LES AVENTURES DE NADZ, OU L’ART EXQUIS D’UNE BLOGUEUSE ACCOMPLIE

J’ai passé les trois derniers jours à la bibliothèque de caraquet à lire le blog d’une serveuse du restaurant GRAIN DE FOLIE, Nadia Lacroix je crois.

Trois ans de passion des mots, plus de 250 entrées, avec un art du blogue qui grandit d’année en année.

L’art du blogue, ancêtre de facebook est un délicieux métissage entre le journal intime et la fenêtre impudique ouverte à l’autre pour que lui ou elle aussi s’investisse de phrase en phrase pour mieux et se connaître et mieux s’apprivoiser existentiellement.

On suit donc Nadia de son départ de la ville, à son retour à sa place natale, son achat d’une vielle maison qu’elle rénove, à son combat contre la maladie, entourée de l’amour de ses proches et de ses deux chats, Picasso et Roxane…

Ce qui me semble le chef d’oeuvre de ce blogue porte le titre LA GRANDE DEMANDE

Je n’ai pu résister au plaisir coupable de vous le partager, en souhaitant à cette Nadz si colorée que le tout un jour soit réuni en un livre, suivi d’un roman car, à mon humble avis, elle a maintenant le métier que donne la passion des mots pour imaginer des histoires, surtout que c’est une lectrice qui dévore les mots des autres, et cela depuis la tendre enfance.

je ne puis que souhaiter à cette grande rêveuse que les 4 questions de mon doctorat en philosophie politique (bien entouré de l’équipe des rêveurs équitables) lui servent de boussole pour l’avenir.

1- QUEL EST TON RÊVE?

2- DANS COMBIEN DE JOURS?

3- QU’AS-TU FAIS AUJOURD’HUI POUR TON RÊVE?

4- EN QUOI TON RÊVE PREND-IL SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?

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Nadz !
La grande demande
nov 24

Oui elle est arrivée, dans un moment où je ne m’y attendait vraiment pas et j’ai dis OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII

Bon ok, ok, pas de panique. On respire, sortez vos kleenex que je vous raconte tout ça dans les moindres détails.

Il était une fois un prince et une princesse. La princesse était pas mal tannée de toujours se faire fourrer, euh pogner, par de simples habitants. Elle rêvait la nuit de se faire kidnapper par un beau prince charmant sur son cheval blanc. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants….. FIN

Rewind, un vendredi soir, la princesse en fait c’est juste Nadz, et c’est loin d’être de la royauté. On planifiait de sortir, mon copain et moi ce soir-là, pour se dégourdir les jambes un peu et faire du soooocial. Il faisait froid, le soleil se coucha de bonne heure et Nadz, assise sur son sofa bien relaxe dans son habit de jogging laid était presque trop bien. Bref, ça ne me tentait plus de sortir, chose que, si vous me connaissez, n’arrive JAMAIS.

Mon chum, lui, avait tout planifié et ne s’attendait certainement pas que je lui garoche une phrase comme »Ah on dirait que ça ne me tente pu de sortir à soir, me semble que je resterais bien à la maison. »

Et lui de me répondre » Ben non Nadz, sort, ça va te faire du bien » (il a eu un peu peur, lui qui avait tout préparé!!!)

»OK OK mais c’est ben pour toi que je sors ce soir parce que moi ça me tente pas » que je lui rouspéta en pleine face.

On invite 2-3 amis à venir boire un peu ici avant de sortir. Moi je ne peux plus boire une seule goutte alors, je les regarde la salive qui coule et je les envie. Rien, je ne me doute de rien, personne n’est au courant sauf ma douce moitié et le band qu’on s’en va voir ce soir-là. Le plus grand des secrets, et le plus beau aussi. Je suis pourtant une personne qui se vante d’avoir une très bonne intuition, les yeux tout le tour de la tête, mais là, rien, je n’y vois rien sauf une autre soirée plate à rire du monde soûl quand moi je tète ma bouteille d’eau.

La soirée se déroule comme toutes les autres soirées du même genre, arrive au bar, l’ambiance est bonne, les gens sont gorlos, la piste de danse regorge de personnes qui piétinent sur place en regardant les autres autour d’eux. Il serait sacrilège de se laisser aller à juste danser et apprécier le moment, il est plus important de ne pas avoir l’air fou. Foutaise!

Je décide que malgré tout, je vais avoir une belle soirée, je me laisse entraîner par la musique et oublie mes petits tracas quotidien. C’est l’fun, le monde est sur le party, ça fait longtemps que je ne suis pas sorti de mon salon alors profitons-en!

Mes amis décident qu’on va aller jouer quelques parties de billard, bonne idée, j’embarque, pourquoi pas! Mon chum me glisse tout sournoisement à l’oreille, té tellement belle à soir que j’te marierais!!! Mon coeur fond, je l’embrasse du regard, le prend par la main et l’attire au fond de la salle pour commencer la partie. Ah qu’il me fait sentir bien malgré tout ce qui se passe dans ma vie.

On joue au billard, on est quatre pourris alors la game va être longue mais on rit et on a tout notre temps. Mes talons hauts me font souffrir, me foutant de tout, comme j’en ai si bien l’habitude, je les enlève et continue la partie juste en petit bas. De toute façon, c’est du tapis et ça me fait du bien. On ris, d’autres gens se joignent à nous, la soirée est bien partie!

Le band revient de leur break de mi soirée. La salle est bondée, le monde est sur le gros party. Je me sens comme si je suis la seule personne totalement sobre mais j’ai quand même du fun alors on s’en fou. J’entends la voix de la chanteuse au micro qui demande à mon chum de se rendre à l’avant. On est présentement au fin fond de la grande salle à la dernière table de pool disponible.

Mon chum part, d’un pas décidé en bredouillant de quoi comme s’il est surpris de se faire appeler au micro. Moi, la nouille, je ne me doute encore de rien, croyant tout bonnement qu’il a simplement dû oublier son portefeuille ou quelque chose du genre. Je continue à jouer ma game de pool nu bas sans perdre une seconde de ma concentration digne des olympiques du billard.

Je sors de ma rêverie en entendant la petite voix gênée de mon chum qui résonne quelques secondes plus tard dans les haut-parleurs du bar.

Nadz….pourrais-tu venir en avant svp

Hein!! J’ai dû mal entendre, c’est quoi s’t’affaire-là! Je fige une seconde, quelqu’un me joue un mauvais tour. Ah fuck it, je continue ma game, je me penche pour fesser la boule quand je ré-entend sa petite voix gênée au micro.

