L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE COMME REMÈDE DU CANCER QUE CONSTITUE LE DROIT INTERNATIONAL ENGLUÉ DANS DES RAPPORTS ÉTATIQUES EN MODE D’ÉTATS DE NATURE.

Histoire de la philosophie politique
Leo Strauss et Joseph Cropsey
Francis Bacon
P.402
extrait

« C’est comme si Bacon avait dit à Machiavel que les choses pour lesquelles les hommes sont les plus reconnaissants ne sont pas les fêtes en l’honneur des héros ni même les actions des fondateurs de républiques. Les choses qui ont rendu les hommes reconnaissants sont celles qui ont le plus « SOULAGÉ LA CONDITION DE L’HOMME» (une phrase baconique), c’est-à-dire les INVENTIONS.

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Notre équipe de recherche (Auld-Woodard-Rochette) travaillons maintenant depuis tellement d’années sur une invention, soit celle de LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE. Nous sommes convaincus que cette invention rendra un tel service à l’humanité une fois mise en application par un consortium de fondations que cela méritera à notre équipe multi-contextuelle… LE PRIX NOBEL DE LA PAIX.

La fin de l’état de nature des états dans leur criminalité internationale contre l’humanité même des personnes nano-humaines passera par la nano-citoyenneté-planétaire au 21eme siècle.

En ce sens
LA BOMBE ATOMIQUE DE L’AVENIR SERA D’ABORD CHAQUE CATASTROPHE ÉCOLOGIQUE QUI FERA DE LA MENACE DE L’EXTINCTION DE L’HUMANITÉ LE CIMENT MÊME DU MOT ENNEMI…..PERMETTANT INCONTOURNABLEMENT LA NAISSANCE DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE COMME MAÎTRE D’OEUVRE DU 21EME SIÈCLE.

Libérer les personnes humaines en les éclairant sur leurs nano-droits. L’objectif de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) suit les traces de cette grande assertion du philosophe Emmanuel Kant qui se lit comme ceci:

« Je suis moi-même par inclination un chercheur, J’éprouve dans sa plénitude la soif de la connaissance et la passion dévorante d’y avancer, ainsi que la satisfaction procurée par chaque acquisition dans ce domaine. Il fut un temps où je croyais que cela seul pouvait constituer l’honneur de l’humanité et JE MÉPRISAIS LA POPULACE QUI NE SAIT RIEN. Rousseau m’a remis dans le droit chemin. Cette préférence trompeuse disparaît, j’apprends à RESPECTER LES HOMMES et je me trouverais plus inutile que le travailleur ordinaire si je ne croyais que cette considération peut donner une valeur à toutes les autres POUR ÉTABLIR LES DROITS DE L’HUMANITÉ». (notes autour de l’observations sur le sentiment du beau et du sublime, akademie Ausgabe, vol.20 p.44, Traduction française R. Kempf. Vrin 1954).

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PLAN EN TROIS ANS POUR INVENTER LA NANOCITOYENNETÉ PLANÉTAIRE SUR TERRE

PLAN DU DOCTORAT DE L’ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE)

QU’EST-CE QUE LA NANODEMOCRATIE CITOYENNE PLANÉTAIRE OEUVRE D’ART?

Une nano-démocratie instaurant, PAR TIRAGE AU SORT, une assemblée constituante de 125 vies personnelles œuvre d’art pourrait-elle constituer le prélude au surgissement du premier pays œuvre d’art sur la planète terre?

pré-essai d’une MODELISATION THÉORIQUE

A) Imaginons un site web genre Google map où sont identifiés toutes les villes et tous les villages de la planète, sans exception.

B) Imaginons que quatre questions y sont posées dans toutes les langues, au désir de chaque vie personnelle œuvre d’art.

a) Quel est ton rêve?
b) dans combien de jours
c) qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve?
d) En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?

C) Imaginons que dans chaque ville et dans chaque village de la planète, une invitation est lancée à toute vie personnelle œuvre d’art intéressée à ces quatre questions pour que se constitue une assemblée constituante mondiale à réfléchir sur la conséquence des quatre questions sur l’éco-système du mieux vivre ensemble,…. soit UNE CINQUIÈME QUESTION qui se définirait de la façon suivante….

D) En quoi NOS RÊVES prennent-ils soin de la beauté du monde?

E) Imaginons que qu’importe le nombre de vies personnelles œuvre d’art qui s’inscrivent dans chaque ville ou chaque village, UN PREMIER TIRAGE AU SORT SÉLECTIONNE UNE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART PAR VILLE ET UNE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART PAR VILLAGE.

F) Imaginons que sur toutes ces villes et villages de la planète entière qui sont maintenant représentés par une vie personnelle œuvre d’art, UN DEUXIÈME TIRAGE AU SORT SÉLECTIONNE 125 de ces vies personnelles œuvre d’art…. en vue d’une RENCONTRE PLANÉTAIRE.

G) Imaginons que ces 125 vies personnelles œuvre d’art se réunissent à tous les quatre ans pour LES OLYMPIQUES DE LA JUSTICE COMME ÉQUITÉ SUR TERRE, en assemblée constituante et cela en direct sur internet accessible à la planète entière.

H) Imaginons que….. la question….EN QUOI NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? devienne soudainement, selon notre hypothèse forte, l’actualisation pragmatique du voile de l’ignorance de John Rawls.

I) Imaginons qu’une fois l’assemblée constituante des 125 vies personnelles œuvre d’art terminée, un premier vote soit pris par chaque vie personnelle œuvre d’art sélectionné comme représentant chacune des villes et chacun des villages…. SUR UNE QUESTION DE FOND touchent à la justice comme équité comme paramètre de la beauté du monde.

J) Imaginons qu’une fois LE PREMIER VOTE TENU, UN DEUXIÈME VOTE soit tenu par chaque conseil municipal de chaque ville et chaque village auprès de la population entière… et cela partout sur la planète terre.

EN CONSEQUENCE DE QUOI

K- Il n’est pas difficile d’imaginer que l’émergence d’une conscience citoyenne planétaire autour de la question EN QUOI NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?… puisse instaurer une pression éthique nano-démocratique invitant chaque état à cheminer vers une gouvernance qui respecte la modélisation planétaire d’une théorie de la justice et de l’équité au point d’en faire
un jour DES PAYS OEUVRE D’ARTS DIGNES DE LEUR CITOYENS VIES PERSONNELLES OEUVRE D’ART.

L- La priorisation des errants fantomatiques accompagnant l’éthisation des errants axiologiques, pour mieux faire de chaque humain un errant poétique face à son rêve personnel, la liberté reliée aux 5 questions de la vie personnelle œuvre d’art deviendrait enfin accessible à chaque personne humaine, tel un droit inaliénable inscrit en annexe à charte des droits de l’homme à l’ONU.

M– objectif:
nouvelle conscience éthique-esthétique
planétaire en vue de la réforme des états
pays œuvre d’art par la masse critique
nano-numérique des vies personnelles œuvre
d’art, éco-philanthropes de l’espace-monde.

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7- CONCLUSION (OUVERTE FINALE)…15 PAGES

L’implantation planétaire de la nano-démocratie pourrait être la condition éco-philanthropique nécessaire à l’émergence d’un premier pays œuvre d’art sur la planète terre, rêve universel potentiel d’une masse critique-citoyenne-numérique de vies personnelles œuvre d’art sous l’inspiration d’une cinquième question dont l’énoncé serait le suivant:

– retour sur les quatre questions
menant à la cinquième question
éco-philanthrope de l’espace-monde:
-COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?

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SUJET DU DOCTORAT…. LA NANOCITOYENNETÉ PLANÉTAIRE

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DOCTORAT

SUJET
la nanocitoyenneté planétaire

QUESTION
Comment fonder la priorité juridique
du droit nanocitoyen planétaire
sur le droit juridique existant
des états?

OBJET CONTEXTUEL

La nanocitoyenneté planétaire n’aurait pu être possible avant la mondialisation virale de l’usage quotidien du téléphone intelligent. En conséquence de quoi, Il devient donc possible que l’histoire du 21eme siècle puisse s’écrire par le biais d’une masse critique INOUIE de personnes humaines se percevant d’abord et avant tout comme DES NANOCITOYENS PLANÉTAIRES réclamant une reconfiguration juridique majeure accordant désormais une priorité non négociable aux droits de l’humanité sur le droit des états.

Mais comment conceptualiser un nanocitoyen planétaire?

