Ca fait tellement d’années maintenant que la chanson du camionneur m’a servi de moment d’éternité entre deux périls existentiels sur la route du vagabondage…
Le moment le plus surréel, si je me souviens bien, ce fut au retour de l’armée du salut à Toronto… Je dormais à Montréal sur le plateau en arrière de l’église… Un lundi soir, sale, une babe impossible, mon baton de pelerin, mon sac a dos et ma guitare, j’entre au quai des brumes…
Un jeune homme d’a peine 16 ans, vedette du jazz à Montréal fêtait son anniversaire de naissance avec des amis… Je suis allé au micro et lui ai dis: regarde-moi… je n’ai jamais triché avec ma vie d’artiste… je n’ai jamais bu, ni fumé, ni drogué… toi tu commences la tienne… j’aimerais t’offrir une de mes chansons pour que tu prennes soin de ton rêve… pour que tu te rappelles qu’un jour un vieux Monsieur est passé sur ta route d’artiste… un wonderful looser… comme il y en a tant parmi les errants poétiques de l’infini fruiteux.
Et j’ai chanté la chanson du camionneur… Ce fut la stupéfaction générale… Alors qu’immédiatement je sortis pour me trouver un trou ou dormir… quelques personnes humaines se mirent à courir après moi pour me faire des propositions… l’une voulait me faire faire un c.d… l’autre voulait m’accompagner… l’autre voulait que j’écoute son c.d…. enfin… la horde des errants axiologiques au fin fond c’une histoire à dormir debout.
Le quai des brumes… ce soir-là… devint mon armée du salut personnelle… j’avais osé déposer les pieds de la poésie dans la mer boueuse de la réalité… et je revins aux étoiles de mes rêves plus sale que d’habitude…
Il faut se faire si petit que même les étoiles en redemandent de la beauté du monde
à suivre…
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