L’UNESCO plaide pour des mesures urgentes en matière d’éducation
Agence France-Presse
Publié à 17 h 44
Environ 225 millions d’enfants de 6 à 17 ans ne devraient pas être scolarisés en 2030 dans le monde, soit 14 % de cette tranche d’âge, « si des mesures urgentes ne sont pas prises », a averti vendredi
l’UNESCO.
Selon les données de l’Institut de statistique (ISU) de l’agence des Nations unies pour l’éducation, la culture et la science, le taux de scolarisation des enfants dans le monde stagne depuis 10 ans, après avoir progressé au début des années 2000.
En 2017, 262 millions (18 %) des 6-17 ans n’étaient pas scolarisés. Si les tendances actuelles se poursuivent, ce nombre ne baissera que légèrement à 225 millions d’ici à 2030. Un enfant sur six alors restera non scolarisé dans les cycles primaire et secondaire, tandis que six jeunes sur dix seulement achèveront l’enseignement secondaire.
Les progrès ont pourtant été réels dans la première décennie du siècle: le taux d’enfants non scolarisés en primaire (6-11 ans) a baissé de 15 % à 9 % entre 2000 et 2008. Entre 2000 et 2010, il est passé de 25 % à 17 % pour le premier cycle de l’enseignement secondaire (généralement 12-14 ans) tandis que le taux de non scolarisés du second cycle (15-17 ans) chutait de 48 % à 37 % entre 2000 et 2013.
Depuis, la baisse a ralenti, voire marque le pas, coïncidant avec l’arrêt soudain de la croissance de l’aide à l’éducation aux pays à revenu faible après la crise financière, relève l’institution.
Et, par conséquent, cela éloigne la communauté internationale de l’un des objectifs de développement durable qu’elle s’est fixés pour 2030: Parvenir à une éducation inclusive et de qualité pour tous.
Sans surprise, ces chiffres globaux masquent d’énormes disparités entre pays riches et pauvres. Ainsi, au lycée (2e cycle de l’enseignement secondaire), le taux de jeunes non scolarisés est de 6 % dans les pays les plus riches, 37 % dans les pays à revenu intermédiaire et environ 60 % dans les pays à faible revenu.
Pour ces derniers, les défis à relever sont grands et, en particulier, pour les pays d’Afrique subsaharienne où la population en âge d’être scolarisée augmente plus rapidement qu’ailleurs. Cette région représente désormais 54 % des enfants de primaire non scolarisés contre 41 % en 2000.
Fortes disparités
En outre, dans les pays à revenu faible, les plus riches sont neuf fois plus susceptibles d’achever le deuxième cycle de l’enseignement secondaire que les plus pauvres, soulignent les données de l’ISU.
Différences de revenu, mais aussi de genre. Les filles continuent de faire face aux plus gros obstacles, souligne la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, citée dans un communiqué.
Selon nos projections, 9 millions de filles en âge de fréquenter le cycle primaire ne seront jamais scolarisées ou ne mettront jamais les pieds dans une salle de classe, contre environ 3 millions de garçons. Sur ces 9 millions de filles, 4 millions vivent en Afrique subsaharienne, où la situation est encore plus préoccupante, affirme-t-elle en prônant de concentrer [les] efforts sur l’éducation des filles et des femmes.
Nous n’avons que 11 ans pour respecter l’engagement pris avec les Objectifs de développement durable selon laquelle tout enfant soit scolarisé et bénéficie réellement d’un enseignement, constate la directrice de l’ISU, Silvia Montoya, jugeant toutefois les défis non insurmontables si les actions et le financement sont au rendez-vous.