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25 NOVEMBRE 2020 …. 17 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS … ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’.ÉTERNITÉ ….CHAPITRE 11 … LA MORT EN TABLEAUX DE NOEL …. ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

25 NOVEMBRE 2020 … 17 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ …. CHAPITRE 11 …. LA MORT EN TABLEAUX DE NOEL … ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

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RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE E DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

 

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

La boîte à chansons le «2Pierrots» ferme ses portes après 46 ans d’activité

LES DEUX PIERROTS…. QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MÊME … JE VIENS DE  REDÉCOUVRIR UNE PHOTO DES TOUT DÉBUTS DE LA BOÎTE D'ANIMATION LES DEUX  PIERROTS…. 1974 OU 1975 JE CROIS…. J'EN SUIS

17 NOVEMBRE 2020…. 25 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE  PIERRE ROCHETTE … L'ÎLE DE L'ÉTERNITÉ … 2EME CHAPITRE: LE VIEUX MONTRÉAL  ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES

LE PLUS GRAND DES TROIS PIERROTS, ROBERT RUEL, Marie-Lou sa fille qui a pris la succession dans la direction artistique de la boîte à chansons ….  et Lise sa tendre compagne ….
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Pierrot le Vagabond Chercheur |

pierresivign

 

L’île de l’éternité de l’instant présent

Il s’abreuvait depuis toujours aux frissons de l’éternité. Cela lui semblait si naturel qu’il n’avait jamais pu comprendre comment il se faisait que les humains puissent souffrir. Son corps de 51 ans lui avait toujours paru sous la forme de la jeunesse éternelle. La pureté de l’âme, la sensation continuelle de flotter deux pieds au-dessus du sol, le rythme lent, amoureux, étonné, charmé. La sensation de ne rien peser, de se fondre dans le tout avec ravissement, de saisir dans ses mains l’air comme des milliers de pépites d’or. Était-il artiste, poète de la vie, amant de l’être ou son enfant naissant encore aux langes ?
Amenez-moi au début du roman

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Le dernier été de sa vie fut le plus mystérieux de tous pour ceux qui l’avaient connu jeune homme. Il chantait au théâtre « Le patriote » de Sainte-Agathe durant le souper, et cela six soirs par semaine. Mais avec cette particularité qu’il s’était arrangé pour qu’on ne le voie pas. Il montait par une échelle jusqu’à la cabane de l’éclairagiste soudée au plafond intérieur et de là, fredonnait les chansons les plus sensibles du répertoire de sa jeunesse dans le Vieux-Montréal.

Sa vie d’artiste, par laquelle il évita non seulement le monde du travail, mais le monde lui-même, permit au poète en lui de poétiser, en toute liberté, hors du temps, hors des servitudes, hors des réalités.

→ Valeur : Toulouse-Lautrec - Expertise tableau dessin - Estimation affiche  ancienne

Son journal de bord, rapporte que, durant cet été-là, on ne le vit manger aux tables avec les clients que lorsqu’il reconnaissait d’en haut quelqu’un qui avait perdu un être cher et qui n’avait jamais pu s’en sortir psychologiquement. Mais il y avait plus. Il ne pouvait accepter d’apercevoir du sang ou une atmosphère d’enterrement dans la toile rouge et or des tables carrelées où l’impression Toulouse-Lautrec festoyant au chat noir rejaillissait de soir en soir. Il en manquait si peu pour que le tableau devienne un chef d’œuvre. Alors il tentait de restaurer le tout d’un coup de pinceau, au cas où, puisqu’il ne pouvait y arriver avec sa voix.

Coquelicots moderne ©Bruni Eric | Coquelicots peinture, Comment peindre,  Peintures de fleurs abstraites

À la mort de Renaud, on trouva chez lui un manuscrit, le seul d’ailleurs qu’il aurait aimé publier de son vivant. Il avait ramassé tout au long de sa carrière des histoires de magie que le public lui avait racontées. Il tentait au travers d’elles d’en saisir le dénominateur commun. Par quels mécanismes un instant présent devient-il magique ? la dernière partie était consacrée aux histoires de morts. Il précisa en note de bas de page qu’elles furent vécues telles que contées.

Selon ce manuscrit, on meurt comme on a vécu. Et il lui semblait qu’une des conséquences de l’art de vivre l’instant présent consistait à apprendre en même temps l’art de mourir en un instant présent fabuleux, la suite des tableaux d’une vie n’étant en somme qu’une question de sujet, d’harmonie, d’agencement des couleurs et de perspectives.

Pastorale chrétienne' (1945) by Georges Rouault | Fauvisme, Art chrétien,  Art spirituel

Le frère Marcel était responsable des frères des écoles chrétiennes de la province de Québec et directeur de la polyvalente de St-Henri. Ceux qui l’ont connu ne pourront jamais oublier ce petit homme de cinq pieds quatre, près de trois cents livres, dont le seul loisir connu consistait à se rendre au forum de Montréal le samedi soir pour assister aux parties de hockey du Canadien de Montréal. Un jour il apprit par son médecin qu’il avait un cancer généralisé et qu’il lui restait moins d’un an à vivre. Son seul objectif étant de ne pas inquiéter son entourage, il annonça discrètement à tous qu’il avait entrepris une diète. Que de taquineries et de félicitations il reçut tout au long de la fonte de sa personne. Vint le jour où, ayant enfin le poids désiré, il prit simplement sa valise pour aller mourir seul à l’hôpital. Et personne ne sut jamais qu’il fut malade. On le sut le lendemain de sa mort. Renaud l’avait connu personnellement. Il ne fut pas étonné que son art de vivre, d’une humilité hors du temps, hors des servitures, hors des réalités, malgré les honneurs octroyés à son poste dont il aurait pu se glorifier, l’ait conduit à l’art de mourir, l’instant présent étant le même dans sa beauté, qu’importe le moment de son éternité.

L'ange Musicien dans la Peinture chrétienne du 17ème | BolezArt

Il en fut ainsi de Madame St-Marc. Ayant appris qu’un désagréable cancer des intestins ne lui permettait plus que quelques mois de survie, elle alla louer une chambre dans ce qu’elle appelait un mouroir, de façon à ne pas incommoder ses enfants. Le prix était raisonnable, sa maison venait d’être vendue, ses affaires étaient en ordre. Elle avait été cliente du St-Vincent et suivit Renaud tout au long de sa carrière de chanteur. L’été du Patriote, Renaud, étonné, l’avait aperçue dans la salle. Il avait arrêté de chanter, descendit son échelle pour aller la saluer. Elle aurait dû être morte. Comment se faisait-il ? C’est alors qu’elle lui conta son histoire devant son mari en larmes.

La semaine passée, j’ai dit au docteur
Docteur, ça veut pas mourir
J’aurais le goût de prendre des vacances.

Et le docteur de lui dire :
Madame
Vous risquez de perdre votre place
Et c’est peut-être juste une question de semaines
De jours même.

J’ai appris que Renaud chante au patriote
Louez donc ma chambre
Chanceuse comme je suis
La personne devrait décéder
Juste à temps

Pour que je retrouve mon lit.

Madame St-Marc et Renaud rirent si fort et de si bon cœur ensemble, en contraste du mari qui ne comprenait pas que l’on puisse s’amuser de choses aussi tristes, qu’il en oublia de remonter en haut pour chanter. Comme elle l’avait dit, la chambre de Madame St-Marc se libéra juste à temps et elle put mourir entourée de ses petits-enfants, comme elle l’avait aussi planifié, désirant laisser en héritage à ses proches, le souvenir d’une femme heureuse, même dans ses derniers moments.

Les 12 meilleurs tours guidés à pied de Montréal

Renaud sut la suite de l’aventure, en voyant Monsieur St-Marc souper seul, attéré par son deuil. Et il ne chanta presque pas ce soir-là. Il mangea avec lui, l’écoutant parler d’elle. Monsieur St-Marc l’avait rencontrée au St-Vincent, où elle travaillait comme serveuse les fins de semaine pour arrondir ses fins de mois. Par amour pour elle, il devint un client assidu et cela tous les soirs où le St-Vincent était ouvert, y compris ce fameux soir où je reçus un appel de mon père :

Marie…
Écoute, promets-moi de rester très calme…
Ta mère a eu un anévrisme au cerveau
Elle… elle…est mourante à l’hôpital
Le docteur dit que c’est peut-être une question d’heures.

Categorie: De l'instinct à la raison

NONNNNNNNNNNNNNNNNNNN
PAPA
NONNNNNNNNNNNNNNN
En arrivant à l’hôpital, je tombai dans les bras de mon père qui ne put que me dire :

Ta mère est morte Il y a à peine dix minutes. Pourquoi je vous raconte cette histoire ? Parce que le journal de Renaud mentionne que, le soir de la venue de Monsieur St-Marc au Patriote, c’est par cette histoire de mon père vivant la mort de ma mère qu’il tenta d’apaiser un peu sa tristesse infinie. Il en avait, comme moi appris tous les détails au fur et à mesure des années, d’un témoignage à l’autre et avait pu se faire un portrait à peu près exact de ce qui s’était passé.

Par exemple, la sœur directrice de la communauté où mon père travaillait depuis tant d’années, m’avait raconté que le lendemain de la mort de ma mère, il avait été la voir dans son bureau et lui tint exactement ce langage :

Chère mère directrice,
Ce matin j’ai un problème de veuf
Quand je vais sortir de votre bureau
Vous allez avoir un problème de religieuse

Ma femme est décédée cette nuit
Ma sœur….
Auriez-vous la bonté….
De l’exposer dans votre chapelle ardente
Et de lui offrir une messe avant l’enterrement
Même si je ne suis pas croyant
Et n’ai pas l’intention de le devenir

Religieux Abstraite Peint De Fond Illustration - Getty Images

Sœur Lucienne du Saint nom de Marie, puisqu’il m’honore de la nommer, me raconta en cette même occasion, qu’en trente ans de travail pour sa communauté, mon père n’était venu qu’une seule autre fois faire une demande, soit l’année d’avant. Il s’était confié à elle sous le secret de ses vœux, lui exprimant le fait que les attaques d’amour de l’être devenaient parfois tellement intenses que son corps en frôlait l’évanouissement. Par conséquence, elle lui accorda la permission d’aller s’étendre en arrière de la sacristie, sur le plancher de façon à ne déranger personne, lui-même offrant en contrepartie de remplacer le temps perdu par un supplémentaire approprié.

Auriez-vous la bonté
D’en avertir vos religieuses
En des termes de fragilité de santé
Plutôt que sous des formes de spiritualité
Puisque je considère que ce n’est pas vraiment le cas.
L’instant présent étant du domaine de l’enivrement
Ou du trop grand bonheur de vivre
Je ne sais pas trop.

La confusion règne dans les écoles

Sœur Lucienne me raconta qu’elle avait été frappée par la formule : « auriez-vous la bonté de ?… « Elle observait mon père depuis toujours. Mais cette rencontre dans son bureau où il lui parla d’attaques d’être modifia leur relation. À un point tel qu’elle lui demanda un jour avec la même formule :

Monsieur Gascon
Auriez-vous la bonté de devenir le réceptacle
De mes confidences intimes ?

Elle savait que si elle avait employé le mot « confesseur », il s’en serait senti outragé. C’est ainsi qu’à son insu, mon père, par ses conseils avisés, devint le véritable directeur de cette communauté

Le fait qu’il retourna travailler comme si de rien n’était le lendemain de la mort de ma mère, me choqua. Je ne compris point sa manière d’agir et il ne se sentait pas vraiment prêt à me l’expliquer, ne le sachant pas vraiment lui-même, je crois. Il me laissa plutôt un mot sur la table, qui ne m’empêcha pas de me sentir orpheline.

La peine infinie n’est point une souffrance
C’est le chant de la joie
Qui meurt avec reconnaissance
Pour renaître ailleurs
Sans errance.

Pré 2008 09 final

Je pleurai toute la journée, en l’attendant. Il rentra tard ce soir-là. À chacune de mes demandes d’information, il me répétait finalement et invariablement toujours la même chose :

Ne t’inquiète pas,
Les religieuses s’occupent de tout.

J’appris cependant que ma mère était morte à l’hôpital Ste-Justine au moment où elle assistait à une séance d’informations, dans le but de devenir accompagnatrice pour les enfants mourants. Elle était bêtement tombée de sa chaise, terrassée par l’anévrisme, en un seul instant, ce qui rendait ma douleur et ma révolte encore plus bête.

Mon père mangea une soupe, enleva le camé avec la photo de ma mère lorsqu’elle avait seize ans de son cou. Puis il fuma sa pipe dans sa chaise berçante dans un silence contemplatif. De mon côté, décontenancée, j’allai passer la soirée chez Clermont.

Sœur Lucienne m’a aussi raconté plus tard que mon père avait demandé à ce que ma mère fut exposée dans une simple tombe de bois. Comme elle avait été une enfant de la crèche et qu’il n’y avait personne à avertir au niveau famille, il préférait l’enterrer seul, préférant ne pas déranger personne.

OZIAS LEDUC

Comme son travail du mois consistait à laver les vitraux et les plafonds de la chapelle. Il s’y appliqua la nuit comme le jour, descendant régulièrement embrasser ma mère sur le front et s’étendant de béatitude face contre le sol devant sa tombe. Cela contrastat étrangement avec mes larmes lorsque je m’agenouillais devant cette même tombe. Je pense que sa seule souffrance fut de rythmer ses pas sans trouver le moyen de soulager ma douleur. Je ne comprenais pas comment il faisait pour signer sa vie de façon si absente. La chapelle devint le lieu de son dernier dialogue amoureux avec ma mère, ayant exprimé le souhait qu’il n’y eut aucune visite, ni des religieuses, ni d’autres personnes que sa fille. La messe eut lieu le lendemain à onze heures du matin. Mon père avait demandé au confesseur de la communauté que cela fût court. Sans artifices. Les sœurs prirent discrètement place à l’arrière. Je pris place à côté de la tombe sur une simple chaise. Mon père obtint la permission de servir la messe avec la tombe comme autel, à condition que celle-ci fût en latin pour que le sens erroné des paroles se perdent dans la beauté de la langue.

La confusion règne dans les écoles

Sans doute n’aurait-il jamais permis ce qui se produisit par la suite : Une fois la messe commencée, les chansonniers, entourés de Madame Martin envahirent la gauche de la chapelle ardente, le groupe des parents avec à leur tête le père de Jean-François la droite et tous les enfants du camp Ste-Rose avec le personnel au centre.

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Renaud approcha sa chaise de la mienne. Je penchai ma tête sur son épaule et pleurai doucement sans qu’aucun son ne sorte. Jean-François se leva et, après une génuflexion, déposa le 28e et dernier coffret des patibulaires sur la tombe de ma mère. Mon père ne s’aperçut de rien. Avant que la cérémonie prenne fin, la directrice fit signe à tous et chacun de quitter la chapelle. Il se retrouva seul avec le tombeau, passa cette dernière nuit à laver les vitraux.

Mon père n’assista pas à la mise en terre qui eut lieu dans le lot des religieuses au cimetière Côte-des-neiges. Il disparut plutôt pendant trois jours, me laissant savoir par Sœur Lucienne qu’il avait besoin de vivre son deuil à sa manière. C’est par le journal de Renaud que j’appris la fin.

Il partit sur le pouce, deux couvertures de la communauté dans un sac, le vingt-huitième coffre des patibulaires dans l’autre. Il se rendit à la maison à un mur de sa mère. Il écrivit sur un simple papier

EGO SUM PAUPER
NIHIL HABEO
ET NIHIL DABO

PUZZLE MASTER - SECRET PUZZLE BOX - BUTTON BANK / EN BOIS

Il enterra le vingt-huitième coffre avec en son fond, le camé de ses seize ans entouré du bout de papier, demandant à sa propre mère d’accueillir joyeusement son épouse au royaume de l’innommable.

Le cinquième jour après le retour de mon père, Renaud eut l’indécence d’arriver sans téléphoner, sans s’annoncer, sans même frapper puisque la porte était entrouverte.

Monsieur Gascon
J’ai besoin de vous
Pour ma soirée de camp ce soir
Au nom des jeunes
Je vous demande de ne pas refuser.

> J’ai besoin d’un Père Noël et d’une fée des étoiles
Pour mon Noël des campeurs.

Épinglé par Yvonne Cordier sur Dessin | Comment peindre, Oeuvre d'art,  Peinture croquis

Dans tous les camps du Québec, la tradition veut que cet événement eût lieu le 25 juillet de chaque été. Mais le temps que les chansonniers finissent leur collecte au St-Vincent dans le but de ramasser des fonds pour financer les activités du camp Ste-Rose, et le temps que la course des coffrets prenne fin au pays des patibulaires, le tout suivi du décès de ma mère, cela avait provoqué un retard de 10 jours.

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Renaud soliloqua tout le long du parcours en automobile :

Vous auriez dû voir les enfants
du troisième et dernier groupe
A la recherche du vingt et unième coffre
Un tiers montait la garde dans les arbres
Dont deux dans notre cabane Monsieur Gascon
Un autre ratissait autour de la maison à un mur
De fond en comble
Un troisième creusait à la pelle

Au son de la corne,
les équipes changeaient de rôle.

J’avais demandé au chansonnier Jos Leroux
De venir jouer à l’espion
Les jeunes lui ont sauté dessus
L’ont attaché à un arbre
Lui ont enlevé ses chaussures
Pour lui chatouiller les orteils

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C’est comme ça qu’on a su
Que le vingt et unième coffret
Avait été caché au fond de la chaloupe
De sa famille.

C’est aussi en rampant que les plus vieux
L’ont découvert enveloppé
Dans un sac de plastic.

Nous arrivâmes au camp. Les enfants en pyjama attendaient autour du sapin illuminé dans la salle communautaire. Nous observâmes la scène de l’extérieur, n’étant pas encore déguisés, ni mon père, ni moi.

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Mes amis, dit Renaud
Déguisé en Anikouni
Il n’y aura pas de Père Noël
Ni de cadeau ce soir
Je m’excuse
Le Noël d’été
Était le 25 juillet
Dépasser cette date
Le Père Noël ne sort plus
Mëme les faux loués par les grands Magasins
Sont en vacance
Alors collation puis coucher.

C’est dans un brouhaha compréhensible que tous et chacun montèrent au dortoir. Vers vingt et une heures trente, on n’entendit plus un bruit. Tout le monde sembla dormir profondément.

Madame Martin arriva avec quelques chansonniers, puis Monsieur Brisson avec quelques parents. L’excitation était à son comble. L’argent ramassé au St-Vincent avait servi à acheter le même cadeau à tout le monde : Une très belle boîte de crayons à colorier avec une pile diversifiée de cahiers minces pour recevoir les couleurs, toutes des histoires de pirates et de trésor.

Chaque participant fut revêtu d’un long drap blanc enroulé soyeusement autour du corps comme au temps des romains. On avait, à l’insu des enfants, pendant qu’ils étaient rassemblés dans la salle communautaire, saupoudré les fenêtres de jets blancs, comme dans le temps des fêtes et serpenté les murs de lumières de Noël, mais de telle façon que cela ne soit pas visible sans des lumières appropriées.

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Je m’habillai donc en Fée des Etoiles et mon père en Père Noël. Trois immenses sacs rouges furent remplis de cadeaux. Robert, le directeur du camp aidé de deux éducatrices réussirent à installer la chaise du Père Noël juste en dessous du faux escalier menant au grenier, et cela sans réveiller personne. Et c’est muni d’une chandelle à la main, que chaque ange allât prendre place dans un coin. Deux parents furent habillés en roi mage et Jos déguisé en lutin de façon à ce que personne ne le reconnaisse. Nous primes la précaution de masquer son visage de patibulaire de façon à ce que, selon Monsieur Brisson, il n’effraie pas les petits. Il effrayait déjà suffisamment les filles du St-Vincent, selon les chansonniers s’étouffant de rire.

Tant qu’à ça
Laissez-moi donc dans l’auto
Murmura Jos dans son humeur des mauvais jours Au signal. Les anges allumèrent leurs chandelles, les lumières de Noël illuminèrent le dortoir et la chaise fut éclairée par en dessous donnant une impression d’irréalité. La stratégie des éducatrices fut de réveiller les enfants un par un, leur demandant de garder silence, les amenant discrètement sur les genoux du Père Noël pour recevoir leur cadeau à condition qu’ils ne l’ouvrent qu’au son de la corne le lendemain matin. Il fut impossible de réveiller les deux jumeaux, profondément enlacés l’un dans l’autre. Nous dûmes laisser leur cadeau au pied de leur lit. Et c’est dans le silence que le Père Noël fit le tour de chaque lit, s’assurant que chaque cadeau soit serré dans les bras des petits comme on tient un toutou pour mieux se baigner dans la ouate de la vie.

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Tout se passa comme dans un rêve. Une heure plus tard, les adultes costumés avaient disparu et les enfants s’étaient rendormis.

Revenus dans la salle communautaire, nous nous changèrent devant le sapin de Noël encore allumé. Il y a des moments comme ça où personne ne veut quitter. Assis en cercle sur des chaises de bois, nous bûmes et mangeâmes à la santé de Madame Martin qui avait pris la peine de nous préparer des victuailles du temps des fêtes, le tout arrosé par deux bouteilles de cognac. Et nous eûmes droit aux tourtières et aux beignes du temps des fêtes, Madame Martin ne faisant que reproduire une tradition au St-Vincent, le soir de Noël.

Le public était invité à prendre la parole au micro pour raconter une menterie, comme en racontaient les menteux le soir de Noël autour du poële à bois quand les enfants étaient couchés.

Et Jos de dire :
Madame Martin
On ne peut pas finir la veillée
Sans une de vos menteries de Noël ?

Fauvisme

Ben lala….

Et les chansonniers de répéter

Ben lala…

J’avais douze ans.
Tout le monde jouait aux cartes.
Y était presque minuit
Mon père y dit

M’man c’est à votre tour là
Jouez

Ben cré lé cré lé pas
Ma grand-mère avait la tête penchée
sur son jeu de cartes dans ses mains…
est morte de même
pis personne s’en est jamais aperçu.

Le pire c’est que
Ma grand-mère
Elle avait quatre as dans son jeu
Ben c’est ma grand-mère
Qui a gagné la bouteille de champagne

Et tout le monde de se tordre….

Y as-tu une menterie de Noël pour battre ça
Dit Jos ? Tous les yeux se tournèrent vers mon père et moi. Il y eut comme un malaise. On se rendit compte trop tard de l’impair. Et mon père prit la parole.

Ma femme….
Du temps de son vivant
M’a déjà conté…

Qu’elle avait un oncle
Qui pesait au-dessus de 300 livres.
Dans ce temps-là
Si tu mourais dans le temps de Noël
T’étais exposé pareil dans le salon

Ben tout le monde a bu a la santé du mort
Le pire c’est que le gars
Avait toujours porté une barbe blanche
Pis on l’avait toujours appelé le Pere Noel
Parce que son vrai prénom c’était Noël

Si vous lisez l’almanach
Vous verrez
Que c’est la seule année de son histoire
où le père Noël
A pas été capable de se promener
De maison en maison

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Si ma femme était ici ce soir Elle vous jurerait Que cette histoire-là c’est pas une menterie Pis moi ce soir,
En son nom
Je vous le jure
Non pas sur la tête de ma fille ici présente
Mais sur la pompe à essence
de Jos Leroux

Ce rire-là fut probablement le plus libérateur de la veillée. Je sentis chez mon père ce respect infini pour la vie qu’importent les épreuves. Et cela nous fit du bien à tous. Encore plus à Madame Martin qui me confia que grâce à mon père, elle était prête à cesser de pleurer Paul Gouin son conjoint pour mieux chanter sa mémoire.

Au retour, mon père vit me border en me disant :

Les sœurs sont justement en collecte de linge
Pour les pauvres
On pourrait peut-être trier les effets de ta mère
Pis aller porter ça demain soir
Me semble que ça aurait fait plaisir
À ta mère que ses affaires servent
À du monde vivant qui en ont besoin
Et non pas à des morts.

Beauté et tendresse - Peinture abstraite à l'acrylique sur toile par Gui  Petra

Il détacha de mon cou le collier EGO SUM PAUPER.
Et y inséra toutes les lettres manquantes
Qu’il avait sculptées
Pour moi pendant qu’il veillait ma mère
La nuit à la chapelle.
NIHIL, Marie
En français ça veut dire RIEN

Quand dans la vie
On ne ressent plus rien
Suite à la disparition d’un être cher
On touche automatiquement au tout
Mais toi et ta mère,
Vous ne serez jamais rien pour moi
Car vous avez toujours été tout
Je vous aime ta mère et toi Marie
Et je vous aimerai toujours

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Et c’est ainsi que, bercée par le tout de mon père, je pleurai un peu pour apprivoiser ce rien affreux en lequel ma mère m’avait laissée pour aller fêter dans le cœur de mon père la vie dans son tout, comme on sait si bien le faire à chaque Noël, même s’il a lieu dans l’étrangeté d’un soir d’été.

Pierrot le Vagabond Chercheur |

24 NOVEMBRE 2020 … 18 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ …. CHAPITRE 10 …. JOURNAL DE MON PÈRE … ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

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RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE E DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

La boîte à chansons le «2Pierrots» ferme ses portes après 46 ans d’activité

LES DEUX PIERROTS…. QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MÊME … JE VIENS DE  REDÉCOUVRIR UNE PHOTO DES TOUT DÉBUTS DE LA BOÎTE D'ANIMATION LES DEUX  PIERROTS…. 1974 OU 1975 JE CROIS…. J'EN SUIS

17 NOVEMBRE 2020…. 25 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE  PIERRE ROCHETTE … L'ÎLE DE L'ÉTERNITÉ … 2EME CHAPITRE: LE VIEUX MONTRÉAL  ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES

LE PLUS GRAND DES TROIS PIERROTS, ROBERT RUEL, Marie-Lou sa fille qui a pris la succession dans la direction artistique de la boîte à chansons ….  et Lise sa tendre compagne ….
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Pierrot le Vagabond Chercheur |
pierresivign

Chapitre 10 – LE JOURNAL DE MON PÈRE

 

L’île de l’éternité de l’instant présent

Toute sa vie, mon père avait pris des brosses d’être dans la taverne de la vie. En fait, il n’avait jamais senti le besoin de passer par la fissure du temps pour aller voir, de l’autre côté, comment vivaient les hommes. Cependant, il avait dû tenir un journal, durant près d’un mois, parce que l’être l’attaquait maintenant de ses bienfaits, une attaque d’être étant infiniment plus troublante qu’une brosse d’être. Et c’est de la différence entre les deux états, que surgit le besoin de noter, jusqu’à ce qu’il soit aussi confortable dans un état que dans l’autre.

8 mai

ATTAQUE D’ETRE

La douce et inépuisable abondance de l’instant présent semble avoir en plus une conscience amoureuse de l’homme. La vie m’apparaît une danse amoureuse entre le libre-arbitre de l’instant présent et le libre-arbitre de l’homme.

Hier, je suis allé me coucher vers 20 heures. Puis la formidable béatitude de l’instant présent est venue me visiter comme les vagues de la mer attaquent la plage. Le corps est dans un tel état de bonheur qu’il lui est même difficile de se lever pour marcher. « Cela » ayant pénétré en moi est rythme amoureux de mon « ÇAJE » comme les feuilles qui te saluent sous l’expression du vent, comme les herbes qui dansent au bord de l’asphalte fier. Chaque intime morceau de la matière chante à sa manière la créativité consciente de l’instant présent. Cela a duré jusque vers 22 heures, à peu près, puis s’est estompé doucement comme la vague se retire dans ses marées basses.

Puis vers 9 heures du matin, la vague de l’instant présent amoureux d’un « ça en moi » est revenue me faire la cour. Je reconnais ses attaques, son pas, sa douceur, sa signature, son immortalité, son rayonnement, toujours pareil et jamais lui-même jusqu’au fin fond de l’univers à chaque instant redessiné. Que c’est ahurissant ! Dans ma fenêtre, les milliers de brins d’herbes et les centaines de feuilles me regardent, complices de mon bonheur. L’instant présent est dans la pièce et chante pour moi l’amour qui coule en dedans de moi comme une rivière.

Quand l’instant présent me visite de sa fantastique béatitude, je peux noter l’instant exact de son arrivée et l’instant exact de son départ.

Il est 11 heures, trente minutes du matin. L’être s’est retiré. Pas de deuil, pas de peine, pas de tristesse. Comme l’amant après avoir fait l’amour à sa bien-aimée la laisse reposer pendant qu’il va lui cueillir des fleurs.

13 mai

BROSSE D’ETRE

De Gaulle disait : la vieillesse est un naufrage. Dans une brosse d’être, la vie ressemble à la mer. L’ego, au Titanic. Plus jeune se fait le naufrage du Titanic, plus douce est la vie sur la mer. Toute brosse d’être équivaut à vivre instantanément le naufrage du Titanic en soi, Ne reste que le naufragé, ébloui d’être encore vivant.

19 mai

ATTAQUE D’ETRE

16 h p.m. L’être entre doucement dans la pièce. Il revient avec ses fleurs après m’avoir caressé ce matin. Le parfum de l’éternité envahit chaque cellule de mon corps. L’être toujours pareil jamais le même est conscient de ce qu’il fait. Tant de beauté de sa part est impossible sans la conscience. Il n’est pas de la nature des choses que l’être se dévoile en son entier en cette vie. Mais curieusement, la symphonie de son empreinte porte toujours la même signature, celle de la relation amoureuse égalitaire. Si le « çaje (sage) » n’était pas en dedans de moi, l’être mourrait d’ennui et de chagrin car il n’y a de danse amoureuse que quand l’indivisible est amoureux de l’indivisible dans ce qui semble divisé.

Quel mystère pour moi. Pourquoi l’être arrive comme un voleur dans ma vie et que moi je ne puis faire la même chose consciemment dans la sienne ?

21 mai

BROSSE D’ETRE

Je suis aussi incapable de provoquer consciemment une brosse d’être. Il y a un moment précis où dans l’abandon et le dépouillement, je me retrouve en état d’ivresse en relation amoureuse avec la taverne de la vie qui m’héberge.

Il semble y avoir une différence entre une brosse d’être et une attaque d’être. Dans une attaque d’être, l’être comme le chat cherche sa caresse. Il avance doucement, sensuellement. Il t’agresse si tu ne lui donnes pas de l’affection. Dans une brosse d’être, le chat en toi dort, entraînant dans son doux sommeil, l’éternité qui l’entoure, le pénètre et le traverse. Et toi tu te saoules dans la taverne de l’être dont les murs sont aux confins même de l’éternité jamais achevée. Et tu t’y promènes comme au paradis, la terre étant le jardin de l’être, l’émeraude du cosmos.

4 juin

ATTAQUE D’ETRE

Devenir le réceptacle d’une attaque d’être constitue une apothéose d’éternité absolument ahurissante. C’est comme si l’univers dans son infini entier jamais achevé rejaillissait sous la forme de geyser d’énergie au centre de ton « ÇAJE ». Et tu deviens instantanément fondu dans la beauté du tout. Tu es le parfum, de la rose, le chant de l’oiseau, la vague de la mer, la tendresse des nuages, la symphonie du jour qui se lève. Tu es l’immensité jamais achevée.

Aucune religion n’approche l’être. L’être est sacré, par sa légèreté stupéfiante, mais non religieuse. Il ne demande pas qu’on le prie, il danse. C’est trop fou comment ça se passe. L’être ne parle jamais. Il chante.

6 juin

BROSSE D’ÊTRE

L’abandon conduit au voir qui lui fait basculer dans l’être. Une fois dans la taverne de l’être, l’abandon et le voir disparaissent. Ne reste que la vacuité du çaje, la vision pénétrante, la non-pensée, la brosse d’être. Une fois dans la taverne de l’être, surgit la danse amoureuse du çaje qui fait frémir la nature jusqu’au fin fond de l’univers.

12 juin

ATTAQUE D’ETRE

Parfois les attaques d’être sont si intenses que je suis incapable de ressentir mes jambes qui marchent, incapable de travailler, de m’occuper du plus simple problème. Il n’y a rien de plus délicieux qu’une attaque d’être. C’est un vent qui t’attaque d’amour dans une béatitude infinie.

Le mur entre l’absence d’être et la présence d’être m’apparaît être comme un poste de douane où il est préférable de s’alléger de beaucoup de choses, le passage étant très étroit, très étroit.

L’être m’a quitté en ce moment à 99 pour cent, il reste délicatement présent comme le ciel à l’horizon en toile de fond. Pourquoi en est-il ainsi ? je ne sais pas. Le « je » est trop loin du ça en ce moment pour que je sache quoi que je sois je………Ça.

Quand l’être se retire, Tout ce que je « touche, » « sent », ou « vois » est vacillant. On dirait que je cherche la matière de mes caresses, chaque objet étant différent dans son apparence, mais semblable dans son essence. Comme si la division ne se rappelait de sa magie que par l’intuition passée de son intérieur uni.

 

18 juin

NOUVELLE ATTAQUE D’ETRE

Vers 13 h. p.m., la vibration de la béatitude s’est reglissée tellement fort à l’intérieur de moi que j’ai dû aller me coucher sur un banc. Il m’a semblé que le corps était fondu dans le même taux vibratoire que l’univers. La tête attendait. Parfois elle se fondait avec le corps. C’est probablement ce qui se passe après la mort. Un taux vibratoire qui chante éternellement en un tout.

Puis, comme ma tête s’ennuyait, j’ai laissé vagabonder des pensées d’un sujet à l’autre, ce que probablement certains appellent le mental. Cette division entre la béatitude du corps et la liberté du libre-arbitre qui laisse la folle du logis jacasser est très inconfortable. L’être n’est aucunement gêné par cette division.

Je ne peux concevoir le passage sur cette terre sans cette béatitude permanente, libérée de toute souffrance. Que chaque citoyen de cette planète n’y ait pas encore accès me semble étrange. C’est pourtant l’état original de l’homme, ce pourquoi, il a été créé, sa vraie condition humaine.

21 juin

TENTATIVE DE BROSSE D’ETRE

J’ai essayé toute la nuit d’entrer dans la taverne de l’être par moi-même. Impossible, impossible. Comment se fait-il qu’aucun chemin ne semble mener à l’être ? Que de questions sans réponses.

Puis soudain, à mon insu, me voilà ivre dans la taverne de l’être. Aucun goût d’être connu, reconnu, riche, célèbre. Que du bonheur d’être. Comme un brin d’herbe rythmant le vent au milieu des hommes pressés par le temps qui marchent aveuglément vers le cimetière de leur vie.

16 juillet

ATTAQUE D’ETRE

Ça faisait presque vingt jours que je n’avais pas eu de relations avec l’être. Puis hier soir, vers 22 heures, en me couchant, j’ai senti sa venue prochaine comme le vent annonce une douceur de vivre. J’étais couché contre le corps de ma compagne. Elle m’a souhaité une nuit magnifique. Je lui ai dit qu’elle le serait. Je n’ai jamais osé lui dire que l’être s’en venait, de peur que ce soit mon imagination qui me joue des tours.

L’air autour de moi est devenu frais comme la rosée du matin. Le « cela » s’est avancé amoureusement, comme une maîtresse. Je reconnus le feutré de ses pas, la douceur de son affection. Puis le cela a fait éclater la perception que j’ai de mon corps. Les milliards de cellules en moi-même se sont mises à chanter la visite de l’univers. Ma tête fut tout étonnée que « cela » puisse se produire. L’enveloppe qui retient toutes ses cellules ensemble est devenue très mince, presque sans aucune sensation. Je le sus parce que chaque fois que ma compagne touchait ma chair, je ne sentis presque rien.

Chaque relation avec l’être est à la fois différente et semblable. Je fis pour la première fois l’expérience d’une nuit complète et parfaite de béatitude. Ma conscience resta toujours libre, jamais délirante ne fusse un instant. Ma pensée logique à son minimum de fonctionnement. Mon corps incapable de se séparer de la bonté de l’être par lui-même, absolument incapable. Et la folle du logis dormit profondément toute la nuit, bien contente d’avoir des vacances imprévues.

24 juillet

BROSSE D’ÊTRE

Ce qui m’a impressionné cette nuit, c’est la dissolution instantanée de l’ego à la première seconde du rapport à la taverne de l’être. Cela semble fonctionner comme ceci. Comme un jeu de lego. L’ego se reconstruit lorsqu’il sort de l’être, se dissout lorsqu’il entre en lui, en étant chaque fois de plus en plus émiettable, de moins en moins noyau dur. Il est possible que l’ego soit un outil indispensable pour fonctionner en société, permettant à la personnalité de comprendre les règles sociales. Sans ego, on est infirme socialement, mais au niveau vibratoire, un oiseau qui vole infiniment haut au-dessus de la condition humaine.

Il n’y a pas d’élus ou de non-élus. Que des précurseurs. L’être est accessible en abondance à tous, mais, on ne connaît encore aucun chemin qui y mène. Que de mystères, que de mystères. Je suis un saoulon de la taverne de l’être. Trop saoul pour avoir le moindre intérêt à chercher des réponses.

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage.

EGO SUM PAUPER
NIHIL HABEO
ET NIHIL DABO

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Ainsi prit fin le journal de mon père. J’étais dans la chambre de Renaud, quand il le lut à haute voix devant moi. Plus il avançait dans la lecture, plus ses mains tremblaient, plus il ralentissait, plus sa voix se vidait de son expression. On aurait dit un fœtus se repliant sur lui-même.

GARDIENS DU FEU SACRÉ

Ainsi l’instant présent, ce serait l’être
Ou du moins la forme de son dévoilement à l’homme ?
Puis-je dormir avec toi ce soir ?

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Il pleura dans mes bras toute la nuit. Sans bouger, sans parler, sans prononcer un mot. Je ne tentai pas d’en savoir plus. J’avais l’impression qu’il ne réagissait pas à mon toucher. Il avait juste besoin d’être consolé. Même pas je crois. Il avait juste peur d’être seul avec ses larmes. Même pas je crois. Il avait peur c’est tout. Non ce n’était pas ça non plus. Ça pleurait à travers lui. Oui voilà. Un peu comme à l’aéroport, deux personnes s’embrassent en pleurant parce qu’elles ne se sont pas vues depuis dix ans. Un peu comme un couple pleure parce que l’homme apprend que sa compagne est enceinte. Un peu comme la mère pleure à la remise des diplômes parce que son fils est enfin reçu médecin.

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Durant son sommeil, il continua à pleurer tout en ronflant. Puis il se mit à murmurer comme un petit enfant qui se réveille en pleine nuit pour voir le sapin de Noël illuminé de cadeau.

Ohhhhhhhhhh c’est beau
C’est beau…..
Ah merci…merci…merci…

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Et il se remit à ronfler et les larmes ne cessèrent pas de couler. Son corps était à la fois d’une telle lourdeur et d’une telle légèreté. Comme le jour se levait, je pus voir l’expression de son visage. Un sourire permanent sous une chute de larmes. N’eut été de mon chandail tout trempé, je n’aurais pas cru qu’un homme puisse autant pleurer. N’eut été de son sourire, je n’aurais pas cru que l on puisse ainsi toute une nuit, pleurer de joie. C’était donc cette émotion qu’il tentait de faire vivre aux enfants du camp Ste-Rose : Pleurer de joie.

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Il se réveilla très reposé, très joyeux, ne se souvenant absolument pas de ce qu’il avait vécu durant la nuit. Tout ce qu’il me dit fut :

Ma vie ne sera jamais plus pareille
Maintenant que ton père a mis
Des mots dessus

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Et ses mains se remirent à trembler. Et il quitta rapidement pour ne pas que je m’en aperçoive. Tout cela me parut bien mystérieux. Je peux en témoigner aujourd’hui seulement, parce que, comme Jean-Jacques Rousseau qui s’évanouit à la suite d’un coup de sabot, je ne vécus cet état d’immensité de l’instant présent qu’une fois. Mais il suffit d’une fois pour ne jamais plus être la même. Comme Gauguin ne le connut lui aussi qu’une fois, dans son bonheur succédant au bonheur, Comme Burke ne le vécut lui aussi qu’une fois, ce qui le conduisit à écrire un livre sur les magnifiques de cette terre ayant eu le privilège soit d’habiter en permanence, soit de faire escale par hasard sur l’île de l’éternité de l’instant présent. Mais il aurait été impossible pour moi d’authentifier cet état par ce livre, si je ne l’avais pas vécu au moins une fois, une seule fois, presque vingt-sept ans plus tard, donc il n’y a pas si longtemps.

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Ce matin-là, Clermont partit en autobus avec un premier groupe, celui des hiboux à la recherche des vingt et un coffrets sur le territoire des patibulaires. Il restait ne donc plus au camp Ste-Rose, que l’équipe des castors et la mienne, celle des écureuils.

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Quand j’arrivai sur le terrain, pour la relève de quatre heures, les hiboux avaient ramené onze coffrets, tandis que les castors et écureuils avaient, pour leur part ,monté deux nouveaux sketches pour le bivouac du soir.

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Sans que les enfants en soient affectés, le personnel du camp se morfondait quand même d’inquiétude. Jean-François était disparu depuis une heure. On eut peur à une fugue. Comme il avait quatorze ans et vu qu’il était le plus vieux et comme il avait accompagné son père à la soirée du St-Vincent, on en conclut qu’il était de nouveau parti rejoindre Monsieur Brisson.

Créatures légendaires ...(suite)

C’est en descendant sur la plage que j’aperçus sur la roche au centre du lac une silhouette tournant le dos au camp et faisant face au soleil tombant. Il me sembla reconnaître mon boxeur. Il avait dû nager pour se rendre à la roche comme Anikouni et moi l’avions fait tour à tour. Je montai avertir Robert, lui demandant de me laisser gérer la situation.

Clermont n’étant pas encore reparti chez lui, je lui demandai conseil.

Mmmmm
D’après moi il fait le point sur sa vie
Vaudrait peut-être mieux le laisser tranquille.
Faire comme si de rien n’était.

Tu peux rester pour la soirée lui dis-je ?
Je vis trop de choses difficiles
T’es le seul avec qui je peux les partager.

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Clermont me serra dans ses bras. On pouvait toujours compter sur lui. Comment faisait-il pour être disponible avec une égale générosité, à tous et à chacun, avec la même noblesse de pensée, lui dont personne n’avait souvenance au St-Vincent qu’il eut jamais un jour ce besoin de se confier. Il ne me posa même pas de questions, respecta mes silences, m’aida à préparer le bivouac, fit quelques appels téléphoniques.

A plusieurs occasions, Robert le directeur du camp faillit intervenir. Il eut peur au suicide et la responsabilité qui pesait sur ses épaules lui apparut ce soir-là insupportable. Il demanda quand même conseil à tous les adultes présents : Isabelle l’éducatrice, Jean-Marc et Benoît, les éducateurs en service, Clermont et moi-même.

On prit la chance de commencer la soirée en avisant de la situation seconde par seconde. Il s’adonna que l’invité d’honneur fut Philippe le robineux, un des trois têtes grises. Quand je lui racontai ce qui était en train de se passer, il demanda la permission de prendre une chaloupe et de se rendre à la roche, avec son panache d’indien sur la tête.

Écorce de bouleau, chef-d'œuvre des nations autochtones, le canot d'écorce  règne sur les cours d'eau de l'Amérique du Nord.

 

Quand les enfants arrivèrent au bivouac, Ils eurent comme décor Philippe et Jean-François face à face sur la roche, orangés d’un soleil couchant. La soirée eut lieu. Clermont dévoila le contenu de chaque coffret en les authentifiant de son sceau de directeur du musée des beaux-arts, on tenta de placer ensemble les premiers morceaux du casse-tête, les enfants m’offrirent leurs sketches. Je leur donnai des nouvelles d’Anikouni cherchant lui aussi de son côté des traces du chevalier de la rose d’or. Puis ils retournèrent cuver leur magie par le rêve.

Il ne restait plus que Clermont et moi sur la plage, inquiets pour Philippe et Jean-François sur la roche. Nous alimentâmes le feu pour qu’il reste visible de loin, pour que Philippe ne perde pas la direction du camp en revenant avec la chaloupe. Robert venait nous rejoindre par séquence, préférant vivre le drame par lunette d’approche du haut de son bureau.

Fenrir - Loups et Légendes

Que faire dans ces cas-là ?

Respect, politesse, intelligence me répondit Clermont.
On peut y accoster une deuxième chaloupe ?

Y a moyen oui, en tenant la corde
On peut y asseoir huit personnes là-dessus,
Sans problème

Des couvertures sont toujours les bienvenues
Pis en plus si t’arrives avec de quoi manger
Pis de quoi boire
T’es accueilli en héros non ?

En montant chercher des victuailles, nous croisâmes Renaud et mon père. Ils arrivaient du St-Vincent . Renaud désirait dormir à la belle étoile pour avoir le bonheur de jaser avec lui, comme il l’avait fait avec Clermont.

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Quatre dans la chaloupe
Ça vous dérangerait, demanda Renaud ?
Y a peut-être de la place pour cinq, dit Robert.
Je m’offre pour ramer.

Et l’embarcation commença son voyage sur l’eau. J’entendis Renaud dire à Clermont ;

Quel tableau, mais quel tableau
Il en manque si peu
Pour en faire un chef d’œuvre.

Clermont tenait la lanterne. Il y avait dans ses yeux ce bonheur de s’insérer dans le meilleur de l’autre, cette délicatesse de toujours garder le silence lorsque cela s’imposait. J’étais assise près de mon père qui lui, semblait vivre tout ça avec la gaieté d’un enfant qu’on réveille pour une promenade nocturne. Seul Robert ramait comme il avait ramé toute sa vie, en prenant trop de responsabilités et en en gardant le stress en dedans de lui-même.

Au mitan du chemin, Renaud se leva debout et chanta.

Zum galli galli galli zum
Galli galli zum

On entendit au loin une voix enchaîner le couplet :

Le feu de l’amour brûle la nuit
Je veux te l’offrir pour la vie.

De reconnaître la voix de Jean-François nous fit tous exploser le cœur de joie. Je n’avais jamais entendu chanter Robert auparavant. Je sentis que la passion de Renaud pour les tableaux chef d’œuvre venait de transformer sa vie à lui aussi. Et il se surprit à ramer sans effort. Juste faire couler chaque pagaie de façon rythmée dans chaque fissure de l’eau.

Et la chaloupe en entier entonna

Zum, galli galli galli zum
Galli galli zum

Partager un repas sur la roche, ne fut pas chose facile. Mais c’est dans des fous rires mémorables que nous nous retrouvâmes en cercle, corps à corps, sept personnes emmitouflées sous trois couvertures, les cordes des deux chaloupes enroulées autour des chevilles, la magie de la solidarité s’installant aussi en plein milieu. Entre les étoiles et l’eau à la verticale, entre la forêt et la plage à l’horizontale, apparût soudain, dans toute son étrangeté, l’aventure de vivre, qu’importe les accidents entre le berceau et la tombe.

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Je veux devenir médecin dit Jean-François
Mais sans amis, je n’y arriverai jamais
Je suis venu sur la roche sacrée
Demander à la vie
De m’offrir des vrais amis.

Ok dit Robert
On pourrait peut-être partir une fondation à but non lucratif
On ramasse de l’argent pour tes études
Le jour où t’es médecin
Tu remets l’argent dans le pot
Pour que ça serve à quelqu’un d’autre.

Un quelqu’un comme moi, dit Philippe
Un robineux médecin
Y me semble que ça pourrait être pratique
Pour comprendre les robineux malades.

Moi je m’offre pour faire une collecte
À tous les mois parmi les clients du St-Vincent
Dit Clermont.

Je me propose pour devenir
Votre présidente, directrice, secrétaire trésorière
Fis-je en faisant rire tout le monde.

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Et toi Renaud, fis-je ?

Moi j’aimerais déposer…
Dans la fondation…
Non pas les premiers sous…
Mais les premiers « mercis, Jean-François »
Pour avoir mis de la magie dans notre vie ce soir

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Et tout le monde en chœur répéta :
Merci Jean-François.

Quand les deux chaloupes retournèrent vers le rivage, d’après la béatitude souriante des visages de mon père et de Renaud se désombrageant au gré de la lanterne de Clermont, il me sembla juste au son du bruissaillement des rames, que l’eau du lac avait été remplacée par de la ouate joufflue et bombée comme celle des nuages quand ils roulent de bonheur dans le ciel, en fait de l’eau ouatée telle qu’on en trouve autour de l’île de l’éternité de l’instant présent.

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Jean-François retourna au dortoir amoureux de lui-même pour la première fois de sa vie. Robert amena Philippe dormir chez lui, Renaud invita mon père à dormir sous ces arbres chef d’œuvre qu’il avait méticuleusement choisis pour le plaisir qu’il y trouvait à préparer la magie à venir. Et Clermont se souvint de ma demande de jaser un peu avec lui près du feu de braise sur la plage.

Renaud t’a parlé des brosses d’être
Et des attaques d’être,
Dont mon père parle dans son journal ?

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Clermont prit le temps de m’entourer d’une couverture pour que je n’aie point froid dans le dos. Il mit quelques branches dans les braises.

T’aurais dû voir comme c’était beau, Marie,
Quand je suis arrivé en autobus
Avec l’équipe des hiboux
Dans le royaume des patibulaires.

De voir les jeunes garder silence
Chercher de broussailles en broussailles
Les coffrets du chevalier de la rose d’or
Pendant que deux de ceux-ci
Faisaient le guet, à tour de rôle,
Avec leur arc et leur flèche.

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C’est ainsi que j’appris que Renaud et mon père s’étaient construit une cabane dans un arbre d’où ils pouvaient surveiller l’action sans êtres vus. Et que de fait, ils passèrent la journée ensemble. Mon père avait pu ainsi revivre dans l’instant présent le bonheur de se cacher dans la cabane de son enfance, qu’il n’avait eu d’ailleurs qu’à rafistoler un tant soit peu pour qu’elle soit de nouveau fonctionnelle.

Les enfants pique-niquant avec les éducateurs, Clermont put se libérer pour aller manger ses sandwichs dans la cabane en haut de l’arbre. Mon père était tellement heureux qu’il parla comme on aurait parlé de la pluie et du beau temps, de l’importance des états paradoxaux qui font éclater toute pensée, laissant toute la place à ses brosses d’être. Clermont ne comprenant rien à ce langage eut droit à une explication terre-à-terre.

Pour ton père, me dit Clermont,
Le fait d’être dans la même cabane
À faire les mêmes gestes
À quarante ans de distance
Provoque des émotions
Qui se chevauchent dans le temps,
Font éclater la pensée
Pour provoquer une brosse d’être
Exceptionnelle
C’est ce qu’il appelle
Un état paradoxal.
Une des portes de l’instant présent
Une des portes de l’être
Quand il veut se dévoiler un peu à l’homme
Par le biais du non-savoir, de la non-pensée.
Ton père, me dit-il encore,
Dit des choses essentielles
Avec la légèreté de l’enfant, qui rit
Sans vraiment se rendre compte
Que ce qu’il vit est un peu
Hors de la portée du commun des mortels
Dont je suis, pour ne pas le dire plus qu’il faut.
J’écoute, mais c’est hors de ma portée.

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C’est ainsi que j’appris que mon père consacra sa journée dans l’arbre à se fabriquer en miniature la reproduction de la maison de sa mère, et cela juste avec de la colle, un canif, des bâtons de popsicles et des allumettes de bois.

Et Renaud lui?

Renaud est-il tellement différent
De Jean-François, me dit Clermont ?
Il cherche, découvre, apprend.
Jean-François veut devenir médecin
Lui tente de ne pas tomber malade
Comme on devient malade
Quand la quête s’éternise
Et qu’on a l’impression
Qu’on n’y arrivera jamais

Je l’aime, confiais-je à Clermont.

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Comment sais-tu que tu l’aimes me dit Clermont ?

Par les deux nuits au cours desquelles
Il a dormi dans mes bras, répondis-je.

Alors qu’est-ce que tu attends
Pour aller le rejoindre ?

Clermont me quitta sur ces mots. Je montai au dortoir chercher mon pyjama, prit mon sac de couchage à l’arrière de mon automobile et me dirigeai vers les saules pleureurs. Car il n’y avait que deux saules pleureurs sur ce terrain et Renaud en avait fait son phare pour indiquer la direction aux étoiles perdues dans la mer cosmique.