OK là, j’ai pas rêvé deux fois, il est vraiment bel et bien au micro en train de me demander de venir le rejoindre.

Le temps se fige, un million d’idée me passe par la tête, je commence un genre de out of body experience. J’oublie mes talons hauts sur le bord de la chaise, ma sacoche aussi reste sur le comptoir juste à côté de la table de pool et je pars presque en flottant vers la scène qui semble beaucoup plus loin qu’à l’habitude. Les gens se tasse à mon passage et je me fraie un chemin, nu bas, jusqu’à l’avant de la scène.

Mon chum est au micro, seul, et ne regarde que moi. C’est à ce moment que le souffle m’a coupé et que j’ai vraiment commencé à badtripper dans ma tête. Je me suis dis s’il est juste là pour m’annoncer à quel point il m’aime parce qu’il est trop soûl et qu’il ne se comprend pu, well tu va avoir l’air d’une méchante conne. Je me suis alors dit, that’s it, c’est LE moment, il va te demander en mariage. This is it!

Impossible il n’a pas de bague, on a passé la soirée ensemble et je m’aurais douté de quelque chose.

Toute la salle commence à faire Chuuuuuuuuuuuut, tout le monde, même les plus gorlos se taisent. Mon amoureux est le seul qui parle au micro, sa voix résonne à la grandeur du bar et moi la seule chose que je vois ce sont ses lèvres qui bougent et mon coeur qui va me sortir de la poitrine. Il me fait la déclaration d’amour du siècle, en tout cas, c’est ce que j’me dis parce que j’entends souvent le mot je t’aime entre les battements de mon coeur qui me claque dans les oreilles.

Je capote, je capote, je capote, that’s it, j’vais m’évanouir, le coeur va me lâché, je sens pu mes jambes, ça se peut pas, j’vais me réveiller c’est certain. Ok, prends sur toi Nadz et essaie d’apprécier le moment, il n’arrivera juste qu’une fois. Mon chum me dit que exactement 8 mois passé, on s’est rencontré directement où il est maintenant. Et là, j’vois ce moment me défiler dans ma mémoire comme quelques instants avant ta mort et que tu vois ta vie défiler.

Oui, c’est vrai, 8 mois passé j’étais sortie ici avec des amies de filles après une soirée au resto. On était arrêtée prendre une bière et il était là, assis juste à côté de moi, un parfait inconnu. Je discutais alors avec son ami, plutôt je criais après son ami parce que la musique était tellement forte qu’on ne s’entendait pas parler. Il était là, entre nous deux, souriant, beaux yeux bruns. Je me suis sentie cheap de lui crier par dessus alors je me suis présenté à lui, Salut, moi c’est Nadz. Pour lui ce fût le coup de foudre instantané, pour moi, il n’était qu’un numéro parmi tant d’autre. Depuis ce soir-là, on ne s’est jamais quitté et je suis tombé sous son charme dans les semaines qui suivirent. The rest is history…

Je reviens au moment présent, il est encore sur la scène, je suis seule à l’avant de lui, la foule m’ayant fait une place juste pour moi. Il termine son discours en disant quelque chose comme c’est pour cette raison que je te demande si tu veux bien devenir ma femme et sa main se dirige dans la poche droite de ses jeans.

LÀ je capote, je capote, je capote, je suffoque, je ne peux plus respirer, je ne souris plus parce que je me retiens de simplement tomber dans les pommes. Je suis là, en avant de genre 200 personnes, sobre, probablement la plus sobre de tous, nu bas, et l’homme de ma vie s’en vient avec quoi, une petite boite en velours dans la main.

OK LÀ je capote, je capote, je capote, encore plus. Je n’ai RIEN mais RIEN vu venir. Mais quand est-il passé chercher ça cette boîte-là ??? Je n’y comprend plus rien. Lui, le plus bel homme de la salle, le mien, celui que j’adore, est là, à genoux, devant moi, la boîte ouverte sur une bague qui brille et attend que MOI je lui donne une réponse.

Nadz, relaxe, respire, revient dans le moment présent, coudons toutes tes séances de méditations et de yoga ne t’ont vraiment servi à rien. Incapable de répondre quoi que ce soit quand ma tête elle crie OUIIIIIIIIIIII

Je ne peux que hocher la tête en signe de oui, je me sens légère, je vais certainement péter au frette directement ici. Je l’aime tellement d’avoir eu le courage de faire un fou de lui et une folle de moi pour nous donner un moment qu’on se rappellera pour le reste de nos vies.

Je ne peux rien dire de plus, sauf que c’est LUI https://lesaventuresdenadz.wordpress.com/2013/04/23/

Nadz

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Pierrot vagabond

LE JEUNE POÈTE JONATHAN ROY, UN PHARE POUR LA CULTURE CONTEMPORAINE EN ACADIE

J’ai passé une heure avec un jeune homme de 29 ans, rafraîchissant, talentueux, un véritable carrefour humain de la dynamique poétique à Caraquet. Retenez bien son nom Jonathan Roy.

Dans une Acadie mini-politie ( des petites communautés éparpillées qui ont pris conscience d’elles-même lors de la renaissance acadienne de la fin 19ème siècle), état sans nation mais avec une puissance imaginaire inouie (Le poème Évangéline dans la traduction de Pamphile Lemay ayant réussi à fonder une mythologie à image forte, ciment de la culture orale du grand dérangement), l’avenir est déjà sculpté dans les oeuvres culturelles comme le premier livre de poésie de Jonathan Roy… APPRENDRE À TOMBER.
ou brille le poème VOIX RURALE, véritable hymne générationnel d’une Acadie qui se questionne.

