Il y a des matins où mes pieds veulent fuir mon corps…. reprendre la route de mes impossibles intérieurs…. rencontrer le multivers sur la route de nulle part et marcher ensemble l’énigme qui nous sépare parfois quand mes nuits deviennent trop tristes de morts décevantes….. Toute vie personnelle œuvre d’art sur terre se blessure des combats perdus d’enfants innocents….
Quand mes débris multiversels de la mémoire du cœur viennent me visiter entre deux sommeils, je me sens territoire sacré d’un dire muet… L’égo en moi prend des vacances sur la route des errances axiologiques…. baissant les yeux devant les scandales des errants fantomatiques en mal de visibilité… puis enfin…. hors des tracés des affects insistants, un vent… doux…. somptueux… celui des yeux de mon père quand il jouait de la trompette … fermés pour bénir le ciel de se faire musique pour les autres….
Puis… une scène ou deux où ma guitare devint stradivarius de la beauté du monde… un soir de chance… parfois un soir de tempête de neige…
Je me rappelle, aux Pierrots… la deuxième année peut-être… Robert Ruel avait fait construire un feu de foyer… Dans ce temps-là, la boîte à chansons des Pierrots était ouverte 7 jours par semaine… les samedi et dimanche à partir de 1 h p.m. à trois heures du matin… Il arrivait souvent que l’on chante des doubles…
Alors certains lundi de l’hiver… même parmi les pires tempêtes, on ouvrait… même si il n’y avait que 2 clients…. on ouvrait…
Alors… je descendais de la scène avec ma guitare…. une chaise devant le feu de foyer… 3 clientes autour… et je fredonnais en douceur les plus beaux textes de la chanson française… en arrêtant n’importe où pour raconter la poésie qui m’habitait… la beauté des mots qui m’enchantaient…. Brassens, Felix Leclerc, Guy Béart, Ferland, mes chansons.. et les autres…. doucement… si doucement…. des heures et des heures de pur enchantement de la neige hurlant dans la fenêtre pour entrer chanter avec nous….
J’ai vécu l’hypnotisme du feu… des brindilles… en chantant… sans doute comme l’homme des cavernes…. puis la nuit…. je levais les yeux vers les étoiles… le froid sur mes doigts tenant mon case de guitare… je remontais la poésie de mes pas… craquelant de joie sourde sur la neige folle….
Si je reprends la route des débris de la mémoire du cœur de l’enfance à aujourd’hui… une transmage vient me chercher…. je me revoir en bas de la butte aux Pierrots à Val David… au parc des amoureux dont le nom avait été voté par un conseil municipal dont j’étais aussi membre comme conseiller municipal à l’urbanisme…. et je sautais de roche en roche pour aller rejoindre un creu dans l’eau vive… je m’y assoyais… pour voir la lumière du midi à l’horizon de ma vue scintiller sur l’eau avec une blancheur que je n’avais jamais vu ailleurs… je fermais les yeux et me revoyais la nuit en train de construire le chemin qui menait à ma tombe sous la scène de la butte aux pierrots… pierre par pierre, brouette par brouette….
pour… avant de me coucher… en pyjama… allumer la lumière de la scène de la butte et la laver avec une moppe pour le spectacle du lendemain soir….
LES DÉBRIS MULTIVERSELS DE LA MÉMOIRE DU COEUR surgissent en image éparsens dans le champ constellaire de la mémoire du cœur onti-kha-tif pour ensuite se transgrammer en chemin big bang d’un onérisme kantiquatif fredonnant la beauté du monde par la vie personnelle œuvre d’art….
Ainsi se tisse une vie d’artiste consacrée à une invention: LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE.
Pierrot vagabond