ENTREVUE DE FRED PELLERIN À MEDIUM LARGE À LA RADIO DE RADIO-CANADA MERCREDI LE 14 NOVEMBRE 2018 AVEC CATHERINE PERRIN

Fred Pellerin Photo : Radio-Canada / Olivier Lalande

« Ce n’est pas une carrière. Le disque que vous avez là, c’est les lundis matin et les mercredis matin de mon été. » Même si Après, qui paraît cette semaine, est son quatrième album, Fred Pellerin ne se considère toujours pas comme un musicien, mais plutôt comme un conteur qui fait de la chanson dans ses temps libres. Il s’entretient avec Catherine Perrin de l’effet de ses textes sur son public, ainsi que de la recherche de simplicité dont témoigne son nouvel opus.

« J’ai toujours chanté, dit Fred Pellerin. C’est là, mais ce n’est pas mon véhicule habituel, la chanson. Pour moi, il y a quelque chose du hobby là-dedans. Je peux chanter des fois. Quand je chante, c’est parce que j’ai le goût de chanter. On va en studio comme je pourrais jouer aux cartes avec Jeannot [Bournival, collaborateur]. Au lieu de jouer aux cartes, on fait des chansons. »

La longue route d’une chanson

Sur Après se trouve La chanson du camionneur, une pièce qui fait beaucoup réagir les camionneurs et leurs partenaires, et a notamment trouvé écho auprès de la veuve d’un homme mort dans un accident de la route, il y a quelques années. L’histoire fait maintenant l’objet d’un épisode de la série documentaire Faire œuvre utile, d’Émilie Perreault.

« Certains l’auront en mémoire : il y a quelque temps déjà, un camion rempli de fuel a brûlé pendant 20 heures sur la Métropolitaine. Un gars était pris dedans, il est mort là », raconte-t-il, précisant que l’homme et sa conjointe étaient des habitués de ses spectacles. « Moi, je ne les connais pas, je n’ai aucune idée de ça. Elle, un jour, dit : “Je vais visiter Saint-Élie-de-Caxton.” […] Au moment où le camion brûle, elle est à Saint-Élie-de-Caxton. Elle ne peut pas le savoir, parce que les cellulaires ne pognent pas à Saint-Élie-de-Caxton. Après sa journée, elle reprend son auto. Tout à coup, elle reprend du réseau en remontant vers Yamachiche, et là, tout déboule. »

Fred Pellerin poursuit : « Ça fait que, elle, dans sa mémoire, il y a son homme dans le feu et il y a sa journée à Saint-Élie. […] Elle a vécu son deuil avec tout le regard public et à un moment donné, dans son cheminement, elle dit : “Je vais aller désamorcer ça”, et elle choisit de revenir voir un spectacle de Fred toute seule. Moi, je ne sais pas qu’elle est là, je ne la connais toujours pas. Ce soir-là, je casse Le camionneur en rappel. Dans la chanson, [le personnage] appelle sa femme “ma reine”. Son mari [à elle] l’appelait “ma reine”. Tout fitte… comme dans la toune! »

Des contenants pour les gens

« J’ai souvent l’impression que ce qu’on crée dépasse ce qu’on a mis dedans, note l’artiste. Ce qu’on crée n’est en fait que des contenants, et les gens y mettent des choses. Des fois, les gens mettent un gâteau 27 portions dans un petit plat Ziploc qu’on pensait [être] pour une portion. […] On reçoit ces témoignages et on est dépassé. »

« La chanson, c’est proche », souligne Fred Pellerin au sujet des différences entre la chanson et le conte. « Quand je conte, je parle fort, on rit, je dis trop de mots, j’essaie des images pour voir si ça va marcher. C’est sûr que ce ne sont pas les mêmes affaires qu’on peut mettre dans l’un et dans l’autre. »

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COMMENTAIRE…

Quel tsunami quand même….Je me rappelle la nuit avant que je rencontre Pierre, le chum d’Annick au restaurant xhez Annick au lac à Beauce…

J’avais dormi dans un tout petit cabanon au centre Félix Leclerc à Latuque, tremblant de frois toute la nuit…le band, à peine plus long que moi faisait à peine la largeur de mon corps… J’avais faim… mais le feu de mon rêve brûlait d’une question posée à l’univers:

Si je prends soin de l’univers? Est-ce que l’univers va prendre soin de moi?

Chapeau, bâton, sac à dos et guitare…. les camions me frôlaient sur le bord de la route… J’aurais pu me faire harponner n’importe quand…

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TI CORPS

9 février 2009 – 22 h 33 min

COUPLET 1

sur la seule route
le long du St-Maurice

y a un homme extraordinaire
qui vit entre La Tuque et l’lac à beauce
qui a l’air l’hiver d’un tuyau d’poêle
si j’ose

j’ai le goût d’te le chanter
de te le présenter à toé
mon nobody, mon monsieur chose

REFRAIN

s’appelle Ti-corps
s’appelle Ti-corps

sur sa pancarte noir et blanc
il y a d’écrit
ici la maison
du passant

s’appelle Ti-corps
s’appelle Ti-corps

la nuit le jour son poele a bois
est allume la-bas y a toujours
du cafe

s’appelle Ti-corps
s’appelle Ti-corps

le beau sourire du tuyau d’poêle
pour toé pis moé
ou d’autres que toé pis moé
si j’ose

mon nobody, mon monsieur chose

COUPLET 2

sur la seule route
le long du St-Maurice

le 22 décembre 2007
6 heures du soir
j’ai faim j’ai chaud j’ai frette
j’vois la maison du tuyau d’poêle
si j’ose
ah oui que j’ose

j’ai ben besoin d’aller m’changer
j’entre y a personne, juste moé
un nobody un très vieux
monsieur chose

COUPLET 3

sur la seule route
le long du st-maurice

9 heures du soir change r’pose
chu déjà prêt j’écris un mot
au tuyau d’poêle pour le r’mercier
si j’ose, a oui que j’ose

oh sois béni de tous les pauvres
de tous les vagabonds comme moé

des nobodys
oui de tres vieux, oh de tres vieux
monsieur chose

Pierrot
vagabond céleste