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VOIX RURALE

quand le ciment se tait
j’entend des voix, j’entends sa voix
une voix nord vidée
une voix qui se cache
une voix qui sort juste
de temps en temps
une voix camouflage
une voix chasse mal habillée
une voix reine de cours à scrap et de pawn shops
une voix de shoppe dans les tripes jusqu’aux coudes
une voix salie comme les mains qui la parlent
une voix tachée d’huile
une voix emphysème
une voix crachée
une voix rauque
rocailleuse
écorchée
crispée
essoufflée
une voix bouche grande ouverte comme une porte de garage
une voix narine wide open sur le coin de table
dans la nuit poudreuse de février
une voix maganée
une voix de shed qui laisse sortir ses cris
comme des chants sculptés à la chainshaw
une voix plywood
une voix juste bonne à décorer les parterres
une voix découpée à la main
une voix à bâtir des maisons
une voix cabane à éplan
une voix nigogue
une voix rouge
une voix on ice
qui gèle les orteils au bout d’une ligne
une voix nègre plâtre déteinte au soleil
une voix souvenance de bonnes pêches
une voix saisonnière
une voix chomeuse sous la table qui travaille tout le temps
une voix de femme qui attend son homme
une voix chrétienne
une voix païenne
une voix à genoux devant la bonne sainte anne
une voix prière
une voix berceuse
une voix chaude comme un poêle à bois
une voix poème qui sent l’essence
une voix aux accents de skidoo
une voix qui crisse
sur les quais le quinze août
qui crisse
de ne pouvoir dire
une voix à extraire entre les travers de gorges
une voix métaphore à haler au winch
une voix avec le plus haut taux d’analphabétisme au pays
une voix fers à chevals
avec un s sans l’accord de personne
une voix moissonneuse
grugée par la rouille
une voix batteuse
au fond d’un champ
une voix comme l’écho de la voix coyote
une voix nouvelle lune
qui fait le plein au bootlegger
une voix qui s’ostine dans la cuisine
une voix multiple qui s’enterre d’elle-même
entre deux clochers en guerre
une voix discorde
une voix jalouse
une voix paradoxe

une voix que j’aime
des fois

une voix rurale
qui ne pourrait s’écrire
qu’en caractères gras

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Jonathan Roy est né à Bathurst. L’étude de la littérature à l’Université de Moncton et son profond attachement à son coin de pays l’a amené à écrire et à s’impliquer dans la vie littéraire acadienne. Apprendre à tomber, son premier recueil, a été écrit entre Moncton et Caraquet, où il habite. Jonathan est également directeur de la collection Poésie/Rafale aux Éditions Perce-Neige, qui se consacre aux nouvelles voix coup-de-poing de la poésie en Acadie. Il consacre une partie de ses temps libres à la pratique de la peinture et de la photographie, ce qui alimente son écriture.

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UN EXTRAIT D’UN TEXTE DU POÈTE JONATHAN ROY
SUR SA PERCEPTION POÏÉTIQUE EN MÉDIATION SOCIALE DE L’ESSENCE MÊME DE L’ACTE POÉTIQUE

L’idée par défaut de l’artiste, dans la perception collective, le veut généralement solitaire, isolé, voire pas ou peu impliqué dans la vraie vie de la cité. Tout seul dans son atelier, à sa table de travail ou au fond de son bar, il est facile de le cantonner à l’idée reçue de l’artiste travaillant pour lui et pour une poignée de pairs. Comme j’œuvre principalement en poésie, c’est d’autant plus facile de me rallier à ce modèle, d’en faire un archétype à incarner pour réussir, le geste même de l’écriture étant en soi perçu comme étant profondément introspectif et son décodage réservé à quelques initiés.

Or, depuis quelques années, je me suis heurté à un paradoxe important, à une idée a priori difficilement compatible avec cette vision par défaut : il me semblait que la pratique de la poésie, de l’art en tant que prise de parole primale, pourrait pourtant bénéficier à tous, au-delà du carnet du poète, du monde du livre et des lancements peu fréquentés. Il me semblait que les effets bénéfiques d’une prise de parole libre et créative, viscérale, pourraient contribuer à construire des citoyens plus émancipés, plus heureux, et mieux habiletés à prendre la parole pour fabriquer un espace de vie à leur image tout en meublant le mien. Bref, que ce serait peut-être en démocratisant l’expérience artistique, en la rendant accessible à toutes les tranches de la société, qu’on pourrait aspirer à une vie commune moins divisée, opposant ceux qui sont en mesure de prendre la parole et ceux qui ne le sont pas.

En ce sens, dans le développement de ma démarche et de ma réflexion sur les diverses positions possibles du poète et/ou de l’artiste, le projet national de médiation culturelle de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) tombait à point en offrant la chance, par la pratique, d’explorer la zone de convergence entre les deux idées a priori contradictoires, par l’adoption d’un démarche capable de « donner accès et rendre accessible la culture aux publics les plus larges, valoriser la diversité des expressions et des formes de création, encourager la participation citoyenne, favoriser la construction de liens au sein des collectivités, contribuer à l’épanouissement personnel des individus et au développement d’un sens communautaire ».

En début de route, une séance de formation intensive à Montréal, offerte par la FCCF et dirigée par Culture pour tous et les experts, tous plus inspirants les uns que les autres, dont ils ont su s’entourer au fil des années pour réfléchir, développer et expérimenter autour du concept de la médiation culturelle. Un lieu de rencontre dans tous les sens du terme : rencontre avec les intervenants, leurs approches, leur passion commune pour l’art et le bien d’autrui; rencontre avec les autres participants du programme, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, et avec les autres réalités canadiennes, leurs communautés, leurs défis, qui malgré la distance, se ressemblent beaucoup; rencontre, aussi, avec ce nouveau concept qui venait mettre des mots sur un sentiment déjà existant… et dont, justement la rencontre est au cœur, et qui viendrait nous rassembler autour d’un projet commun.

Ensuite, c’est le retour à Caraquet. Le temps fait sa job, les idées mûrissent, je les partage autour de moi et le projet se développe. Et c’est là, au hasard des rencontres, dans l’organicité de la vie communautaire, que je croise Denise, l’enseignante du groupe avec lequel je finirais par travailler, à qui je parle du projet d’écriture que j’ai en tête. C’est que Denise est une enseignante spécialisée, qui travaille avec des adolescents qui évoluent en marge du système scolaire, la classe PHARE. Une gang d’ados, de raccrocheurs, que la vie n’a pas épargnés mais qui m’ont semblé avoir une force, une capacité de résilience que je n’avais certainement pas à leur âge. Du monde qui se sentent tenus à l’écart – du système scolaire, oui, mais qui en plus habitent presque tous en périphérie de Caraquet, du « centre » et ne se sentent pas interpellés par la vie culturelle qui s’y déroule; du monde à qui ça vaut la peine de donner la parole, en somme! Ensemble, on explorerait la question du territoire, de leur territoire, de notre territoire.

