire à l’Université de Montréal. D’autant plus que je pratiquais le métier d’artiste de scène où je faisais rire les gens 250 fois par année. J’étais habité par une question: Celle de Monroe … pourquoi le sucre est-il sucré pour tous et un gag n’est pas drôle pour tous?

Durant plus de 14 ans, avec mon dévoué partenaire de scène Denis Lamarre (duo Rochette Lamarre, 18 ans de carrière), je me promenai avec mes livres d’une scène à l’autre, parce que je cherchais le passage esthétique entre les rires de supériorité ou de libération et LES RIRES D’INCONGRUITÉS. Réussir techniquement, sur scène, le passage d’une forme axiologique à une autre, puis réfléchir la nuit au retour fut une immense source d’excitation intellectuelle.

J’ai donc, f=dans un sens fait une recherche de doctorat dans un cadre de maîtrise. J’avais le temps et mon objectif n’était pas le diplôme mais l’amour immodéré de la connaissance qui ne m’a jamais quitté depuis. J’aimais être un vagabond intellectuel, je ne puis maintenant être rien d’autre:)))))

Ce fut des années merveilleuses car, contrairement aux théoriciens Bergson, Monroe, Morreal et les autres, je pouvais tous les soirs écrire des numéros et vérifier l’opérationnalité de mes argumentations théoriques.

Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir réussi à bien définir l’émotion dans le rire… parce que je n’ai découvert que l’année passée LA NOUVELLE THÉORIE DE L’ÉMOTION DE Jean-Paul SARTRE, 1948.

Ma carrière d’artiste de scène n’aurait jamais été si vie personnelle œuvre d’art si elle n’avait pas servi en tout premier lieu à des recherches universitaires, intenses, heureuses même si je n’avais pu trouver aucun directeur de thèse qui connaissait mon sujet.

Un gros merci donc à Umberto Eco et son roman AU NOM DE LA ROSE.

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Pierrot vagabond