Une entreprise libérée, sans patron ni hiérarchie : la recette du succès
Grâce à un système de gouvernance basé sur l’autonomie des salariés, l’intelligence collective et la culture du bonheur, l’entreprise saguenéenne Dévicom gère l’abondance. Les travailleurs des technologies de l’information (TI) se bousculent aux portes pour obtenir un poste et le chiffre d’affaires explose.
Un texte de Priscilla Plamondon Lalancette
En 2016, Dévicom s’apprêtait à frapper un mur, après 27 ans d’existence. Sa propriétaire a alors opté pour un changement radical : l’holocratie. France Lavoie a révolutionné le mode d’organisation en abolissant les postes de direction. Plusieurs cadres ont quitté l’entreprise, frustrés de cette perte de pouvoir.
«J’ai pris le modèle hiérarchique et j’ai fait un gros X dessus.»
—France Lavoie, propriétaire et directrice générale, Dévicom
« Progressivement, un système horizontal a été mis en place pour permettre aux employés d’exploiter leur plein potentiel. Un patron rigide qui leur dit quoi faire, ils n’en ont rien à foutre. Ils sont tous plus compétents que moi […] On partage le pouvoir à tout le monde et les profits qu’il va y avoir vont aussi être partagés », explique-t-elle.
France Lavoie assise à un bureau France Lavoie signe les chèques des employés. Photo : Radio-Canada/Priscilla Plamondon Lalancette
Chez Dévicom, bien qu’il y ait une directrice générale qui signe les chèques, il n’y a pas de chef. Les employés prennent les décisions en équipe qu’ils appellent des cercles.
En délaissant une organisation classique, l’entreprise libérée et autogouvernée est devenue ultraperformante. Selon les prévisions, le chiffre d’affaires fera un bond de 75 % cette année pour dépasser les 5 millions de dollars.
«Les employés sont conscients qu’on vise l’excellence. Je leur ai redonné les clés de l’organisation.»
—France Lavoie, propriétaire et directrice générale, Dévicom
Alors que la pénurie de main-d’oeuvre est criante et que les firmes de TI s’arrachent les travailleurs, les piles de curriculum vitae s’accumulent chez Dévicom.
Elle a recruté 50 employés issus de huit nationalités différentes depuis 2 ans et pense atteindre 150 salariés d’ici la fin de 2019.
D’holocratie à harmocratie
Dévicom entre maintenant dans l’ère du management 4.0 en prenant le virage de l’harmocratie, une philosophie adaptée à la génération du millénaire.
« On s’en va vers une harmonie totale. Il faut accepter de travailler sur soi dans une entreprise comme ça parce que celui qui a l’ego, qui est la star… il n’y a plus de star. On est stars ensemble. Tous ensemble. On travaille vers l’unité », explique France Lavoie.
L’holocratie mise davantage sur les individus que sur la collectivité, selon France Lavoie, qui voulait sortir du travail en vase clos. L’harmocratie lui permet de développer une organisation organo-intuitive et de combiner les forces de chacun.
Le rôle de France Lavoie est maintenant celui d’une médiatrice qui dénoue les tensions et qui facilite le partage de connaissances, le développement de la créativité, la cohésion et l’expérimentation.
L’holocratie et l’harmocratie nécessitent tout de même un changement de paradigme.
« L’être humain et les animaux sur la planète ont toujours eu le mode de fonctionnement où il y avait quelqu’un qui leadait ou qui dirigeait naturellement. Donc, quand on arrive dans une atmosphère où ce n’est plus ce mode-là, c’est une adaptation, je pense même probablement une évolution », témoigne David Dal Carobbo, administrateur système chez Dévicom depuis quatre mois.
David Dal Carobbo David Dal Carobbo travaille chez Dévicom depuis quatre mois. Photo : Radio-Canada/Priscilla Plamondon Lalancette
Le plaisir avant tout
Le bonheur fait partie de l’ADN de Dévicom, qui reconnaît que les employés passent plus de temps au travail que dans leur famille.
Des aires de détente incluant un gymnase, des consoles de jeux vidéo et une cuisine complète ont été aménagées dans les bureaux de l’entreprise.
Arthur, le chien dalmatien de la propriétaire, cohabite aussi avec les salariés et s’occupe d’accueillir les visiteurs.
Un chien avec un bâton dans la gueule. Le chien Arthur passe beaucoup de temps dans les locaux de Dévicom, où il sème la joie autour de lui. Photo : Radio-Canada/Priscilla Plamondon Lalancette
Les employés sont autonomes et maîtres de leur horaire, peu importe qu’ils préfèrent travailler de jour ou de soir. Les congés sont presque illimités, pourvu que les travailleurs remplissent les commandes des clients et continuent d’innover.
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