22 NOVEMBRE 2020 …20 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …..ROMAN DE PIERRE ROCHETTE ….L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….CHAPITRE 7 …..LE SECRET DE MON PÈRE ….. ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR
www.enracontantpierrot.blogspot.com …
Bande annonce du documentaire MON AMI PIERROT, LE DERNIER HOMME LIBRE
Véronique Leduc
veroniqueleduc@hotmail.com
et
Geneviève Vézina-Montplaisir
genevievevm@hotmail.com
www.reveursequitables.com
Commentaires sur le CD : « reveursequitables.com »
Raymond-Louis Laquerre
Montréal, le 24 mars 2011
Avec ce premier disque compact des deux rêveurs équitables, Pierre Rochette et Michel Woodard, nous voilà replongés dans le style intimiste des Boîtes à chansons du Vieux-Montréal fondées au début des années ‘70.
La plupart des chansons est précédée d’une présentation très spontanée dans le style des conteurs québécois. Les deux comparses réussissent chacun à leur façon à s’immiscer dans notre propre intimité et à créer un lieu de rencontre où on tend l’oreille pour ne pas perdre aucune de leurs paroles.
On s’imagine facilement en train d’effectuer, seul, un long voyage en voiture ou en camion et d’écouter religieusement ces vraies histoires mises en chanson de façon originale et simple à la manière de Brassens, Brel ou Moustaki. À la limite, j’oserais dire qu’ils nous tiennent compagnie tout au long de ce voyage où la réalité et l’imaginaire se confondent étroitement.
Ce qui constitue véritablement la trame de fond de ce nouveau CD, ce sont ces petits moments de silence entre les mots et entre les notes de guitare. Cette respiration musicale supporte à merveille les propos bien sentis de chacune des chansons et réussit à nous toucher au fond du cœur. Un véritable antidote à notre mental galopant à l’épouvante. Une atmosphère de paix semblable à celle que dégage un beau feu de camp.
Pierrot, dit le « vagabond céleste » qui libère l’âme des jeunes canadiens, démontre beaucoup de maîtrise de sa plume, de ses rimes et des rythmes musicaux. Ce voyageur qui a traversé le Canada à la conquête de soi, de peine d’amour en peine d’amour, n’a plus peur de souffrir car il a compris l’importance de l’entraide fraternelle. Comme il le dit si bien dans l’histoire du pouceux (auto-stoppeur) qui est en manque de courage, il suffit d’une allumette pour enflammer la vie.
Il se dégage une certaine naïveté dans les chansons de Michel, l’amoureux de la belle Marlene, mais ce qui fait son charme c’est sa spontanéité et sa sincérité. Quand il parle, c’est senti; quand il chante, ça vibre d’émotions. Son hypersensibilité sous-tend toutes ses chansons où le thème de l’amour est toujours prédominant comme dans Viens-t’en l’Amour et Cause I love you. Mon coup de cœur va pour une chanson d’une grande profondeur qui mériterait d’être interprétée avec un grand orchestre : Je te demande pardon. Il est possible qu’un jour cette chanson fasse le tour du monde dans différentes langues comme ce fut le cas pour la célèbre chanson de Raymond Lévesque, Quand les hommes vivront d’amour.
En résumé, ce CD des rêveurs équitables constitue un véritable retour aux vraies valeurs telles que l’amour, l’amitié, la mort, le pardon, la famille, l’entraide, l’écoute, le partage, l’humilité et la simplicité. Quelle fraîcheur dans ce monde matérialiste où nous évoluons tous les jours ! Après la dernière chanson, Pour un monde équitable, on reste bouche-bée en présence du silence. Nos deux chansonniers ont su prendre une telle place sur l’autoroute imaginaire entre Trois-Rivières et La Tuque, qu’on regrette déjà qu’ils soient descendus si vite pour se diriger vers un Tim Horton où d’autres aventures se présenteront à eux. On se console cependant en pensant qu’il y aura sûrement une suite à ce premier CD réalisé avec autant de passion et de poésie.
Raymond-Louis Laquerre
Montréal, le 24 mars 2011
1re chanson : Tim Horton (Pierre)
De peine d’amour en peine d’amour, ça ne me dérange pas de souffrir.