On commence donc, en janvier, à travailler ensemble. Et parce que pour écrire, il faut commencer par avoir lu un peu de poésie, on se fait un petit trip de lecture ensemble. 1 h à lire juste de la poésie acadienne, 40 ans de poésie acadienne, à voix haute et à tour de rôle, de Raymond Guy LeBlanc à Dominic Langlois (tous deux médiateurs à leur façon, d’ailleurs, par leur façon de faire vivre la poésie dans les livres, mais aussi à l’extérieur). Faire rouler les mots dans la bouche autrement, c’est déjà une expérience nouvelle pour bien des gens…

Ensuite : cadavre exquis, jeu surréaliste et ami depuis son invention de l’atelier d’écriture. Moi, l’artiste, le weird avec ses jeux de papier plié. Eux autres, les bons déjà sans le savoir. Premier essai, un coup remanié, ça donne ça : « sur la glace la vie/aimera/sans savoir pourquoi/l’aigle agile aveuglera/la vie le ciel rose/jusqu’à respirer/la vieille paix ». Ils sont impressionnés d’eux-mêmes. J’ai toujours aimé les cadavres exquis en ce qu’ils me semblent directement liés à l’inconscient d’un groupe à un moment très précis, comme si les liens étaient toujours plus forts qu’on le croit. Et ici, avec le recul, je le lis presque comme un présage du travail qui nous attendait, des quatre ateliers annulés pour cause de tempête et de la résilience dont j’aurais besoin pour poursuivre. Mais comme dans le poème, « sur la glace la vie/aimera/sans savoir pourquoi ». Et la vie a quand même pris le dessus sur la glace, par amour pour le projet, mais aussi pour les jeunes, que j’avais vus s’allumer (une petite étincelle à la fois) durant les deux premiers ateliers. Et on a fini par finir, par écrire, par explorer le territoire, qui par les écrits proposés, semblait mener vers l’intérieur avant de ressortir.

En formation, le concept qui m’est le plus resté, comme une ligne de conduite, est celui de la nécessaire adaptabilité de l’artiste en situation de médiation culturelle. Dans la zone de rencontre, entre l’idée initiale et l’apport des participants, la nécessité de demeurer ouvert au changement, à l’évolution. Ouvert, aussi, aux nouvelles avenues. Dans ce cas-ci, l’horaire chambardé par l’hiver a eu une influence sur le nombre de participants en mesure de terminer le projet et il a fallu s’y adapter, réévaluer, continuer d’avancer, inspiré par la résilience qui m’avait tant marqué chez les jeunes, lors de notre première rencontre. Yves Amyot, directeur du Centre de création pédagogique turbine, qui était mon mentor dans le développement du projet m’a d’ailleurs beaucoup aidé à laisser aller les premières idées, à revoir le projet en tenant compte des particularités du groupe et des circonstances. C’était au cœur de l’hiver, entre deux tempêtes, alors qu’il était de passage à Caraquet pour donner une formation au nom de la FCCF aux membres de la communauté, pour unir le plus de gens possible autour du concept de la médiation culturelle et par la bande, autour de ce projet précis. J’étais dans le doute et les ressources mises à ma disposition par la FCCF m’ont rassuré.

Je parle d’adaptabilité, aussi, parce que de l’idée d’un territoire physique, nous en sommes plutôt venus à explorer ensemble celle des territoires individuels qui meublent ce territoire, des vies qui s’y déploient. Une dimension qui m’avait échappé jusqu’à maintenant et à laquelle je ne serais peut-être pas venu aussi rapidement si ce n’était du contact avec les jeunes, de la médiation. Comme quoi, par la médiation culturelle, les démarches personnelles peuvent aussi évoluer, que la pratique artistique « professionnelle » pouvait en bénéficier.
Fruit d’un mélange de hasard et de mobilisation des forces, après avoir dû le remettre en raison des délais, Mai et moi avons fini par tenir le dévoilement de l’œuvre dans le cadre d’un Forum provincial sur la médiation culturelle de l’Association acadienne des artistes professionnel.le.s du Nouveau-Brunswick. Et en plus, à la Boîte théâtre de Caraquet, magnifique salle de spectacle surtout destinée au théâtre, aménagée dans un ancien hangar à poisson et gérée par le Théâtre populaire d’Acadie. Le lieu idéal, avec le public idéal pour une œuvre poétique collaborative qui, au final, flirtait aussi avec les arts plastiques, la vidéo et l’art scénique.

Malheureusement, en raison d’une situation hors de notre contrôle survenue durant la journée, aucun des jeunes n’a pu être présent lors du dévoilement, et j’imagine que c’est là une des réalités liées à la décision d’œuvrer avec des clientèles marginalisées. Malheureusement, ils n’ont pas pu voir les réactions du public ému face à la profondeur de leurs univers, à chaque fois qu’ils apparaissaient à l’écran pour livrer, sur vidéo, les textes de leur création que j’avais intégrés à une longue suite poétique.

Parce que je crois qu’ils doivent absolument pouvoir être spectateurs de leurs créations pour saisir la beauté extraite des quelques séances de travail auxquelles ils ont participé, Denise et moi sommes actuellement en discussion afin de trouver un moment pour leur offrir, en classe, le fruit de leur travail. Ils le méritent bien.

Adaptabilité. Résilience. Générosité. Dans les deux sens, toujours. Voilà, pour moi, les premières bases de ma médiation culturelle.

Et pour la suite des choses, après avoir vu la lumière poindre dans les yeux des jeunes, mais aussi dans ceux des autres artistes de la communauté, je l’entrevois, ou du moins je la souhaite, toute aussi riche de projets, de partenariats et d’échanges. Car ce qui en restera, au-delà du beau, c’est un pas de plus vers le vivre ensemble.

+ + + + +

Ce projet a été développé dans le cadre du projet national de médiation culturelle de La Fédération culturelle canadienne-française développé en collaboration avec Culture pour tous et financé par le ministère du Patrimoine canadien et le Conseil des arts du Canada. Je tiens à les remercier, ainsi que mes partenaires du Centre culturel de Caraquet, du Centre de création pédagogique turbine et de l’Association des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick, pour une expérience qui continuera, j’en suis sur, à faire grandir ma pratique artistique.

Par Jonathan Roy

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salutations à un vrai…
c’est un honneur pour moi
d’avoir partagé avec ce poète-rêveur
les 4 questions
de mon vagabondage canadien.

quel est ton rêve?
dans combien de jours?
qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve?
En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?

Pierrot vagabond

CLARENCE LEBRETON, HISTORIEN CORROSIF AUX LIGNES CONCEPTUELLES INTUITIVES

Ce matin, Claude Bouthillier ( pas l’écrivain mais l’ancien sous-ministre des pêches à Ottawa), m’a introduit à un autre personnage typique de la diversité culturelle de Caraquet. L’historien Claude Lebreton.

