Je viens d’aller prendre une marche après une nuit très intense de recherche philosophique … Comme si le fil d’or de ma présence sur terre fut consacré depuis l’enfance à l’émerveillement que cela fut possible de vivre l’impossible au quotidien.
Les débris de la mémoire du corps lorsqu’ils voyagent entre la station spatiale des 5 sens, la station spatiale du cerveau et la station spatiale des pulsions ou du viscéral retrouvent dans des labyrinthes dessinés soit par des mythes, soit par des religions, soit par des penseurs… Des paysages extrêmement diversifiées …et pourtant… terriblement anxiogènes et même quelquefois toxiques.
On a qu’à se raconter quelques uns de nos rêves pour se rendre compte que les débris de la MÉMOIRE DU CORPS DES 3 STATIONS SPATIALES … ressembles à des astéroides perdus dans une tranche du cosmos. … A la fois trop lourds et trop OBJETS pour pouvoir danser la vie comme l’errance poétique la fait si bien danser…
Je fus chanceux de naître en plein cœur du rêve d’amour de ma mère et mon père. A cette époque-là leur amour était rêve big bang. Je ne suis pas né dans la maison de ma mère et mon père… je suis né au k-oeur de leur rêve big-bang.
Je n’ai qu’à fermer les yeux pour me rappeler l’adoration de tous ces jeunes adultes que constituaient la famille élargie de mon père… car à cette époque… Mon oncle Paulo, sortait avec ma tante Yolande, Ma tante Micheline avec mon oncle René … mon grand père Lefebvre descendait la côte St-Louis chaque matin et venait piquer un brin de jasette avec ma mère dans la chaise berçante en fumant sa pipe.
J’étais le ier enfant des deux clans… des Rochette et des Lefebvre… Je recevais tellement d’affections, de becs, de prises dans les bras… On aurait dit que chacun voyait son avenir dans le rêve de ma mère et de mon père.
Aujourd’hui j’ai les mots pour le dire… Dans ma petite enfance… tout ne fut qu’onérisme heureux …. La tradition voulait que lorsqu’une famille donnait un prêtre à sa société…. toute la famille allait au ciel… Alors inutile de dire qu’on s’y est appliqué pour que ce soit moi.
Très tôt, mon grand-père Lucien me fit confectionner un surplis blanc sous lequel je donnais la communion devant un petit autel. Quelle curieuse chose que la religion ….
Une chance qu’il y avait la musique… Quand mon père endossait son bel habit de l’harmonie de La Tuque pour aller jouer iere trompette au parc St-Eugène en plein air l’été… ma mère m’y emmenait… et la trompette de mon père résonnait dans l’horizon heureux.
Je me souviens de ma petite enfance comme un pur enchantement… Quand ma sœur Lison est née, puis mon frère Gilles, puis mon frère Claude… tout a changé… La musique de la joie de vivre intimement avec la poésie me semblait accompagnée par des des larmes, des cris d’enfants, des bruits qui n’arrêtaient jamais… comme c’est normal quand on élève une famille.
Mon père eut beau réunir la famille pour en faite une imitation de la famille Trapp chantant à 5 voix… je ne m’y suis jamais retrouvé. On aurait dit que les débris de la mémoire du k-oeur, celle de la station spatiale du k-oeur, s’élevaient très haut dans le k-osmos de mes impossibles… les deux hobos sautant du train … je pouvais les voir sous forme de constellation dans la noirceux d’un ciel d’été…. et les applaudissements du public quand je donnais des fleurs à une religieuse (vers l’âge de 3 ou 4 ans) dans le chant des grillons l’été.
Je peux dire aujourd’hui, à 71 ans, qu’il a suffit de deux hobos sautant du train à La Tuque pour faire de moi un poète … un vagabond céleste… Ce poète ne se retrouve dans aucun de ses écrits, aucune de ses chansons, aucun de ses romans philosophiques, aucune de ses théoritisations philosophiques ou métaphysiques… non …. ce poète m’habite sous forme de transgrammes entre une AB-DÉE (une idée qui refuse d’exister) et une AB-PRÉSENTATION (une représentation qui refuse de faire signe, signifiant ou signifi) flottant parmi les flottements des débris de la mémoire du k-oeur… hors temps, hors réalité, hors servitude.
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Tiens ça me rappelle les trois hobos qui ont marqué ma jeunesse d’artiste de scène au café St-Vincent… Philippe l’ancien médecin durant la deuxième querre mondiale, l’artiste un hobo qui venait de La Tuque même… qui avait la gradeur poétique d’arrêter les trains ou d’apprendre à chanter aux oiseaux dans un parc et qui mourut écrasé par l’automobile de René Levesque lui-même au tout début de son man dat de premier ministre … et le père Lamontagne qui faisait faire des tours de carosses à trois roues aux touristes en échange d’un peu de monnaie.
J’arrivais du Japon…. j’habitais une toute petite chambre dans le Vieux Montréal … et le café St-Vincent… à cause de Paul Gouin et de la mère Martin n’était que pure poésie… Paul étant un aristocrate-poète avait acheté cet édifice pour que sa maitresse soit heureuse… elle qui avait été mariée à l’entrepreneur de pompe funebre qui en avait fait une morgue… Selon la légende… Paul avait dit à l’entrepreneur, mari de sa maitresse… COMMENT CA COUTE POUR QUE TU PARTES TOUT DE SUITE? … et selon la légende… bien entretenue par madame martin elle-même quand elle avait un peu bu… Il était parti.
Jeanne voulait y vivre en haut au troisième avec son Paul… puis en bas… y ouvrir un café poétique ou il y aurait de la musique et des chanteurs… Paul qui possédait une galerie d’art sur la rue Sherbrooke…. y déménagea ses plus belles peintures et ses plus beaux meubles d’antiquité…
Et c’est là que j’arrivai… issu de l’enchantement du rêve amoureux de ma mère et mon père… puis du ego sum oauper , nihil habeo, et nihil habeo des louveteaux, puis du rêve d’un poste de télévision sur cable de mon père ou moi et mes frères Gilles et Claude étions cameramen, puis du rêve d’expo 67 qui devint ma iere mère…. puis de mon rêve d’aller représenter le Canada è expo 70 au Japon…. avec les Contretemps…. puis…. puis…. de rêve en rêve, d’émerveillement en émerveillement alors que je devais compléter un mémoire de maîtrise en audio-visuel après avoir fait con certificat d’enseignement à l’université de Montréal… j’arrivi par hasard dans le rêve de PAUL GOUIN ET JEANNE MARTIN… au bout de la ruelle des peintres dans le Vieux Montréal… la porte de garage ouverte… et j’y chantais LA POÉSIE comme Paul aimait à l’entendre quand il descendait en robe de chambre de son 3eme par le petit ascenseur juste à droite de notre petite scène…
Comme Paul était heureux quand, du haut de son 3eme, il nous entendait chanter nos folklores…. Moi j’aimais beaucoup … Isabeau, aux marches du palais, è la claire fontaine… Paul arrivait en bas… allait se chercher un cognac… s’assoyait un peu puis remontait… parce que vers 3 heures du matin… Il s’en allait chez le père Leduc ou une table lui était réservée pour écrire sa poésie.
J’aurais donné ma vie pour que cela fut peinture à jamais… Je n’ai qu’à fermer les yeux pour y voir dans la fenêtre du garage du St-Vincent mes trois hobos… Philippe, l’artiste, le père Lamontagne espérant que les clients leur offrent un verre de bière….
C’est comme si, au nom des deux hobos de mon enfance qui avaient sauté du train, Philippe, l’artiste, le père Lamontagne venaient me rappeler, soir après soir, que moi aussi… un jour… ce serait mon tour de sauter du train de la k-ondition humaine.
J’avais vraiment peu de choses… j,habitais une toute petite chambre au grenier d’un édifice qui depuis a passé au feu. Une guitare… deux ou trois vêtements…. c’est tout…. Et l’amour…. ca c’était vraiment fou… J’étais célibataire… je chantais…. j’étais poète…. et la posie fait bon ménage avec l’amour….
Je n’ai qu’à fermer les yeux…. Je crois que le café St-Vincent parce qu’il était poésie et que nous vivions poésie… m’a permis d’être vraiment aimé d’amour par des jeunes femmes-poésies.
Certains soirs d’hiver… je donnais mon lit à un de mes trois hobos et je dormais sur le plancher… certains autres soirs… des jeunes femmes-poésies venaient s’y cacher. Et je fêtais le tout en allant chercher mon devoir sur la rue St-Denis qui arrivait vers 4 heures du matin si je me rappelle bien….
Comme je ne fumais pas, je ne droguais pas, je ne buvais pas… non pas par vertu mais parce qu’enivré de poésie… je voulais me rappeler à jamais que cela avait été vrai…. LA POÉSIE…. l’enchantement de la poésie… celle de mon enfance….
Aujoud’hui, j’ai les mots … Je m’étais constitué des débris de la mémoire du K-oeur qui flotteraient de joie avec moi au plus profond de mo n k-osmos intérieur.
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Quand je chantais sur la petite scène du café St-Vincent… c’était avec les modulations de la trompette de mon père dans la voix… C’était quand même fascinant… On avait à peine deux petits micros, un petit système de son…. la porte de garage était ouverte… et le public.. soir après soir…. venait vivre la poésie…..
De fait…. c’était un ensemble impossible… La ruelle des peintres, une bohème de quartier… A cette époque-là, le vieux Montréal était encore un village ou des familles habitaient depuis quelques générations… puis des jeunes de province qui, arrivés à Montr.al pour leurs études, s’y donnaient rendez-vous pour retrouver un peu l’esprit de chez eux…
Un impossible heureux… parce que Jeanne Martin et Paul Gouin VIVAIENT LEUR RÊVE BIG BANG…. Jamais Jeanne n’avait eu l’idée de faire de l’argent avec son commerce… Paul et Jeanne n’en avaient pas besoin… Mais, bien malgré eux… ça s’est mis à marcher… Et j’ai pris peur intérieurement… Les files commençaient è s’accumuler devant le café…. Jeanne a engagé un gérant…. Paul vieillissait… il dut subir une opération pour un cancer de la gorge… Il se mit à sortir avec une canne et une grande barbe blanche pour cacher son trou dans la gorge…
Et je me mis à avoir mal sur scène… La poésie foutait peu à peu le camp poujr être remplacée par l’argent…. La pègre organisa un jour une bataille… y installa la protection … Un avocat dit signer des papiers à Paul et Jeanne… les portiers du jour au lendemain devinrent ceux de la pègre… Cotroni lui-même venait dans sa limousine blanche.
J’écrivis une chanson pour protester sur scène que j’eu le courage de chanter et dont le titre était: PENDANT QUE LA PÈGRE EST DEHORS…. Un portier, Claude… me rejoignit dans la chambre de bain et avec un fusil sur la tempe me dit… ON T’AIME BIEN MAIS O N AIME PAS CETTE CHANSON -LÀ … et moi de répondre en riant… SAIS-TU À BIEN Y PENSER, MOI NON-PLUS….
Et je me trouvai làche de continuer d’y chanter… ça marchait prodigieusement…. Et c’est là que Robert Ruel est venu me voir pour fonder les deux Pierrots en me disant que sa boîte serait protégée par la police parce que son gérant en serait un ancien policier, Jean Perron… ce qui fut effectivement vrai.
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Pierrot vagabond