La traversée du Canada à la conquête de soi.
2e chanson : Viens-t’en l’Amour (Michel)
3e chanson : Radio Ville-Marie (Pierre)
Chanson sur l’engagement et l’entraide fraternelle pour sauver leur chum de gars qui souffre du cancer du sang.
4e chanson : Cause I love you (Michel)
Une belle chanson d’amour (romance ou ballade)
5e chanson : La Chanson du camionneur (Pierre)
…de La Tuque à Trois-Rivières, à celle qui est la plus belle de l’univers.
Toi, la reine de mes « je t’aime ».
6e chanson : Lâche-moi pas (Michel)
Tu es le cœur de toute ma journée.
L’histoire d’un couple avec trois enfants.
7e chanson : Les Allumettes (Pierre)
Il suffit d’une allumette pour enflammer la vie.
L’histoire du pouceux en manque d’amour.
Chanson qui mériterait d’être interprétée avec un grand orchestre.
8e chanson : Je te demande pardon (Michel)
Chanson ayant beaucoup de profondeur.
Texte simple mais très percutant.
Chanson qui mériterait d’être interprétée avec un grand orchestre.
9e chanson : Mon gars (Pierre)
J’ai écrit sur un petit bout de papier : « Mon cœur te dit que je t’aime mon grand gars ».
Un père alcoolique qui espère recevoir la visite de son fils habitant la ville.
10e chanson : Tu t’en rappelles-tu (Michel)
La perte de mémoire d’un vieux père.
11e chanson : Le Bol de riz (Pierre)
Anecdote portant sur la générosité et sur l’ouverture au monde.
Histoire d’un enfant haïtien de six ans qui partage son bol de riz avec ses frères et ses sœurs.
12e chanson : Pour un monde équitable (Michel)
Chanson thème.
* * *
RÉSUMÉ DE NOTRE DOCTORAT EN 300 MOTS
JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.
JE TE E DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?
JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U. Par la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) , nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.
Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).
Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON » , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :
COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).
chanson de Michel pour Marlene
CAUSE I LOVE YOU
COUPLET 1
Chaque matin quand j’me réveille
J’me d’mande où je m’en vais
Qu’est-ce qui va m’arriver aujourd’hui
Je…te retrouve à mes côtés
Et je suis rassuré… d’avoir une belle journée
REFRAIN
Cause I love you (2)
Cause I love…. You mon minou
Cause I love you (2)
Cause I love…. You mon minou.
COUPLET 2
Quoi faire,.. de cette journée…
Après avoir travaillé
Après avoir couraillé tout partout…
Je… te retrouve à mes côtés…
Et je suis rassuré…d’avoir une belle soirée..
COUPLET 3
Des fois… on choisit sa vie
Souvent on la choisit pas
C’est le destin qui décide de ça
Moi… je suis riche de t’aimer…
De t’avoir à mes côtés
Toutes ces belles journées…
REFRAIN
Cause I love you (2)
Cause I love…. You mon minou
Cause I love you (2)
Cause I love…. You mon minou.
Des beaux p’tits becs…
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Les deux Pierrots, Pierre David et Pierre Rochette
LE PLUS GRAND DES TROIS PIERROTS, ROBERT RUEL, Marie-Lou sa fille qui a pris la succession dans la direction artistique de la boîte à chansons …. et Lise sa tendre compagne ….
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L’île de l’éternité de l’instant présent
Il s’abreuvait depuis toujours aux frissons de l’éternité. Cela lui semblait si naturel qu’il n’avait jamais pu comprendre comment il se faisait que les humains puissent souffrir. Son corps de 51 ans lui avait toujours paru sous la forme de la jeunesse éternelle. La pureté de l’âme, la sensation continuelle de flotter deux pieds au-dessus du sol, le rythme lent, amoureux, étonné, charmé. La sensation de ne rien peser, de se fondre dans le tout avec ravissement, de saisir dans ses mains l’air comme des milliers de pépites d’or. Était-il artiste, poète de la vie, amant de l’être ou son enfant naissant encore aux langes ?
