“De toute ma vie de vagabond-chercheur, je n’ai jamais vu un enfant de neuf ans avec un tel charisme. Intelligent, vivant le quotidien comme une pièce de théâtre dont il est l’auteur, le metteur en scène et l’acteur principal, il se promène au côté de son grand-père Yvon Cormier, l’auteur du livre Caraquet le village le plus long du monde, comme si ce grand-père bienveillant et permissif était son chef de cabinet.
Et quand je le salue en lui disant: Comment allez-vous Monsieur le premier ministre, il trouve cela tout à fait naturel, lui qui à trois ans aidait les employé(e)s au Grain de folie en donnant un coup de main à la vaisselle, qui se permet depuis toujours des becs aux femmes, surtout les belles, et qui se sent une vocation de LouisX1V dans une Acadie qui ne cesse de produire des personnages aussi colorés que ceux créés par le génie d’Antonine Maillet.
Car, il faut bien le dire, son roman Pélagie la Charette, représente pour moi le chef d’oeuvre absolu de la deuxième renaissance acadienne, tous les arts confondus, et qui mérite amplement sa résonance internationale.
Mais, tout comme le rapport entre L’Odyssée d’Homère et l’Ulysse de James Joyce, Pélagie la charette reste un pastiche constructiviste extraordinairement talentueux d’Evangéline produit par l’Acadie de la deuxième Renaissance. Alors qu’Evangeline, telle l’Odyssée d’homère, renaît encore une fois magiquement comme icône nano-moderniste de l’Acadie triomphante dont l’année de fondation de ce qu’on appellera un jour la troisième renaissance, peut être située en 2005, grâce au passage euphorique d’Annie Blanchard à l’émission Académie star avec la chanson de Michel Conte, Evangeline, immense succès radiophonique populaire jamais démenti depuis.
A la page 8 de l’Acadie nouvelle de ce matin, il y avait un article intitule Place au cirque à Dieppe, avec un passage des plus révélateurs qui me semble ajouter un argument inopiné à mes intuitions philosophico-politiques. Il se lit comme suit:
Le numéro hommage à la mémoire de Marc Chouinard – ce bâtisseur culturel qui un jour a rêver d’emmener le cirque dans la région de Dieppe, en créant d’abord Circus Stella et ensuite le festival du cirque – a clôturé la soirée en beauté, avec folie en tendresse.
Intitulée EVANGÉLINE, cette pièce très théâtrale et créative imaginée par Circus Stella relate l’épopée acadienne et celle du célèbre personage d’Évangéline. Touchant et festif, sur la musique de Jean-François Mallet, Dominique Dupuis et du groupe B3, le numéro a réuni plusieurs disciplines: les échasses, le tissue aérien, la danse, l’acrobatie et les arts visuels. A la fin, une peinture créée en direct par Mathieu Francoeur sur laquel était inscrit “merci Marc” a été dévoilée.
“Marc Chouinard voulait depuis longtemps faire un numéro de cirque sur cette thématique, mais il est parti trop tôt et il n’a pu réaliser son rêve. Ce soir nous avons voulu terminer son oeuvre” a indiqué l’artiste du tissue aérien, Yves Landry.
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Aux Etats-Unis, pour me ressourcer comme artiste de scène, je suis allé sur un site ou se produisent une vingtaine d’artistes célèbres, chacun possédant son théâtre. Tous les spectacles sans exception se terminent par un tableau original tournant autour de l’hymne national américain et son drapeau, et en rappel un numéro sur Dieu. C’est hallucinant et fascinant.
Je verrais très bien le même rituel culturel s’installer en Acadie. Que tous les spectacles se terminent par une création originale tournant autour du drapeau acadien et son hymne avec en rappel une performance tournant autour de la chanson D’Evangéline de Michel Conte.
Si Jimmy Hendrix à Woodstock a pu rendre mondialement célèbre l’hymne national américain avec sa guitare électrique, je ne verrais pas pourquoi le cirque du soleil, par exemple, ne pourrait pas réussir le même exploit avec l’âme acadienne, promise prospectivement à une brillante carrière internationale
Pierrot vagabond