L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE AU 21EME SIÈCLE… SERA INCONTOURNABLE: «NOUS AVONS FAIM, NOUS SOMMES DES ÊTRES HUMAINS COMME VOUS, NOUS AVONS LE DROIT DE VIVRE DANS LA DIGNITÉ, LAISSEZ-NOUS ENTRER OU FAITES QUELQUE CHOSE POUR QUE ÇA CHANGE DANS NOTRE PAYS»….. À QUAND LA FIN DES CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ COMMIS PAR LES MONARCHIES NUCLÉAIRES ET LEURS ÉTATS FÉODAUX?

Des migrants à un mur du rêve américain

Publié aujourd’hui à 4 h 23
Mis à jour à 8 h 11

Des migrants sont assis sur un parapet qui surplombe le mur séparant le Mexique des États-Unis.Des migrants observent le mur qui sépare Tijuana, au Mexique, de San Diego, aux États-Unis. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle

Des centaines de migrants de la caravane qui a quitté l’Amérique centrale il y a un mois avec l’objectif d’entrer aux États-Unis sont arrivés à la ville frontalière de Tijuana au Mexique. Plusieurs milliers d’autres devraient arriver incessamment. Les migrants se sont promis de s’attendre et de traverser tous ensemble, légalement.

Un texte d’Émilie Dubreuil

Le soleil se couche sur l’immense plage de Tijuana. C’est l’heure de l’apéro et des camarones, ces crevettes grillées que les gens d’ici mangent en prenant une bière dans les petits restaurants de la rue qui borde la plage.

Des clients dans un bar, qui donne sur une plage à Tijuana au Mexique. Des clients dans un bar, qui donne sur une plage à Tijuana au Mexique. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle
Dans ce décor balnéaire, les quelques centaines de migrants qui sont arrivés mardi et mercredi dans la caravane de tête, 800 ou 900 personnes, impressionnent la population locale. On vient les prendre en photo, eux et leurs familles, leurs petits abris de fortune. L’image est saisissante : les migrants se sont installés, littéralement, au pied du mur qui sépare Tijuana de San Diego, aux États-Unis.

Beaucoup demeurent immobiles, pensifs, le regard perdu vers l’autre côté. Ils se glissent la tête entre les immenses barreaux de cette clôture coiffée de barbelés, au-delà duquel se trouve leur rêve d’une vie meilleure.

Plusieurs ont les nerfs à vif. Ils sont enfin ici, mais, justement, la réalité les dévisage. Un jeune homme, d’une vingtaine d’années, escalade le mur, se perche dessus et crie son désespoir aux agents frontaliers américains.

Des soldats américains surveillent la plage à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Des soldats surveillent le côté américain du mur séparant San Diego et Tijuana, au Mexique. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle
« Nous avons faim. Nous sommes des êtres humains comme vous, nous avons le droit de vivre dans la dignité. Laissez-nous entrer ou faites quelque chose pour que ça change dans notre pays », crie-t-il aux agents imperturbables.

Sur la plage, les photographes de la presse locale et les citoyens venus voir de leurs yeux les migrants retiennent leur souffle. Parmi la foule, nous reconnaissons des migrants croisés sur la route, dont Candy, 25 ans, du Guatemala. Elle a très peur en regardant le jeune homme perché sur le mur, aussi vulnérable qu’exalté.

Une femme debout devant la clôture qui sépare le Mexique des États-Unis. Une femme debout devant la clôture qui sépare le Mexique des États-Unis. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle
« Il ne faut pas qu’il fasse cela. Les autorités américaines doivent avoir une bonne opinion de nous », dit-elle comme une enfant qui craint que l’enseignante ne punisse toute la classe parce qu’un seul élève a fait une bêtise.