Le dernier été de sa vie fut le plus mystérieux de tous pour ceux qui l’avaient connu jeune homme. Il chantait au théâtre « Le patriote » de Sainte-Agathe durant le souper, et cela six soirs par semaine. Puis il mangeait un peu, juste avant d’aller accueillir les groupes lors de la descente de l’autobus. Dans ces moments-là, il redevenait joyeux, avec les rires francs de celui qui reçoit des membres de sa famille, le public ayant été toute sa vie sa seule famille véritable. Après s’être assuré que chaque chauffeur puisse bénéficier d’une place pour le spectacle des « girls », que chaque personne âgée se sente en sécurité, il s’installait sur sa petite scène dans l’entrée du patriote, assis sur une chaise presque confortable et retombait en état de contemplation par la lecture de l’encyclopédie.
Même à l’intermission, il ne bougeait pas de sa chaise, restant disponible cependant à toute personne désirant entrer en contact avec lui. Cela donnait un air d’irréalité à sa présence autant qu’au lieu puisqu’il s’était immobilisé en position exacte entre le réel et le magique. D’ailleurs il ne cessait cette lecture qu’à cinq minutes de son spectacle de 23 heures où il reproduisait, telle une scène de musée, l’atmosphère également exacte entre la fin des boîtes à chanson et le début du St-Vincent.
Renaud avait hérité de mon père, la collection du grand Larousse encyclopédique 1960, toute soulignée en traits fins au moyen d’un crayon à mine. Il pouvait ainsi suivre à la trace les chemins intellectuels à travers lesquels son aîné spirituel avait pu prendre conscience de l’étrangeté de son monde intérieur.
Mon père avait toujours habité de l’autre côté de la fissure du temps et n’avait jamais senti le besoin de découvrir cette fissure de façon à la traverser pour rejoindre les hommes et leur raconter la beauté de ce qu’il vivait. À la mort de Monsieur Gouin, cette rencontre e mon père fut pour Renaud providentielle, au sens où elle lui permit d’avoir accès à cette portion du savoir de l’être qui lui manquait pour atteindre son objectif : décrire avec des mots ce qui se vit sur l’île de l’éternité de l’instant présent pour que les hommes puissent en avoir une idée précise.
J’avais déjà demandé à mon père de me raconter ses souffrances, sujet qu’il avait esquivé en me souhaitant bonne chance dans mes amours, tel « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage ». Nous allâmes à l’enterrement de Monsieur Gouin. C’est à ce moment qu’il me confia qu’il n’avait jamais raté un événement relié à la mort d’un poète. Comme cette journée où l’on inaugura la tombe d’Émile Nelligan dans le cimetière Côtes des Neiges. Il eut l’immense bonheur d’entendre le grand poète Alfred Desrochers, le père de Clémence, déclamer des vers du « le vaisseau d’or» d’Émile Nelligan.
C’est donc le lendemain de l’enterrement qu’il me quémanda :
Marie, Aurais-tu la bonté
De passer la journée avec moi
En dehors de Montréal ?
C’est ainsi que d’une ville à l’autre, d’un village à l’autre, d’un tournant à l’autre, j’amenai mon père dans un rang perdu de St-Lin…Au lieu exact de son enfance. Nous marchâmes dans ce qui fut jadis un sentier…
C’est ici que tout petit,
Je prenais mes brosses d’être
Dit mon père.
Je n’avais jamais entendu ces deux mots de sa bouche. Il avait dû mettre plusieurs années à lire ses encyclopédies, avant de trouver une formule exprimant le plus intime de lui-même. Il arrive parfois que deux mots de la langue française, qui ne s’étaient jamais rencontrés, passent de longues années avant de réussir à s’apprivoiser. Mon père n’attendit pas une question de ma part pour définir la relation de ces deux mots entre eux.
Une brosse d’être
C’est une sorte de soûlerie intérieure
Dans la taverne de la vie
Qui dure parfois
Plus de trois jours consécutifs.
Il mesurait le rythme avec lequel il me parlait. J’avais l’impression que la symphonie de son dire avait depuis longtemps quitté le conservatoire de musique. Ses encyclopédies n’ayant peut-être été que des cahiers de solfège, d’harmonie, de composition, d’études des grandes œuvres passées, pour que la musicalité des mots s’envolent enfin à la vitesse de la matière qui se dissout sous la beauté du dire.