Je tentai de ne pas faire de bruit, me couchai tout contre lui. Comme les fermetures éclairs de nos deux sacs de couchage étaient ouvertes, il s’y glissa d’instinct, la tête entre mes seins, comme s’il fut essentiel qu’il s’y blottisse.

 

À l’instant où il commença à gémir, je le berçai doucement comme on berce un enfant naissant avec des shuttttttttt….shutttttttttt…shutttttttt…. Je vérifiai de mes mains si son sourire était toujours là. J’y trouvai une larme. Mais il s’apaisa rapidement et dormit enfin d’un sommeil normal.

Mon père quitta avant le lever du jour, ayant promis à ma mère de lui faire un déjeuner pour son réveil. En voyant avec quelle tendresse je prenais soin de Renaud, il quitta après m’avoir dit dans le creux de l’oreille

Le voyage d'Ulysse par RuFus, 2019 | Peinture | Artsper (769188)

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage.

Je me rappelai que cette phrase du poète du Bellay avait été aussi écrite à la fin de son journal. Et je remerciai, en mon être, les écrits du journal de mon père de m’avoir permis de mieux apprivoiser l’univers étrange de Renaud auquel il m’était malheureusement impossible d’avoir accès.

Pierrot le Vagabond Chercheur |

 

 

23 NOVEMBRE 2020 ..19 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS ….. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….. CHAPITRE 8 ET 9 …… LE TABLEAU ……. ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

23 NOVEMBRE 2020 … 19 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … CHAPITRE 8 …LE PEINTRE ET SES COULEURS  …. ET …. CHAPITRE 9…. LE TABLEAU … ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

www.enracontantpierrot.blogspot.com …

Bande annonce du documentaire MON AMI PIERROT, LE DERNIER HOMME LIBRE

Véronique Leduc
veroniqueleduc@hotmail.com
et
Geneviève Vézina-Montplaisir
genevievevm@hotmail.com

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www.reveurseuitables.com
(Michel le concierge)https://www.youtube.com/watch?v=YHY46R_eDX8&t=3sLÂCHE-MOÉ PAS

CHANSON DE MICHEL

pense à moé… qui pense à toé…
Ta route est longue…. comme la journée…
j’travaille aussi… de mon côté….
du lundi jusqu’au vendredi
Renaud, Ruby, la belle Charlotte aussi…
apprennent la vie…. à la garderie…

J’pense à toi… qui pense à moé…
au milieu de l’avant-midi…
je t’imagine… à l’épicerie…
tu l’sais que j’aime ben ça travailler
pis qu’ça m’ferait rien…. de tout payer
si je pouvais…. je le ferais…

REFRAIN

lâche-moé pas…. lâche-moé pas…
je t’aime… je t’aime… non j’te lâcherai pas…
j’te lâcherai pas… j’te lâcherai pas…
je t’aime je t’aime… non j’te lâcherai pas…

On vient juste de commencer…
on peut pas s’plaindre… tout est payé
sauf le crédit… qu’arrête pas d’augmenter…
on a toute la vie en avant…
que j’suis fier… avec toé d’être parent…
avec toé… d’aimer nos trois enfants….
j’ai ben hâte,,, à soir pour souper…
de te revoir… et de vous embrasser…
d’faire à manger… pour toute la trallée

REFRAIN

j’ai tombé… tombé encore tombé
toujours tu m’aides à me relever
sûr que c’est toé…. c’est toé la charité…
Pour ma part… j’essaye d’être le plus fort
pour te dire… confiance sur toutes les bords
pour te dire… combien je t’adore…

penses à moé… qui pense à toé
t’es le cœur de toutes mes journées
avec les p’tits…. le cœur de toute ma vie…

REFRAIN FINAL

Michel le concierge

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RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE E DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA CRÉATIVITÉ

(1273) (19 mars 2016)

Au retour de l’île du Prince-Edouard, l’université Mc Gill… Frank Scott et son pays œuvre d’art … Michel le concierge, Marlene la jardinière et Pierrot le vagabond céleste, depuis 8 ans maintenant réfléchissons philosophiquement sur deux thématiques…. le pays œuvre d’art et la vie personnelle œuvre d’art… Michel le concierge documente le tout sur video (plus de 30 heures). Chaque matin, entre 6h am et 7h am, je fais part de mes lectures à mon partenaire de recherche et nous construisons ensemble le doctorat. … Toute cette démarche est documentée sur internet (Monsieur 2.7k, www.lepaysoeuvredart.ca, le pays œuvredart.com, www.reveursequitables.com, www.demers.qc.ca, sur youtube, le vagabond céleste de Simon Gauthier). … Le samedi matin, nous tenons un conseil d’administration de créativité. Michel vient de terminer son ier documentaire LE PAYS OEUVRE D’ART? et se prépare à le déposer la semaine prochaine au rendez-vous international du documentaire de Montréal. Et nous travaillons déjà sur la conceptualisation du deuxième… HEY BROTHER, WHERE IS THE MONEY? … Et c’est lors de notre conseil d’administration de la créativité du samedi matin (souvent enregistré) que Michel le concierge, Marlène et Pierrot le vagabond céleste prennent des décisions de créateurs en équipe…

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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

La boîte à chansons le «2Pierrots» ferme ses portes après 46 ans d’activité

LES DEUX PIERROTS…. QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MÊME … JE VIENS DE  REDÉCOUVRIR UNE PHOTO DES TOUT DÉBUTS DE LA BOÎTE D'ANIMATION LES DEUX  PIERROTS…. 1974 OU 1975 JE CROIS…. J'EN SUIS

17 NOVEMBRE 2020…. 25 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE  PIERRE ROCHETTE … L'ÎLE DE L'ÉTERNITÉ … 2EME CHAPITRE: LE VIEUX MONTRÉAL  ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES

LE PLUS GRAND DES TROIS PIERROTS, ROBERT RUEL, Marie-Lou sa fille qui a pris la succession dans la direction artistique de la boîte à chansons ….  et Lise sa tendre compagne ….
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Pierrot le Vagabond Chercheur |

Chapitre 8 – LE PEINTRE ET SES COULEURS

Georges Brassens
Georges Brassens

CAIA…. BOUM

Robert, le directeur du camp, prit la parole au rassemblement du matin. Mes amis,

Le directeur du Musée des Beaux-Arts
Section Office des trésors nationaux
Monsieur Clermont de l’Orangé
Est descendu spécialement de Montréal
Pour vous rencontrer
Parce que la rumeur veut
Qu’il y ait ici un trésor
D’une richesse exceptionnelle.

Afficher l’image source

Et je vis arriver non seulement mon Clermont, en habit, avec dans les mains, une valise faussement marquée « Division des trésors historiques », mais aussi deux policiers en uniforme, s’il vous plaît, l’encadrant du haut de leurs six pieds, suivis d’une sténodactylo. Tous des clients réguliers du St-Vincent.

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Écoutez, dit Clermont,
Qu’est-ce que vous savez sur cette histoire très étrange
D’un certain chevalier de la rose d’or ?
Je vous demanderais d’être précis
De parler lentement
De façon à ce que ma secrétaire
Ait le temps de noter les témoignages.

Rose Parure d'or Peinture par Philip Moreau | Artmajeur

Chaque enfant prêta serment avant de raconter ce qu’il savait. Il y eut une visite de la maison en décomposition. Clermont sortit des bouteilles dont le liquide passait du bleu au rouge, pour dater l’âge des fondations de façon scientifique. Puis, les policiers présentèrent à Robert un mandat leur permettant d’arracher le cadenas du caveau qui, selon leur dire, n’avait pas dû être ouvert depuis cinquante ans. Là encore, on retrouva à la surface du sol les armoiries du chevalier de la rose d’or. On confia donc aux jeunes du camp Ste-Rose la mission de creuser à l’écuelle et de rapporter tout objet, quel qu’il soit. L’écuelle étant l’élément essentiel de cette partie du thème, la direction en avait fait l’achat d’une centaine, sous la demande même de Renaud.

Le soin des peintures - Canada.ca

Et les petits creusèrent, par équipe de quatre, tout l’après-midi. Ils ramassèrent des bouts de métal, d’outils, des vestiges de toile, deux cuillers, trois couteaux, une montre en plus d’un camé.

Avant souper, Robert, entouré des chercheurs, téléphona à Monsieur de l’oranger à l’office des trésors publics. Plusieurs enfants lui parlèrent à tour de rôle. Et Clermont promit de revenir le soir même, examiner les trouvailles. C’est donc autour du feu de camp que le spécialiste des trésors nationaux dévoila la date approximative de la construction de la maison abandonnée, qui, selon les expertises faites au carbone 14, remonterait autour de 1700. Bien plus, il fut autorisé par le Premier ministre du Québec lui-même, et cela par décret ministériel (qu’il fit circuler entre les mains de chaque enfant) à ouvrir le camé historique. À l’intérieur y étaient inscrites les deux phrases clés de galli galli galli zum : « Le feu de l’amour brûle la nuit. Je veux te l’offrir pour la vie. »

Pas de doute !
Nous sommes à la veille de réussir
La découverte archéologique
La plus importante dans l’histoire du Québec

À ce moment précis, trois canots apparurent sur le lac et accostèrent sur le bord de la grève, tout près du bivouac, se consumant maintenant beaucoup plus en braises qu’en flammes.

Artworks of Robert Griffing | Native american artwork, Native american  artists, Native american pictures

Nous sommes des Indiens de la tribu des TÊTES GRISES
Comme nous passions par là
Notre chef Anikouni nous a demandé
De saluer ses amis
Et de leur remettre
Un message d’écorce de sa part.

Je reconnus, bien maquillé pour que la peau soit sombre, le chansonnier Pierre David, Monsieur Etienne le laveur de vaisselle et Philippe le robineux. Comment Renaud avait-il fait pour réunir trois personnes si disparates? Et pourquoi ? Sur le parchemin en écorce de bouleau, il y avait d’écrit :

La vie est un trésor
Vive le chevalier de la rose d’or.

Les Indiens repartirent, les enfants montèrent au dortoir pour y dormir . Nous nous retrouvâmes, Clermont et moi, devant ce qui restait du feu de camp. J’osai enfin aller au cœur de ma souffrance.

Peinture à la main de reproduction de luxe Peinture à lhuile | Etsy

Je suis follement amoureuse de Renaud
Qui lui a juste le goût de me faire l’amour
Qu’est-ce que je fais pour me sortir de là ?

La belle étoile Peinture par Pillault | Artmajeur

Clermont gagnait sa vie à titre de professeur de littérature. Il possédait cette délicatesse de ne jamais aborder une question de front, mais se permettait plutôt de divaguer d’une analogie à l’autre.

Le 6 mai, 1949, dit Clermont,
Georges Brassens logeait gratuitement ou presque
Chez un couple, Jeanne et Marcel
Au 9 de la rue Florimont à Paris

Pour Jeanne et Marcel
Il n’y avait qu’une seule mission sacrée :
Veiller à ce que le poète poétise
En toute liberté
Hors du temps, hors des servitudes
Hors des réalités.

Clermont sortit de son portefeuille un extrait d’une lettre de Brassens à un ami, datant également de 1949.

Depuis trois mois, nous mangeons par hasard
Je profite de ma mauvaise denture
Pour boulotter le moins possible
Des dents, mais pourquoi faire Mon Dieu ?
Pour abréger, disons que la situation
N’a jamais été aussi lamentable
Que dans l’impasse.

Bientôt,
Grâce à la disparition de ce muscle inutile qu’est l’estomac,
Nous pourrons nous montrer dans les foires
Et gagner ainsi le droit de retrouver un estomac.

Jeanne n’a plus rien à nous offrir
Et quelquefois elle souffre affreusement

Moi je n’ai besoin de rien
Mais Jeanne a des besoins pour moi.

Rien ne lui est plus douloureux
Que de ne pouvoir donner…

J’aurais une maison tranquille
J’y vivrais seul
Peu importe la mauvaise humeur de mon ventre
Mais Jeanne est dans la misère
À cause de mes dons poétiques
C’est très choquant
Je dois vendre des chansons.

Et Clermont resserra l’extrait précieux en le pliant précieusement pour qu’il retrouve sa place exacte.

Tu vois Marie
Je t’ai lu ce texte à cause d’une seule phrase
Où Brassens dit :

« Moi je n’ai besoin de rien. »

Georges Brassens ... Jeanne et Marcel : Impasse Florimont Paris 14ème - Le  blog de TititeParisienne

C’est par le biais de la texture de l’âme de Brassens, que Clermont tenta de creuser pour moi son bonheur de reconnaître un artiste de la vie quand par hasard, il en croisait un. Brassens avait écrit des chansons éternelles dont la Jeanne, la Cane de Jeanne et l’Auvergnat, partant de Jeanne au particulier pour atteindre la Jeanne universelle.

Renaud recrée artistiquement le réel du camp Ste-Rose,
Pour que le terre entière s’illumine un jour de poésie.
Est-ce que le tout prendra la forme d’une chanson,
D’un traité scientifique ou d’un essai philosophique ?
Je pressens seulement que cela portera le sceau de l’éternité.

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Clermont me raconta que, pour préparer son personnage de l’inspecteur des trésors nationaux, Renaud, après son spectacle au St-Vincent, l’avait emmené dormir à la belle étoile, sur les lieux du camp Ste-Rose. Et c’est ainsi que durant une partie de la nuit, après avoir caché un camé et autres objets dans le caveau, il lui parla pudiquement de l’essentiel, pour finir par lui dire à quel point son amitié sincère, en ce sens, lui était essentielle.

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Dans ma folie d’artiste,
Je suis le peintre d’une toile vierge qui s’appelle le monde.
Et mes couleurs sont les humains, la palette des humains
Dans son expression la plus large
La plus éclatée.

Et toi Clermont
Tu symbolises la couleur centrale

De cette peinture
La couleur Van Gogh
Un orangé très vif sans laquelle la toile de mes rêves
N’est pas possible, parce qu’il y a trop
De noir et blanc dans les vêtements des enfants.
Et que seul l’orangé, comme le soleil,
Peut humaniser le tout.

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Et c’est ainsi que mon personnage fut créé
Le directeur des trésors nationaux
Monsieur Clermont de l’Orangé.

Quel rapport avec Brassens, dis-je ?

Si je suis ici en ce moment
À vivre, selon sa vision artistique du camp Ste-Rose,
C’est parce que je connais l’importance d’un quelqu’un
Qui veille, simplement, à ce que le poète poétise
En toute liberté
Hors du temps, hors des servitudes
Hors des réalités.

Alors j’aime un fantôme concluais-je?

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Brassens fut fidèle à sa compagne
Et l’aima parce qu’elle ne lui demanda jamais rien
Même pas la présence. Mais il ne vécut jamais avec elle
Préférant rester chez Jeanne et Marcel.
Pour mieux rêver sa vie.

Les dernières paroles de Clermont sur la relation entre Brassens et sa compagne m’apportèrent un réel réconfort.. Un homme pouvait être fidèle à ses amours tout en refusant de se laisser distraire hors de son essentiel. Et cela m’apparut logique, du moins pour un artiste. Le fait que, Renaud peigne le camp Ste-Rose de personnages en couleur me fascina de nouveau. Et Clermont, notant mon changement d’humeur m’expliqua pourquoi son ami avait réuni trois Indiens dans un canot sous le vocable des « têtes grises »

Les trois Indiens de la tribu des têtes grises,
tout en étant disparates de fonctions sociales
possèdent cette particularité de toujours voir la vie en gris.
Monsieur Étienne pour oublier qu’il est laveur de vaisselle
se soûle de la scène en se faisant accompagner à la guitare
par le chansonnier Pierre David.
Qui lui, pour oublier qu’il est chansonnier
Dans sa déception de ne pas être fleuriste,
se soûle de la liberté de Philippe le robineux
qui, tentant d’oublier qu’il fut déjà médecin,
réussit toujours à se faire offrir de la boisson gratuitement
juste avant que Madame Martin arrive à le chasser à coups de balai
quand il en devient insupportable,
sous les rires grisâtres
de Pierre David et Monsieur Étienne
riant bien plus d’eux-mêmes à travers lui
que de lui.

GARDIENS DU FEU SACRÉ

Le gris, c’est ce qui s’approche le plus
De la vie en blanc et noir des enfants
Et, comme les nuages dans le ciel
Quand ils passent et repassent
Cela donne toute sa luminosité à l’oranger.

C’est ainsi que j’appris l’existence de la prochaine couleur : Maître Richard Lebrun, archéologue. Il y avait parmi les clients du St-Vincent un jeune scientifique qui dirigeait les fouilles en dessous d’un bâtiment du Vieux-Port avec pour objectif la construction d’un futur musée intégrant les différents murs tels que découverts.

Renaud réussit donc à convaincre, ce monsieur de donner un avant-midi par semaine de son temps pour offrir son expertise, aux enfants. Comment creuser avec une écuelle, tamiser le sable avec un taillis, répertorier tout objet autre que du sable, de façon à ne pas endommager le trésor du chevalier de la Rose d’or, patience et précision étant les meilleurs outils du chercheur.

Même qu’un certain après-midi, les enfants partirent en autobus voir comment les professionnels travaillaient sur le chantier historique du Vieux-Port : L’importance du petit geste, du respect de la matière, de la vigilance devant ce qui pourrait être altéré par une mauvaise gestion du sol. Le soir, on leur passa un documentaire sur les découvertes archéologiques à travers le monde.

Dialecte II - TABLEAU ART CONTEMPORAIN ABSTRAIT PEINTURE DE FLORENCE BISBAL

Même le St-Vincent fut affecté par cet te nouvelle couleur. Monsieur Richard Lebrun devint un régulier de la table de Monsieur Clermont de l’orangé, y occupant la droite de façon à ce que je n’y perde pas mes privilèges à sa gauche.

Quelle couleur est-ce que je représente
Dans l’univers de Renaud, Clermont ?

Je pense qu’il ne le sait pas lui-même, dit Clermont
Tu ne remarques pas comme il est fuyant
À ton égard ?
Tu cherches trop à aimer l’homme
Il le sent
Et l’homme en lui ne l’intéresse pas.
Seul le chercheur fou de poésie l’allume.

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J’habitais la chambre attenante à celle de Renaud. Il lui arrivait d’amener un des trois robineux y dormir, lui passant son lit pour lui-même coucher par terre dans son sac de couchage. Cette nuit-là, ce fut le tour de Philippe. Et le vagabond parlant toujours très fort, je sus que ce que Clermont m’avait raconté au sujet des trois Indiens disparates de Ste-Rose était vrai.

J’n’ai pas compris ton histoire de couleur
Renaud,
En quoi un robineux peut-il aider les enfants ?

Y a rien comme du gris
Pour comprendre du noir et blanc.

C’est vrai que je suis grisé
De boisson à l’année longue.

Gris pis grisé, ce n’est pas la même couleur Philippe
On se sent gris par le regard méprisant des autres
Pis on se grise pour arrêter de souffrir.

Mmmmm

Donc Monsieur Etienne pis Pierre David
Ce sont des futurs robineux ?

On est tous robineux
Quand on ne vit pas son rêve Philippe.

Analyse du vieux guitariste aveugle de Picasso ...

Mmmmm
Pis tu penses que parce que je suis robineux
je vais accepter
De dormir dans ton lit pis toi par terre ?

Ça dépend…
si tu vois la vie en gris….non
en grisé, ça va juste te dessaouler.

Ok
Moitié, moitié
Tant que chu grisé je dors dans le lit
Aussitôt que je dégrise un peu
Je te réveille pis on change de place
Ça va ?

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Je réalisai que pour Renaud, même un costume social, quel qu’il soit, n’était qu’un rôle temporaire dans la grande scène de la vie. Je n’arrivais pas à m’endormir. Les poètes sont tellement dans la lune. Une femme les attend et ils préfèrent rêver à elle au clair de lune.

Sans doute, n’avait-il même pas remarqué que j’étais là, haletante de sa présence, dans la chambre à côté.Modèle peinture visage femme d'inspiration amérindienne : laissez-vous  inspirer !

Vers quatre heures du matin, j’ouvris ma porte. Je vis que non seulement la sienne était entrouverte, mais que sa tête en dépassait l’embrasure pour se tendre vers ma chambre comme l’aiguille d’une horloge. Il y a des moments comme ça où le langage du corps franchit tout protocole social. Dès que je déposai ma main sur son front, il se réveilla en sursaut. Je lui mis le doigt sur la bouche, le pris par la main pour en signe d’invitation pour dormir avec moi.

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Je le sentis très épuisé car il me suivit sans rien dire, se blottissant entre mes bras et se rendormant presque aussitôt. Il dut ronfler une quinzaine de minutes. Puis il se mit à gémir, s’emmitouflant fébrilement tout en tremblant délicatement. Son corps entier semblait exprimer de la peine. On aurait dit que seul le sommeil lui permettait vraiment de s’ouvrir.

Je le réveillai pour vérifier ce qu’il vivait Il fut tout étonné de voir que son visage était mouillé de larmes. Il me dit simplement :

Merci
Je suis si bien.

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Entre deux sommeils, il pressa alors de ses mains chaque parcelle de ma peau, comme pour s’en imprégner. J’avais le sentiment d’être le modèle d’un sculpteur. Il caressait mes courbes, accentuait la pression de ses doigts, dégustait le mystère de ma chair, comme ma peau s’était parée de pelures superposées. . Tout était si lent et si immense à la fois, ses cheveux se tendressant tendrement dans les vallons de ma gorge. On aurait dit « l’homme aux mille frissons ». Tellement ébloui de chaque geyser le traversant des orteils au cuir chevelu qu’il en oubliait toute conséquence sexuelle.

Puis il se rendormit. Les gémissements recommencèrent, accompagnés à nouveau de larmes. Quelle étrange manière de vivre un sommeil. Je lui caressai délicatement la tête et cela lui donna des spasmes. On aurait dit Beethoven rythmant sa créativité. Parfois il murmurait :

Ah c’est beau, c’est trop beau
C’est trop beau
Pourquoi tout est si beau ?

Quelques gémissements suivirent, une larme ou deux, puis le sommeil profond.

Edgar DEGAS (d'après) : Ballerine, l'Etoile - Sérigraphie signée - Art  Moderne - Plazzart

Ce matin-là, je quittai très tôt pour le camp. Renaud ne s’en aperçut point. Comme il devait se protéger pour ne permettre à personne de percer ce quelque chose d’impossible pour moi à identifier. Non, nous habitions deux planètes différentes. Lui « était » depuis toujours et moi j’avais terriblement besoin de vivre, juste pour avoir le sentiment d’exister.

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C’est d’ailleurs cette journée-là que les enfants découvrirent, à coups d’écuelle, un parchemin du chevalier de la rose d’or, scellé dans une bouteille de vitre. Il y avait une carte avec des noms indiens indiquant les lieux. La carte était d’ailleurs en noir et blanc dans ses extrémités, et tachetée d’orangé vif un peu cuivré en son centre d’où débordait ici et là du gris sous des frisures de brun.

Épinglé sur 2013 - Tout commence par une idée - Le camps des cousins zinzins

Monsieur Clermont de l’Oranger étant accouru suite à un appel, nettoya la bouteille au pinceau avec la précision d’un chirurgien, la sténographe notant les résultats dans un bagout scientifique incompréhensible, protégée elle-même par la présence des deux policiers envoyés par le gouvernement dû à l’importance internationale de la découverte.

Art digital, Une bouteille à la mer, Page 2987, Oeuvres d'Artistes

Naturellement, on vit arriver en canot, les trois Indiens de la tribu des Têtes Grises. Mais curieusement, Philippe trônait debout, étant passé de rameur à maître-manoeuvre, suivi de Monsieur Étienne et de Pierre David pagayant côte à côte. Les jeunes conclurent que les trois Indiens étaient vrais parce que, comme dans les vieux livres d’histoire, ils sentaient l’eau-de-vie.

Monsieur de l’Orangé utilisa une astuce brillante. Il posait une question en français, puis la traduisait en indien, ce qui permettait à Philippe de baragouiner n’importe quoi, les deux autres faisant uniquement HUGH.

C’est ainsi que nous apprîmes que le trésor se trouvait probablement caché en plein centre des terres des méchants patibulaires, ennemis jurés des têtes grises, facilement identifiables parce que le visage toujours peint des couleurs de guerre rouge vif.

Ces terres, données jadis par les ancêtres des têtes grises au chevalier de la rose d’or, lui avaient été volées par les méchants patibulaires.

Par chance, le chevalier de la rose d’or avait eu le temps de cacher son trésor et d’en indiquer le plan dans une bouteille avant de mourir transpercé d’une flèche. De là ces artefacts dans le caveau et la légende répandant étrangement le bruit que le chevalier avait dû habiter les lieux. On ne savait trop où se situait la vérité. Mais bon…. On avait au moins un indice pour la découvrir.

Curieusement, tous les acteurs repartirent sauf Philippe. Les enfants l’avaient adopté. Tout petit comme eux, avec le panache quasiment plus grand que sa tête, ils exigèrent que celui-ci vienne les border. Pour un enfant, que tu sentes l’eau-de-vie ne signifie pas que tu sois un renégat social. Puis, après avoir serré les deux jumeaux intensément contre lui, un petit nouveau appelé Philippe comme lui le demanda à son lit.

Monsieur l’Indien,
Mon arc est brisé
Vous pouvez le réparer
Avec du vrai bois indien ?

Flèche de Cupidon, Flèche de Cupidon, amour, angle png | PNGEgg

Ce fut le moment précis, je crois, où Philippe cessa à tout jamais de voir la vie en gris. Il était devenu carrelé noir et blanc, en symbiose avec la fragilité des petits, comme ces guignols que l’on rencontre parfois dans les comédias del arte italiennes.

J’étais là le soir où il demanda la permission à Madame Martin de s’exprimer au micro : Comme il était sobre, et que ses yeux suppliaient de bonté, Jeanne se laissa attendrir.

Nous autres les robineux du Vieux
Ça arrive rarement
Qu’on a le besoin
De parler.

Il y a des enfants, perdus dans un camp
Qui m’ont redonné goût de la vie
Sans le savoir.

J’aimerais les remercier
En leur fabriquant
Chacun un arc
Mais ils veulent un arc fait à la main
Avec du vrai bois par du vrai monde.

Mais soixante-dix-huit arcs, ça ne se fait pas en une semaine
Ça prend de l’argent pis des doigts
L’argent, je vous connais,
Vous m’avez donné assez de bière gratis
Je peux la ramasser ce soir
Si je dis que j’arrête de boire définitivement
Même si ça peut nuire au commerce
Lança-t-il dans une bravade qui fit rire tout le monde.

Si y a des doigts
Qui veulent m’aider à donner du bonheur aux enfants
Me semble que ça mettrait de la couleur dans nos vies,
Pas dans la leur, mais dans la nôtre.

La Vue De Côté De La Maman Heureuse Tenant La Silhouette Adorable D'enfant  De Bébé Plus La Couleur D'eau Abstraite A Peint Jour D Illustration de  Vecteur - Illustration du maman, tenant:

C’est alors que Jeanne Martin alla au micro :

Si Paul avait été encore en vie,
Voici ce qu’il m’aurait demandé de faire.

Offre-leur la salle en arrière du St-Vincent,
fournis les sandwichs.
On n’hésite jamais quand c’est le temps
de mettre de la magie dans la vie d’un enfant.

peinture « Magazin'art

 

C’est ainsi qu’un comité de recrutement fut formé. Pierre David et Monsieur Étienne coordonnant les achats et les heures d’atelier, Monsieur Philippe encourageant tout le monde, étant le moins habile du groupe de ses mains. Vingt-deux clients du St-Vincent firent ainsi les arcs et les flèches en deux jours.

Et Philippe put apparaître seul dans son canot avec un ballot apportant aux enfants des armes magiques pour lutter contre les méchants patibulaires. Le bois n’ayant autre couleur que celle de la vie, on vit soudain chez les éducateurs et éducatrices des cœurs de pierre fondre en cœurs de bois puis de cœurs de bois en cœurs de chair car tous pleurèrent pendant que les enfants s’abandonnèrent à peindre la vie d e leurs cris de joie.

Trois filles et garçon Art Print, trois soeurs et frère, quatre enfants,  pieds heureux, enfants jouant art mural, les adolescents, art Vickie Wade

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 Pierrot le Vagabond Chercheur |

pierresivign

Chapitre 9 – LE TABLEAU

1

L’île de l’éternité de l’instant présent

Veiller à ce que
Le poète poétise
En toute liberté
Hors du temps,
Hors des servitudes
Hors des réalités.

Quand Renaud eut son premier enfant, il fit en sorte que le monde soit d’abord perçu par lui comme un tableau. N’avait-il pas lui-même croulé sous son âme d’enfant lorsque, au Musée du Louvre, il découvrit une peinture de Renoir, ce fameux « Bal au moulin de la galette » où l’impression du bonheur par la suspension de l’instant présent dans l’espace se trouve à jamais dévoiler universellement à qui que ce soit sur la planète ?

«ball at the moulin de la galette par pierre auguste renoir, impression

Pour approcher du canyon de la fissure du temps, il en était venu à l’hypothèse qu’il serait peut-être intéressant dans un premier temps, de découper le réel en toile de fond vierge et l’encadrer comme on le ferait d’un tableau afin que le peintre s’exprime.

L'horloge du temps (Galerie Peintures - Huiles sur toile - Abstrait)

Tous les matins, lorsque sa légitime partait travailler, il démontait les meubles du salon, tel un jeu de mécano, pour le transformer en montagnes russes, de la même manière que sur scène, il accordait à l’agencement cahoteux des chansons plus d’importance que l’intérieur des chansons elles-mêmes. Ainsi l’agencement des coussins permettait de monter une courbe, puis de la descendre, un carré d’oreiller creux dans son centre servant de bas de courbe et un autre monté sur une petite basse de haut de courbe. Et rendu dans ce haut. Il prenait l ‘enfant, le soulevait dans ses bras, le faisait tourner lentement pour que le temps et l’espace deviennent ludiques, hors du temps, hors des servitudes, hors des réalités. L’enfant se réveillait chaque matin en attendant que la toile du tableau, les cadres des quatre murs et la virginité des lieux, furent remis en place. Et il recommençait ses explorations. Vint le moment de peindre le tableau. Renaud lui apprit à toucher les tissus, à déguster les plus minimes sensations, à s’y étendre pour déguster le temps qui passe, à s’y promener pour que le temps à son tour se repose.

Les Montagnes Russes Oranges Modernes De L'eau Rouge Montent Pour L'arrière  De Parc Aquatique Illustration Stock - Illustration du rouge, montent:  119714024

Tous les après-midi, lorsque sa femme repartait travailler, il démontait le quadrilatère de rues du voisinage, pour le transformer en montagnes russes, de la même manière que sur scène où il accordait à l’agencement cahoteux des chansons plus d’importance que l’intérieur des chansons elles-mêmes. Ainsi, l’agencement des trottoirs lui permettait de monter des côtes, puis de les descendre, un carré autour d’une borne-fontaine rouge en son centre, servant de bas de courbes et un talus dans un parc de haut de courbe. Et rendu dans ce haut, il prenait l’enfant, le soulevait dans ses bras, le faisait tourner lentement pour que le temps et l’espace deviennent ludiques, hors du temps, hors des servitudes, hors des réalités. L’enfant sortait du sommeil de sa sieste chaque après-midi en attendant que la toile du tableau, le cadre du ciel et de la terre et la virginité des lieux, furent remis en place. Et il recommençait ses explorations, exultant de joie lorsqu’il voyait apparaître la borne-fontaine rouge à l’horizon, les roses de Monsieur Samson, la colline verte où bientôt il volerait juste au bord du grand canyon de la fissure du temps. Vint le moment où le carrosse ne fut plus nécessaire. Et l’enfant poétisa le monde bien au-delà de la borne-fontaine, des roses de Monsieur Samson et de la colline verte, mais toujours en découpant le réel en tableau pour avoir le bonheur de le peindre et de le signer en artiste, hors du temps, hors des servitudes, hors de la réalité.

Kandinsky

Renaud tenta la même expérience avec quelques enfants du voisinage. Cela échoua. Alors il réalisa que son fils serait lui-même un jour, artiste, ce qui ne mit point un terme à son obsession de donner à chacun sur terre l’espoir qu’il y eut un choix, un vrai choix entre la souffrance de subir le réel et l’abondance de le célébrer. Un soir, il avait dit à Clermont :

Le jour où les machines distributrices de Coca-Cola,
les panneaux publicitaires de belles filles en bikinis et
les appareils de télévision seront perçus comme les objets
d’un tableau sous forme de haut de courbe et de bas de courbe,
au lieu d’être asservis par eux en pur réflexe pavlovien de consommation,

alors il y aura un vrai choix entre le continent de la souffrance
et l île de l’éternité de l’instant présent.

Pour avoir une chance d’accoster dans l’île, il n’est pas nécessaire d’être poète. Juste indispensable d’avoir connu au moins une fois dans sa vie le bonheur d’être hors du temps, hors des servitudes, hors des réalités.

Pierre Renollet | Serie sur le thème du flou, perception différente de  scènes du quotidien. Vision abstraite. Waterco… | Watercolor Painting,  Aquarelle | Water…

 

Le St-Vincent et le camp Ste-Rose représentaient pour lui exactement le même tableau découpé dans le réel que le salon de son appartement modeste et le quadrilatère de son quartier. Il fallait juste découper, encadrer, courber, pour que les humains autour de lui puissent à leur tour dessiner, s’émouvoir de beauté et y signer leur vie.

C’est en ce sens que, lorsque les enfants passèrent de l’art de se servir de l’écuelle à l’art du tir à l’arc pour se défendre contre les méchants patibulaires,

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le camp Ste-Rose devint une base militaire, mais de type poétique. Clermont avait même organisé une collecte parmi les clients du St-Vincent,

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pour que la série de bandes dessinées « les aventures D’Asterix » devienne, en contrepoint, les livres à feuilleter durant la sieste de l’après-midi. Il était devenu facile d’intégrer les nouveaux cas des services sociaux, la chanson résumant la thématique et les gamins se racontant les uns aux autres la suite des derniers épisodes, mais on était toujours sans nouvelles d’Anikouni.

L'île oubliée, tableau d'artiste peintre unique de couleur bleu orange  rouge. Cette oeuvre de l'a… | Peinture abstraite, Peinture abstraite  moderne, Artiste peintre

De fait, tout le St-Vincent eut l’impression qu’Anikouni était lui-même sans nouvelles de lui-même. Il tentait de plus en plus de changer ses périodes de trois quarts d’heures de chant avec les gars, de façon à monter sur la scène au début de la soirée quand il n’y avait personne et vers la fin quand il y en avait encore moins. Entre les deux, il marchait le Vieux Montréal comme Monsieur Gouin le lui avait montré : conscient de la beauté magique et de l’étrangeté incluses dans l’instant présent alors que la mort frappait, aveuglément des dizaines de milliers de fois à la fois sur la planète.

Seul Clermont arrivait parfois à pénétrer l’intime de ses silences.

File:Auguste Renoir - La Grenouillère.jpg - Wikimedia Commons

Il avait d’ailleurs raconté à Clermont que c’était tellement beau ce qui se vivait dans le tableau du St-Vincent, telles les peintures impressionnistes de Renoir, Monet ou Toulouse Lautrec, qu’il était obligé de prendre l’air pour ne pas s’évanouir de bonheur. Cet état lui causait parfois des problèmes, en particulier sur la scène. Il lui arrivait de tomber en état contemplatif, ce qui le gênait passablement. Sa frustration intellectuelle résidait dans le fait de ne pas en comprendre les mécanismes pour les reproduire à volonté. Monsieur Gouin lui manquait. À qui parler de ces choses sans passer pour un extra-terrestre ?

« white les nymphéas, 1899 » par l’impression de peintures Claude Monet

Les animateurs-chansonniers étaient devenus des plus habiles à créer des explosions de joie à l’intérieur du St-Vincent et cela soir après soir. Parfois on aurait dit des tableaux de Picasso, de sa célèbre série des corridas. Chaque chansonnier, comme le torero face au taureau, avait développé son style. Renaud se contentait de plus en plus de rechercher le passage de la fissure du temps à travers le talent d’animer de ses confrères.

The corrida, 1901 - Pablo Picasso - WikiArt.org

Marcel Picard possédait l’art d’être immobile à chanter du Brassens ou du Guy Béart, avec pour seul outil d’animation le rythme lent mais ensorcelant de ses doigts sur la guitare. Comment arrivait-il à faire monter les gens sur les tables sans même bouger ni faire le moindre effort et à les faire descendre avec cette légèreté ahurissante? Certes il y avait le personnage, là et pas là en même temps. Mais surtout un art de vivre qui dépassait l’art de chanter sur la scène et ça c’était magique, absolument magique.

Pierre David courbait le temps sans même s’imaginer que ce talent fut inné en lui. Il attaquait en nuances, ensuite en contrastes, puis il explosait lui-même de joie entraînant la salle dans une folie de vivre dont lui seul avait le secret.

Grande fête aux 2 Pierrots en l'honneur du chansonnier Pierre David | TVA  Nouvelles

Et il y avait Jos Leroux, le p’tit magnifique sur deux pattes, qui forçait, suait, criait, pour que les clients embarquent. Et il ne lâchait jamais la pression de peur qu’ils débarquent. Alors chez lui, oubliez les courbes. Tout le monde en haut puis ça presse. Il lui arrivait de brûler sa salle. Mais il la rallumait avec passion pour qu’elle atteigne à nouveau l’orgasme de foule. Avec Jos, on quittait l’art raffiné du toréador et du taureau pour aboutir dans une arène romaine où on ne savait jamais qui était pour tomber au combat, l’artiste ou le public.

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Michel Woodart, de son côté, passait par la délicatesse, le charme et la tendresse. Même répertoire, même façon de monter les gens debout sur les tables, mais que de bonté dans cet homme. Il avait toujours l’air de dire merci au public de lui donner la chance de pratiquer le plus beau métier du monde : animateur de foule.

Et tous les autres…..

Ce fut cet été-là que, les vendredis et samedis soirs, Madame Martin ouvrit la partie arrière et qu’il y eut un chansonnier en même temps dans chaque salle. Et Renaud ressentit cruellement le deuil au niveau de son tableau. Comme si la période lune de miel allait bientôt prendre fin pour laisser place à l’argent. Le marché de l’art étant si lucratif, une fois les peintres en fin de carrière ou déjà morts.

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Alors il lui arrivait souvent d’aller s’asseoir au café du Vieux-Port, chez Jean Marcoux et réfléchir. La magie n’était donc pas éternelle ? Comment retarder le moment où tout va s’estomper pour une autre chose qui ne le rendrait peut-être pas aussi heureux ? Jean avait aussi tenté d’arrêter les changements avec sa boîte à chanson des années 60. La magie de son tableau n’avait pas traversé l’usure du temps et le tout agonisait et se poussiérait de façon pathétique.

Comme, au camp Ste-Rose, la guerre des patibulaires approchait et qu’elle allait se passer près de la cabane à un mur de l’enfance de mon père, ma mère prit l’habitude d’aller prendre son cognac à l’appartement de Madame Martin au troisième étage du St-Vincent

Fauvisme

tandis que mon père accompagnait Renaud dans ses promenades du Vieux-Montréal.. Il leur arrivait d’aller prendre un café à l’endroit exact où Monsieur Gouin écrivait ses poèmes la nuit.

Paterson Ewen | L'Institut de l'art canadien

Et jamais le père Leduc ne leur faisait payer que ce soit. C’était un honneur pour lui de recevoir en son commerce cette magie qu’il ne comprenait pas mais dont Monsieur Gouin lui avait appris l’indispensable présence pour ne pas mourir d’effroi que la mort existe. Parfois, Philippe le robineux venait les rejoindre.

Mais il y avait plus. Les clients du St-Vincent atteignaient maintenant en eux la magie de l’enfance, entre autres parce que les enfants du camp Ste-Rose, manquant cruellement de poésie, leur tendaient, de loin mais de si près, innocemment les bras.

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Renaud me faisait penser à un peintre qui, regardant de loin les premières esquisses de son œuvre, cherche de son pinceau à traduire l’infime beauté du monde. Un jour il dit chez Monsieur Leduc, en ma présence, celle de Clermont, de mon père et de Monsieur Philippe car il ne pouvait appeler le robineux autrement que par ce nom :

Arrive-t-il un moment
Où l’art de dessiner la vie
atteint la même substance divine
que celle du mystère du réel ?

La guerre des patibulaires commençait le lendemain matin mais elle se vivait déjà en lui-même sous la forme de questions : Pourquoi la terre se divise-t-elle si souvent en méchants et en bons ? ne serait-il pas plus joli qu’elle se scinde en contrastes s’affrontant farouchement, tel un coucher de soleil brûlant de son rouge orangé la terre assoiffée de la fraîcheur de la nuit ?

Je me dirigeai vers le téléphone public, appelai au camp Ste-Rose. Natacha Brown allait passer la nuit à l’infirmerie. Elle n’allait pas bien. Larmes, maux d’estomac. Elle avait réclamé toute la journée Miel et Anikouni.

Renaud était parfois si imprévisible. Nous descendîmes à toute vitesse au camp Ste-Rose, même si rien ne nous y obligeait et que tout était sous contrôle. Natacha dormait. Mon ami l’embrassa sur le front. Elle ouvrit les yeux et le serra très fort par le cou, refusant de desserrer son étreinte. Celui-ci la souleva dans ses bras, et la berça dans la grosse chaise berçante. Elle avait tellement besoin d’un père qu’il en vint à ce moment-là à ressentir le besoin d’avoir lui-même besoin d’une fille. Et il se sentit gêné que j’en fusse témoin.

bibliotheque-6 | Comment peindre, Bibliotheque, Photos

Peut-être serait-il bon de dire ici qu’il ressentit une affection si vive pour Natacha qu’il fit à la fin de l’été et des activités de ce camp, une demande aux services sociaux dans l’objectif de l’adopter. L’automne vint. Renaud partit faire la tournée de vingt-deux villes et villages de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine, exigeant par contrat de dormir avec son sac de couchage dans chaque bibliothèque de façon à lire de nuit en nuit. Et c’est au lendemain d’une de ces nuits qu’il apprit au loin, de loi au loin, que sa demande avait été refusée.

Peinture en Inde — Wikipédia

Mais revenons au fameux matin de la première partie de la guerre contre les patibulaires. Lorsque les enfants se réveillèrent, Clermont de l’Orangé, assisté de Richard Lebrun, les attendait déjà à la place du rassemblement. Renaud avait exigé que tous les petits fussent habillés de noir et de blanc. Et ils le furent à leur grand bonheur d’ailleurs de se percevoir sous une forme étonnée, se miroitant elle-même de l’un à l’autre..

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CAIA…BOUM

Selon les documents retrouvés
à la bibliothèque des fonds publics de la province de Québec,
il existerait vingt et un petits coffrets avec chacun
un morceau du parchemin indiquant
l’endroit exact où se trouve le trésor.

PUZZLE MASTER - SECRET PUZZLE BOX - BUTTON BANK / EN BOIS

Nous allons tenter
de nous y rendre ce matin
en autobus

C’est à ce moment précis qu’on entendit un grand cri de corne provenant de la forêt. Une douzaine d’hurluberlus habillés en hommes des cavernes, sandales aux pieds avec des grondins à la main s’approchèrent du groupe. Clermont demanda aux enfants de garder leur calme. Je reconnus tous les chansonniers de Madame Martin, à part Pierre David qui s’était brûlé en jouant le rôle d’un des indiens des têtes grises. Tous étaient vêtus de rouge cuivre, avec des traits rouges guerriers dans la figure. Et le chef n’était nul autre que Jos Leroux, avec sa grosse bedaine poilue et ses pattes courtes.

Nous sommes la famille des patibulaires
Et nous voulons voir Anikouni

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Et Clermont de répondre :
Nous n’avons pas eu de ses nouvelles
Depuis au moins deux semaines.

Nous ne voulons pas de mal aux enfants
Mais nous n’aimons pas qu’Anikouni
Vienne fouiller sur nos terres.

C’est alors que j’intervins.

Moi, miel,
Je vous dis sur mon honneur
Toute la vérité rien que la vérité

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Il tente de délivrer mon père
Que vous avez emprisonné sur vos terres.

Il n’est pas chez nous répondit Jos Patibulaire

Alors laissez nous vérifier répondit Clermont.

Si nous le voyons encore chez nous
Ce sera la guerre,

Si vous lui touchez, je vous déclarerai moi-même la guerre
Quittez ces lieux, car j’appelle mes soldats

Vous ne me faites pas peur
Car vous n’avez même pas d’armée

Et Clermont sonna la corne de trois longs coups

Peinture Abstraite Avec Les Taches Rouges, Oranges Et Roses De Peinture  Illustration Stock - Illustration du rouges, avec: 120875129

C’est alors que nous vîmes surgir, de l’autre côté de la forêt, une quarantaine de personnes, serrées en rang d’oignon, toutes vêtues d’au moins un morceau de rose. Ces taches de rose traversant l’horizon provoquèrent des ahhhhh admiratifs chez les petits si heureux de pouvoir les accueillir par la beauté de leur noir/blanc. Comme tous les éducateurs et éducatrices, je réalisai avec stupeur que Renaud avait réussi à rassembler la plupart des parents ou grands-parents des enfants., les mères de familles avec dans les mains un tue-mouche et les pères des canettes de raid contre les moustiques, chaque objet étant systématiquement peint en rose.

Leur chef était Monsieur Brisson, le père de Jean-François. Le contraste entre ses six pieds trois pouces et les cinq pieds quatre pouces du chansonnier Jos Leroux était absolument délirant. De fait, Monsieur Brisson confronta Jos, bedaine contre bedaine. Il le prit même par en dessous des bras et le leva dans des airs comme si ce petit monsieur n’avait été qu’un fétu de paille.

Alors le p’tit gros
On fait peur aux enfants ?

C’était extraordinaire de voir les enfants se tordre de rire devant notre Jos, brassé comme une poupée, que l’on retourne dans tous ses sens. Jos une fois par terre dit aux autres :

Nous vous empêcherons
De trouver le trésor
Du chevalier de la rose d’or.

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Juste avant que cela ne dégénère en bataille rangée, arriva la mère des patibulaires, toute de rouge vêtue, Madame Jeanne Martin, donnant des taloches à ses fils pour les punir d’être de si vilains diablotins.

Fauvisme

Vous n’avez pas honte de faire peur
À des enfants, mauvais garnements
Allez Ouste,
Tout le monde à la maison

Excusez-les
Ce sont encore à leur âge
Des enfants terribles
Surtout mon plus vieux
Le p’tit gros, Jos Patibulaire
Pompiste de son métier
Dans une station de gaz pour filles
(ce qui fit d’ailleurs éclater de rire les autres chansonniers)

Allez ouste
Que je ne vous y reprenne pas
Excusez-les encore, Messieurs Dames.

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C’est alors que le rouge des patibulaires se dilua peu à peu vers l’extrême du tableau en s’enfonçant dans la forêt, donnant à l’orangé contrasté de brun , cette sensation d’une boule heureuse explosant en plein centre, entre le rosé des adultes enfin hors du temps, hors des servitudes, hors des réalités et le noir/blanc des enfants qui ne demandaient que de l’encre sur du papier pour s’en imprégner à jamais d’émerveillement..

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Et ce fut la fête, le déjeuner des canotiers, le moulin de la galette. Le bonheur de l’imprévu, de la surprise à l’esprit, du temps qui se symphonise, telle une feuille de musique avec des séquences et des barres de mesure, l’instant présent succédant follement à l’instant présent, sans que le passé ou le futur ne puisse prendre forme. Je remarquai que les parents donnaient généreusement de l’affection aux enfants, même à ceux qui n’étaient pas les leurs. Ou était-ce plutôt le contraire ? Des enfants qui réparaient des cœurs d’adultes ?

Pierre-Auguste Renoir - Luncheon of the Boating Party - Google Art Project.jpg

À la fin du goûter, Clermont annonça aux enfants que la recherche du trésor serait retardée de quelques jours, le temps de se faire oublier des patibulaires. Mais que d’ici là, il serait important de s’entraîner pour être au meilleur de sa forme.

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Les patibulaires sont réputés
Pour avoir une peur terrible des enfants
Si vous vous promenez dans la forêt
Et que vous pensez qu’il y en a un de caché
Vous n’avez qu’à faire beuhhhhhh

Et Monsieur Brisson d’ajouter en faisant répéter les parents après lui comme Renaud leur avait fait pratiquer un certain dimanche après-midi, dans la salle arrière du St-Vincent

Nous les parents,
Nous engageons
À vous protéger
Vous les enfants
contre les patibulaires
vive le trésor
du chevalier de la rose d’or.

Les parents partirent. Clermont amena tous les enfants du camp sur le bord de la plage en vue d’une réunion stratégique.

C’est à ce moment précis qu’apparurent, sur le lac, les canots des têtes grises.

Artworks of Robert Griffing | Native american artwork, Native american  artists, Native american pictures

CAIA BOUM fit Clermont
Que tout le monde garde silence.

Les indiens chantaient la chanson d’Anikouni. Ils déposèrent un des leurs sur la roche au centre du lac. Quand l’inconnu s’assit dos à la plage, les jeunes surent qu’enfin Anikouni était revenu. Les trois canots se dirigèrent ensuite vers le rivage.

L’indien Pierre David, tout habillé de gris, débarqua seul et s’approcha des enfants. Il conversa en langue indienne avec Monsieur de l’Orangé, pendant que Philippe, tout vêtu de noir/blanc et Monsieur Étienne, en gris pâle attendaient dans leur embarcation. Et Clermont traduisit aux petits :

Les amis.,Anikouni est sur la roche sacrée
Il aimerait y rencontrer tous ceux ou celles qui ont des choses
À lui raconter au sujet du trésor
Du chevalier de la rose d’or.

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On alla donc chercher des gilets de sauvetage. Et tour à tour, chacun des trois têtes grises emmena en canot un jeune sur la roche sacrée. Durant ce temps, les enfants tentaient de parler par signe aux deux autres indiens, de leur apprendre à communiquer en français. Même les indiens leur apprenaient que roche se disait en langue grise WABADOSH et que l’eau devenait WABADO. Le problème, c’est que, pour le troisième indien qui n’était pas au courant, au retour de la roche, ce mot devenait en sa bouche SITAWA et l’eau WADAGASI. Clermont dit aux petits de ne pas s’en faire, l’eau de vie étant probablement la cause de ce brouillage des mots.

GARDIENS DU FEU SACRÉ

C’est ainsi que chaque petit fit un tour de canot, connaissant le bonheur d’être écouté par une oreille sacrée, revenant sur la berge, étonné que tant de magie fût possible en cette vie.uarante-six parents. Sur le bord des toilettes, debout, avec une bière ou un cognac dans la main, les onze chansonniers patibulaires. A la table de Clermont, Richard Lebrun, Monsieur Philippe, le père de Jean-François Monsieur Brisson, mon père, ma mère, et moi-même. Madame Martin offrit une tournée générale, Monsieur Étienne le laveur de vaisselle obtint un succès monstre, Monsieur Philippe se saoula à la liqueur douce. Et chaque animateur-chansonnier fit faire des montagnes russes à la foule. Renaud passa sa soirée à promener sa chaise de métal, de table en table, de personne en personne, écoutant avec avidité chaque mot de chaque bouche de chaque personnage de sa toile juste pour déguster cette merveilleuse alchimie de coloris qui, déposée au fond de lui-même, rejaillissait comme un volcan de sensations encore et encore et de plus en plus somptueuses. Il n’était pas vraiment touché par le fait que le bonheur fut, mais plutôt par le fait que ce fut d’une infinie beauté. Qu’hors du temps, des servitudes et de la réalité, la beauté se feu d’artifice en des formes infinies se recréant en elles-mêmes comme l’univers n’avaient dû cesser de le faire à chaque seconde depuis la création du monde qui n’eut jamais lieu, puisqu’elle supposait un passé et un futur.

Renaud s’assit finalement entre mon père et moi. Il déposa sur la table le livre d’Hermann Hesse : « le loup des steppes »

J’appris par Clermont que l’exemplaire lui avait été remis et souligné par Monsieur Gouin lui-même, qu’il en avait même, par la suite, acheté quarante-cinq copies , qu’il avait pris le temps de souligner aux mêmes endroits que le poète Paul Gouin, dans le but de les offrir à des artistes de passage au café dont les vies traversaient des tourmentes imprévues. Je le feuilletai discrètement et tombai sur certains passages ;

Dans l’éternité, le temps n’existe plus
L’éternité n’est qu’un seul instant
Juste assez pour une plaisanterie

La sensation de fête
La griserie de la fraternité en liesse
La fusion mystérieuse de l’individu avec la foule
L’union mystique de la joie

Je respirais ce rêve grisant de fusion
De musique, de rythme, de vin, de volupté.