Je le décrirais comme un historien survolté par des intuitions trop nombreuses pour creuser à fond chacune d’entre elles. Il me fait penser à une abeille gorgée de miel…

Avec lui, les enjeux sont clairs (par exemple le haut taux de natalité des femmes de Caraquet en rapport à la survie, le fossé séparant les purs des impurs, soit les agriculteurs du haut Caraquet (serviles des prêtres) des pêcheurs du bas-Caraquet (aussi libres et insolents que les mic macs)…..

Rien chez lui ne vient du peuple, tout est élitisme ce qui lui donne une essence aristocratique qu’on ressent à chacune de ses phrases… Quand il raconte une histoire, c’est comme comme un vin d’un grand cru… tout en contraste de l’historien Bernard Thériault, que je comparerais à une bière locale d’une très grande saveur défendue ( d’un humour des plus joyeux, des plus accessibles mais des plus subtils de par la solide charpente intellectuelle sous-jacente).

Voici quelques notices biographiques de Clarence Lebreton,  ce savoureux intellectuel acadien:

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Clarence Lebreton naît à Caraquet, au Nouveau-Brunswick, le 14 décembre 1951. Ses parents sont Émilie Chenard et Clarence LeBreton. Il étudie à l’Université de Moncton puis à l’Université d’Ottawa, où il obtient un baccalauréat en histoire.

Durant les années 1970, il fait partie de l’équipe dirigeant la création du Village historique acadien, avec Jean-Yves Thériault, Antoine Landry, Jacques Boucher et Vincent Légère.

Clarence Lebreton devient conservateur en chef du Village historique acadien au milieu des années 19701, poste qu’il conserve durant 9 ans. Il travaille ensuite pour le chef du parti libéral du Nouveau-Brunswick Doug Young. En 1982, il devint directeur de l’Aquarium et centre marin du Nouveau-Brunswick et professeur d’histoire au Centre universitaire de Shippagan.

En 1992, après cinq ans de recherches, Clarence Lebreton publie un livre intitulé L’affaire Louis Mailloux, sur les événements ayant mené à des émeutes dans la ville de Caraquet en janvier 1875. Le livre est critiqué pour sa présentation et ses fautes d’orthographe tandis que certains des faits historiques décrits sont contestés. Malgré la volonté de l’auteur, l’éditeur décide finalement de le retirer du marché. Clarence Lebreton doit plus tard démissionner de son poste d’enseignant au Centre universitaire de Shippagan. Il quitte également la direction de l’aquarium en 1995. Les Éditions de la Francophonie rééditent le livre le 26 juillet 2002, sous le titre La révolte acadienne, à l’occasion de la Fête nationale de l’Acadie. Le texte est corrigé et Clarence Lebreton en profite pour ajouter des documents. L’éditeur Denis Sonier affirme à ce sujet « C’est un livre trop important, d’une richesse au niveau de l’histoire, pour être oublié. ». Le livre connut un certain succès et fut vendu au Nouveau-Brunswick et dans une soixantaine de librairies du Québec, ainsi qu’à Paris.

Il prend la direction du Village historique acadien en 2007, où il a dirigé les travaux de restauration de la première phase et de construction de la seconde phase.

Clarence LeBreton a été sous-ministre adjoint du Développement du Nord et sous-ministre adjoint du Tourisme et Parcs du Nouveau-Brunswick jusqu’à janvier 2011. Il est toujours président de L’Acadie nouvelle, de son imprimeur, Acadie Presse, ainsi que membre du conseil d’administration du portail CapAcadie.com.

Clarence LeBreton a pris sa retraite du Village Historique Acadien à la fin 20105.

À l’automne de 2011, il fait paraître aux Éditions GID de Québec deux ouvrages portant sur l’histoire de sa région, notamment un sur le 50e anniversaire de la municipalité de Caraquet intitulé Caraquet 1961-2011, un album de famille et un deuxième sur l’histoire des pêcheries de la Péninsule acadienne ayant pour titre La Péninsule acadienne, les pêcheries en image.

Pierrot Vagabond

BERNARD THÉRIAUT, HISTORIEN, EX-MINISTRE LIBÉRAL PROVINCIAL D’UNE INTELLIGENCE HORS NORME

Vraiment, je me sens honoré d’avoir passé plus d’une heure avec un homme au sens de l’humour aussi corrosif que la puissance de son architecture intellectuelle lorsqu’il aborde un enjeu, qu’il soit historique, politique ou légal.

Ce Bernard Thériault qui se dit le plus baveux des intellectuels de Caraquet (avec un sourire de politicien qui en dit long sur son charme insolent) est d’une classe à part.

Que j’aborde avec lui l’angle des nations sans états, le bilinguisme soustractif des communautés minoritaires, les dossiers qui risquent de se retrouver en cour suprême, arbitre du droit abstrait des sociétés post-modernes versus les acquis historiques, chaque répartie de sa part me permet de puiser dans un répertoire se balladant de l’histoire de l’art à la philosophie politique avec lequel il danse à son tour les mots et les concepts comme un crabe dans l’eau de l’océan de Caraquet.

Je n’ai pas encore pu aborder le fond du doctorat qui m’anime au sujet du pays oeuvre d’art et des vies personnelles oeuvre d’art par le biais des 4 questions… Mais je pense bien qu’un séjour prolongé à Caraquet risque de me permettre de propager la vision de l’équipe des rêveurs Équitables au sujet du Canada pays oeuvre d’art, au point ou il pourrait arriver que je rencontre le premier ministre du Nouveau Brunswick, L’honorable Brian Gallant.

Voici quelques traits de la biographie d’un personnage plus vrai que nature, le merveilleux Bernard Thériault, aussi baveux d’intelligence que sa légende témoigne de sa discipline à servir l’âme acadienne et la langue française  ( sans oublier sa grande passion: ses recherches sur l’ordre de Jacques Cartier et la patente dans l’histoire acadienne).

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Bernard Thériault (Caraquet, 12 décembre 1955 – ) est un historien et homme politique acadien.

Après des études secondaires à la polyvalente Louis-Mailloux de Caraquet, M. Thériault complète un baccalauréat en arts à l’Université de Moncton puis un certificat en administration de musée de l’École internationale de Bordeaux en 1982. Il trouve un emploi comme historien et curateur en chef du Village historique acadien. Il est impliqué dans plusieurs organismes à vocation communautaire dans la péninsule acadienne, dont le Festival acadien de Caraquet, le Théâtre populaire d’Acadie, la Chambre de commerce de Caraquet, en plus de siéger au Conseil d’administration du quotidien L’Acadie Nouvelle 1.

