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« Macron s’en fout des gens d’en bas » – Un gilet jaune
Loin de Paris et des violences qui ont marqué les esprits, des milliers de Français continuent de protester pacifiquement contre le coût de la vie et réclament des solutions concrètes au gouvernement et au président Emmanuel Macron. Soutenus par une majorité de la population, ces gilets jaunes, dont les revendications diffèrent selon les individus, ne comptent pas cesser leurs actions. À Biarritz, une quarantaine d’entre eux tentent de faire entendre leur voix.
Un texte de Romain Schué, à Biarritz
« Regardez, ici, c’est familial et chaleureux. Même les forces de l’ordre nous ramènent des bonbons et des gâteaux », soutient Marie-Noëlle, l’accent chantant et un large sourire.
Présente devant le péage de Biarritz depuis 9 h en compagnie de son mari, cette retraitée de 62 ans fait partie de la quarantaine de gilets jaunes campés ce matin-là devant les barrières de cette entrée d’autoroute.
Tous les jours, ils se retrouvent au même endroit, depuis le 17 novembre, début de ce mouvement de protestation, pour permettre aux automobilistes de franchir gratuitement les barrières de cet axe permettant notamment de rejoindre l’Espagne, quelques kilomètres au sud.
À la nuit tombée, certains se rendent ensuite aux portes de cette frontière, afin de bloquer les camions de livraison et de retarder l’approvisionnement des stations-service ou des commerces, dans le but d’être entendus par le gouvernement français.
Sur place, les catégories sociales varient. On y retrouve à la fois des employés de tous horizons, des trentenaires, des retraités, des chômeurs, mais aussi une ancienne chef d’entreprise ou encore Cédric, un agent de bord d’Air France.
Loin de Paris et des violences qui ont marqué les esprits, des milliers de Français continuent de protester pacifiquement contre le coût de la vie et réclament des solutions concrètes au gouvernement et au président Emmanuel Macron. Soutenus par une majorité de la population, ces gilets jaunes, dont les revendications diffèrent selon les individus, ne comptent pas cesser leurs actions. À Biarritz, une quarantaine d’entre eux tentent de faire entendre leur voix.
Un texte de Romain Schué, à Biarritz
Des « gilets jaunes » devant un poste de péage. Employé de la compagnie aérienne Air France, Cédric soutient le mouvement des gilets jaunes. Photo : Radio-Canada/Romain Schué
Pour la première fois, ce dernier a décidé de rejoindre sur le terrain ses compatriotes. « Avant, les gens râlaient chez eux ou avec des amis. Depuis Mai 68, il n’y avait aucun mouvement pour se battre pour nos droits, pour un partage équitable », affirme-t-il.
Se qualifiant de « privilégié » sur le plan financier, ce père de famille quadragénaire raconte pourtant éprouver des difficultés à la fin du mois.
« Je n’imagine même pas la situation de ceux qui souffrent davantage », clame-t-il, tout en saluant les automobilistes, qui, d’un coup de klaxon, apportent leur soutien à ces manifestants. Ceux-ci reprochent notamment à Emmanuel Macron de faire « des cadeaux aux riches » après avoir supprimé, comme il l’avait promis durant la campagne électorale, l’impôt sur la fortune (ISF).
«Les Français sont en colère, le président n’écoute rien et est imbu de sa personne. On se rapproche de plus en plus des dictatures en Afrique, où certains mangent du caviar et d’autres crèvent la faim.»
—Cédric, agent de bord à Air France
Un « ras-le-bol général »
Les revendications de ces gilets jaunes sont nombreuses. C’est un « ras-le-bol général », assurent unanimement les gilets jaunes installés devant ce péage du Pays basque.
« La goutte d’eau », précise Cédric, fut l’annonce d’une nouvelle taxe sur les carburants pour janvier 2019. Un moratoire a finalement été décrété mardi par le premier ministre Édouard Philippe, avec l’espoir de calmer ce mouvement qui n’a pas de porte-parole.
« On ne veut pas de représentant, on est apolitique », soutient Xabi, un peintre en bâtiment venu passer quelques heures au bord de la route, avant de reprendre un chantier en cours.
« Les représentants, les ministres, ils travaillent tous pour les petits copains. S’ils avaient nos salaires, ils seraient peut-être plus efficaces. Ce n’est pas le peuple. Il faut que les solutions passent par des référendums, par des réunions avec des citoyens dans les communes. Ces élites nous cassent les couilles, ils accaparent toutes les richesses », avance-t-il, en imaginant une pérennisation de ce mouvement.
« Ça peut durer un an et demi. On va continuer de bloquer les péages, mais aussi les raffineries, les ports. On est super pacifistes, mais lorsque l’État verra tout l’argent qu’il perd, il agira », croit-il.
«On demande à Macron de dégager. On ne veut plus le voir. Le mouvement ne s’arrêtera pas tant qu’il sera là.»
—Xabi, peintre en bâtiment
Une « misère » dénoncée
Cet appel à la démission du président français n’est pas partagé par l’ensemble de ses collègues. « Personnellement, moi je veux une dissolution de l’Assemblée nationale, pour avoir des députés qui nous représentent, qui entendent notre souffrance. Eux, ils n’ont rien compris », avance Marie-Noëlle.
« On a déjà eu des présidents pas aimés, mais un président aussi détesté, non, ajoute Martin, son conjoint. Macron s’en fout des gens d’en bas. »
Si ces revendications, qui pullulent sur les réseaux sociaux, varient, tous ont un dénominateur commun : une amélioration du niveau de vie.
« On est là pour nos enfants, nos petits-enfants, pour qu’ils aient un avenir décent », lancent Annie et Monique, deux soeurs sexagénaires, dont la retraite avoisine les 650 euros mensuels.
Les dernières décisions annoncées par le gouvernement ne les calment pas. « Ce n’est pas avec ce petit truc qu’on va s’arrêter. Il faut augmenter le SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance, fixé à 1184 euros nets [1781 dollars canadiens]) et les retraites. C’est une misère qu’on nous donne », décrit Monique, 66 ans.
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