Nous nous assîmes sur une grande roche face à l’eau.
Je voulais juste voir
Le chant des oiseaux
Si on pouvait entendre de l’intérieur
Comme quand j’étais petit.
Si le vent dans les feuilles
Ouvre et ferme leurs rainures
Pour encore et encore te caresser
L’oreille de ses politesses
Si le corps se fond dans un paysage
Dans un pareil et jamais pareil
Immobile comme un visage se reflétant
À la merveille de son double
Dans la douce énergie de l’eau trouble….
Jamais mon père ne s’était dévoilé à moi sous cet angle. Sans doute avait-il attendu de bien posséder les bons mots pour le dire. Et c’est en ces mots, presque absent, qu’il conclut :
C’est sur cette roche
Qu’à l’âge de 6 ans
Je découvris
Que la réalité était une chorale terrestre
Mon enfance fut magnifique, Marie.
Je fus surprise qu’il n’ait pas aperçu une chaloupe avançant lentement du côté droit de la baie jusqu’à nous.
Monsieur, vous êtes ici sans permission
Sur la terre de Roméo Bourget dit l’homme
Monsieur cria mon père,
Est-ce que le Rodolphe
De la cabane à bois rond
À besoin d’une permission ?
L’homme se leva debout dans sa chaloupe
Ah ben saliboire
Rodolphe Gascon ! ! !
Les deux hommes s’étreignirent de longues minutes. Après les présentations d’usage et quelques rires et larmes de joies sincères de s’être retrouvés, mon père finit par dire :
Y me semble que ça me ferait du bien
De ramer un petit coup comme dans le temps
Mon père rama donc jusqu’à un point précis appelé le ruisseau des roches folles, à cause du bruissement particulier qui semblait rebondir dans le temps tel un écho.
Rodolphe, dit Monsieur Bourget
Tu sais que de la cabane en bois rond de ta mère
De l’autre bord du ruisseau
Il ne reste plus juste qu’une moitié
De mur, qui tient encore debout.
Mon père ne broncha point.
Une Sainte femme, sa mère, monologua Monsieur Bourget Seule, abandonnée avec cinq enfants par un mari alcoolique On ne l’a jamais entendue se plaindre.
Et mon père de répondre comme s’il n’avait rien entendu :
Ma mère disait toujours,
En autant qu’on ne manque pas d’amour.
Rodolphe ne vous le dira pas Mademoiselle
Mais à l’âge de dix ans
Il ramassait des fraises
Du lever du jour jusqu’au souper
Le soir, il préparait les casseaux
Le lendemain, il marchait deux milles
Jusqu’au village pour se faire
Des sous avec les touristes
Afin de ramener du minimum
Pour nourrir ses frères et sœurs.
Ma mère disait toujours,
Avec des fraises pour dessert
Ça sent le paradis dans l’estomac
.
Bien des fois, dit Monsieur Bourget
J’ai vu Rodolphe ramasser
Du vieux linge que sa mère empilait
Autour du lit…
Du carré qui lui servait de chambre
Une brave femme
La nuit, elle faisait du neuf avec du vieux.
Ma mère disait :
Quand c’est beau
Ça pas toujours besoin d’être neuf
La cabane des Gascons,
Avant qu’ils arrivent pour l’habiter
Avait servi de poulailler
Y avait juste un poêle à bois
Avec aucune finition au-dedans
On s’est jamais rendu compte de ça dit mon père.
Ma mère avait posé du beau carton peinturé
Par-dessus des murs isolés avec des restes de guenilles
Ça faisait très joli dans la lumière du poêle à bois.
Cela dura plus d’une heure de cette façon… Monsieur Bourget dut nous quitter. Et nous marchâmes jusqu’à la fameuse cabane en bois rond. Même mon père fut impressionné par la modestie des dimensions.
Nous nous assîmes sur ce qui fut jadis une souche.
Tu sais pourquoi, Marie, je n’ai pas été capable de répondre à tes questions sur mes souffrances ?
Non lui dis-je ?
Parce qu’il n’y a jamais eu une seule seconde
Où la souffrance a réussi à entrer dans cette cabane-là
Tant que ma mère a été vivante.