Élu député de Caraquet lors du balayage des libéraux de Frank McKenna à l’élection générale provinciale de 1987, M. Thériault préside un comité de l’Assemblée législative chargé de trouver une position dans le dossier de l’Accord du lac Meech qui tienne compte des réserves du nouveau gouvernement. Après plusieurs tergiversations, le comité recommandera finalement au gouvernement d’entériner l’entente constitutionnelle au printemps de 1990.

Réélu à trois reprises — en 1991, 1995 et 1999 —, M. Thériault accède au Cabinet le 27 avril 1994, en tant que ministre des Pêches, un poste qu’il occupe pendant trois ans. Il est muté au ministère des Affaires intergouvernementales et autochtones le 21 juillet 1997 un poste qu’il occupera jusqu’à la défaite des libéraux de Camille Thériault lors de l’élection générale de 1999. Il occupera également le poste de ministre de l’Éducation pendant trois mois, en 19981.

Peu près son départ de la vie politique provinciale, il se porte candidat libéral à l’élection fédérale de 2000 dans la circonscription d’Acadie—Bathurst, où il est défait par le député sortant Yvon Godin, du NPD.

Thériault réoriente alors sa carrière et accède à la fonction publique fédérale. Il travaille au ministère des Pêches et Océans à Moncton, où il occupe différents postes, dont un passage en tant que conseiller spécial du ministre sur les questions autochtones et directeur des pêches autochtones pour la région du golfe Saint-Laurent. Sa nomination sera contestée par un collègue. Après enquête. elle sera néanmoins confirmée en appel à la Commission de la fonction publique du Canada2.

Le premier ministre libéral du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham le nomme au poste de chef de cabinet peu après son élection en 2003.

Pierrot Vagabond

LE DÉPUTÉ ACADIEN QU’ON A SURNOMMÉ LE MINISTRE AVEC UN COEUR

Je viens de passer deux heures au restaurant avec ce député provincial élu pour un quatrième mandat consécutif et qu’on surnomme dans sa région, le ministre avec un grand coeur, l’étonnant Hédard Albert.

J’ai pu lui parler du projet de philosophie politique de notre équipe des rêveurs équitables et l’ensemencer des quatres questions pour qu’une masse critique de citoyens oeuvre d’art fasse un jour du Canada un pays oeuvre d’art.

Quelques mots de présentation sur ce grand rêveur immensément au service de ses concitoyens.

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Hédard Albert, député libéral de Caraquet, a été réélu à la 58e législature aux élections provinciales du 22 septembre 2014. Il est leader parlementaire du gouvernement et whip en chef. Il prend part aux séances du Cabinet et est membre du Conseil des priorités et du Conseil des instruments et règlements législatifs.

Il a été élu pour la première fois à l’Assemblée législative aux élections provinciales du 9 juin 2003. À titre de membre de l’opposition officielle durant la 55e législature, il a été membre du Comité spécial des soins de santé et porte-parole dans les domaines d’intérêt liés aux affaires intergouvernementales, aux langues officielles, à la culture et au sport.

Il a été réélu aux élections provinciales du 18 septembre 2006. Le 3 octobre 2006, il a été nommé ministre des Ressources humaines et ministre responsable de la Francophonie. Il a conservé le portefeuille de la Francophonie durant la 56e législature. Il a été nommé ministre du Mieux-être, de la Culture et du Sport le 31 octobre 2007, charge qu’il a occupée jusqu’au 27 septembre 2010. Il a aussi été ministre suppléant du Tourisme et des Parcs du 5 février 2010 jusqu’au 10 mai 2010.

Réélu aux élections provinciales du 27 septembre 2010, M. Albert a été membre du Comité permanent des privilèges et du Comité permanent de la procédure. Il a été porte-parole de l’opposition officielle dans les domaines d’intérêt liés à l’éducation et au développement de la petite enfance, à l’agriculture, à l’aquaculture et aux pêches, à la Commission de la capitale provinciale du Nouveau-Brunswick, aux finances, au développement économique, à Investir Nouveau-Brunswick et à la Société de développement régional.

Il est né à Saint-Simon, dans la Péninsule acadienne. Il a obtenu un baccalauréat ès arts avec majeure en biologie et un baccalauréat en éducation de l’Université de Moncton.

La carrière de M. Albert s’est étendue sur 34 ans à l’École des pêches du Nouveau-Brunswick, à Caraquet, où il a occupé divers postes, y compris celui de directeur. Son association de longue date avec le secteur des pêches et de l’aquaculture a joué un rôle dans le développement d’une industrie importante pour l’économie de la Péninsule acadienne et du Nouveau-Brunswick. Au fil des ans, en plus d’être responsable de la formation des pêcheurs, des employés d’usine et des aquaculteurs, il a été administrateur régional au bureau des Pêches et de l’Aquaculture, à Caraquet. M. Albert a aussi été responsable de la recherche en aquaculture à l’Aquarium et Centre marin, à Shippagan, ainsi que de l’assurance de la qualité, des recherches sur les techniques et méthodes de pêche et des programmes liés aux engins de pêche sélective.

Il a participé à divers projets internationaux de développement avec l’ACDI et d’autres organismes et établissements. Il a participé à la mise en oeuvre d’une association internationale des écoles des pêches francophones ainsi qu’à des partenariats avec la France, la Mauritanie, le Sénégal, la Tunisie, le Bénin, le Togo, le Maroc et Haïti. Il a été représentant de l’Est au sein d’un comité de l’Association des collèges communautaires du Canada, qui évaluait des propositions de projets internationaux.

M. Albert est marié à Ginette Blanchard, et le couple a une fille, Stéphanie. Stéphanie et son conjoint, Éric, ont deux enfants, Gabrielle et Samuel, dont leur grand-père est très fier.
25-7 boul. St-Pierre Ouest Caraquet, E1W 1B8

Pierrot vagabond

MAÎTRE PATRICE LÉGÈRE, UN IMMENSE ARTISTE DU QUOTIDIEN

Vous voulez découvrir une vie personnelle oeuvre d’art dont la poïétique honore l’âme acadienne inscrite au coeur même de la petite ville oeuvre d’art que va devenir un jour Caraquet, sonnez à la porte de Maître Patrice Légère, maître d’oeuvre d’un village de Noel d’un esthétisme étonnant.

Il crée, il pense, il rafistole, il invente… tout est magie chez lui, en lui. A chaque année, des mois dans son atelier à rêver ce qui fera rêver les autres.