Ma personnalité s’est dissoute dans la fête
Comme le sel dans l’eau

Je saisis intellectuellement à quel point Renaud possédait la culture de son métier d’animateur-chansonnier. Sa quête me semblait maintenant plus accessible. Chaque soir, il tentait d’amener le public, au moyen de techniques d’animation à se dissoudre dans la fête, dans un moment d’une grande beauté, dans un instant d’éternité.

c25bcb0aba87fff79bd1873ede9d1f1f.jpg (236×373) | Arte ritratti, Sculture  artistiche, Dipinti artistici

Finalement, vers minuit, il monta sur scène à son tour. Il me sembla extraordinairement joyeux, ses yeux disant merci comme ceux de Michel Woodart, ses mains grattant amoureusement sa guitare comme celles de Marcel Picard, sa gorge criant parfois son amour de la vie comme celle de Jos Leroux, sa voix déchirant de tendresse les bas de courbes comme celle de Pierre David.

Il courba passionnément en passant d’une chanson lente à une un peu plus vite. Puis un refrain que tout le monde connaissait emporta la salle comme si elle se trouvait suspendue au premier poste de repos de l’Himalaya. Il cassa soudain son rythme pour redescendre, au moyen d’un dialogue

Imaginez-vous
Qu’on est tous des enfants
Qui boivent le vin de la vie
Pour la première fois
Qu’on lève son verre
À l’enfance éternelle du cœur.
Tout le monde debout.

Et ce fut la grande montée : la prison de Londres, Au chant de l’Alouette, Youppie yai, la danse à St-Dilon, les mains sur les épaules, tout le monde debout. Et la finale. « Quand les hommes vivront d’amour » de Raymond Lévesque.

Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Et commenceront les beaux jours
Mais nous nous serons morts mon frère.

Renaud commença à dire les paroles, phrase par phrase, pour que, seules les voix de la salle supplient l’éternité d’apparaître en son instant présent.

Quand les hommes vivront d’amour
Ce sera la paix sur la terre
Les soldats seront troubadours
Mais nous nous serons morts mon frère.

Tous les chansonniers montèrent sur scène, se serrant contre lui, tout autour de lui, pour entonner le couplet. Je le sentis bouleversé. Il redoutait tellement le fait d’être l’objet de quelque attention que ce soit, cela provoquant en lui des émotions qu’il n’avait pas prévues, orchestrées, dessinées, signées. Il aurait voulu mourir plutôt que tous découvrent à quel point il était fragile, la scène n’ayant toujours été pour lui, comme m’avait un jour confié Clermont, un monastère le protégeant de tout et de rien.

Dans la grande chaîne de la vie
Où il fallait que nous passions
Où il fallait que nous soyons
Nous aurons eu la mauvaise partie.

Renaud n’étant plus capable de chanter, les yeux trop bouleversés à retenir le flot qui voulait exploser en lui, Jos passa le micro de chansonnier en chansonnier qui, comme le faisait Renaud auparavant, ne prononcèrent qu’une phrase à la fois pour que le public seul les chante. Quand les hommes vivront d’amour
Qu’il n’y aura plus de misère
Peut-être songeront-ils un jour
À nous qui seront morts mon frère

Nous qui auront aux mauvais jours
Dans la haine et dans la guerre
Cherché la paix , cherché l’amour
Qu’ils connaîtront alors mon frère.

Dans la deuxième salle du St-Vincent, il existait un autre microphone avec un fil permettant de traverser les deux salles. On entendit une voix inconnue chanter le dernier couplet. La porte s’ouvrit entre les deux salles. On vit apparaître Jean-François Brisson, le jeune le plus âgé du camp, au visage le plus dur, avec entre les mains une grande carte, une immense carte marquée d’un gros MERCI. Et il chanta avec une telle assurance que même son père en fut ébranlé.

Dans la grande chaîne de la vie
Pour qu’il y ait un meilleur temps
Il faut toujours quelques perdants
De la sagesse ici-bas c’est le prix.

Et lorsque tous les clients entonnèrent, a capella, sans grattements de guitare, ni bruit de quelque sorte que ce soit, le dernier refrain, l’éternité de l’instant présent transperça peut-être la salle. Je sus, par la suite, que c’est à cet instant précis que Monsieur Gouin apparut à Renaud dans le cadrage de la porte de garage du St-Vincent pour lui faire signe de ses deux doigts en V que l’éternité avait pris la forme de son corps pour lui dire, elle aussi, merci.

Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Les soldats seront troubadours
Mais nous nous serons morts
Mon frè…..è……..re

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

1302 ….. 18 MAI 2016

1302 .. (DENIS LAMARRE) JE NE REMERCIERAI JAMAIS ASSEZ DENIS LAMARRE, MON PARTENAIRE DE SCÈNE, POUR LES 18 ANS DE PARFAITE EUMÉTRIE DU DUO ROCHETTE-LAMARRE, ET CELA AUTANT SUR LA SCÈNE QUE DANS LA VIE PRIVÉE

May 18, 2016Pierrot le Vagabond Chercheur

Il n’y a jamais eu de chicanes entre nous en 18 ans de carrière, 250 spectacles par année minimum…. Ce fut magique, intense, respectueux et nous avons pratiqué un concept du philosophe Onfrey qui s’appelle l’eumétrie…

Nous avons divisé équitablement le pouvoir… Tout ce qui se passait en bas de la scène, Denis avait la dernière décision, tout ce qui se passait sur scène… j’avais la dernière décision parce que j’avais à dessiner l’architecture théorique de ma thèse de maîtrise sur le rire, écrire les numéros de comédie, slapstick ou monologues tout en performant dans des variables thématiques où ma nature «MON ONCLE PAULO» servait bien notre duo… comme la nature DE MONSIEUR PARFAIT AU NIVEAU ÉTHIQUE… mais REMARQUABLEMENT PARFAIT DE DENIS…… le rendit unique à mes yeux et aux yeux du public…

Que de joies… je me rappelle un jour… j’avais un numéro de comédie ou je dansais un slow avec une femme dans la salle qui me dit à l’oreille… j’ai un fantasme…. danser un slow avec ton copain QUI LUI EST BEL HOMME… je conte cela à Denis rendu sur scène… il me répond dans l’oreille…. DIS LUI QUE LES PLUS BEAUX FANTASMES SONT CEUX QUI NE SE RÉALISENT JAMAIS… je retourne danser avec la dame… qui toute en chair et poitrine en guerre bien portante me serra très fort en me disant… ahhhhh… quelle réponse… j’en ai des frissons…. pis c’est toi qui va payer pour… c’est ainsi que par procuration, je dégustai les fantasmes de Madame dans son espérance qu’ils traversent mon corps pour atteindre celui de Denis….. )))))))))))))))))))))

Que de joies… je me rappelle entre autres ces nuits où Denis chauffait l’automobile, pendant que je lisais ma bibliographie pour ma maîtrise sur le rire (qui me prit 14 ans, parce que j’y répondais une question de nature doctorale tout en expérimentant une à une des hypothèses fortes sur scène à travers l’écriture et l’exécution de numéros originaux).

Et Denis, souvent puisant dans sa riche discothèque de chansonniers québécois et, pour nous reposer, nous faisions l’analyse de chansons très rares et très belles autant au niveau de la musique, de l’orchestration que du texte…

Oui… Aujourd’hui, Denis vis à St-Adolphe d’Howard, dans la forêt et à côté de sa maison, il y a un studio avec toutes nos pistes musicales, et de nombreux vidéos de tous nos numéros… et notre amitié sans tache et sans faille….

DENIS POURRAIT DIRE COMME MOI que nous fûmes, tel qu’on le dit de Félix Leclerc…. et cela durant 18 ans sans exception, ni bémols,

…… DES ROIS HEUREUX…..

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Pierrot Vagabond

www.lepaysoeuvredart.com
Michel le concierge

22 NOVEMBRE 2020 … 20 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … CHAPITRE 7 … LE SECRET DE MON PÈRE … ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

22 NOVEMBRE 2020 …20 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …..ROMAN DE PIERRE ROCHETTE ….L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….CHAPITRE 7 …..LE SECRET DE MON PÈRE ….. ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

www.enracontantpierrot.blogspot.com …

Bande annonce du documentaire MON AMI PIERROT, LE DERNIER HOMME LIBRE

Véronique Leduc
veroniqueleduc@hotmail.com
et
Geneviève Vézina-Montplaisir
genevievevm@hotmail.com

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www.reveursequitables.com

Commentaires sur le CD : « reveursequitables.com »
Raymond-Louis Laquerre
Montréal, le 24 mars 2011

Avec ce premier disque compact des deux rêveurs équitables, Pierre Rochette et Michel Woodard, nous voilà replongés dans le style intimiste des Boîtes à chansons du Vieux-Montréal fondées au début des années ‘70.

La plupart des chansons est précédée d’une présentation très spontanée dans le style des conteurs québécois. Les deux comparses réussissent chacun à leur façon à s’immiscer dans notre propre intimité et à créer un lieu de rencontre où on tend l’oreille pour ne pas perdre aucune de leurs paroles.

On s’imagine facilement en train d’effectuer, seul, un long voyage en voiture ou en camion et d’écouter religieusement ces vraies histoires mises en chanson de façon originale et simple à la manière de Brassens, Brel ou Moustaki. À la limite, j’oserais dire qu’ils nous tiennent compagnie tout au long de ce voyage où la réalité et l’imaginaire se confondent étroitement.

Ce qui constitue véritablement la trame de fond de ce nouveau CD, ce sont ces petits moments de silence entre les mots et entre les notes de guitare. Cette respiration musicale supporte à merveille les propos bien sentis de chacune des chansons et réussit à nous toucher au fond du cœur. Un véritable antidote à notre mental galopant à l’épouvante. Une atmosphère de paix semblable à celle que dégage un beau feu de camp.

Pierrot, dit le « vagabond céleste » qui libère l’âme des jeunes canadiens, démontre beaucoup de maîtrise de sa plume, de ses rimes et des rythmes musicaux. Ce voyageur qui a traversé le Canada à la conquête de soi, de peine d’amour en peine d’amour, n’a plus peur de souffrir car il a compris l’importance de l’entraide fraternelle. Comme il le dit si bien dans l’histoire du pouceux (auto-stoppeur) qui est en manque de courage, il suffit d’une allumette pour enflammer la vie.

Il se dégage une certaine naïveté dans les chansons de Michel, l’amoureux de la belle Marlene, mais ce qui fait son charme c’est sa spontanéité et sa sincérité. Quand il parle, c’est senti; quand il chante, ça vibre d’émotions. Son hypersensibilité sous-tend toutes ses chansons où le thème de l’amour est toujours prédominant comme dans Viens-t’en l’Amour et Cause I love you. Mon coup de cœur va pour une chanson d’une grande profondeur qui mériterait d’être interprétée avec un grand orchestre : Je te demande pardon. Il est possible qu’un jour cette chanson fasse le tour du monde dans différentes langues comme ce fut le cas pour la célèbre chanson de Raymond Lévesque, Quand les hommes vivront d’amour.

En résumé, ce CD des rêveurs équitables constitue un véritable retour aux vraies valeurs telles que l’amour, l’amitié, la mort, le pardon, la famille, l’entraide, l’écoute, le partage, l’humilité et la simplicité. Quelle fraîcheur dans ce monde matérialiste où nous évoluons tous les jours ! Après la dernière chanson, Pour un monde équitable, on reste bouche-bée en présence du silence. Nos deux chansonniers ont su prendre une telle place sur l’autoroute imaginaire entre Trois-Rivières et La Tuque, qu’on regrette déjà qu’ils soient descendus si vite pour se diriger vers un Tim Horton où d’autres aventures se présenteront à eux. On se console cependant en pensant qu’il y aura sûrement une suite à ce premier CD réalisé avec autant de passion et de poésie.

Raymond-Louis Laquerre
Montréal, le 24 mars 2011

1re chanson : Tim Horton (Pierre)
De peine d’amour en peine d’amour, ça ne me dérange pas de souffrir.
La traversée du Canada à la conquête de soi.

2e chanson : Viens-t’en l’Amour (Michel)

3e chanson : Radio Ville-Marie (Pierre)
Chanson sur l’engagement et l’entraide fraternelle pour sauver leur chum de gars qui souffre du cancer du sang.

4e chanson : Cause I love you (Michel)
Une belle chanson d’amour (romance ou ballade)

5e chanson : La Chanson du camionneur (Pierre)
…de La Tuque à Trois-Rivières, à celle qui est la plus belle de l’univers.
Toi, la reine de mes « je t’aime ».

6e chanson : Lâche-moi pas (Michel)
Tu es le cœur de toute ma journée.
L’histoire d’un couple avec trois enfants.

7e chanson : Les Allumettes (Pierre)
Il suffit d’une allumette pour enflammer la vie.
L’histoire du pouceux en manque d’amour.
Chanson qui mériterait d’être interprétée avec un grand orchestre.

8e chanson : Je te demande pardon (Michel)
Chanson ayant beaucoup de profondeur.
Texte simple mais très percutant.
Chanson qui mériterait d’être interprétée avec un grand orchestre.

9e chanson : Mon gars (Pierre)
J’ai écrit sur un petit bout de papier : « Mon cœur te dit que je t’aime mon grand gars ».
Un père alcoolique qui espère recevoir la visite de son fils habitant la ville.

10e chanson : Tu t’en rappelles-tu (Michel)
La perte de mémoire d’un vieux père.

11e chanson : Le Bol de riz (Pierre)
Anecdote portant sur la générosité et sur l’ouverture au monde.
Histoire d’un enfant haïtien de six ans qui partage son bol de riz avec ses frères et ses sœurs.

12e chanson : Pour un monde équitable (Michel)
Chanson thème.

* * *

 

RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE E DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

chanson de Michel pour Marlene

CAUSE I LOVE YOU

COUPLET 1

Chaque matin quand j’me réveille

J’me d’mande où je m’en vais

Qu’est-ce qui va m’arriver aujourd’hui

Je…te retrouve à mes côtés

Et je suis rassuré… d’avoir une belle journée

 

REFRAIN

Cause I love you (2)

Cause I love…. You mon minou

Cause I love you (2)

Cause I love…. You mon minou.

 

COUPLET 2

Quoi faire,.. de cette journée…

Après avoir travaillé

Après avoir couraillé tout partout…

Je… te retrouve à mes côtés…

Et je suis rassuré…d’avoir une belle soirée..

 

COUPLET 3

Des fois… on choisit sa vie

Souvent on la choisit pas

C’est le destin qui décide de ça

Moi… je suis riche de t’aimer…

De t’avoir à mes côtés

Toutes ces belles journées…

 

REFRAIN

Cause I love you (2)

Cause I love…. You mon minou

Cause I love you (2)

Cause I love…. You mon minou.

Des beaux p’tits becs…

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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

Les deux Pierrots, Pierre David et Pierre Rochette

La boîte à chansons le «2Pierrots» ferme ses portes après 46 ans d’activité

LES DEUX PIERROTS…. QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MÊME … JE VIENS DE  REDÉCOUVRIR UNE PHOTO DES TOUT DÉBUTS DE LA BOÎTE D'ANIMATION LES DEUX  PIERROTS…. 1974 OU 1975 JE CROIS…. J'EN SUIS

17 NOVEMBRE 2020…. 25 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE  PIERRE ROCHETTE … L'ÎLE DE L'ÉTERNITÉ … 2EME CHAPITRE: LE VIEUX MONTRÉAL  ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES

LE PLUS GRAND DES TROIS PIERROTS, ROBERT RUEL, Marie-Lou sa fille qui a pris la succession dans la direction artistique de la boîte à chansons ….  et Lise sa tendre compagne ….

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

pierresivign

L’ILE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT (PIERRE ROCHETTE)

Chapitre 7 – LE SECRET DE MON PÈRE

L’île de l’éternité de l’instant présent

Alfred Desrochers
Alfred Desrochers

Il s’abreuvait depuis toujours aux frissons de l’éternité. Cela lui semblait si naturel qu’il n’avait jamais pu comprendre comment il se faisait que les humains puissent souffrir. Son corps de 51 ans lui avait toujours paru sous la forme de la jeunesse éternelle. La pureté de l’âme, la sensation continuelle de flotter deux pieds au-dessus du sol, le rythme lent, amoureux, étonné, charmé. La sensation de ne rien peser, de se fondre dans le tout avec ravissement, de saisir dans ses mains l’air comme des milliers de pépites d’or. Était-il artiste, poète de la vie, amant de l’être ou son enfant naissant encore aux langes ?

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Le dernier été de sa vie fut le plus mystérieux de tous pour ceux qui l’avaient connu jeune homme. Il chantait au théâtre « Le patriote » de Sainte-Agathe durant le souper, et cela six soirs par semaine. Puis il mangeait un peu, juste avant d’aller accueillir les groupes lors de la descente de l’autobus. Dans ces moments-là, il redevenait joyeux, avec les rires francs de celui qui reçoit des membres de sa famille, le public ayant été toute sa vie sa seule famille véritable. Après s’être assuré que chaque chauffeur puisse bénéficier d’une place pour le spectacle des « girls », que chaque personne âgée se sente en sécurité, il s’installait sur sa petite scène dans l’entrée du patriote, assis sur une chaise presque confortable et retombait en état de contemplation par la lecture de l’encyclopédie.

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Même à l’intermission, il ne bougeait pas de sa chaise, restant disponible cependant à toute personne désirant entrer en contact avec lui. Cela donnait un air d’irréalité à sa présence autant qu’au lieu puisqu’il s’était immobilisé en position exacte entre le réel et le magique. D’ailleurs il ne cessait cette lecture qu’à cinq minutes de son spectacle de 23 heures où il reproduisait, telle une scène de musée, l’atmosphère également exacte entre la fin des boîtes à chanson et le début du St-Vincent.

Renaud avait hérité de mon père, la collection du grand Larousse encyclopédique 1960, toute soulignée en traits fins au moyen d’un crayon à mine. Il pouvait ainsi suivre à la trace les chemins intellectuels à travers lesquels son aîné spirituel avait pu prendre conscience de l’étrangeté de son monde intérieur.

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Mon père avait toujours habité de l’autre côté de la fissure du temps et n’avait jamais senti le besoin de découvrir cette fissure de façon à la traverser pour rejoindre les hommes et leur raconter la beauté de ce qu’il vivait. À la mort de Monsieur Gouin, cette rencontre e mon père fut pour Renaud providentielle, au sens où elle lui permit d’avoir accès à cette portion du savoir de l’être qui lui manquait pour atteindre son objectif : décrire avec des mots ce qui se vit sur l’île de l’éternité de l’instant présent pour que les hommes puissent en avoir une idée précise.

J’avais déjà demandé à mon père de me raconter ses souffrances, sujet qu’il avait esquivé en me souhaitant bonne chance dans mes amours, tel « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage ». Nous allâmes à l’enterrement de Monsieur Gouin. C’est à ce moment qu’il me confia qu’il n’avait jamais raté un événement relié à la mort d’un poète. Comme cette journée où l’on inaugura la tombe d’Émile Nelligan dans le cimetière Côtes des Neiges. Il eut l’immense bonheur d’entendre le grand poète Alfred Desrochers, le père de Clémence, déclamer des vers du « le vaisseau d’or» d’Émile Nelligan.

Émile Nelligan et son œuvre - Wikisource

 

C’est donc le lendemain de l’enterrement qu’il me quémanda :

Marie, Aurais-tu la bonté
De passer la journée avec moi
En dehors de Montréal ?

C’est ainsi que d’une ville à l’autre, d’un village à l’autre, d’un tournant à l’autre, j’amenai mon père dans un rang perdu de St-Lin…Au lieu exact de son enfance. Nous marchâmes dans ce qui fut jadis un sentier…

 

C’est ici que tout petit,
Je prenais mes brosses d’être
Dit mon père.

Je n’avais jamais entendu ces deux mots de sa bouche. Il avait dû mettre plusieurs années à lire ses encyclopédies, avant de trouver une formule exprimant le plus intime de lui-même. Il arrive parfois que deux mots de la langue française, qui ne s’étaient jamais rencontrés, passent de longues années avant de réussir à s’apprivoiser. Mon père n’attendit pas une question de ma part pour définir la relation de ces deux mots entre eux.

Une brosse d’être
C’est une sorte de soûlerie intérieure
Dans la taverne de la vie
Qui dure parfois
Plus de trois jours consécutifs.

A la recherche de la lumière : Peinture originale, abstraite et  contemporaine

Il mesurait le rythme avec lequel il me parlait. J’avais l’impression que la symphonie de son dire avait depuis longtemps quitté le conservatoire de musique. Ses encyclopédies n’ayant peut-être été que des cahiers de solfège, d’harmonie, de composition, d’études des grandes œuvres passées, pour que la musicalité des mots s’envolent enfin à la vitesse de la matière qui se dissout sous la beauté du dire.

Nous nous assîmes sur une grande roche face à l’eau.

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Je voulais juste voir
Le chant des oiseaux
Si on pouvait entendre de l’intérieur
Comme quand j’étais petit.
Si le vent dans les feuilles
Ouvre et ferme leurs rainures
Pour encore et encore te caresser
L’oreille de ses politesses
Si le corps se fond dans un paysage
Dans un pareil et jamais pareil
Immobile comme un visage se reflétant
À la merveille de son double
Dans la douce énergie de l’eau trouble….

Jamais mon père ne s’était dévoilé à moi sous cet angle. Sans doute avait-il attendu de bien posséder les bons mots pour le dire. Et c’est en ces mots, presque absent, qu’il conclut :

C’est sur cette roche
Qu’à l’âge de 6 ans
Je découvris
Que la réalité était une chorale terrestre
Mon enfance fut magnifique, Marie.

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Je fus surprise qu’il n’ait pas aperçu une chaloupe avançant lentement du côté droit de la baie jusqu’à nous.

Monsieur, vous êtes ici sans permission
Sur la terre de Roméo Bourget dit l’homme

Monsieur cria mon père,
Est-ce que le Rodolphe
De la cabane à bois rond
À besoin d’une permission ?

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L’homme se leva debout dans sa chaloupe

Ah ben saliboire
Rodolphe Gascon ! ! !

Les deux hommes s’étreignirent de longues minutes. Après les présentations d’usage et quelques rires et larmes de joies sincères de s’être retrouvés, mon père finit par dire :

Y me semble que ça me ferait du bien
De ramer un petit coup comme dans le temps

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Mon père rama donc jusqu’à un point précis appelé le ruisseau des roches folles, à cause du bruissement particulier qui semblait rebondir dans le temps tel un écho.

Rodolphe, dit Monsieur Bourget
Tu sais que de la cabane en bois rond de ta mère
De l’autre bord du ruisseau
Il ne reste plus juste qu’une moitié
De mur, qui tient encore debout.

Mon père ne broncha point.

Une Sainte femme, sa mère, monologua Monsieur Bourget Seule, abandonnée avec cinq enfants par un mari alcoolique On ne l’a jamais entendue se plaindre.

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Et mon père de répondre comme s’il n’avait rien entendu :

Ma mère disait toujours,
En autant qu’on ne manque pas d’amour.

Rodolphe ne vous le dira pas Mademoiselle
Mais à l’âge de dix ans
Il ramassait des fraises
Du lever du jour jusqu’au souper
Le soir, il préparait les casseaux
Le lendemain, il marchait deux milles
Jusqu’au village pour se faire
Des sous avec les touristes
Afin de ramener du minimum
Pour nourrir ses frères et sœurs.

Ma mère disait toujours,
Avec des fraises pour dessert
Ça sent le paradis dans l’estomac

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Bien des fois, dit Monsieur Bourget
J’ai vu Rodolphe ramasser
Du vieux linge que sa mère empilait
Autour du lit…
Du carré qui lui servait de chambre
Une brave femme
La nuit, elle faisait du neuf avec du vieux.

Ma mère disait :
Quand c’est beau
Ça pas toujours besoin d’être neuf

La cabane des Gascons,
Avant qu’ils arrivent pour l’habiter
Avait servi de poulailler
Y avait juste un poêle à bois
Avec aucune finition au-dedans

On s’est jamais rendu compte de ça dit mon père.

Ma mère avait posé du beau carton peinturé
Par-dessus des murs isolés avec des restes de guenilles
Ça faisait très joli dans la lumière du poêle à bois.

Cela dura plus d’une heure de cette façon… Monsieur Bourget dut nous quitter. Et nous marchâmes jusqu’à la fameuse cabane en bois rond. Même mon père fut impressionné par la modestie des dimensions.

Nous nous assîmes sur ce qui fut jadis une souche.

Tu sais pourquoi, Marie, je n’ai pas été capable de répondre à tes questions sur mes souffrances ?

Non lui dis-je ?

Parce qu’il n’y a jamais eu une seule seconde
Où la souffrance a réussi à entrer dans cette cabane-là
Tant que ma mère a été vivante.

J’me sentais gêné de t’avouer ça
Sauf qu’une fois sur place
Ça m’étonne encore aujourd’hui
De pouvoir dire
Que je n’ai jamais souffert
Même pas une fois dans ma vie
Et que mon enfance fut magnifique

Ma mère, tous les soirs, sans exception
Nous a chanté la même chanson
Elle appelait ça : la berceuse du bonheur

Lorsqu’elle nous serrait contre elle
Autour du poêle à bois
Pis qu’y faisait trop frette
Pour s’éloigner de la chaleur de son amour
Elle se mettait à chanter

EGO SUM PAUPER
NIHIL HABEO
ET NIHIL DABO.

Ça voulait dire :
Je suis pauvre
Je n’ai rien
Et je ne demande rien.

Chaque enfant reprenait la première phrase
Après que l’autre l’eut entonnée
Et l’on chantait en chœur
Dans un canon sans fin.

On n’a jamais su qu’on était pauvres.
On ramassait de la nourriture pour l’hiver comme si c’était de l’or.
Tout l’été, je pêchais le poisson
Ma mère le canait en vue des grands froids.
Elle sciait elle-même du bois pour en faire des cordes.
Au fur et à mesure qu’elle nous faisait du linge
Elle nous apprenait à coudre
On piégeait le lièvre, faisait un grand jardin
Engraissait notre cochon
Que je payais avec mes casseaux de fraises
On avait quatre poules, un coq,
Même une chèvre pour le lait
On a toujours été millionnaires Marie.

C’est comme ça qu’on a appris
À se serrer les coudes
À se faire confiance les uns les autres.

Je comprenais maintenant un peu mieux pourquoi mon père avait pu m’enrober dans une bulle de bonheur dès ma naissance. Il ne m’avait jamais raconté des contes et légendes. Il vivait sa vie comme on chaloupe une rivière, à la découverte toujours renouvelée d’une manière poétique de percevoir la réalité.

La lumière en peinture ou l'élément incontournable de William Turner

Quand je vous ai demandé :
Auriez-vous la bonté de me parler de vos souffrances ?
Pourquoi pleuriez-vous Papa ?

Parce qu’un homme qui n’a jamais connu la souffrance
Se sent handicapé pour aider sa fille
Qui se meurt d’amour pour un homme.

Quand vous avez attendu que maman
Vous ramasse sur le trottoir
En face de son travail
Assis sur votre valise
N’étiez-vous pas en souffrance ?

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Je m’abandonnais tout simplement à la vie
Comme ma bonne mère me l’avait montré
J’ai toujours cru à la magie du cœur.

Et ta mère, en un instant,
À pu s’émouvoir à la magie de mon cœur pour elle.

Le retour en automobile se passa dans un chapelet de silences, entrecroisés de confidences. Mon père avait choisi son heure pour se dévoiler. Et je pressentais par la douceur de son dire, qu’une deuxième fois ne serait pas nécessaire.

J’ai choisi de travailler chez les sœurs
Parce que je peux réciter chaque belle phrase
Que je lis dans l’encyclopédie
Tout en œuvrant à mon rythme
Elles-mêmes étant trop occupées à prier.

Religieux Abstraite Peint De Fond Illustration - Getty Images

Et plus tard

Je n’ai pas cru bon de raconter tout ça à ta mère
Je ne crois pas que ce que je porte en moi
Puisse modifier son talent de m’aimer.

Alors pourquoi me conter votre intime
À moi qui suis une copie de ma mère dis-je ?

Miel
Tu m’as demandé de te parler de mes souffrances
Mais le mot « souffrance » fait partie de l’ego
Et le mien se dissout tellement harmonieusement
Sous le bonheur d’être
Qu’il me semblait indispensable
De te dévoiler cette partie
Profondément enfouie dans ma solitude intérieure.

Est-ce que vous êtes un poète lui demandai-je ?

La Galerie d'art IRIS présente le vernissage « Feminissima » – Photo Pierre  Rochette

Non, un poète, c’est celui qui se sent la mission
De construire avec les mots
Pour que le cadeau qui se recueille en lui
Soit accessible aux autres.

Moi je ne suis bien que dans l’art de vivre
De lire mon encyclopédie, De travailler chez les sœurs
Et de vous aimer comme un fou ta mère et toi.

Ce soir-là, durant le souper familial, je me sentis réconciliée au quotidien de mon père et de ma mère. Je les percevais maintenant comme deux planètes qui, par la force même de leur gravité, n’auraient jamais la tragique occasion de se faire mal au gré d’une collision. Il suffisait à mon père, de par cette attraction mutuelle, qu’il tienne ma mère au chaud pour que cela le rende heureux, tel le soleil vis-à-vis la terre. Papa, auriez-vous la bonté De jouer aux échecs avec moi ?

TABLEAU PEINTURE espace galaxie lune soleil - Reverse Galactica

 

Curieusement, ce rituel du jeu d’échecs entre nous n’avait jamais été une occasion de grands moments d’intimité. Tout juste de ma part une façon de lui faire plaisir et de la sienne une manière de déguster ma présence.

Nous jouâmes toute la nuit.

Belle abstraction 3d avec échiquier bleu et reine déchecs peintures murales  • tableaux échec et mat, pion, défaite | myloview.fr

Mais plutôt que de confronter nos puissances logiques respectives, j’en profitai pour me baigner dans son art de dessiner la vie. J’habitais d’instinct le pays de l’intelligence, l’intuition, la passion de vaincre, la ruse, le plan de match. Mon père vivait dans un royaume différent du mien. Il ne forçait jamais, trop amoureux du rythme de ses mouvements, de l’odeur de sa pipe comme des craquements de sa chaise berçante.

Puisque, dans l’après-midi, il m’avait dévoilé quelques clés de sa vie, je tentai d’en profiter pour emprunter, en les copiant par mimétisme, des chemins semblables aux siens. Chaque fois que je saisissais un pion, une tour, une reine ou un roi, je caressais la texture de la pièce en de longs gestes langoureux par le simple bonheur du toucher. Il me sembla qu’il s’en rendit compte parce qu’il eut la délicatesse de rythmer ses séquences pour les ajuster au parfum des miennes.

Ce fut la toute première fois dans ma vie où je pressentis qu’il pouvait exister une danse de l’instant présent. Il n’y eut soudainement moins de passé si lourd comme aussi moins de désirs affamés de futurs. La vie m’apparut comme une suite possible d’instants présents, les anciens décédant en même temps que surgissait celui qui précédait la naissance des autres. Je venais peut-être de cogner à la porte de l’éternité de l’instant présent comme l’aurait dit Renaud, ou de rater de peu la fissure du temps pour qu’elle m’apparaisse? Aujourd’hui je sais que je n’étais alors qu’aux prémices d’un quelque chose de fabuleux que je mis des années à découvrir. Il me manquait la surprise du hasard ou l’abandon de la fenêtre ouverte au cas où le souffle passe.

Un peu comme le philosophe Jean-Jacques Rousseau qui, durant une promenade, reçut un coup de sabot d’un cheval qui lui fit perdre connaissance. Quand il revint à lui, il se trouva dans un état étrange. Il lui sembla que le monde n’avait aucune frontière et qu’il était un point de conscience flottant dans un vaste océan. Rousseau se sentit fusionné avec tout : la terre, le ciel, n’importe qui autour de lui. Il se sentit en extase et ivre dans cet état qui passa rapidement et lui laissa une forte impression qui le hanta pour le reste de ses jours.

Jean-Jacques Rousseau — Wikipédia

Vers quatre heures du matin, je fus prise d’un fou rire. J’avais posé une colle à mon professeur de littérature et il avait été incapable de la résoudre.

Papa, si tu étais Shakespeare
Tu ferais quoi,
Être ou ne pas être ?

Qu'est-ce que la peinture abstraite ? Définition de la peinture abstraite  contemporaine

Quand tu vis une brosse d’être
Dans la taverne de la vie
Me répondit-il sans hésiter
Tu connais le bonheur de vivre
Un état paradoxal
Qui passe par le non-savoir.
Impossible à connaître au moyen de la pensée

Être et ne pas être en même temps.
Voilà la béatitude suprême
Dans cette vie
Et c’est par ce chemin du non-savoir
Que l’univers chante dans l’âme de l’être humain
Tel un sanctuaire d’oiseaux
Aux confins de l’innommable.

Je n’ai jamais oublié ces mots, car mon père les prononça banalement, tout en continuant à jouer aux échecs, comme si pour lui tout avait été depuis longtemps une simple question de trouver les bons mots dans l’encyclopédie, de les agencer pour mieux témoigner de la beauté de les vivre. A un point tel où je mis les trois dernières phrases en prologue du livre.

Papa, tenez-vous un journal sur ce que vous vivez ?

Parfois dit-il, parfois
Peut-être qu’un jour je te montrerai.

Le téléphone sonna. C’était Renaud. Il appelait de chez Isabelle.

Écoute, dit-il
Les enfants doivent partir en excursion
Découvrir où ton père a vécu
Avez-vous déjà eu un chalet
Dans votre famille ?

Le soin des peintures - Canada.ca

Attends, je te passe mon père, dis-je.

Et c’est ainsi qu’ils firent vraiment connaissance. Mon père l’avait vu chanter au St-Vincent lors de l’hommage à Monsieur Gouin, mais je le sentis ému du fait que Renaud désirait passionnément faire rêver les enfants du camp Ste-Rose. Renaud parla de coffres de bois et papa de mentionner qu’il m’en avait fabriqué vingt et un, à travers les années, qui ne demandaient qu’à être descellés pour être ensuite utilisés au bénéfice des enfants.

Rose Parure d'or Peinture par Philip Moreau | Artmajeur

Demain matin, je suis à ta disposition
Renaud, pour te faire visiter
La cabane en bois rond de ma mère
Si Miel veut bien nous y conduire.

Curieux la vie. De savoir qu’il passait la nuit chez Isabelle me fit souffrir autant que l’idée d’aller l’y chercher le lendemain matin neuf heures provoqua en moi une joie profonde.

Papa, dis-je à mon père
Pourquoi avoir parlé des coffrets
On ne les a même pas ouverts ?

PUZZLE MASTER - SECRET PUZZLE BOX - BUTTON BANK / EN BOIS

Je vis par ses yeux gamins et coquins qu’il se mourait d’envie de dévoiler enfin ce qu’il avait ciselé pour moi à chacun de mes anniversaires depuis ma naissance. Même ma mère n’avait jamais été au courant du contenu d’aucun de ces derniers.

Nous nous installâmes à table. Le coffret de ma naissance ne contenait qu’une seule lettre sculptée en une forme miniature : La lettre E. Celui de ma première année la lettre G. Celui de ma deuxième année, la lettre O.

Il n’y avait de fait qu’une lettre par coffret, sur une période de vingt et un ans.

EGOSUMPAUPERNIHILHABE

C’est la chanson de ta mère, dis-je, triomphante

EGO SUM PAUPER
NIHIL HABEO
ET NIHIL DABO

Tu ne m’as jamais parlé de cette chanson-là, Rodolphe Dit ma mère

C’est un canon en latin
Que me chantait ma propre mère
Quand j’étais enfant
Dit mon père

Je saisis d’instinct que mon père ne voulut point dévoiler sa recette, de peur que ma mère ne cesse de s’émerveiller de la manière mystérieuse dont il arrivait à l’aimer de seconde en seconde. Il sortit également la chaîne originale de ma Grand-Mère que sa propre mère lui avait remise. Il y faufila les lettres une à une et m’agrafa l’ensemble dans le cou.

Pour que ta grand-mère te protège
Comme elle le fit pour moi
En me chantant cette berceuse.

Mais Papa, il me manque douze lettres dans le cou ?

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Et mon père de répondre :
Je n’ai pas fini de t’aimer non plus.

Le lendemain matin, nous ramassâmes Renaud chez Isabelle pour nous rendre finalement à la cabane à un mur. Pour Renaud, toute réalité représentait d’abord un décor signé par ses rêves, contrairement à mon père pour qui il n’y avait de réel que le bonheur permanent passant à travers le réel comme si ce n’était qu’un amas de molécules.

La cabane à un mur de votre mère, dit Renaud
Je ne pouvais pas imaginer un lieu plus magique
Je vois les enfants arriver ici en autobus
À raison d’un groupe par jour
Avec pour mission
Trouver les vingt et un coffres
Reconstituer le message original
Par l’assemblage des morceaux déchirés.

Les méchants Patibulaires
Habitent tout autour

Afficher l’image source

Vous connaissez quelqu’un de la région
Qui possède le physique d’un méchant
Et qui vit dans le coi ?.

Mon père et moi criâmes en même temps :
Roméo Bourget.

Et c’est ainsi que fut à peine dessinée la suite de la thématique du camp Ste-Rose, Renaud tenant par-dessus tout à ce que les détails furent improvisés au fur et à mesure. Nous nous rendîmes à la roche où mon père allait quand il état enfant.. Après de longs moments de silence à écouter la symphonie de la nature, Renaud demanda soudain à mon père :

Êtes-vous venu à l’enterrement de Paul Gouin
Monsieur Gascon ?

Vous l’avez bien connu relança mon père ?

Ce fut un poète, Monsieur
Il connaissait la valeur de l’instant présent

L’instant présent st un si beau cadeau
Dit mon père

c25bcb0aba87fff79bd1873ede9d1f1f.jpg (236×373) | Arte ritratti, Sculture  artistiche, Dipinti artistici

Et je vis mon père basculer dans ce qui me sembla une brosse d’être. Une certaine présence absente tout à fait charmante. Et je vis Renaud, étonné de ce qu’un autre que lui put avoir dans sa bouche, tel un secret dévoilé, des paroles qu’il aurait pu dire lui-même. Oui, l’instant présent à trois sur cette roche fut, cette journée-là, un merveilleux cadeau.

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

2024,

2924…28 MARS 2019,

NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE… NOTRE ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE) BÉNÉFICIANT DE 12 ANS D’ARCHIVES VIDÉOS TÉMOIGNANT DE NOTRE MATURATION PAR LA RÈGLE DE JEU DES 3 WOWS, PEUT MAINTENANT PASSER À UNE AUTRE VITESSE OPÉRATIONNELLE PUISQUE TOUTE LA PROPÉDEUTIQUE EST TERMINÉE, LA MISE EN PENSÉES ABSTRAITES DU CADRE THÉORIQUE, DE LA PROBLÉMATIQUE ET DES ENJEUX EN DESIGN…. NOTRE COURSE VERS LE PRIX NOBEL DE LA PAIX PEUT MAINTENANT VIVRE UN AGENDA PLUS SERRÉ PUISQUE TOUS LES TROIS (MARLENE, MICHEL ET PIERROT) VOYONS NOTRE DOCTORAT COMME MULTI-MÉDIATIQUE PAR TROIS PEINTRES, AVEC COMME OBJECTIF LA MISE EN APPLICATION PAR L’INSTITUT DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DU QUEBEC DE NOTRE ALGORITHME DE JUSTICE SOCIALE: «WOW-T=2.7K?»…. SI NOUS Y METTONS NOTRE NUIT ET JOUR, 7 JOURS SEMAINE… CELA NOUS PRENDRA MOINS DE DEUX ANS POUR RÉALISER NOTRE RÊVE BIG-BANG.

March 28, 2019 Pierrot le Vagabond Chercheur

Quel beau conseil d’administration de la créativité encore ce matin. Comme nous sommes rôdés.. Grâce à la règle des 3 wows, chacun se sent parfaitement accueilli dans sa créativité de peintre-doctorant… Les 80 premières pages du ier chapitre «la non-tricherie» seront accompagnées des videos de Michel sur la droite … Michel tournera tout l’été des videos sur les jardins de Marlene pour habiter le côté gauche…

De mon côté, les connecteurs de chaque chapitre de notre doctorat se précisent..

Par exemple le titre du 3eme chapitre sera maintenant le suivant:

LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE
OU LA MÉTAMORPHOSES DES FORMES
DE LA VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART
POUR UNE HUMANITÉ PERSONNELLE OEUVRE D’ART

il sera démontré
que dans la nano-citoyenneté-planétaire

DANS UN PREMIER TEMPS, la forme de la non-tricherie individuelle (vie personnelle œuvre d’art) se métamorphosera en TIRAGE AU SORT UNIVERSEL… tel que l’intuitionnait John Rawls dans son livre «la justice comme équité» le voile d’ignorance se succédant en mineure par un tirage au sort pour une justice sociale architectonnée selon le voile d’ignorance.

DANS UN SECOND TEMPS, la forme de champ ou jardin constellaire individuelle (vie personnelle œuvre d’art) se métamorphosera en 2 ASSEMBLÉES DE 125 JUSTES (125 femmes et 125 hommes) pour que puisse surgir universellement une graine de rêve big bang)

DANS UN TROISIÈME TEMPS, la forme d’un rêve big bang (vie personnelle oeuvre d’art) conduisant à l’algorithme de justice sociale «wow-t=2.7k?» se métamorphosera en UN RÊVE BIG BANG OU LE DROIT À UNE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART POUR CHAQUE ENFANT DE LA PLANÈTE TERRE.

Ce chapitre reconduisant la question fondamentale de notre doctorat (Auld, Woodard, Rochette)

QUELLE INSTITUTION PLANÉTAIRE FAUT-IL IMAGINER POUR QUE SUR TERRE PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE?

LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE

21 NOVEMBRE 2020 …21 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …..ROMAN DE PIERRE ROCHETTE ….L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….CHAPITRE 6 …..MONSIEUR PAUL GOUIN, POÈTE MAGICIEN DES MAGICIENS ….. ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

21 NOVEMBRE 2020 … 21 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS … ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … 6EME CHAPITRE…. PAUL GOUIN, POÈTE MAGICIEN DES MAGICIENS  DU VIEUX MONTREAL…. ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

Michel Woodard

jeu. 19 nov. 18:41 (il y a 9 heures)

Pierrot le Vagabond Chercheur |
Salut Pierrot !…
Nous visionnons présentement la vidéo de Pierrot Vagabond
à son arrivée chez Marlene et Michel Woodard le 27 décembre 2007
Nous pleurons…
Je le re-masterise en MP4 ce soir…
Il faut que toute la planète “Les Pierrots” voit ce film… d’ici le 12 décembre.
En passant, sais-tu si la date du 12 décembre est la vraie fermeture officielle ? Et… savent-ils que c’est le jour de ton anniversaire de naissance ? Coïncidence ? ou Synchroni-vie-té ?
Nous continuons notre écoute en mode test… pour confirmer le re-filmage prévu cette nuit !
Attend que tu woyye (vois) ça… D’ailleurs tu pleures déjà toi aussi dans la video !
J’espère que tu pourras dormir après cette nouvelle.
Mike
Historique

Pierre Rochette <pierrotvagabond412@gmail.com>

19 nov. 2020 22:08 (il y a 5 heures)

À Michel et Marlene
Cher Marlene, cher Michel …
merci de votre amitié oeuvre d’art:))))))))))))))))))

Je voulais vous dire que … curieusement … je ne peux copier certains vidéos sur mon blogue à partir du canal de Michel le concierge (ex: ton magnifique documentaire le pays oeuvre d’art, philosophie) mais je peux copier tous les autres  …. à suivre:)))) En espérant que les nouveaux que tu vas entrer sur you tube fonctionnent pour moi )))
Alors…. tes deux documentaires plus la pelle jaune … peut-être pourrais-tu les copier… et à l’intérieur de ton canal Michel le concierge et à l’extérieur ?
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Mike… tu peux m’envoyer des photos de toi jeune chansonnier? ….des photos de Marlene et toi quand vous vous êtes rencontrés?… pas pressant…mais à mon avis illustrateur de ce que c’est que l’amour oeuvre d’art:)))))
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Ceci dit …
Je que je veux surtout que la planète Pierrot retienne, c’est que n’eut été de votre accueil amitié oeuvre d’art… je serais probablement
mort sur la route du Yukon. en décembre 2007….. parce que trop épuisé……Voici des archives-videos qui témoignent de votre sens de l’accueil d’abord….Merci…. Je vous disais à l’époque que l’usure du temps parlerait pour nous et nous avons été majestueux les uns pour les autres au cours de ces 14 années de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) sur la vie personnelle oeuvre d’art, le pays oeuvre d’art et la nano-citoyenneté-planétaire:)))))). Quand je pense à vous deux, je pleure aussi intérieurement de joie  …..pour tout ce qu’on a vécu ensemble depuis 14 ans…
—-
Ici  …. dans l’atelier de recherche conceptuelle …. Gaelle et moi vivons  un nuit et jour doctoral  métaphysique intense en spéculation pure ….  (Gaelle par sa métaphysique de la raison cosmétique et moi  … au nom de nous trois …..  par une métaphysique onti-kha-tive du rêve big bang multiversiel)  …. et nous visons le colloque international sur les dimensions du rêve en 2022 …. wowwwwww wwwwwwwww … et cela pour nous quatre:))))))
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HTTPS://ELLO.CO/GAELLETEME … GAELLE ÉTÉMÉ…. A DÉPOSÉ DANS CE SITE DES ÉLÉMENTS DE SON VOCABULAIRE CONCEPTUEL DE SON DOCTORAT SUR SA MÉTAPHYSIQUE DE LA RAISON COSMÉTIQUE

https://ello.co/gaelleteme

MSI Program = research protocol on the cosmology of thought. This is a conceptual alphabet. If an object could think, what would be the pattern of its mind?

Project#La Dame qui Pense#La Ra - gaelleteme | ello
Le RAT! Régime terrestre (Capit - gaelleteme | ello
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Chers Marlene et Michel,
Je sais que notre rêve big bang  nous y conduira tous les quatre …. parce qu’on ne triche pas … WOW-T=2.7K?…. (fais WOW sur ton rêve big bang, ne triche pas ((( -T)))), et la synchroni-vie-té du bruit de fond cosmologique  ((( 2.7K )))) ….. des deux rêves multiversiels big bang  te fera beauté du monde en toi et autour de toi ) …. pour célébrer l’humanité oeuvre d’art en devenir par nos vies personnelles oeuvre d’art en action.
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Pierrot
(salutations de Gaelle)
si heureux de vous avoir comme complices d’un rêve d’humanité oeuvre d’art
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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

Les deux Pierrots, Pierre David et Pierre Rochette

La boîte à chansons le «2Pierrots» ferme ses portes après 46 ans d’activité

LES DEUX PIERROTS…. QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MÊME … JE VIENS DE  REDÉCOUVRIR UNE PHOTO DES TOUT DÉBUTS DE LA BOÎTE D'ANIMATION LES DEUX  PIERROTS…. 1974 OU 1975 JE CROIS…. J'EN SUIS

17 NOVEMBRE 2020…. 25 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE  PIERRE ROCHETTE … L'ÎLE DE L'ÉTERNITÉ … 2EME CHAPITRE: LE VIEUX MONTRÉAL  ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES

LE PLUS GRAND DES TROIS PIERROTS, ROBERT RUEL, Marie-Lou sa fille qui a pris la succession dans la direction artistique de la boîte à chansons ….  et Lise sa tendre compagne ….

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Michel Woodard , chansonnier de la ière vague du Vieux Montréal ….. membre de l’équipe de recherche sur la nano-citoyenneté-planétaire , le pays oeuvre d’art et la vie personnelle oeuvre d’art …..  (Auld, Woodard, Rochette)

27 DÉCEMBRE 2007  Je suis devenu l’ami d’un couple très uni 

CHANSON ÉCRITE POUR MICHEL

1080-71-

NAUFRAGE D’UNE VALISE

chap.1, 100 chansons

NAUFRAGE D’UNE VALISE

COUPLET 1

un jour mon chum m’a dit
oh moi je désire
que mon coeur devienne
grand comme une église

et puis ça
m’dérange pas
qu’y ait plein d’monde
su l’perron
avec leu valise

REFRAIN

y a des phrases comme ça
qui soulèvent les pieds d’un gars
comme l’eau fraiche d’un ruisseau

quand y tombe dedans
perdu au fond d’un rang

y a des phrases comme ça
qui soulèvent les pieds d’un gars
comme l’eau fraiche d’un ruisseau

quand y tombe dedans
le coeur tout en lambeaux

ohohoh… ohohoh…ohohoh..ohohoh

COUPLET 2

sur le perron d’mon chum
y avait une valise
un accordéoniste
aux tempes déjà grises

une jeune femme
avait mis l’feu à son âme
en larmes

comme le soleil
au clocher
d’une église
en flammes

COUPLET 3

mon chum y a dit
reste donc
oh sors donc ton accordéon

ma guitare est déjà prête
pour toi dans le salon

tu m’dis
qu’une jeune femme
a mis l’feu à ton âme en larmes

oh chanceux oh chanceux
ce soir chantons la femme
oh mon très vieux compagnon d’armes

REFRAIN FINAL

comme le coeur de mon chum
est grand et bon et beau

Pierrot
vagabond céleste

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9 FÉVRIER 2009

2372 … 21 OCTOBRE 2019,

IL Y A 13 ANS, QUE MES CAMARADES DE RECHERCHE ….. MARLENE ET MICHEL …. M’ONT SAUVÉ LA VIE EN M’ACCUEILLANT UN 27 DÉCEMBRE 2007 COMME VAGABOND ÉTANT PRÊT À MOURIR SUR LA ROUTE POUR SON RÊVE,

JE PEUX AUJOURD’HUI DIRE QUE C’EST À THÉORISER LEUR AMOUR OEUVRE D’ART QUE, COMME KANT OBSERVANT UN JEU D’ÉCHEC ET CHERCHANT À EN SCHÉMATISER LES RÈGLES IMPLICITES PAR LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE, J’AI PU, ANNÉE APRÈS ANNÉE COMPRENDRE QUE DÉJÀ LEUR COUPLE PORTAIT LES RÈGLES DE JEU QUI NOUS PERMETTRAIENT, COMME ÉQUIPE DE RECHERCHE, D’INVENTER LES LOIS DE LA JUSTICE ÉPISTÉMIQUE EN ÉQUIPE MULTI-CONTEXTUELLE ET DE LES EXPÉRIMENTER MATIN APRÈS MATIN LORS DE NOS CONSEILS D’ADMINISTRATION DE LA CRÉATIVITÉ ….