J’me sentais gêné de t’avouer ça
Sauf qu’une fois sur place
Ça m’étonne encore aujourd’hui
De pouvoir dire
Que je n’ai jamais souffert
Même pas une fois dans ma vie
Et que mon enfance fut magnifique
Ma mère, tous les soirs, sans exception
Nous a chanté la même chanson
Elle appelait ça : la berceuse du bonheur
Lorsqu’elle nous serrait contre elle
Autour du poêle à bois
Pis qu’y faisait trop frette
Pour s’éloigner de la chaleur de son amour
Elle se mettait à chanter
EGO SUM PAUPER
NIHIL HABEO
ET NIHIL DABO.
Ça voulait dire :
Je suis pauvre
Je n’ai rien
Et je ne demande rien.
Chaque enfant reprenait la première phrase
Après que l’autre l’eut entonnée
Et l’on chantait en chœur
Dans un canon sans fin.
On n’a jamais su qu’on était pauvres.
On ramassait de la nourriture pour l’hiver comme si c’était de l’or.
Tout l’été, je pêchais le poisson
Ma mère le canait en vue des grands froids.
Elle sciait elle-même du bois pour en faire des cordes.
Au fur et à mesure qu’elle nous faisait du linge
Elle nous apprenait à coudre
On piégeait le lièvre, faisait un grand jardin
Engraissait notre cochon
Que je payais avec mes casseaux de fraises
On avait quatre poules, un coq,
Même une chèvre pour le lait
On a toujours été millionnaires Marie.
C’est comme ça qu’on a appris
À se serrer les coudes
À se faire confiance les uns les autres.
Je comprenais maintenant un peu mieux pourquoi mon père avait pu m’enrober dans une bulle de bonheur dès ma naissance. Il ne m’avait jamais raconté des contes et légendes. Il vivait sa vie comme on chaloupe une rivière, à la découverte toujours renouvelée d’une manière poétique de percevoir la réalité.
Quand je vous ai demandé :
Auriez-vous la bonté de me parler de vos souffrances ?
Pourquoi pleuriez-vous Papa ?
Parce qu’un homme qui n’a jamais connu la souffrance
Se sent handicapé pour aider sa fille
Qui se meurt d’amour pour un homme.
Quand vous avez attendu que maman
Vous ramasse sur le trottoir
En face de son travail
Assis sur votre valise
N’étiez-vous pas en souffrance ?
Je m’abandonnais tout simplement à la vie
Comme ma bonne mère me l’avait montré
J’ai toujours cru à la magie du cœur.
Et ta mère, en un instant,
À pu s’émouvoir à la magie de mon cœur pour elle.
Le retour en automobile se passa dans un chapelet de silences, entrecroisés de confidences. Mon père avait choisi son heure pour se dévoiler. Et je pressentais par la douceur de son dire, qu’une deuxième fois ne serait pas nécessaire.
J’ai choisi de travailler chez les sœurs
Parce que je peux réciter chaque belle phrase
Que je lis dans l’encyclopédie
Tout en œuvrant à mon rythme
Elles-mêmes étant trop occupées à prier.
Et plus tard
Je n’ai pas cru bon de raconter tout ça à ta mère
Je ne crois pas que ce que je porte en moi
Puisse modifier son talent de m’aimer.
Alors pourquoi me conter votre intime
À moi qui suis une copie de ma mère dis-je ?
Miel
Tu m’as demandé de te parler de mes souffrances
Mais le mot « souffrance » fait partie de l’ego
Et le mien se dissout tellement harmonieusement
Sous le bonheur d’être
Qu’il me semblait indispensable
De te dévoiler cette partie
Profondément enfouie dans ma solitude intérieure.
Est-ce que vous êtes un poète lui demandai-je ?
Non, un poète, c’est celui qui se sent la mission
De construire avec les mots
Pour que le cadeau qui se recueille en lui
Soit accessible aux autres.
Moi je ne suis bien que dans l’art de vivre
De lire mon encyclopédie, De travailler chez les sœurs
Et de vous aimer comme un fou ta mère et toi.
