17 novembre 2018 / Mis à jour le 16 novembre 2018 à 23h35
Fred Pellerin: le chanteur dépouillé
François Houde
Le Nouvelliste
TROIS-RIVIÈRES — Qui aurait dit que Fred Pellerin pouvait faire plus doux, plus intime dans ses chansons? C’est pourtant ce qui se passe avec Après, son tout nouvel album. Un disque comme une longue confidence: le grand intime.
Le chanteur n’a pas besoin de dire qu’il avait le goût d’un album le plus dépouillé possible: chacune des dix chansons de la galette le murmure intensément. «C’est le plus intime des albums qu’on a faits et ça me donne le goût d’en faire un autre plus intime encore; mais là il va falloir que j’aille chanter à chaque auditeur sur le bord de son lit!»
Dix titres, c’est peu. Il y en avait plus jusque dans les toutes dernières étapes de réalisation. «Treize, calcule Fred, mais ça ne marchait pas. On a vraiment fait une job pour ramasser tout ça et le mettre sur une ligne qui peut s’écouter en boucles. Pour le spectacle de lancement, on cherche lesquelles on ne fera pas parce qu’elles se font toutes guitare-voix sans que ça dénature la chanson enregistrée. Le gros arrangement, c’est Relève toi qui est pourtant très sobre aussi.»
«Je suis très content de tout ça.»
L’orientation est tellement assumée que l’album, tout grand ouvert sur la poésie, s’ouvre sur deux chansons d’amour consécutives, L’étoile du Nord et La chanson du camionneur peut-être les plus dépouillées et les plus vraies du disque. «Moi pis les auditeurs, on n’a pas besoin de prendre le temps de faire connaissance. On n’a pas besoin de mettre la table: on mange pas de nappe!»
«En même temps, L’étoile du Nord, un caillou de cinq minutes guitare-voix et rien d’autre, on pouvait mettre ça où, ailleurs? Ça annonce le reste. C’est un moment fort en partant.»
On a beau essayer de faire les choses à notre façon, la vie les refait comme elle l’entend. Prenez La chanson du camionneur, sobre déclaration d’amour aussi brute que délicate: elle n’a rien de la chanson porteuse d’un album. «Tu vois, dis Fred, celle-là nous a échappé. Il n’a jamais été question qu’elle devienne une locomotive mais elle circule beaucoup d’une façon très étonnante. C’est l’fun, même si on l’a pas prévu.»
Il a eu la complicité non sollicitée du petit écran qui l’est d’ailleurs de moins en moins. Avec les émissions En route vers l’ADISQ et Faire oeuvre utile, la chanson a pris une vie autonome, animée par son retentissement dans le cœur des gens. Et sa beauté, forcément. «La toune tourne déjà parce que je l’ai interprétée à En route vers l’ADISQ avec Vincent Vallières et elle s’est retrouvée je ne sais comment sur Facebook où elle gagne en clics.»
«Je suis content parce qu’elle représente bien l’album: elle est drette-là dans la guitare et la voix. Elle a quelque chose de Mille après mille dans le thème de la solitude du routier et de l’amour qu’on n’arrive pas à dire mais qu’on exprime autrement. On est dans le gros quotidien concret mais ça dit quelque chose d’immense. Ce genre de poésie-là, bien concrète, quand elle est alignée comme il faut, ça peut être bien plus grand que bien des poèmes qui aspirent à la grandeur.»
On est là parfaitement installé dans l’univers de Fred-le-chanteur, un environnement devenu familier en quatre albums. «T’sé, quand je chantais Roland, de Manu, sur C’est un monde, on était exactement dans la même famille. Je sais pas si on me reconnaît parce que ce ne sont même pas mes textes à moi, mais ce sont des chansons que je frissonne très fort quand je les reçois et quand je me mets à me les approprier.»
Les autres
C’est le tout premier album sur lequel Fred ne fait pas appel à l’auteur et compositeur Fred Pellerin, un vieux complice. Fred Pellerin se défend: «Je n’ai juste pas réussi à en écrire une. J’ai dû ouvrir vingt-deux chantiers de tounes, je ne suis pas arrivé à en fermer un seul. Jusqu’à la toute fin, en studio, on se gardait des portes ouvertes pour une de mes chansons et je n’y suis pas arrivé. Je n’ai pas de problème avec ça: ce que tu sens le besoin d’exprimer, s’il se trouve dans la chanson d’un autre, c’est parfait.»