Avec ses deux enfants de 3 et 5 ans, Walter Castro, du Honduras, se tient bien en retrait de cette scène qu’il désapprouve. « Dieu va nous dire quand traverser. Nous respectons le gouvernement des États-Unis et les gardes frontaliers. Nous allons tous nous attendre et nous allons traverser, tous ensemble. Nous serons des milliers à nous installer, au passage frontalier, en file indienne. »

Walter ajoute en regardant le ciel, puis le mur tout juste derrière lui : « Trump doit ouvrir son coeur. Dieu va lui expliquer que nous avons faim, que notre gouvernement est corrompu, que des criminels contrôlent notre pays et que nous sommes en danger de mort. Dieu va lui expliquer! »

Les migrants au coeur d’une ville damnée

On dénombre pas moins de 2000 meurtres jusqu’à maintenant cette année à Tijuana. Une année record. On parle d’une ville dont la population est de 1,7 million de personnes, un nombre d’habitants qui se compare à celui de la Ville de Montréal. À titre comparatif, 27 homicides ont été commis depuis le début de l’année dans la métropole québécoise.

Tijuana est une ville violente, théâtre d’une guerre sans merci entre trois cartels. Ceux du Sinaloa, Arellano Félix et Jalisco Nueva. Ville de tous les vices. Prostitution et drogue. Beaucoup de drogue. Dure. Les ravages de la dépendance se voient à tous les coins de rue de la zone nord de la ville, la « légende noire », comme on l’appelle ici. Visages décimés, regards absents. Ce sont les abonnés du « crystal meth », une drogue de synthèse hautement « addictive ».

Un résident de Tijuana avec une petite fille et un chien.Un résident de Tijuana, qui refuse d’être nommé, mais qui soutient que le « crystal meth » détruit la jeunesse. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle
« Le crystal décime notre jeunesse », nous explique un habitant du quartier qui ne veut pas dévoiler son nom de famille alors qu’il se promène avec sa petite fille et son chien. Il est bientôt rejoint par Raoul Perez, qui a été champion du monde de boxe en 1988. Il entraîne aujourd’hui les jeunes du quartier de la zone « rouge », le red light.

L’entraîneur de boxe Raoul Perez discute avec quelqu’un dans les rues de Tijuana. Raoul Perez est entraîneur de boxe à Tijuana. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle
Si nous les rencontrons, tous les deux, c’est que la ville de Tijuana est en train d’établir un camp de réfugiés pour héberger les migrants dans un stade de ce quartier difficile.

L’entraînement des jeunes boxeurs est annulé. Perez est frustré. « Quelle idée stupide de venir installer des jeunes vulnérables dans ce quartier-ci. Moi, je suis né ici, tout le monde me connaît, ce n’est pas dangereux, mais pour quelqu’un qui ne connaît pas les environs, c’est très difficile », explique l’homme dans la cinquantaine.

Deux femmes parlent devant un portail d’un stade de Tijuana. On ne sait pas combien de personnes peuvent être hébergées dans ce stade. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle
Vers une crise?

Nous ne savons pas combien de personnes peuvent être hébergées dans ce stade. La ville de Tijuana a refusé nos demandes d’entrevues et les gens qui gèrent l’organisation du camp n’ont pas voulu nous laisser entrer. Sont-ils prêts? Rien n’est moins certain.

Personne n’a conduit les migrants de la plage vers cet « abri » et nous savons qu’environ 5000 personnes doivent arriver au cours des prochaines heures. Et puis il y a un autre groupe qui suit, qu’on estime être constitué de 2000 personnes.

Pour se débarrasser du problème, les autorités des États par lesquels sont passés les migrants les ont forcés à accélérer le rythme de leur route. Mercredi matin, à 6 h, des autobus attendaient la caravane principale et les migrants ont été amenés dans l’État du Sonora. À 14 h, on les a mis dans d’autres autobus pour faire le trajet de 1195 kilomètres pour les amener de Navojoa, dans le centre de l’État, jusqu’à Tijuana.

Des migrants à Tijuana au Mexique à la frontière américaine Des migrants à Tijuana, qui ne connaissent pas le sort qui leur sera réservé dans les prochains jours. Photo : Radio-Canada/Frederic Lacelle
Que vont-ils faire? Attendre que Dieu leur fasse signe? Et que feront les États-Unis? Comment la ville de Tijuana va-t-elle gérer la situation? Personne ne le sait encore.

Du Honduras au Mexique et jusqu’aux États-Unis, nos envoyés spéciaux témoignent cette semaine du périple de la caravane de migrants

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