Lambros Couloubaritsis
Histoire de la philosophie
ancienne et médiévale
p.62
extrait

« Alors que le mythe s’applique le plus souvent à dévoiler le réel en portant l’invisible au visible, le rite, au contraire conforte le secret, et assure au phénomène religieux sa puissance irréductible qui, de son lieu propre, cherche à régir les actions humaines et la destinée de l’homme.

La démarche mythique vise souvent aussi à circonscrire les origines et les limites des phénomènes en étalant les éléments d’une façon manifeste qui distord certes la réalité, mais qui en même temps LA FAIT VOIR en la rendant plus accessible à la pensée.

Certes, plus tard, dans le cours de la civilisation européenne, cette caractéristique du mythe se modifie, d’abord par l’usage du genre apocalyptique dans le judéo-christianisme, QUI NE DÉVOILE PLUS MAIS RÉVÈLE QUELQUE CHOSE, ensuite par la valorisation de ce qui est plus ancien, et qui aboutit, notamment dans l’interprétation hellénique du passé mythique, qu’elle soit grecque ou autre, à considérer que le mythe ne sont compris QUE PAR QUELQUES INITIÉS.

En l’occurrence, le décodage du mythe suit des règles s’accordant, non pas à la pratique archaïque du mythe qui N’INTÉRESSE PLUS LES PHILOSOPHES GRECS TARDIFS, MAIS AU MESSAGE PHILOSOPHIQUE QUE LE PHILOSOPHE SEMBLE PROMOUVOIR.

Ces modifications dans l’histoire et dans la pratique et de l’interprétation des mythes n’entraînent pas pour autant la modification de ce qui justifie cette pratique, et qui concerne LA COMPLEXISTÉ DU RÉEL où s’enchevêtrent LE VISIBLE ET L’INVISIBLE, ce qui requiert de la part du mythe un discours susceptible DE DÉVOILER LE RÉEL à la suite d’une forme de redressement de l’ordre narratif.

Par ce type d’analyse, le mythe inaugure en fait un procédé que la philosophie NE CESSE DE RENCONTRER SUR SON CHEMIN. C’est cela qui explique que le moins philomythe des philosophes anciens, Aristote, RECONNAÎT SA VALEUR COGNITIVE, quand il dit:

«Celui qui est dans l’embarras et atteste son étonnement reconnaît son ignorance – c’est pourquoi même le philomythe est d’une certaine façon philosophe, car le mythe est constitué de choses étonnantes (Métaph. A.2, 982b 17-21

Pierrot vagabond