JE PEUX DIRE AUJOURD’HUI QUE TOUT NOTRE DOCTORAT REPOSE SUR CE QU’ILS AVAIENT DÉJÀ RÉUSSI PAR LEUR AMOUR OEUVRE D’ART …. UNE HARMONIE DONT LA PAIX, L’AMOUR ET LA GRANDEUR REPOSE SUR LE DON DE SOI AU SERVICE DU RÊVE DE L’AUTRE ET VICE-VERSA

Marlene Auld, créatrice de mode et didacticienne , membre de l’équipe de recherche sur la nano-citoyenneté-planétaire , le pays oeuvre d’art et la vie personnelle oeuvre d’art …..  (Auld, Woodard, Rochette)

27 DÉCEMBRE 2007  Je suis devenu l’ami d’un couple très uni 

CHANSON ÉCRITE POUR MARLENE

          OH MARLENE

COUPLET 1

oh Marlène
oh Marlène

après 25 ans
ton grand amour pour ton mari
est encore si visible

il y a dans ta chambre
sur le mur de ta chambre

une très belle photo de toi
prise quand tu avais 20 ans
par ton chum
devenu ton mari
depuis

c’est quasiment pas croyable
qu’une femme soit si belle

y a que le grand amour
pour un seul homme
pour faire briller des yeux comme ça
tout autour d’elle

je suis devenu
l’ami d’un couple tres uni

ça s’est passé
le 27 décembre 2007
vers minuit

COUPLET 2

oh Marlène
oh Marlène

après 25 ans
ton grand amour pour ton mari
est encore si visible

il y a dans ta chambre
sur le mur de ta chambre

une très belle photo de toi
prise à l’âge de 40 ans
par ton chum

près de ta belle-maman
qui t’aimait tant

c’est quasiment pas croyable
que deux femmes soient si belles

y a que le grand amour
pour le même homme

pour faire briller des yeux comme ça
tout autour d’elles

la mère de Michel
est maintenant décédée

mes ses yeux immortels
à travers ceux de Marlene
continuent de l’aimer

COUPLET 3

oh Marlène
oh Marlène

après 25 ans
ton grand amour pour ton mari
illumine
la fin
de ma vie

Pierrot
vagabond céleste

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Pierrot vagabond,  membre de l’équipe de recherche sur la nano-citoyenneté-planétaire , le pays oeuvre d’art et la vie personnelle oeuvre d’art …..  (Auld, Woodard, Rochette)

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www.reveursequitables.com

RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

pierresivign

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT (PIERRE ROCHETTE)

Chapitre 6 – MONSIEUR PAUL GOUIN, POÈTE MAGICIEN DES MAGICIENS DU VIEUX MONTREAL

 

L’île de l’éternité de l’instant présent

Gilles Vigneault
Gilles Vigneault

À la mort de Renaud, on trouva dans la pièce qu’il habitait ponctuellement à l’intérieur de l’ancienne maison de Raymond Lévesque sur la Butte à Mathieu, un manuscrit, le seul d’ailleurs qu’il aurait aimé publier de son vivant. Il avait ramassé tout au long de sa carrière des histoires de magie que le public lui avait racontées. Il tentait au travers d’elles d’en saisir le dénominateur commun. Par quels mécanismes un instant présent devient-il magique ?

Par exemple, un dénommé Robert avait croisé un homme esseulé assis sur le banc municipal soudé dans le ciment juste en face du dépanneur de Val-David.. Il s’était arrêté pour l’écouter. L’homme n’avait plus un sou, vivait un moment de découragement.

Tiens prend $15, dit Robert
Va au bar chez Coco
Amuse-toi à ma santé

Une semaine plus tard, il croisa à nouveau le gars qui lui dit :

Je te remercie de ton $15.00
Grâce à toi j’ai rencontré la femme de ma vie.

Et Robert repartit chez lui avec, en dedans de lui, en retour de son geste, le plus beau moment magique de son existence, qu’il ne pouvait raconter sans en avoir les larmes aux yeux. Et Renaud avait ajouté cette réflexion :

La magie voyage plus vite que la lumière.

Art abstrait par Blu Smith

Par exemple, une femme alcoolique rencontra un homme aux sessions des alcooliques anonymes. Celui-ci lui avoua qu’il devait recevoir sa fille et sa petite-fille pour Noël et qu’il n’avait pas d’argent pour acheter de la nourriture. Cette dame lui prépara des tourtières, des beignes et des pâtés, même si elle était elle-même seule et très pauvre. Le soir de Noël, cet homme sonna chez elle, accompagné de ses deux invités, pour l’inviter à fêter Noël avec eux. C’est ainsi qu’elle passa son premier temps des fêtes dans la chaleur des cœurs généreux. Et Renaud avait ajouté cette réflexion :

Quand tu t’abandonnes à la vie
Légèrement et avec magie
Cela semble attirer des événements encore plus magiques.

 

Un autre exemple : ce père de famille dont l’adolescent de 14 ans sombrait dans la drogue, tout en pensant que personne ne s’en était aperçu autour de lui Son père l’emmena avec lui à la pêche. Cet homme digne, qui fut toute sa vie d’une sobriété exemplaire, se saoula et se drogua devant son fils et se drogua, sans que celui-ci ait accès aux mêmes droits.

Que penses-tu de ton père lui dit-il ?

Ça me fait mal de te voir de même p’pa.

Imagine-toi comme j’ai mal
Quand tu te détruis par la drogue
Lui répondit son père.

Ils fumèrent un joint ensemble. Et ce fut le dernier et pour l’un et pour l’autre. Renaud nota en fin de ligne :

Ni le père ni le fils
N’oublièrent jamais
Cet instant magique
Raconté par les deux à une table
Avec des larmes magnifiques
Dans les yeux des deux.

Puis un dernier : ce père de famille qui avait promené son fils de 6 ans dans une forêt en lui disant qu’un jour, ils porteraient secours à une princesse perdue. Voilà pourquoi ils devaient tous les deux connaître tous les recoins des boisés touffus. Il arriva effectivement qu’une jeune fille s’égarât et ils la ramenèrent à sa mère en larmes. Et Renaud avait ajouté cette réflexion :

Tout le monde est intéressé à la magie.
On m’a raconté des histoires si émouvantes
Que je me demande parfois :
Ai-je vraiment réussi à faire du camp Ste-Rose
Le pays magique des princes enfants ?

GARDIENS DU FEU SACRÉ

Pour Renaud, la seule différence entre un moment magique et l’éternité de l’instant présent était la conscience que la magie était en fait l’instant présent dans son éternité.

À la suite de son marathon sur la roche, il me téléphona chaque soir au camp pour me demander comment réagissaient les enfants. Déjà, à cette époque, il intuitionnait que la magie était une question de temps autant qu’une suite imprévue d’évènements. Mais le magicien en lui recherchait la perfection dans la préparation de son tour de lapin pour que ce lapin sorte un jour artistiquement de son chapeau « panache de chef indien ».

Rose Parure d'or Peinture par Philip Moreau | Artmajeur

Bien sûr les enfants étaient excités par l’idée qu’il existe un trésor du chevalier de la Rose d’Or, que son tombeau soit dans le caveau et sa maison en décomposition dans l’île. Mais je n’assistai durant cette semaine-là à aucun événement magique en particulier. Tout au plus, des accalmies aux vents de la révolte soufflant parfois le soir dans le continent de la souffrance. La magie ne semble jamais apparaître seule, mais provenir plutôt d’une personne de cœur. Il se pourrait qu’il n’y ait pas de magie sans magicienne ou magicien.

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Dans le Vieux Montréal, il existait un homme, le père Leduc qui me semblait vivre en magicien, ouvrant son casse-croûte jour et nuit bien plus pour donner du bonheur à ses clients que pour leur vendre de la nourriture. Je me souviens de cette nuit du10 juillet, 2 heures du matin. Je n’arrivais pas à dormir dans ma chambre de la rue St-Paul. Il faisait si chaud. Je décidai d’aller manger des rôties chez Monsieur Leduc. Quand il me vit entrer à cette heure tardive, il m’accueillit en disant :

Si ce n’est pas la petite nouvelle du quartier.

Il y avait toujours des gens aux deux tables de billard du fond, entourées de chaises et de tables rudimentaires. J’allai quand même m’asseoir sur un des trois bancs ronds du comptoir.

Une nouvelle cliente, me dit-il
Ne paie jamais son café
Et ça se fait offrir le déjeuner de sa vie
Gracieuseté de la maison.

Un client entra comme un coup de vent en disant :

Ayes Jules,
Savais-tu que Monsieur Gouin est mort cette nuit ?

Pierre Bonnard — Wikipédia

 

Je ne sais pas lequel de nous deux pâlit plus que l’autre. Monsieur Leduc prit le téléphone, rejoignit Madame Martin.

Les gars, il faut que je ferme en vitesse,
Tout le monde dehors.

Je sortis moi aussi, restai sans rien dire auprès de Monsieur Leduc pendant qu’il cadenassait. Je me surpris à marcher à ses côtés. En homme de sensibilité, il ralentit sa démarche pour que je ne me sente pas abandonnée.

Quand un poète meurt Mademoiselle
C’est comme si une étoile venait de s’éteindre
La seule qui illuminait mon restaurant
Nuit après nuit.

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De fait, il me dévoila avec fierté que Monsieur Gouin avait une table réservée à son nom, jour et nuit, pour qu’il puisse y écrire ses poèmes. Nous arrivâmes devant le St-Vincent. Monsieur Leduc cria de toutes ses forces :

Jeanne, c’est Jules, ouvrez-moi.

Fauvisme

C’est finalement en sifflant entre ses deux doigts que la fenêtre du troisième étage bougea enfin vers l’extérieur.

Tu sais que Jeanne, ce n’est pas son vrai nom
Ça vient de la chanson de Brassens, la Jeanne
Les chansonniers l’ont appelée de même
Parce qu’elle garde son commerce tout l’hiver
Même si elle perd ses profits de l’été
Juste pour que les gars mangent
Pis que sa famille de clients
Ait une place pour se réchauffer.

Madame Martin vint finalement ouvrir. Elle avait dû engourdir son mal au cognac car tout en elle divaguait, même les mots.

T’as pas vu Paul passer, Jules ?
Quand il prend des marches la nuit
Je suis toujours inquiète.

Monsieur Leduc dut sentir à quel point la douleur lui traversa le corps, car il répondit avec délicatesse :

Y doit être au restaurant Jeanne
En train d’écrire                                                                                                                Sur le bord de la machine à cigarettes.

Paterson Ewen | L'Institut de l'art canadien

Et madame Martin de répondre :

Pourquoi tu penses que je ne peux pas vivre sans lui Jules
Parce qu’y est pas capable d’écrire sans moi
Tu le sais bien
Ça me fait drôle de penser
Qu’y est pas encore venu me réveiller
Pour me faire lire…Mmm…
Tu l’sais bien ça aussi
Hein Jules
Y doit avoir une raison
Pourquoi y’a sauté une nuit ?

Et Madame Martin de murmurer :

Paul est mort Jules
Y’est mort.

Et Jules de la serrer dans ses bras
À travers de longs sanglots :

Un poète, ça ne meurt jamais
Comprends-tu Jeanne
Ça ne meurt jamais.

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Une fois à l’intérieur, Madame Martin et Monsieur Leduc calèrent cognac après cognac, accompagnant chaque gorgée par une série de sacres d’un rare désespoir. Nous réussîmes à transporter la dame jusqu’à sa chambre. Puis, j’offris à Monsieur Leduc de veiller sur elle durant la nuit pour qu’il puisse aller prendre quelques heures de sommeil.

Comme la mort est cruelle. Jeanne dormit à peine vingt minutes. Je l’entendis gémir. J’entrai dans la chambre et m’assis dans la berceuse près de son oreiller. Entre deux sanglots, elle me témoigna de son amour pour Paul.

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Il n’allait jamais traîner dans sa boîte à chanson
À mon idée c’était la gêne
Quand t’as un trou en plein milieu du larynx
À cause d’un cancer
T’aimes mieux entendre la musique
Dehors dans la porte du garage
Ou aller faire le poète
Chez Jules

Paul m’avait déjà écrit :

Plus un poète est muet
Plus il parle avec sa plume.
Je t’aime Jeanne
Du plus profond de mon encre.

Tôt le matin, les chansonniers arrivèrent les uns après les autres. Pierre David, le grand ombrageux, Marcel Picard le bon nounours rieur à barbe, René Robitaille le magnifique insouciant, Michel Woodard, l’éthérique sensible, Éphrem Desjardins, le porc épic chevelu, Gilles Fecteau le joueur de conga fou des femmes, Jos Leroux le petit gros au grand talent, le peintre Edmond avec son rire tonitruant et finalement le poète-éditeur Claude-Alexandre Desmarais, mémoire en vers des ieux.

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Tout se passa d’abord comme dans un salon funéraire. Condoléances, larmes, silences, puis une première anecdote, juste pour permettre à un rire de sortir la peine de son intolérable. Et Fecteau tirant sur sa grosse moustache souligna le fait que Monsieur Gouin communiquait toujours par écrit à cause de son cancer de la gorge.

Une fois Monsieur Gouin m’avait écrit :

Moi je n’en reviens jamais
Quand le peintre Edmond arrive au café
Y finit toujours par ramasser la plus belle fille.

À l’immense rire de tous, je vis que c’était plus que vrai.

Moi j’habite en bas de chez Edmond
Dit René Robitaille de sa petite voix chantante
J’entends sans arrêt des cris de femme heureuse
Quand je rencontre Edmond dans l’escalier
Puis que je lui demande
Ce qui se passe en haut,
Il me répond toujours
Qu’il est en crise de créativité

Et tout le monde de rire de l’astuce avec laquelle Edmond enrobait sa vie privée.

En tout cas, Fecteau,
Répliqua Edmond
Ça fait plus raffiné que Jos Leroux
qui joue au dur  quand c’est le temps de se faire galant homme

 

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L’âme très émouvante  de JOS (RICHARD) LEROUX …  poète-chansonnier du Vieux Montréal, dès les tout débuts du café St-Vincent, sur notre toute petite scène, qui enchanta notre bohème par son atypique talent d’écriture et d’animateur-chansonnier.

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Les rires se prolongèrent de longues secondes dans une euphorie qui plaça Jos quasiment dans la position de souffre-douleur du groupe. Madame Martin aimait ses gars, surtout quand leur propos la faisait rire gras, comme dans un camp de bûcherons. On aurait dit que c’était toujours à ce moment-là qu’elle renouvelait le cognac de tout le monde, l’éternel cognac pour prolonger le plaisir de faire exploser l’inconscient pulsionnel.

Et Jos de répliquer :

Toi Fecteau
Tu passes ton temps à dormir sur ton conga
Pis quand on s’aperçoit que tu joues
C’est parce que t’es en train de séduire
Une fille dans la salle….

Que je ramasse en vitesse, d’ajouter Edmond
Juste avant que Fecteau ait le temps de descendre de la scène
Pis Jos de descendre dans la cave avec l’espoir
Dans le coeur du ventre,
Tous éclatant d’un gargantuesque rire

Et Jos de tenter une dernière attaque :
Cout’ donc Marcoux
Es-tu chanteur castra toi ?
On te voit jamais avec une fille ?

Jean Marcoux était le fameux propriétaire du café du port, qui même s’il ne pratiquait pas son métier à la manière autres, était respecté de tous pour son entêtement à tenter de faire renaître une petite boîte à chansons telle qu’on la vivait dans les années soixante.

Moi les gars, dit Jean Marcoux
Je suis un romantique.
Pas de conquête sans le cœur.

Et Jos Leroux d’ajouter :
Ben t’auras pas de conquête souvent
Parce que tu vas te les faire voler
Avant que les filles t’arrivent au cœur.

Curieusement, tout le monde y passa, sauf Pierre David. Et c’est Madame Martin qui osa parler du beau brumel pour faire envie à tout le monde.

Grande fête aux 2 Pierrots en l'honneur du chansonnier Pierre David | TVA  Nouvelles

 

Y en a pas un ici qui va battre David
Il est beau, grand, séduisant
Et les filles n’attendent qu’un signe de sa part.

Les gars se mirent à huer juste pour le plaisir. Mais Madame Martin avait tellement raison. Pierre David sur scène, arrivait toujours à tourmenter les cœurs. Il avait follement besoin d’être aimé, provoquant chez la clientèle féminine des fantasmes qui pour la plupart, ne se réalisaient jamais. Et Jean Marcoux de planter le dernier clou dans le cercueil de Jos :

En tout cas Madame Martin
Au moins avec David,
Vous êtes certaine d’avoir des filles au café,
Mêmes celles à qui Jos fait peur.

Que de rires, que de rires. Jeanne était contente. Les gars se resserraient autour d’elle d’une manière telle que Paul semblait lui aussi faire partie de la fête. Michel Woodard était trop nouveau pour s’insérer, mais déjà profondément amoureux de sa vie d’artiste dans le Vieux-Montréal. Éphrem Desjardins encore trop gelé par la marijuana de la veille.

Et soudainement, Jos changea le ton de la conversation.

Y as-tu quelqu’un ici
Qui a une anecdote à raconter
Sur Paul Gouin ?

Personne, absolument personne ne se rappelait d’une anecdote comique à Propos de Paul Gouin.

Ben les gars,
C’était ça Paul Gouin
Quand y voyait que tout le monde était heureux
Y s’effaçait.

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Y avait juste ça qui comptait pour lui
Que les autres soient heureux.

Et la mère, gonflée de tendresse, de mettre tout le monde dehors.

Je restai seule avec elle et le vide nous sembla affreux. Renaud n’était pas encore venu. Et je dois avouer que nous aurions fait n’importe quoi pour qu’il remplisse l’infini fossé du non-sens de la mort de Monsieur Gouin.

Paul aimait tellement accompagner Renaud
Dans ses recherches, dit Jeanne
Renaud parlait d’éternité de l’instant présent,
Paul de magie
Ils ne s’entendaient pas vraiment sur le sens des termes
Mais ils se respectaient.

L'île oubliée, tableau d'artiste peintre unique de couleur bleu orange  rouge. Cette oeuvre de l'a… | Peinture abstraite, Peinture abstraite  moderne, Artiste peintre

 

Monsieur Gouin disait quoi de la magie
Demandai-je ?

Pour Paul
Il suffisait d’être magicien
Vis-à-vis des autres
Une fois dans sa vie
Pour que le cœur
Prenne la forme de la poésie.

Un jour, Il écrivit à Renaud :
Chaque soir,
Sois un magicien qui chante
Comme je suis un magicien qui écrit
Et tu connaîtras une béatitude profonde
Parce que le monde a besoin de magie.

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Et je contai à Jeanne les magies que mon père avait mises dans ma vie tout au long de l’enfance en me racontant des contes de fées et en me faisant rêver du grand amour, comme le chantaient parfois les chansonniers dans certaines chansons, même si leur vision de l’amour dans leur vie privée laissait parfois à désirer.

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Madame Martin se mit à me dire un bon mot sur chacun de ses artistes..

Faut pas se fier aux apparences,
Ce sont des bons p’tits gars,
Juste un peu trop courailleux, mais c’est de leur âge.

L’été passé, les p’tits gars ont fait pousser
Une nouvelle sorte de plante
Dans mon bac à fleurs
C’est la police qui est venue m’avertir
Que c’était du pot.
Des maudits bons petits gars que j’te dis

À cause d’eux autres
Paul et moi on s’est jamais vu vieillir

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Je quittai sur ces mots pour revenir au St-Vincent pour le spectacle du soir avec mon père et ma mère. Clermont nous invita à nous asseoir à sa table. Dès 20 heures, toutes les chaises de métal inconfortables furent occupées par les habitués.

La bande des Îles de la Madeleine, la dame en rouge, prostituée tolérée par les clients et adorée de certains chansonniers certains soirs de manque parce que c’était gratis pour eux, la danseuse à gogo, Monsieur Étienne le laveur de vaisselle, le peintre Edmond et combien d’autres…

À l’extérieur, appuyés contre les portes du garage : Les trois robineux que Monsieur Gouin aimait tant : Philippe, ancien médecin durant la deuxième guerre mondiale à qui les atrocités avaient fait perdre la raison, l’artiste qui fut écrasé un jour en plein milieu de la rue par l’automobile du premier ministre René Lévesque et le père Lamontagne qui gagnait sa vie à faire faire des tours aux touristes dans un vieux carrosse à trois roues seulement.

Renaud sortit de l’ascenseur de Madame Martin. Il fut le premier à monter sur la scène. Il avait les yeux bouffis et rougis. J’en conclus qu’il venait d’offrir ses sympathies à Jeanne. Tous les chansonniers que j’avais eu la chance de connaître intimement au travers de leurs gaillardises avaient tenu à faire acte de présence, groupés les uns contre les autres, entre le mur du bar et celui des salles de bain.

Levez la main
Ceux qui ont vu, un jour ou l’autre,
Le poète Paul Gouin
Marcher les rues du Vieux Montréal ?

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Tous sans exception l’avaient un jour ou l’autre croisé et salué.

Pour Monsieur Gouin
Le Vieux-Montréal
C’était non seulement son village
Mais sa vraie famille.

Il a ouvert une boîte à chanson
Pour rendre heureux
ceux et celles qu’il aimait

Monsieur Paul Gouin poète
Ne sera plus jamais appuyé dehors
Contre la porte du garage
Mais un peu plus haut
Contre la porte du ciel

Va juste falloir chanter un peu plus fort
Si on veut qu’y nous entende ok ?

Un grand rire nerveux parcourut la salle.

Et toute la salle, se levant debout, épaule contre épaule, chanta pour Paul, « une boîte à chansons » de Georges D’or. À la fin de la chanson, Madame Martin sortit de l’ascenseur. Bien peignée, habillée dans une robe noire. Elle monta sur la scène, fit un signe de croix en levant les yeux vers le ciel et dit très fort pour que ça se rende jusque dans le fond de la salle :

Paul est tellement content
Que vous ayez chanté pour lui
Juste pour lui
Qu’il m’a demandé
D’offrir…
Une tournée générale
Pour tout le monde

Et c’est dans le silence général que la serveuse Jeanne D’arc et le serveur José servirent un cognac à chacun et chacune. Et c’est dans un torrent de larmes respectueuses qu’on porta un toast au poète. La fête débuta doucement par la chanson préférée du poète :

MOI MES SOULIERS
DE FÉLIX LECLERC

Au paradis, paraît-il mes amis
C’est pas la place pour les souliers vernis
Dépêchez-vous de salir vos souliers
Si vous voulez être pardonnés
Si vous voulez être pardonnés.

Puis, c’est par la danse à St-Dilon de Gilles Vigneault que le diable dansant et chantant en chacun de nous rendit visite au poète. Monsieur Gouin avait déjà écrit au sujet des clients du St-Vincent que nous étions ses enfants qui dansaient avec la lune.

Et ce soir-là, nous dansâmes pour lui.
le remerciant d’avoir été si discrètement
Le magicien de nos vies
Sur la lune de son imaginaire.

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

3366… 16 DÉCEMBRE 2019,

JE CORRIGE LE DERNIER BLOGUE…. IL FAUT LIRE CONTE POUR UN FEU DE JOIE (GAELLE ETEME) ET NON CONTE OEUVRE D’ART… DANS LE TEXTE ….

MARLENE LA JARDINIÈRE, MICHEL LE CONCIERGE, PIERROT VAGABOND… CES TROIS  RIEN DE LA BEAUTÉ DU MONDE QUI FONT LA DIFFÉRENCE PARCE QU'ARCHÉTYPES  HOLOGRAMMIQUES POÉTIQUES D'EUX-MÊMES. |

 

December 16, 2019 Pierrot le Vagabond Chercheur

ST-ELIE DE-CAXTON…. UN VILLAGE -POÉSIE-FRACTALE D’UNE PLANÈTE-VILLAGE-OEUVRE-D’ART … AU SENS OÙ LE CHAMP CONSTELLAIRE CRÉÉ PAR LES QUATRE QUESTIONS DE TOUTE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART DEVIENNENT FRACTALEMENT LES QUATRE QUESTIONS D’UNE FUTURE INSTITUTION PERSONNELLE OEUVRE D’ART: LA NAN0-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE….. ET C’EST EN CE SENS AUSSI QUE LE GRAND CONTEUR INTERNATIONAL SIMON GAUTHIER ET L’ENCANTEUR DE LA BEAUTÉ DU MONDE NANO-PLANÉTAIRE FRED PELLERIN PORTENT EN PROPÉDEUTIQUE LA SIGNATURE MÊME DE LA CINQUIÈME QUESTION DES 193 FUTURS PAYS OEUVRE D’ART… COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?

December 16, 2019 Pierrot le Vagabond Chercheur
Moi qui ne regarde jamais la télévision… grand prisonnier volontaire d’un rêve plus fou que moi-même … dans un local 24 heures sans fenêtre…. je reçois hier après-midi un courriel de mon ami Arnaud avec un clip à aller voir…

Et que vois-je? … L’impossible… la synchroni-vie-té de l’impossible… Fred qui parle des quatre questions de toute vie personnelle oeuvre d’art:

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Vendredi dernier, Fred Pellerin était l’invité de France Beaudoin à Pour emporter, présenté sur ARTV.

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https://mylenelehoux.com/2019/12/16/4-questions-pour-votre-reve/

Fred Pellerin lui raconte quatre questions de Pierrot Rochette, que nous devrions nous poser à tous les jours…

C‘est quoi ton rêve ?

C‘est pour quand ?

Qu’est-ce que tu as fait pour lui aujourd’hui ?

En quoi ton rêve est bon pour le bonheur des autres aussi ?

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Je dois avouer que… moi qui a une peur bleue d’être quelqu’un pour quelqu’un dans la vie… je suis pris d’une frayeur incontrôlable… Une bonne marche d’une heure dans les couloirs de l’UQAM finit par me calmer assez pour continuer à bosser sur le glossaire…

Et de me dire… Simon et Fred, au nom de St-Elie de Caxton, et en particulier au nom de la chorale de St-Elie de Caxton (le très émouvant Normand entre autres)… sont en train de mettre au monde la nano-citoyenneté-planétaire… qui sera un jour LE CHANT CHORAL dont la planète Terre a besoin.

En ce sens, Simon (tout comme mon ami Michel le concierge d’ailleurs) est d’une intuition foudroyante… Le show du mois d’avril de la chorale de St-Elie de Caxton portera le titre de QWALIA… wowwww … une quarantaine de nano-citoyens-planétaires habitant le village-terre que constitue fractalement le village de St-Elie de Caxton chantera la beauté du monde qwalienne des débris de la mémoire du cœur portée au firmament du rêve big-bang de l’humanité en propédeutique par leurs deux conteurs: le grand conteur international Simon Gauthier et l’encanteur de la beauté du monde Fred Pellerin…

Toute cette exploration qwalienne par une chorale oeuvre d’art des chansons de Simon… semble porter en perspective prospectiviste un grand rêve qui pourrait se passer à St-Elie-de Caxton même dans la shed du bonheur de Simon:

QWALIA+ ( invention de Gaelle Ethemé)

La shed du bonheur du grand conteur international Simon Gauthier… l’épicentre planétaire d’un grand village-big-bang planétaire…. peut-être même d’une future révolution métaphysique à l’image même d’un CONTE POUR UN FEU DE JOIE… (Gaelle Étémé)

Image

à suivre….

Pierrot vagabond  céleste

… au nom de par et pour notre équipe de recherche (Auld, EWoodard, Rochette)

 

 

20 NOVEMBRE 2020 …. 22 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE …. L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….. CHAPITRE 5 ….. LE CHEVALIER DE LA ROSE D’OR …… ROMAN QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSON À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

20 NOVEMBRE 2020 … 22 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS … ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … 5EME CHAPITRE…. LE CHEVALIER DE LA ROSE D’OR  …. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

Les deux Pierrots, Pierre David et Pierre Rochette

La boîte à chansons le «2Pierrots» ferme ses portes après 46 ans d’activité

LES DEUX PIERROTS…. QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MÊME … JE VIENS DE  REDÉCOUVRIR UNE PHOTO DES TOUT DÉBUTS DE LA BOÎTE D'ANIMATION LES DEUX  PIERROTS…. 1974 OU 1975 JE CROIS…. J'EN SUIS

17 NOVEMBRE 2020…. 25 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE  PIERRE ROCHETTE … L'ÎLE DE L'ÉTERNITÉ … 2EME CHAPITRE: LE VIEUX MONTRÉAL  ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES

LE PLUS GRAND DES TROIS PIERROTS, ROBERT RUEL, Marie-Lou sa fille qui a pris la succession dans la direction artistique de la boîte à chansons ….  et Lise sa tendre compagne ….

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Michel Woodard , chansonnier de la ière vague du Vieux Montréal ….. membre de l’équipe de recherche sur la nano-citoyenneté-planétaire , le pays oeuvre d’art et la vie personnelle oeuvre d’art …..  (Auld, Woodard, Rochette)

Marlene Auld, créatrice de mode et didacticienne , membre de l’équipe de recherche sur la nano-citoyenneté-planétaire , le pays oeuvre d’art et la vie personnelle oeuvre d’art …..  (Auld, Woodard, Rochette)

Pierrot vagabond,  membre de l’équipe de recherche sur la nano-citoyenneté-planétaire , le pays oeuvre d’art et la vie personnelle oeuvre d’art …..  (Auld, Woodard, Rochette)

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RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

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——Pierrot le Vagabond Chercheur |

pierresivign

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT (PIERRE ROCHETTE)

CHAPITRE 5 – LE CHEVALIER DE LA ROSE D’OR

L’île de l’éternité de l’instant présent

Georges d'Or
Georges d’Or

Il s’abreuvait depuis toujours aux frissons de l’éternité. Cela lui semblait si naturel qu’il n’avait jamais pu comprendre comment il se faisait que les humains puissent souffrir. Son corps de 51 ans lui avait toujours paru sous la forme de la jeunesse éternelle. La pureté de l’âme, la sensation continuelle de flotter deux pieds au-dessus du sol, le rythme lent, amoureux, étonné, charmé. La sensation de ne rien peser, de se fondre dans le tout avec ravissement, de saisir dans ses mains l’air comme des milliers de pépites d’or. Était-il artiste, poète de la vie, amant de l’être ou son enfant naissant encore aux langes ?

Vous devez vous demander pourquoi, moi Marie-Lola-Miel, je répète ce que vous avez déjà lu en début de premier chapitre et dans le chapitre précédent? Peut-être pour que vous appreniez ces phrases par cœur, cela pourrait vous être utile à la fin du livre. D’autant plus qu’elles furent extraites du journal personnel de Renaud, parlant toujours de lui-même à la troisième personne, entre les chansons dans sa boîte, de chanteur fantôme, soudée au plafond du théâtre le Patriote de Ste-Agathe.

D’ailleurs, c’est de cette boîte, qu’il aperçut la troisième fascinante de sa jeunesse, car il n’en rencontra que trois, les deux autres étant Lola la bisexuelle et Rachel, son modèle nu des beaux-arts. Son journal parle de cette troisième comme étant une sculpteure professionnelle du nom de Margelle qu’il n’avait pas revue depuis douze ans.

Il faut dire que d’en haut, la salle dégageait une telle beauté qu’on pouvait être que fasciné par l’apparition d’une fascinante. Imaginez l’irréalité du décor un peu comme vous le feriez en lisant « le Fou de l’île » de Félix Leclerc, « le Grand Meaulnes » d’Alain Fournier ou en dégustant des yeux une scène des ballerines peintes par Toulouse-Lautrec.

Edgar DEGAS (d'après) : Ballerine, l'Etoile - Sérigraphie signée - Art  Moderne - Plazzart

Une palette de lumières rouges et or plombait en lignes droites et minces sur des tables à nappes carrelées rouge vif, enlignées de palier en palier descendant, rangée par rangée, vers la scène encadrée d’un décor de tomates rouges, elles-mêmes encastrées dans des cages de languettes de bois. De ce cadrage, on pouvait apercevoir, tapi dans l’ombre, un piano à queue, une contrebasse et un accordéon heureux de faire la sieste avant le spectacle « Les Girls » au son de la poésie improvisée, chanson par chanson, sortant directement des haut-parleurs du plafond des magnifiques.

La voix frissonnait avec une telle chaleur dans le théâtre que les chandelles allumées dans des chandeliers finement ciselés caressaient de leur orangé le vin comme les pains chauds cuits maison débordant dans des corbeilles paresseuses au centre de chaque tablée, donnant ainsi aux visages présents, des airs de symphonie dégustative.

Renaud ne choisissait jamais au hasard un air dans son cahier de répertoire. Il fallait qu’il soit assoiffé de se rechanter à lui-même ce qu’il avait mille fois redécouvert de mille manières comme frisson d’être, parfum des mots, images de souvenirs d’instants présents somptueux qui remontaient à la surface de lui-même comme des bulles de savon, sans qu’il puisse prédire quelle scène de son passé le surprendrait de l’intérieur de la bulle, d’un couplet à l’autre, d’une phrase à l’autre, d’un mot à l’autre, d’une intonation à l’autre, d’une respiration à l’autre, d’un silence à l’autre …Assise à la table comme par magie…

Lorsqu’il aperçut la sculpteure Margelle, il fouilla étrangement son cahier dans une section condamnée qu’il n’avait pas explorée depuis plusieurs années, celle de ses compositions. Il préférait toujours fredonner des airs que les gens connaissaient de façon à ce que l’attention ne soit pas inutilement détournée vers sa personne. Mais là…. Cette chanson-là… Il l’avait écrit pour elle…

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À un moment précis où elle lui avait offert de tout quitter pour s’enfuir avec elle, dans sa bulle à elle, dans sa créativité à elle. Il avait hésité une fraction de seconde de trop. Et chaque fois qu’il la revit par la suite, ce fut avec le même tressaillement de : J’ai raté quelque chose de magique. Mais, comme il l’avait indiqué dans la marge de son journal, sa vocation d’artiste coulait trop vivement en dedans de lui, sa boussole lui indiquait trop le nord pour qu’il puisse se permettre des vacances dans le sud. Quoique, c’est à partir de ce jour-là, que le sud devint essentiel à son imaginaire. Renaud écrivit en fin de page, une phrase, qui enfin me donna la solution de l’énigme qui avait tant hanté ma vie »

Une fascinante
C’est celle qui signe sa vie de femme
En artiste.

Alors, il chanta et elle sut que c’était de lui, pour elle, dès la première fournée de mots cuits au braisier de sa jeunesse folle de n’avoir jamais cessé d’être vivante.

Galerie Céleste « Magazin'art

LE CAFE ST-VINCENT

Me promener sur la rue St-Denis
Perdre mon temps sur la rue St-Laurent
Chanter l’soir au café St-Vincent
Avec Lawrence, Pierre, Marcel
Mes amis

Rencontrer de ces femmes fatales
Qui vous font à la fois bien et mal
Qui voudraient vous aimer pour toujours
Ou rien qu’un jour, c’est drôle l’amour
C’est dur l’amour

REFRAIN

Je t’attends au Café St-Vincent
Viens les gens ont besoin des poètes
De sentir qu’il existe un printemps
De sentir qu’on peut traverser l’temps

La patronne du café St-Vincent
Aime bien me voir le cœur en fête
Et quand claque l’argent des clients
Moi j’ai bien autre chose dans la tête.

Les 12 meilleurs tours guidés à pied de Montréal

Son journal n’indique pas comment sa rencontre avec Margelle se termina mais parle plutôt de son vieux camion 77 qui avait tellement mauvaise mine, que pour ne pas déparer l’ensemble du parc automobile des clients, il avait pris l’habitude de le laisser dans le sentier de la petite forêt à l’extrémité sud. Ainsi allait-il y s’étendre seul, dans le lit du fond, y ramenant rarement des femmes, sinon jamais, préférant lire ou se perdre en dialogues amoureux avec ce quelque chose qu’il décrivait dans son journal comme directement issu de la fissure du temps. Et c’est ce quelque chose, le pénétrant de façon imprévisible, telle une attaque d’être, qui lui faisait dire qu’il habitait l’île de l’éternité de l’instant présent.

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Paradoxalement, à l’époque de sa jeunesse et de la mienne, le décor du continent de la souffrance du camp Ste-Rose se divisait en deux ; D’abord le dedans institutionnalisé : le caveau à patates, la maison abandonnée et les bâtiments des sœurs, puis le dehors presque libéré, symbolisé par un canot enchaîné et une roche jaillissant de nulle part en plein milieu de l’eau dormante, soudée d’orgueil entre le ciel et le fond marin.

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Je me rappelle, le lendemain de la merveilleuse soirée au St-Vincent en compagnie de ma mère, d’avoir nagé dans le lac du camp Ste-Rose en direction de cette roche. Je filai, tel un requin, une douzaine de minutes en ligne droite, puis tournant en de longs cercles comme un vautour autour de sa proie, tentant dans une même brasse d’évacuer un mot insidieusement dévastateur du champ de ma conscience, mon père m’ayant appris la puissance terrifiante de certaines expressions lorsqu’elles camouflent leur sens profond. Comme, par exemple, ce duo :VIVRE D’ESPOIR. Deux vocables antagonistes qui cachaient, telle une bombe à retardement, une profonde détresse alors qu’on aurait dû dire pour être honnête intellectuellement : SURVIVRE D’ESPOIR. Quand on vit vraiment, on n’a même pas le temps d’espérer. Tout arrive par la fougue du vivre.

Renaud avait parlé des femmes exceptionnelles comme étant des FASCINANTES. Et le mot tournait autour de ma féminité comme moi autour de la roche.

Galerie

Je me rappelle, ce jour-là, m’être hissée sur la roche de ma féminité complètement terrassée par le fait que des FASCINANTES existent et que je n’en sois pas une. Encore aujourd’hui, il me suffit de fermer les yeux pour retrouver, imprégnée dans l’arc de mes reins, la surface rugueuse de cette pierre, presque escarpée même si elle pouvait y accueillir deux personnes, griffant ma chair avec la même force que le soleil obligeait ma tête à se taire, mes principes à se tapir dans l’ombre de mes sens, et ma sensualité débordante à réclamer ses droits.

 

Ça devait faire une bonne demie-heure que j’étais étendue dans ma chambre de la rue St-Paul, fredonnant la chanson LES COLOMBES  de Pierre Létourneau ,,, quand j’entendis s’ouvrir la porte d’en bas. Grâce à la folie soudaine des battements de mon cœur, je sus que c’était lui. Comme ma porte donnait sur la sienne et qu’elle était grande ouverte, je bénéficiai instantanément de l’enthousiasme que ma présence suscita en lui, là, maintenant, mais pas pour les raisons que j’aurais espérées.

J’arrive du camp Ste-Rose, dit-il
Fantastique que t’aies été absente aujourd’hui
J’ai pu monter toute la thématique
Avec la complicité des enfants
Pour qu’ensemble on sauve ton père.

Chateau nuit Peinture par Norman Shipley | Artmajeur

Il marchait de long en large dans ma chambre, complètement envoûté par quelque chose d’infiniment plus riche que ce qu’il venait de me raconter.

Écoute,
Toi et moi
Si on sait s’y prendre
On peut réussir à enlever
Instantanément et totalement
La souffrance que les enfants ont dans le cœur.

Comment ? dis-je simplement

En en faisant des poètes, Marie
Des poètes de l’instant présent.

Des poètes, repris-je en écho ?

Une des portes par lesquelles
L’éternité se manifeste à l’homme
À travers les fissures du temps
M’apparaît être
Les larmes de joie

Tableau (Acrylique) "Les larmes d'enfants" par l'artiste Nathalie Hermet  sur ateliermagique.com

 

Il suffit de faire rêver les enfants intensément
Durant quelques semaines
Pour que dans un instant précis
S’ils pleurent de joie en vivant cet instant
La souffrance soit évacuée instantanément de leur cœur
Si je réussis cette passe sur la scène
Je dois être capable de la provoquer dans la vie.

Comment arrives-tu à comparer la scène
Avec le camp Ste-Rose
Lui demandai-je ?

Parfois il suffit d’une chanson
Pour oublier qu’il existe une scène et un public

Par chance, Clermont m’avait introduit au fait que Renaud faisait des recherches sur le temps, et que je l’avais vu courber le temps dans une tentative de le percer de bord en bord. J’eus l’impression qu’il me trouva très intelligente de saisir son laboratoire de chercheur du premier coup.

Prends la chanson de Georges d’Or : « La boîte à chanson ».
C’est d’abord une valse. Mais bien plus, au niveau des paroles
C’est un hymne à un événement mystérieux
Se produisant parfois lorsque les humains se réunissent en ces lieux,
Peu importe le nom du lieu à travers le Québec.

Mais bien plus, au niveau historique,
Elle fut composée à la fin de l’apogée des boîtes à chanson,
Juste avant les années 70,
Peignant un rituel dont le premier soubresaut eut lieu
Le 15 mai 1959 sur la rue Crescent à Montréal, dans le vieux théâtre Anjou.

On avait pris le titre d’une chanson de Félix Leclerc pour donner un nom à la boîte
LES BOZOS.


Ce soir-là cinq artistes au programme par ordre d’apparition sur scène :
Claude Léveillée, 27 ans,

 

Jean-Pierre Ferland, 25 ans,

 

Hervé Brousseau, 22 ans,


Raymond Lévesque 32 ans,

Clémence Desrochers , 26 ans

Au début des années 70,
Les boîtes à chanson tombent.
Le St-Vincent naît, peu à peu.

Le rituel d’un quelque chose de précieux
S’étant produit partout au Québec sur une période de dix ans,
Mystérieusement enfoui dans la mémoire du temps,
Au sein d’une chanson, « la boîte à chanson » de Georges D’or,
Renaît dans une dynamique renouvelée.

Et quand le peuple entonne à nouveau, le rituel renaît aussi en lui, chaque soir,
Sous un symbolisme porte-parole de son inconscient collectif.

. Laisse-moi effriter tes perceptions acquises
Grâce à l’angle dont je viens de te les raconter.

Et Renaud gratta de sa guitare et chanta pour moi

Fin Abstraite De Guitare Acoustique Sur Le Fond De Peinture D'aquarelle  Illustration Stock - Illustration du guitare, aquarelle: 123662421

UNE BOÎTE A CHANSONS

Une boîte à chanson, c’est comme une maison, c’est comme un coquillage
On y entend la mer, on y entend le vent, venu du fond des âges
On y entend battre les cœurs, à l’unisson
Et l’on y voit toutes les couleurs de nos chansons
Lalalala lalalala lalalala, lalalala lalalala lalalala

Un mot parmi les hommes, comme un grand feu de joie, un vieux mot qui résonne
Un mot qui dirait tout et qui ferait surtout que la vie nous soit bonne
C’est ce vieux mot que je m’en vais chercher pour toi
Un mot de passe qui nous ferait trouver la joie
Lalalala lalalala lalalala, lalalala lalalala lalalala

Irais-je jusqu’à vous, viendrez-vous jusqu’à moi en ce lieu de rencontre
Là où nous sommes tous, jouant chacun pour soi, le jeu du pour ou contre
Tu entendras battre mon cœur et moi le tien
Si tu me donnes ta chaleur moi mon refrain…
Lalalala lalalala lalalala, lalalala lalalala lalalala

On y entend, battre les cœurs à l’unisson
Et l’on y voit toutes les couleurs de nos chansons.
Et Renaud déposa sa guitare, fit de grands cercles dans ma chambre, comme pour trouver les paroles pour exprimer l’essentiel par analogie, je crois.

TABLEAU PEINTURE soleil abstraction silhouette mouvement - Mouvement de la  Pienture: Pingouin

En techniques d’animation
Dans une soirée d’une boîte d’animation,
La chanson « une boîte à chanson »
Est utilisée pour suspendre un bas de courbe
Ou un haut de courbe aux deux extrémités du temps
Le passé et le futur, de façon à le faire courber
Comme le ferait le fil, lorsque le funambule
Marche dessus, les deux extrémités
Tendues et détendues à chaque pas.

De la manière dont les gens se tiennent par les épaules dans la salle,
Debout, rythmant leur corps dans une valse défiant le temporel
Lorsqu’ils chantent inconsciemment
Perdant conscience de la musique et des paroles
Il arrive parfois que le temps se perce
Et que l’on voit descendre en filaments d’or
Des étoiles d’éternité

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Et dans ces moments-là
Il n’y a plus de scène, plus d’artiste,
Plus de chanson, plus de public.
Il n’y a que la fissure du temps
Qui s’ouvre l’espace d’un instant
Celui de l’île de l’éternité de l’instant présent.

roman de pierre rochette … l'île de l'éternité

Je ne sais lequel de nous deux fut le plus ému. Moi de l’avoir saisie intellectuellement du premier coup sans toutefois pouvoir imaginer au fond de mon ventre comment cela fut possible, ou lui d’avoir enfin enligner les bons mots avec une telle émotion qu’il aurait aimé la partager avec le poète Paul Gouin.

Le camp Ste-Rose C’est le continent de la souffrance.  Chaque seconde devient un barreau institutionnalisé Derrière lesquels les enfants attendent qu’il se passe quelque chose ; Ils font du temps.

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Il faut donc introduire une chanson
Tel un cheval de Troie
Qui redéfinit les lieux
L’espace et le temps
De telle façon
Que plus jamais ils ne perçoivent
Leur quotidien temporel de la manière
Dont le voient les services sociaux.
Les spécialistes de toutes sortes
Qui les accueillent Et qui sans le savoir
Les transforment, seconde par seconde,
En morts-vivants.

Et nous chantâmes la chanson du camp Ste-Rose jusqu’à ce que je la susse par cœur. Pour Renaud, le fait que je m’acharne à devenir sa complice exploratrice de la fissure du temps me donna à ses yeux une valeur si douce que je m’en sentis transportée d’affection pour lui.

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CHANSON DU CAMP STE-ROSE

Le camp Ste-Rose s’appelle de même
Parce qu’un chevalier sans problème
Avait traversé l’océan en 1600
Le camp Ste-Rose s’appelle de même
En guerre contre les patibulaires
Une rose en or sur son manteau
C’était l’plus fort

Paraît qu’dans l’île y a sa maison
Qui est toute en décomposition
L’autre bord de l’île dans le caveau
Y’a son tombeau
Paraît qu’y a caché un trésor
Enterré dans un coffre-fort
Avec des bijoux, son épée
Sa rose en or

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Patibulaire n’a pas trouvé
Les trois morceaux du parchemin
Que l’chevalier avait cachés
Pas mal plus loin
Le camp Ste-Rose s’appelle de même
Mais si on trouve le trésor
J’te l’jure que l’camp
Va s’appeler l’camp d’la rose d’or.

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Et Renaud me parla de sa philosophie du temps, de l’espace et des lieux. Pour lui, il suffisait d’une seule légende pour que le terrain du camp Ste-Rose se miniaturise à un point tel qu’il en devenait, en ses parties, les composantes mêmes de l’âme de chaque enfant, telle la chanson : « la boîte à chanson », qui elle aussi en était venue à représenter la composante de l’âme de chaque client du St-Vincent.

Renaud insista sur le fait que la chanson du camp Ste-Rose modifiait le rapport entre la réalité et la réalité fascinante. Le caveau devenant l’inconscient qui réclame son expression consciente, la maison en décomposition, la personnalité qui demande le droit de se reconstruire librement et les bâtiments institutionnalisés, le pouvoir tordu des adultes spécialistes qu’il fallait faire éclater pour que le rapport au temps et à l’espace se modifie en faveur des enfants. Et Renaud de dire en terminant :

Ce n’est que lorsque le rapport au temps se modifie
Que l’humain devient magnifique, qu’il soit grand ou petit.

Ce soir-là, j’arrivai au camp Ste-Rose, tard, très tard. Je savais maintenant que Renaud ne pouvait concevoir son rôle de gardien des légendes que sous la forme d’improvisations, pour surprendre la fadeur du temps dans la conscience des petits. Et qu’il attendait de moi que j’improvise, même si je ne savais jamais à quel moment il surgirait dans le continent de la souffrance.

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J’arrivai donc aussi très tard au dortoir. À la fois heureuse de notre complicité et triste de ne pas avoir ressenti en lui de l’amour pour moi, mais bien une amitié naissante. Comme tous les lits étaient remplis, le mien étant occupé par Isabelle en charge de la surveillance de nuit, j’allai chercher mon sac de couchage dans l’automobile, grimpai par le faux escalier, soulevai la trappe intérieure du grenier et allai dormir la tête bien déposée contre le mauvais grillage de la lucarne pour être certaine d’avoir accès à l’air frais.

Renaud me semblait avoir raison. Juste le fait qu’il y eut déjà dans la tête de chaque enfant, un canot, un gardien des légendes, le feu de la caverne sacrée et une princesse à conquérir représentait en soi une bombe pouvant en tout temps faire exploser le temps.

GARDIENS DU FEU SACRÉ

Je me rappelle ce 4 juillet 73, 8 heures du matin. J’ouvre la trappe du plafond du dortoir pour descendre l’escalier intérieur. L’émeute ! ça crie, ça se bouscule. Personne n’avait revu Miel depuis la fameuse soirée où elle commanda à Anikouni de délivrer son père. Les enfants de basculer alors dans une passion de savoir la suite de l’histoire. Natacha sautille de joie, Jean-François serre les deux jumeaux dans ses bras, La plus que grassette Chantal me monte du doigt la bouche bée. La moins que rectiligne Monique qui tend les bras pour que personne ne prenne sa place au pied de l’escalier.

Au même moment, la corne sonne à l’extérieur. Tout le monde se précipite vers la fenêtre. C’est Anikouni. On me tire par les deux mains pour que j’aille moi aussi à sa rencontre.

Comment dire. ? J’avais vu Renaud la veille et il ne m’avait même pas prévenue qu’il serait là le lendemain matin. Bien plus, la cuisinière avait préparé, dans le plus grand secret, des portions individuelles de collation en vue d’un déjeuner en plein air.

CAIA,
Cria Anikouni de toutes ses forces
BOUM
Firent les enfants en s’assoyant

Princesse Miel
Avant de partir à la recherche
Du trésor
Du chevalier de la rose d’or
Et délivrer votre père
Des méchants patibulaires
Je suis venu vous offrir
Mon cœur, mon amour
Et ma passion pour vous.

Avant de partir à l’aventure
Avez-vous une idée où se trouve le trésor ?

Renaud me regarda avec cette complicité folle qui semblait me dire : Surprends-moi, je t’en prie, surprends-moi. Et j’improvisai comme il avait été convenu entre nous.

Preux chevalier des lacs, ami des coureurs des bois

c25bcb0aba87fff79bd1873ede9d1f1f.jpg (236×373) | Arte ritratti, Sculture  artistiche, Dipinti artistici
Ne vous ai-je point remis une chanson
Pour vous aider dans votre dangereuse mission ?

Renaud parut fasciné que je lui tende cette superbe perche. Je devinai par son abandon, son rythme lent à répondre, ses silences entre les phrases, à quel point notre complicité lui parut comme un cadeau venu du pays de nulle part. Il me donna les paroles inscrites sur une feuille de bouleau d’écorce, et nous la chantâmes jusqu’à ce que les enfants la sachent par cœur.

Puis nous allâmes déjeuner en cercle sur la plage.

Je me levai soudain et déclamai :

Prince des forêts
Vous dites m’aimer
Mais seriez-vous capable de suivre aveuglément mes ordres
Quoi que je vous demande ?

Vos désirs seront toujours des ordres, princesse
Répondit Anikouni.

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Comme j’ai un secret à vous dire
Je vous ordonne de me suivre.

Et je me jetai à l’eau tout habillée pour nager jusqu’à la roche au centre du lac. Renaud suivit, mais avec une lenteur qui m’indiqua à quel point ses notions de survie dans l’eau étaient rudimentaires. En se hissant à son tour il dit entre deux souffles :

Je m’excuse…
Mais si tu continues à me faire nager de même
Je vais finir par me noyer

Si je continue à penser à toi de même
Moi aussi je vais finir par me noyer
Lançai-je en le regardant droit dans les yeux

On joue au jeu de la vérité ?
Me surpris-je à proposer

Je vis qu’il connaissait le jeu car il ajouta sans même hésiter :

C’est quoi tes règles ?

Le premier qui se rend compte
Que l’autre ment,
L’oblige à s’en retourner vers la plage
À la nage.

Qui commence, me demanda-t-il ?

Moi répondis-je

Pourquoi t’as loué une chambre
Juste à côté de la mienne ? lançai-je
Alors que t’es marié
Et que t’as un chez vous ?

Parce que j’avais l’intention
De te faire l’amour
Me répondit-il.

Question fit-il à son tour
Tu vas me faire attendre jusqu’à quand ?

Si c’était rien que de moi
Je te sauterais dessus, ici, maintenant
Répondis-je.

Question ajoutai-je ?
Pourquoi c’est juste mon corps qui t’intéresse ?

Peut-être parce que ton cœur est pris ailleurs
Tenta-t-il en hésitant
Ou que ma quête n’a pas de cœur !

Question, fis-je ?
Serais-tu capable de passer une nuit avec moi
Dans le même lit, sans me toucher
Juste à parler ?

Oui répondit-il
Question
Est-ce que tu m’aimes
Me demanda-t-il ?

Je ne le sais pas encore
Répondis-je en rougissant

J’ai bien peur que tu viennes de mentir
Conclut-il

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Et je plongeai dans le lac, me mordant les lèvres d’avoir dérapé du jeu la première. Les enfants m’accueillirent avec des cris de joie, me faisant remarquer cependant qu’Anikouni était maintenant assis, jambes croisées, dos à la place et face à l’horizon. J’en induisis, qu’au niveau thématique, il voulut qu’on le laissât tranquille.