«Je ne dis pas qu’un jour, je n’écrirai pas un album de mes propres chansons mais c’est dur, écrire une chanson. Je prends un an à écrire un spectacle de contes. Si je consacrais une année complète à écrire douze chansons, peut-être que j’y arriverais.»
Qu’importe d’ailleurs puisqu’il peut compter sur des frères de musique (David Portelance, Manu), de nouveaux complices (Martin Léon, Pierre-Roger Rochette) et des emprunts (Amène-toi chez nous, L’étoile du Nord, Je m’envolerai). Tout ça crée un nouveau monde qu’il a appelé Après à cause d’une thématique qu’il sentait récurrente sur l’album.
Et maintenant, des attentes? «Non, répond-il, convaincant. C’est une autre zone de moi que j’aime explorer mais la chanson, ce n’est pas mon cheval de course. Moi, ce sont les contes qui sont mon activité principale et pour ces spectacles, j’avoue que j’ai des attentes. La chanson, c’est pas fait dans une perspective de business. Tant mieux si ça marche, mais ça reste débonnaire et artisanal.»
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COMMENTAIRE
cet article du Nouvelliste me rappelle ces 2 chansons qui parlent de mon amour pour ma ville natale… La tuque
LA RUE GOUIN
29 janvier 2009 – 19 h 14 min
COUPLET 1
ou êtes-vous la gagne d’la rue Gouin
quand nos mères nous criaient par la fenêtre
de rentrer prendre nos bains
ou êtes-vous la gagne d’la rue Gouin
quand on tirait des roches aux Lessieurs
pour qu’y r’tournent dans leu coin
ou êtes-vous la gagne d’la rue Gouin
quand on rêvait nos rêves en cachette
avec Raynald Boutin
Raynald Booutin
j’ai entendu dire
que t’as pris ta r’traite du moulin
que t’es dans l’âge d’or
que tu voyages
que tu danses même des danses de lignea
à page
j’ai entendu dire
que ton enfance est en vacances
j’ai entendu dire
que ton enfance est en vacances
COUPLET 2
ma vieille maison
a brûlé sa rue Gouin
entre les Duchesneau les Tremblay
un trou dans mon passé
ma vieille maison
a brûlé s’a rue Gouin
ca s’peux-tu
que la gagne des Lessieurs
soye r’venue se r’venger
ma vieille maison
a brûlé s’a rue Gouin
c’est peut-être
l’allumette allumée du Grand André Gauthier
André Gauthier
j’ai entendu dire
que t’as pris ta r’traite d’la police
que tu voyages dans une belle cage
remplie de toutes sortes
d’artifices
j’ai entendu dire
que ton enfance est en vacances
j’ai entendu dire
que ton enfance est en vacances
COUPLET 3
Madame Boutin, Madame Tremblay
Madame Duchesneau Madame Gauthier
Madame Arpin Martin Madame Lebel
sont decedees
de mon enfance
reste pu qu’ma mère
encore vivante ben en santé
de la Tuque a Shawinigan
j’m’en va marcher
pour aller l’embrasser
—
Pierrot
vagabond céleste
Chansons de Pierrot
LA LÉGENDE DE GASTON LEBEL
29 janvier 2009 – 18 h 41 min
COUPLET 1
te rappelles-tu
quand sur la rue j’t’ai abordée
j’t’ai dit qu’un jour j’te marierai
en temps et lieu
que j’te r’verrai toi la plus belle
j’m’appelle Gaston Lebel
COUPLET 2
de la rue Gouin
on peut voir l’moulin a papier
ou nuit et jour j’ai travaillé
durant 5 ans
j’t’ai jamais donné d’mes nouvelles
en plein l’genre de Gaston Lebel
COUPLET 3
Dans ville d’La Tuque
y a une maison su l’bout d’une rue
je l’ai construite de mes mains nues
les fins de semaine
mes coups d’marteau c’etait pour la belle
la belle de Gaston Lebel
COUPLET 4
dur à croire
ca s’est passé comme dans les vues
un dimanche soir t’es apparue
su l’fond d’ma rue
tenant le bras d’ma soeur Estelle
salut Gaston Lebel
COUPLET 5
Cette histoire-là
c’est arrivé y a 50 ans
plus vrai que ca y a que le vent
dans tes cheveux blancs
qui brillent à soir sous les chandelles
même la mort
m’empêchera pas d’t’aimer la belle
signé Gaston Lebel
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Pierrot
vagabond céleste
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sur you tube
Michel le concierge et ses deux documentaires
«le pays œuvre d’art?» et «Philosophie?»