Autant j’ai été déçu par la conférence D’herménégide Chiasson, étrange personnage universitaire des Maritimes dont le titre de la conference était: Ou est passé la beauté?…

Pour Monsieur Chiasson, la beauté est un paradis perdu et abandonné par les derniers développements de l’histoire de l’art. Que c’est triste…

Quand on cite Baudelaire (luxe, calme et volupté) pour appuyer son hypothèse, et qu’on néglige l’arrivée de la modernité par les études de Baudelaire sur Edgar Poe et sa redéfinition de la beauté comme l’insolite, qu’on oublie de recentrer son discours dans un angle post-moderniste, on se demande si le découpage de l’histoire de l’art du dit Monsieur a encore quelque pertinence en 2015.

Le passage chez les théoriciens de l’art… de Greenberg (l’oeuvre) à Danto ( la signature) à Didi-Huberman (la poïétique) aurait du provoquer chez Monsieur Chiasson une évaluation moins Marcel nostalgique de la beauté.

La beauté est passée de l’oeuvre comme résultat….. à la décision que c’est beau parce que je le signe (Duchamp et ses ready made, esthétique de l’indifférence) à l’attitude post-moderniste que ça n’a aucune importance que le dit-résultat soit beau ou que la signature soit belle… parce qu’il est BEAU EN SOI que toute personne humaine sur terre entreprenne une demarche oeuvre d’art, qu’importe le résultat ou la signature. (Ici on rejoint  Dewey et le pragmatism américain, comme toutes les nouvelles études en sociologie de l’art.)

Duchamp a déjà dit que de faire de sa vie une oeuvre d’art fut la plus belle réalisation de sa vie d ‘artiste.

Et j’ajoute, à titre d’artiste activiste humaniste pratiquant l’art de l’infiltration sociale par le vagabondage que la Fava de Caraquet de 2016 devrait nommer comme président honoraire Maître Patrice Légère, un grand poïéticien post-moderniste.

Pour conclure…..  Monsieur Chiasson, il est normal que la beauté soit votre paradis perdu parce qu’elle a trouvé refuge chez Maître Patrice devant votre aveuglement institutionnel à en prendre soin de manière pincée. Votre oeil est peut-être un peu épuisé de répéter les mêmes cours à chaque année.

Je me suis mis la place des artistes visuels présents devant vous, Ou est passé la beauté? Mais elle était poïétiquement devant vous Monsieur… c’est pour fêter cela que la Fava existe.

Pierrot vagabond

CONTE 1… MON FRÈRE BIEN-AIMÉ EN QUI J’AI MIS TOUTES MES COMPLAISANCES

” T’as besoin d’un psychiatre, que me dit mon frère
et je vais te…… l’payer…”

On aurait dit une page de l’ancien testament… Yahvé sur la montagne sacrée… Je suis celui qui est…. haleinant quelques paroles divines à Moïse, son perdu bien-aimé.

Faut dire qu’avec mon sac à dos de vagabond-poète rempli de menteries joyeuses, mon vieux case de guitare et surtout mon long bâton de pélerin, on me surnommait souvent Moïse sur les routes célestes de mes joies de vivre, au point ou rapidement je me mis à signer mes courriels: Pierrot, vagabond céleste.

Ce qui est mythologique quand mon frère Yahvé s’exprime, c’est que chaque parole le fait gonfler de vérité au point ou il se métamorphose d’une montgolfière à l’univers, sa création, retenue et ancrée seulement que… par sa maison payée, son $100,000 et plus dans son compte de banque et son discret fond de pension.

Pour un menteux du village engagé pour l’hiver, Caraquet est le lieu par excellence pour sortir ses plus belles menteries et faire rire les dérangés du grand dérangement par un conte dont ils n’ont jamais entendu parler. Le conte de Yahvé et Moïse.

Alors imaginez, moi qui n’avais pas revu Yahvé depuis 10 ans, y m’a pris une idée… Sans l’avertir je me suis retrouvé devant lui… J’adore la beauté de son personnage existentiel… Je pourrais en parler des heures et à la fin, l’univers entier voudrait lui serrer la main…

Mais…que je lui dis… ” J’ai marché de Montréal à Cap Chat pour une poignée de main historique,,, ” et je lui tends la main… surtout qu’on s’était jamais chicané… mais comme on dit… un nomade et un sédentaire c’est comme Mars et Vénus.

Yahvé s’est mis à gonfler, gonfler gonfler au point ou le vent commença à garocher de la pluie sauvage dans ses fenêtres pour lui signaler que la situation était anormalement inquiétante…

” Tas vraiment besoin d’un psychiâtre que me dit Yahvé…en oubliant cette-fois-ci d’ajouter qu’il me le paierait… On ne réussit pas dans la vie sans un jugement professionnel….

Et moi de lui murmurer d’un air coquin…” En attendant le psychiatre, je peux-tu au moins te serrer la main… j’ai tellement marcher pour?…

Yahvé s’approcha de moi, se pencha lentement vers moi, et lentement. cérémonieusement comme si au lieu de communiquer on vivait une communion institutionnelle de calibre international… Yahvé serra ma misérable main de vagabond va-nu-problèmes dans la sienne rentable et rentière et me dit tendrement:

” Ça te fait tu du bien?”

Et moi de renchérir: ” Ça te dérange-tu si je la serre encore un peu… C’est long Montréal- Cap Chat….à pied… pour une poignée de main..

Et Yahvé serra ma main avec compassion en ajoutant… ” T’as vraiment besoin d’un psychiatre et… je vais… te le ………………………………………… payer…

Quand Yahvé prononce le mot payer, on dirait que les cloches du Vatican sonnent pour avertir les fidèles que le magasin de souvenirs religieux va ouvrir pour les soulager de leurs misères cachées sous de la petite monnaie.

Et je dis à Yahvé:

“Tu me donnes-tu le droit de choisir mon psychiâtre?”

Yahvé étonné me dit… t’en connais déjà un?

“Oui… Y passes des fois à la télévision… Ya juste une jambe et y s’appelle le docteur Marcoux… Comme je vagabonde de village en village, y va avoir de la misère à me suivre pis ça va te coûter beaucoup moins cher…”

Yahvé recula d’effroi comme si son fils venait d’être cloué sur la croix… C’est comme s’il avait soudain entendu de son coeur la grande tirade: Frère… pourquoi m’as tu abandonné?

Il recula… mit la main sur son poitrine forteresse, devint pâle et agonisa lentement dans un cri d’amour qui venait du fond de son portefeuille…

“Ca se fait pas aller chez le monde sans téléphoner”

Je pouvais pas lui donner tort… culottes courtes, zona sur les jambes, c’est dur de remplir une église… Si fallait que le pape se présente comme ça sur l’balcon pour bénir… ça nuirait au magasin de souvenirs.