Notre méthodologie de recherche se concentrera sur le cadre théorique de la genèse d’une vie humaine… soit celle de Michel Woodard, 66 ans, tout en identifiant les différentes stratifications de son cerveau l’ayant conduit de Michel Woodard à Michel chansonnier du Vieux Montréal, à Michel le concierge à Michel W concierge du pays œuvre d’art ier nanocitoyen planétaire, le tout documenté sur film et sur blogue, dans un contexte des grandes avances d’une conscience planétaire et de ses enjeux.

Puis l’équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) suggérera un passage conceptuel pragmatique entre LA VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART, la nanocitoyenneté planétaire œuvre d’art et le pays œuvre d’art afin de proposer un laboratoire concret de mise en application d’une nanocitoyenneté planétaire par une chaire recherche universitaire.

L’objectif étant de proposer un dialogue performatif (Austin, Habermas) entre le droit juridique nanocitoyen planétaire construisant des mécanismes éthiques-juridiques permettant la priorité des droits de l’humanité sur le droit des états.
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LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE NAÎTRA DES CATASTROPHES ENVIRONNEMENTALES QUI FONT BASCULER DES MILLIONS D’ERRANTS AXIOLOGIQUES EN COLÈRE DANS LE CAMP DES MILLIARDS D’ERRANTS FANTÔMATIQUES

CHRISTIAN RIOUX DU DEVOIR EST DANS L’ERREUR ÉPISTÉMOLOGIQUE COMME LA PLUPART DES COMMENTATEURS SUR TERRE EN CE MOMENT.
LA DIFFÉRENCE ENTRE LES MIGRANTS ET LES MIGRANTS ÉCONOMIQUES DEVIENDRA INOPÉRATOIRE AU 21EME SIÈCLE, TOUS LES COMME LES ÉTATS ET LOEURS FRONTIÈRES D’AILLEURS.

seule une nano-citoyenneté planétaire permettra de nouvelles règles de jeu pour LA SIMPLE SURVIE PLANÉTAIRE DE  la nouvelle multitude nano-planétaire issue du téléphone intelligent.
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De l’utilité des frontières

Christian Rioux
8 septembre 2017 |Christian Rioux | Actualités internationales | Chroniques

« C’est un devoir d’accueillir les personnes qui sont persécutées dans leur pays d’origine : c’est ce qu’on appelle l’asile. Mais on sait très bien aussi que l’asile est parfois détourné par des migrants économiques. »

Voilà ce qu’expliquait la semaine dernière Alain Juppé en marge d’un entretien avec le premier ministre Philippe Couillard, à Québec. Alain Juppé a précisé qu’il n’entendait évidemment donner de leçon à personne… Mais chacun aura compris que l’ancien premier ministre français tenait à rappeler une vérité élémentaire qui, faute d’être bien comprise, est en train de semer le désarroi dans les populations.

Le Québec n’est pas le seul pays à être confronté aux réalités difficiles des migrations modernes. À cause de leur position géographique et de la négligence de l’Union européenne à protéger ses frontières, les pays européens se sont récemment retrouvés en première ligne. Or, si ces pays ont des devoirs essentiels à l’égard de ceux dont la vie est menacée, il importe de rappeler qu’il n’en va pas de même à l’égard des migrants économiques.

À Londres au printemps, j’ai eu la chance d’en parler avec l’auteur d’un livre éclairant sur le sujet (Stranger in Our Midst : The Political Philosophy of Immigration, Harvard University Press). « Le débat sur l’immigration produit beaucoup de frictions mais peu de lumières », me disait David Miller. Baignant dans un milieu universitaire où la défense des frontières est aussitôt soupçonnée de racisme et de xénophobie, ce professeur d’Oxford a voulu démystifier certains points de vue largement répandus.

« La question des réfugiés est souvent traitée de manière très moraliste, dit-il. Mais on ne peut perdre de vue l’impact très sérieux que l’immigration peut avoir sur nos sociétés et nos démocraties. » Selon Miller, si nous avons des devoirs à l’égard de ceux dont la vie est en danger, chaque société reste libre de se déterminer comme elle l’entend à l’égard des migrants économiques.

« Nous avons des devoirs à l’égard des étrangers, mais ils sont limités aux situations extrêmes, dit-il. L’État est d’abord là pour défendre les intérêts de ses citoyens. Je suis contre l’idée cosmopolite d’un traitement égal entre nationaux et étrangers parce que tous les humains devraient être égaux. C’est une demande qui dépasse ce que nos peuples sont prêts à faire. Il est normal de favoriser ses nationaux et ses proches — comme sa famille, d’ailleurs — et on ne peut s’attendre au même degré de solidarité avec des étrangers. »

Cette distinction est en effet la seule façon de garantir la paix sociale et de sortir du débat abscons qui oppose la fermeture totale des frontières à leur disparition pure et simple.

C’est pour avoir entretenu la confusion que la chancelière Angela Merkel a subi une baisse drastique de sa popularité en 2016 après avoir laissé entrer plus d’un million de migrants en Allemagne. Si cette fille de pasteur s’en était tenue à un discours plus réaliste, sans rien renier du devoir d’accueil des réfugiés, nul doute que le parti d’extrême droite AFD et le mouvement anti-immigration Pegida n’auraient pas connu une telle ampleur. D’ailleurs, la chancelière est aujourd’hui revenue à un discours plus pragmatique et promet l’expulsion des centaines de milliers de migrants économiques qui ne répondent pas aux critères du statut de réfugiés.

Justin Trudeau a récemment commis la même erreur — mais par populisme dans son cas — avant de revenir lui aussi à la raison. S’agissant des migrants économiques, selon leurs conditions respectives, les peuples ont le droit de choisir librement de les accueillir ou pas sans devoir subir les noms d’oiseaux qu’on leur adresse généralement, dit Miller.

« Le discours politique contemporain traite souvent de raciste celui qui veut simplement contrôler l’immigration. Il faut distinguer entre le racisme ou la xénophobie et le désir naturel des peuples de préserver leur communauté pour l’avantage mutuel de leurs membres. Traiter ces gens de racistes ne fait qu’aggraver le débat. »

À la fin des années 1980, alors que l’immigration était de moins en moins bien acceptée, le Parlement britannique avait décidé de réduire considérablement l’immigration, rappelle un autre auteur britannique, David Goodhart. La sagesse du Parlement avait alors permis d’éviter une crise. C’est ce qu’il aurait fallu faire pour éviter le Brexit, dit-il. Mais, avec le traité de Maastricht, les États nationaux ont perdu tout pouvoir sur l’immigration intra-européenne. Si au lieu de s’en tenir au dogme de la « libre circulation », Bruxelles avait fait quelques concessions à Londres, on aurait facilement pu éviter le Brexit, croit-il.

Rappelons, comme le souligne David Miller, que la citoyenneté et l’État social sont incompatibles avec la disparition des frontières. À moins qu’on veuille le liquider, l’État providence exige une définition claire de la citoyenneté. Il demande aussi que les citoyens partagent suffisamment de choses en commun pour accepter de se soutenir mutuellement. D’où l’ironie de voir une certaine gauche prêcher cet idéal messianique alors qu’une société sans frontières serait inévitablement une société sans solidarité.

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KARIM AKOUCHE A RAISON LA GUERRE DES PHILOSOPHIES PRÉCÈDE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE QUI NAÎTRA AU 21EME SIÈCLE SOUS L’INOUI CHAOS DES CATASTROPHES ENVIRONNEMENTALES, FAISANT BASCULER LES DROITS LAICS ET MULTICULTURELS AUX SIMPLES DROITS NANO-PLANÉTAIRES HUMAINS DE SURVIVRE SOUS DES NOUVELLES RÈGLES DE JEU DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE.

Libre opinion
Laïcité et multiculturalisme, la guerre des philosophies

8 septembre 2017 | Karim Akouche – Auteur de «La religion de ma mère» (éditions : Michel Brûlé, Frantz Fanon et Écriture) | Éthique et religion

«Derrière le choc manifeste entre l’Occident et l’islamisme, entre la raison et l’obscurantisme, se cache une guerre des philosophies», rapporte l’auteur.

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
«Derrière le choc manifeste entre l’Occident et l’islamisme, entre la raison et l’obscurantisme, se cache une guerre des philosophies», rapporte l’auteur.