Sur l’heure du midi, Renaud n’avait pas encore bougé de sa position. Les enfants se trouvaient toutes sortes de prétextes comme aller à la salle de bain, à la cafétéria ou au dortoir juste pour jeter un coup d’œil. Le jeu, entre nous, semblait se décider de la façon suivante :

Seras-tu assez créative pour me surprendre à ton tour
Sans déroger de la ligne de fond de la légende
Du chevalier de la rose d’or ?

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C’était à mon tour de jouer, pas de doute là-dessus. Mais qu’avait-il donc en tête ? Devais-je donner mon cours de chant sur la plage, aller le chercher en chaloupe ou prendre la chance d’attendre jusqu’à l’activité du soir ? Et je trouvai une solution passe-partout qui m’apparut très astucieuse. Je demandai à Robert que la période de 16 heures soit consacrée à ramasser des brassées de branches sèches de façon à vivre une soirée bivouac sur la plage. Comme ça, me dis-je, s’il décide de nous rejoindre durant l’après-midi, on aura un prétexte pour l’accueillir. Et s’il reste quand même sur la roche, il saura par le sourd murmure de nos préparatifs, que je prépare une soirée de groupe.

Vers 20 heures 30, les enfants costumés en indiens firent demi-cercle autour du bivouac de la plage. Nous vîmes le dos d’Anikouni parfaitement dessiné à l’intérieur d’un beau soleil rouge cendré à l’horizon. Nous chantâmes galli galli zum Et Jean-François de se lever et d’interpréter sous forme de porte-voix avec une intensité exceptionnelle :

Le feu de l’amour brûle la nuit
Je veux te l’offrir pour la vie.

Mais Renaud ne bougea point. Et il disparut peu à peu dans la noirceur tombante. Et il me vint une idée, de celles que Renaud attendait de moi je crois.

Mes amis
Cette nuit, il y aura tour de garde
J’irai vous chercher deux par deux
Et nous veillerons sur Anikouni
Tant qu’il n’aura pas décidé
De quitter la roche du grand sorcier.

Une Peinture à L'huile Sur Toile D'un Feu De Brûler Vif Dans Une Cheminée,  Sur Un Fond Rouge Vif. Banque D'Images Et Photos Libres De Droits. Image  20706930.

Et c’est ainsi que durant la nuit, de demi-heure en demi-heure, tous les enfants du camp deux par deux, vinrent veiller avec moi autour du feu. Et Renaud ne bougea point

Je terminai juste avant le réveil du camp avec les deux jumeaux emmitouflés dans mes bras. Ceux-ci s’émerveillèrent de la situation avec une telle grâce que leur langage commença à prendre les mots pour les unir aux verbes.

Anikouni trésor
Anikouni coffre au trésor

Anikouni cherche le coffre au trésor, insistai-je
On répète après moi

Anikouni cherche le coffre au trésor.

Le matin, tout le camp cria dans l’espoir qu’il réagisse :
ANIKOUNIIIIII….. ANIKOUNIIIIIIII
Renaud se leva
Cria à son tour

JE VOUS AIME
VIVE LE TRESOR
DU CHEVALIER DE LA ROSE D’OR

Rose Parure d'or Peinture par Philip Moreau | Artmajeur

Il repartit à la nage vers l’horizon
Et nous ne le revîmes pas ce jour-là.

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

1934 ….. 17 JANVIER 2018

1934 .. (UTOPIE) APRÈS «LE PAYS OEUVRE D’ART?» ET « LA PELLE JAUNE», MICHEL LE PHILOSOPHE-PROGRAMMEUR-CINÉASTE-CONCIERGE SOUMETTRA SON TROISIÈME DOCUMENTAIRE «PHILOSOPHIE, LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE» AU FESTIVAL INTERNATIONAL DU DOCUMENTAIRE DE MONTRÉAL EN 2018.

January 17, 2018 Pierrot le Vagabond Chercheur

Notre conseil d’administration de la créativité de ce matin fut vraiment rafraîchissant. Nous devions filmer nos nouvelles avancées conceptuelles mais hier soir, Michel a visionné le tape pour voir s’il n’y traînait pas un vieil enregistrement qu’on aurait oublié.

Effectivement, nous avions une heure (tournée en octobre)… et Michel de me dire… «NOUS SOMMES VRAIMENT LES TROUS NOIRS DE LA PHILOSOPHIE» et je pense que ce tape devrait servir de fondement au prochain documentaire.

Marlene étant du même avis, cela m’a rendu très heureux car Michel représente pour moi ce que j’ai vu de plus intelligent de la philosophie vue d’en bas.

J’oserais ajouter que nous sommes une espèce de trou noir de la philosophie, dans le sens du dictionnaire des concept philosophiques de Michel Blay à l’item UTOPPIE

utopie
p.817

1- Récit d’un voyage imaginaire dans un monde meilleur
2; Ce monde en lui-même.

Avec le dialogue sur la meilleure forme de gouvernement de l’Utopie, dont le livre second décrit en détail l’organisation de la vie communautaire des habitants D’UNE ÎLE IMAGINAIRE qui se présente comme UN CONTRE-MODÈLE AUX MONARCHIES du début du XV1 s., More créant, en plus du mot lui-même, UN GENRE LITTÉRAIRE, UN PROCÉDÉ PHILOSOPHIQUE, UN NOUVEAU PHILOSOPHÈME.

Si la réception du terme a évolué, l’utopie, COMME GENRE PHILOSOPHICO-LITTÉRAIRE, enrichie de perspective scientifique ( avec la nouvelle Atlantide de Bacon), historique (au x111eme et x1Xeme s. ) et critique (au xxeme s.) présente une relative continuité, DANS SES THÈMES ET DANS SA CONSTRUCTION,

On a donc pu en dégager des invariants (fermeture, différence avec le monde connu, gestion communautaire) et mettre en évidence, par l’analyse structurale des textes utopiques, l’agencement des différents niveaux de discours, l’importance de la notion d’espace et le mode fictif d’application d’une théorie sociale.

«exercice mental sur les possibles latéraux» (R. Ruyer). L’UTOPIE CONSTITUE UNE MÉTHODE PHILOSOPHIQUE QUI SE CARACTÉRISE PAR LE RECOURS À L’IMAGINATION, par « des expériences contre-factuelles» (B. Goodwin), par un effort de reconstruction rationnelle de la société.

D’un côté, l’utopie reste ancrée dans le texte délibérément ouvert de l’Utopie. De l’autre, par-delà ses recherches de sa définition (le contenu, la forme, la fonction) elle est comprise comme l’expression générale «de l’aspiration du mieux-être» (R.Levitas) .

L’utopie, qui désigne la « CONJONCTION DE LA PHILOSOPHIE OU DU CONCEPT AVEC LE MILIEU PRÉSENT» (Gilles Deleuze) peut jouer un grand rôle DANS LA PENSÉE POLITIQUE ET MÉRITE D’ÊTRE PRISE AU SÉRIEUX.

Sur Google
www.wow-t.com

Marlene, jardinière de la beauté du monde
Michel, concierge de la beauté du monde
Pierrot, vagabond de la beauté du monde

LES DEUX PIERROTS…. QUELLE BELLE HISTOIRE QUAND MÊME … JE VIENS DE  REDÉCOUVRIR UNE PHOTO DES TOUT DÉBUTS DE LA BOÎTE D'ANIMATION LES DEUX  PIERROTS…. 1974 OU 1975 JE CROIS…. J'EN SUIS

L’Univers et le cerveau, des structures étrangement similaires

Des neurones d'un cerveau de souris

Le cerveau est composé de milliards de neurones.

PHOTO : RADIO-CANADA / TIPHANIE ROQUETTE

Radio-Canada

Le réseau cosmique de galaxies et le réseau de neurones dans le cortex cérébral possèdent des caractéristiques étonnamment similaires, montrent les travaux de scientifiques italiens.

Images des neurones et de 'Univers.Agrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

En haut : les neurones et les cellules gliales. En bas : la simulation de l’Univers observable.

PHOTO : ÉCOLE DE MÉDECINE DE L’UNIVERSITÉ DE PENNSYLVANIE

L’astrophysicien Franco Vazza, de l’Université de Bologne, et le neurochirurgien Alberto Feletti, de l’Université de Vérone, ont analysé l’organisation de ces deux systèmes probablement les plus complexes qui existent dans la nature que sont l’organisation des galaxies qui composent l’Univers et le réseau de neurones qui compose le cerveau humain.

Leur constat : les deux structures présentent des caractéristiques étrangement similaires.

Selon les deux chercheurs, s’il existe incontestablement une différence d’échelle entre les deux systèmes, les résultats de leurs travaux laissent à penser que des processus physiques complètement différents peuvent former des structures avec des niveaux de complexité et d’auto-organisation étonnamment similaires.

Cosmologie vs biologie

Le fonctionnement du cerveau humain est déterminé par le vaste réseau de neurones, estimé à environ 69 milliards. Pour sa part, l’Univers visible est composé d’un réseau d’au moins 100 milliards de galaxies.

Exemple de contraste de densité pour des tranches du cervelet, du cortex cérébral et de la répartition de la matière noire dans la toile cosmique, pour différents niveaux de grossissement. Agrandir l’image(Nouvelle fenêtre)

Exemple de contraste de densité pour des tranches du cervelet (rangée du haut), du cortex cérébral (rangée du milieu) et de la répartition de la matière noire dans la toile cosmique (rangée du bas), pour différents niveaux de grossissement.

PHOTO : FRONTIERS OF PHYSICS

Dans les deux cas, les galaxies et les neurones n’occupent qu’une petite fraction de la masse des deux systèmes que les chercheurs évaluent à moins de 30 %.

De plus, dans les deux cas, les galaxies et les neurones s’organisent en longs filaments ou en nœuds entre filaments. Et dans les deux systèmes, environ 75 % de la masse ou de la distribution d’énergie est composée de matière qui a un rôle apparemment passif :

  • l’eau dans le cas du cerveau;
  • l’énergie sombre pour l’Univers observable.

Pour comparer les deux structures, les scientifiques ont étudié les caractéristiques d’apparences communes en comparant une version simulée du réseau de galaxies et des sections du cortex cérébral et du cervelet. Leur objectif était d’observer comment les fluctuations de la matière sont réparties à des échelles aussi différentes, expliquent-ils dans un communiqué accompagnant leurs travaux publiés dans la revue Frontiers of Physics(Nouvelle fenêtre) (en anglais).

Pour les deux systèmes, nous avons calculé le spectre de puissance : une technique standard utilisée en cosmologie pour étudier la distribution spatiale des galaxies.

Franco Vazza

Il est ressorti de cette analyse que la distribution des fluctuations du réseau neuronal dans le cervelet, sur des échelles de 1 micromètre à 0,1 mm, a la même tendance que la distribution de la matière dans le réseau cosmique, à des échelles allant de 5 millions années-lumière jusqu’à 500 millions d’années-lumière, explique le Pr Vazza.

En outre, le duo a calculé plusieurs paramètres qui caractérisent à la fois le réseau cérébral et le réseau cosmique : le nombre moyen de connexions par nœud et la tendance à regrouper de nombreuses connexions en de grands points centraux du réseau.

Dans ce cas également, les paramètres structurels montrent un niveau d’accord inattendu : probablement la connectivité des deux réseaux évolue selon des principes physiques similaires, malgré le fait que les forces physiques qui régulent les interactions entre les galaxies et les neurones sont évidemment complètement différentes, ajoute le Dr Feletti.

Il y a une plus grande similitude entre la structure de ces deux réseaux complexes qu’entre le réseau cosmique et une seule galaxie, ou entre le réseau neuronal et l’intérieur d’un corps neuronal.

Alberto Feletti

Un travail exploratoire

Ces données obtenues dans le cadre d’un travail exploratoire pourraient mener à la création de techniques d’analyse efficaces, tant dans le domaine de la cosmologie que dans celui de la neurochirurgie, permettant de mieux comprendre la dynamique profonde avec laquelle ces deux systèmes fascinants évoluent.

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19 NOVEMBRE 2020 … 23 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS … ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … 4EME CHAPITRE…. DE L’ÎLE AU CONTINENT …. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

Pierrot le Vagabond Chercheur |

19 NOVEMBRE 2020 …. 23 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS … ROMAN DE PIERRE ROCHETTE ….L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … 3ÈME CHAPITRE: LE CONTINENT DE LA SOUFFRANCE … QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

 

Pierrot le Vagabond Chercheur |

CHER MICHEL,

Pour moi, l’événement majeur du colloque international 2022 sur les DIMENSIONS DU RÊVE , c’est quand l’archétype de Michel le concierge parlera de son amour oeuvre d’art pour sa compagne Marlene la jardinière ……

…. et chantera sa chanson   JE TE DEMANDE PARDON …. adoptée par notre conseil d’administration de la créativité comme titre même du doctorat de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette)

 

De là l’importance de bien documenter sur You tube nos archives vidéo depuis 2007 (tirées de notre banque de milliers d’heures d’enregistrement en 14 ans)  ….. ( incluant l’arrivée chez vous deux …  du vagabond céleste ….filmée le 27 décembre 2007…….  et surtout le tape de l’engagement qui avait fait suite aux trois vidéos sur nos retrouvailles   ……  sans oublier  LA PELLE JAUNE….  ton documentaire sur l’archétype de Michel le concierge et l’émergence de sa philosophie d’en bas )……. Qu’en penses-tu? ….

De mon côté, sachant que cela sera probablement  suivi par une génération  qui a vécu la magie du café St-Vincent de la mère Martin et du Père Gouin …. , je déploierai numériquement mon roman l’île de l’éternité de l’instant présent ,, chapitre par chapitre en suivant la chronologie descendante des jours avant la fermeture des DEUX PIERROTS le 12 décembre 2020…..

Avec un seul objectif ……  que parmi les centaines de milliers de clients des deux Pierrots suivant cette épopée du café St-Vincent et du camp Ste-Rose, nous puissions par pure synchroni-vie-té … émerveiller une grande rêveuse ou un grand rêveur qui aurait fréquenté les deux Pierrots …..   et qui nous dira comme la milliardaire à Margaret Sangers…

J’AIME LE RÊVE DE VOTRE ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE) SUR LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE… COMMENT ÇA COÛTE?

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RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

pierresivign

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT (PIERRE ROCHETTE)

Chapitre 4 – DE L’ÎLE AU CONTINENT

1

L’île de l’éternité de l’instant présent

COEUR POUR L'ETERNITE Peinture par Leprin | Artmajeur

Il s’abreuvait depuis toujours aux frissons de l’éternité. Cela lui semblait si naturel qu’il n’avait jamais pu comprendre comment il se faisait que les humains puissent souffrir. Son corps de 51 ans lui avait toujours paru sous la forme de la jeunesse éternelle. La pureté de l’âme, la sensation continuelle de flotter deux pieds au-dessus du sol, le rythme lent, amoureux, étonné, charmé. La sensation de ne rien peser, de se fondre dans le tout avec ravissement, de saisir dans ses mains l’air comme des milliers de pépites d’or. Était-il artiste, poète de la vie, amant de l’être ou son enfant naissant encore aux langes ?

Vous devez vous demander pourquoi moi, Miel,  je répète ce que vous avez déjà lu en début de premier chapitre ? Parce qu’il est maintenant temps de vous dévoiler le fait que ces phrases furent extraites du journal personnel de Renaud, parlant toujours de lui-même à la troisième personne, entre les chansons dans sa boîte de chanteur fantôme, soudée au plafond du théâtre le Patriote de Ste-Agathe.

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Il n’aurait pas permis, je crois, que ce journal fut publié, ni de son vivant, ni après sa mort. Trop conscient que le corps à l’intérieur duquel se vivaient des brosses d’être de plus en plus intimes n’était qu’un accident dans l’histoire du monde. Seul comptait le fait qu’un inconnu, comme bien d’autres probablement sur les milliards d’humains habitant cette planète, vivait des instants de béatitude qui pouvaient durer sans interruption, parfois durant plus de trois jours consécutifs. Il habitait presqu’en permanence l’île de l’éternité de l’instant présent, hanté par le drame inverse de ne plus retrouver le pont qui lui permettait autrefois, sur scène, de rejoindre les hommes.

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Le dernier été de sa vie fut le plus mystérieux de tous pour ceux qui l’avaient connu jeune homme. Le dernier samedi du mois d’août, il y eut une dissolution de son ego au début de son tour de chant. Et paraît-il que tout ce qu’on entendit dans la salle fut des marmonnages qui chantonnaient quand même assez clairement puisqu’on reconnut l’air de « aux Marches du palais» . Dans ces moments, il n’y avait aucune différence entre le sommeil et le réveil. Juste une sensation de soûlerie grisante. Une brosse d’être toujours semblable et jamais pareille à la fois, mais d’une intensité légère à couper le souffle de reconnaissance que cela existe.

Il descendit de peine et de misère par l’échelle pour saluer les gens. Mais fut incapable d’y remonter. Ce fut la première fois que les employés eurent accès à son étrangeté. Et il s’en sentit gêné, très gêné. Il alla se coucher dans son vieux camion 77 qu’il avait acheté d’ailleurs au cas où ces brosses d’être l’empêcheraient soudain de conduire. Ce qui pouvait arriver à n’importe quel moment du jour ou de la nuit.

Mais son spectacle se divisait en deux parties. Après la pièce de théâtre, les gens sortaient. Une fraction de la foule s’assoyait à des tables de l’entrée principale où Renaud reproduisait comme dans un musée l’atmosphère du St-Vincent d’il y a trente ans. Le tour de chant durait au maximum une heure. Mais, certains soirs, il atteignait un tel détachement dans l’immobilité que les chansonniers animateurs de l’époque auraient été bien fiers de se reconnaître à travers ce type d’états d’âme des plus communs à chacun d’eux en ces temps de bohème heureuse.

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Le moment le plus difficile survenait toujours lorsqu’on venait lui serrer la main avant de partir du Patriote. Chaque souffrance de chaque être humain le blessait au cœur car il avait l’impression d’avoir raté la seule quête qui l’avait passionnée dans la vie : Trouver le pont entre l’île de l’éternité de l’instant présent et le continent de la souffrance pour que les humains, comme le font parfois les réfugiés des pays pauvres que l’on voit dans les actualités, puissent quitter le lieu maudit de leur détresse avec, pour seul bagage, leur baluchon sur la tête et leurs enfants dans les bras.

C’est dans ces moments-là que certains hommes aux mains tremblantes le remerciaient de leur avoir donné ce quelque chose qu’ils ressentaient mais ne comprenaient pas, dans des mots à te faire pleurer de honte d’être l’objet de tant d’amour alors que telle n’avait jamais été son intention. Il en parlait souvent dans son journal.

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Une scène porte en elle
Le malheur de gonfler un ego
Et parfois l’ego s’imagine chanter
Alors qu’il ne fait que pleurer d’imbuité.

Et il écrivait aussi dans son journal qu’il ne désertait lui-même jamais le Patriote sans saluer le ciel où veillait sur lui, depuis trente ans, le poète Paul Gouin, mari de la mère Martin, propriétaire du St-Vincent.

Le nom de Monsieur Paul Gouin me ramène directement au soir où ma mère et moi quittâmes ensemble le camp Ste-Rose. Je me rappelle. En entrant dans l’automobile, ma mère enleva son chapeau de paille, détacha ses cheveux, se mit du rouge à lèvres, se maquilla comme pour se rajeunir. De mon côté, j’entourai mes épaules de son vieux châle, attachai mes cheveux par en arrière, comme pour me vieillir.

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Sans trop m’en rendre compte, j’aboutis sur la rue Notre-Dame, dans le Vieux Montréal. Nous marchâmes sur les pavés usés et raboteux de la place Jacques Cartier à la ruelle des peintres. Et je lui fis découvrir le St-Vincent.

Clermont me reconnut et nous invita à sa table. Il y avait deux places de libres, Michel Woodard, son ami, était maintenant passé de client à chansonnier animateur. C’était sa première soirée et tout le monde s’était donné rendez-vous pour lui manifester leur solidarité. La mère Martin, de fait, lui faisait plutôt passer une espèce d’audition. Alors Clermont s’assura qu’elle reçut assez de cognac pour qu’elle le trouvât bon et qu’elle l’engagea sur le champ. C’était ça, Clermont : généreux et pas mesquin pour deux sous.

Renaud n’est pas là, demandai-je à Clermont ?

Il est parti prendre sa marche avec le père Gouin Me répondit-il.

Ce qui était fascinant chez Clermont, c’était son intelligence. Non seulement il ne ratait jamais un soir, mais il saisissait d’intuition l’unicité de ce qui s’y passait.

Par exemple, il me raconta qu’un jeune homme de quinze ans, Pierre David,

Grande fête aux 2 Pierrots en l'honneur du chansonnier Pierre David | TVA  Nouvelles

était venu s’engager comme laveur de vaisselle. La mère Martin l’avait entendu chanter et avait exigé qu’il apprenne la guitare. De fait, quand Pierre chantait, sa voix de basse et sa fragilité brisait le St-Vincent en deux comme le poussin fait éclore l’œuf à sa naissance. Ce jeune homme avait tous les dons. Charisme, beauté physique, rondeur de la voix. Seule faille à son destin, il aurait préféré devenir fleuriste. De là cette étrange tristesse, qui ne quittait jamais ses yeux.

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Pierre David, disait Clermont
C’est le premier à être passé
Du chansonnier animateur
À l’animateur chansonnier.

La différence réside dans le fait
Qu’il anime avec du répertoire
Plutôt que de chanter du répertoire pour animer
Ce qui donne un parfum de fête
Incomparable à la foule fondue en lui.

Par exemple, il me raconta aussi que Lawrence Lepage, que Vigneault appelle le menteur du village engagé pour l’hiver, vivait dans une bulle de mythomanie.

 

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La veste qu’il a sur le dos, c’est Brassens qui le lui avait donnée. Les bottes qu’il a dans les pieds venaient d’Anne Sylvestre, alors que son frère Cyrille lui avait bien dit que cette veste provenait du corps de son père décédé et que les bottes sortaient des garde-robes de sa mère encore vivante, Lawrence ayant les pieds trop petits pour chausser des pointures d’homme. Mais quand Lawrence chantait ses deux chansons : Monsieur Marcoux Labonté ou mon Vieux François, c’était avec cette magie qui permettait au public de faire partie de l’intérieur de sa bulle et l’on avait l’impression de fêter avec les personnages menteux de son imaginaire.

Regarde Lawrence, son absence,
Toujours habillé en noir,
Avec chapeau noir sur la tête
Été comme hiver.
Il est là et pas là à la fois.
Et il nous amène là et pas là à la fois
Et ça nous saoule avant même de boire

Clermont pouvait me décrire pendant des heures ce que chaque chansonnier animateur vivait en lui-même, pourquoi il était sur scène, pourquoi on ressentait telle chose en l’entendant chanter.

Et Renaud lui dis-je ?

Il est parti prendre sa marche avec le poète Paul Gouin

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Ils prennent de longues marches
Répliquai-je en éclatant de rire.

Et Clermont de me répondre :

Renaud a découvert des fissures dans la structure du temps.
Il cherche les techniques d’animation appropriées
Pour percer ces fissures à volonté en un seul tour de chant
Afin d’atteindre l’éternité sur scène
Et de la donner en cadeau au public.

Je fus surprise. Très surprise. Cela sonnait si différemment de ce qu’il m’avait dit des autres chanteurs.

Et Monsieur Gouin dans tout ça ?

C’est un poète
Qui rajeunit en écoutant Renaud
Pendant que Renaud vieillit en se confiant à lui.

Fauvisme

Madame Martin vint finalement m’embrasser comme si j’avais été depuis longtemps son intime. Quand elle vit que j’étais accompagnée de ma mère, elle refusa que celle-ci paie quoi que ce soit. Ma mère buvait en tapant des mains et en chantant aussi fort que les autres. J’en étais à la fois un peu gênée et très fière. On aurait dit qu’elle se dévoilait à moi en jeune adulte égalitaire. Mais plus la soirée avançait, plus elle rajeunissait. Et je me retrouvai avec une adolescente exaltée chantant plus fort que les autres.

Dès que Renaud arriva sur scène, ma mère sut. Sa main se glissa dans la mienne, ce qui me permit de me confier à elle dans une sorte de langage de sourd et muet. Deux petits coups sur ses doigts : Maman je souffre, j’ai peur de mourir d’amour. Mes deux mains entourant sa main droite, en la serrant bien fort : Maman je vais réussir à conquérir son cœur, tu vas voir, je suis certaine d’y arriver. Puis, ma main roulant autour de son doigt gauche : maman est ce que je fais une bêtise ?

C’est lui hein ?…. Dit ma mère
Comment il s’appelle donc ?

Quelle coquetterie, quelle manière subtile de forcer poliment ma réserve, comme si je lui en avais déjà parlé.

Il s’appelle Renaud, maman Chansonner Animateur au St-Vincent Et gardien des légendes au camp Ste-Rose.

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Elle devina alors que plus un mot ne franchirait pas le portail de ma bouche. Et je sentis par la délicatesse de son baiser sur la joue qu’elle respecterait silencieusement mon voyage amoureux. « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… ». Mais comme le voyage s’annonçait mal. Je me consolais en me disant qu’il en était souvent ainsi au début des contes.

Clermont se pencha vers moi et me dit dans l’oreille.

Surveille attentivement Renaud
Il ne chante pas vraiment
Il passe de chanson en chanson
Pour faire courber le temps.

Effectivement, on se serait cru dans un manège de cirque, chaque chanson courbant le chariot du St-Vincent d’un rythme à l’autre savamment gradué vers le haut, puis vers le bas, de plus en plus vite, s’arrêtant au passage pour repartir à une vitesse supérieure vers le haut, puis vers le bas, puis vers le haut où il restait suspendu de longues minutes, les gens debout sur les tables dans une étonnante harmonie gestuelle. Et là, Renaud immobile et silencieux croisait d’un regard interrogateur les yeux de Paul Gouin à l’épaisse barbe blanche, debout à l’extérieur de la porte du garage pendant que la foule poursuivait, seule, cette danse des mains qui frappent en cadence à la porte d’un quelque chose de si légèrement intense.

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Il n’a pas encore trouvé le moyen
De traverser techniquement
La fissure du temps
Me dit Clermont
Quand cela arrive,
C’est par hasard.
Et il ne saisit pas pourquoi
Il faut du hasard pour que cela arrive.
C’est de ça que ses yeux parlent
Avec ceux de Monsieur Gouin.

Ce que j’adorais de Clermont, c’était sa connaissance respectueuse du merveilleux intime de chaque chansonnier animateur. Il avait gagné l’estime de tous. Comme ce fameux soir où une chanteuse dont je ne me rappelle pas le nom, la première à avoir habité la scène du St-Vincent, s’était jetée en bas du pont Jacques Cartier parce que son guitariste dont elle était follement amoureuse l’avait quittée. Clermont logea gratuitement le guitariste chez lui, durant plusieurs mois, jusqu’à ce que celui-ci sorte du choc de son deuil. La chanteuse avait pris pour une rupture ce qui pour le guitariste n’avait été qu’une simple passade.

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Vers deux heures du matin, ce fut comme des milliers de soirs par la suite, le moment de gloire du laveur de vaisselle, Monsieur Etienne. C’était un homme simple, bon, à qui l’on avait fait croire qu’il était une immense vedette parce qu’il chantait merveilleusement mal la chanson « Rossignol « de Luis Mariano.

Comme chaque soir, un des chansonniers orchestra une émeute de bruits qui se rendit jusqu’au lavoir en arrière. Et Monsieur Etienne, se gonflant d’orgueil, se fit attendre et attendre, jusqu’au moment où la présence de sa tête chauve avec quatre poils dessus, sur le bord de la salle des toilettes, fit exploser la foule de joie.

Et c’est alors que se produisit le plus burlesque des spectacles burlesques. Monsieur Etienne chanta sans que la salle ne l’écoute, trop occupée à lui perdre la tête par l’enivrement de l’adulation soudaine dont il était l’objet.

On m’a raconté, par la suite qu’au moins une fois par mois, il allait voir Madame Martin pour offrir sa démission comme laveur de vaisselle parce qu’il avait trop de succès comme chanteur. Madame Martin lui donnait discrètement un bonus en le suppliant de ne pas quitter son poste où il était si précieux pour le moral des clients. Et c’était vrai. Tous aimaient et respectaient Monsieur Etienne, même si les rires immensément gras arrivaient à peine à se camoufler sous les apparences de ventres tordus en deux.

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Ma mère fit tant la fête, tant de bruit et de façon si charmante, que Madame Martin nous invita à visiter son appartement au troisième étage du St-Vincent. Il fallait pour se faire utiliser un vieil ascenseur qui montait si lentement, avec un tel grincement. Il n’y avait que des meubles d’Antiquité sur le plancher et des tableaux sur les murs, vestiges sans doute d’une splendeur passée. On est toujours mal à l’aise quand le passé semble se figer dans un lieu, même si tout respire le beau. Nous visitâmes toutes les pièces. Un immense cadre de Paul Gouin, homme d’une quarantaine d’années trônait dans la salle à manger.

Paul est mon amant depuis 37 ans Madame
Sans doute avez-vous déjà eu vous aussi un amant Madame ?
Des choses de même, on ne raconte pas ça
Sans un dernier cognac Madame.

Comme ma mère avait l’air heureux. Elle adorait madame Martin. Et Madame Martin semblait elle aussi déguster cette amitié naissante.

Ne dit-on pas d’un amant, celui qui jouit des faveurs
D’une femme avec qui il n’est pas marié ? Souligna ma mère.

Paul a tout abandonné pour moi Madame
Et sa femme et sa carrière politique.

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Et vous êtes plus chanceuse que moi Madame

Ma mère cala son verre et ajouta :

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Faut croire que mon verre est aussi vide
Que le dedans de moi-même
Puis ça me tente pas du tout
De le remplir de souvenirs
Comme dit souvent mon mari.

Nous quittâmes le St-Vincent, passâmes par la maison de chambres de la rue St-Paul. Nous montâmes les marches en riant comme deux vraies folles.

La dernière fois que je me suis sentie jeune comme ça,
Dit ma mère,
Je n’avais pas encore vieilli.

Un mot était épinglé sur ma porte :

J’ai loué la chambre
Face à la tienne
J’arrive Lundi,
Renaud.

Ma mère fut géniale de discrétion. Un simple sourire discret. Elle se sentit plutôt rassurée de voir que j’avais au moins un minimum décent pour vivre ma bohème. Nous retournâmes à l’auto. Elle eut soudain froid. Je lui redonnai son châle. Elle enleva son maquillage, son rouge à lèvres, remonta sa coiffure. Je redéfis mes cheveux, libérai mes épaules nues de mes mèches rebelles.

Tu m’as demandé comment j’ai connu ton père.
Tu veux la version de ton père, celle de ta mère
Ou la vérité ?

Je ne répondis pas.

Un homme m’avait promis d’abandonner sa femme pour moi. Je l’aimais à la folie. Il fut mon amant, passionnément mon amant. Le soir de Noël, il me téléphona pour m’annoncer que c’était terminé. J’entendais sa femme pleurer et crier des bêtises. Je me jurai de ne plus jamais me faire prendre par un homme.

Dans la même période, ton père louait une chambre chez la voisine d’en bas, qui en échange faisait son lavage. Il travaillait dans un garage. C’est à force de voir ses vêtements mal lavés et tachés d’huile sur la corde à linge que j’offris de les lui relaver. C’est ainsi que d’une soirée à l’autre, je réalisai par le contenu de sa petite valise …. (quelques vêtements enveloppant une vieille encyclopédie Larousse qu’il e disait lire et relire tous les soirs depuis toujours)  …..qu’il avait du avoir une enfance très pauvre. Il venait de la campagne. Et il aimait ma conversation, je crois. Comme il parlait rarement, fallait bien qu’un des deux meuble les silences.

 

Exposition : Serge Gossé consacre des toiles à la "vie heureuse" tout en  "revisitant" la femme et son univers ambivalent | FratMat

 

Un soir, il m’annonça qu’il s’en allait d’en bas parce que ce n’était plus vivable. Il connaissait l’adresse de la manufacture où je travaillais. Il a fait semblant de rien. Il s’est assis sur le trottoir avec sa valise. En sortant de l’ouvrage, je l’ai aperçu. Je lui ai demandé où il allait coucher ce soir ? Il m’a dit aucune idée. Je n’étais pas pour le laisser dans la rue. Je l’ai emmené chez moi, il n’est jamais reparti. Ça lui a pris deux ans pour me conquérir le cœur. Et je peux te dire que depuis ce jour, il s’est appliqué à faire de ma vie un conte de fées.

Je montai embrasser mon père. Nous parlâmes une demi-heure. Puis je me sentis triste d’être obligée de repartir. Ma mère le sentit et elle me rassura par des paroles complices.

Merci Marie
Ce fut la soirée la plus magnifique de ma vie

Avant de retourner au camp Ste-Rose, je retournai à ma chambre du Vieux Montréal. Je décollai le mot de Renaud sur ma porte, le retournai, l’épinglai sur la sienne et écrivis :

Je ne suis pas encore
Ni une bouleversante
Ni une fascinante
Je sais qu’un jour
J’y arriverai.
Désolée.

c25bcb0aba87fff79bd1873ede9d1f1f.jpg (236×373) | Arte ritratti, Sculture  artistiche, Dipinti artistici

Arrivée au camp Ste-Rose, je réveillai l’éducatrice Isabelle. Elle avait pris mon tour de garde. Elle m’attendait pour rentrer chez elle. Nous descendîmes prendre un thé au bureau de la direction. Je lui parlai de ma soirée au St-Vincent, de Renaud, d’Anikouni.

J’ai fait l’amour quelquefois avec Renaud, tu sais
Mais j’ai décroché …..

Cela me fit mal, très mal. Mais je n’en laissai rien paraître.

Le lendemain, lundi 13 juillet, les enfants me harcelèrent de questions à propos d’Anikouni, concluant à cause de mon absence que je l’avais sûrement revu. Robert, le directeur administratif du camp les calma en leur promettant qu’à la grande soirée des Yogs, je leur raconterais la fin de la légende d’Anikouni.

Clair de lune' de Ralph Albert Blakelock: De reproductions sur mesure,  imprimées ou peintes

Dans le continent de la souffrance, on tremble de froid même l’été. Et surtout le lundi. Ceux ou celles qui ont reçu de la visite ont vécu le bonheur fugace de se coller à la fonte du poêle à bois en plein milieu d’une tempête de neige estivale avec bourrasques. Ceux et celles qui n’en ont pas reçu se sentent comme ces enfants qui ont oublié de mettre leur clé au cou et qui sont obligés d’attendre par un froid glacial qu’un parent arrive avant d’entrer se réchauffer à l’intérieur.

On ne s’habitue jamais au décor d’une prison, même imaginaire. Le lundi, celui du camp Ste-Rose suintait de toute part du plus lugubre de son lugubre. À commencer par le caveau à patates. On avait construit, au début du siècle, à l’arrière du pavillon principal, un caveau immense pour entreposer au frais les légumes, dont des patates. Le tout était maintenant abandonné et cadenassé.

Dans la forêt, on avait construit, au siècle dernier, une petite dépendance en bois rond, qui, racontait-on, avait déjà servi de cadre d’expression à un artiste peintre bourgeois, donc amateur. Le tout maintenant était dans un tel état de décomposition que cela donnait des frissons seulement que de s’y approcher.

Le bâtiment administratif, la cafétéria, la salle communautaire et le dortoir dataient de la période fin Deuxième Guerre mondiale. Les lieux avaient été achetés par des religieuses, qui y avaient fait construire quelques bâtiments en vue d’accueillir des jeunes filles de bonne famille durant les vacances. Puis les mœurs et habitudes se modifiant, les moins nantis avaient pu enfin en profiter. Mais quand on est démuni, on se sent toujours piégé par un bâtiment de riche, même si on en hérite parce que les riches lèvent le nez dessus. Il en était resté une piscine extérieure, des balançoires et un canot.

C’est extraordinaire de penser qu’un objet, dans un lieu, risque de faire basculer la réalité dans l’imaginaire. Les enfants venaient souvent jeter un coup d’œil au canot. Le fait qu’Anikouni canote lacs et rivières à la recherche du feu de la caverne sacrée pour y dérober l’amour les rendaient fragiles à quelque chose qu’ils me pouvaient identifier parce qu’ils étaient trop jeunes.

Au temps libre juste avant le dîner, la plupart allèrent s’asseoir devant le canot.

Écorce de bouleau, chef-d'œuvre des nations autochtones, le canot d'écorce  règne sur les cours d'eau de l'Amérique du Nord.

Ils avaient passé l’avant-midi dans un temps institutionnalisé. Trois éducateurs donnant trois ateliers différents (sketches, arts plastiques, gymnastique). Les enfants avaient roulé en équipe de l’un à l’autre à raison de trois quarts d’heures à la fois. Les spécialistes auprès de sociaux affectifs avaient donc réussi à leur faire passer le temps à travers le corps. Ce qui était tout un exploit en soi.

Parce que le lundi, on ne savait jamais par le corps de quel enfant le temps exploserait sous forme de colère incontrôlable. Dans ces moments-là, jamais le temps ne se fissurait, mais il se gonflait comme un furoncle sur un pied. Le manque d’amour pouvait rendre fou n’importe qui à n’importe quel moment.

De fait, une bataille sauvage avait éclaté entre la plus que grassette Chantal et la moins que rectiligne Monique. Cheveux arrachés, sacres exultés, griffes de sang, parsemées du visage aux bras. Monique n’avait pas pardonné à Chantal sa grimace exprimant le fait qu’elle avait eu de la visite et l’autre pas. Ce n’est pas pour rien que le canot était toujours enchaîné et cadenassé au quai et que l’après-midi, on préférait que les enfants se baignent dans la piscine plutôt que dans le lac.

Peinture en Inde — Wikipédia

Ce qui donna pour résultat, ce lundi-là une effroyable sensation de routine à la période de chant de 16 heures 30. La même question revenait sans cesse :

Quand allons-nous revoir Anikouni ?

GARDIENS DU FEU SACRÉ

Renaud avait accepté de devenir gardien des légendes à la condition qu’il ait carte blanche, qu’on ne sache jamais quand et à quelle heure il apparaîtrait, et surtout que la direction accepte, à quelques heures d’avis, ses improvisations. Robert le directeur n’aurait jamais accepté une telle entente, n’eut été du manque de candidats de calibre, je crois. Mais, comme il y avait déjà trente-cinq éducateurs ou éducatrices spécialisées qui prenaient soin du roulement du temps au quotidien, Robert avait décidé de donner une chance au coureur, après avoir nommé Isabelle comme lien logistique entre les besoins du camp et ceux du gardien des légendes. L’essentiel étant qu’il fallait toujours préparer l’horaire du camp sans tenir compte d’Anikouni. Ainsi serait-il plus facile de le congédier si cette manière d’être finissait par nuire à l’horlogerie de l’ensemble.

Mais aujourd’hui je sais qu’il y avait un autre motif dont Renaud ne pouvait parler à l’époque, celui de ses recherches sur le temps. Il ne pouvait accepter d’être l’employé de qui que ce soit., Refusant de prostituer son temps pour quelque raison que ce soit. Comme d’ailleurs il allait rarement à la banque parce que cette institution emprisonnait ses employés dans les barreaux des heures insipides à compter de l’argent, leur apprenant ainsi à fractionner le temps de leur vie plutôt que de le dessiner en moments magiques et libres.

Titre : Le temps guérit rien Taille : 24 « x 48 » x 1,5 Détails : Cette peinture  abstraite originale a … | Abstrakte malerei, Acrylmalerei abstrakt,  Abstrakte kunst

La soirée de huit heures eut lieu autour d’un feu, sur le bord du lac au canot enchaîné, tel que demandé par Anikouni à Isabelle. Chaque équipe y alla de son sketch, de ses chants et de ses chorégraphies préparées à l’insu des autres dans les ateliers du matin. Puis, au signal de Robert, je me mis à improviser la légende d’Anikouni.

La nuit dernière….
Je suis partie à la recherche d’Anikouni…

J’ai retrouvé son canot abandonné sur la rivière
Suivi ses traces de pas dans la forêt
Rencontré les femmes chez qui il a dormi
On les appelle les fascinantes
Parfois les bouleversantes…

L’une d’elles m’a finalement raconté
Qu’Anikouni avait trouvé
Le feu de la caverne sacrée

Une Peinture à L'huile Sur Toile D'un Feu De Brûler Vif Dans Une Cheminée,  Sur Un Fond Rouge Vif. Banque D'Images Et Photos Libres De Droits. Image  20706930.

Les enfants se mirent à crier de joie. Robert intervint aussitôt pour que la discipline soit respectée.

CAIA…… BOUM

J’adorai la lenteur de mon débit de paroles. Il me semblait qu’il permettait à chacun de s’insérer au ralenti dans le récit sans que l’ensemble de l’atmosphère en souffre. Par exemple, cette musique du dire permettait aux jumeaux de s’abandonner tout doucement contre Isabelle, alors qu’elle créait chez Jean-François une passion à devenir à son tour un héros. Natacha rêvait d’un prince charmant pendant que la plus que grassette Chantal maigrissait en secret pour lui plaire un jour. Soudain, on aperçut sur le lac une torche à l’avant de ce qui semblait être un canot. Les enfants ne tenaient plus en place. Je leur fis chanter la chanson galli galli zum et Jean-François se leva pour entonner le refrain en apposant les deux mains à sa bouche sous forme de porte-voix.

Le feu de l’amour brûle la nuit
Je veux te l’offrir pour la vie

Anikouni, s’approcha, flamme au bout de son bras. Il déposa un genou par terre et dit :

43 Peinture Abstraite Du Feu Photos libres de droits et gratuites de  Dreamstime

Princesse Miel
J’ai volé pour vous le feu de la montagne sacrée
Acceptez-vous maintenant de m’épouser ?

Je ne voulus pas que cette magie s’arrête à cause d’un oui.

Il faudra demander ma main à mon père, improvisai-je

Dans quel château se cache votre père Princesse miel ?

J’adorai ce jazz entre nous, sur un thème somme toute si mince d’arguments. Nous avancions l’un et l’autre dans le thème du camp à pas d’esthètes, comme dans un ballet d’une partie d’échecs sans faille. Mais il y avait plus. Tout ce que Clermont m’avait dit sur lui me donnait la chance de tenter de m’approcher de son univers, ou toute expression créatrice et novatrice semblait s’y détendre aux premières loges.

Mon père ne se cache pas dans un château.
Un méchant roi nommé Patibulaire
L’a enfermé dans une prison

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J’adorai saupoudrer l’imaginaire de Renaud par quelques éléments de mon enfance, juste pour en voir l’effet….

Le roi Patibulaire ne me fait pas peur
Mais comment vais-je faire pour délivrer
Votre père Princesse Miel ?

Je me sentis très près de l’échec et mat. J’osai une hypothèse de scénario :

Il vous faudra découvrir
Le trésor…
Du chevalier de la rose d’or Anikouni

Tableau abstrait "régate" fond gris et noir avec motifs vert et orange :  Décorations murales par made-by-l | Art abstrait gris, Abstrait, Art  abstrait

Le trésor du chevalier de la rose d’or vous dites ?
Quelle fantastique aventure complètement inconnue
Répondit-il ?

Pour moi aussi, fis-je.

Alors pourquoi me mettre dans cet embarras princesse ?

Pourquoi pas répondis-je ?

C’était extraordinaire comme sensation. Nous nous parlions maintenant à travers le thème, à travers nos personnages, d’intelligence imaginative à passion de relancer l’autre.

Permettez que je me retire dans mes appartements
Peut-être pourriez-vous demander de l’aide
Aux enfants ?

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Et je quittai, comme ça. Comme si cela avait été prévu dans l’instant présent seulement. Je montai l’escalier du dortoir, ouvrit le panneau du plafond pour avoir une vision du lac au plus haut niveau possible, enfonçai la tête dans la lucarne mal quadrillée.

Et durant plus d’une demi-heure, les enfants tentèrent d’aider Anikouni de leurs conseils. Renaud provoquait, par des silences appropriés, une complicité imaginative absolument savoureuse. Jean-François s’enfonça dans l’eau jusqu’à mi-corps pour pousser le canot et Anikouni disparut dans le noir lacté de l’horizon. C’est ainsi que l’île de l’instant présent tenta de se frayer pour la seconde fois un passage dans le cœur des enfants habitant en permanence le continent de la souffrance.

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

1615 ….. 28 MARS 2017

1615 .. (MÉTHODOLOGIE) «NANO-CITOYENS-  PLANÉTAIRES… RÊVONS DEBOUT LA BEAUTÉ DU MONDE» DIXIT PIERROT VAGABOND (TOUT RÊVEUR EST UN ROMANTIQUE DE L’INTELLIGENCE)

March 28, 2017 Pierrot le Vagabond Chercheur

sociologie contemporaine
3eme édition
Jean-Pierre Durand
Robert Weil………….. p.423
2- les techniques d’enquêtes sociologiques
2.1 l’observation
extrait
« D’autres formes d’observations requièrent UN DEGRÉ D’INTIMITÉ supplémentaire. C’est le cas lorsqu’on pratique l’observation de son propre milieu. A ce stade, le chercheur bénéficie de l’avantage de la familiarité et du réseau de relations, de recommandations et de reconnaissance qui lui permet d’obtenir des renseignements et des documents quasi confidentiels….. L’AUTOBIOGRAPHIE COMME AUTO-OBSERVATION REPSÉSENTE, EN QUELQUE SORTE, LA FORME EXTRÊME DE CE TYPE»

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La création de l’objet (Bachelard) dans une sociologie qualitative de type-idéal weberienne avec un multi-perspectivisme Boudonnien (l’individualisme méthologique comme base de l’agrégat d’événements d’aura holistique) est particulièrement passionnante dans une sociologie qui se veut prospectiviste à partir d’un projet d’une intentionnalité conceptuelle rigoureuse.

Durant 10 ans, 3 chercheur(e)s ( Marlene la jardinière, Michel le concierge et Pierrot vagabond) ont peu à peu, d’une façon filmée et archivée, permis l’émergence de la nano-citoyenneté-planétaire, de la nano-sociologie, de la nano-démocratie planétaire avec un appareillage d’outils conceptuels implosant autour de notions (vies personnelles œuvre d’art pays œuvre d’art) au potentiel rhyzomique universel par la mise en disponibilités des quatre questions, le tout dans une vigilance épistémologique protégeant l’équipe de toute toxicité reliée à une communauté émotionnelle (Weber).

1: Quel est ton rêve?

2: Dans combien de jours?

3: qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve?

4: Comment ton rêves prend-t-il soin de la beauté du monde?

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Kant a écrit : «BIEN QU’ON ACCORDE À LA LIBERTÉ UN POUVOIR TRANSCENDANTAL DE CHANGER LE MONDE, CE POUVOIR NE SAURAIT ÊTRE SITUÉ QU’EN DEHORS DU MONDE» (Dussort, op.cit.pp.52 sq)

De là le pari OUVERT HORS FACTUALITÉ méthodologique de créer la nano-démocratie planétaire par le croisement anhistorique du voile de l’ignorance de John Rawls avec l’agir communicationnel d’Habermas, comme prémisse à l’élection par tirage au sort des …. nano-citoyens-planétaires et ceci honorant le point de bascule dans la hiérarchie du pouvoir des états et celui des nano-citoyens.

Autant Marx que l’école de Francfort (Hockeimer, Adorno, Marcuse) dans leur critique du matérialisme dialectique n’auraient pu prévoir que l’évolution du capitalisme pourrait un jour séparer le pouvoir de l’autorité du pouvoir d’une façon nano-juridique de par le dilemme même d’un enjeu planétaire devenu invivable pour tous, même pour les nantis (un quart de la population mondiale souffre de faim et de soif cruellement au moment où j’écris au nom de notre équipe de recherche (Marlene Auld, Michel Woodard, Pierre Rochette).

Le tribunal de la raison historique, loin d’être marxiste ou francfortrien, passe par le nano-droit citoyen planétaire dont l’objet est à construire paradigmatiquement.

Renverser les conditions au sein desquelles l’homme est un être diminué et asservi (errance fantomatique, errance axiologique) passe par une soif planétaire d’errance poétique. L’ontologie historique du social dans sa praxis modificatrice passe par des règles du jeu neutres axiologiquement construit par des nano-citoyens-planétaires, pour des nano-citoyens planétaires (hors état, hors race, hors religion, hors langue

L’objet, c’est la perspective des idées (Bachelard)
Le monde est ma vérification (Bachelard)

NANO-CITOYENS-PLANÉTAIRES
RÊVONS DEBOUT
LA BEAUTÉ DU MONDE.

Image

Débris de la mémoire du K-œur… 1, Blogue (4360) 18 octobre 2020 …… LE RÊVE BIG-BANG, SOUFFLE AB-LOGIQUE DU MULTIVERS ( AB-LOGIE ….DANS LE SENS DE ….PUISSANTE PARTIE ONÉRIQUE DE TOUTE LOGIQUE DISSOLVANT LA LOGIQUE DE TOUTE LOGIQUE ).

Dans l’opti-K-e d’une philosophie spé-K-ulative radicale[1] auto-référentielle[2] ma vie de chercheur s’est        s-K-ulptée TEL UN K-ONTE aspiré, nuit et jour, année après année, par UN ÉBLOUISSANT PERSONNAGE ONÉRIQUE SPÉ-K-ULATIF IMPOSSIBLE dont l’absence même trahit son ab-réalité (l’ab-réalité, c’est la partie impossible du réel) souffle même du multivers, tout K-omme souffle même de toute vie personnelle œuvre d’art multiversielle (frac-K-ale poéti-K-e du multivers) , et que ce chercheur identifie comme étant LE RÊVE BIG BANG…. En conséquence de quoi, Notre doctorat (Auld, Woodard, Rochette) prend le pari que CE PERSONNAGE RÊVE BIG-BANG K-onvoqué, maître des songes qui ne fait pas partie du réel mais K-ui le signe … non pas comme Rêveur anthropomorphique mais comme FOR-ME RÊVEUSE-RÊVANTE ab-tropomorphique …. fit, fait et fera ….  de tout K-orps humain en quête d’une vie personnelle œuvre d’art qui se sera d’abord métamorphosé  en SO-K-LE AB-JETAL (un ab-jet est un objet nouménal qui se dissout tout en dissolvant le JE sous la beauté même du rêve k-u’il transporte)   … un   ERRANT POÉTIQUE NANO-K-OSMOLOGIQUE ÉVÉNEMENTIAL de la nano-citoyenneté-planétaire en gestation. Voilà pourquoi ce chercheur affirme K-ue  ce fut par cet impossible or-K-estrateur de la nano-modernité sur terre, par CET ÉNIGMATIQUE RÊVE FORME RÊVANTE BIG BANG, K-u’un nommé Pierre Rochette mourut peu à peu à lui-même pour renaître en AB-K-HÉTYPE HOLOGRAMMIQUE SOUS l’étiquette flottante k-onstellaire nano-k-osmologique auto-référentielle suivante :  PIERROT LE VAGABOND CÉLESTE….  à partir de laquelle son épopée onérique a pu se K-onter sous l’enchantement de K-uatre questions de toute vie personnelle œuvre d’art : 1) K-uel est ton rêve? … 2) dans K-ombien de jours? … 3) K-u’as-tu fait aujourd’hui pour ton rêve? …. 4) K-omment ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?