Mais j’aime tellement mon frère… “je lui dis: Je vais repartir pis je vais revenir une autre année quand on inventera une ligne téléphonique pour les vagabonds… et je suis retourné sur mes pas, ai refermé sa porte en me disant… mais quel personnage fabuleux pour un menteux engagé pour l’hiver… m’a pouvoir conter c’te menterie-là devant tous les poêles à bois d’Acadie.

C’t’histoire là a du arriver l’été 2006… A chaque fois que ca me remonte du sac à dos à la gorge, je ris entre chaque phrase quand je la raconte… je me suis dit… bon… on est à Caraquet, le pays historique des menteux, il est temps de se la conter sans passer par la littérature. Me la su donc conter au Tim Horton de caraquet, le 26 juin 2015, 9.03 du matin pour que si mon frére la lit sur mon blogue internet, il sache que je l’aime comme il est….

Le philosophe Roger Savoie, un des grands théoriciens de la révolte acadienne étudiante en 1968 écrivait ceci en 1978 dans un texte universitaire célèbre intitulé Acadie-Anarchie:

” L’acadien sans histoire et sans patrie a bien des choses à dire et à faire… il pourrait soigneusement cultiver ses défauts qu’on lui reproche. Au lieu de se soucier de devenir quelqu’un, il pourrait, comme tous les nomades, profiter du fait qu’il n’est personne. Cet anonymat lui donnerait une énorme mobilité.”

je lui dédie donc, s’il est encore vivant, mon premier conte transcrit à Caraquet, capitale imaginaire d’un pays oeuvre d’art, qui existe depuis toujours, l’Acadie. Le titre: Yahvé et Moïse.

Pierrot vagabond céleste

WOWWW J’AI COMMENCÉ A ÉCRIRE…CE MATIN

Voilà… c’était mur en dedans de moi… Au IGA de Caraquet le matin… le petit restaurant ouvre à 7 heures… Le gérant Monsieur Mario m’émerveille par son intelligence du coeur… Monsieur Patrice qui fait un village de Noel dans son sous-sol ou se promènent des trains électriques, est une source inépuisable de joie de vivre par ses histoires vraies (les deux amies de 102 ans qui se téléphonent, son frère qui a mis un an sur un pont en miniature pour contribuer à son rêve.)

Caraquet c’est l’exemple réussie d’une vie personnelle oeuvre d’art (artiste du quotidien) qui par son village de Noel dans sa cave fait de Caraquet une petite ville oeuvre d’art dans le temps des fêtes. La masse critique c’est un et il me le démontre majestueusement.

Certains jours de pluie, l’après-midi, je vais aller le voir faire oeuvre d’art dans son garage et probablement écrire mon conte de 1000 pages sur mon frère dans le cadre d’un petit village de Noel en miniature de caraquet, dans le silence de nos deux marches vers notre rêve réciproque,  pendant que lui de son côté travaille à son oeuvre humaniste.

Caraquet tout y est pour un écrivain… Parce qu’il n’y a quasiment rien à lire, je suis enfin tout à mon écriture, d’autant plus que c’est une route sur le bord de la mer ou défile la rumeur qui peut répandre les 4 questions à travers le Canada…

La piscine…wowwww… la buanderie… la pizzeria et l’océan… il y a même un petit palais de justice ou je puis assister à des procès… wow… j’adore l’intelligence d’un juge et les jurisprudence des avocats… quel bel exercice pour approfondir les droits de l’homme sous la quotidienneté de la légalité…

Je me connais… mon 1er 1000 pages, j’y ai mis 7 ans de bonheur… on verra aussi dans celui-là monsieur K marcher tout le conte oral de l’Acadie vivante par sa capitale imaginaire Caraquet… mais je compte bien ne pas prendre 7 ans:))))))

D’autant plus qu’hier une jeune nomade de 23 ans exceptionnelle Anne Tessier de l’Estrie s’est arrêtée avec son camion et son chien pour partager des trucs de nomades, Jules Bossé, nomade exceptionnel en bicycle fait de Caraquet un passage obligatoire entre l’île du Prince Edouard, Chandler ou les îles de la Madeleine pour me faire l’honneur de l’amitié des nomades… on rit comme des fous durant 2 ou 3 jours et on se partage des trucs…

Décidément,. quand je me couche le soir dans mon 5 étoiles sous la galerie du musée, Caraquet me donne ce 10% qui me manquait autant à Tadoussac qu’à Natashquan… le 10% qui va me faire écrire des chef d’oeuvre de nomadisme poétique.

Mon doctorat ne peut qu’en tirer profit et l’équipe des rêveurs équitables aussi.

Pierrot vagabond

UN NOUVEAU 1000 PAGES SE DESSINE…LE TITRE… MON FRÈRE, L’HOMME LE PLUS EXTRAORDINAIRE QUE J’AI CONNU

Ce qui est extraordinaire de l’errance poétique, c’est l’impossible. Dès que j’ai trouvé mon 5 étoiles pour dormir à Caraquet et que j’ai vu cette verrière qui donne sur l’océan à la pizzeria, j’ai su que ce roman qui germait en moi depuis toujours allait prendre forme sur la table collée contre le coin de cette verrière.

C’est un roman qui raconte que partout ou ma bohème me porte au rythme de mon bâton de pélerin dont le surnom est PRENDS TON TEMPS, je vois mon frère déguisé, soit en juge, soit en travesti, soit en fou, soit en pasteur, et je suis émerveillé que sous chacun de ces déguisements d’Halloween (dont chaque chapitre sera une histoire complète), l’amour profond que je ressens pour mon frère chante l’universel complicité de la condition humaine oeuvre d’art en moi.

Je transcrirai donc ce qui est déjà en moi. Je le ferai en faisant rien, juste en laissant couler la plume et me gorger de mots heureux… à la mon oncle Paulo.

Je passerai donc l’été à Caraquet devant l’océan  à écrire ce 1000 pages… Trop intemporellement heureux pour ne pas le faire. Pour ne pas perdre mes données, je transcrirai donc chaque chapitre sur ce blogue..

Naturellement, le tout sera conté par un conteux autour d’un feu de camp, comme on le fait en Acadie depuis toujours, sous des ailes d’une culture orale sans âge…. Je vois le tout comme un conte acadien, contribution au Canada pays oeuvre d’art du 21eme siècle en honorant une collectivité oeuvre d’art que je ne cesse de découvrir jour après jour.

Pierrot vagabond