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Une réponse exceptionnelle» des Services frontaliers «à une situation exceptionnelle»

Vingt agents d’immigration supplémentaires pour traiter les cas de demande d’asile au Québec

12 août 2017 |Magdaline Boutros – La Presse canadienne | Actualités en société

Des effectifs supplémentaires provenant des quatre coins du pays seront déployés à Saint-Bernard-de-Lacolle dans les prochains jours afin d’appuyer les douaniers qui sont surchargés.

Photo: Graham Hughes La Presse canadienne
Des effectifs supplémentaires provenant des quatre coins du pays seront déployés à Saint-Bernard-de-Lacolle dans les prochains jours afin d’appuyer les douaniers qui sont surchargés.

L’Agence des services frontaliers du Canada avertit les Haïtiens qui arrivent massivement au Québec depuis quelques semaines que « traverser la frontière illégalement, ce n’est pas un laissez-passer pour le Canada ».

En point de presse à Saint-Bernard-de-Lacolle vendredi après-midi, Patrick Lefort, directeur général régional de l’ASFC, a rappelé qu’il existe « des règlements rigoureux en matière d’immigration » au Canada et que ceux-ci seront appliqués.

Des données provenant du gouvernement canadien révèlent d’ailleurs que seulement 50 % des demandes d’asile déposées par des Haïtiens en 2016 ont été acceptées.

Du 1er au 7 août seulement, 1798 personnes ont traversé clandestinement la frontière canado-américaine au Québec. La très vaste majorité de ces demandeurs d’asile sont des Haïtiens qui fuient les États-Unis de crainte de se faire expulser par le gouvernement de Donald Trump.

M. Lefort a indiqué que des effectifs supplémentaires provenant des quatre coins du pays seront déployés à Saint-Bernard-de-Lacolle dans les prochains jours afin d’appuyer les douaniers qui sont surchargés. « C’est une réponse exceptionnelle à une situation exceptionnelle, a-t-il expliqué. Normalement, les volumes de migrants qui passent à Saint-Bernard-de-Lacolle au point d’entrée se limitent à une douzaine de caspar jour. »

Or, depuis quelques jours, de 200 à 250 demandeurs d’asile entrent quotidiennement au pays, de manière illégale, en passant par le chemin Roxham. Jusqu’à 1200 personnes sont actuellement en transit au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.

La Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada a pour sa part mentionné qu’elle créera une équipe spéciale d’agents chargée de traiter exclusivement les demandes d’asile déposées au Québec. Vingt agents formeront cette nouvelle équipe de travail, qui devrait entrer en fonction le mois prochain.

La Commission de l’immigration assure que l’ajout de personnel pour traiter spécifiquement les demandes déposées au Québec ne signifie en aucun cas que ces demandes seront traitées de manière prioritaire. Le centre des opérations gouvernementales du gouvernement fédéral a également été activé pour faciliter les interactions entre les différents partenaires fédéraux.

Campements temporaires

Par ailleurs, quelque 110 militaires canadiens, provenant principalement du Royal 22e Régiment de la base de Valcartier, se trouvent toujours à Saint-Bernard-de-Lacolle pour terminer l’installation d’un campement temporaire. Vendredi après-midi, l’armée avait érigé 32 tentes modulaires équipées de planchers de bois, de chauffage et d’électricité. La capacité d’accueil du campement était alors de 512 personnes, rapporte la lieutenante de vaisseau Éliane Trahan, qui se trouve à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Patrick Lefort a évoqué l’idée de doubler la capacité d’accueil du camp dans les prochains jours. L’armée n’a toutefois reçu aucune demande formelle allant en ce sens, souligne la lieutenante de vaisseau Trahan.

La Croix-Rouge canadienne, qui assure la gestion du camp depuis jeudi, a installé sur place des toilettes chimiques. Des douches ont été commandées et devraient arriver incessamment, assure le porte-parole Carl Boisvert.

Malgré des informations contradictoires qui ont circulé en début de journée, la Croix-Rouge maintient qu’aucun cas de gastro-entérite n’a été signalé sur le site. « La tente d’isolement n’est pas utilisée pour l’instant », soutient M. Boisvert, qui confirme toutefois quatre cas de diarrhée.

Une dizaine de bénévoles de la Croix-Rouge sont sur place pour gérer l’attribution des lits et la distribution de la nourriture. Des trousses de premiers soins, des couvertures et des produits pour bébés sont offerts aux personnes qui se trouvent sur place. Une clinique mobile avec six infirmières prodigue également des soins de base.

Des agents de l’Agence des services frontaliers encerclent le site pour assurer la sécurité des lieux.

Les demandeurs d’asile ne restent généralement que deux ou trois jours sur ces sites d’hébergement temporaire. L’Agence parvient à traiter jusqu’à 230 dossiers par jour, souligne M. Lefort. « Les gens sont en transit sur une base très rapide ici », rappelle-t-il, ajoutant que le personnel additionnel permettra d’accroître cette capacité de traitement. Il convient toutefois qu’il s’agit de « conditions de confort minimum ». Le camp d’accueil dressé par l’armée est installé sur un terrain gazonné situé derrière l’édifice où sont acheminés par autobus les demandeurs d’asile qui sont interceptés près du poste frontalier de Lacolle.

D’autres hébergements

En plus du campement érigé à Saint-Bernard-de-Lacolle, le gouvernement québécois a réquisitionné le Stade olympique pour accueillir jusqu’à 700 demandeurs d’asile.

Des personnes sont également hébergées de manière temporaire à l’édifice des Soeurs de la providence, dans l’arrondissement montréalais d’Ahuntsic-Cartierville, et à l’ancien hôpital Royal Victoria de Montréal.

Selon les dernières statistiques rendues publiques par le ministère de l’Immigration du Québec, 2440 demandeurs d’asile étaient hébergés de manière temporaire à Montréal jeudi. Mercredi, 156 nouveaux demandeurs d’asile ont été accueillis sur l’un ou l’autre des sites d’hébergement temporaire et 334 autres les ont quittés pour se trouver un logement permanent avec l’aide des agents du ministère.

La vaste majorité de ces demandeurs d’asile sont des ressortissants haïtiens qui fuient les États-Unis depuis que le gouvernement de Donald Trump a menacé de leur retirer le « statut de protection temporaire » accordé par le président Barack Obama à la suite du tremblement de terre de 2010. Si ce programme humanitaire devait être aboli, jusqu’à 60 000 Haïtiens risqueraient d’être renvoyés dans leur pays.

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