Ce soir-là, durant le souper familial, je me sentis réconciliée au quotidien de mon père et de ma mère. Je les percevais maintenant comme deux planètes qui, par la force même de leur gravité, n’auraient jamais la tragique occasion de se faire mal au gré d’une collision. Il suffisait à mon père, de par cette attraction mutuelle, qu’il tienne ma mère au chaud pour que cela le rende heureux, tel le soleil vis-à-vis la terre. Papa, auriez-vous la bonté De jouer aux échecs avec moi ?
Curieusement, ce rituel du jeu d’échecs entre nous n’avait jamais été une occasion de grands moments d’intimité. Tout juste de ma part une façon de lui faire plaisir et de la sienne une manière de déguster ma présence.
Nous jouâmes toute la nuit.
Mais plutôt que de confronter nos puissances logiques respectives, j’en profitai pour me baigner dans son art de dessiner la vie. J’habitais d’instinct le pays de l’intelligence, l’intuition, la passion de vaincre, la ruse, le plan de match. Mon père vivait dans un royaume différent du mien. Il ne forçait jamais, trop amoureux du rythme de ses mouvements, de l’odeur de sa pipe comme des craquements de sa chaise berçante.
Puisque, dans l’après-midi, il m’avait dévoilé quelques clés de sa vie, je tentai d’en profiter pour emprunter, en les copiant par mimétisme, des chemins semblables aux siens. Chaque fois que je saisissais un pion, une tour, une reine ou un roi, je caressais la texture de la pièce en de longs gestes langoureux par le simple bonheur du toucher. Il me sembla qu’il s’en rendit compte parce qu’il eut la délicatesse de rythmer ses séquences pour les ajuster au parfum des miennes.
Ce fut la toute première fois dans ma vie où je pressentis qu’il pouvait exister une danse de l’instant présent. Il n’y eut soudainement moins de passé si lourd comme aussi moins de désirs affamés de futurs. La vie m’apparut comme une suite possible d’instants présents, les anciens décédant en même temps que surgissait celui qui précédait la naissance des autres. Je venais peut-être de cogner à la porte de l’éternité de l’instant présent comme l’aurait dit Renaud, ou de rater de peu la fissure du temps pour qu’elle m’apparaisse? Aujourd’hui je sais que je n’étais alors qu’aux prémices d’un quelque chose de fabuleux que je mis des années à découvrir. Il me manquait la surprise du hasard ou l’abandon de la fenêtre ouverte au cas où le souffle passe.
Un peu comme le philosophe Jean-Jacques Rousseau qui, durant une promenade, reçut un coup de sabot d’un cheval qui lui fit perdre connaissance. Quand il revint à lui, il se trouva dans un état étrange. Il lui sembla que le monde n’avait aucune frontière et qu’il était un point de conscience flottant dans un vaste océan. Rousseau se sentit fusionné avec tout : la terre, le ciel, n’importe qui autour de lui. Il se sentit en extase et ivre dans cet état qui passa rapidement et lui laissa une forte impression qui le hanta pour le reste de ses jours.
Vers quatre heures du matin, je fus prise d’un fou rire. J’avais posé une colle à mon professeur de littérature et il avait été incapable de la résoudre.
Papa, si tu étais Shakespeare
Tu ferais quoi,
Être ou ne pas être ?
Quand tu vis une brosse d’être
Dans la taverne de la vie
Me répondit-il sans hésiter
Tu connais le bonheur de vivre
Un état paradoxal
Qui passe par le non-savoir.
Impossible à connaître au moyen de la pensée
Être et ne pas être en même temps.
Voilà la béatitude suprême
Dans cette vie
Et c’est par ce chemin du non-savoir
Que l’univers chante dans l’âme de l’être humain
Tel un sanctuaire d’oiseaux
Aux confins de l’innommable.
Je n’ai jamais oublié ces mots, car mon père les prononça banalement, tout en continuant à jouer aux échecs, comme si pour lui tout avait été depuis longtemps une simple question de trouver les bons mots dans l’encyclopédie, de les agencer pour mieux témoigner de la beauté de les vivre. A un point tel où je mis les trois dernières phrases en prologue du livre.
Papa, tenez-vous un journal sur ce que vous vivez ?
Parfois dit-il, parfois
Peut-être qu’un jour je te montrerai.
Le téléphone sonna. C’était Renaud. Il appelait de chez Isabelle.
