L’Academy du Niagara, une école à vocation unique, célèbre cette année ses 10 ans
Depuis 10 ans, les élèves de la DSBN Academy du Niagara commencent leur journée en récitant en choeur le credo de l’école dans leur salle de classe respective.
C’est une espèce de mantra qui rappelle aux élèves qu’ils sont engagés et optimistes, qu’ils travaillent fort et surtout qu’ils feront un jour des études post-secondaires.
« Nous croyons! Nous sommes la DSBN Academy. Nous avons un futur et nous en sommes responsables. Nous serons des diplômés collégiaux et universitaires. Nous sommes engagés et enthousiastes. »
C’est là le grand objectif de cette école unique qui dessert les élèves de la 6e à la 12e année de toute la région du Niagara. On souhaite donner tous les outils possibles aux élèves pour qu’ils poursuivent leurs études au collégial et à l’université après l’école secondaire.
En fait, ces jeunes deviendront les premiers de leur famille à obtenir un diplôme post-secondaire.
C’est le critère principal pour être admis à l’Academy.
Tout est fait, proposé et enseigné pour qu’ils parviennent au but ultime.
À commencer par les messages que l’on peut lire ici et là dans l’école et qui visent à inspirer et encourager les jeunes à se dépasser.
Un décompte électronique affiché à l’entrée de l’école rappelle aux jeunes le nombre de jours restant avant la prochaine cérémonie de remise des diplômes, à laquelle tous les étudiants de l’école sont conviés.
L’idée est de se projeter vers cet objectif.
« Je me souviens du petit garçon que j’étais quand je suis arrivé à l’Academy. Et maintenant, chaque jour, j’entre dans l’école et je regarde ce décompte. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est pour moi. C’est ce que j’attends depuis des années. C’est extraordinaire. »
Une routine différente
La journée d’école est plus longue que dans une école régulière, car les activités parascolaires sont obligatoires après les cours.
Le transport scolaire n’est offert qu’après ces programmes.
Les enseignants participent aux activités. C’est une autre façon de bâtir des ponts.
Chaque enseignant est aussi responsable de conseiller des élèves en petits groupes. Il s’agit d’une activité de mentorat, un point de contact hebdomadaire qui aide à aborder les différentes étapes et les différents défis de la vie.
« Ce qui est spécial ici, c’est le lien que l’on crée avec le personnel. Ce sont les mêmes enseignants à travers les années et les étapes. On peut s’y fier et leur demander de l’aide quand c’est nécessaire. »
L’Academy croit tellement à l’importance d’encadrer les élèves qu’elle les aide à préparer leurs demandes d’admission pour les collèges et les universités.
Les démarches se déroulent durant les heures d’école. L’école paie même les frais qui y sont rattachés.
10 ans plus tard
L’Academy est inspirée d’écoles en Californie. À l’origine, elle était destinée aux enfants défavorisés du Niagara, ce qui avait suscité la controverse il y a 10 ans. Plusieurs craignaient que les jeunes soient stigmatisés.
Le critère d’admission avait donc été modifié.
Depuis 10 ans, seuls les enfants dont les parents n’ont pas fait d’études post-secondaires sont admis à l’école.
Lisa Nazar a participé à la création de l’école. Elle est aujourd’hui directrice du niveau secondaire à l’Academy.
Elle se souvient très bien des défis des premières années lorsque toute la région scrutait à la loupe l’école.
« J’ai travaillé dans le passé dans des écoles où les parents d’élèves n’avaient pas fait d’études post-secondaires et où bien des familles étaient défavorisées. Ça m’a toujours préoccupée. Au primaire, les enfants de ces familles réussissaient généralement très bien. Puis, au secondaire, il y avait les défis de la vie. Et ces élèves n’avaient pas toujours le soutien nécessaire pour poursuivre leurs études. »
Une centaine d’élèves fréquentaient l’Academy lors de sa première année d’existence. Cette année, l’école regroupe 450 élèves et elle pourrait en accueillir davantage. Elle n’est pas au maximum de sa capacité.
Elle n’a donc pas de liste d’attente et ne doit pas refuser des jeunes non plus.
Selon Lisa Nazar, 89 % des élèves s’inscrivent au niveau post-secondaire dans l’année qui suit la fin de leur secondaire.
Il est toutefois difficile de savoir combien de jeunes font leurs études post-secondaire, puisqu’ils ne sont pas tenus de fournir cette information à l’école.
De l’aide reconnue
Kevin Gosine était l’un des sceptiques du concept de l’école il y a 10 ans. Il est sociologue et enseigne à l’Université Brock.
Il avait participé aux soirées d’information et au débat qui prévalait dans la communauté à l’époque.
Il craignait que les jeunes qui fréquentent l’Academy soient stigmatisés et qu’ils ne soient pas en contact avec une diversité d’enfants.
Dix ans plus tard, il n’a pas étudié scientifiquement les succès de l’Academy, mais il a eu des finissants de l’école dans ses salles de classe et n’entend que de bonnes choses sur leur expérience.
« J’ai encore des réserves sur l’idée de séparer les élèves en fonction de leur statut socio-économique, leur race, leurs besoins particuliers. Je pense qu’il est bénéfique pour les jeunes d’interagir avec des pairs venant de milieux différents. Ceci étant dit, j’aime toujours entendre les histoires d’initiatives qui aident à lutter contre les inégalités. Je suis content d’entendre parler des succès de l’Académie que j’ai pu constater par les histoires, les anecdotes et les retours que j’ai eus jusqu’ici. »
Redonner ce qu’on a reçu
Zachery Harrietta fait partie de la première cohorte de diplômés.
Il complète cette année un diplôme universitaire en sciences et prévoit en commencer un second en septembre en enseignement.
Il est donc le premier de sa famille à obtenir des diplômes universitaires.
M. Harrietha indique avoir tellement aimé son expérience à l’Academy qu’il y revient chaque semaine faire du bénévolat, une façon de redonner ce qu’il a reçu.
Par ailleurs, sa soeur termine cette année sa douzième année à l’Academy. C’est maintenant une histoire de famille.
Pourtant, ses enfants, s’il en a, ne pourront pas fréquenter l’école puisqu’ils auront un père qui aura eu un parcours universitaire.
« C’est triste de savoir que mes enfants ne pourront pas étudier à l’Academy. Mais ça montre que le programme fonctionne. Je pourrai leur donner le soutien et les outils que j’ai reçus ici. »
Sa mère, Jackie Harrietha est fière de ses enfants et fière d’avoir pris la décision d’envoyer son aîné à l’Academy il y a 10 ans, malgré la controverse. Mère monoparentale de trois enfants, elle n’aurait pas pu lui offrir toutes les ressources que l’école lui a offertes.
Selon elle, quand les gens connaissent véritablement le fonctionnement de l’Academy, ils laissent tomber les préjugés et les idées préconçues.