Il est des conflits dont on ne parle pas assez, parce que moins bruyants ou trop abstraits. Ils ne se voient pas, car ils se passent essentiellement sur le terrain des idées, derrière le rideau politique, dans les livres et les universités, dans le silence des nuits de l’histoire. La guerre des philosophies en est un. L’affrontement au XVIIIe siècle entre L’esprit des lois de Montesquieu et le Volksgeist (l’esprit ou le génie du peuple) de Herder est toujours en vigueur. Il en découle deux visions antinomiques qui continuent à se disputer avec passion la grande agora du monde.

L’Occident ne forme pas un bloc civilisationnel homogène. Les Anglo-Saxons ne font pas la même lecture du monde que les Français. Le multiculturalisme défendu par les premiers est rejeté par une grande partie des seconds. La Grande-Bretagne n’est pas une république, sa constitution n’est pas figée. La notion de citoyen n’est pas perçue de la même façon en France qu’en Allemagne. La première prône l’intégration (parfois même l’assimilation), la seconde laisse ses immigrés choisir librement leur mode de vie, en fonction de leurs origines, de leurs croyances et de leur désir. Le pays de Voltaire combat le communautarisme, celui de Goethe le favorise. Les Canadiens forment une mosaïque de communautés, contrairement à l’Hexagone, où la majorité de la classe politique défend la notion de peuple « un et indivisible ».

Les racines de la crise

Les racines de la crise que connaît ces derniers temps la laïcité viennent en partie de là. J’ai eu l’occasion de les déceler au Québec lorsque, en 2014, nous avons défendu, avec des amis, les idéaux des Lumières. C’était naturel chez moi : le mal, le bien, l’amour et la haine sont universels ; les lois, les devoirs et les droits en sont l’émanation. Quelle fut ma stupéfaction de découvrir, lors de cet interminable débat tumultueux, des intellectuels du camp adverse défendant, au nom de la liberté individuelle, le voile intégral (et même le niqab), et de hauts responsables politiques excuser l’intégrisme religieux en le qualifiant de choix personnel. Dans la foulée, au milieu de la confusion et des invectives, des adjectifs sont tombés en rafale sur la laïcité : on la veut tantôt multiculturelle, tantôt positive, inclusive, ouverte ou fermée. Elle a été salie par les uns et pervertie par les autres. Deux familles d’idéologues ont participé à cette campagne de dénigrement : les identitaristes, qui l’ont brandie comme bouclier contre les étrangers et les musulmans, et les « inclusifs », qui l’ont offerte sur un plateau, comme une tête de veau, aux islamistes.

J’ai repéré aussi dans ce brouhaha, cachée en filigrane, la connivence entre les islamistes et les autres détracteurs de la laïcité. Les deux partagent un même sentiment : la détestation de la France, de son modèle républicain et de ses philosophes.

En somme, derrière le choc manifeste entre l’Occident et l’islamisme, entre la raison et l’obscurantisme, se cache une guerre des philosophies. Le romantisme allemand, qui a accouché du différentialisme, prôné par les Anglo-Saxons, est en passe de détrôner les idéaux des Lumières.

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Michel le concierge

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Michel W. philosophe-cinéaste-concierge du pays œuvre d’art
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LE CONCIERGE DE CHAQUE GRAND PENSEUR DE L’HISTOIRE…. NOUVELLE EXPÉRIENCE PHILOSOPHIQUE LE MATIN À LA CAMÉRA POUR MICHEL ET MOI

Je suis en train de relire «L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE» de Léo Strauss et Joseph Cropsey. En me levant ce matin, j’ai vu que Michel venait de réinstaller la caméra pour une nouvelle série de laboratoires philosophiques dans le but d’architecturer l’argumentaire de la nano-citoyenneté-planétaire par la modélisation de l’archétype hologrammique du concierge dans son dialogue avec le vagabond chercheur. Michel devant la caméra, moi derrière.

Je lui ai proposé le projet suivant:

Imaginons que Michel le concierge ait été concierge de chacun des grands penseurs de philosophie politique de l’histoire.

1- Thucydide
2- Platon
3- Xénophon
4- Aristote
5- Cicéron
6- Saint Augustin
7- Alfarabi
8- Maïmonide
9- Saint Thomas D’Aquin
10- Marsile de Padoue
11- Machiavel
12- Martin Luther
13- Jean Calvin
14- Richard Hooker
15- Francis Bacon
16- Hugo Grotius
17- Thomas Hobbes
18- René Descartes
19- John Milton
20- Spinoza
21- John Locke
22- Montesquieu
23- David Hume
24- Jean-Jacques Rousseau
25- Emmanuel Kant
26- William Blackstone
27- Adam Smith
28- Le fédéraliste
29- Thomas Paine
30- Edmund Burke
31- Jeremy Bentham
32- James Mill
33- Hegel
34- Alexis de Tocqueville
35- John Stuart Mill
36- Karl Marx
37- Frédéric Nietzsche
38- John Dewey
39- Martin Heidegger
40- Leo Strauss

1) L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE HONORE-T-ELLE L’HISTOIRE DE LA CONDITION HUMAINE D’UN CONCIERGE D’UNE ÉPOQUE À L’AUTRE?

2) quelle est sa réaction contextuelle au dialogue avec chacun de ses clones historiques?

3) La philosophie d’en haut de chacun de ces penseurs provoque-t-elle la colère de la philosophie d’en bas de l’archétype hologrammique d’un concierge?

4) Est-ce qu’une conscience historique des différents concierges de ces différents philosophes apporte un nouvel éclairage pour la mise en application de la nano-citoyenneté-planétaire par la vie personnelle œuvre d’art d’un concierge aujourd’hui?

EN CONSEQUENCE DE QUOI

j’intensifie mes lectures pour que ce laboratoire de nano-philosophie de la philosophie d’en bas puisse être l’architectonique d’un programme théorique à opérationnaliser au bout de l’aventure intellectuelle de cette suite de nano-documentaires.

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«LA COLÈRE EST LE FONDEMENT DE LA JUSTICE?» DIXIT MICHEL LE PHILOSOPHE-CINÉASTE-CONCIERGE

Michel, Marlene et moi travaillons sur le glossaire de la nouvelle multitude. Je suis impressionné de la joie de vivre de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette).

Pendant que Michel à 66 ans travaille comme concierge industriel, ce qui lui permet une contribution majeure par des aphorismes directement constructivistes de la philosophie d’en bas, moi je poursuis les lectures pour creuser verticalement (historiquement) comme horizontalement (systémiquement) la connaissance culturelle précédant nos interrogations sur chaque étiquette glossairique.

En ce moment, je suis en train de lire un 1000 pages d’histoire de la philosophie politique pour réfléchir sur LA JUSTICE.

Ce matin, Michel a lancé un superbe aphorisme:

« MOI JE DIS QUE L’ARMÉE LA PLUS FORTE
UN JOUR SERA CELLE DE TOUS LES RECLUS»

Et moi de dire
C’est vraiment la colère de la philosophie d’en bas.

Et Michel de dire

«LA COLÈRE EST LE FONDEMENT DE LA JUSTICFE?»

Marlene s’est levée, nous avons fait validé le tout par son wow… puis nous sommes partis chacun de notre côté pour nos occupations sociétales.

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RIEN N’EST PLUS GRATIFIANT QUE DE TRANSMETTRE SON COFFRE D’OUTIL THÉORIQUE À UNE JEUNE THÉORICIENNE AU POTENTIEL IMPRESSIONNANT

Il y a 5 ans déjà, quand dans les couloirs de l’université du Québec une jeune étudiante en fin de bacc en art m’a montré un de ses textes, j’ai tout de suite su qu’il y avait là un évènement. Tout y était: intégrité, courage, rhétorique, colère, vocabulaire… une plume quoi. Mais dont la soif d’apprendre était scandalisée de ne pas avoir reçu les outils nécessaires à sa vie intellectuelle, au cours de son parcours scolaire.

Isabelle la boxeuse devint pour moi un pari à long terme… celui de transmettre en héritage un coffre d’outil que je m’étais construit dans un auto-didactisme effréné sur une période de 40 ans.

5 ans plus tard, elle déposera sa maîtrise sur l’art et la boxe , et cela… d’ici quelques jours. Un 100 pages des plus impressionnants où elle s’est battue pour que ses idées ne soient pas intoxiquées par mon coffre d’outil. Son aventure intellectuelle fut épique, engagée dans des lectures pointues, sans concession avec aucune citation-écho. Tout ce qui est inclus dans son mémoire est pur apprentissage acharné.

Hier soir encore, nous étions au restaurant et il lui restait un paragraphe de son résumé dont elle était insatisfaite. C’était beau de voir son sens chirurgical d’architecture théorique. Elle deviendra une grande femme impliquée dans la défense féministe des droits des femmes au Canada. Elle est ma fierté.

Comme j’ai lu ses remerciements ce matin qui ouvrent son mémoire, j’ai senti le besoin de reproduire dans ce blog la partie qui me revient.

C’est peut-être cela LA BIENVEILLANCE THÉORISÉE par une vie consacrée aux quatre questions de la vie personnelle œuvre d’art.

Chère Isabelle

Vraiment
j’aime cette intensité de notre dyade.

Nous ne naviguons pas dans l’opinion et la persuasion, mais dans la méthodologie de personnes d’exception. (Sartre et De Beauvoir) qui étaient loin d’être doux l’un envers l’autre:)))))))))))))))))

a) nous ne parlons pas fort
nous parlons avec passion

b) Nous recherchons l’excellence
en dehors des critères hiérarchiques conventionnels.

c) nous sommes des assoiffés de curiosité
et cela a un prix…. la rareté:)))

Pour moi
c’est cela une dyade professionnelle
tout pour une problématique de qualité
rien pour des problèmes reliés à l’affectivité des irritants de l’univers domestique ou privé (tout pour une eumétrie brillante)

Il te reste 5 jours
de pure passion intellectuelle
déguste
tu le mérites

ton g.p.

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EXTRAIT DE LA DÉDICACE D’ISABELLE
EN OUVERTURE DE SON MÉMOIRE-CRÉATION
DE MAÎTRISE EN ART-PERFORMANCE

Merci également au vieillard-pantoufle, co-fondateur de la Boite à Chansons Les deux Pierrots et du Pays œuvre d’art pour son concept de la Nano-démocratie qui ne s’activera sous ma plume que dans vingt ans, pour son professorat qu’il n’a jamais fait comme du monde n’ayant même pas eu la patience qu’il fallait, pour le 10% supplémentaire qu’il accordait jadis aux étudiantes-philosophes en pesant leur examen, érudit détenteur d’une Maîtrise sur le rire (quatorze ans d’études, vous dira-t-il) faisant de lui le théoricien canadien de l’intelligence humoristique, à celui qui ne change pas ses bas errant dans les universités et les bibliothèques payant la charge des factures qui lui revient, et puisque que Le Devoir est devenu notre journal, vieux Socrate, rupélien de l’amitié vous êtes assez bon dans CE rôle de grand-père, pour que je vous consacre ces quelques lignes et surtout, ne parlez plus des boxeurs ni des boxeuses tous statuts confondus, comme si vous saviez, parce que doublement, j’utiliserai votre expression, vous tsunamise et vous empaille. Vous savez maintenant qu’aucun livre ne parlera de nous – les pugilistes – comme celui qui naîtra. Votre petite fille adoptive Isaboxe.

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LE VAGABOND CÉLESTE OU UNE CONCEPTION ARISTOCRATIQUE DE LA LIBERTÉ INTELLECTUELLE

Qui d’autre que Paul-Emile Borduas pour symboliser ce que représente pour moi la conception aristocratique de la liberté intellectuelle, surtout quand celui-ci se décrit comme un VAGABOND GENTILHOMME?

Le vagabond céleste monte sur les épaules des coureurs des bois, des quêteux officiels, des conteurs tout en se berçant à la personnalité de Philippe de Gaspé Beaubien, aristocrate du nouveau-monde dont l’esprit d’indépendance, le goût de l’aventure comme la générosité chevaleresque berce mon imaginaire.

Peut-être que c’est cela le romantisme de notre équipe de recherche (Auld, Woodard,Rochette),  cette aristocratie de la recherche intrinsèque faite d’auto-didactisme, d’invention paradigmatique au service d’une nano-humanité à architecturer par les quatre questions de la vie personnelles œuvre d’art.

Mais, c’est peut-être pour toutes ces raisons que j’aimerais tant rencontrer Weiwei, cet autre gentleman-vagabond-migrant créateur chinois à l’œuvre universelle dont le Devoir de ce matin rend un compte-rendu à couper le souffle.

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Avec «Human Flow», Weiwei raconte les migrants, ou quand l’art supplée le journalisme

2 septembre 2017 | Angus MacKinnon – Agence France-Presse à Venise | Cinéma

Comme sur le tapis rouge de la Mostra, Ai Weiwei se pose lui-même pendant son film «Human Flow» comme un observateur plein de compassion, prenant des photos avec son téléphone ou discutant avec des réfugiés.

Photo: Tiziana Fabi Agence France-Presse
Comme sur le tapis rouge de la Mostra, Ai Weiwei se pose lui-même pendant son film «Human Flow» comme un observateur plein de compassion, prenant des photos avec son téléphone ou discutant avec des réfugiés.

Au beau milieu d’un camp de réfugiés, un petit enfant sermonne sa mère pour qu’elle lui donne sa nouvelle paire de bottes.

C’est une scène parmi d’autres, mais elle dit toute l’humanité que l’artiste chinois Ai Weiwei a traquée à travers toute la planète pour en faire la matière première de Human Flow, un ambitieux documentaire sur les migrations humaines, présenté vendredi en compétition à la Mostra de Venise.

C’est aussi le genre de détails que les médias ne racontent jamais quand ils couvrent la crise migratoire à laquelle l’artiste, et célèbre dissident, a voulu donner un visage, a-t-il expliqué dans un entretien avec l’AFP, en marge de la 74e Mostra.

« Vous voyez chaque jour des reportages sur ces tragédies. Mais après avoir un peu travaillé la question, vous réalisez que ces reportages sont tous les mêmes. Ils disent ce qui est choquant, ils parlent de la violence, de la crise, juge l’artiste devenu l’un des symboles mondiaux de la dissidence. Notre film est différent. Il cherche à remettre les réfugiés dans un contexte plus historique, à leur donner plus d’humanité et à raconter leur vie de tous les jours : comment une femme tient son enfant, comment un enfant met ses chaussures, comment un homme allume sa cigarette », ajoute-t-il.

« Tous ces détails nous parlent. Vous pouvez comprendre ainsi qu’ils sont des êtres humains, même dans ces conditions que vous ne pouvez même pas imaginer », explique encore l’artiste qui vient de fêter son 60e anniversaire.

Le journalisme cherche avant tout et depuis longtemps à rassembler les images les plus choquantes d’un événement, selon Ai Weiwei. Et en ce qui concerne les réfugiés, « il ne s’est jamais vraiment attardé à évoquer en profondeur qui sont ces réfugiés ou les raisons pour lesquelles ils sont là », affirme-t-il.

Réfugié lui-même

Dans ce documentaire, Ai Weiwei s’embarque dans un long voyage qui le conduit à Lesbos, une île grecque devenue la principale porte d’entrée des migrants en Europe entre 2015 et 2016, ou encore à l’immense camp de réfugiés de Dadaab au Kenya, en passant par les bidonvilles de Gaza, la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan, les champs de bataille de l’Irak, et qui se termine entre le Mexique et le États-Unis, là où le président Donald Trump a promis d’ériger « un beau mur ».

Ai Weiwei a déjà évoqué la crise des réfugiés dans son travail, particulièrement lorsqu’il a « emballé » le Konzerthaus de Berlin, où il vit désormais, à l’aide de milliers de gilets de sauvetage orange récupérés à Lesbos, ou en utilisant son propre corps pour recréer l’image du petit Syrien Aylan Kurdi, dont le corps rejeté par la mer, capturé par un photographe, est devenu emblématique de la crise migratoire.

« J’ai désespérément essayé de lancer un cri, de me faire entendre », a-t-il expliqué en évoquant ce travail, « mais j’ai réalisé que ce n’était pas suffisant », d’où l’idée de faire ce film pour « dire tout ce que j’ai appris et montrer d’autres gens ».

L’artiste chinois, assigné à résidence pendant trois mois en Chine en 2011, a déjà produit plusieurs documentaires, mais c’est la première fois qu’il se lance dans un film aussi ambitieux, qui a mobilisé plus de 200 personnes pour sa réalisation et dont le résultat final mélange texte, parfois poétique, images fixes et séquences filmées.

« Vous ne regardez pas le film, vous en faites l’expérience », a expliqué de son côté son producteur exécutif, Andrew Cohen.

Ce n’est pas un film « didactique ou polémique, il ne prend pas parti. Weiwei n’est pas un reporter à la mode avec un gros ego, il est lui-même un réfugié de longue date avec un don très terre à terre, qui nous porte directement au coeur de son expérience », assure M. Cohen.

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sur you tube
Michel le concierge

sur Google
Marlene A. jardinière du pays œuvre d’art
Michel W. philosophe-cinéaste-concierge du pays œuvre d’art
Pierrot vagabond

NOUS LES CHANSONNIERS-ANIMATEURS DU CAFÉ ST-VINCENT DES ANNÉES 70 FURENT LA SUITE ROMANTIQUE DES CONTEURS DU 19EME SIÈCLE » DIXIT MICHEL LE PHILOSOPHE-CINÉASTE-CONCIERGE

Michel et moi avons été camarades de scène au café St-Vincent et aux deux pierrots dans le Vieux-Montréal durant près de 8 ans. Cela faisait de nous des aristocrates du cœur. C’était l’époque où une simple guitare et un répertoire de chansons (folklore, Félix Leclerc, Brassens, Béart etc…) faisait de la scène UN CAFÉ-CONTEUR où le public vivait une fantasmagorie modale unique dans l’histoire culturelle du Québec.

C’est incroyable que durant un si grand nombre d’années, nous ayions chanté au moins 5 soirs par semaine dans des conditions que nous auraient enviés les conteurs de la fin du 19eme siècle (Honoré Beaugrand, Crémazie, Fréchette…).

Que de nuits j’ai passé à trimballer mon gros dactylo pour écrire et réécrire mes cahiers de chansons. Je n’en apprenais aucune par cœur mais je prenais plaisir à vivre un arrêt entre deux couplets pour conter, raconter, dans une poésie de vivre dont je savais le prix. Je m’étais imaginé que je ne vieillirais jamais. Nous n’avions pas vraiment de patrons. Nous étions pigistes et il y avait plus de demande que d’offre. Nos guitares toutes nues et notre voix toute chaude. Nous fûmes somptueusement iconiques d’un Québec en fête.

Oui, Michel et moi fûmes les rois de nos existences conteuses et chanteuses. Je lui disais ce matin que si nous retournions un jour sur scène pour un spectacle, je chanterais à voix nue, sans guitare comme ces coureurs des bois si digne devant un feu de camp, un canot d’écorce et un sac de farine pour se faire du pain. Mais que j’aurais plaisir à l’entendre chanter avec sa guitare, comme nous le faisions autrefois

LE BAL DU VIEUX MONTREAL (p.8)

tirée du livre de poésie, (Pierre Rochette chante le Vieux-Montréal)

Dominique au regard amoureux
qui vendait des bouquets pour les vieux
un poète est venu, Dominique est perdue
perdue dans le bal de la rue

un poète qui buvait sa raison
s’assoyait et vendait ses ballons
Dominique est venue, le poète est perdu
perdu dans le bal de la rue

REFRAIN

l’accordéon qui mélange les saisons
les entraîne dans un grand tourbillon
il lui crie ”viens danser”
viens tourner comme la vie
nous volerons toute la nuit

et les vieux qui volaient les bouquets
les enfants les ballons s’amusaient
Dominique est si belle
le poète est perdu
dans les bras d’mademoiselle de la rue

Dominique avait beaucoup rêvé
la nuit comme les fleurs s’étaient fanées
le poète est perdu, Dominique est partie
car il n’y a plus de bal dans la rue

REFRAIN FINAL

l’accordéon mélangeait les saisons
entraînait dans un grand tourbillon
il criait viens danser
viens tourner comme la vie
dans le bal du Vieux-Montréal

écrit lors de la Saint-Jean
24 juin 1973.

 

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www.dedemersqc.ca
L’île de l’éternité de l’instant présent
roman de Pierre Rochette
chapitre 13
au tam tam des rythmes

L’île de l’éternité de l’instant présent
Le Saint-Vincent en 2001
Le Saint-Vincent en 2001

Une nuit nous nous retrouvâmes, Renaud, Clermont, mon père et moi, à la belle étoile, sous les deux saules pleureurs du camp Ste-Rose. Nous avions passé la soirée à enterrer le coffre du chevalier de la rose d’or sculpté par mon père pendant que les enfants vivaient une activité cinéma à l’intérieur de la salle communautaire. Clermont avait eu la gentillesse d’apporter pain, fromage, raisins, bouteille de vin. Amenez-moi au début du roman
Quand une étoile explose dans l’univers,
Est-ce un événement historique
Demanda Renaud ?

Non pas vraiment répondis-je ?

Est-ce que la Deuxième Guerre mondiale
Fut un événement historique
Redemanda Renaud ?

Indéniablement fit Clermont.

Pourtant une étoile qui explose
Dégage des milliards de fois
Plus d’énergie qu’une guerre
Conclut Renaud.

Et mon père de répondre :
Échec et mat.

Mon père adorait se faire mettre échec et mat au niveau intellectuel. C’est pourquoi il avait tant apprécié sa relation intime avec l’Encyclopédie Larousse. Quand il découvrait une pensée qui faisait exploser la sienne, il ressentait en lui un effet profond de jouvence, toute pensée ne correspondant en ses mœurs qu’à une peau sèche ne demandant qu’à être enlevée.

Quand un enfant meurt dans le monde
Est-ce un événement historique demanda Renaud ?

Mmmm

Est-ce que l’assassinat du président Kennedy
Fut un évènement historique ?

Mmmm

Pourtant l’enfance qui meurt
Partout sur la terre
Dégage des milliards de fois
Plus de souffrance
Qu’une présidence
Qui croule sous les balles.

Personne ne dit mot. Comme si le fait de modifier une perspective admise de tous permettait de redonner à la vie humaine son vrai sens d’aventure cosmique unique, du berceau au tombeau, sans que le regard des autres la falsifie.

Un coffre au trésor enterré
C’est aussi beau qu’une étoile
Qui explose
Au fin fond de l’univers
Dit Renaud

Et mon père de conclure :
Un coffre au trésor enterré,
À la seconde où il est découvert,
Ça devient beau parce que
Ça fait exploser une étoile
Dans le cœur des enfants.

Échec et mat, dit Renaud.

Quand, le lendemain soir, Clermont prit la parole au micro du St-Vincent, il raconta cette anecdote en guise d’introduction. Puis il termina en disant :

Ceux et celles qui veulent faire vivre aux enfants
La fin d’une belle histoire, rendez-vous dimanche matin
Huit heures.Il nous reste six jours
Pour la monter.

Une des caractéristiques qui firent du St-Vincent de cette époque un chef d’œuvre de joie de vivre profonde de soir en soir fut le fait qu’il était fréquenté assidûment par des réguliers de tout âge et de toute condition, les portes de garage étant ouvertes comme le cœur de Madame Martin, chacun s’y sentait chez lui ou chez elle. Ce n’était encore ni la mode, ni un point de chute de touristes. Tout au plus une fête villageoise, comme on en retrouve partout de façon ponctuelle dans les sous-sols d’églises ou les tentes foraines de nombreuses communautés du Québec. Chacun s’y était connu là, arrivant comme par hasard, mais aimé avec la même intensité comme par destin, par celle que tous avaient fini par appeler affectueusement « La mère Martin »

Clermont possédait cet art de voyager respectueusement non pas de corps en corps, mais d’âme en âme, sans jamais porter de jugement. Pour lui, le St-Vincent, c’était à la fois le cosmos, l’univers, la planète, le pays, la ville, un café, une maison, le tout réduit à l’échelle d’une famille, la sienne.

Ce ne fut donc pas surprenant de le voir discrètement se faufiler entre les tables.

Il était inquiet pour Madame Marguerite dont le fils se retrouvait en prison parce qu’il avait mis le feu à une discothèque célèbre de Montréal, provoquant la mort de six personnes. Elle s’assoyait maintenant dans le fond près du bar, rongée par la honte, dialoguant quelquefois avec la plus âgée des serveuses, Jeanne D’Arc. Clermont lui dit simplement qu’il serait très honoré qu’elle soit présente dimanche après-midi, parce qu’elle était, avec lui, la cliente la plus ancienne et que cela lui porterait certainement chance.

Il connaissait aussi l’histoire tragique de Jacques des Meules, natif des îles de la Madeleine, dont le navire du père avait fait naufrage lors de l’inauguration de la pêche aux homards et qui par la suite, disait avoir tué sa mère parce qu’elle était décédée dans un accident d’automobile alors qu’il était le conducteur. Celui-ci gagnait maintenant sa vie comme chauffeur de taxi, terrorisé par la route lorsqu’il était à jeun, mais souhaitant lui-même mourir d’un accident lorsqu’il avait bu. Chaque soir, il déposait son taxi sur la rue du port, le remplissant de clients à la fermeture. Clermont lui dit simplement qu’il serait honoré d’être conduit au camp Ste-Rose dans son taxi, puisque lui-même ne possédait pas d’automobile. « À quoi bon une auto, quand un ami en a une ? »

Il passa voir Madame Sequel, dame très âgée venant d’on ne savait trop où, qui marchait très droit sans sa canne quand personne ne la regardait et qui dès qu’elle croisait une connaissance, se penchait piteusement avec 20 ans de plus sur son dos, de façon à attirer la sympathie ou la compassion. Elle aimait monter sur la scène et réciter le seul poème qu’elle connaissait : « le lac des cygnes » pendant que le chansonnier qui l’accompagnait à la guitare en profitait pour fermer les yeux, beaucoup plus dans l’intention de cogner des clous que pour se recueillir. Clermont lui offrit une place à côté de lui dans le taxi de Jacques des Meules.

Et cette jeune fille blonde, magnifique, au nom de Lisa Marie, qui ne buvait que de l’eau ou presque. Elle venait de se séparer à l’amiable de son mari. Elle avait, elle aussi, loué une chambre dans le Vieux Montréal sur la rue St-Paul et n’avait découvert le St-Vincent que depuis quelques jours. Jeanne Martin l’avait accueillie, conduite à la table de Clermont, puis était devenue amie avec le groupe de Diane Lépine, une jeune étudiante dynamique et rassembleuse autour de laquelle une vingtaine de jeunes filles passaient d’un soir à l’autre du rêve à la défensive, encerclées par une barricade de soupirants, faisant obstacle à certains chansonniers un peu trop sûrs d’eux-mêmes dans leur lubricité de gamins heureux.

C’est ainsi, que, un par un, chacun fut conquis à l’idée de transplanter la famille d’un lieu à un autre, juste pour le bonheur de vivre un moment magique.

Vers minuit arriva de nulle part le chansonnier René Robitaille. Il était disparu sans préavis, comme c’était son habitude, provoquant la colère de Madame Martin qui s’était juré de ne jamais le réengager, alors qu’elle fut la première à le serrer dans ses bras. Et tous les clients de crier :

Le gros Bob d’à côté
Le gros Bob d’à côté

Jos, voyant que René avait soif, lui céda donc sa place sur la scène. Et René de dire, comme des milliers de fois auparavant

Je m’en vais vous chanter…..
La seule composition que je me rappelle
Quand je suis saoul….

Les rires fusèrent de partout.

Mais là il me semble que je ne suis pas encore assez saoul
Je risque d’oublier des paroles.

Trois cognacs arrivèrent sur la scène

LE GROS BOB D’A COTE

J’te vois r’venir chez nous…..Par la porte d’en avant
Tu sonnes et je t’ouvre………Pis j’descends lentement
Je te prends dans mes bras….On remonte lentement
On ose pas parler…………….On en a trop à dire

C’est ce qui faisait que, d’un soir à l’autre, le St-Vincent passait d’un moment magique à un autre, sans jamais savoir dans quel ordre il apparaîtrait. Les membres de la famille, qu’ils soient chansonniers ou clients, même absents, embellissaient les secondes de chanson en chanson par leurs lumières vives comme par leurs ombres lointaines.

Je peux témoigner du fait que, dans les jours qui suivirent, le camp Ste-Rose atteignit, lui aussi, la même qualité de magie. Les lieux institutionnels ayant été transformés en décor, le tombeau du chevalier de la rose d’or se trouvant dans le caveau et le trésor caché quelque part autour de la maison en décomposition, cela permit aux jeunes d’avoir le sentiment de faire partie d’une famille partageant la même euphorie à travers un horaire de moins en moins fragmenté de leur quotidien.

Anikouni monta deux tentes dans la forêt près de la maison en décomposition. Une pour lui qui allait maintenant y camper nuit et jour et une autre sous le faux prétexte d’abriter le matériel de bord, soit les pelles et les râteaux, alors que le coffre sculpté par mon père reposait en dessous, précieusement enfoui dans le sol.

Avec la complicité de Robert, Renaud incita les enfants à former un comité de négociations pour obtenir des droits supplémentaires. Et c’est ainsi que les couchers devinrent progressifs selon les âges, que tous et chacun purent aller creuser dans la forêt à n’importe quel moment de la journée, le temps qu’il lui plairait et qu’il fut possible le soir d’aller converser seul à seul avec Anikouni autour du feu, en avant de sa tente, en autant qu’on inscrive son nom sur une liste où étaient affichées les heures disponibles.

Le jour, Renaud prit l’habitude de toujours creuser le même trou juste devant la cabane en décomposition, travaillant d’arrache-pied au pic, à la pelle et au râteau. Les enfants étaient à la fois admiratifs de le voir si tenace, et attristés de pressentir qu’il creusait pour rien. Le trésor devait certainement être ailleurs. Et chacun, ayant sa petite idée, protégea au moyen d’une corde tendue entre quatre arbres, le lot qu’il s’était attribué.

Vers 16 heures, il plongeait dans le lac pour aller se recueillir au centre sur la roche sacrée. Puis, revenant à sa tente, il s’allumait un feu et soupait seul. Quelques enfants, à tour de rôle, profitaient de la période libre juste avant la grande soirée pour aller jaser un peu avec lui.

Il leur servait une boisson indienne, mélange de thé chaud et de tisane, puis les écoutait parler de tout et de rien en alimentant les silences de…

Mmmmmm…
Mmmmmm…

Aux dernières minutes de la rencontre, il concluait chaque fois avec les mêmes paroles.

On a dans le cœur
Un coffre au trésor.
Si, chaque fois qu’on est heureux,
On collectionne les instants heureux
Et qu’on les cache dans le coffre
Comme les écureuils ramassent
Des noix pour l’hiver,
On ne manquera jamais de bonheur dans la vie
Même dans les moments de grande souffrance.

Qu’est-ce qu’un coup de foudre, sinon un mélange explosif de bonheur et de souffrance? Cela ressemble tellement au « big bang » de la naissance de l’univers que cela ne rentre même pas dans un coffre.. Le problème avec Renaud, c’est qu’il était tellement passionné de peindre le réel pour que tout s’impressionne de beauté, au même moment, dans un instant précis, que son corps ne cessait de s’éthériser sous les enivrements successifs de la tension créatrice. Selon Clermont, suite à notre nuit à la belle étoile sous les saules pleureurs, j’étais devenue sa couleur « Clair de Lune » .

Je me souviens de cette nuit-là où j’arrivai à sa tente vers deux heures du matin. Je lui parlai de John Thysdale, ma thèse de maîtrise, Vancouver, mon possible départ.

Une lune,
C’est comme les fascinantes
Me dit-il
Ça ne reste jamais longtemps
À la même place
Dans un tableau
Surtout quand elle est belle et ronde
Et qu’elle bouleverse mon monde.

Effectivement, il m’avait semblé depuis quelques jours atteindre en mon être, la dimension des fascinantes, le tout déclenché par un événement des plus anodins. Comme le sens profond du mot ne cessait de m’intriguer, je fouillai l’encyclopédie de mon père. Et je me sentis outragée d’y trouver non pas le mot « fascinante », mais « fascinant(e) »

FASCINANT(e)

Qui exerce un vif attrait, séduisant.
Ex : Huysmans à propos d’une femme
Elle vous regarde d’un œil si fascinant
Si bizarre qu’on s’arrête subjugué.

J’écrivis donc une lettre de protestation à Larousse.

Bonjour, bande de chauvins,

Je désire, au nom des femmes du monde,
Protester contre tous ces mâles qui se gorgent de leur pouvoir
Pour définir les mots et leurs sens.
Que vous accordiez une telle importance au mot fascinant
En méprisant le mot « fascinante »
Comme étant un simple appendice
À votre monde mâlien me scandalise.

Le jour où les femmes de la planète
Décideront de s’emparer des mots
Pour les décrire selon leur vision
Leur sensibilité
Elles découvriront également
Que la logistique de votre encyclopédie
Sous-entends une partie écrasée du savoir

C’est scandaleux de vous voir, d’une main
Nous piétiner le E et de l’autre nous usurper
Notre féminité sous la plume d’Huysmans
Pour illustrer votre pauvreté d’imagination.

Serai-je un jour la première femme à organiser
Une manifestation devant votre usine à mots mâles ?
Et vous verrez la vraie nature du mot fascinante
Lorsque sa définition sera présente
Sur sa pancarte,

FASCINANTE :

Femme qui par une intensité particulière du regard
Ne donne jamais plus à un homme
Que la partie d’elle-même qu’il mérite.
S’il est mené par sa queue, elle lui offre son cul
S’il peint le monde, elle l’éclaire de son intelligence.
Mais jamais un homme n’a pu se vanter
De l’avoir possédée en entier
Et c’est le fait qu’elle n’a jamais appartenu
À personne qui fait que son regard
Atteint la vibration d’une fascinante.

À quand un dictionnaire au féminin ?

Marie Une fascinante indignée.

C’est peut-être à ce moment précis que je sentis la différence entre percevoir sa vie comme une suite de hasards et ne vibrer qu’à l’accomplissement d’un destin. Je sus d’intuition que je serais toute mon existence une guerrière habitée par le tamtam des rythmes. Féministe de combat, libre de toute pensée, piégée ni par le cœur, ni par les sens, mais rebondissant de l’un à l’autre comme le canot descend les rapides en contournant les roches. Je ne serais jamais ni le clair de lune, ni la lune elle-même, mais la première femme ayant canoté sur la lune. Je serais une écrivaine féministe et ma lune serait l’univers des mots au féminin.

Tout m’apparut si clair. J’étais à la fois Lola la bisexuelle et Rachel le modèle nu des Beaux Arts. Mais bien plus encore. Je fus, comme elles le furent à une étape de leur vie, habitée par le tamtam d’un rythme temporaire, celui de la séduction sensuelle, celui de la femme fatale.

Je racontai tout cela à Renaud, sans sauter un iota.

Est-ce que tu m’aimes, me demanda-t-il ?

Comme une folle répondis-je.

Quand tu seras écrivaine,
Tu auras les mots du frisson pour l’écrire ?

J’en suis certaine

Et ça ressemblera à….

Il y avait des étoiles, une tente, un feu, et nous deux.
Un coup de foudre exigeant la folie de se consumer l’un dans l’autre
À la vitesse de l’éclair sous menace d’implosion par l’intérieur,
La souffrance du manque de l’autre étant seconde par seconde insupportable.
Mais quand l’autre ne se nourrit qu’à l’insupportable,
Ne te dégustant que par infimes étincelles,
Tu te sens agoniser de plaisirs, de jouissance et de volupté.
Et tu arrives de nuit, vers deux heures du matin
Le suppliant de t’entredéchirer
Au tamtam des rythmes endiablés
Pour avoir enfin la force de le quitter.

On nage me dit Renaud ?

Nous nous rendîmes à la plage. Une fois les vêtements déposés au fond d’une chaloupe, nous nous hissâmes nus sur la roche sacrée. Et c’est couchés visages tournés vers la lune, qu’il me tint simplement par la main.

Tu te rappelles la phrase de ton père
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage ?

Mmmm

Je tente de visiter le pays du coup de foudre
Tout en retardant le plaisir.
Raconte-moi ton coup de foudre depuis le premier instant.

Pourquoi ?

Parce qu’une fille Qui vit un coup de foudre
Et en plus pour ma personne
Je ne verrai pas ça deux fois dans ma vie.

Et toi tu vis quoi pour moi, demandai-je?

De la fascination, je crois.

Et nous fermâmes les yeux, dans cette chaleur bienfaisante où l’eau s’évaporant peu à peu entre mes seins sembla se retirer pour ne pas nous déranger.

Tu n’étais pas costumé en chef indien
Avec le panache et la corne au cou
Tu étais chaque plume.

Tu ne marchais pas d’une façon
Rythmée et légère à la fois
Tu étais rythme et légèreté.

Le premier instant où je vis tes yeux Renaud
J’eus l’impression de vivre un big bang
En plein centre du cœur.
Tu avais les yeux d’un homme qui cherche.

Il se dégageait de toi
Quelque chose de magnifique
Que je n’avais vu auparavant
Que dans les yeux de mon père.

Et cette façon de déposer un genou
Devant moi et de m’appeler Princesse
Je me rappellerai toute ma vie
Des mots que tu as prononcés :

« La foudre a frappé mon cœur De passion pour le vôtre. »

Et Renaud de poursuivre.

J’ai dit aux enfants :
Je suis amoureux de cette princesse
Je dois retrouver le feu de la caverne sacrée
Et le lui ramener afin de lui déclarer
Mon amour éternel

Je tentais de m’imaginer par les mots
Ce que pouvait être un coup de foudre.
Dit Renaud.

Je me rendis compte qu’il avait une soif infinie de déguster ce que je vivais, le mot coup de foudre étant un divin mystère pour lui. Il n’était intéressé ni à mes seins gorgés de passion, ni à mon ventre hurlant de désolation, ni à ma vulve affolée de ne rien étreindre, ni à mes jambes saisies d’immobilisme sous l’effet de trop d’étrangeté. Non, il caressait mes lèvres des siennes en répétant inlassablement.

Parle-moi du coup de foudre
De ce que tu vis en dedans
Si c’est beau, essentiel,
Féerique comme on le dit
Dans certaines chansons ?

J’aimai sa soif des mots qui peignent avec le même rythme de créativité, comme on peigne les cheveux de l’être aimé, comme on peint l’ondulation des mains lorsqu’elles tiennent le peigne, comme on peint le peigne lorsqu’il épouse la main.

Le coup de foudre, dis-je
C’est l’éclair et le tonnerre
En même temps
Qui déchire le ciel
Dans une apocalypse de nuages
Disparaissant en l’orage d’un instant.

Et apparaît le soleil perpétuel
En plein centre de ton ventre
Tu t’éloignes le moindrement
Tu te meurs de froid
Et de peur d’être submergé de glace.
Tu t’approches de trop près
Tu brûles de convulsion
Et de peur de te transformer
En lave et en cendres
Comme un volcan.
Tu te places exactement dans l’axe
Et ton dos se glace
Et ta poitrine se brûle
Dans un terrible gémissement intérieur

Et tu n’arrives plus à voir la vie
Autrement qu’en rapport au soleil.

Plus je parlais du coup de foudre, plus Renaud variait la forme artistique de ses baisers sur ma peau, comme pour appuyer mon dire. Au passage de l’apocalypse, il suça délicieusement mon cou mordillant la texture de ma chair. Quand je parlai de l’arrivée du soleil au centre de mon ventre, il y déposa sa tête, frottant son oreille comme pour mieux entendre l’infini désastre de cet astre transgressant les lois du ciel pour mieux renaître en mon cosmos intérieur.

Je fus soudain parcourue de spasmes incontrôlables. De toutes mes forces, j’enfonçai sa tête au creux de mon nombril en faisant, malgré moi bien malgré moi, pression pour qu’elle descende au volcan de mes sens. Il défit les lianes de mes mains pour les approcher de sa joue. Il semblait envoûté par la passion profonde de s’imprégner des parfums les plus rares et les plus exotiques que seul le coup de foudre pouvait faire surgir en lui telle une tempête furieuse sur la mer de ses sens. Et nous dansâmes l’un à la surface de l’autre, en évitant les zones érogènes, comme il me l’avait appris.

Et je connus enfin la danse du tamtam des rythmes. Le cœur joue du tamtam et les rythmes varient en des séquences qui me rappelaient les montagnes russes des chansonniers du St-Vincent quand ils passent d’une chanson à une autre. Il me sembla que Renaud cherchait encore l’éternité sous la fissure des sens.

Avec le recul, je me rends compte qu’il mangea non pas, chaque infinité de ma chair survoltée, mais tenta de s’approprier morceau par morceau, le feu de la foudre qui animait mon être pour le sien. Le rythme de ses lèvres contre mes reins atteignit une telle immobilité dans un mouvement infini que lorsqu’il accéléra avec une infinie délicatesse au creux de la chute, il me sembla exploser de nouveau en des parties inconnues de son corps lui-même.

Je ne sais si c’est la femme ou la fascinante qui réagit vers la fin, avant que la fin n’explose enfin, mais je me levai brusquement et plongeai dans le lac pour disparaître de sa vue et ne laisser en lui que la sensation de mes plaintes à jamais imprégnées dans les canaux de ses veines pour que circule, en gondole, le chant amoureux de mes spasmes éternellement douloureux telles les bourrasques portant la neige des regrets au-delà du vent jalousé par le temps agonisant au loin de temps en temps, bien au-delà du firmament.

Quand le lendemain soir, je descendis dans le Vieux Montréal, je me sentis comme l’Indienne en canot pagayant sur l’immensité des lacs lubriques, refaisant le parcours soyeux de Lola la bisexuelle comme de Rachel le modèle nu des beaux-Arts. J’entrai habillée en indienne, à la Davy Crockett, seule et fière de l’être. Je sentais la mouille d’une femme inassouvie, suscitant le désir, la passion, la conquête à venir, la docilité, la servilité en lesquels se perd tout mâle lorsqu’il se fragilise. Je le sus par ces regards autour de moi, inlassablement captivés par un inaccessible comme le papillon finit par se brûler les ailes lorsqu’il ne peut se détacher de la lumière de la lampe.

Madame Martin prit le micro.

Elle annonça qu’à vingt heures précises, commencerait un chant-o-thon de trois jours et trois nuits où les chansonniers Pierre David et Pierre Lamothe chanteraient sans arrêt, tentant de battre le record du monde du plus long marathon de chansons afin de l’homologuer dans le livre des records Guilness. Les profits serviraient à la dernière soirée des enfants du camp Ste-Rose.

Le tamtam des rythmes des applaudissements de la foule me rappela ceux de la roche sacrée et mon corps fut pris de convulsions irrespectueuses. Je me fondis à la foule, qui hystériquement, même si aucune consommation n’était permise durant la nuit, n’eut de cesse de se lever debout sur les chaises, chantant les racines de notre culture au nom de tous les ancêtres porteurs d’eau, de joies furibondes comme de misères et de hontes d’avoir été vaincus quelques siècles auparavant par les Anglais.

Au moment où Pierre David chanta la chanson de Vigneault,

L’homme est parti, c’est au chantier
La femme est seule, seule, seule
L’homme est parti c’est au chantier
La femme est seule à s’ennuyer.

Madame Martin me fit part de l’émotion suscitée en elle par cette chanson, parce que le refrain la ramenait directement à l’origine de notre asservissement comme peuple.

Selon Jeanne, il faut remonter en 1774. Le tamtam des rythmes du peuple du Québec tourne autour d’une organisation féodale et religieuse. Le territoire du Québec est dirigé en seigneuries et les plus riches appartiennent à l’église. Presque tous les catholiques, nonobstant les coureurs des bois, vivent asservis et pauvres. Le fermier paie un loyer annuel, donne un quatorzième de son grain qu’il moule au moulin du maître, un douzième du prix s’il vend sa terre. Quand le Seigneur se construit, il doit couper du bois et transporter des pierres gratuitement. Chaque fois qu’il pêche et qu’il chasse, il doit en donner une partie au Seigneur. Ses bras servent aussi aux corvées du Seigneur, le temps des semences et des récoltes, sans oublier la dîme au clergé.

Une fois le territoire conquis, l’Angleterre jugea qu’il était plus rentable de soumettre le peuple étranger en achetant le clergé plutôt que de modifier les structures existantes. C’est ainsi, qu’à titre de surintendant de l’Église romaine, Monseigneur Briand reçut du souverain une pension de deux cents livres par année. (Brunet, Michel, les Canadiens après la conquête, Montréal, Fides,,1969, p.34-49, 136. 216) Nous fûmes donc trahis par nos élites religieuses et non par les Anglais.

Après la conquête et la signature de l’acte de Québec, au moment où les tenants de la révolution américaine échouèrent à nous conscientiser à titre de société libre, porteuse de droits égaux pour tous, nous fûmes de nouveau trahis par les évêques de Montréal, Trois-Rivières et de Québec.

On obligea les habitants valides à besogner comme des forçats à la grande corvée ordonnée par Carleton pour charroyer les vivres des troupes, réparer les chemins, tirer des bateaux et cela sans aucune rémunération. Ceux qui refusaient étaient emprisonnés. Les soldats anglais s’emparaient des fermes abandonnées, violaient les femmes, tuaient des animaux à leur guise. De là l’expression porteur de pierre et porteur d’eau. Les Canadiens français, peuple de doux et asservis entre tous, furent utilisés pour transporter des pierres et de l’eau d’un endroit à l’autre. Dix mille canadiens valides aux mains de dix mille soldats britanniques armés. De là ces chansons de folklore, empreintes de tristesse, pour ces coureurs des bois et ces hommes de chantiers tentant du mieux qu’ils pouvaient d’échapper au génocide religieux des consciences.

Et Madame Martin me demanda de bien écouter la beauté des paroles du folklore qu’elle avait demandé au chansonnier Pierre Lamothe de chanter :

LES VOYAGEURS DE LA GATINEAU

Nous partîmes pour un voyage
En canot sur la Gatineau
Le plus souvent le pied par terre
Et la charge sur le dos
Nous pensions à notre jeune âge
Qui s’était si mal passé
À courir dans les auberges
Notre argent y gaspiller

Quand nous fûmes dessus ces lacs
De lac en lac jusqu’au camp
C’est icitte qu’on est destinés
À bâtir mes chers enfants
À bâtir une vraie cabane
Ce qu’on appelle un chantier
Mais un chantier d’épinettes
En bois ronds non pas carrés

Que chacun y prenne sa place
C’est icitte qu’on va coucher
Qu’on va dormir sur la paillasse
Des branches qu’y faut rapailler
Mettez-y cent fois des branches
Mais des branches de sapin
Pour mieux dormir à son aise
La plus grosse en dessous des reins

Ah si jamais j’y retourne
Au pays d’ousque je d’viens
Je ferai de moi un homme
Et non pas un bon à rien
J’abandonnerai la cabane
Dans les bois trop éloignés
Je prendrai bien soin d’ma femme
Sans courir dans les chantiers

Je prendrai bien soin d’ma femme
Sans courir dans les chantiers.

Tout le St-Vincent bruissait que comme une immense vague, épaule contre épaule, bonheur de se bercer à l’âme du peuple tout en n’ayant pas tout à fait accès aux sources historiques de sa souffrance. Mais une chanson ne peint-elle pas l’essentiel, l’émotion qui découle de quelque chose de terrible qu’on préfère oublier dans les méandres de l’histoire ?

C’est ainsi que je me rappelai cette nuit-là m’être fondue dans la foule, avec Jeanne à mes côtés avant de descendre la rivière de ma vie, comme une indienne amoureuse de son canot d’écorce bien plus que de l’indien Anikouni qui avait contribué en lui fournissant les couleurs pour que la peinture protège ses passions intérieures de l’érosion du temps.

Jeanne avait l’art de raconter les dessous de chaque chanson. Quand Pierre David chanta le folklore « c’est dans le mois de mai que les filles sont belles et que tous les amants y changent leur maîtresse » elle me raconta cette coutume indienne rapportée par les Jésuites dans leur journal de bord.

Quand le corps d’une très jeune indienne se gémissait soudainement de la soif de sexe d’un indien, on lui construisait une petite cabane. Et là elle faisait l’amour avec tous les Indiens de son choix, jusqu’à ce qu’un de ceux-ci lui plaise vraiment. Alors ils allaient vivre tout simplement ensemble, le geste exprimant aux yeux de la tribu une forme d’engagement. Ce qui n’empêchait pas la pratique d’une coutume remontant à la nuit des temps, celle de la course aux allumettes.

La nuit, tout indien pouvait demander les faveurs sexuelles de toute indienne, mariée ou pas, en allumant au feu central une brindille de bois. Si l’indienne souffle le feu à l’extrémité de sa branche, cela veut dire que l’indien est invité à partager sa couche, sinon il doit poursuivre sa quête de femme en femme, les femmes possédant le pouvoir d’orchestrer les lois de l’amour.

Cette nuit-là, je montai dans le bois du camp Ste-Rose. Le feu étant encore allumé devant la tente, j’allumai une brindille. Je racontai la coutume à Renaud. Et nous la soufflâmes tous les deux en même temps. Par pur bonheur de réinventer la virginité historique du monde.

Et le tamtam de nos culs vibrèrent sourdement, infiniment, lentement, lui se perdant au pays du coup de foudre, moi retenant comme il aimait tant le vivre, le plaisir retardé infiniment, lentement, d’un battement de cœur à l’autre, pour que, encore une fois, il n’eût jamais eu lieu et nous n’en souffrîmes point.

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