Écoute, dit-il
Les enfants doivent partir en excursion
Découvrir où ton père a vécu
Avez-vous déjà eu un chalet
Dans votre famille ?
Attends, je te passe mon père, dis-je.
Et c’est ainsi qu’ils firent vraiment connaissance. Mon père l’avait vu chanter au St-Vincent lors de l’hommage à Monsieur Gouin, mais je le sentis ému du fait que Renaud désirait passionnément faire rêver les enfants du camp Ste-Rose. Renaud parla de coffres de bois et papa de mentionner qu’il m’en avait fabriqué vingt et un, à travers les années, qui ne demandaient qu’à être descellés pour être ensuite utilisés au bénéfice des enfants.
Demain matin, je suis à ta disposition
Renaud, pour te faire visiter
La cabane en bois rond de ma mère
Si Miel veut bien nous y conduire.
Curieux la vie. De savoir qu’il passait la nuit chez Isabelle me fit souffrir autant que l’idée d’aller l’y chercher le lendemain matin neuf heures provoqua en moi une joie profonde.
Papa, dis-je à mon père
Pourquoi avoir parlé des coffrets
On ne les a même pas ouverts ?
Je vis par ses yeux gamins et coquins qu’il se mourait d’envie de dévoiler enfin ce qu’il avait ciselé pour moi à chacun de mes anniversaires depuis ma naissance. Même ma mère n’avait jamais été au courant du contenu d’aucun de ces derniers.
Nous nous installâmes à table. Le coffret de ma naissance ne contenait qu’une seule lettre sculptée en une forme miniature : La lettre E. Celui de ma première année la lettre G. Celui de ma deuxième année, la lettre O.
Il n’y avait de fait qu’une lettre par coffret, sur une période de vingt et un ans.
EGOSUMPAUPERNIHILHABE
C’est la chanson de ta mère, dis-je, triomphante
EGO SUM PAUPER
NIHIL HABEO
ET NIHIL DABO
Tu ne m’as jamais parlé de cette chanson-là, Rodolphe Dit ma mère
C’est un canon en latin
Que me chantait ma propre mère
Quand j’étais enfant
Dit mon père
Je saisis d’instinct que mon père ne voulut point dévoiler sa recette, de peur que ma mère ne cesse de s’émerveiller de la manière mystérieuse dont il arrivait à l’aimer de seconde en seconde. Il sortit également la chaîne originale de ma Grand-Mère que sa propre mère lui avait remise. Il y faufila les lettres une à une et m’agrafa l’ensemble dans le cou.
Pour que ta grand-mère te protège
Comme elle le fit pour moi
En me chantant cette berceuse.
Mais Papa, il me manque douze lettres dans le cou ?
Et mon père de répondre :
Je n’ai pas fini de t’aimer non plus.
Le lendemain matin, nous ramassâmes Renaud chez Isabelle pour nous rendre finalement à la cabane à un mur. Pour Renaud, toute réalité représentait d’abord un décor signé par ses rêves, contrairement à mon père pour qui il n’y avait de réel que le bonheur permanent passant à travers le réel comme si ce n’était qu’un amas de molécules.
La cabane à un mur de votre mère, dit Renaud
Je ne pouvais pas imaginer un lieu plus magique
Je vois les enfants arriver ici en autobus
À raison d’un groupe par jour
Avec pour mission
Trouver les vingt et un coffres
Reconstituer le message original
Par l’assemblage des morceaux déchirés.
Les méchants Patibulaires
Habitent tout autour
Vous connaissez quelqu’un de la région
Qui possède le physique d’un méchant
Et qui vit dans le coi ?.
Mon père et moi criâmes en même temps :
Roméo Bourget.
Et c’est ainsi que fut à peine dessinée la suite de la thématique du camp Ste-Rose, Renaud tenant par-dessus tout à ce que les détails furent improvisés au fur et à mesure. Nous nous rendîmes à la roche où mon père allait quand il état enfant.. Après de longs moments de silence à écouter la symphonie de la nature, Renaud demanda soudain à mon père :
Êtes-vous venu à l’enterrement de Paul Gouin
Monsieur Gascon ?
Vous l’avez bien connu relança mon père ?