 

[1] PHILOSOPHIE SPÉCULATIVE RADICALE …. Posture épistémologique inspirée de Whitehead….  ré-expérimentée  par le philosophe Didier Debaise et son groupe de recherche LE GECO (groupe d’étude constructiviste ouvert, Université libre de Bruxelles). Dans une entrevue (You tube, EN COURS DE ROUTE, 28 mai 2019, Didier Debaise, 2/2 le GECO, extrait, 33.25 à 53.18, Debaise dit ceci : «  ….. Moi à l’époque, j’enseignais Whitehead et d’autres. Je donnais un cours sur Nietzsche, Deleuze, mais il y avait un enjeu au GECO. C’ÉTAIT LES PRATIQUES DE SAVOIR. Et tout doucement, la question de LA SPÉCULATION avait pris le dessus sur la question de la pratique du savoir, au sens du constructivisme, des rapports de pratique de connaissance. Et cette insistance-là venait d’isabelle (Stengers) et de moi et c’était difficile de convaincre les autres au GECO parce que LA PENSÉE SPÉCULATIVE avait encore très fort la réputation d’être une pensée très abstraite, générale, très philosophique ………. Bénédickte (Zitouni) présentait un texte de Donna Haraway dans laquelle elle parlait de LA SPÉCULATION FABULATRICE et on a commencé à explorer ça.  ………… Donner de l’importance à des expériences qui ne soient pas exclusivement anthropologiques , exclusivement humaines … ouvrir la pensée vers d’autres foyers d’expériences, d’autres sens de l’expérience … C’était aussi interroger, susciter LA QUESTION DES POSSIBLES … Et voir la pratique de la philosophie comme une pratique d’articulation QUI NE PEUT RIEN EXCLURE, de ne jamais se mettre en posture de disqualification, sauf de toute théorie qui se présente comme disqualifiante. ……

 

[2] AUTO-RÉFÉRENTIELLE dans le sens de la fable des miroirs d’Épitecte … mais non pas sous forme de miroirs philosophiques mettant en valeur les vertus et les perversions du reflet de soi comme chez Épitecte, mais plutôt vécu comme un saut épistémologique convoqué par LE RÊVE BIG BANG lui-même à partir duquel le JE de la personne humaine meurt à lui-même pour renaître nano-k-osmologiquement sous forme d’ab-jet ab-ceptal (ab-jet comme forme onérique d’un objet et ab-ceptal comme  forme onérique d’un concept)…. fractal du RÊVE BIG-BANG lui-même.  Ce…. JE…. DISSOUS PAR LE VOIR DE LA BEAUTÉ DU MONDE devient miroir d’un miroir à la puissance onérique wow-t=2.7k?. (Fait wow sur ton rêve, ne triche pas et le 2.7 k fera de ton rêve un (?) = (!).

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sur You Tube
Marlene A. jardinière du pays œuvre d’art
Michel W. concierge du pays œuvre d’art
Pierrot R. vagabond, coureur des bois du pays oeuvre d’art

 

18 NOVEMBRE 2020 …. 24 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS … ROMAN DE PIERRE ROCHETTE ….L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … 3ÈME CHAPITRE: LE CONTINENT DE LA SOUFFRANCE … QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

Pierrot le Vagabond Chercheur |

February | 2020 |

Comme je dis souvent à Michel  et Marlene…. mes amis et partenaires de recherche …  j’écris ce blogue pour une seule personne … celle qui dira… J’aime votre rêve de la nano-citoyenneté-planétaire….. Comment ça coûte?:)))))))))))))))))))))))))))… Parce que cette personne a été client ou cliente des deux Pierrots … parce qu’elle cherche un rêve indispensable à l’humanité oeuvre d’art avec les millions ou le milliard que son rêve réalisé lui a procuré… Voudra-t-elle à son tour faire l’histoire AVEC LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE AU NOM DES MILLIARDS D’ENFANTS QUI SE MEURENT DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE?

RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

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18 NOVEMBRE 2020…. 24 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … 3EME CHAPITRE: LE CONTINENT DE LA SOUFFRANCE ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR.

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT

CHAPITRE 3: LE CONTINENT DE LA SOUFFRANCE

Roman de Pierre Rochette. Poète et Chansonnier

 

 

Pierrot le Vagabond Chercheur |

  Y A DES FOIS J’ME DIS

COUPLET 1
y a des fois j’me dis
qu’ça pas d’bon sens
d’vagabonder à 60 ans
de marcher dans l’noir avec ma guitare

ma poésie de gare en gare
quand j’rentre d’une église
ou y a des pauvres
qui dorment s’un banc

pis un joueur de piano
qui fait exploser l’mauvais temps
ca m’prend juste un mauvais café
pour me remettre à chanter

REFRAIN
si y a un Dieu dans le ciel
dessine un arc-en ciel
entre les couleurs des toilettes
des douches pis des poubelles

ben lavés des tous nus
quand ça vit pu dans rue
ça fait des anges de plus
avec des ailes au dessus

COUPLET 2
le joueur de piano
improvise toute la nuit
ca doit être ça
rêver du paradis

quand y a pris un break
y a un crotté comme moé
qui m’a crié please oh please
play a song from your guitar body

au milieu d’l’église
avec des pauvres
assis su l’banc
j’ai vu des casquettes tomber

des têtes pendant mon chant
la langue française
parfois ça r’ssemble
à des prières d’enfant

COUPLET 3
le long d’ma route
j’ai reçu tellement
de gestes de bonté
que ça m’déroute

j’ai tellement appris
des plus pauvres que moé
qui m’arrive d’avoir honte
de les quitter

j’peux pas croire
qu’une vieille église
perdue que’k part
dans l’noir

un pianiste des vieilles casquettes
un mauvais café noir m’ont donné la fierté
de chanter la gang de pauvres
qui ont pris soin de moé un soir

Pierrot
vagabond céleste

www.enracontantpierrot.blogspot.com …

Bande annonce du documentaire MON AMI PIERROT, LE DERNIER HOMME LIBRE

Véronique Leduc
veroniqueleduc@hotmail.com
et
Geneviève Vézina-Montplaisir
genevievevm@hotmail.com

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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

C’est grâce au talent d’orchestrateur exceptionnel de Robert Ruel, PROPRIÉTAIRE CRÉATEUR  DES DEUX PIERROTS ….  que la chimie entre nous deux a pu s’harmoniser DÈS LES PREMIERS INSTANTS  DE LA FONDATION AU PRINTEMPS 1974 …. dans l’euphorie d’un rêve vécu à trois (Robert, Pierrot David, Pierrot Rochette)

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PressReader - Le Journal de Montreal: 2009-06-05 - Le 35e anniversaire des Deux  Pierrots

ROBERT RUEL …. Le plus grand et le ier des TROIS PIERROTS parce que LEUR maître d’oeuvre durant 46 ans , sa tendre compagne LISE et leur passionnée fille MARIE-LOU qui a grandi dans l’âme de notre rêve à nous trois …. (Robert Ruel, Pierrot David et Pierrot Rochette)  …. Marie-Lou  qui, ces dernières années.  a pris talentueusement la relève à la direction artistique au quotidien de la boîte à chansons LES DEUX PIERROTS dans le Vieux Montréal. Sa relation professionnelle avec l’équipe des chansonniers-animateurs fut réellement appréciée de chacune et chacun… bien appuyée par Jean-Marc Lavoie, bras droit d’une infinie loyauté franche des belles années avec Robert… dont je me dois de célébrer ici la personnalité des plus rassembleuses.

 

2 Pierrots | Bars Montréal Vieux-Montréal - Vieux-Port | Loisirs et  divertissements | Bonjour Québec

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Le roman de Pierre Rochette …..L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….  retrace la période des boîtes à chansons au Québec à partir du cheminement de l’auteur. ( Claude Demers ……  www.demers.qc.ca)

pierresivign

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT (PIERRE ROCHETTE)

Chapitre 3 – LE CONTINENT DE LA SOUFFRANCE

L’île de l’éternité de l’instant présent

MARIE-LOLA-MIEL RACONTE….

À trente ans de distance, il m’est possible de peindre ce que je vécus à l’époque avec cette fragilité qui donne aux descriptions, un sentiment pas nécessairement de vérité mais sûrement d’authenticité.

Imaginez deux tableaux suspendus au mur de ma mémoire.

Dans le Vieux-Montréal « GALERIE MICHEL-ANGE ART GALLERY

Le premier représente une île où se vit, sans que nous en ayons vraiment conscience, de grands moments de bonheur qui succèdent au bonheur. On y voit, de l’extrême sud de la ruelle des peintres, les portes de garage du St-Vincent ouvertes, un chanteur sur un banc fondu à une foule de plus en plus dense, de plus en plus heureuse, sous l’effet d’une magie dont tous ressentent les bienfaits sans être encore habilité à en identifier les ingrédients.

feu de camp, empreintes de mains, vacances | Créations estivales, Peinture  avec les mains, Feu de camp

Le second, représente un continent où l’on souffre du matin au soir, du soir au matin. À commencer par le personnel qui se perçoit comme un groupe d’intervenants sociaux, posant des diagnostics, s’efforçant de contrôler l’inguérissable, d’empêcher les débordements d’une colère tout à fait justifiée, et cela sous toutes ses formes. La principale souffrance des éducateurs et éducatrices se nomme l’impuissance au quotidien.

En premier lieu, impuissance au niveau de leur propre vie. Une impression folle de boulot métro dodo, une certitude de n’être qu’un engrenage défectueux à l’intérieur d’un système basé sur le principe d’une pathologie à guérir plutôt que d’une liberté à conquérir. Sans compter des vies privées aussi insatisfaisantes les unes que les autres. Amours déçus, divorce, endettement, amant maîtresse, en cachette…Enfin le lot de maladies sociales que l’on cache quand on a un poste de pouvoir dans une société où sous le prétexte d’aider le plus faible, on anesthésie ses propres douleurs. Et c’est en endossant la servitude institutionnalisée qu’on institutionnalise la souffrance des petits.

Finalement, le camp Ste-Rose n’était pas bien différent du reste de la société. La vie s’exprimant sous un horaire dont les stéréotypes indiquent plus le malaise d’assumer sa liberté que le bonheur d’en dessiner le cadre en artiste. Lever 8h20, rassemblement pour la gymnastique, déjeuner. Puis roulement des trois ateliers accueillant un des trois groupes (castors, hiboux, écureuils) à tour de rôle. Dîner, sieste, piscine ou cinéma selon la température, collation, cours de chant, souper, temps libre, soirée modulaire, collation, coucher.

Seuls les dimanches représentaient en soi, à l’intérieur de chaque enfant, une bombe à retardement. Probablement parce que le fait d’espérer une visite déclenchait une fâcheuse « élasticité accordéon » du temps.

Un peu comme la notion d’un cinq minutes peut varier, soit que l’on attende impatiemment sa bien-aimée, soit qu’il ne reste que ce cinq minutes pour lui dire qu’on l’aime avant qu’elle prenne le train du non-retour. Dans le continent de la souffrance, cela semble, pour tous ceux qui l’habitent, et cela sans exception, impossible de tuer le temps. Parce qu’ils n’ont jamais connu autre chose que cette contrée, même dans leur vie personnelle blessée par leur passé en tension vers un soulagement possible au futur… Et cela est encore pire le dimanche.

Mais comme j’étais arrivée du Vieux Montréal, le jeudi 29 juin 1973, juste à temps pour le chiffre de nuit au dortoir, j’eus la chance d’éviter la journée du tourbillon accélérateur de Ste-Rose.

Vers deux heures du matin, alors que le dortoir glissait dans un silence paisible, Natacha Brown en profita pour passer de son lit au mien sans réveiller les autres.

« Je m’ennuie d’Anikouni » me confia-t-elle en déposant sa tête sur mon ventre.


« Et toi ? »

Comment faisait-elle pour passer au travers de ma carapace, pour lire au plus intime de moi-même ? Je lui caressai les cheveux pour apaiser ce temps qui ne finissait plus de s’étirer en elle. Natacha provoquait chez moi une incapacité de tricher de telle sorte que chaque mot qui émergeait de ma bouche, même filtré, en disait plus que je ne l’aurais désiré.

C’est un gardien des légendes magnifique, Natacha.

Tu l’as revu Miel ?

Que les enfants m’appellent Miel, cela me faisait réaliser à quel point j’avais réussi à me sauver de prisons dorées de mon père. Le mot évoquait maintenant, à mon oreille, beaucoup plus la tendresse bienveillante (encore un mot de mon père) d’une éducatrice souriante que la mollesse d’une princesse ayant dormi toute sa vie sur une liasse de matelas qui n’aurait supporté même la présence d’un petit pois.

Hier, le destin a fait que…
Nous avons été
Un en face de l’autre
Assis par terre
Devant une chandelle allumée

Il a déjà fait deux expéditions
Pour tenter de voler le feu de l’amour
Dans la caverne de la vie.

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Il a échoué
Mais il poursuit courageusement

Son voyage au pays de l’amour.

Faut dormir maintenant Natacha.

C’est ainsi, que, par une chance inouïe, indépendante de ma volonté, je gagnai la confiance d’un groupe d’enfants désillusionnés. Je n’aurais jamais dû faire rêver Natacha de cette façon. Ma confidence se faufila subtilement de Ruth à la grande Monique qui d’un seul trait conclut une trêve avec la plus que grassette Chantal, les deux se mettant d’accord pour dévoiler le tout à Jean-Francois.

On m’avait donné la responsabilité du cours de chant de 16h.30. Mais ce vendredi-là, par un curieux concours de circonstances (ayant dû raccompagner un des deux jumeaux à l’infirmerie) j’arrivai vingt minutes en retard. Les enfants, assis en rond, chantaient :

Galli galli zum

Et Jean-François, treize ans, dont le physique batailleur insécurisait tout le personnel à travers ses refus de participer à quelque activité que ce soit, se mit à fredonner à la manière d’Anikouni, les deux phrases que je m’étais juré d’oublier.

Une Peinture à L'huile Sur Toile D'un Feu De Brûler Vif Dans Une Cheminée,  Sur Un Fond Rouge Vif. Banque D'Images Et Photos Libres De Droits. Image  20706930.

Le feu de l’amour brûle la nuit
Je veux te l’offrir pour la vie.

Tout le personnel de l’administration s’approcha aussitôt ébahi.

C’était la première fois en 8 mois que Jean-François crevait de lui-même sa bulle de révolte et de guerre contre lui-même. Il exigea que le groupe recommence la chanson Et son propre couplet se mit à peindre la couleur de son être. Son visage d’une telle dureté habituellement m’apparut ressembler à celui de Jacques Brel. Sa voix résonnait avec cette fougue inhabituelle de vivre au travers des marais institutionnalisés du désespoir.

Maintenant il tourbillonnait à l’intérieur du cercle avec des gestes grandioses, chantant à tue-tête. Et les trois modules, castors, hiboux, écureuils, balançaient leur galli galli zum à la manière des tribus africaines dans certains documentaires, juste entre le rythme et la transe.

Spontanément, tout le personnel se mit à applaudir. Et les enfants de faire de même. J’en profitai pour faire mon entrée en chantant la chanson d’Anikouni.

Mon grand bonheur fut de m’apercevoir que les deux jumeaux de 7 ans, dyslexiques dans leur retard de croissance dû à leur emprisonnement dans une garde-robe, murmuraient maintenant les paroles. Même Monique l’ultra mince et Chantal son contraire, unissaient maintenant leur voix. De ressentir l’unisson dans le groupe me surprit. Mais pas autant que de voir Jean-François prendre la parole au nom de chacun. Quand le futur caïd s’exprimait, c’était impossible de ne pas recevoir le ton de sa voix autrement que sous la forme d’un ordre, même d’une menace. On sentait toujours en sous-entendu : Je veux telle chose parce que sinon…

Miel on veut des nouvelles d’Anikouni.

Le visage de Natacha passa du clair au rosée. J’en conclus que sa langue s’était déliée durant la journée et que je ne pouvais me soustraire à cette requête sans me trahir moi-même. Mais comme le pouvoir dans ce drôle de camp était enfin entre les mains des enfants, je me sentis très à l’aise dans ce renversement soudain des rôles.

Vous vous souvenez les amis
Ce qu’Anikouni vous a raconté
Avant de canoter sur le lac ?

Écorce de bouleau, chef-d'œuvre des nations autochtones, le canot d'écorce  règne sur les cours d'eau de l'Amérique du Nord.

L’amalgame des OUIS mélangés aux cris fut tel que je dus hurler :

CAIA… ..BOUM

Quand on veut parler, on lève la main, dis-je.
Chantal… À toi la parole.

Anikouni nous a dit qu’il partait en voyage
Voler le feu de la caverne sacrée
Natacha nous a dit que tu l’as vu.

Et Jean-François de conclure :
On veut connaître la suite de l’histoire !

Je ne savais pas la suite de l’histoire. Il n’y avait plus qu’à improviser…. Mais bon… Quand même… Allais-je être capable d’y mettre autant de magie ? Je jetai un coup d’œil au personnel du camp. On aurait dit qu’eux aussi vivaient un moment de grâce. On aurait dit que tous, temporairement, avaient baissé les armes pour faire la paix avec la vie. Il n’y avait plus d’éducateurs, plus d’éducatrices, plus d’enfants, qu’un quelque chose que je n’arrivais pas à identifier. Mais, comme mon père avait toujours conté de belles choses dans des mots doux et parfumés…

Savez-vous les amis, ce que veulent dire :
Le feu de l’amour brûle la nuit
Je veux te l’offrir pour la vie?
Dans l’âme d’une princesse

Ça veut dire ceci :

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Si chaque nuit tu en fais la demande à la vie,
Elle te rendra plus fougueuse que Scarlett Ohara
D’autant en emporte le vent,
Plus gémissante qu’Héloïse pour Abélard
Dans la nuit des temps,
Plus pure que Juliette dans les bras de Roméo
L’embrassant
De telle sorte qu’un soir, un mystérieux soir
Un beau prince, ombrageux et charmant
Posant genou aux pieds de vos royaux atours
T’offriras et son cœur et son or
Et la terre entière chantera
En cet instant présent
Ils vécurent heureux
Et eurent beaucoup d’enfants
Au paradis…Millénaire
De la poésie des bien-aimés
De l’île de l’éternité

C’est pour que ce poème résonne éternellement en son cœur
Qu’une princesse ordonne à l’indien de son cœur
Que celui-ci souffre d’amour pour elle
Qu’il consente à partir en canot
Pour aller voler pour elle,…
juste pour elle
Le feu de la caverne sacrée.

GARDIENS DU FEU SACRÉ

Pour qu’un jour
Ils puissent se marier
Avoir beaucoup d’enfants
Au paradis… Millénaire
De la poésie des bien-aimés
De l’île de l’éternité.

Les enfants, comme moi quand j’étais petite, s’étaient laissé bercer par la musique des mots. Je suis persuadée qu’ils n’avaient pas compris grand-chose, mais là n’était pas l’essentiel. Comme la fois où mon père avait parlé d’un génie désespéré à la démarche patibulaire. Patibulaire devint à mes yeux un personnage d’une telle laideur que les soirs d’après, je ne pus trouver le sommeil sans répéter en moi-même :

Disparaît Patibulaire,
Disparaît Patibulaire

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Et Patibulaire s’enfuyait au fond de moi-même, aussi réel que Pinocchio, Cendrillon ou Blanche Neige. Il était petit, gros, poilu comme un mauvais génie, un séraphin au cœur sec, un diable semblable à celui des contes de Ti-Jean le Québécois. Seul un nommé Débonnaire, héros de l’histoire suivante, réussissait à le dissoudre à jamais au pays de mes fantômes enfantins.

Ça fait plusieurs lunes déjà…
Qu’Anikouni rame son canot
De rivière en rivière 
Il rame de nuit
Dort de jour
Pour déjouer ses ennemis
Les méchants patibulaires

Répétez après moi les amis
Les méchants patibulaires

Un moment donné
Je vous raconterai au complet
La légende d’Anikouni
Le grand voleur du feu de l’amour
Caché au creux de la caverne sacrée.

Zum galli galli galli zum
Galli galli galli zum

Pendant que les enfants reprenaient cycliquement le refrain, je pris Jean-Francois par le bras pour qu’il se lève debout et entonne le couplet une dernière fois. Il fut magnifique. Trente ans plus tard, lorsque je revois cette scène, je me demande encore si Jean-Francois n’a pas été le premier à réussir à tuer le temps, par hasard, juste le temps d’un instant, sur le continent de la souffrance du camp Ste-Rose.

Celui-ci, en chantant, avait fait tomber quelques défenses de ma part à son égard. Mais je ne pouvais enlever de mon être la peur qu’il me suscitait d’une façon incontrôlable. Le samedi, à la période libre juste après le souper, nous nous retrouvâmes silencieux assis l’un près de l’autre dans la première marche en haut du grand escalier de la salle communautaire. Je surveillais de loin la partie de ballon chasseur. Lui tournait et retournait nerveusement une balle de tennis comme pour endurcir ses poings. On m’avait déjà dit qu’il rêvait de devenir boxeur et champion du monde. Rien pour me rassurer.

Mon père ne vient jamais me voir, osa-t-il
Les fins de semaine sont bien longues

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Écoute, 
risquai-je,
Moi aussi, ça ne va pas très bien
Ça va m’être difficile de te remonter le moral

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Toi aussi tu attends de la visite ?
Deux larmes dévalèrent sur mon visage. Je ne fis rien pour les cacher. Elles étaient lourdes de sens et je savais qu’il n’y en aurait pas d’autres.

Si tu brailles toi aussi
Comment je vais faire pour m’en sortir moi
C’est toi l’adulte

J’eus comme un rire étouffé. Je m’essuyai les deux joues du revers du poignet

On ne file pas mieux l’un que l’autre
D’après ce que je vois
Ne le dis pas à personne que tu m’as vue pleurer
Ok Jean-François ?

Ne le dis pas à personne toi non plus que…
Je suis écœuré de manger du pâté chinois…

Il y eut entre nous un grand rire de désarroi. Comme si on partageait la même prison, lui de l’intérieur, moi de l’extérieur. Les prisonniers ont une expression pour expliquer ce qu’ils font en dedans de quatre murs : FAIRE DU TEMPS. Curieux comme on ne peut dissocier prison et conscience du temps.

Ma mère passait son temps à pleurer, dit Jean-François
Y avait jamais moyen de savoir pourquoi
Mon père s’est fâché, il l’a jetée dehors
On ne l’a jamais revue.<
p> Il est sorti de prison la semaine passée
S’il ne vient pas me voir dimanche
Ça va aller ben mal, ben mal
Fit-il en compressant la balle de tennis.

J’ajoutai presque aussitôt :
Sais-tu que, moi aussi,


S’il y a quelqu’un qui ne vient pas me voir en fin de semaine
Ça va aller encore plus mal que toi ?

Il parut saisi de stupeur. Me yeux s’ombragèrent alors d’une colère alors plus drastique que la sienne. Je lui fis un doigt d’honneur et partis prendre une marche. Décidément le deuxième en quelques semaines. Et les deux seuls de ma vie d’ailleurs. J’étais scandalisée de la façon dont il m’avait agressée avec sa misère.

Renaud me manquait terriblement. Je savais qu’il commençait à chanter à vingt heures. Je l’avais dans la peau. Je me serais donnée à lui sans réfléchir, juste pour me venger de ses fascinantes qui ne laissaient aucun espace en lui pour moi. Qu’avaient donc ces bouleversantes de plus que moi ?

Amérindienne,Aigle,Loups,Tipi (l) - Blog de Chenoa07

Je revins sur mes pas, entrai dans la salle communautaire, pris Jean-François par l’épaule.

Faut que j’te parle.

Nous marchâmes d’un pas rapide vers la forêt, jusqu’à la cabane abandonnée. Je prenais des chances. Mais n’était-ce pas ça la vie ? prendre des chances…Transgresser le règlement au risque de perdre son emploi… Je lui criai :

Tu vois cette cabane, elle tombe en ruine
Mon cœur est déboîté comme elle
Fais, que t’es bien mieux de te conduire
Comme du monde dimanche
Ce n’est pas le temps de me faire souffrir
Avec tes maudites niaiseries

As-tu compris ?, as-tu compris ?
Y n’y a pas juste toi qui as mal au camp Ste-Rose

Jean-François hurla à son tour en me menaçant de ses poings
Il y a jamais personne qui m’aime

Créatures légendaires ...(suite)

Et je hurlai de toutes mes forces en enfonçant mon doigt dans sa chair de jeune coq pour qu’il n’oublie pas la douleur de mon dire :

Quand la vie t’aura blessée comme elle l’a fait
Avec les deux jumeaux
Enfermés des semaines entières dans un garde-robe
Je te donnerai le droit de te plaindre
Ok là ? Ok là ?

Et Jean-François s’enfuit en courant. Je restai figée et n’essayai pas de le retenir. Allait-il faire une fugue ? Sans doute. Si oui, j’étais dans le pétrin. Mais comme je n’avais qu’une seule idée en tête, me retrouver dans le Vieux Montréal, au café St-Vincent, au pays du bonheur, j’aurais donné n’importe quoi pour briser les chaînes qui me reliaient au mal de vivre de mon emploi.

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21 heures 5. Je décidai de monter au dortoir chercher mes affaires avant que les petits ne montent. Robert, le directeur du camp, me croisa en me demandant si j’avais vu Jean-François.

Je lui mentis en lui disant : Aucune nouvelle. En arrivant à mon lit de garde, je vis sur ma commode trois pissenlits déposés sur une feuille de papier

Je m’excuse
Jean-François.

Les enfants montèrent se coucher. Jean-François entra rapidement à l’intérieur de ses couvertures n’osant croiser mon regard, par pudeur, je crois. Ça devait être la première fois qu’il s’excusait de sa vie et il ne devait pas être très à l’aise avec ça.

Sur les entrefaites, le concierge vint me prévenir. On me demandait au téléphone. Je descendis.

Allo
Miel, c’est ton père
J’appelle d’une cabine téléphonique
Je ne veux pas me mêler de ta vie
Mais donne donc un coup de fil à ta mère
Elle s’ennuie, je crois.
Fais juste la rassurer.

Ok Papa je ne vous oublie pas
Mais j’ai besoin de m’isoler

Pour voir clair dans ma vie

Ça va bien aller J’ai confiance en toi chérie Dis surtout pas à ta mère que je t’ai appelée OK ?

J’en profitai pour me faire un thé. Le téléphone sonna à nouveau, presque immédiatement.

Allo
Miel c’est ta mère
Ton père est parti s’acheter du tabac à pipe
Ça ne me dérange pas trop si tu ne me donnes pas de nouvelles
Mais appelle ton père ok
Il trouve cela ben vide sans toi dans la maison
Il n’en parle pas mais je le sens
Ne lui dis surtout pas que je t’ai téléphoné ok ?

Maman, merci d’avoir appelé Je vais aller vous voir quand ça va aller mieux Dans ma tête Ne vous inquiétez surtout pas, tout est sous contrôle.

J’éclatai en sanglots. Trop d’amour m’étouffait, mais d’autres se mouraient de ne pas en recevoir. Je remontai au dortoir, réveillai Jean-François. Il fut bouleversé par la puissance de mon chagrin.

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Je n’aurais pas dû te parler aussi durement Je te demande pardon,

De voir sur son visage si dur des larmes si tendres apparaître me fit sourire de gêne malgré moi. Je séchai ses larmes de mes doigts et il fit de même pour moi, tout en reprenant ses propres paroles :

Jean-François
Si tu brailles toi aussi
Comment est-ce que je vais faire pour m’en sortir ?

Je ne suis toujours bien pas pour t’apporter
Des pissenlits à tous les jours

Murmura-t-il entre deux sourires

Bonne nuit mon grand
Bonne nuit Miel.

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Et le damné dimanche arriva. L’univers entier sembla devenir fragile. Étrangement fragile. Chacun semblait suspendu à une visite possible. Comme j’avais pour tâche de diriger chaque nouveau visiteur vers son enfant ou son petit enfant, j’assistais chaque fois à une scène différente dans sa forme mais semblable dans sa douleur. On ne demande pas à un petit chiot de détester sa mère ou son père parce qu’il s’est fait mordre par elle ou par lui. Un enfant a besoin d’amour et s’il n’en reçoit pas, il va s’en imaginer juste pour ne pas crever. C’est peut-être ça un enfant du diable : Même en enfer, on trouve le moyen de se réchauffer le cœur avec le feu qui nous brûle le dedans du corps. Chantal la plus que grassette par exemple me semblait systématiquement rejetée par sa mère, bien proportionnée et toute délicate. Quand une visite dure le moins longtemps possible, c’est que le parent fait son minimum, son devoir.

Peinture abstraite au couteau

Quand une adolescente retourne à ses activités sans une larme, c’est qu’elle a saisi les règles du jeu et que ça sent déjà la mort à l’intérieur d’elle-même. Mais au moins, elle avait eu de la visite, ce qui lui permit de faire une grimace à la trop mince Monique, orpheline d’une fin de semaine à l’autre, afin d’exciter sa jalousie.

Jusqu’à la dernière seconde, Jean-François resta à mes côtés, convaincu que son père finirait par arriver. Il était 16 heures et 15. Plus que quelques quarts de tour avant d’être de nouveau étranglé par le désespoir. Temps libre, pas de chant le dimanche. Je berçais les deux jumeaux, lui massait son éternelle balle de tennis. Et soudain, je l’entendis crier :

Je le savais.

Mon grand boxeur dévala l’escalier et se rendit à la rencontre d’un homme qui ne pouvait qu’être son père. Même carrure dans une semblable démarche marginale et gênée. Il était accompagné d’une toute petite femme avec un chapeau sur la tête, du même genre qu’adorait tant porter ma mère lorsqu’elle se faisait de la couture…. Mais…Diable… C’était ma mère ! ! !

J’eus la même réaction que tous les autres. Je partis à courir et je lui sautai dans les bras… Il y a des moments où d’avoir la tête dans le cœur te donne l’impression d’être toi aussi un enfant du diable.

Ma mère m’embrassa sans arrêt le front.

Marie…Marie…

Le fait qu’elle ne m’appelle plus Miel me soulagea. Je pressentis chez ma mère cette intelligence féminine de ne pas me forcer à ouvrir mon carré de sable. Ma mère était une femme très terre-à-terre, prête à se battre au côté de sa fille lorsque le danger semblait vouloir faire basculer son univers.

Monsieur Brisson, comme son fils Jean-François, n’avait pas la parole facile. Ils avaient quand même pris la peine l’un et l’autre de se regarder dans les yeux, juste pour voir s’il y avait encore une lueur d’amour sous l’amoncellement des blessures. Pas d’excuses, pas de je t’aime, même pas une caresse. De nous voir toutes les deux, ma mère et moi, en parfaite symbiose d’expression, donnait à leur silence une profondeur caverneuse.

Marie,
Tu peux exiger bien des choses de moi
Mais tu ne peux pas demander à une mère de rester chez eux
Lorsque sa fille vit une période difficile
C’est contre-nature

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C’est justement cela que je racontais
Dans l’autobus à Monsieur Brisson.

Je serrai la main de Monsieur Brisson. J’eus l’impression de le déranger en m’approchant de trop près. Une main dure, sans sentiment, accompagné d’un tout petit murmure dont on n’ osait même pas saisir le sens.

Votre petit gars a pris soin de moi
Comme s’il s’était agi
De sa propre mère
Gaffai-je.

Je me sentis horriblement coupable de cet impair. Impossible à réparer. Nous nous dirigeâmes vers la cafétéria. Ma mère pouvait tenir à elle seule une conversation pendant des heures quand elle s’y mettait. Elle s’extasiait devant la beauté des enfants, serrait ma main bien fort et à plusieurs reprises comme pour se féliciter d’avoir suivi son instinct maternel, posait des questions embarrassantes sans même s’en rendre compte, nettoyait le visage de Jean-François avec une serviette humide ramassée sur une table. Elle y avait vu de la saleté. C’était impossible de lui résister.

Monsieur Brisson, de son côté n’avait parlé à son fils que par monosyllabes. Celui-ci avait répondu sur le même registre.

Tu t’en sors ici ? dit le père
J’ tiens le coup dit le fils
Moi, c’est pareil, conclut le père.

De longs silences

L’ouvrage est rare… Dit le père
Mmmmm… Dit le fils
Mais c’est moins dur
Que derrière les barreaux,
 conclut le père.

Jamais le fils n’ouvrait une séquence, ni même ne la fermait. Cela semblait faire partie de la loi de son milieu. Valait mieux écouter parce que le père avait peu à dire.

Monsieur Brisson me semblait mal à l’aise. Son fils lui ressemblait trop. Les sentiments, ça passait d’abord par des coups de poing ou une bonne bataille.

Au café, ma mère renchérit en disant :

Jean-François,
Tu ressembles tellement à ton père
Une chance que vous étiez avec moi dans l’autobus
Monsieur Brisson
Avec vous
Une femme se sent rassurée
Elle sent qu’elle ne sera pas abandonnée.

Je faillis m’étouffer. Jean-François me fit un clin d’œil. Cela me remplit de tendresse à son égard. Mais Monsieur Brisson eut l’air d’en avoir assez.

Je pense que c’est l’heure de l’autobus… lâcha-t-il
Mmmmm répondit Jean-François
On s’en sort toujours…. Hein fils ?

Ce mot « fils », c’est tout ce que Jean-François espérait entendre. Je le sentis par la fierté qui tressaillit au coin de ses yeux. Maintenant il pouvait en baver du temps inutile. Son père ferait de même de son côté La vie finirait bien par tout arranger.

Moi je vais partir plus tard, dit ma mère
Ma fille va venir me raccompagner
Elle a son automobile, vous savez
Mon mari et moi l’avons toujours gâtée
Elle a été tellement aimée cet enfant-là.

c25bcb0aba87fff79bd1873ede9d1f1f.jpg (236×373) | Arte ritratti, Sculture  artistiche, Dipinti artistici

Ma mère avait l’art de faire passer ses messages en nous faisant bien savoir qu’elle ne souffrait aucune contradiction. Elle s’était arrangée pour que cela se passe comme elle l’avait décidé. Dans sa tête, la logique se déroulait comme ceci : Je n’ai pas fait tout ce chemin-là vers toi pour qu’à ton tour, tu ne viennes pas saluer ton père. Arrange-toi comme tu peux avec ton emploi. Et débarrasse-toi surtout de la présence de cet homme, charmant peut-être, mais non nécessaire à mon bonheur.

Après avoir fait le tour des bâtiments, nous allâmes nous asseoir dans la grande balançoire réservée au personnel. Le temps était doux, le moment propice aux questions inattendues.

Maman, Comment as-tu connu Papa ? Lâchai-je soudain ?

Ma mère ne fut pas, outre mesure, surprise de ma question. D’autant plus qu’elle n’osait pas m’en poser de peur de me blesser.

Tu veux la version de ton père
Celle de ta mère
Ou la vérité ?

Mmmmmm murmurai-je.

Nous étions enfin toutes les deux au cœur de nous deux. Je lui pris la main, la serrai fort contre mon cœur.

Ton père m’a déjà écrit :
Merci d’avoir été cette princesse
Qui, en me voyant passer habillé en vagabond
M’entoura de la caresse de ses bras.

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Mais moi ta mère, je te dirais que…
La vérité
Parfois vaut mieux l’oublier…

Mmmm répondis-je

J’en étais rendue à m’exprimer comme Jean-François. Je laissais ma mère ouvrir et fermer les parenthèses et je m’emmitouflais dans le centre.

Je crois que t’as raison
Parfois vaut mieux oublier la vérité

Mmmmmm fit ma mère à son tour

Quand on est une vraie femme ma fille
La vérité ne s’oublie pas comme on veut
Hein Marie ?

Que ces paroles résonnaient vraies dans la bouche de ma mère. Les deux jumeaux vinrent nous rejoindre. Et nous primes le temps, après l’avoir envoyé promener hors du présent, de bercer chacun des petits. Et je sus par leur sourire ensommeillé qu’ils allaient bientôt s’endormir loin du continent de la souffrance du camp Ste-rose, mais encore si loin de l’île de l’éternité de l’instant présent.

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Pierrot le Vagabond Chercheur |

2986, ier mai 2019

UNE NUIT EXCEPTIONNELLE D’ATTAQUE D’ÊTRE… ME SUIS LEVÉ TROIS FOIS POUR DESSINER LE CRYPTAGE DE LA TROISIÈME SÉQUENCE DE L’INTRODUCTION DE NOTRE ÉQUIPE DE RECHERCHE (AULD, WOODARD, ROCHETTE)… LE CRI DE MUNCH… LES RAPIDES DE MATTAWIN SUR LA RIVIÈRE ST-MAURICE… MON PÈRE QUI JOUE DE LA TROMPETTE… LES CIMETIÈRES OÙ J’AI DORMI DEVANT DES TOMBES D’ENFANT… LE CAMP STE-ROSE QUI CHAQUE SOIR SUR SCÈNE SONT VENUES HANTER MA HONTE DE NE PAS HONORER L’HUMANITÉ EN MOI PAR UNE INVENTION….LA HONTE DE DIVERTIR QUAND DES MILLIARDS D’ENFANTS MEURENT DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE…

La brosse d’être a commencé hier soir dans mon petit local informatique de l’uqam ou je squatte la connaissance…

I. et G. sont dans le bunker de l’amitié (le bureau de G.) elles m’écrivent un courriel: On va au restaurant… on passe te chercher… Je leur répond, je monte… mais je prends juste un café…

Ma brosse d’être m’avertit que la nuit sera prodigieuse d’intiations multivers abductentielles… que la troisième séquence de l’introduction du doctorat…sera pondue aussi claire que l’eau d’une source, chef d’œuvre de l’intemporel qui habite le vagabond céleste quand la route s’estompe sous ses pas la nuit au clair de lune.

Je suis en pantoufle… On sort… Robert Lepage est à la table en arrière.. C’est I. qui l’a vu… mais moi je suis avec LE CELA EST QUI VIENT ME PARFUMER DE FRAÎCHEUR par une brosse d’être pour m’annoncer sa venue cette nuit.

A un moment donné, I. me souligne que je ne parle jamais de mes recherches, que j’esquive toutes les questions, que je m’en tire par des pirouettes…

Il faut dire que pour moi, un intellectuel c’est un PEINTRE DES ABJETS, et que comme tout peintre, il mérite respect de sa configuration. On n’a pas à se mêler de sa peinture… sinon je me serais pris un directeur de recherche..

Mais, comme j’ai déjà peint deux séquences de l’introduction que je soumettrai à notre équipe de recherche pour la loi des 3 wows, paragraphe par paragraphe, numérotés les uns après ;les autres, pour que Michel et Marlene

habitent de leur vie de peintre (comme de l’arc-en-ciel de leur amour œuvre d’art) les marges de gauche et de droite par les vidéos témoignant de leur archétype hologrammique (Marlene la jardinière, Michel le concierge).

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Soudain, j’ouvre… à I. et G. …. je tente de leur expliquer les abductions de mes inventions épistémologiques-méthodologiques… Je suis très mauvais là-dedans… Je m’épuise vite… je préfère le silence… le cryptage… Je déteste qu’on me comprenne, qu’on me saisisse, même qu’on me chante (la chanson du camionneur) j’ai l’impression de vivre un viol de l’intimité ascétique de l’anonymat dont le chercheur a devoir d’âme.

Je leur raconte que , dans la vingtaine, je fus chef de camp d’enfants les plus poqués de Montréal et en charge de 35 éducateurs spécialisés (le camp Ste-Rose). J’ai encore mon journal de camp et le 1000 pages de Monsieur 2.7k? comme le roman l’île de l’éternité de l’instant présent … raconte cette histoire… J’avais carte blanche… j’avais créé un programme de recherche dont je n’avais parlé à personne de peur qu’on me mette des bâtons dans les roues: La diminution du taux d’agressivité chez les socio-affectives par la thématique de camp selon le cri primal social de Janov… A la fin du camp, je fis une conférence au Queen Elisabeth je crois devant les directeurs de camp du Québec…

Mais l’année d’après… je fus atteint d’une très grande souffrance sur scène à penser à ces enfants, dont quelques uns que j’ai revu adultes… De là vient ma fureur DE FAIRE OEUVRE D’ART… en inventant tout par un doctorat… métaphysique, méthodologie, épistémologie… tout tout tout….

Ma matrice de lecture propédeutique dura des années… elle aurait pu ne jamais s’achever… n’eut été d’un passage d’un livre… des fonctionnaires qui font la guerre par les drones et qui tuent des CE QUI RESSEMBLE À DES ENFANTS… sans remord…

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Théorie du drône
Grégoire Chamayou
la fabrique éditions, 2013

Prélude p.10-20

La base de Creech est le berceau de la flotte des drones de l’US Air force. Les militaires la surnomment «la demeure des chasseurs» L’organisation antiguerre «code pink» la décrit plutôt comme «un lieu d’incrudilité, de confusion et de tristesse».

Le travail est d’un ennui extrême. Des nuits à ingurgiter des Doritos ou des M&M face à l’écran, pour voir le plus souvent toujours les mêmes images d’un autre désert, de l’autre côté de la planète, à attendre que quelque chose se passe: «des mois de monotonie pour quelques milisecondes de grabuge».

Demain matin, un autre «équipage» viendra prendre le relais aux commandes de l’appareil. Le pilote et l’opérateur au volant de leur 4×4 pour retrouver, à 45 minutes de là, femme et enfants dans l’environnement tranquille d’une banlieue pavillonnaire de Las Végas.

Les passages des trois véhicules partis de leur petit village de la province de Daikundi ne le savent pas, mais cela fait déjà assez longtemps que des dizaines de pupilles les observent. Parmi ces spectateurs invisibles, le pilote et «l’opérateur des capteurs » mais aussi «un coordonnateur des missions», un «observateur de sécurité», une équipe d’analystes vidéo, et un «commandant des forces terrestres» qui finira par donner le fey vert pour la frappe aérienne. Ce réseau d’yeux est en communication permanente, ils parlent entre eux, et, en cette nuit du 20 février 2010, comme à l’accoutumée, leur conversation est enregistrée.

0.45 GMT – 5h15 en Afghanistan.

le pilote: Est-ce que c’est un putain de fusil là?

l’opérateur: Peut-être juste une tache chaude là où il était assis, je peux pas vraiment le dire, là, mais ça ressemble vraiment à un objet.

le pilote: j’espérais qu’on puisse répérer une arme, mais tant pis.

1.05
L’opérateur: ce camion ferait une belle cible.
ok c’est un 4×4, un Chevy Suburban.
Le pilote: ouais
l’opérateur: ouais.

1.07
Le coordonnateur: Le screeber a dit qu’il y a au moins un enfant près du 4×4.
L’opérateur: Putain de merde… où ça?
Envoie-moi un putain de cliché, mais je ne crois pas qu’ils aient des gamins à cette heure-ci, je sais bien qu’ils sont tordus, mais faut pas pousser….

L’opérateur: Bon peut-être un adolescent mais je n’ai rien vu d’aussi petit, et ils sont tous regroupés là.

Le coordonnateur: Ils vérifient.

Le pilote: Ouais, qu’ils vérifient cette merde… Pourquoi Est-ce qu’il a pas dit: «enfant éventuel» alors? Pourquoi ils sont si pressés de parler de putains d’enfants mais pas de putains d’armes?

Le coordonnateur: Deux enfants à l’arrière du 4×4.

01.47
Le coordonnateur: ça ressemble à des couvertures. Ils étaient en train de prier, ils avaient…
Le pilote: Jag 25, Kirk97, le compte est bon ou pas encore?
l’opérateur: ils prient, ils prient.

01.48
L’opérateur: C’est ça, au final, leur force. Prier? Je veux dire, sérieux, c’est ça qu’ils font.
Le coordonnateur: Ils manigancent quelque chose.

01.50
Le coordonnateur: Adolescent près de l’arrière du 4×4.
L’opérateur: Ouais, ben, des adolescents, ça peut se battre.
Le coordonnateur: Prends une arme et t’es un combattant, c’est comme ça que ça marche.

01.52
L’opérateur: Un type encore en train de prier devant le camion.

Le pilote: Pour Jag25 et Kirk 97, tous les individus sont en train de finir de prier et se rassemblent maintenant près de trois véhicules.
L’opérateur: Ph, la belle cible. J’essaierais de passer par l’arrière pour la mettre en plein dans le mille.
L’opérateur: Oh, ça serait parfait!

02.41
L’opérateur: Monsieur, Est-ce que ça vous dérangerait si je faisais une pause toilettes rapide?

Le pilote: Non, pas du tout mon gars.

0.317
Un inconnu: Bon, c’est quoi le plan les gars?
Le pilote: Je sais pas, j’espère qu’on va pouvoir shooter ce camion avec tous les mecs dedans.
L’opérateur: ouais.

( Le drone Prédateur n’ayant plus qu’un seul missile à bord- insuffisant pour cibler trois véhicules- ordre est donné à deux hélicoptères Kiowa, nom de code «Bam bam41», de se mettre en position pour l’attaque. Un plan est arrêté: les hélicoptères tireront les premiers, puis le drone finira le travail en tirant son missile Hellfire sur les survivants.)

03.48
L’opérateur: Opérateur paré, que la fête commence!
….
L’opérateur: Tu sais quoi, on pourrait avoir toute une flotte de «preds»ici.
Le pilote: Oh, si seulement mec…

04.06
Le pilote:…Ecoute mec, on va probablement être en train de poursuivre des types qui s’éparpillent dans tous les sens. Euh, dans la descente, ne te préoccupe pas d’un guidage de ma part ou de Jaguar, tu n’as qu’à suivre ce qui te paraît le mieux. Reste sur celui où t’as le plus de probabilités de tirer dessus. Je suis avec toi sur ce coup. Donc je te brieferai sur un profil de tir, on aura un briefing d’attaque dès qu’on sait ce qu’on va shooter.

04.11
Les hélicoptères Kirk97, Bambam41, vous reçoit cinq sur cinq.
Le pilote: Ok Bambam41, Kirk97, vous reçoit cinq sur cinq aussi. Je comprends que vous avez pris en chasse nos trois véhicules, vous avez besoin qu’on vous dise, ou vous les avez?

Les hélicoptères: 41 les a juste du côté sud de la passe de la grille indiquée, Une Highland blanche suivie de deux 4×4.
Le pilote: Kirk 97, bien reçu. Ce sont vos trois véhicules. Environ 21 hommes en âge de combattre, environ trois fusils positivement identifiés jusque-là dans le groupe et, ah, ce sont vos trois cibles.

04.13
Le pilote: le tir a l’air cool.

L’opérateur: Oh, magnifique.

Les hélicoptères (inaudible)… armes et communications avec manœuvre tactique. Stop, Hum, comprenons que nous avons le feu vert pour l’engagement.

Le pilote: ok, il a le feu vert pour l’engagement, donc il a le type 3. Je vais faire tourner nos missiles aussi.

04.16
L’opérateur: Roger. Et, oh… et ça y est? (Les hélicoptères tirent sur le convoi).

L’opérateur: J’ai un autre mec… ils l’ont eu eux aussi? Ouais
Le pilote: Ils ont dégommé le premier et, euh. le dernier, ils vont revenir.

04.17
Le coordonnateur: Vous voulez qu’on passe sur une autre fréquence?
Le pilote: J’ai essayé, personne ne me parlait là-bas…
L’opérateur: On dirait qu’ils se rendent.
L’opérateur: Ils ne courent pas.

04.18
L’opérateur: Ce type est allongé? ils ne courent pas.
l’observateur: Les gars, c’est bizarre.
L’opérateur: ils s’éloignent juste en marchant.

L’observateur: Vous voulez regarder s’il y a des gens à l’arrière?
un inconnu: Oui…
L’observateur: Près de cette troisième épave…
L’opérateur. Quelques-uns.. deux ou trois…
L’opérateur: Oui ils décompressent.
Le pilote: zoome là-dessus une seconde pour moi. Le troisième là.
L’opérateur: le troisième?
Le pilote: Ouais. Ils l’ont explosé? ils l’ont fait non?
L’observateur: non, ils l’ont pas fait.
Le pilote: Ouais, ce truc a bien l’air détruit, pourtant non?
L’observateur: Ouais, ils l’ont touché. Il y a de la fumée.

L’opérateur: Ils l’ont touché. Vous… ces types sont juste… (Une roquette frappe le véhicule central)
Un inconnu: oh|
le pilote: Putain de Dieu!

04.22
L’opérateur: identifiez positivement les armes, je n’en vois aucune…
L’opérateur: J’ai un truc qui brille sur celui à droite.
L’opérateur: juste
L’opérateur: c’est bizarre…
Le pilote: pas la moindre idée ce qu’ils foutent.
L’opérateur: probablement en train de se demander ce qui vient de leur arriver.
L’observateur: Il y a un autre à gauche sur l’écran
L’opérateur: oui je les vois.
L’observateur: ils portent des burkas?
L’observateur: ça y ressemble en tout cas.
Le pilote: Mais ils étaient tous positivement identifiés comme hommes. Pas de femme dans le groupe.
L’opérateur: Ce mec a l’air de porter des bijoux et des trucs comme une fille, mais ce n’est pas une fille, si ce type est une fille, c’est une grosse.

04.32
L’observateur: Un des types en haut à gauche est en train de bouger.
L’opérateur: ouais, je le vois. Je crois que je l’ai vu bouger tout à l’heure, mais je ne sais pas s’il est…. s’il est en train de bouger ou s’il a des spasmes?
L’opérateur: Eh, je crois qu’il a bougé, pas beaucoup, mais…
L’opérateur, je ne peux pas, je ne peux pas les suivre tous les deux.
Le coordonnateur: il y a un type qui s’assoit.
L’opérateur ( s’adressant à un individu au sol)
avec quoi tu joues?
Le coordonnateur: avec son os.

04.33
L’observateur: Oh putain. Ouais, vous avez vu le sang juste là, à côté du…
Le coordonnateur: ouais, je l’ai vu tout à l’heure.

04.36
Le coordonnateur: ç’ en est deux? Un type qui soutient l’autre type?
L’observateur: On dirait
L’opérateur: On dirait ouais
Le coordonnateur: Le secourisme à la rescousse.
L’observateur: J’ai oublié, comment tu traites une blessure à boyaux ouverts?
L’opérateur: les remets surtout pas à l’intérieur. Tu les emballes dans une serviette. Normalement ça marche.

04.38
Le pilote: Putain, ils essaient de se rendre, non?
L’opérateur: J’ai l’impression aussi.
Le coordonnateur: Ouais je crois que c’est ce qu’ils font.

04.40
L’opérateur: C’est quoi ceux-là? Ils étaient dans le véhicule du milieu.
Le coordonnateur: DES FEMMES ET DES ENFANTS
L’opérateur; ÇA RESSEMBLE À UN ENFANT

L’observateur: OUAIS, CELUI QUI AGITE LE DRAPEAU

04.42
L’observateur: Je vais leur dire qu’ils sont en train d’agiter leur…
L’opérateur: ouais… là maintenant je ne serais… JE NE SERAIS PAS, PERSONNELLKEMENT, À L’AISE , POUR TIRER SUR CES GENS

Le coordonnateur. Non

théorie du drône
Grégory Chamayou
p.67
extraits.

David Rohde, journaliste du New York Times kidnappé en 2008 et détenu en Waziristân pendant sept mois, fut un des premiers occidentaux à décrire les effets que cette surveillance létale persistante produit sur les populations qui la subissent. Évoquant un «enfer sur terre», il ajoute: «Les drones étaient terrifiants. Depuis le sol, il est impossible de déterminer qui ou quoi ils sont en train de traquer pendant qu’ils décrivent des cercles au-dessus de votre tête. Le bourdonnement lointain du moteur sonne comme le rappel constant d’une mort imminente.»

Les témoignages accumulés dans cette région par les auteurs du rapport «vivre sous les drones» établi en 2012, vont dans le même sens:

Ils nous surveillent en permanence, ils sont toujours au-dessus de nous, et vous ne savez jamais quand ils vont frapper.

Tout le monde a peur tout le temps. Quand nous nous rassemblons pour faire une réunion, nous avons peur qu’il y ait une frappe. Quand vous pouvez entendre le drone tourner dans le ciel, vous savez qu’il peut vous frapper. Nous avons toujours peur, cette peur dans notre tête.

J’ai toujours les drones dans ma tête. ¨C m’em pêche de dormir. C’est comme des moustiques. Même quand vous ne les voyez pas, vous pouvez les entendre, vous savez qu’ils sont là.

Les enfants, les adultes, les femmes, ils sont tous terrifiés…. ils crient de terreur.

Un habitant de Datta Khel – une localité qui a été frappée à plus de trente reprises par des drones au cour des trois dernières années – ajoute, à propos de ses voisins: « Beaucoup ont perdu la tête (…) ils sont enfermés dans une pièce. Exactement comme quand vous mettez des gens en prison, Ils sont prisonniers, enfermés dans une pièce.»

Les drones, en effet, pétrifient. Ils produisent une terreur de masse, infligée à des populations entières. C’est cela, outre les morts et les blessés, les décombres, la colère et les deuils, l’effet d’une surveillance létale permanente: UN ENFERMEMENT PSYCHIQUE, dont le périmètre n’est plus défini par des grilles, des barrières et des murs, mais par LES CERCLES INVISIBLES qui tracent au-dessus des têtes les tournoiements sans fin DES MIRADORS VOLANTS

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Le Disque Compact

www.reveursequitables.com

Dès ce moment, j’arrêtai de lire pour la vie, je quittai la bibliotheque, et je me trouvai une prison intellectuelle plus petite… le 24 heures informatique de l’UQAM…

Les 2 premières séquences de l’intro se succédèrent dans l’euphorie d’une série de brosses d’être… CE SONT DES PEINTURES OFFERTES PAR LE CELA EST…. et parce que cela est… pas question de soumettre le tout au décryptage de qui que ce soit… Comprenne qui peut… mais APRÈS MA MORT….

Monsieur 2.,7k? m’a pris 7 ans d’écriture… IL A ÉTÉ ÉCRIT CRYPTÉ POUR QUE PERSONNE NE SOIT CAPABLE D ELE LIRE DE MON VIVANT….

Alors, après avoir dit cela à I. et G., je leur ai demandé de ne pas passer de commentaires… parce que ma nuit s’annonçait jaillissante d’une troisième séquence…

Comme la deuxième séquence compare les milliards d’enfants mourant de faim ou de blessures de guerre aux trois milliards de billots qui ont descendus la rivière St-Maurice du moulin de La Tuque au trois Rivières, cette nuit, la troisième séquence a illustré le cri de Munch à travers les rapides de Mattawin, où était construit un hotel où mon père a joué de la trompette Roger Rochette avec son orchestre.

Et dans le bouillonnement des rapides,,, surgissent tous nos néologismes qui feront l’objet d’une exposition dans le ier chapitre… pour finir, comme des formes inassouvies, dans les cimetières du Québec où j’ai dormi devant des tombes d’enfants pour… je ne sais trop quoi… crypter, crypter, crypter….. LES QUALIS SE CACHENT DANS LES PLIS DE L’ENFANCE tout comme ils se cachent dans les cris de Munch des enfants morts de faim ou de blessures de guerre.

Au bunker de la créativité de ce matin (j’ai ajouté les feuilles de la deuxième séquence dans les cahiers de Marlene et Michel) et sans doute ce soir, j’aurai terminé les feuilles de la troisième séquence… quoi que…

à suivre…

Pierrot vagabond-chercheur au nom par et pour notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette)

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Un leader mondial québécois de la conduite hautement autonome

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSEFrantz Saintellemy, PDG de LeddarTech

L’entreprise LeddarTech, de Québec, spécialisée dans le design et le développement de microprocesseurs utilisés pour la détection par fréquence-lumière dans le secteur de l’automobile, a été récemment désignée comme l’une des cinq futures licornes canadiennes, ces jeunes entreprises technologiques valorisées à plus de 1 milliard. Frantz Saintellemy, qui a fait une carrière internationale dans le domaine des microprocesseurs, est depuis trois ans le président et chef de l’exploitation de cette licorne québécoise et nous explique ses ambitions de conquérir le monde.

Publié le 17 novembre 2020 à 5h00
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Jean-Philippe DécarieJEAN-PHILIPPE DÉCARIE
LA PRESSE

Il y a trois ans, on s’était rencontrés alors que vous étiez impliqué à temps plein dans le développement du Groupe 3737, un hub d’innovation voué à la diversité entrepreneuriale. Qu’est-ce qui vous a amené chez LeddarTech ?

Quand j’ai vendu en 2015 l’entreprise de microprocesseurs 2 MDI à l’entreprise IDT de la Silicon Valley, je m’étais engagé à rester deux ans avec eux pour assurer la transition. En 2017, IDT s’est intéressée à LeddarTech et à sa technologie de lidar (light detection and ranging) et a décidé de participer à la ronde de financement de plus de 100 millions US qu’avait lancée LeddarTech.

En septembre 2017, le PDG Charles Boulanger m’a demandé de me joindre à LeddarTech parce que je suis un bébé de l’industrie et que j’y ai œuvré toute ma vie. Je connaissais bien LeddarTech, une petite entreprise québécoise qui avait de grandes ambitions et un très grand potentiel, et je connais bien les grands acteurs de l’industrie automobile parce qu’ils ont été mes clients durant des années.

Qu’est-ce que fait exactement LeddarTech et qu’est-ce qui la différencie par rapport aux autres acteurs de l’industrie qui développent et fabriquent aussi des systèmes de détection automatisés ?

Durant les années 2010, c’était la ruée vers la voiture autonome. Toute l’industrie planchait sur l’avènement du véhicule autonome et on développait chez IDT des microprocesseurs pour les systèmes de freinage, l’huile, l’essence et des capteurs pour la détection d’obstacles.

Aujourd’hui, on parle davantage de voiture hautement autonome, et LeddarTech a été le premier à développer une technologie qui permet de miniaturiser les détecteurs de mouvements lidar sur un seul microprocesseur. Nos concurrents font de l’assemblage de technologies sur des modules beaucoup plus archaïques et qui sont beaucoup plus volumineux.

Nous, on fait de l’intégration de technologies de lidar, de radar et de caméra sur des microprocesseurs qui captent l’information et qui traitent le signal grâce à des algorithmes. On assure une miniaturisation optimale et on augmente l’efficacité des capteurs environnementaux pour l’auto.

Une étude récente d’AAA aux États-Unis a démontré que 80 % des détecteurs de mouvements des voitures n’étaient pas fiables, alors que notre technologie assure une fusion et une perception des données brutes beaucoup plus exactes.

LeddarTech est établie à Québec, mais a réalisé récemment une série d’acquisitions. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

LeddarTech est un spinoff (essaimage) de l’Institut national d’optique de Québec et a été fondée en 2007. En 2017, l’entreprise comptait une trentaine de personnes et a réalisé un financement de 103 millions US. On a conclu trois acquisitions, dont deux au cours des six derniers mois.

On compte aujourd’hui 215 employés, dont une centaine à Québec, une vingtaine à Montréal et à Toronto. On a aussi 35 employés en Israël et une dizaine en Autriche. On compte au total 190 ingénieurs.

Les acquisitions qu’on a faites nous ont permis d’aller chercher des expertises précises qu’on aurait mis plus de temps à développer nous-mêmes. On prépare actuellement un nouveau financement et on prévoit réaliser d’autres acquisitions pour poursuivre notre expansion.

Qui sont vos actionnaires exactement ? Je comprends que la société technologique américaine IDT a pris une participation en 2017 ?

On a plusieurs actionnaires. Au départ, en 2007-2008, on a eu des partenaires financiers comme la BDC, Desjardins et, en 2017, on a eu plusieurs partenaires stratégiques qui se sont rajoutés lors du financement de 100 millions US.

IDT a été rachetée par la firme japonaise Renaissance, qui est un équipementier qui a 30 % des parts de marché mondial des microprocesseurs installés dans les véhicules automobiles. On a aussi l’équipementier allemand Osram, l’américaine Delphi et Marelli.

Tous ces équipementiers veulent implanter nos systèmes et nos solutions de détection environnementale chez leurs clients, les grands manufacturiers automobiles du monde.

On prévoit que la demande pour nos microprocesseurs va exploser à partir de 2023, alors que la production de voitures hautement autonomes va entraîner l’implantation de beaucoup plus de capteurs et de fonctions d’assistance pour la conduite dans la circulation ou le pilotage assisté sur autoroutes.

Nos solutions sont au cœur de la prochaine étape de la voiture autonome et on va être en mesure d’installer entre 100 et 300 $ de nos produits dans plusieurs millions de véhicules.

Quelles vont être les retombées pour le Québec de votre participation active dans cette prochaine étape de l’émergence de l’auto hautement autonome ?

Le Québec n’a pas d’historique dans l’industrie automobile. On n’a pas d’entreprises qui peuvent nous encadrer, comme Bombardier pouvait le faire dans l’aéronautique. C’est pourquoi on a pris la stratégie de nous associer à des équipementiers de premier niveau qui peuvent nous aider à mieux percer cet immense marché.

Ça tombe bien, notre reconnaissance s’exerce au moment même où le Québec veut s’imposer comme un acteur important dans la filière de la batterie de l’auto électrique, à toutes les étapes de sa production.

La firme d’évaluation Tracxn vous a inscrite à sa courte liste des 10 start-up les plus prometteuses du Canada et vous décrit comme l’une des cinq prochaines licornes, c’est-à-dire que vous méritez une valorisation de 1 milliard. Est-ce que cela vous intimide ?

Pas du tout. Nos concurrents qui utilisent eux aussi la technologie lidar, mais qui fabriquent des modules encore très volumineux et moins performants viennent de se faire attribuer des valorisations plus importantes encore.

C’est le cas des sociétés Velodyne et Aeva, qui sont toutes deux sur le NASDAQ et qui ont une valorisation de 2,5 et 2,1 milliards US, ou de Luminar, à qui on attribue en valeur de 3,5 milliards US.

Nous, on ne prévoit pas recourir au marché public. On est en train de terminer une nouvelle ronde de financement et on a les moyens de poursuivre notre expansion et, surtout, on continue de gagner des projets-clients.

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=hjJ0KFKWPZI

17 NOVEMBRE 2020…. 25 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS …. ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ … 2EME CHAPITRE: LE VIEUX MONTRÉAL ….. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR

www.demers.qc.ca

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT

CHAPITRE 2: LE VIEUX MONTRÉAL

Roman de Pierre Rochette. Poète et Chansonnier

Pierrot le Vagabond Chercheur |

www.enracontantpierrot.blogspot.com …

Bande annonce du documentaire MON AMI PIERROT, LE DERNIER HOMME LIBRE

Véronique Leduc
veroniqueleduc@hotmail.com
et
Geneviève Vézina-Montplaisir
genevievevm@hotmail.com

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LÈVE TOI PÈLERIN

COUPLET 1

dormir
sous le pont de Gatineau, une nuit froide de neige
même pas de sac de couchage, du noir au beige

gémir
en p’tit bonhomme, les g’noux dans l’manteau
le nez sous l’gilet, là ou c’est chaud

grandir
contre le mur de ciment se faire si petit
que son coeur en devient firmament

s’ennoblir
au point ou l’on devient soi-même
un immense pays entre deux océans

REFRAIN

la bonté l’humilité, l’humanité
comme vêtement de vie

lève-toi pèlerin
même si t’as froid même si t’as faim

ensemence ton pays d’un rêve
pour les jeunes de demain

ta guitare à la main
marche marche les chemins
ne triche pas ton rêve en douce
en faisant du pouce

quand un jeune t’embarque
écoute le jusqu’au matin
parce que son rêve à lui commence
là où finit le tien

COUPLET 2

manger
quand on t’a ramassé pour t’emmener souper
dans l’espoir d’une belle soirée
par ta guitare endimanchée

s’laver
la route c’est accepter
d’ètre sale en dehors
d’ètre propre en dedans
en s’guettant

s’coucher
avoir honte de ses peurs
quand y a tellement d’êtres humains
qui ont pas l’choix d’avoir peur

s’éveiller
soudain en pleine nuit
s’enfuir sans faire de bruit
après avoir écrit merci

COUPLET 3

vaciller
dans un café internet, recevoir un courriel
d’un ami de jeunesse, qui veut t’immortaliser
d’un geste bien intentionné

créer
une chanson chaque nuit
parce que la veille ce que t’écris
semble s’être évanoui

dessiner
entre ta voix et tes lèvres
tous les cris des humains
qui ont choisi d’aimer
même s’ils sont mal aimés

rêver
qu’après sa mort peut-être
de milliers de jeunes en mal d’être
reprendront ton épopée
vers ce pays oeuvre d’art à créer

FINALE
la bonté, l’humilité, l’humanité
comme vêtement
d’aimer

Pierrot
vagabond céleste

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Centre de lecture rapide CLR Inc.

À
Pierre Rochette, Michel Woodard
Aujourd’hui à 13 h 15
Bonjour Pierrot le vagabond,

Bonjour Michel le concierge

Cela ne me surprend par de ce qui est arrivé comme impact avec la merveilleuse chanson de Michel.

Ce n’est pas le fruit du hasard si parmi tout le répertoire des chansons de Michel, j’ai sélectionné « Je te demande pardon ».

Si tu te rappelles bien, au tout début du spectacle j’ai lu le texte de Ramtha intitulé : La joie, l’état d’Être suprême ».

Les chansons « La beauté du monde » et « Je te demande pardon » ont entré en résonance avec le texte initial sur la joie.

J’ai donc atteint l’objectif que je m’étais fixé : celui de mettre un fond spirituel où les gens vont ressentir une joie profonde et non seulement des émotions de surface.

Je me réjouis que ce spectacle et particulièrement la prestation de Michel vont ont permis d’orienter votre doctorat différemment et pour le mieux…

Bonne continuation dans votre projet tout à fait original, passionnant et d’une portée universelle.

Raymond-Louis

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réponse de Pierrot

Tu sais, Raymond-Louis…. monter sur scène fut toujours difficile dans ma carrière parce que je voyais les visages des gens dans la salle et que j’étais trop sensible pour ne pas souffrir avec ceux ou celles qui étaient en détresse profonde (deuil, maladie, dépendance..etc…) … telle est la question dont découle

Mais quand tu m’as demandé.. Pierrot: peux-tu m’aider à réaliser mon rêve? je me suis senti convoqué à plus grand que moi malgré mes flashs la nuit qui m’assaillent encore sous forme de cauchemar

Mais, jusqu’à la dernière minute…je me suis senti surtout aspiré  par la très belle chanson de Michel le concierge et je voulais voir des coulisses le visage des gens quand Michel chantait «je te demande pardon»

Tous les matins, à notre conseil d’administration de la créativité, j’assiste à la très grande humanité de cet homme qui chante la condition humaine si humblement et surtout à la dévotion au quotidien qu’il porte à Marlene, son amour œuvre d’art.

J’ai d’abord chanté a capella LA BEAUTÉ DU MONDE avec ma feuille dans ma main… puis je suis resté dans les coulisses.

Et là j’ai vu l’effet Michel Woodard, le même qu’il avait au café St-Vincent il y a presque 50 ans quand je le regardais chanter dans la salle.

JE TE DEMANDE PARDON, je savais , comme toi d’ailleurs, que c’était un hymne humaniste à la condition humaine… mais ce soir-là… grâce à toi, j’ai vu clairement pendant que Michel chantait que le public qui l’applaudissait venait de signer le titre de notre doctorat…

Un homme est venu me voir pour me dire que la chanson de Michel lui faisait devoir de demander pardon à sa femme…

Ce matin.. j’ai dis Mike… TU VIENS DE SIGNER LE MANIFESTE DU PAYS OEUVRE D’ART

Merci Raymond-Louis
tu as vu 2 coups d’avance

Pierrot vagabond

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Dans un clip filmé par Marlene Auld , sa talentueuse compagne depuis 35 ans …Michel Woodard , qui fut un brillant chansonnier-magicien de la iere année des Deux Pierrots, se fait complice aujourd’hui et cela depuis 14 ans maintenant, dans notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) de notre doctorat sur la vie personnelle oeuvre d’art, le pays oeuvre d’art et la nano-citoyenneté-planétaire et dont le titre sera celui de SA CHANSON-MANIFESTE….. JE TE DEMANDE PARDON… qu’il chante ici lors de notre prestation  commune au collège Jean-de-Brébeuf …  sous la présentation d’un grand rêveur RAYMOND-LOUIS LACQUERRE.

Notre doctorat … JE TE DEMANDE PARDON ….a pour objectif de faire de notre équipe de recherche  (Auld, Woodard, Rochette) …. des artistes en résidence à l’institut d’intelligence artificielle du Québec pour créer par le biais de milliards de téléphones cellulaires l’INSTITUTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE SUR TERRE … ( Sur google ….  nano-citoyenneté-planétaire)

RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

Marlene Auld , de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette), qui par sa vocation de créatrice en art de la mode et de pédagogue-enseignante  …. prend soin de la beauté du monde  …. tout comme sa vie personnelle oeuvre d’art en jardine LE RÊVE EN ACTION ….. avec la même pureté de k-oeur que  L’HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES …….  DE GIONO,

2579,

2579… Marlene jardinière LA MISE EN THÉORISATION CANTIKATIVE DE L’ARCHÉTYPE HOLOGRAMMIQUE DE MARLENE LA JARDINIERE LUMIÈRISERA UNE VARIABLE DU CHAMP CONSTELLAIRE PAR LE TÉMOIGNAGE D’UNE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART EN ACTION AU SERVICE DE LA BEAUTÉ DU MONDE… FAISANT AINSI DES JARDINS DE MARLENE UN SYMBOLE UNIVERSEL DES 4 QUESTIONS DE TOUTE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART DANS L’ALGORITHME SOCIAL «WOW-T=2.7K?»

February 3, 2019 Pierrot le Vagabond Chercheur

Quel magnifique conseil d’administration de la créativité nous eûmes ce dimanche matin (Auld, Woodard, Rochette).

Après avoir passé plusieurs années à réfléchir sur deux archétypes hologrammiques (Michel le concierge et Pierrot vagabond), nous voilà maintenant outillés par des concepts théoriques qui nous permettront d’architectoner l’archétype le plus important de nous trois, celui de Marlene la jardinière.

Marlene nous apparaît la démonstration même au quotidien (à l’exemple même de l’homme qui plantait des arbres de Giono) que la création d’un axe entre une personne (Marlene Auld) et son archétype (Marlene la jardinière) libère l’existentiel de son propre poids ontique, créant ainsi un champ constellaire , bruit de fond même d’un rêve big bang comme l’est le 2.7k? pour le multivers.

à suivre…

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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

 

Pierre David, et Pierre Rochette, les deux Pierrots sur scène

 

C’est grâce au talent d’orchestrateur exceptionnel de Robert Ruel, PROPRIÉTAIRE CRÉATEUR  DES DEUX PIERROTS ….  que la chimie entre nous deux a pu s’harmoniser DÈS LES PREMIERS INSTANTS  DE LA FONDATION AU PRINTEMPS 1974 …. dans l’euphorie d’un rêve vécu à trois (Robert, Pierrot David, Pierrot Rochette)

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PressReader - Le Journal de Montreal: 2009-06-05 - Le 35e anniversaire des Deux  Pierrots

ROBERT RUEL …. Le plus grand et le ier des TROIS PIERROTS parce que LEUR maître d’oeuvre durant 46 ans , sa tendre compagne LISE et leur passionnée fille MARIE-LOU qui a grandi dans l’âme de notre rêve à nous trois …. (Robert Ruel, Pierrot David et Pierrot Rochette)  …. Marie-Lou  qui, ces dernières années.  a pris talentueusement la relève à la direction artistique au quotidien de la boîte à chansons LES DEUX PIERROTS dans le Vieux Montréal. Sa relation professionnelle avec l’équipe des chansonniers-animateurs fut réellement appréciée de chacune et chacun… bien appuyée par Jean-Marc Lavoie, bras droit d’une infinie loyauté franche des belles années avec Robert… dont je me dois de célébrer ici la personnalité des plus rassembleuses.

 

2 Pierrots | Bars Montréal Vieux-Montréal - Vieux-Port | Loisirs et  divertissements | Bonjour Québec

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Le roman de Pierre Rochette …..L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….  retrace la période des boîtes à chansons au Québec à partir du cheminement de l’auteur. ( Claude Demers ……  www.demers.qc.ca)

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Pierre Rochette

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT (PIERRE ROCHETTE)

Chapitre 2 – LE VIEUX MONTRÉAL

1

l’île de l’éternité de l’instant présent

Claude Gauthier

Claude Gauthier

Je n’avais jamais encore réveillé mon père en pleine nuit. Mais ce gardien des légendes à genoux déclarant son amour, ce canot glissant sur le lac en brume, cette brillance traînant, par après, dans les yeux de tous, enfants comme adultes, tout ça m’avait ébranlée. Ce n’était pas du théâtre. Mais qu’était-ce donc ? C’est au dortoir que je me rendis compte de la magie tournoyant d’un lit à l’autre. Anikouni permettait à ces enfants démunis de s’évader peut-être ? Non, il y avait une autre chose que je ne comprenais pas et qui me rendait follement amoureuse de lui. Une absence présente ou une présence absente, comment dire, comment dire ?

Mon père se leva, enveloppé d’une doudou bleu et jaune et s’installa dans sa berceuse, soutirant quelques bouffées de fumée de sa pipe. Il avait développé avec moi cet art de n’être qu’oreille quand, dans ma bouche, le flot des sentiments ou humeurs devenait trop confus.

Papa, depuis hier soir, je me meurs enfin d’amour.

Je sus par la manière dont il mâchouillait le manche de sa pipe qu’il retenait des larmes de joie. Il aurait voulu me poser mille questions mais…. On n’arrose pas d’eau fraîche une fleur qui a besoin de soleil pour assécher ses craintes. J’ajoutai…

Cet amour me fait souffrir
Vous devez bien vous en douter
Y a des douleurs qui se racontent mal
J’ai trop de passions bouillant en dedans de moi
Pour que je me sente bien de les vivre à la maison
J’aimerais me louer un petit meublé demain
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

Le ton était malgré moi un peu cassant. Mon père sentit qu’il ne souffrirait aucune contradiction. Quand il se leva pour boire un peu d’eau, je sus qu’il venait d’être touché en plein cœur. C’était sa manière à lui de me dire qu’il était d’accord même s’il aurait aimé que cela se passe autrement entre nous deux. Nous étions tellement différents au niveau des émotions. Lui admirait ceux et celles qui brûlaient de passion à la recherche du sens de leur vie. Mais il préférait pour lui-même le bel immobilisme heureux. Il me baigna d’une sorte de morale grand-père exprimée dans les mots suivants :

Il faut que jeunesse se passe.
Il est probablement bon que la tienne se passe ainsi
N’est-ce pas ?

Papa,
Il est possible que durant les prochains mois
Je vive des choses très difficiles
En mettant de côté le père qui vit en vous,
Y a-t-il des souffrances de vous
Qui pourraient me servir de guide
Si oui
Auriez-vous la bonté
De me les raconter ?

La lecture de l’encyclopédie nous avait permis à mon père, ma mère et moi de développer des formules de politesse du cœur, telle « auriez-vous la bonté de… » Quand mon père tombait amoureux d’un nouveau mot,, il en parlait pendant au moins une semaine. C’est ainsi que, dans notre vocabulaire familial, le mot « pitié » fut remplacé par « compassion », « bonheur » par « équanimité », « charité » par « bienveillance », « angoisse » par « abandon » et « obligeance » par « bonté ».

Papa, lui redis-je
Auriez-vous la bonté de me raconter
Vos souffrances ?

Il savait, je pense, qu’en reprenant ses propres formules, je retraverserais à l’envers le pont délicieux du cœur que lui-même avait construit entre nous deux, au fil du cœur des années de nous deux. De toute ma vie, je n’avais jamais vu une seule larme couler sur son visage. De fait je ne l’avais jamais vu souffrir ne fusse une seule fois. Alors personne ne m’avait enseigné la souffrance et j’avais si peur d’aller seule à sa rencontre.

Deux larmes lentes, rares, solides refusèrent de céder entre ses paupières.

Ce n’est pas parce qu’un père
Se retire discrètement devant la vie privée de sa fille
Que l’homme en lui
Se sent prêt à assumer son dire.

Il me dit simplement en signe de bénédiction paternelle

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage
Bon voyage amoureux ma fille

Cette phrase avait une réelle signification pour nous deux. Dernièrement, nous en avions discuté âprement. Imprudemment, j’avais avancé l’hypothèse qu’une si belle manière de dire ne pouvait provenir que de l’Odyssée d’Homère. Mon père, en chercheur assoiffé, parcourut l’encyclopédie et découvrit à la page 585 du livre dix de Larousse que de fait, cette phrase provenait du premier vers du sonnet XXX ! des Regrets du poète Du Bellay, peignant ainsi la nostalgie du pays natal. Le lendemain matin, je retrouvai donc l’explication écrite sur le tableau noir de mon enfance. Moi qui m’étais toujours demandé comment on pouvait faire un si beau voyage à traverser de si pénibles aventures, comme le racontait l’iliade, je venais d’avoir une hypothèse de réponse. Le voyage atteint sa beauté quand on a la chance de retourner au pays natal pour y mourir en paix entouré de ceux qu’on aime.

Donc mon père me signifiait surtout qu’il serait là à chacun de mes retours. Mais curieusement, la logique du propos me conduisit à lui poser une question fondamentale :

Papa
Vous ne m’avez jamais parlé
De votre pays natal ?

Je me rappelle, nous étions en train de dîner. Ma mère avait baissé les yeux et mon père, prétextant un retard, m’avait passé la main autour du visage pour que le silence soit moins difficile à accepter. Se pouvait-il que son pays natal n’eût été que celui de la souffrance ? Et qu’il n’y a aucun Ulysse qui retourne finir ses jours dans des lieux qui lui ont fait trop mal ?

Cette question n’avait jamais été réglée entre nous. Elle succédait donc à mes demandes d’auriez-vous la bonté de…. Jusque dans le fond de la pupille de mes yeux. Que j’aurais aimé qu’il se dévoile cette nuit-là, qu’il brise à jamais notre bulle de conte de fées. II me serra bien fort dans ses bras, me signifiant par cela qu’on ne demande pas à un conteur de souffler sur la seule chose qui fut magique dans sa vie, son château de cartes. Et nous retournâmes nous coucher.

Au réveil par contre, ce ne fut pas la même histoire avec ma mère :

On n’abandonne pas son cœur à un pur inconnu
On se renseigne un peu avant,
Miel

Ne m’appelle plus Miel
Maman
Plus jamais Miel entends-tu ?

Je fus surprise moi-même de ma colère. Plus la sienne montait de me voir rompre toute amarre, plus la mienne l’enterrait à coups de hache contre l’anneau du quai. Cette tension soudaine, entre nous, nous étonna toutes les deux. D’autant plus que nous avions cultivé, en famille, l’éducation que donne la beauté des mots quand on est passionné de la langue française.

Je t’interdis de lever le ton dans cette maison, répliqua ma mère.

Et moi je t’interdis de me traiter comme une enfant osai-je

On ne parle pas comme ça à sa mère.

On ne cherche pas à écraser sa fille de vingt et un ans.

Moi je cherche à t’écraser ? Mais tu perds la tête, Miel

Mon nom c’est Marie, Marie Gascon
Terminée l’enfance.
Puis si ça ne fait pas ton affaire…

Et je lui fis un doigt d’honneur qui me mérita une gifle. J’atteignis la limite du vulgaire. Au moins le mot défendu beaucoup plus pour la laideur que pour son côté provocateur, n’avait pas été prononcé. Et je me retins, je crois, juste par respect pour cette douceur de vivre que la lecture de l’encyclopédie nous avait permis durant toutes ces années, mon père insistant pour que le miel des mots parfume le palais du dire quand on ouvre la bouche.

Je faillis cependant lui sauter dessus. Mais je me rappelai que tout Ulysse pour faire un beau voyage doit pouvoir un jour retourner au pays de son enfance. Ma mère s’enferma dans sa chambre. Je remplis l’automobile de mes effets et partis avec l’impulsion colérique de ne plus jamais donner de nouvelles. Je venais de passer de vingt et un ans à dix-sept ans tout d’un coup. On ne saute pas d’étape dans la vie, je venais de m’en rendre compte pour la première fois, cassant le pot de Perrette, telle une vraie adolescente, pour que le lait réintègre le sein maternel.

Tout ce que je savais de mon coup de foudre, c’est que ce gardien des légendes chantait dans le Vieux Montréal, au café Saint-Vincent, sous le nom d’artiste de Renaud. Robert, le directeur du camp, l’avait engagé sous la recommandation d’Isabelle, éducatrice au camp Ste-Rose.

Je n’avais jamais entendu parler de la boîte à chanson le St-Vincent. J’avais conservé un article de journal mentionnant que, depuis l’Expo 67 de Montréal, toutes les boîtes artisanales où se produisaient ceux qui composaient leurs propres chansons et qu’on appelait chansonniers étaient tombées en désuétude à travers le Québec.

Parmi les plus connues : Le Cro-Magnon à Québec, le Grenier à St-Jean, L’Épave à Jonquière, l’Escale à Granby, l’Étrave à Percé, le Funambule à Chicoutimi, le Hibou à Hull, le Garage à St-Donat, le Pigeonnier à Côte St-Paul, le Pirate à St-Fabien, le Rakakas à St-Hyacinthhe, le Rupin-Noir à Trois-Rivières, le Sagittaire à Rouyn, le Tombeau à Berthierville, les Varveaux dans le Bas du Fleuve, l’Astrid aux Îles de la Madeleine…

Ne restait guère que les deux plus anciennes : la Butte à Mathieu à Val-David dans les Laurentides et le Patriote de Montréal. Je fréquentais le Patriote sur une base régulière, au milieu d’un noyau dur de féministes qui adoraient Clémence Desrochers créant et produisant ses revues à titre de locataire du deuxième étage. Mais le café St-Vincent du Vieux Montréal n’avait jamais été mentionné comme faisant partie du circuit. Comment on sait qu’on se retrouve dans un lieu où un jour, très bientôt, l’instant présent sera magique ? Une impression de marcher temporairement dans une matrice, je crois, d’un quelque chose à la veille de naître. Un parfum de contre-culture d’où est en train de surgir, à son insu, une nouvelle mode qui déferlera dans presque toutes les villes et villages du Québec sur une période de dix ans. Mais quand même, on sent qu’il se passe quelque chose…

Nous sommes le 30 juin 1973 vers 10 heures du soir. Tout est à louer dans une maison de la rue St-Paul. Étrange. Je me réserve une chambre. Je descends la rue Notre-Dame, ne rencontre personne. J’arrive à la Place Jacques-Cartier…. Quelques touristes. Je passe par la ruelle des peintres. Tous les artistes sont là grelottants un peu en cette soirée fraîche mais pas d’acheteurs pour leurs œuvres. De fait, je me dirige à l’oreille parce que j’entends chanter au loin… Au bout de la ruelle des peintres, deux portes de garage ouvertes…. J’approche…. Un chanteur sur un tabouret, guitare à la main, micro rudimentaire à la voix. La trentaine de personnes présentes reprennent en chœur chaque phrase de la chanson. Je suis bouleversée. Ici on ne chante pas, on vit tous la même chose à travers un chant qui aurait pu être n’importe lequel. Ce n’est pas comme au Patriote. Il n’y a pas un artiste en avant qui chante et un public qui écoute. Non, j’ai la sensation d’être partie prenante de quelque chose d’unique que je ne peux identifier, même si je suis la seule, à l’extérieur, les deux bras appuyés contre le bac de fleurs de la fenêtre ouverte des portes du garage.

Chanteur

 

Sur la rue du palais
Salle sur la rue du palais
Chanteur

Y a une bien belle fille lon la
Salle Y a une bien belle fille

Elle a tant d’amoureux (bis)
Qui lui donneraient la lune lon la
Qui lui donneraient la lune

C’est un p’tit québécois (bis)
Qui eut sa préférence lon la
Qui eut sa préférence

On dirait que chaque mot chanté plonge dans mes racines au plus profond de mes frissons de vivre et je nage en moi-même en chantonnant moi aussi, heureuse, si heureuse.

C’est en faisant l’amour (bis)
Qu’il parlât de mariage lon la
Qu’il parlât de mariage.

Marie si tu voulais (bis)
On habiterait ensemble lon la
On habiterait ensemble.

Je m’appelle Marie. Et Renaud qui m’aperçoit au moment même où il prononce mon prénom sans se douter que c’est exactement le mien. Il semble ne pas me reconnaître, mais que c’est délicieux d’être tous canotés par le même refrain, sans prétention, sans apparence, que de la magie dont je ne peux saisir la nature.

Un grand petit pays (bis)
Trois fois plus grand que la France lon la
Trois fois plus grand que la France

Aux quatre coins du pays (bis)
Quatre phares sur le monde lon la
Quatre phares sur le monde

Au cœur de ce pays (bis)
La terre est si profonde lon la
La terre est si profonde

Tous les Tremblay les Roy
Les Gagnon les Dubois
Pourraient y boire ensemble lon la
Pourraient y boire ensemble

Et nous ferions l’amour (bis)
Des savants des poètes lon la
Du beau monde
Et des fê…tes.

Et l’on applaudit comme je n’ai jamais entendu applaudir auparavant, comme si le monde se félicitait de vivre tant de magie avec presque rien, le chanteur n’y étant d’ailleurs pour presque rien. On aurait dit l’atmosphère des peintures de Renoir… des impressions… à la fois fugace et….

Une femme vint finalement me chercher. Elle se présenta à moi comme étant la propriétaire, Madame Martin. Elle me raconta, en riant, que le lieu fut jadis un salon funéraire et qu’on y chantait d’abord pour faire danser les morts, pour pas qu’on oublie de vivre pendant qu’on est encore vivant. Elle ajouta avec fierté qu’elle était la compagne du grand poète Paul Gouin et qu’ils vivaient ensemble au troisième étage, juste au-dessus des vivants et juste en dessous des morts.

Vous êtes mieux d’entrer en dedans ma belle
Le soir les morts se promènent dehors.

Nous passâmes à travers les tables. Elle me présenta à tous et chacun. J’aimais sa façon d’orchestrer l’atmosphère de son univers, avec fermeté et tendresse. Elle demanda à la bande de Clermont de se tasser un peu pour que je me sente bien accueillie à ma première visite dans le Vieux-Montréal.

Cette petite fille-là est toute seule
Prenez-en soin parce que vous allez
Avoir affaire à moi
Ma bande de maquereaux et de pucelles

Jamais je n’oublierai Clermont. Bandeau sur la tête pour cacher une calvitie précoce, barbe généreuse, il carburait à l’amitié. Il avait obtenu le privilège d’être toujours assis à la même table, sur la même chaise, entouré de ses amis. C’était un homosexuel discret et chaleureux qui adorait le monde des animateurs-chansonniers comme il les appelait pour les différencier de leurs aînés compositeurs de la première génération des boîtes à chanson, soit les Félix Leclerc, Pierre Calvé, Jean-Pierre Ferland, Claude Léveillée, Claude Gauthier, Pierre Létourneau, Gilles Vigneault et Raymond Lévesque. Pour ne mentionner que les plus connus.

 

Clermont me raconta que Madame Martin avait imaginé une formule qui lui plaisait beaucoup. Trois animateurs-chansonniers se succédaient sur la petite scène, chantant des chansons de répertoire dont la fonction première consistait d’abord à permettre à tout le monde de fredonner ensemble comme si on était autour d’un feu de camp. On pouvait réentendre cinq fois pendant la même soirée « Mon vieux François de Laurence Lepage », « au chant de l’alouette des Karrick», ou « le petit bonheur » de Felix Leclerc, en autant que cela permette à chacun de brûler sa branche d’arbre dans le feu de leur joie de vivre.

 

Un nouvel artiste monta sur le tréteau. Petit de taille, à peine grassouillet, il m’apparaissait venu de nulle part et s’en allant nulle part. Clermont me dit :

Il s’appelle René Robitaille
Il y a tellement de légendes qui courent sur sa bohème
Le genre à vendre sa télévision et son système de son
Pour s’acheter un billet aller-retour Montréal-Paris
Juste pour aller entendre chanter Georges Brassens


Jamais saoul mais toujours entre deux cognacs
Il chante avec un détachement qui nous donne tous
La sensation d’être poètes.

C’est ainsi que j’appris que Clermont avait été le premier client lorsque la mère Martin avait décidé d’ouvrir. Et qu’il n’avait jamais manqué un seul soir, juste pour le bonheur de vivre ce qu’un jour, selon lui, tout le Québec connaîtrait à son tour. Une bohème se saoulant dans ses racines.

Ceux qui chantent ici, me confia-t-il
Composent juste quand ça déborde
Y en pas un qui travaille
Pas un qui sait ses chansons par cœur
Ils ont tous des cahiers

Quand ils chantent une de leurs chansons
C’est toujours la même
Parce que c’est la seule
Qui parle vraiment de leur vie entière.

René entonna d’ailleurs les deux seuls classiques de son ami Lawrence Lepage : « Monsieur Marcoux Labonté et « mon vieux François » puis celle de son frère Cyrille « Marie-Lou », puis celle de son ami Georges Langford des Îles de la Madeleine « La butte » Et soudain les cris surgirent de partout :

Le gros Bob d’a coté
Le gros Bob d’a côté

Et René de répondre Comme c’est la seule chanson que j’ai écrite
Je vais peut-être la chanter
Mais ça me prend mon cognac.

Trois autres cognacs arrivèrent sur la scène. Il les cala un après l’autre en faisant lever le coude à tout le monde. Puis, après avoir pris une éternité pour accorder sa guitare, d’ailleurs encore plus fausse qu’au début de l’opération, il s’enferma dans un grand silence de gars qui a soif.

Je m’en vais vous chanter…
La seule composition que je me rappelle
Quand je suis saoul….

Les rires fusèrent de partout.

Mais là il me semble que je ne suis pas encore assez saoul
Je risque d’oublier des paroles.

Trois autres cognacs arrivèrent sur la scène. Il cala à nouveau, raccorda sa guitare, faisant monter la tension. Mais comme c’était un rituel qu’il se plaisait à répéter de soir en soir, on en était parfois rendu à lui envoyer les cognacs avant qu’il ne les demande. Et René finalement de dire :

VOICI LA SEULE CHANSON
DONT JE ME RAPPELLE LES PAROLES
JUSTE QUAND JE SUIS SAOUL
LE GROS BOB D’A COTE

 

J’te vois r’venir chez nous…..par la porte d’en avant
Tu sonnes et je t’ouvre………pis j’descends lentement
Je te prends dans mes bras…..on remonte lentement
On ose pas parler…………….on en a trop à dire

REFRAIN
Si j’avais su t’aurais pu me dire que tu t’en venais souper
T’avais rien qu’à téléphoner chez l’gros Bob d’à côté
Y s’rait v’nu dans maison, y m’aurait dit bonhomme
Bonhomme vient donc répondre, y a quelqu’un là pour toé

De mon châssis chez nous……j’vois la porte d,en avant
Pour te voir arriver…………….c’est là que j’m’installais
Ce matin dans mon rêve………ce matin je croyais
Que tu me revenais……………que tu me revenais

REFRAIN FINAL
A toutes les fois qu’j’entends sonner chez l’gros Bob d’à côté
J’pense que c’est toé, j’pense que c’est pour moé
J’vas aller prendre une bière… Chez l’gros Bob d’à côté

Les applaudissements rejaillirent du bar à la scène. Trois autres cognacs retraversèrent la salle pour que René la rejouât et la rejoue immédiatement. Je demandai à Clermont qui était à côté de Renaud, debout à l’entrée des toilettes »

C’est le troisième chansonnier de la soirée
Le barbu
Marcel Picard
Tellement amoureux de la vie
Qu’il n’a qu’à gratter de sa guitare
Avec un rythme lent incomparable les copains d’abord de Brassens


Pour que la salle se lève debout en transe
Il est le seul à réussir cela.
Ne jamais bouger
Et que tout soit survolté devant lui.
C’est ainsi que le temps fila jusqu’à deux heures trente du matin. Renaud, le dernier à monter sur la scène, annonça la chanson finale de la soirée.

De Jean-Pierre Ferland
Les Immortelles

Vous avez nom que je voudrais, pour ma maîtresse
Vous avez nom que les amours devraient connaître
Mais elles vivront ce que vivent les roses
L’espace d’un vous savez quoi
Ne s’appelleront jamais immortelles
Ne seront jamais qu’un feu de joie.

Je me sentis exactement comme le modèle nu étendu sur le velours rouge pendant que le peintre Modigliani la peignait. Le corps gorgé de sensualité, le ventre gémissant d’espoir du jaillissement de sa verge entre mes reins tendus dans une union intime et parfaitement fondue de deux êtres amoureux.

Vous avez nom que je voudrais
Pour ma maîtres…es…se

La soirée prit fin sur une note veloutée de bohème attardée. Renaud déposa sa guitare dans son étui, serra son cahier dans sa valise, éteignit l’amplificateur.

La mère Martin, comme tous la surnommaient affectueusement, m’offrit un dernier cognac, comme pour me signifier qu’elle m’avait adoptée. Mais n’était-ce pas là son immense talent de tenancière qui faisait que chaque nouveau venu trouvait en ses lieux une famille et une mère de famille ? Lorsqu’elle apprit que je vivais dans une des petites chambres de la rue St-Paul, elle cria pour qu’on l’entende de loin :

Renaud., raccompagne la petite en passant
Y a pas de lumière dans ce coin-là

Elle ajouta aussi en parlant assez fort pour que Renaud l’entende : N’oublie pas de te faire respecter ma fille
Mes animateurs-chansonniers
Ce sont des ben bons gars
Trop bons pour que je n’avertisse pas mes filles
Qu’ils ont bien des manières d’être bons avec elles.

Étonnamment, il n’avait pas fait le lien entre ma personne et le camp Ste-Rose. Faut dire qu’il faisait si noir sous le vacillement des chandelles et que mon chapeau de paille masquait probablement beaucoup plus ma chevelure. Nous descendîmes la rue St-Paul en échangeant très peu de mots :

Je m’appelle Renaud, toi ?

Marie

Ça fait longtemps que t’habites dans le coin ?

Je suis arrivée cette semaine

Tu vis en chambre ?

Oui, pas loin d’ici«

Tu n’as pas peur toute seule ?

Pas ce soir en tout cas.

Nous passâmes devant le restaurant du Père Leduc, ouvert jour et nuit. Les deux hommes se saluèrent. Puis nous marchâmes jusqu’au bout de la rue St-Paul. À droite nichait le café du port, mais nous bifurquâmes plutôt vers la gauche. Sous le pont de la rue Berri, qu’on avait toujours surnommé le pont des malheurs, Renaud me récita un de ses poèmes :

Clair de lune - Agence de diffusion de conteurs

 

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SOUS LE PONT DES MALHEURS

Et si ton corps était un beau ruisseau
Il coulerait lentement le long de la rue Berri
Se faufilant pour s’arrêter soudain, transi comme un voleur
Là ou gît la rue Notre Dame qui ne laisse passer
Que les poètes et les femmes

Passe, Passe, petit ruisseau… te dirait-elle,
Les créateurs ont faim
Ils t’attendent.
Donne-leur ton eau, de l’autre côté dans un tout petit café
Mystérieux, peu connu et c’est tant mieux
Pour les folies des amoureux

Petit ruisseau
Quand mes amis auront bien bu
Ils te jetteront ensuite dans le fleuve, heureuse,
Comme une vierge assouvie gémissant dans l’éternité
L’étrange décor du café du port.
La musique des mots fit de moi une belle au bois dormant, comme la princesse endormie dans les contes de mon père. Je sentis sa bouche approcher de mes lèvres. De mes deux mains, je fis reculer son visage. Puisqu’il m’avait déclaré son amour en Anikouni et qu’il ne m’avait même pas reconnue en Renaud, comment pouvais-je lui faire confiance ?

J’ai déjà rencontré l’homme de ma vie
Lui murmurai-je en le regardant droit dans les yeux

Il pencha la tête de résignation, sans dire un mot. Nous continuâmes notre chemin silencieusement. Rendus à la porte de ma maison de chambres, Renaud me dit en ricanant :

Cela veut dire qu’il faut oublier le café ?

Non mais deux verres d’eau et une chandelle par terre
Ça pourrait faire oublier le café ?

Cela le surprit. J’adorais mettre mon intelligence à la disposition de mes émotions, de ma sensibilité et de mon intuition. Improviser ma vie par compulsion m’avait toujours paru aussi talentueux que pouvaient l’être les personnages des meilleurs romans : Oser, sauter les temps non nécessaires à l’adrénaline de vivre, improviser, provoquer, besoin terrible de provoquer quitte à reculer.

Je servis les deux verres d’eau, allumai la chandelle, me couvrit d’un châle pour cacher la pointe de mes mamelons trop assoiffés de ses lèvres, couvrir la chair au-dessus de mon cœur trop à la recherche de ses bras.

Cela te fait quoi de mourir d’amour
Pour un homme, me lanca-t-il ?

Touchée, j’étais touchée, comme un bateau qui en pleine guerre reçoit une première torpille d’un sous-marin ennemi, les flancs soudain ouverts d’un désespoir innommable.

Es-tu déjà mort d’amour pour une fille ? Répliquai-je.

Le sous-marin replongea aussitôt en lui-même, de stupeur, je crois.

Deux fois, avoua-t-il.
Deux fois

Et je crus réussir en une seule phrase, à obtenir de Renaud ce que mon père avait toujours refusé de m’accorder : La confidence d’une vraie souffrance d’homme et non la magie d’une force imaginaire d’un héros des contes de mon enfance. Mais plus il racontait, plus je voyais dans ses yeux la reconnaissance qu’un tel moment d’instant présent fut possible sur cette terre. Et Renaud s’abandonna à son dire. Et j’en fus séduite, ayant été si assoiffée des mots toute ma vie.

« Elle s’appelait Lola, dit-il. C’était une fille d’une grande théâtralité dans sa bisexualité. Quand elle arrivait au St-Vincent, habillée en homme, elle paraissait en habit, chapeau, cravate et cigare. Les samedis soir, d’un seul regard, elle arrivait à déceler dans la foule laquelle parmi les filles avait des penchants lesbiens. En quelques heures, elle réussissait à harponner sa proie, partir à son bras pour en déguster les fruits durant la nuit. Par contre, quand elle se présentait habillée en femme, je ne connais pas d’homme solitaire et libre qui n’ait tenté, à un moment donné, de la séduire. Mais elle refusait de partir avec quiconque tout en appréciant cette cour désespérée de mâles quelquefois talentueux. »

Renaud ferma les yeux d’extase, je crois, comme on goûte et goûte encore et encore, juste par mémoire olfactive, un vin d’un cru si rare qu’il n’en vint jamais un autre de cette qualité.

Un soir, à minuit exactement
Elle apparut drapée d’une jupe magnifique
S’assit devant moi
Jambes toutes en poésie …. espacées
Exprimant toute la palette de ses sens

Ma voix vibrait à sa chair
Comme sa chair caressait les sons du fond de ma gorge
Il n’y avait que nous deux
Nos deux corps explosés en mille étincelles

À la fin
Elle se leva
Glissa un papier entre ma poitrine et ma guitare…
Et s’enfuit…

C’était son adresse.

Je courus chez elle
Elle m’attendait nue sous une robe de chambre
Dans une chaise berçante.
Je l’ai aimée tendrement
Avec la même musique
Qui a toujours modulé ma voix

Nous n’avons pas dit un mot
Une autre fille dormait dans sa chambre
Je suis reparti

Chacun des soirs qui suivirent sur la scène
Je me demandai :
Viendra-t-elle en homme ou en femme

Un soir
Elle s’est présentée en homme
Vécu un coup de foudre avec une nouvelle cliente
Et repartit avec elle.
Je n’ai jamais revu ni l’une, ni l’autre.

Je suis finalement retourné à l’appartement
Elle avait déménagé sans laisser d’adresse.

Ce moment unique me laissa dans l’âme
Un parfum incomparable d’infinité
Qui ne m’a depuis jamais quitté.

Plus Renaud racontait, plus j’étais odieusement jalouse intérieurement. Non seulement ne m’avait-il pas encore reconnue alors qu’il avait demandé ma main au camp Ste-Rose, mais il me semblait que je ne pourrais jamais égaler la signature de cette femme en ses sens.

Est-ce possible de mourir d’amour
Une deuxième fois lui demandai-je soudain ?

On devrait mourir à chaque fois me répondit-il. Je ne meurs que dans les bras de celles que j’appelle les bouleversantes ou les fascinantes, à l’intelligence presque géniale, aux bouches tristes avec des yeux qui n’en finissent pas de jouir de l’instant présent, uniquement l’instant présent. Au mois de mars de cette année, lorsque je sortis mon livre de poésie, une grande fille, immensément grande s’approcha de ma scène et me dit, ses yeux envoûtant les miens :

Renaud
Mon mari m’a offert ton livre de poèmes en voyage de noces

Pierrot le Vagabond Chercheur |
Comme il est en tournée d’affaires à travers le monde
Je suis venue réaliser un fantasme ;
Que tu me récites tes textes dans un endroit romantique.

Elle avait été modèle nu à l’Ecole des Beaux-arts de Montréal… Je l’emmenai sous le pont des malheurs, puis au café du port. Jean Marcoux, le joueur de violon, propriétaire, nous prêta sa chambre. Sous la poésie de mes lèvres, elle se rythma  de la symphonie de ses doigts, avec une flambée de douceurs comme seuls les mots savent s’incliner devant les sens.

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LE BAL DU VIEUX MONTREAL (p.8)

tirée du livre de poésie, (Pierre Rochette chante le Vieux-Montréal)

Dominique au regard amoureux
qui vendait des bouquets pour les vieux
un poète est venu, Dominique est perdue
perdue dans le bal de la rue

un poète qui buvait sa raison
s’assoyait et vendait ses ballons
Dominique est venue, le poète est perdu
perdu dans le bal de la rue

REFRAIN

l’accordéon qui mélange les saisons
les entraîne dans un grand tourbillon
il lui crie ”viens danser”
viens tourner comme la vie
nous volerons toute la nuit

et les vieux qui volaient les bouquets
les enfants les ballons s’amusaient
Dominique est si belle
le poète est perdu
dans les bras d’mademoiselle de la rue

Dominique avait beaucoup rêvé
la nuit comme les fleurs s’étaient fanées
le poète est perdu, Dominique est partie
car il n’y a plus de bal dans la rue

REFRAIN FINAL

l’accordéon mélangeait les saisons
entraînait dans un grand tourbillon
il criait viens danser
viens tourner comme la vie
dans le bal du Vieux-Montréal

écrit lors de la Saint-Jean
24 juin 1973.

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Les ruelles du Vieux Montréal accueillirent amant et amante, furieusement passionnés de la poésie de vivre l’instant présent. Puis un jour ce modèle nu me dit :

Merci de la belle vie de jeunesse
Vécue en ta compagnie
Je suis maintenant prête
À me consacrer à mon mari.
Et à fonder une famille

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Je ne la revis plus elle non plus.

Le silence surgit soudain entre nous coloré d’une jalousie subite de ma part. Je pris la chance de chanter :

Zum galli galli galli zum Galli zum

Non…. La princesse du camp Ste-Rose, dit-il estomaqué

Comme pour se faire pardonner, il sortit sa guitare et chanta :

Parle-moi, parle-moi, j’ai besoin de tendresse
Il n’en reste pas beaucoup, dans ce monde un peu fou
Ne m’en veut pas, ne rit pas
Je suis homme et enfant
Parle-moi, parle-moi
Doucement et longtemps

Renaud arrêta de chanter au beau milieu de la chanson, comme si tout avait été dit entre nous deux.

C’est magnifique lui soufflai-je
On dirait que c’est le plus beau de toi-même
que tu viens de m’offrir.

Il serra l’instrument dans son étui, se leva et juste avant de quitter me dit :

Il y a deux ans
à l’Eglise,
On a entonné cette chanson
Lorsque je me suis marié

Il sortit comme un vagabond étonné d’avoir commis une erreur dans sa vie, fasciné par le fait qu’une méprise représentât un bien mince prix à payer pour vivre d’instants en instants comme on chante les yeux dans un cahier pour mieux canoter le long de la rivière des mots.

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L’homme derrière le vagabond… Par Daniel Deslauriers

L'histoire du Défilé et Cocktail d'ouverture au Festival de la Baleine  Bleue 2013 à Bergeronnes - Communications Sylvie Bibeau

 

Fou ou génie? Une chose est sûre : ce vagabond-­poète ne laisse  personne indifférent. Son parcours de vie est à l’image des routes  qu’il arpente jour et nuit : tortueux et imprévisible.  Originaire de La Tuque, il a grandi à quelques rues du grand Félix  Leclerc. « Mon père a été le premier, au Canada, à ouvrir une station de télévision communautaire dans les années ‘60 », explique cet ermite des routes. L’expérience a mal tourné. Ruiné et sans le sou, il  confie son fils aux frères du Collège Jean de Brébeuf à Montréal.  « Je peux me vanter d’avoir été le seul pauvre à étudier dans ce  collège en échange d’un peu de travail », dit­il avec un grand rire. Plus tard, il enseignera la philosophie au Conservatoire de musique  de Montréal avant de se consacrer corps et âme à la musique. Il  fonde le groupe Les Contretemps, puis ouvre la boîte Les Deux  Pierrot dans le Vieux­Montréal et chante un peu partout dans le  monde (Afrique, Allemagne, France et Japon). « Je n’ai jamais  manqué de travail », précise Pierre Rochette avec une certaine fierté. Libre comme l’air Mais, l’appel de la liberté le tenaille sans cesse. Et puis, à l’aube de ses 50 ans, en plein spectacle et au beau milieu d’une chanson de Jacques Brel, il quitte la petite scène de l’Auberge La Calèche à Sainte­Agathe­des­Monts en disant :  ­ Tabarnack, laissez-­moi partir!  « Il nous restait encore trois ans de contrat », explique l’imprévisible  Pierrot. « Je ne suis jamais remonté sur scène. »  Son partenaire de scène, Denis Lamarre, ne lui en veut pas. Ensemble, ils ont fait plus de 3 000 spectacles au Québec et chanté  devant plus d’un million de spectateurs pendant les 18 ans de leur association. « Pierrot est un homme sans attaches », dit-­il. « Il a toujours insistépour serrer la main de tous les spectateurs présents.  C’est un homme généreux, tourné vers les autres, mais qui veut rester libre dans toutes les facettes de sa vie. » Il donne ensuite sa maison, ferme ses comptes de banque et  distribue tout son argent. Il laisse derrière lui ses trois enfants, issus  de trois unions différentes, et bon nombre d’amis dans son village  d’adoption, Val­David, où il a été conseiller municipal avant de faire la chasse aux gourous (Médecins du Ciel) dans une saga qui a alimenté les médias pendant plusieurs mois en 1995. Assoiffé de connaissances « J’ai quitté la maison en laissant la porte ouverte avec, comme  seules possessions, les vêtements que je portais et ma vieille guitare  Yamaha. »  Il s’enferme ensuite, sept jours sur sept, dans une bibliothèque de Victoriaville pour « raffiner sa culture générale » et « trouver sa place  dans la littérature mondiale. » Assoiffé de connaissances, il lit  régulièrement une dizaine de livres en même temps en commençant  toujours par la fin. Avec une maîtrise sur le rire en poche, il prépare  maintenant un doctorat en intelligence collective. Le squatter, qui sommeille en lui, s’installe ensuite au sous­sol d’une  librairie alternative de cette ville. Entouré de livres, il dort sur une  table. Il termine alors l’écriture du premier tome (Monsieur 2.7K) de  sa trilogie. Son œuvre compte plus de 3 000 pages. Depuis quelques  jours, ce premier tome est disponible gratuitement sur le web à l’adresse qui apparaît plus bas.  « Je suis un homme choyé. J’ai eu de bons parents et de bons  partenaires de spectacle. Il insiste pour parler de son partenaire  actuel, Michel Woodard, un vieil ami chansonnier qu’il a retrouvé  après 35 ans de silence. Avec lui et sa conjointe Marlene Hall,  ils ont décidé de réseauter tous les « rêveurs équitables » de la planète et  organisent, de façon ponctuelle, des rencontres avec le public. Un  site internet a été créé dans cette foulée ( www.reveursequitables.com).  Vignette (Photo Pierre Rochette 3) Pierre Rochette : l’artiste et le vagabond sont indissociables.

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Pierre Rochette : l’ermite des routes allume les cœurs Par Daniel Deslauriers

Une rencontre inoubliable avec le rêveur équitable Pierrot Rochette | À Voir

 

 

Depuis trois ans, Pierre Rochette pourchasse les rêveurs partout où il  passe. « Je suis comme l’allumeur de réverbères du Petit Prince », dit­il. « J’allume la flamme enfouie dans le cœur des gens que je rencontre  en les incitant à vivre leur rêve. Je vais là où il y a des rêveurs.  Chaque fois que je rencontre quelqu’un, je lui demande : connais­tu quelque part un grand rêveur? »  Pour cet homme à l’allure singulière, chaque humain possède en lui  une petite bougie qui mérite d’être allumée et nourrie. Par peur ou par conformisme bien souvent, les gens passent à côté  d’expériences merveilleuses, selon lui. « Je suis assoiffé de  contribuer à une nouvelle vision : un pays « œuvre d’art » où chaque  citoyen, en rêveur équitable, prend soin de la vie privée de l’autre  sans intérêt personnel caché. Imaginez la fête quand toutes ces  chandelles illumineront le pays. » Tournant décisif Il n’a fallu qu’un seul regard, un simple sourire, pour le convaincre de tout abandonner encore une fois et de prendre la route. « Complètement édentée, c’est probablement l’une des femmes les  plus laides que j’ai rencontrées, mais il y avait plus d’amour dans ce regard que dans tout ce que j’avais pu écrire. » De là est née l’idée de faire le tour du Québec à pied pour écouter les gens et les aider à  réaliser leur rêve.  Avec son bâton de pèlerin, sa vieille guitare et son sac à dos, le vieil  homme à la barbe blanche a traversé le Québec plusieurs fois. Il a  dormi sous des ponts, dans des fossés et sur des congélateurs. Il  mange quand il le peut sans demander quoi que ce soit. « Je me  nourris de toutes ces rencontres avec ces milliers de gens qui  partagent leur histoire avec moi », dit­il.  « Un jour, j’ai rencontré un homme qui sautillait sur place et agitait les  bras comme un fou. Je lui ai demandé pourquoi il bougeait sans arrêt  et quel était son rêve. Il m’a répondu : je veux faire un métier qui va  me permettre de bouger sans cesse. Je l’ai croisé à nouveau sur ma  route, peu de temps après, il était devenu éboueur. Quel beau métier pour cet homme qui avait un rêve. » Documentaire Cette aventure a inspiré la production d’un documentaire de 50  minutes (voir démo au www.enracontantpierrot.blogspot.com). Avec  des moyens de fortune, deux jeunes finissantes en journalisme de  l’Université de Montréal, Véronique Leduc et Geneviève Vézina­ Montplaisir, l’ont suivi sur la route pendant deux ans. « Je l’ai  rencontré par hasard en octobre 2007.  Il avait dormi sur la galerie de la salle de spectacle de mon copain à  Lavaltrie », explique Véronique Leduc. Au début, je l’ai trouvé bizarre. On a jasé un peu, puis il a sorti sa guitare. J’ai été captivé par son  histoire et l’idée d’un documentaire a germé tout de suite. »  « Bien sûr, Pierrot ne fait pas l’unanimité auprès de tout le monde »,  explique Véronique. « Son choix de vie, c’est un peu égoïste dans un sens, mais, en même temps, il est tellement tourné vers les autres. C’est un personnage très attachant. »  Présenté en avant­première au théâtre Le Patriote de Sainte­Agathe­ des­Monts le 30 octobre, Pierrot : Le dernier homme libre s’amène au Café Qui fait quoi du 3428, rue St­Denis, à Montréal le 4 décembre à  20 heures (entrée 10$).  « À 61 ans, je suis hanté par le succès de ces filles. En même temps, je suis complètement déstabilisé parce que le film porte sur moi. J’ai  besoin que la salle soit pleine, pour elles, mais j’aimerais aussi  m’enfouir 10 pieds sous terre, par trop de fragilité. » Au service des autres Son aventure lui a inspiré plus d’une centaine de chansons depuis le  début de son vagabondage. « Je me suis inspiré de la vie de tous  ces gens que j’ai rencontrés au fil de mon voyage. » Pierrot le vagabond est formel : la souffrance est nécessaire pour remplir son coffre à outils. Plus on souffre et plus notre coffre à outils s’enrichit. « C’est aussi le message que je veux transmettre. En fait, si j’ai une  seule crainte, c’est celle de ne pas avoir assez servi. Je ne suis pas  libre parce que je travaille. Dans les épreuves comme dans  l’abondance, il faut s’occuper du rêve des autres. »  Et puis d’un seul trait, après deux heures d’entrevue, Pierrot range sa  guitare et ses souvenirs. « Je dois reprendre la route », dit­il sans  prévenir. « Il y a d’autres rêveurs qui attendent… »  Vignette (Photo Pierre Rochette 1 ou 2) Pierrot le vagabond arpente les routes du Québec depuis plus de trois ans.

La chanson du Camionneur ? - YouTube

1080-91 (un jeune homme de bonté), chap.1, 100 chansons

Un jour j’ai demandé
à un jeune africain
réfugié à Sept-îles
comment il voyait demain

ce jeune de 17 ans
m’a dit bien simplement
je rêve de retourner
dans mon pays maltraité

pour être reconnu
nationalement
comme un homme de bonté

REFRAIN

une chance qu’y pleuvait à sciau
sur ma guitare et mon chapeau
parce que mes larmes me lavaient l’corps
entre Sept-Iles et Bécomo
perdu dans l’parc
d’une route de bois
et d’orignaux

COUPLET 2

moi qui ai donné mes biens
qui marche mon pays
adoré des étoiles
et même de la pluie

il a suffi d’une phrase
d’un jeune noir en extase
pour que brille dans la nuit
sa clé du paradis

je me ferai mendiant
nationalement
pour chanter, ce jeune homme de bonté

COUPLET 3

y a très peu d’africains
qui demeurent à Sept-Iles
qui ont les yeux brillants
et bientôt 18 ans

qui marchent dans la rue
qu’on traite en inconnu
qui font l’ménage la nuit
dans une usine perdue

si vous le rencontrez
serrez-lui la main
en lui chantant mon refrain

Pierrot, vagabond céleste

http://www.reveursequitables.com.centerblog.net

 

 

16 NOVEMBRE 2020…. 26 JOURS AVANT LA FIN DES DEUX PIERROTS… ROMAN DE PIERRE ROCHETTE … L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ …. IER CHAPITRE …. QUI RETRACE LA PÉRIODE DES BOÎTES À CHANSONS AU QUÉBEC À PARTIR DU CHEMINEMENT DE L’AUTEUR…

www.demers.qc.ca

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT

Roman de Pierre Rochette. Poète et Chansonnier

IER CHAPITRE : D’UN INSTANT PRÉSENT À L’AUTRE …

Pierrot le Vagabond Chercheur |

www.enracontantpierrot.blogspot.com …

Bande annonce du documentaire MON AMI PIERROT, LE DERNIER HOMME LIBRE

Véronique Leduc
veroniqueleduc@hotmail.com
et
Geneviève Vézina-Montplaisir
genevievevm@hotmail.com

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Dans un clip filmé par Marlene Auld , sa talentueuse compagne depuis 35 ans …Michel Woodard , qui fut un brillant chansonnier-magicien de la iere année des Deux Pierrots, se fait complice aujourd’hui et cela depuis 14 ans maintenant, dans notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) de notre doctorat sur la vie personnelle oeuvre d’art, le pays oeuvre d’art et la nano-citoyenneté-planétaire et dont le titre sera celui de SA CHANSON-MANIFESTE….. JE TE DEMANDE PARDON… qu’il chante ici lors de notre prestation  commune au collège Jean-de-Brébeuf …  sous la présentation d’un grand rêveur RAYMOND-LOUIS LACQUERRE.

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JE TE DEMANDE PARDON

COUPLET 1

S’il m’arrive de parler au travers de mon chapeau

S’il m’arrive de prendre place trop souvent

Si je m’approprie sans te voir l’espace de ta vie

Si je préoccupe ton âme en secret dans la nuit…

Je te demande pardon…

Je te demande pardon…

 

COUPLET 2

Si je vagabonde poète autour de la planète

Si je suis parti sans avis au détour de nos vies

Si je t’ai volé ton rêve, déserté, laissé meurtri,

Si j’en ai trop fait, trop dit, ou pas assez dans ta vie

Je te demande pardon…

Je te demande pardon…

 

COUPLET 3

Si je n’ai pas compris la beauté du monde d’ici

Si je n’ai pas admis qu’il y a la vie après la vie

Si je suis révolté parce que je suis enchaîné

Si je ne peux te rassurer quand je suis déchaîné

Je te demande pardon…

Je te demande pardon…

 

COUPLET 4

Et si je le savais tout ce temps que je te volais…

Et si je le savais tout ce temps que toi tu m’aimais…

Je n’ai pas d’âme pas de cœur aujourd’hui je le dis…

Je veux changer de vie et d’amour te dire merci

Je te demande pardon…

Je te demande pardon….

 

Je te demande pardon…

Je te demande pardon…

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Notre doctorat … JE TE DEMANDE PARDON ….a pour objectif de faire de notre équipe de recherche  (Auld, Woodard, Rochette) …. des artistes en résidence à l’institut d’intelligence artificielle du Québec pour créer par le biais de milliards de téléphones cellulaires l’INSTITUTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE SUR TERRE … ( Sur google ….  nano-citoyenneté-planétaire)

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RÉSUMÉ DE NOTRE  DOCTORAT EN 300 MOTS

JE TE DEMANDE PARDON…, à toi qui, comme des centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques, se meurt, jour après jour, de faim ou de blessures de guerre, et cela, au nom des 193 états hobbiens onusiens qui, sous la féodalité de monarchies nucléaires, font passer la course aux armements, les guerres et les paradis fiscaux avant TON DROIT MULTIVERSIEL à une vie personnelle œuvre d’art par un rêve big-bang.

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui, depuis plus de 14 ans maintenant, cherche à répondre à la question suivante : AU 21EME SIÈCLE, QUELLE INSTITUTION FAUT-IL INVENTER POUR QUE SUR TERRE, PLUS AUCUN ENFANT NE MEURE DE FAIM OU DE BLESSURES DE GUERRE ?

JE TE DEMANDE PARDON… au nom de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) qui S’ACHARNE à déployer concrètement L’INVENTION DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE, dans le but de contribuer à la déshobbiation de l’O.N.U.  Par  la mise en algorithme de milliards de téléphones intelligents « wow-t=2.7k? » , si possible avec la complicité de l’institut de l’intelligence artificielle du Québec) ,  nous validerons politiquement la création d’une cour suprême nano-citoyenne-planétaire composée de deux assemblées des justes (39 femmes et 39 hommes) élues ville par ville et village par village, et cela par tirage au sort, dans le but de représenter incontournablement et éthiquement toi et les centaines de millions d’enfants-errants-fantomatiques qui souffrent de la même criminalité étatique banalisée que toi.

Dans ce doctorat, PAR UNE MÉTHODOLOGIE DES DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU CŒUR (ier chapitre), le premier à te demander pardon sera moi, Pierrot vagabond (2eme chapitre le rêve big bang), puis mon ami et partenaire de recherche Michel le concierge (3eme chapitre la non-tricherie), pour enfin laisser la parole à sa compagne œuvre d’art, Marlene la jardinière (4eme chapitre, ses jardins coups-de-coeur œuvre d’art).

Pourquoi nos trois archétypes hologrammiques veulent-ils tour à tour te demander pardon? Parce que notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette) veut parler au cœur de l’humanité (5eme chapitre) et non à sa raison. Par le biais d’une CHANSON – MANIFESTE, nous affirmons que l’invention de la nano-citoyenneté-planétaire doit s’accompagner d’un « JE TE DEMANDE PARDON »  , en corollaire de la décision de ne plus tricher par chaque vie-personnelle-œuvre-d’art consacrée à l’ultime question :

COMMENT NOS RÊVES PRENNENT-ILS SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE? (4eme et dernier chapitre).

Marlene Auld , de notre équipe de recherche (Auld, Woodard, Rochette), qui par sa vocation de créatrice en art de la mode et de pédagogue-enseignante  …. prend soin de la beauté du monde  …. tout comme sa vie personnelle oeuvre d’art en jardine LE RÊVE EN ACTION ….. avec la même pureté de k-oeur que  L’HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES …….  DE GIONO,

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Fermeture d'une véritable institution du Vieux-Montréal: Un des 2 Pierrots  est un Latuquois

 

Pierre David, et Pierre Rochette, les deux Pierrots sur scène

 

C’est grâce au talent d’orchestrateur exceptionnel de Robert Ruel, PROPRIÉTAIRE CRÉATEUR  DES DEUX PIERROTS ….  que la chimie entre nous deux a pu s’harmoniser DÈS LES PREMIERS INSTANTS  DE LA FONDATION AU PRINTEMPS 1974 …. dans l’euphorie d’un rêve vécu à trois (Robert, Pierrot David, Pierrot Rochette)

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PressReader - Le Journal de Montreal: 2009-06-05 - Le 35e anniversaire des Deux  Pierrots

ROBERT RUEL …. Le plus grand et le ier des TROIS PIERROTS parce que LEUR maître d’oeuvre durant 46 ans , sa tendre compagne LISE et leur passionnée fille MARIE-LOU qui a grandi dans l’âme de notre rêve à nous trois …. (Robert Ruel, Pierrot David et Pierrot Rochette)  …. Marie-Lou  qui, ces dernières années.  a pris talentueusement la relève à la direction artistique au quotidien de la boîte à chansons LES DEUX PIERROTS dans le Vieux Montréal. Sa relation professionnelle avec l’équipe des chansonniers-animateurs fut réellement appréciée de chacune et chacun… bien appuyée par Jean-Marc Lavoie, bras droit d’une infinie loyauté franche des belles années avec Robert… dont je me dois de célébrer ici la personnalité des plus rassembleuses.

 

2 Pierrots | Bars Montréal Vieux-Montréal - Vieux-Port | Loisirs et  divertissements | Bonjour Québec

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Le roman de Pierre Rochette …..L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ ….  retrace la période des boîtes à chansons au Québec à partir du cheminement de l’auteur. ( Claude Demers ……  www.demers.qc.ca)

pierresivign
Pierre Rochette

L’ÎLE DE L’ÉTERNITÉ DE L’INSTANT PRÉSENT (PIERRE ROCHETTE)

Chapitre 1 – D’UN INSTANT PRÉSENT A L’AUTRE

1

L’île de l’éternité de l’instant présent
leclerc
Félix Leclerc

Le dernier été de sa vie, celui de l’an 2000, fut le plus mystérieux de tous pour ceux qui l’avaient connu jeune artiste. Il chantait au théâtre « Le patriote » de Sainte-Agathe durant le souper, et cela six soirs par semaine, juste avant le spectacle des « girls » de Clémence Desrochers. Mais avec cette particularité qu’il s’était arrangé pour qu’on ne le voie pas. Il montait par une échelle jusqu’à la cabane de l’éclairagiste soudée au plafond intérieur et de là, fredonnait les chansons les plus sensibles du répertoire de sa jeunesse dans le Vieux-Montréal.

Renaud chantait dans ce qu’il surnommait lui-même, la plus petite boîte à chansons du Québec, à cause de sa forme carrée avec à peine de la place pour deux personnes debout. Il y déposait côte à côte, son lourd cahier de 800 chansons, de quoi grignoter, une bouteille d’eau et son journal personnel ouvert à la page blanche du soir, alors que, dans son dos, le baladeur d’éclairage frôlait ses épaules de sa rugosité métallique.

Enfin, il pouvait séparer le paraître et l’être, laisser l’expression de sa voix chaude frissonner dans le théâtre avec la délicatesse de l’intimité comme le fait une bouteille de vin à table. Il attendait chaque soir le moment précis ou son ego se dissolvait dans une béatitude totale, toujours la même et jamais pareille, d’une telle beauté qu’il lui arrivait de perdre connaissance de bonheur sur son banc, le visage bien écrasé dans son cahier.

Il s’abreuvait depuis toujours aux frissons de l’éternité. Cela lui semblait si naturel qu’il n’avait jamais pu comprendre comment il se faisait que l’on puisse souffrir. Son corps de 51 ans lui avait toujours paru en état de jeunesse. La pureté de l’âme, la sensation continuelle de flotter deux pieds au-dessus du sol, le rythme lent, amoureux, étonné, charmé. La sensation de ne rien peser, de se fondre dans le tout avec ravissement, de saisir dans ses mains l’air comme des milliers de pépites d’or. Était-il artiste, poète de la vie, amant de l’être ou son enfant naissant encore aux langes ?

D’en haut, il s’émerveillait de la beauté des humains lorsqu’ils partagent un repas. À un point tel qu’il se faisait un plaisir profond de descendre saluer tout le monde, un par un en disant :

Bonsoir
Je suis votre chanteur fantôme
Je vous souhaite une bonne soirée

Il arrivait qu’il s’aperçoive que certains soient émus parce que telle chanson leur rappelait tel souvenir. Dans ces moments-là, il ralentissait la voix, pénétrait le texte pour que l’instant présent se dénude de facticité afin de s’inonder de lui-même d’éternité.

Il résidait depuis trente années, de façon ponctuelle, dans l’ancienne maison du chansonnier Raymond Lévesque, l’homme de « quand les hommes vivront d’amour «

à dix pieds exactement du théâtre de la Butte où était né le mode d’expression chansonnier au Québec. Ce qui lui avait permis de construire, pierre par pierre, de la maison à la butte, un chemin menant sous cette scène historique où un jour seraient déposées ses cendres.

En fait, il vivait en locataire de la vie chez un ami chansonnier à Val-David comme un vagabond emprunte les sentiers qui lui donnent le bonheur de marcher. À cinq minutes à pied de la rivière du parc des amoureux où il aimait s’épanouir en contemplation, huit minutes de l’hôtel la Sapinière où il adorait se bercer dans la balançoire, quinze du Mont Condor où il sautillait la forêt des Alpinistes et quatre du café chez Steeve où il assiégeait discrètement la table du fond, visage enfoncé dans le mur, pour ne pas être dérangé.

Ajoutez à ça un vieux camion 1977 où l’on pouvait marcher à l’intérieur, dormir au fond et lire des heures étendu sur le plancher. Que du dépouillement, que du minimalisme. D’ailleurs dans cette maison de 14 pièces, il n’en habitait qu’une, meublée par un petit lit simple, un réfrigérateur douteux, une dizaine de morceaux de linge et quelques ustensiles.

Était-il si différent des autres ?. Il lui semblait que non.

 

Il ne fréquentait personne, jamais personne. Il passait seulement dans la vie des gens comme on se croise quelquefois dans la rue. Mais il saluait avec amour ceux et celles dont le cristal du cœur le faisait frissonner de joie à l’intérieur de lui-même.

Par exemple, la femme la plus pauvre du village. Si maigre que le soleil refusait systématiquement de traverser son corps de peur de la faire fondre. Si laide, que les chats, d’une fois à l’autre, refusaient de suivre son ombre rectiligne. Celle-ci, foulard sur la tête, les yeux hagards d’acceptation, semblait immunisée contre quelque regard de qui que ce soit.

Traînant un petit chariot sur deux roues, été comme hiver, elle vendait, pour survivre, les œufs de ses poules, à qui voulait bien en acheter sans jamais mendier un nouveau client. Et quand elle manquait de marchandises, elle allait chez l’épicier du village pour acheter la douzaine que ses poules avaient omis de lui pondre

Cela faisait maintenant près de 25 ans qu’ils se croisaient d’un sourire à l’autre. L’ermite ne lui avait jamais acheté d’œufs. Il ne savait même pas son nom. Il avait maintenant peur qu’elle meure, qu’elle disparaisse de son bonheur de vivre. Il était attaché à elle comme on l’est d’un saule pleureur lorsqu’il annonce de ses plaintes la venue de l’automne.

En cet été 2000, il désirait lui dire autre chose que son habituel admiratif :

Bonjour, Madame
De fait, il modifia :
Bonjour, Madame. Ça va bien aujourd’hui ?

Il lui serra tendrement le bras de ses deux mains. Elle ne fut pas surprise outre mesure.

Vous savez. Continua-t-il,
Ça fait 25 ans cette année que l’on se salue
Et vous ne m’avez jamais vendu d’œufs.

La réponse de la dame pauvre le conquit d’état de grâce :

Ça n’a pas adonné Monsieur

Et ils poursuivirent chacun leur chemin.

Ce qui permit à l’ermite, comme le rituel l’avait dessiné depuis toujours entre eux, de remplir son cœur de cette bienveillance que la vie offre en prime lorsqu’on lui est abandonné.

Il aimait les gens de son village. Mais de loin. Ma Tante Marie s’occupe-t-elle encore des pauvres ? La grande blonde a-t-elle pu aller à sa réunion des alcooliques anonymes ? L’agent d’immeuble a-t-il enfin trouvé l’âme sœur?

De fait, il avait fait des êtres de sa vie au quotidien un manège de respect et de civilité qui tournait magiquement autour de ses silences comme de ses absences. Un matin cependant, un détail annonça de grands bouleversements à venir. Il avait vu Réal Dubois, le propriétaire de la buanderie du village, avec une casquette sur la tête qu’il oublia d’enlever en le saluant, lui qui avait toujours vécu la fierté de l’homme à la chevelure dégagée. Le chanteur pressentit que celui-ci avait un cancer.

Le matin suivant, il croisa Madame Dubois qui semblait différente des autres fois. À travers les années, ils s’étaient dit à peine bonjour ou bonsoir. Mais cela avait créé entre eux une délicatesse telle qu’il pressentit, à son pas vif et saccadé, une détresse inhabituelle. Alors il ralentit le sien au cas où elle aurait aimé se confier.

Réal se referme sur lui-même lui dit-elle
Il rejette mon aide, il se choque après moi
Je n’en puis plus

La femme pauvre aux œufs d’or passa tout près d’eux, puis l’agent d’immeuble, comme ils le faisaient habituellement à cette heure.

Madame Dubois, murmura l’ermite,
Votre homme vous aime comme il vous a toujours aimé.
Il est juste en colère après la vie.
C’est une bête traquée par une maladie dévastatrice.
Il tente de se battre seul
Pour épargner de la souffrance à sa famille

Et tous deux avaient pleuré doucement

Puis un autre événement majeur était survenu pouvant affecter le tournoiement des heures sous forme de chevaux courbant le temps.

Depuis trente ans, il adorait passer en face d’une maison où vivait un couple d’artistes dont il avait toujours admiré la complicité. Ce matin-là, il vit une pancarte à vendre. Même s’il ne leur avait jamais parlé, il ne pouvait supporter l’idée de les voir disparaître de son ordinaire de marche. Alors, il se rendit à l’atelier par derrière. L’homme ciselait, comme il le faisait habituellement à cette heure-là, un morceau d’ébénisterie.

Monsieur, dit-il, je ne vous connais pas
Mais vous ne pouvez pas déménager
Ça fait 30 ans que je me promène devant chez vous
Le rythme amoureux de votre vie de couple me fait un bien énorme
Mon bonheur d’être ne sera jamais pareil
Sans la beauté de votre présence.

L’homme avait été touché. Il lui avait fait visiter l’intérieur de la maison, l’avait présenté à sa femme et même permit de jeter un coup d’œil aux peintures de celle-ci. Finalement, la pancarte fut retirée. Dans la même période, l’hôtel La Sapinière avait déménagé sa balançoire sans l’avertir. Il en avait été blessé. Ce ne serait plus le même rythme, les mêmes arbres, la même beauté d’ombrages. Il était allé voir la gérante pour porter plainte, même s’il n’était pas client. Celle-ci le prit pour un hurluberlu, tout en lui souriant professionnellement.

Une semaine plus tard, Renaud mourut, et je perdis, sans même avoir eu le temps de le revoir, l’amour de ma jeunesse.

Et sa vie s’effaça du réel comme un éclair dans le ciel. Mais vous auriez dû voir cet éclair d’homme quand il avait vingt ans. C’était un chanteur fougueux au café St-Vincent du Vieux-Montréal et un gardien des légendes des plus magiques dans un camp de vacances pour enfants des services sociaux en attente de placement, le camp Ste-Rose.

Mais aurais-je eu le coup de foudre pour lui s’il n’avait pas ressemblé si profondément à mon père ? Car mon père avait été aussi un mémorable conteur. Toute petite, il m’avait appris à lui demander :

Papa, est-ce que moi aussi un jour
Je connaîtrai le grand amour ?

Il me répondait alors en déclamant :

Si chaque nuit tu en fais la demande à la vie,
Elle te rendra plus fougueuse que Scarlett Ohara
D’autant en emporte le vent,
Plus gémissante qu’Héloïse pour Abélard
Dans la nuit des temps,
Plus pure que Juliette dans les bras de Roméo
L’embrassant
De telle sorte qu’un soir, un mystérieux soir
Un beau prince, ombrageux et charmant
Posant genou aux pieds de tes royaux atours
T’offrira et son cœur et son or
Et la terre entière chantera
En cet instant présent
Ils vécurent heureux
Et eurent beaucoup d’enfants
Au paradis…Millénaire
De la poésie des bien-aimés
De l’île de l’éternité

Plus tard, que j’eusse six ou douze ans, lorsque je ne comprenais pas le sens d’un mot, il sortait le volume encyclopédique approprié et en tirait les deux phrases les plus musicalement significatives que nous apprenions tous deux par cœur, juste pour le bonheur du dire, la complicité du vivre, parce que ça sonnait joli comme il aimait le répéter sans cesse.

Mon père adorait l’encyclopédie. Il y avait découvert par la lecture systématique d’un page par page tenace des perles intellectuelles qui lui avaient permis, entre autres, de s’affranchir de toute religiosité. Par exemple, dans l’item « Brahmanisme », section philosophie, il avait débusqué une suite de lignes qui avaient changé sa vie. Il l’avait apprise par cœur, comme tout ce qu’il découvrait d’ailleurs, pour suppléer à une culture qui lui faisait cruellement défaut, n’ayant réussi qu’une cinquième année chez les religieuses.

Brahmanisme : Philosophie
Le divin mythique qui est à la base des croyances et des cultes N’est, aux yeux des philosophes, Qu’un réceptacle au nom indifférent Le but essentiel étant la réalisation du divin.

C’est donc grâce à Larousse qu’il cessa d’aller à la messe.

Papa, lui demandai-je un soir,
Qu’est-ce que la poésie ?

Je me rappelle ce soir-là. Je devais avoir onze ans. Il prit le temps de déguster les différents sens du mot « poésie » de la page 586 à 587 (Larousse1961). Je savais depuis toujours que, durant ses expéditions dans la forêt des mots, je devais garder un silence respectueux jusqu’à ce que, de ses lèvres, surgisse la substance de ce qu’on allait adorer tous les deux. Il prit un crayon à mine, souligna d’un trait d’un fini rectiligne, deux extraits qu’il me lut, de suite, comme s’il avait trouvé le plus inestimable des trésors.

Le poète
Est celui qui découvre
L’immuable virginité du monde
Retrouvant les dons et les vertus de l’enfance.

La poésie,
Elle, n’est évasion du réel
Que pour être invasion de l’essentiel.

Qu’est-ce que l’essentiel lui demandais-je ?

L’essentiel
C’est l’île de l’éternité de l’instant présent

Comme il parlait d’une île, je n’en demandais pas plus, n’attendant que de vieillir pour aller la visiter. Telle cette île d’où provenait Jacques Cartier, le navigateur, dont il me chantait les paroles pour que je m’endorme : A St-Malo Beau port de mer

À St-Malo beau port de mer (2)
Trois beaux navires sont arrivés
Nous irons sur l’eau
Nous irons nous nous promener
Nous irons jouer
Dans l’île
Dans l’île

Il n’en demeurait pas moins, qu’au réveil le lendemain, j’étais certaine de retrouver sur un grand tableau noir recyclé de sa communauté religieuse dont il était, depuis dix ans ,l’homme de maintenance, les mots « poète » et « poésie » suivis de leur définition avec en bas, n’ayant jamais quitté la bordure du tableau, les mots :

L’île de l’éternité de l’instant présent.

Sous la bordure du haut, le tableau, pour m’apprendre à lire et à écrire, mentionnait trois noms : Marie Gascon et celui de mon père et ma mère : Rodolphe et Marguerite. Mais en réalité, on m’avait toujours surnommée MIEL, à cause de mon teint parsemé de petites taches.

Parfois, quand je revenais de l’école et que je me plaignais parce que je n’avais pas de vêtements à la mode, ou que je ne mangeais pas assez souvent au restaurant, mon père exigeait respectueusement, d’un air sévère mais bienveillant, que je ferme les yeux pour déguster avec lui le récit oral d’un texte qu’il considérait comme sacré. Il disait qu’on en avait trouvé le parchemin enfoui dans une bouteille lancée à la mer directement de l’île de l’éternité de l’instant présent habitée par un certain Monsieur Renoir, peintre de son métier. On pouvait y lire ceci :

Je me rappelle
La merveilleuse sensation de légèreté
De ne rien posséder
Qui nous permettait, à Monet et à moi,
De végéter les deux mains dans les poches…

Il faut toujours être prêt à partir
Pour le bon motif
Pas de bagages, une brosse à dents
Et un morceau de savon

Et mon père concluait par une phrase envoyée à la mer elle aussi sous forme de bouteille par le peintre Gauguin, voisin sur la même île, lorsqu’il vécut le paradis de l’amour dans les bras de sa tahitienne Teha’amana

Et le bonheur succédait au bonheur

Oui, mon enfance fut cathédralement magique. Dès l’âge le plus naïf, je pris l’habitude d’écrire mon journal. Et je le faisais lire à mon père qui l’annotait régulièrement dans la marge de quelques-unes de ses réflexions à mijoter pour plus tard, comme il me disait souvent, ma mère préférant ne pas en prendre connaissance.

Son Rodolphe, comme elle aimait l’appeler, m’avait ciselé une bibliothèque qui contenait chacun de mes journaux intimes depuis l’âge de trois ans, les premiers naturellement contenant plutôt des griffes de dessins maladroits. Et tout en haut, il avait inscrit en sculptant artistiquement dans le bois :

Instants présents
De miel en miel

Papa lui demandai-je un jour
Qu’est-ce que l’instant présent ?

Ce jour-là, mon père ne courut pas vers l’encyclopédie comme il en avait coutume à chacune de mes questions. Ses yeux devinrent étrangement lunatiques, comme s’il réfléchissait à une interrogation à laquelle toute réponse en soi demande de la magie, puisqu’elle n’existe peut-être pas

L’instant présent, miel, c’est le plus beau des présents
Offert par les habitants de l’île de l’éternité
À ceux de la planète terre où la souffrance du passé
Se console aux espérances de l’avenir.

Tout cela me semblait inaccessible et bien mystérieux. Valait mieux chanter la chanson de l’île comme finissait par dire mon père, la musique témoignant parfois mieux de l’essentiel que les paroles qui l’accompagnent.

À St-Malo beau port de mer (2)
Trois beaux navires sont arrivés
Nous irons sur l’eau
Nous irons nous nous promener
Nous irons jouer
Dans l’île
Dans l’île

À l’âge de quinze ans, j’écrivis dans mon journal :

J’attends avec passion le grand amour
À quoi bon mordre dans mon adolescence
Puisque toute cette agitation des expériences
Puériles m’ennuie.

À la lecture de cet extrait, mon père écrivit en haut de page, pour que je ne puisse rater son dire :
Miel, il n’est peut-être pas bon
De t’enfermer en toi-même
Comme tu le fais ?
Chaque âge a son devoir de vivre.

Mais je refusais systématiquement tout ce qui aurait désembelli mes rêves. J’escamotais des sorties avec les garçons, danses, fêtes d’enivrement en cachette des parents. Je brûlais d’un feu si pur qu’il me semblait terriblement ennuyeux d’aller m’évaporer en douteuse compagnie. Je préférais dévorer les livres de toutes sortes à la bibliothèque municipale, dont quelques lubriques tel le marquis de Sade ou l’amant de Lady Chatterly, pour au moins acquérir la culture du désir.

Quelques années plus tard, je lus tant et tant que je me retrouvai en littérature à l’Université de Montréal. Pour payer mes études, mon père trouva un emploi au noir la fin de semaine et ma mère accumula de la couture pour le compte d’une manufacture des environs. Que de dimanches nous cousîmes ensemble. Mon père disait souvent, en souriant, que les princesses attendent toujours le prince charmant en brodant de longs et beaux ouvrages. Devant le nombre de soutiens-gorge à terminer pour le lundi matin, j’avoue que ma mère et moi ne trouvions jamais cette taquinerie très à propos.

En juin 1973, je terminai mon baccalauréat. J’avais comme projet une thèse de maîtrise sur la relation « Roméo et Juliette » et le reste de l’œuvre de Shakespeare, avec comme tuteur un homme charmant au nom de John Thysdale. Sa famille étant originaire de Vancouver, il espérait obtenir un poste de prestige à son alta mater universitaire, me faisant miroiter la possibilité de m’y emmener comme assistante de recherche si le destin lui était favorable.

Être ou ne pas être, voilà la question , me dit-il en riant
Ce serait formidable que vous y soyez.

Mais je pris ces propos pour de la badinerie galante provenant d’un homme marié et de toute façon trop âgé pour moi bien qu’attrayant de sa personne et ne m’en souciai pas plus qu’il faut. Je me rappelle avoir fêté mes 21 ans, seule devant un verre de vin à la santé de mon intentionnelle pureté physique. Je n’osais prononcer le mot « virginité » car cela aurait risqué de trop me déprimer, je crois. Je préférais enterrer le mot sous la passion de mes sens confus à faire exploser, le plus tôt possible, sous le feu d’un grand amour.

J’habitais encore chez mes parents et je continuais d’écrire mon journal. On ne quitte pas facilement le bonheur permanent. Mon anniversaire était toujours l’occasion d’un cadeau particulier de la part de mon père. Depuis ma naissance, à chaque fête, il m’avait toujours sculpté un délicat coffret de bois cadenassé et annoté de l’année avec un mot d’amour glissé à l’intérieur écrit spécialement pour l’occasion.

À n’ouvrir qu’une fois adulte,
M’avait-il répété d’une année à l’autre.

Tu es adulte maintenant,
Tu as vingt et un ans.
Il est temps d’ouvrir les coffres, me dit-il.
Presque plus excité que moi

Je serai une adulte
La journée où j’aurai rencontré mon prince charmant
Pas avant, répondis-je en riant.

Curieusement, c’est ici que commence mon histoire avec Renaud. Quel préambule, Renaud à cinquante et un ans et toute mon enfance avec mon père, juste pour tenter de dessiner émotivement le bonheur parfumé de ce premier instant d’où surgit, sous forme de coup de foudre, l’essence de l’homme qui envoûta le reste de mon existence.

Nous étions de la même race. Impossible de ne pas se miroiter du premier regard. Nous habitions tous les deux le pays du bonheur, moi par naissance et lui par passion de le partager aux autres. Et comme la vie ne fait jamais les choses à moitié, elle nous avait dirigé l’un et l’autre vers le continent de la souffrance, plus précisément au camp Sainte-Rose de Laval, au milieu d’enfants dont les familles étaient trop dysfonctionnelles pour s’en occuper.

Mon père m’avait appris à reconnaître cette contrée par sa façon d’accorder la priorité à la mémoire du passé en la noyant d’avance dans un certain futur. On souffre trop pour déguster la vie et l’on rêve trop de s’en sortir pour croire que c’est « maintenant » seulement qui en constitue la porte d’entrée et de sortie. On vit dans une maison dont on ne peut toucher les murs. On porte le nom de sociaux affectifs. Ceux et celles qui jouent les rôles de père et de mère se remplacent par chiffres de huit heures et se reconnaissent par les mots « éducateurs et éducatrices ». On se sent institutionnalisés. Dort en même temps, mange en même temps, jamais seul ou seule dans une chambre, sauf quand on est mis au rancart dans un coin pour avoir mal agi. Et l’on a peur, constamment peur d’un je-ne-sais-quoi. D’une horrible réalité que des mots d’enfant ne peuvent nommer. Une mince voix gémissant au creux des yeux tristes : Nous sommes les petits errants de l’existence, les « sans nom » de l’ignorance, la miniature cour des miracles du temps qui n’en finit plus de passer et repasser sans vraiment nous apercevoir. Nous sommes les exclus de l’amour.

Qu’est-ce que l’enfance sur ce continent ? Ça se vit dans les filets des services sociaux, d’une famille d’accueil à une autre parce qu’on a traversé l’inceste, la violence associée à la drogue, à l’alcool ou autre dépendance majeure. On se sent ballottés dans un train, celui d’adultes étrangers qui nous amènent faire une longue promenade jusqu’à la gare des dix-huit ans.

Ainsi, le camp Ste-Rose se divisait en trois modules : Les castors, les hiboux et les écureuils. J’étais l’éducatrice du dernier groupe, celui des écureuils.. D’une part, Jean-François treize ans, fils d’un père membre de la pègre, qui pouvait vous tuer d’un seul regard et Natacha douze ans qui m’avait adoptée comme mère et qui travaillait pour que j’eusse envers elle les mêmes sentiments. Et d’autre part, la plus que grassette Chantal et la grande Monique toujours en guerre parce que mal dans leur peau d’antagonistes se moquant des deux jumeaux de huit ans qui avaient passé une partie de leur vie dans une garde-robe et qui ne parlaient pas encore. Entre ces deux clans, des enfants qui partaient et repartaient selon les évènements externes sur lesquels je n’avais aucun pouvoir. C’est ainsi qu’on apprend à ne pas s’attacher pour ne pas souffrir inutilement.

Ma préférée était Natacha, Natacha Brown. Sa mère, psychotique s’était suicidée et son père avait sombré de désespoir dans les abîmes de l’alcool. Elle lisait dans mon âme presque à la perfection. Elle me secondait discrètement quand la violence ou la tristesse sous forme de larmes éclatait dans le groupe. Sans que les autres ne le sussent jamais, elle fut ma préférée, mon unique, mon indispensable. Le 27 juin 1973, vers vingt heures, une ronde d’enfants et d’adultes au visage peinturé, avec plume d’indien au front et couverture sur le dos, envahit la salle communautaire dans le but d’accueillir le nouveau gardien des légendes que personne n’avait encore rencontré. Comme il s’appelait Anikouni, on répéta la chanson parlant de ce personnage de l’imaginaire.

ANIKOUNI SHA A HOU A NI (2)
AH WAWA BIKANA SHAHINA (2)
ELEAONI BIKAWA YA WA (2)

Robert, le directeur opérationnel du camp, demanda soudainement le silence. C’était un homme maigre et élancé pour qui le sens des responsabilités équivalait à un taux de stress intense. Il avait toujours peur à un accident ou même un suicide, ce qui aurait terni l’éclat et la réputation de son personnel dont il respectait profondément la droiture et l’engagement. Tous faisaient leur possible dans une situation potentiellement explosive. On ne pouvait que tendre une corde dans un abime de manque d’amour. Il avait donc expliqué aux enfants le sens des mots indiens de la chanson Anikouni

Anikouni, Toi qui parcours , lacs et rivières
En canot d’écorce rapiécé de tes mains
Ramène-nous la force
Au pays où hier se dessine en demains.

L’événement aurait pu être banal. Mais il fut plutôt chorégraphie d’apprivoisement d’un imaginaire à un autre. Un chef indien, corne au cou, magnifique panache sur la tête, entre s’assoit au milieu sans cesser de jouer du tamtam. Soudain, sans arrêter de marteler le rythme, il incite des yeux un de mes jeunes, Jean-François, à le rejoindre. Ils sont maintenant deux. Puis ce complice continuant seul à battre le temps comme on bat parfois un tapis sur la corde à linge pour le libérer de sa poussière, Anikouni se lève. Par le seul mouvement de son corps dessinant l’espace en collines et vallées, il entraîne les enfants dans des jeux de mains dont l’ensemble orchestre l’air et l’atmosphère. Et tout devient jeu autour de lui. Et lui s’habille de quête. Il cherche, d’un visage à l’autre. Parfois il se retourne pour exprimer en deux ou trois sourires sa soif que rien de cela ne cesse.

Il s’immobilise devant mon groupe. Il suffit que je vois ses yeux pour que la foudre s’élance en moi en un coup terrible, dans un éclair qui me rendit fragile et allumée telle une biche prise au piège alors que le feu de forêt de ce que l’autre dégage s’avance vers elle sous la simple levée du vent des passions, imprévisible en ses tourbillons autour de l’une comme de l’autre.

CAIA… BOUM…

Dans tous les camps de vacances du Québec, ce cri de ralliement permet à un animateur d’obtenir des enfants qu’ils s’assoient sans réplique et surtout qu’après le boum, le silence rayonne de sa personne vers le groupe avec la même exigence d’obéissance aveugle que met le soleil à brûler les yeux de ceux qui oseraient l’impolitesse d’un regard délinquant. Et tout bruit cessa, de quelque nature musicale qu’il soit.

Ce chef indien que je n’avais jamais vu auparavant sortit un parchemin d’écorce de bouleau et lut simplement en me regardant dans les yeux, tout en reculant dans le velours des pas perdus pour le bonheur de se perdre :

Dans la grande tribu des yogs,
Quand un jeune indien…
Tombe amoureux d’une princesse
Il doit gravir la montagne sacrée
Déjouer le gardien de la caverne sacrée
Pour voler le feu de l’amour

Il se mit à zigzaguer, à tourner à l’intérieur du cercle, regardant chaque visage, les bras en mouvement. Puis, s’abandonnant au jeu indien, il mit un genou devant moi, comme si le sol avait été couvert de branches de sapin.

Fille de la forêt,
princesse de la lune et des étoiles,
La foudre a frappé mon cœur de passion pour le vôtre

Qui a déjà vécu un coup de foudre comprendra qu’il te laisse dans un état semblable, non pas au tremblement de terre, mais à la vision cauchemardesque qui suit quelques secondes après, comme si tout ce qui donnait un sens à ta vie s’en trouvait enseveli. Il ne reste que toi et lui, main dans la main regardant du haut de la colline le présent se moquant du passé.

Il se releva

Amis yogs…Tribu des castors….
Tribu des hiboux….Tribu des écureuils….

Je suis amoureux de cette princesse
Je dois retrouver le feu de la caverne sacrée
Et le lui ramener afin qu’elle m’accorde
Son amour éternel

Il entonna alors un canon.
Zum galli galli galli zun
Galli galli zum

Les enfants l’apprirent si vite qu’ils purent continuer seuls. Et Anikouni chanta le couplet en harmonie avec leurs voix.

Le feu de l’amour brûle la nuit
Je veux lui offrir pour la vie.

Et c’est sur la musique de cette chanson, que les enfants, couverture sur le dos et flambeau aux mains de leurs éducateurs ou éducatrices, le raccompagnèrent à son canot . L’indien rama le lac et disparut dans le noir. Et le noir disparut aussitôt dans le cœur des enfants, l’espace d’un instant, comme il en existe tant sur l’île de l’éternité de l’instant présent.

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2Pierrots: La dernière boîte à chansons

Marilou Sciascia Ruel, fille du fondateur et propriétaire du 2Pierrots.

2Pierrots: La dernière boîte à chansons

Mario Boulianne
MARIO BOULIANNE
Le Droit
C’est dans les années 60 que la vague des boîtes à chansons a frappé le Québec.

Que ce soit à Gatineau, à Sherbrooke, à Trois-Rivières, à Jonquière ou à Magog, toutes les villes de la province avaient sur leur rue principale un endroit où l’on pouvait voir et entendre la musique de chez nous. La semaine dernière, le dernier rempart de cette forteresse de la musique francophone tombait : le 2Pierrots annonçait sa reddition.

Située rue Saint-Paul dans le Vieux-Montréal, cette boîte à chanson a été fondée en 1974 par le Hullois Robert Ruel dans la plus pure tradition de l’époque.

En ces temps, Pierre Rochette et Pierre David — ce sont eux les deux Pierrots — faisaient le plaisir des mélomanes. Ils en ont vu passer des grands noms, ces murs de pierres. De Manuel Tadros à Jici Lauzon en passant par le groupe Yelo Molo et le chansonnier gatinois Yanik Pepin, tous ces artistes devaient répondre à un critère de qualité et de talent très élevé ainsi que de répondre à seule condition : offrir un contenu à 70 % francophone.

« Ça faisait partie du contrat d’embauche, confiait Yanik Pepin qui a gratté sa guitare sur cette scène pendant plus de 20 ans. Si on ne respectait pas ce ratio, ça ne prenait pas de temps qu’on devait passer dans le bureau de Robert et il nous faisait comprendre qu’on devait jouer du franco avant tout. »

Mais, cette rigueur concernant le contenu francophone a rapidement fait la réputation du 2Pierrots. Et pendant 46 ans, personne n’y a dérogé, si ce n’est quelques modifications mises en place au fil du temps.

« Il y a toujours eu un band et un chansonnier lors des soirées au 2Pierrots, d’ajouter Yanik Pepin. Et pendant tout le temps où Robert dirigeait la boîte, la priorité allait aux groupes quant au choix des  chansons. Et puisqu’il était interdit de jouer deux fois la même chanson dans une soirée, les chansonniers devaient s’adapter. Avec l’arrivée de Marilou (la fille de Robert Ruel) aux commandes, les choses ont changé et tous les artistes devaient partager leur setlist et s’entendre sur les chansons que chacun allait interpréter. »

Comme au Centre Bell

Malgré cette « compétition » existante entre les chansonniers et les groupes, la priorité était le public.

« Les propriétaires du 2Pierrots ont toujours fait passer le client avant tout, ajoute M. Pepin. Les gens venaient ici pour faire la fête. Ils arrivaient en groupe, en couple ou même seul. Les portiers assignaient les tables aux clients, peu importe s’ils connaissaient ou non leurs voisins. Mis à part les dernières années, il n’y avait pas de bar, que des tables, une scène et des toilettes. Les gens venaient ici pour voir et entendre les artistes. Et pour nous, le 2Pierrots c’était notre Centre Bell. Il n’y avait rien de plus gros. »

Le groupe Tekila, dont le Gatinois Yanik Pepin (à l’extrême droite) fait partie, a animé les soirées du 2Pierrots au cours des dernières années. Les membres du groupe ainsi que plusieurs autres artistes de la fête d’adieu le 12 décembre.

Tourner la page

La semaine dernière, Marilou Sciascia Ruel, la fille du fondateur  qui avait pris la relève de son paternel il y a un peu plus de six ans, a annoncé la fermeture définitive de l’institution de la rue Saint-Paul.

« C’est avec tristesse et nostalgie que je vous annonce qu’une page d’une merveilleuse histoire se tourne trop rapidement. Une histoire de plus de 46 ans toute en chansons, pleines d’émotions. Le 2Pierrots ferme après tant d’années à lâcher son fou avec vous, avait-elle écrit sur la page Facebook de l’établissement. Le 2Pierrots, c’est une histoire de quelques générations, plusieurs histoires d’amour, et de grandes amitiés. »

La propriétaire a pris cette décision en connaissance de cause, croit son employé de longue date.

« Quelques semaines avant le confinement de mars dernier, Marilou nous avait dit que son père voulait vendre le bâtiment qui abrite le 2Pierrots et celui qui était autrefois le Petit Pierrot, juste à côté, et qui avait la Cage aux Sports comme dernier locataire, explique Yanik Pepin. Mais, elle nous disait vouloir garder le 2Pierrots ouvert à ce moment-là. Par contre, avec la pandémie, il était impossible de maintenir le bar ouvert étant donné les mesures de distanciation qui rendaient impossible sa réouverture. »

Par contre, cette semaine au micro de Pierre Arcand, Marilou Sciascia Ruel avouait vouloir faire revivre le 2Pierrots ailleurs que sur l’île de Montréal.

« Ce n’est pas impossible et d’ailleurs, elle en parlait déjà puisque les importants travaux de construction à Montréal limitaient grandement l’accès au bar, ajoute M. Pepin. C’était un véritable problème. En temps normal, on pouvait accueillir jusqu’à 700 personnes par soir et aujourd’hui, les grosses soirées se limitaient à 400. Ce n’était pas très rentable pour la proprio. »

Malgré le choc de la fermeture, les espoirs de voir renaître le 2Pierrots sont bien réels, surtout provenant de la bouche même de la propriétaire.

« J’ai eu le bonheur d’avoir des parents qui m’ont fait grandir dans cet univers musical, dans ces bâtisses mythiques où la passion de la musique québécoise était reine. C’était plus qu’un commerce, c’était un mode de vie, ajoutait Mme Sciascia Ruel dans son message sur Facebook. Mon père a su me montrer (parfois à la dure) la rigueur au travail et l’importance des choses bien faites. Mais surtout, celui qui m’a fait confiance avec cette grande institution qu’il a mis au monde. Le 2Pierrots est bien plus qu’une bâtisse. C’est une âme, et celle-ci restera bien vivante. »

Un dernier show

Enfin, pour clore cette aventure qui a su traverser les époques, un grand « party virtuel » aura lieu 12 décembre. Pour l’occasion, de nombreux artistes qui ont foulé les planches du 2Pierrots seront conviés pour ce spectacle qui débutera à 19 h.

Toutes les informations à ce sujet sont disponibles sur la page Facebook de l’établissement.