Ce fut un poète, Monsieur
Il connaissait la valeur de l’instant présent
L’instant présent st un si beau cadeau
Dit mon père
Et je vis mon père basculer dans ce qui me sembla une brosse d’être. Une certaine présence absente tout à fait charmante. Et je vis Renaud, étonné de ce qu’un autre que lui put avoir dans sa bouche, tel un secret dévoilé, des paroles qu’il aurait pu dire lui-même. Oui, l’instant présent à trois sur cette roche fut, cette journée-là, un merveilleux cadeau.
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2024,
2924…28 MARS 2019,
NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE… NOTRE ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE) BÉNÉFICIANT DE 12 ANS D’ARCHIVES VIDÉOS TÉMOIGNANT DE NOTRE MATURATION PAR LA RÈGLE DE JEU DES 3 WOWS, PEUT MAINTENANT PASSER À UNE AUTRE VITESSE OPÉRATIONNELLE PUISQUE TOUTE LA PROPÉDEUTIQUE EST TERMINÉE, LA MISE EN PENSÉES ABSTRAITES DU CADRE THÉORIQUE, DE LA PROBLÉMATIQUE ET DES ENJEUX EN DESIGN…. NOTRE COURSE VERS LE PRIX NOBEL DE LA PAIX PEUT MAINTENANT VIVRE UN AGENDA PLUS SERRÉ PUISQUE TOUS LES TROIS (MARLENE, MICHEL ET PIERROT) VOYONS NOTRE DOCTORAT COMME MULTI-MÉDIATIQUE PAR TROIS PEINTRES, AVEC COMME OBJECTIF LA MISE EN APPLICATION PAR L’INSTITUT DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DU QUEBEC DE NOTRE ALGORITHME DE JUSTICE SOCIALE: «WOW-T=2.7K?»…. SI NOUS Y METTONS NOTRE NUIT ET JOUR, 7 JOURS SEMAINE… CELA NOUS PRENDRA MOINS DE DEUX ANS POUR RÉALISER NOTRE RÊVE BIG-BANG.
March 28, 2019 Pierrot le Vagabond Chercheur
Quel beau conseil d’administration de la créativité encore ce matin. Comme nous sommes rôdés.. Grâce à la règle des 3 wows, chacun se sent parfaitement accueilli dans sa créativité de peintre-doctorant… Les 80 premières pages du ier chapitre «la non-tricherie» seront accompagnées des videos de Michel sur la droite … Michel tournera tout l’été des videos sur les jardins de Marlene pour habiter le côté gauche…
De mon côté, les connecteurs de chaque chapitre de notre doctorat se précisent..
Par exemple le titre du 3eme chapitre sera maintenant le suivant:
LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE
OU LA MÉTAMORPHOSES DES FORMES
DE LA VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART
POUR UNE HUMANITÉ PERSONNELLE OEUVRE D’ART
il sera démontré
que dans la nano-citoyenneté-planétaire
DANS UN PREMIER TEMPS, la forme de la non-tricherie individuelle (vie personnelle œuvre d’art) se métamorphosera en TIRAGE AU SORT UNIVERSEL… tel que l’intuitionnait John Rawls dans son livre «la justice comme équité» le voile d’ignorance se succédant en mineure par un tirage au sort pour une justice sociale architectonnée selon le voile d’ignorance.
DANS UN SECOND TEMPS, la forme de champ ou jardin constellaire individuelle (vie personnelle œuvre d’art) se métamorphosera en 2 ASSEMBLÉES DE 125 JUSTES (125 femmes et 125 hommes) pour que puisse surgir universellement une graine de rêve big bang)
DANS UN TROISIÈME TEMPS, la forme d’un rêve big bang (vie personnelle oeuvre d’art) conduisant à l’algorithme de justice sociale «wow-t=2.7k?» se métamorphosera en UN RÊVE BIG BANG OU LE DROIT À UNE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART POUR CHAQUE ENFANT DE LA PLANÈTE TERRE.
Ce chapitre reconduisant la question fondamentale de notre doctorat (Auld, Woodard, Rochette)
QUELLE INSTITUTION PLANÉTAIRE FAUT-IL IMAGINER POUR QUE SUR TERRE PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE?
LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE