LA ROMANCE, LA VICTOIRE DU PETIT PEUPLE SUR LES ILLUSIONS DE SON ÉLITE

Quand on réfléchit sur le thème de  la légende de toute nation sans état par l’angle de sa romance qui fait frémir le petit peuple, et cela il me semble d’une tendance universelle, on ne peut qu’être étonné de la dialectique nano-dynamique bêtement utilitariste créant un malaise entre l’élite et son petit peuple ici même à Caraquet.

Prenons par exemple, la romance d’Evangéline.

Bien sûr, Longfellow en créant ce poème pour consolider le cosmopolitiste américain bien enrobé dans son fondement protestantiste (Evangéline termine quand même sa vie à Philadelphie) ne pourra jamais s’imaginer qu’une traduction biaisée de Pamphile Lemay (1870) puisse provoquer le passage de l’errance fantomatique à l’errance axiologique d’une collectivité dispersée en mode de renaissance culturelle élitiste.

Mais pourquoi donc la romance d’Evangeline, malgré le malaise moderniste des héros romantiques 1969 Moncton qui aimeraient bien s’en débarrasser, malgré les détournements constructivistes maladroits de la déportation (Antonine Maillet, Claude Le Bouthiller et les autres), gagne-t-elle dans l’imagination du petit peuple une position archétype indéracinable?

A cause d’Annie Blanchard qui à star académie 2005, réussit l’impossible, faire de la chanson de Michel Conte un hymne post-moderniste à un cri universel, une nouvelle sédimentation herméneutique. Cette Annie blanchard devient elle-même l’incarnation puissante d’Evangeline, tout comme Emma Haché en littérature théâtrale. Le petit peuple, dans la méfiance instinctive de son élite, sait reconnaître l’universel d’une légende, c’est-à-dire, l’émotion de sa romance.

Dans une perspective nano-moderniste (l’épanouissement du post-moderniste) quand je regarde chanter Annie Blanchard sur You Tube, sa performance de 2005 est devenu un hymne de la république de l’imagination des nations sans états que constitue l’Acadie, mais surtout Caraquet, qui profitant de sa position unique du village le plus long du monde (reconnu historiquement par un dictionnaire), s’est même auto-proclamée capitale de l’Acadie, qui n’existe même pas légalement.

Que nous dit Annie Blanchard, l’Evangéline de la post-modernité acadienne? Qu’il est important d’être en amour avec son rêve avec la même puissance qu’Evangéline a rêvé son amour pour Gabriel.

Le village acadien de la nano-modernité sera peut-être un jour une histoire que l’on marche, mais ou on a hâte d’arriver à la maison la plus vieille du Nouveau-Brunswick ou nous attendent Annie Blanchard et Wilfred Lebouthiller, les Evangéline et Gabriel triomphants, qui nous chantent Evangéline avant de venir nous serrer la main et nous souhaiter bonne chance dans notre vie personnelle oeuvre d’art, le village acadien étant devenu le pays oeuvre d’art des rêveurs et rêveuses de demain.

La fava sera de la nano-modernité sera peut-être une histoire ou, comme pour  le douanier Rousseau en 1890 ou le compositeur minimaliste Eric Satie, on osera célébrer l’artiste naif Patrice Léger et son village de Noel, tout en démontrant par un récit nano-moderniste de l’histoire de l’art que la beauté, étant passée de l’oeuvre à la signature et de la signature à la poïétique reconnaît l’Evangéline des artisans de l’art naif, comme un des moteurs de la capitale de la république de l’imagination que constitue pour sa diaspora, Caraquet.

Durant le festival acadien, tous les jours à midi, on pourrait entendre les cloches des églises, suivi de la chanson d’Evangéline par Annie Blanchard.

On pourrait avoir dans un kiosque au centre des livres des auteurs acadiens, des traductions de la chanson dans toutes les langues, avec comme chanteur ou chanteuse des ambassadeurs et ambassadrices de tous les pays. Car ce qui rend international, c’est l’émotion unique et virale  d’une collectivité nano-numérique (la tour effel pour Paris ou la statue de la liberté pour New York)

Evangéline reste le coeur brûlant d’une nation sans état des plus exceptionnelles, qui possède par son histoire poétique majoritaire ce que l’écrivain et essayiste Edouard Glissant a tenté toute sa vie de modéliser pour sa propre nation, soit une rhysomatisation émouvante dans le tout monde de demain et sa créoalisation nano-moderniste du 21eme siècle dont la globalité de la mondialisation a tant soif.

L’Acadie est au Québec ce que le peintre Poussin est au peintre Caravage, une nation fière de son intemporalité créatrice versus une nation qui se meurt d’inimagination à force d’utilitarisme en quête d’état parmi les états..

La légende d’Evangéline est pour l’Acadie toute entière le pôle magnétique le plus puissant de l’histoire française du Nouveau-Brunswick. Sa force dépasse même le texte du refus global de Borduas au Québec, parce qu’il appartient pour toujours au petit peuple, servant de boussole imaginative aux créateurs et créatrices élitistes de demain, et cela dans tous les arts confondus.

Pierrot vagabond

LE VILLAGE ACADIEN, FUTUR ROMANTISME POÉTIQUE D’UNE DIAPORA EN QUÊTE D’UN RÉCIT FONDATEUR NANO-MODERNISTE

Lors de mon vagabondage sur la Côte-nord, entre Tadoussac et Natashquan, j’ai assisté à trois assemblées récréo-touristiques animées par les mêmes acteurs… Celle de Natashquan, celle de Havre-St-Pierre et celle de Sept-iles.

Ce qui m’a frappé, c’est à quel point il est difficile pour les instances régionales de décision touristique de recentrer le récit en fonction du tourisme international.

Et moi de leur dire que la Côte nord représentait la dernière région mythologique du Québec, reliée au tourisme d’aventure spirituelle qui se cherche une suite à Compostelle.

Ce tourisme Compostellien pourrait partir de Tadoussac et le long de la Côte nord, et avoir accès à une infra-structure de conteurs autochtones et québécois, autour d’un petit campement indien et d’un feu d’une plage à l’autre ou il pourrait progresser dans la spiritualité autochtone jusqu’à un grand rassemblement de l’Inoucadie à Natashquan. L’europe rêve des autochtones et nous les méprisons… quelle incompétence inter-ethnique:))))

Pourquoi est-ce que je raconte cette anecdote? Parce que le village acadien me semble prisonnier de la même impasse. Issu d’un projet de la modernité d’institutionnaliser la tradition pour la mémoire acadienne, il s’est trouvé soudainement graduellement empoussiéré par la post-modernité avec une gestion tâtonneuse de la décroissance.

Dans la nano-modernité, issue de l’épanouissement de la post-modernité, le réseautage mondialisé et numérique donne une valeur ajoutée à toute diapora d’état sans nation (il y en a 2500 à travers le monde, contre 185 pays je crois) qui met en valeur la rencontre entre les descendants plutôt que sur la mémoire du passé.

Le village acadien que j’ai visité m’apparaît générationnellement dans un purgatoire temporaire, le temps de recibler le marketing sur les animaux (un zoo pour les enfants), une célébration des familles fondatrices par la remise de vignettes à leur nom, une mise en valeur de la plus vieille maison du Nouveau-Brunswick perdue dans le décor, et une recontextualisation du discours plus issu sur les enjeux entre les purs et les impurs, dans une créoalisation du tout-monde (voir l’oeuvre d’Edouard Glissant) ou la déconstruction de la langue (locale, historique et normative), de la religion ( le rapport entre la croyance vue d’en bas, Ste-Anne et vue d’en haut par l’élite (Marie) et de la race (les acadiens pure laine et les métis) éduquant à un Canada du 21eme siècle ou chaque morceaux de la mosaique aura besoin de la la plus value de sa majorité poétique au récit mobilisateur.

Caraquet m’apparaît déjà un exemple du Canada de demain ou toute minorité pourra se concevoir majoritaire par sa romance identaire aux dimensions romantiques internationales plutôt que de se sentir écrasée par son infériorité géographique.

Dans la nano-modernité mondialisée, le village acadien doit réfléchir sur son marketing numériquement ciblé sur la diaspora, tout comme le festival acadien à mon humble avis.

Toute activité ciblée sur la rencontre nano-généalogique pourra attirer le tourisme d’aventure qui n’attend qu’un positionnement plus conscient de la croissance mondiale d’une clientèle à conquérir.

Ca me rappelle d’une cabane à sucre située à Vaudreuil entre Montreal et Ottawa, le propriétaire avait vendu l’idée aux compagnies internationales d’aviation de faire en sorte que le tourisme arrête chez lui pour diner avant de se rendre de Montréal à Ottawa… ou l’inverse…. Tout était pensé pour qju’en deux heures, le tourisme goûte et à la nourriture et à la tradition de comment on fait le sucre et la musique traditionnelle….. Et ce fut pour cet homme un succès étonnant…

Le village acadien est promis à un brillant avenir… Dès qu’il se détachera d’une vision muséale passéiste pour se recentrer autour d’une psycho-pédagogie socio-culturelle de calibre international.

Pierrot vagabond

L’ACADIE DE CARAQUET, L’ARCADIE DU CANADA MOSAÏQUE DU 21EME SIÈCLE

Le vagabond-chercheur dort sous la galerie d’un musée, se ramasse au Tim Horton pour son premier petit déjeuner au coeur des rires de ceux et celles qui ont vécu la même enfance et n’en finissent plus “d’enjoy la vie” comme on dit ici par une sociabilité toute villageoise.

Puis un deuxième café au Burger King ou dans un coin se réunissent une douzaine d’historiens, politiciens, millionnaires de la pêche qui se tirent la pipe comme seules les élites rurales peuvent le faire.

Puis il passe ses journées dans une petite bibliothèque remarquable parce que centrée sur le droit de parler de parents dont les jeunes enfants viennent se réunir autour de clubs de lecture, consacrant ses journées à parcourir la littérature savante d’ici (poésie, roman, écrits sociologiques sur les minorités, etc…)

Puis, un café au grain de folies, après avoir bouquiné la petite librairie francophone… Le vagabond répète à tous ceux et celles qui se questionnent sur l’événementiel de sa présence qu’il part demain… et ce sera probablement la même réponse demain:))))

Puis diner ou souper au restaurant du IGA… Puis
le quai de Caraquet pour assister en gagne émerveillée au coucher de soleil… encore plus vrai qu’un tableau de Poussin, parce que la parole même se fait arcadienne.

Ce village le plus long au monde, le long d’une longue route ou il est impossible de marcher sans se faire dire constamment bonjour par presque toute la population passante…

Caraquet, c’est vraiment l’Arcadie du Canada mosaïque, non pas celle des grecs, mais celle du peintre Poussin, contemporain des fondateurs de L’Acadie de la première errance fantômatique, peignant à la main l’oeuvre d’Ovide réinterprétée dans un classicisme ou se construit la noblesse de l’homme.

Pour moi, Serge Maltais, responsable de la piscine de Caraquet, représente l’arcadien acadien par exellence. Equilibré, d’une courtoisie remarquablement au service des autres, ancrant ses valeurs professionnelles sur ses valeurs familiales, il porte par sa convivialité la joie romantique de l’Acadie de demain, perpétuateur de la digne vision de Gérard St-Cyr dont la piscine porte le nom.

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Auteur : Annie Levasseur

La piscine de l’École des Pêches de Caraquet porte, depuis hier, le nom de Piscine Gérard Saint-Cyr. Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick a voulu rendre hommage à cet homme qui fût directeur de l’établissement durant 20 ans.

« La piscine, c’est la première chose [à avoir été réalisée] pour la survie des pêcheurs », se remémore monsieur Saint-Cyr

C’est avec beaucoup d’émotion que l’homme de 94 ans a appris que la piscine de l’École des Pêches de Caraquet porterait dorénavant son nom. Entre 1964 et 1984, il a été directeur de l’établissement et était habité par le désir de rendre la pêche plus sécuritaire.

« Je lisais souvent dans les journaux que certains pêcheurs étaient passés par-dessus bord du bateau, se désole-t-il. Je trouvais ça terrible. Les capitaines n’avaient même pas un câble et une ceinture de sécurité à bord de leur bateau. »

« À l’époque, il s’est rendu compte que les pêcheurs apprenaient à naviguer et à préparer les engins de pêche, mais on n’avait rien pour la sécurité maritime, raconte Michel Doucet, actuel directeur du campus du Collège communautaire qui comprend l’École des Pêches depuis 2000. Monsieur Saint-Cyr a vu loin. On l’a identifié comme un visionnaire et un bâtisseur. »

Dès son arrivée à la direction de l’École des Pêches, Gérard Saint-Cyr a travaillé fort pour doter l’établissement d’une piscine afin d’enseigner les mesures d’urgence en mer.

« Quand on tombe dans une piscine, c’est moins épeurant que de tomber dans la mer, explique-t-il. La mer n’a pas de limites. C’est profond, c’est grand. Une piscine, c’est limité. »

Selon le directeur actuel, monsieur Saint-Cyr a grandement contribué au développement de l’établissement. En plus d’avoir une vocation communautaire, la piscine permet aux élèves de s’adapter aux nouvelles technologies.

« La piscine a également mené à la création du Centre d’urgences sur mer qui est aussi sous la gouverne du Collège communautaire, se réjouit Michel Doucet. Ses contributions sont remarquables et ses contributions à la formation maritime sont inégalées jusqu’à maintenant. »

C’est tout à l’honneur de l’homme qui est à l’origine de la piscine, Gérard Saint-Cyr.

IL SUFFIT D’UN RÉCIT POUR CHANGER UN PAYS

Il manque au canada mosaïque du 21ème siècle, une romance de la beauté de celle d’Evangéline. Une romance fondatrice du pays oeuvre d’art marquant l’imaginaire canadien par l’épanouissement de la post-modernité à travers la nano-odyssée d’un vagabond céleste représente comme projet une tentative philosophico-politique à long terme pour y arriver.

Un des grands mérites du brillantissime sociologue acadien Joseph-Yvon Thériault est d’avoir démontré trois fois plutôt qu’une ( Evangéline de Longfellow, fondatrice du melting pot américain, de l’ennoblissement permettant le droit au rêve américain des cadiens de la Louisiane, et de l’errance  d’une ethnicité  qui a du traverser l’errance fantomatique, puis l’errance axiologique inspirée par la traduction de Pamphile Lemay) pour atteindre enfin l’errance poétique (la diaspora du dernier congrès mondial acadien) qu’il suffit d’un récit en dialectique avec la culture orale, pour changer un pays. Mandela ne l’a-t-il pas démontré en fondant la nouvelle constitution de l’Afrique du sud sur deux mots: LA NATION ARC-EN-CIEL?

Dessiner un récit de fondation permet le basculement de l’institutionnalisme à l’homme vrai. Le canada mosaïque réussira l’écologie transculturelle de sa globalité culturelle en autant qu’une légende virale, rhizomique puisse la transpercer pour la propager vers l’avenir d’un mieux vivre ensemble, et cela d’un océan à l’autre.

Qu’un vieux monsieur, ayant donné tous ses biens, parcourt les 10 provinces du Canada à la recherche des grands rêveurs tout en ensemançant ses citoyens de quatre questions…
quel est ton rêve? Dans combien de jours? qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve? En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde? Voilà le fondement de la légende du vagabond céleste que le conteur international Simon Gauthier raconte depuis quelques années à travers la francophonie, et qu’une petite équipe de rêveurs équitables (Michel Woodart et Marlene Auld) documente et archive depuis plusieurs années. Un pays oeuvre d’art (le rêve de Frank Scott, francophile anglophone de montréal) deviendra possible par une masse critique de citoyens oeuvre d’art (voir le roman philosophique MONSIEUR 2.7 K, disponible gratuitement sur Internet.), tel est le pari, tel est l’enjeu. Et le pays oeuvre d’art naîtra d’abord au coeur d’une nation sans état, minoritaire géographiquement, majoritaire poétiquement). Comme il y a près de 2500 nations sans état à travers le monde, et 185 pays, la nation sans état acadienne me semble la plus lumineuse pour que le pays oeuvre d’art puisse y surgir, dans une première fondation éclatante.

Grâce aux travaux de ce phare exceptionnel de l’Acadie intellectuelle qu’est le sociologue Joseph Yvon Thériault, le projet de philosophie politique d’un vagabond-chercheur peut maintenant prendre sa dimension pan-canadienne comme pan-culturelle dans sa pluralité. Si le récit d’Evangéline a réussit trois fois l’impossible historiquement, il n’y a aucune raison pour que le vagabond céleste n’y arrive pas:))))), surtout s’il s’appuie passionnément sur l’imaginaire acadien issu du récit d’Evangeline.

Pierrot vagabond

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QUI EST JOSEPH YVON THÉRIAULT?

Joseph-Yvon Thériault,
sociologue, Département de sociologie, UQAM
Chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie.

Études
B.A. Université de Moncton (Bathurst), 1971
M.A. (science politique), Université d’Ottawa, 1973
Doctorat (sociologie du développement), École des hautes études en sciences sociales (EHESS) Paris (1981)

Carrière

Il a été professeur de sociologie à l’Université d’Ottawa (1978 à 2008), directeur du département de sociologie (1987 à 1990), doyen associé à la recherche (1992 à 1998) et doyen intérimaire (1996-1997). Il a été le directeur fondateur du Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités, (CIRCEM) de 2000 à 2007 et titulaire de la Chaire de recherche identité et francophonie (2004-2008).

Depuis 2008 il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en mondialisation citoyenneté et démocratie (Chaire MCD) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et professeur de sociologie 2 à la même université.

Œuvre

Son travail sociologique porte sur la tension dans les sociétés démocratiques entre les tendances à l’individualisation et à la pluralisation, et la permanence des identités et des mémoires collectives (citoyenneté et identité). Il est reconnu pour ses travaux sur l’Acadie, le Québec et les communautés minoritaires francophones du Canada (l’aire culturelle du Canada français). Cette démarche s’est ouverte aux enjeux propres aux petites sociétés et au phénomène nationalitaire en général.

Distinctions[modifier le code]
1996 – Prix France-Acadie pour L’identité à l’épreuve de la modernité
2002 – Prix Richard-Arès pour Critique de l’américanité
2003 – Prix de la présidence de l’Assemblée nationale du Québec (Livre politique de l’année pour Critique de l’américanité)3
2004 – Élu membre de la Société royale du Canada
2007 – Lauréat de la Fondation Trudeau (2007-2010)4
2009 – Professeur émérite, Université d’Ottawa5.
2013 – Prix du CRCCF, 20136.
2013 – Finaliste Prix du Gouverneur général pour Évangéline : contes d’Amérique 7
2014 – Prix Jean-Éthier-Blais pour Évangéline : contes d’Amérique

Bibliographie (principaux ouvrages)[modifier le code]

Livres[modifier le code]
Évangéline : Contes d’Amérique. Québec Amérique , 400 pages. (ISBN 978-2-7644-2135-2)
Faire société. Société civile et espace francophone, Sudbury, Prise de parole,‎ 2007, 384 p. (ISBN 978-2-89423-204-0).
Critique de l’américanité : Mémoire et démocratie au Québec, Montréal, Québec Amérique,‎ 2005 (1re éd. 2002), compact, 386 p. (ISBN 2-7644-0450-6).
L’identité à l’épreuve de la modernité, Écrits politiques sur l’Acadie et les francophonies minoritaires,, Moncton, Éditions d’Acadie,‎ 1995, 323 p. (ISBN 2-7600-0292-6).
La société civile : ou la chimère insaisissable, Montréal, Québec Amérique,‎ 1985, 160 p. (ISBN 2-89037-265-0). Cet ouvrage est disponible en version électronique pour consultation gratuite sur le site Les Classiques des sciences sociales (Cet ouvrage n’est pas libre de droit et toute reproduction, modification ou diffusion est soumise au droit de son auteur).

Direction d’ouvrages (revues)[modifier le code]
F. G. Dufour et J. Y. Thériault (dir.), « Sociologie du cosmopolitisme, numéro spécial, », Sociologie et sociétés, PUM, vol. 44, no 1,‎ 2012
Joseph Yvon Thériault, Anne Gilbert et Linda Cardinal (dir.), L’espace francophone en milieu minoritaire au Canada : Nouveaux enjeux, nouvelles mobilisations, Montréal, Fides,‎ 2008, 564 p. (ISBN 978-2-7621-2860-4).
E-Martin Meunier et Joseph Yvon Thériault (dir.), Les impasses de la mémoire : Espace, filiation, nation et religion, Montréal, Fides,‎ 2007, 390 p. (ISBN 978-2-7621-2759-1)
Jacques-L. Boucher et Joseph Yvon Thériault (dir.), Petites sociétés et minorités nationales : enjeux et perspectives comparées, Québec, PUQ,‎ 2005, 420 p. (ISBN 2-7605-1359-9)
Joseph Yvon Thériault (dir.), Les francophonies minoritaires du Canada : l’état des lieux, Moncton, Éditions d’Acadie,‎ 1999, 576 p.

MICHEL VITAL-BLANCHARD, HÉROS ROMANTIQUE DE LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE DE 1969 À L’UNIVERSITÉ DE MONCTON

J’ai passé une soirée avec un personnage acadien plus grand que nature, au charme fou, poète, animateur de radio, artiste, rêveur, véritable légende sur deux pattes de la génération peace and love. Quand il s’est installé au piano pour nous chanter ses chansons, on aurait dit le magnétisme d’un homme qui a passé sa vie à passer à côté de sa vie et qui en est sorti grandi à la hauteur d’un mythe acadien.

Vraiment, plus je découvre les humains de Caraquet et leur imaginaire, plus ils représentent pour moi une validation poétique de ma démarche poiétique reliée au vagabond céleste en quête d’un pays oeuvre d’art par une masse critique de vies personnelles oeuvre d’art dont Michel Vital Blanchard représente pour moi une magnifique sculpture sur deux pattes au rêve fou mais nécessaire.

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Jeudi 28 Mai 2009

La cour lève l’injonction interdisant à Michel-Vital Blanchard l’accès au campus de l’U de M
Le recteur de l’Université de Moncton, Yvon Fontaine, a laissé savoir qu’une entente cordiale a mené à la levée de l’injonction de la cour qui, depuis une quarantaine d’années, interdisait à Michel-Vital Blanchard d’avoir accès au Campus de Moncton.

« Je suis ravi que M. Blanchard ait accepté l’invitation de l’Université de présenter une demande conjointe à la cour pour faire lever cette injonction qui pesait contre lui, a dit M. Fontaine. Nous nous réjouissons que la cour ait signé cette ordonnance qui a été accordée avec le consentement des deux parties. Il s’agit d’une levée définitive et permanente de l’injonction. »

L’ordonnance par consentement a été signée par un juge de la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick le 21 mai dernier, mettant ainsi fin à l’injonction à l’encontre de Michel Blanchard imposée le 27 mai 1970.

« Je suis heureux que ce chapitre se termine enfin par une entente cordiale et une ordonnance de la cour émise avec l’accord des deux parties, a fait savoir M. Blanchard. L’eau a coulé sous les ponts depuis cette époque; le temps est venu de passer l’éponge, de tourner la page et de passer à autre chose. »

Le recteur a indiqué que, du côté de l’Université, il y avait une volonté réelle depuis plusieurs années de voir cette question résolue une fois pour toutes. « Toutes les parties concernées sont satisfaites du résultat de ces plus récentes démarches qui ont abouti à la levée de l’injonction », a conclu M. Fontaine.

MM. Fontaine et Blanchard ont tenu à remercier Jean-Marie Nadeau, président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, pour avoir facilité le processus qui a mené à l’ordonnance par consentement de la cour.

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Le cinéaste Michel Brault

Michel Vital Blanchard, qui était au coeur du film L’Acadie, L’Acadie, est persuadé que l’empreinte du cinéaste québécois Michel Brault a été capitale dans la réussite de ce documentaire.

Michel Brault est décédé samedi. Il était âgé de 85 ans.

M. Brault avait filmé pendant deux ans la révolte des étudiants à Moncton et coréalisé L’Acadie,
L’Acadie, avec Pierre Perreault.

Ce documentaire en noir et blanc de l’Office national du Film, lancé en 1971, est devenu un film culte pour plus d’une génération.

Michel Vital Blanchard, qui était le chef de file de la contestation des étudiants à Moncton à la fin des années 60, se souvient bien de Michel Brault.

« À l’époque, Brault était plus proche de nous autres. Il faisait plus jeune. Il était plus souriant, même riant. C’est un gars qui était tout le temps pour nous autres. Je m’en souviens. Tout le temps de bonne humeur et un grand sourire, tandis que Perreault était plus sérieux, un homme d’une autre génération, plus posé. Ce qui fait que le lien d’amitié ou le lien qui fait peut-être cette espèce d’honnêteté dans le film, c’est-à-dire qu’on se sent à l’aise devant la caméra, c’est beaucoup Brault qui a apporté ça », explique Michel Vital Blanchard, de Caraquet.

LA JEUNE RÊVEUSE QUI AVAIT DE L’OR DANS LES YEUX

Une des grandes joies d’un vieux nomade, c’est le décès de ses pulsions provoqué par l’agonie des passions d’intérêt personnel. Un beau matin, tu te lèves, tes pieds ont fait le tour de ta personne et te voilà sculpté en grand-père de la beauté du monde honoré par le miraculeux village de Caraquet offrant le mystèere de l’océan entre toi et ta jeunesse.

Je marchais, avec mon bâton PRENDS-TON TEMPS, après un après-midi à la bibliothèque… Un camion arrête… une jeune femme aux yeux magnifiques me dit: “Monsieur vous êtes un vrai nomade, n’est-ce pas? Parce que moi aussi d’habitude je voyage sur le pouce seule avec mon chien, à travers le Canada. Je suis même partie l’hiver pour Terre-Neuve, puis l’été pour le Yukon et l’Alaska”

– Quel âge avez-vous mademoiselle?
– 23 ans, qu’elle me dit…

Me permettez vous de vous poser les quatre questions qui m’ont fait faire le tour des grands rêveurs er grandes rêveuses du pays?

– Je peux-tu les noter dans mon journal qu’elle me dit?

Je me présente … Pierrot vagabond, grand-père de la beauté du monde. Quel est ton rêve? Dans combien de jours? qu’as-tu fait aujourd’hui pour ton rêve? En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?

A la quatrième question, ses yeux se sont mis à briller.

Vous savez, qu’elle me souffle comme un vent d’une fraîcheur inouie, j’ai convaincu mon patron qui dirige un commerce de fabrication de produits raffinés à partir du sirop d’érable, de me laisser nomader sur les routes du pays pour faire déguster nos produits et ainsi ouvrir un marché par de nouvelles commandes. Je me suis créé un emploi, suis payée au kilométrage, je suis payée pour vagabonder avec mon chien..

Mademoiselle, que je lui dis, vous n’êtes pas entrain de vous créer un emploi, vous êtes en train de dessiner un pays oeuvre d’art par votre vie personnelle oeuvre d’art. A 23 ans, vous êtes déjà une géante de la liberté.

La liberté chez moi, propos qu’elle accentue par une pose fière, est un besoin.

Mademoiselle, croyez un vieux rêveur nomade, la liberté est un devoir dont on a le privilège d’être l’architecte. Dans ce pays, la liberté fut d’abord considérée comme une rareté possédée par les coureurs des bois qui l’apprirent des autochtones…

Monsieur Pierrot, qu’elle me dit, Mon chum voyageait dans son char avec son chien.. La chicane a pogné, il est parti à Souris. On a convenu de se rejoindre aux Iles de la madeleine, le temps que je complète ma run. J’aime tellement ma liberté que ça m’a comme soulagée, mais lui y vient de virer de bord parce qu’y peut pas vivre sans moi. Je ne me sens pas respectée là-dedans.

Quand j’ai vu l’or dans ses yeux embrumé de pluie, son rêve mis en péril par l’intensité et la confusion d’émotions contradictoires, je lui ai dis: Viens on va marcher le long de l’océan et tu vas pouvoir reprendre le dessus…

On a pris une longue marche sur la grève sauvage… elle a parlé parlé parlé mais jamais ses mots n’ont fait déshonneur à son rêve… Je lui ai dis… quand on est nomade, le dialogue avec un sédentaire est toujours un apprentissage, les deux souffrent de ne pas habiter le même univers… c’est comme l’agriculteur et le pêcheur ici-même à Caraquet:))))

Son chum téléphone… il est presque rendu à Caraquet, il a roulé toute la journée… Je la laisse à son camion, elle est prête à partir mais ses yeux me supplient de ne pas la laisser seule tout de suite… mais avec cette élégance fière que si je n’avais pas été grand-père de la beauté du monde, je n’aurais pas intuitionner la qualité intrinsèque de sa détresse.

– Viens, le vagabond te paye une pizza. Devant moi au restaurant, elle dit à son chum (au téléphone) qu’elle est avec un vieux nomade Pierrot, et qu’ils se rejoindront après.

Je lui dis… tu sais au 21eme siècle, le couple existe de moins en moins mais de nouvelles notions comme celle de PARTENAIRES DE RÊVE naissent par l’individualisme nano-moderniste… Il serait peut-être sain de vérifier si vos rêves réciproques sont compatibles.

Son chum téléphone, il est rendu à Caraquet… elle lui dit ok, on va se parler tout de suite… Et le vieux monsieur en moi qui se dit… une simple chicane d’amoureux qui annonce une négociation et un nouveau départ…

Le lendemain matin, je rentre par hasard dans un restaurant, avec Jules Bossé, le fabuleux rêveur en bicycle… celui avec qui j’échange des trucs de nomade depuis 3 jours… Les deux jeunes amoureux sont là, la nomade et son sédentaire… la jeunesse… l’avenir de la beauté du monde…

Pierrot vagabond

EMMA HACHÉ, L’ÉVANGELINE NANO-MODERNISTE DE L’ODYSSÉE ACADIENNE

Autant le conte Evangéline de Longfellow, post-moderniste avant l’heure par son transcendalisme visant une religion civique planétaire et son cosmopolitisme, avait réussi l’incroyable triplet fondateur (le melting pot américain au creux de l’anglo-protestantisme, l’ennoblissement cadien de la Louisiane donnant droit au rêve américain, et la renaissance acadienne romantisant le grand dérangement… (Joseph Yvon Thériault, les légendes d’Evangéline)…
autant l’écriture théâtrale d’Emma Haché poursuit l’oeuvre constructiviste de Viola Léger par des personnages de résistance rebelle, sauvage et archétype…

Mais dans une perspective nano-moderniste… Le post-modernisme ayant mis fin aux grands discours idéologiques au moyen de micro-discours ou l’individualité puise dans le centre d’achat de l’humanité plurielle pour recentrer les fondements existentiels (Joseph Yvon Thériault), Emma Haché nous invite à la suivre dans son cri acadien vers l’universel d’une pièce de théâtre à l’autre.

Son écriture est unique… comme ancrée dans son groupe ethnique ( les acadiens ayant été victimes du premier nettoyage ethnique, de la première tentative par un état moderne de radier systématiquement une population de son territoire pour cause d’incompatibilité ethno religieuse (Joseph Yvon Thériault)….

L’écriture du théâtre d’Emma Haché traverse les frontières imaginaires des différentes Evangélines pour réinventer le cri de Munch, autant dans la chair essentiellisée d’une prostituée dans TRAFIQUÉE…. que dans les blessures incompatibles au sein d’un pays en ruine, d’un soldat alllemand et de sa campagne enceinte dans L’INTIMITÉ.

Le cri d’un scandale d’Emma Haché n’a pas de frontières, ni de langue ni de race ni de religion, mais ne peut renier son origine, le nettoyage ethnique acadien.

Oui, Emma Haché représente pour le bouleversement que j’ai eu à la lire, l’évangeline nano-moderniste issue de Viola Léger affranchie de tous les stéréotypes historiques tournant autour de Longfellow comme de la Sagouine, pour mieux  sculpter l’appel aux droits abstraits de la justice équitable partout sur la planète par l’authenticité corrosive et incontournable de sa dénonciation théâtrale.

Pierrot vagabond

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Emma Haché

 

 

LES AVENTURES DE NADZ, OU L’ART EXQUIS D’UNE BLOGUEUSE ACCOMPLIE

J’ai passé les trois derniers jours à la bibliothèque de caraquet à lire le blog d’une serveuse du restaurant GRAIN DE FOLIE, Nadia Lacroix je crois.

Trois ans de passion des mots, plus de 250 entrées, avec un art du blogue qui grandit d’année en année.

L’art du blogue, ancêtre de facebook est un délicieux métissage entre le journal intime et la fenêtre impudique ouverte à l’autre pour que lui ou elle aussi s’investisse de phrase en phrase pour mieux et se connaître et mieux s’apprivoiser existentiellement.

On suit donc Nadia de son départ de la ville, à son retour à sa place natale, son achat d’une vielle maison qu’elle rénove, à son combat contre la maladie, entourée de l’amour de ses proches et de ses deux chats, Picasso et Roxane…

Ce qui me semble le chef d’oeuvre de ce blogue porte le titre LA GRANDE DEMANDE

Je n’ai pu résister au plaisir coupable de vous le partager, en souhaitant à cette Nadz si colorée que le tout un jour soit réuni en un livre, suivi d’un roman car, à mon humble avis, elle a maintenant le métier que donne la passion des mots pour imaginer des histoires, surtout que c’est une lectrice qui dévore les mots des autres, et cela depuis la tendre enfance.

je ne puis que souhaiter à cette grande rêveuse que les 4 questions de mon doctorat en philosophie politique (bien entouré de l’équipe des rêveurs équitables) lui servent de boussole pour l’avenir.

1- QUEL EST TON RÊVE?

2- DANS COMBIEN DE JOURS?

3- QU’AS-TU FAIS AUJOURD’HUI POUR TON RÊVE?

4- EN QUOI TON RÊVE PREND-IL SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?

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Nadz !
La grande demande
nov 24

Oui elle est arrivée, dans un moment où je ne m’y attendait vraiment pas et j’ai dis OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII

Bon ok, ok, pas de panique. On respire, sortez vos kleenex que je vous raconte tout ça dans les moindres détails.

Il était une fois un prince et une princesse. La princesse était pas mal tannée de toujours se faire fourrer, euh pogner, par de simples habitants. Elle rêvait la nuit de se faire kidnapper par un beau prince charmant sur son cheval blanc. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants….. FIN

Rewind, un vendredi soir, la princesse en fait c’est juste Nadz, et c’est loin d’être de la royauté. On planifiait de sortir, mon copain et moi ce soir-là, pour se dégourdir les jambes un peu et faire du soooocial. Il faisait froid, le soleil se coucha de bonne heure et Nadz, assise sur son sofa bien relaxe dans son habit de jogging laid était presque trop bien. Bref, ça ne me tentait plus de sortir, chose que, si vous me connaissez, n’arrive JAMAIS.

Mon chum, lui, avait tout planifié et ne s’attendait certainement pas que je lui garoche une phrase comme »Ah on dirait que ça ne me tente pu de sortir à soir, me semble que je resterais bien à la maison. »

Et lui de me répondre » Ben non Nadz, sort, ça va te faire du bien » (il a eu un peu peur, lui qui avait tout préparé!!!)

»OK OK mais c’est ben pour toi que je sors ce soir parce que moi ça me tente pas » que je lui rouspéta en pleine face.

On invite 2-3 amis à venir boire un peu ici avant de sortir. Moi je ne peux plus boire une seule goutte alors, je les regarde la salive qui coule et je les envie. Rien, je ne me doute de rien, personne n’est au courant sauf ma douce moitié et le band qu’on s’en va voir ce soir-là. Le plus grand des secrets, et le plus beau aussi. Je suis pourtant une personne qui se vante d’avoir une très bonne intuition, les yeux tout le tour de la tête, mais là, rien, je n’y vois rien sauf une autre soirée plate à rire du monde soûl quand moi je tète ma bouteille d’eau.

La soirée se déroule comme toutes les autres soirées du même genre, arrive au bar, l’ambiance est bonne, les gens sont gorlos, la piste de danse regorge de personnes qui piétinent sur place en regardant les autres autour d’eux. Il serait sacrilège de se laisser aller à juste danser et apprécier le moment, il est plus important de ne pas avoir l’air fou. Foutaise!

Je décide que malgré tout, je vais avoir une belle soirée, je me laisse entraîner par la musique et oublie mes petits tracas quotidien. C’est l’fun, le monde est sur le party, ça fait longtemps que je ne suis pas sorti de mon salon alors profitons-en!

Mes amis décident qu’on va aller jouer quelques parties de billard, bonne idée, j’embarque, pourquoi pas! Mon chum me glisse tout sournoisement à l’oreille, té tellement belle à soir que j’te marierais!!! Mon coeur fond, je l’embrasse du regard, le prend par la main et l’attire au fond de la salle pour commencer la partie. Ah qu’il me fait sentir bien malgré tout ce qui se passe dans ma vie.

On joue au billard, on est quatre pourris alors la game va être longue mais on rit et on a tout notre temps. Mes talons hauts me font souffrir, me foutant de tout, comme j’en ai si bien l’habitude, je les enlève et continue la partie juste en petit bas. De toute façon, c’est du tapis et ça me fait du bien. On ris, d’autres gens se joignent à nous, la soirée est bien partie!

Le band revient de leur break de mi soirée. La salle est bondée, le monde est sur le gros party. Je me sens comme si je suis la seule personne totalement sobre mais j’ai quand même du fun alors on s’en fou. J’entends la voix de la chanteuse au micro qui demande à mon chum de se rendre à l’avant. On est présentement au fin fond de la grande salle à la dernière table de pool disponible.

Mon chum part, d’un pas décidé en bredouillant de quoi comme s’il est surpris de se faire appeler au micro. Moi, la nouille, je ne me doute encore de rien, croyant tout bonnement qu’il a simplement dû oublier son portefeuille ou quelque chose du genre. Je continue à jouer ma game de pool nu bas sans perdre une seconde de ma concentration digne des olympiques du billard.

Je sors de ma rêverie en entendant la petite voix gênée de mon chum qui résonne quelques secondes plus tard dans les haut-parleurs du bar.

Nadz….pourrais-tu venir en avant svp

Hein!! J’ai dû mal entendre, c’est quoi s’t’affaire-là! Je fige une seconde, quelqu’un me joue un mauvais tour. Ah fuck it, je continue ma game, je me penche pour fesser la boule quand je ré-entend sa petite voix gênée au micro.

OK là, j’ai pas rêvé deux fois, il est vraiment bel et bien au micro en train de me demander de venir le rejoindre.

Le temps se fige, un million d’idée me passe par la tête, je commence un genre de out of body experience. J’oublie mes talons hauts sur le bord de la chaise, ma sacoche aussi reste sur le comptoir juste à côté de la table de pool et je pars presque en flottant vers la scène qui semble beaucoup plus loin qu’à l’habitude. Les gens se tasse à mon passage et je me fraie un chemin, nu bas, jusqu’à l’avant de la scène.

Mon chum est au micro, seul, et ne regarde que moi. C’est à ce moment que le souffle m’a coupé et que j’ai vraiment commencé à badtripper dans ma tête. Je me suis dis s’il est juste là pour m’annoncer à quel point il m’aime parce qu’il est trop soûl et qu’il ne se comprend pu, well tu va avoir l’air d’une méchante conne. Je me suis alors dit, that’s it, c’est LE moment, il va te demander en mariage. This is it!

Impossible il n’a pas de bague, on a passé la soirée ensemble et je m’aurais douté de quelque chose.

Toute la salle commence à faire Chuuuuuuuuuuuut, tout le monde, même les plus gorlos se taisent. Mon amoureux est le seul qui parle au micro, sa voix résonne à la grandeur du bar et moi la seule chose que je vois ce sont ses lèvres qui bougent et mon coeur qui va me sortir de la poitrine. Il me fait la déclaration d’amour du siècle, en tout cas, c’est ce que j’me dis parce que j’entends souvent le mot je t’aime entre les battements de mon coeur qui me claque dans les oreilles.

Je capote, je capote, je capote, that’s it, j’vais m’évanouir, le coeur va me lâché, je sens pu mes jambes, ça se peut pas, j’vais me réveiller c’est certain. Ok, prends sur toi Nadz et essaie d’apprécier le moment, il n’arrivera juste qu’une fois. Mon chum me dit que exactement 8 mois passé, on s’est rencontré directement où il est maintenant. Et là, j’vois ce moment me défiler dans ma mémoire comme quelques instants avant ta mort et que tu vois ta vie défiler.

Oui, c’est vrai, 8 mois passé j’étais sortie ici avec des amies de filles après une soirée au resto. On était arrêtée prendre une bière et il était là, assis juste à côté de moi, un parfait inconnu. Je discutais alors avec son ami, plutôt je criais après son ami parce que la musique était tellement forte qu’on ne s’entendait pas parler. Il était là, entre nous deux, souriant, beaux yeux bruns. Je me suis sentie cheap de lui crier par dessus alors je me suis présenté à lui, Salut, moi c’est Nadz. Pour lui ce fût le coup de foudre instantané, pour moi, il n’était qu’un numéro parmi tant d’autre. Depuis ce soir-là, on ne s’est jamais quitté et je suis tombé sous son charme dans les semaines qui suivirent. The rest is history…

Je reviens au moment présent, il est encore sur la scène, je suis seule à l’avant de lui, la foule m’ayant fait une place juste pour moi. Il termine son discours en disant quelque chose comme c’est pour cette raison que je te demande si tu veux bien devenir ma femme et sa main se dirige dans la poche droite de ses jeans.

LÀ je capote, je capote, je capote, je suffoque, je ne peux plus respirer, je ne souris plus parce que je me retiens de simplement tomber dans les pommes. Je suis là, en avant de genre 200 personnes, sobre, probablement la plus sobre de tous, nu bas, et l’homme de ma vie s’en vient avec quoi, une petite boite en velours dans la main.

OK LÀ je capote, je capote, je capote, encore plus. Je n’ai RIEN mais RIEN vu venir. Mais quand est-il passé chercher ça cette boîte-là ??? Je n’y comprend plus rien. Lui, le plus bel homme de la salle, le mien, celui que j’adore, est là, à genoux, devant moi, la boîte ouverte sur une bague qui brille et attend que MOI je lui donne une réponse.

Nadz, relaxe, respire, revient dans le moment présent, coudons toutes tes séances de méditations et de yoga ne t’ont vraiment servi à rien. Incapable de répondre quoi que ce soit quand ma tête elle crie OUIIIIIIIIIIII

Je ne peux que hocher la tête en signe de oui, je me sens légère, je vais certainement péter au frette directement ici. Je l’aime tellement d’avoir eu le courage de faire un fou de lui et une folle de moi pour nous donner un moment qu’on se rappellera pour le reste de nos vies.

Je ne peux rien dire de plus, sauf que c’est LUI https://lesaventuresdenadz.wordpress.com/2013/04/23/

Nadz

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Pierrot vagabond

LE JEUNE POÈTE JONATHAN ROY, UN PHARE POUR LA CULTURE CONTEMPORAINE EN ACADIE

J’ai passé une heure avec un jeune homme de 29 ans, rafraîchissant, talentueux, un véritable carrefour humain de la dynamique poétique à Caraquet. Retenez bien son nom Jonathan Roy.

Dans une Acadie mini-politie ( des petites communautés éparpillées qui ont pris conscience d’elles-même lors de la renaissance acadienne de la fin 19ème siècle), état sans nation mais avec une puissance imaginaire inouie (Le poème Évangéline dans la traduction de Pamphile Lemay ayant réussi à fonder une mythologie à image forte, ciment de la culture orale du grand dérangement), l’avenir est déjà sculpté dans les oeuvres culturelles comme le premier livre de poésie de Jonathan Roy… APPRENDRE À TOMBER.
ou brille le poème VOIX RURALE, véritable hymne générationnel d’une Acadie qui se questionne.

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VOIX RURALE

quand le ciment se tait
j’entend des voix, j’entends sa voix
une voix nord vidée
une voix qui se cache
une voix qui sort juste
de temps en temps
une voix camouflage
une voix chasse mal habillée
une voix reine de cours à scrap et de pawn shops
une voix de shoppe dans les tripes jusqu’aux coudes
une voix salie comme les mains qui la parlent
une voix tachée d’huile
une voix emphysème
une voix crachée
une voix rauque
rocailleuse
écorchée
crispée
essoufflée
une voix bouche grande ouverte comme une porte de garage
une voix narine wide open sur le coin de table
dans la nuit poudreuse de février
une voix maganée
une voix de shed qui laisse sortir ses cris
comme des chants sculptés à la chainshaw
une voix plywood
une voix juste bonne à décorer les parterres
une voix découpée à la main
une voix à bâtir des maisons
une voix cabane à éplan
une voix nigogue
une voix rouge
une voix on ice
qui gèle les orteils au bout d’une ligne
une voix nègre plâtre déteinte au soleil
une voix souvenance de bonnes pêches
une voix saisonnière
une voix chomeuse sous la table qui travaille tout le temps
une voix de femme qui attend son homme
une voix chrétienne
une voix païenne
une voix à genoux devant la bonne sainte anne
une voix prière
une voix berceuse
une voix chaude comme un poêle à bois
une voix poème qui sent l’essence
une voix aux accents de skidoo
une voix qui crisse
sur les quais le quinze août
qui crisse
de ne pouvoir dire
une voix à extraire entre les travers de gorges
une voix métaphore à haler au winch
une voix avec le plus haut taux d’analphabétisme au pays
une voix fers à chevals
avec un s sans l’accord de personne
une voix moissonneuse
grugée par la rouille
une voix batteuse
au fond d’un champ
une voix comme l’écho de la voix coyote
une voix nouvelle lune
qui fait le plein au bootlegger
une voix qui s’ostine dans la cuisine
une voix multiple qui s’enterre d’elle-même
entre deux clochers en guerre
une voix discorde
une voix jalouse
une voix paradoxe

une voix que j’aime
des fois

une voix rurale
qui ne pourrait s’écrire
qu’en caractères gras

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Jonathan Roy est né à Bathurst. L’étude de la littérature à l’Université de Moncton et son profond attachement à son coin de pays l’a amené à écrire et à s’impliquer dans la vie littéraire acadienne. Apprendre à tomber, son premier recueil, a été écrit entre Moncton et Caraquet, où il habite. Jonathan est également directeur de la collection Poésie/Rafale aux Éditions Perce-Neige, qui se consacre aux nouvelles voix coup-de-poing de la poésie en Acadie. Il consacre une partie de ses temps libres à la pratique de la peinture et de la photographie, ce qui alimente son écriture.

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UN EXTRAIT D’UN TEXTE DU POÈTE JONATHAN ROY
SUR SA PERCEPTION POÏÉTIQUE EN MÉDIATION SOCIALE DE L’ESSENCE MÊME DE L’ACTE POÉTIQUE

L’idée par défaut de l’artiste, dans la perception collective, le veut généralement solitaire, isolé, voire pas ou peu impliqué dans la vraie vie de la cité. Tout seul dans son atelier, à sa table de travail ou au fond de son bar, il est facile de le cantonner à l’idée reçue de l’artiste travaillant pour lui et pour une poignée de pairs. Comme j’œuvre principalement en poésie, c’est d’autant plus facile de me rallier à ce modèle, d’en faire un archétype à incarner pour réussir, le geste même de l’écriture étant en soi perçu comme étant profondément introspectif et son décodage réservé à quelques initiés.

Or, depuis quelques années, je me suis heurté à un paradoxe important, à une idée a priori difficilement compatible avec cette vision par défaut : il me semblait que la pratique de la poésie, de l’art en tant que prise de parole primale, pourrait pourtant bénéficier à tous, au-delà du carnet du poète, du monde du livre et des lancements peu fréquentés. Il me semblait que les effets bénéfiques d’une prise de parole libre et créative, viscérale, pourraient contribuer à construire des citoyens plus émancipés, plus heureux, et mieux habiletés à prendre la parole pour fabriquer un espace de vie à leur image tout en meublant le mien. Bref, que ce serait peut-être en démocratisant l’expérience artistique, en la rendant accessible à toutes les tranches de la société, qu’on pourrait aspirer à une vie commune moins divisée, opposant ceux qui sont en mesure de prendre la parole et ceux qui ne le sont pas.

En ce sens, dans le développement de ma démarche et de ma réflexion sur les diverses positions possibles du poète et/ou de l’artiste, le projet national de médiation culturelle de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) tombait à point en offrant la chance, par la pratique, d’explorer la zone de convergence entre les deux idées a priori contradictoires, par l’adoption d’un démarche capable de « donner accès et rendre accessible la culture aux publics les plus larges, valoriser la diversité des expressions et des formes de création, encourager la participation citoyenne, favoriser la construction de liens au sein des collectivités, contribuer à l’épanouissement personnel des individus et au développement d’un sens communautaire ».

En début de route, une séance de formation intensive à Montréal, offerte par la FCCF et dirigée par Culture pour tous et les experts, tous plus inspirants les uns que les autres, dont ils ont su s’entourer au fil des années pour réfléchir, développer et expérimenter autour du concept de la médiation culturelle. Un lieu de rencontre dans tous les sens du terme : rencontre avec les intervenants, leurs approches, leur passion commune pour l’art et le bien d’autrui; rencontre avec les autres participants du programme, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, et avec les autres réalités canadiennes, leurs communautés, leurs défis, qui malgré la distance, se ressemblent beaucoup; rencontre, aussi, avec ce nouveau concept qui venait mettre des mots sur un sentiment déjà existant… et dont, justement la rencontre est au cœur, et qui viendrait nous rassembler autour d’un projet commun.

Ensuite, c’est le retour à Caraquet. Le temps fait sa job, les idées mûrissent, je les partage autour de moi et le projet se développe. Et c’est là, au hasard des rencontres, dans l’organicité de la vie communautaire, que je croise Denise, l’enseignante du groupe avec lequel je finirais par travailler, à qui je parle du projet d’écriture que j’ai en tête. C’est que Denise est une enseignante spécialisée, qui travaille avec des adolescents qui évoluent en marge du système scolaire, la classe PHARE. Une gang d’ados, de raccrocheurs, que la vie n’a pas épargnés mais qui m’ont semblé avoir une force, une capacité de résilience que je n’avais certainement pas à leur âge. Du monde qui se sentent tenus à l’écart – du système scolaire, oui, mais qui en plus habitent presque tous en périphérie de Caraquet, du « centre » et ne se sentent pas interpellés par la vie culturelle qui s’y déroule; du monde à qui ça vaut la peine de donner la parole, en somme! Ensemble, on explorerait la question du territoire, de leur territoire, de notre territoire.

On commence donc, en janvier, à travailler ensemble. Et parce que pour écrire, il faut commencer par avoir lu un peu de poésie, on se fait un petit trip de lecture ensemble. 1 h à lire juste de la poésie acadienne, 40 ans de poésie acadienne, à voix haute et à tour de rôle, de Raymond Guy LeBlanc à Dominic Langlois (tous deux médiateurs à leur façon, d’ailleurs, par leur façon de faire vivre la poésie dans les livres, mais aussi à l’extérieur). Faire rouler les mots dans la bouche autrement, c’est déjà une expérience nouvelle pour bien des gens…

Ensuite : cadavre exquis, jeu surréaliste et ami depuis son invention de l’atelier d’écriture. Moi, l’artiste, le weird avec ses jeux de papier plié. Eux autres, les bons déjà sans le savoir. Premier essai, un coup remanié, ça donne ça : « sur la glace la vie/aimera/sans savoir pourquoi/l’aigle agile aveuglera/la vie le ciel rose/jusqu’à respirer/la vieille paix ». Ils sont impressionnés d’eux-mêmes. J’ai toujours aimé les cadavres exquis en ce qu’ils me semblent directement liés à l’inconscient d’un groupe à un moment très précis, comme si les liens étaient toujours plus forts qu’on le croit. Et ici, avec le recul, je le lis presque comme un présage du travail qui nous attendait, des quatre ateliers annulés pour cause de tempête et de la résilience dont j’aurais besoin pour poursuivre. Mais comme dans le poème, « sur la glace la vie/aimera/sans savoir pourquoi ». Et la vie a quand même pris le dessus sur la glace, par amour pour le projet, mais aussi pour les jeunes, que j’avais vus s’allumer (une petite étincelle à la fois) durant les deux premiers ateliers. Et on a fini par finir, par écrire, par explorer le territoire, qui par les écrits proposés, semblait mener vers l’intérieur avant de ressortir.

En formation, le concept qui m’est le plus resté, comme une ligne de conduite, est celui de la nécessaire adaptabilité de l’artiste en situation de médiation culturelle. Dans la zone de rencontre, entre l’idée initiale et l’apport des participants, la nécessité de demeurer ouvert au changement, à l’évolution. Ouvert, aussi, aux nouvelles avenues. Dans ce cas-ci, l’horaire chambardé par l’hiver a eu une influence sur le nombre de participants en mesure de terminer le projet et il a fallu s’y adapter, réévaluer, continuer d’avancer, inspiré par la résilience qui m’avait tant marqué chez les jeunes, lors de notre première rencontre. Yves Amyot, directeur du Centre de création pédagogique turbine, qui était mon mentor dans le développement du projet m’a d’ailleurs beaucoup aidé à laisser aller les premières idées, à revoir le projet en tenant compte des particularités du groupe et des circonstances. C’était au cœur de l’hiver, entre deux tempêtes, alors qu’il était de passage à Caraquet pour donner une formation au nom de la FCCF aux membres de la communauté, pour unir le plus de gens possible autour du concept de la médiation culturelle et par la bande, autour de ce projet précis. J’étais dans le doute et les ressources mises à ma disposition par la FCCF m’ont rassuré.

Je parle d’adaptabilité, aussi, parce que de l’idée d’un territoire physique, nous en sommes plutôt venus à explorer ensemble celle des territoires individuels qui meublent ce territoire, des vies qui s’y déploient. Une dimension qui m’avait échappé jusqu’à maintenant et à laquelle je ne serais peut-être pas venu aussi rapidement si ce n’était du contact avec les jeunes, de la médiation. Comme quoi, par la médiation culturelle, les démarches personnelles peuvent aussi évoluer, que la pratique artistique « professionnelle » pouvait en bénéficier.
Fruit d’un mélange de hasard et de mobilisation des forces, après avoir dû le remettre en raison des délais, Mai et moi avons fini par tenir le dévoilement de l’œuvre dans le cadre d’un Forum provincial sur la médiation culturelle de l’Association acadienne des artistes professionnel.le.s du Nouveau-Brunswick. Et en plus, à la Boîte théâtre de Caraquet, magnifique salle de spectacle surtout destinée au théâtre, aménagée dans un ancien hangar à poisson et gérée par le Théâtre populaire d’Acadie. Le lieu idéal, avec le public idéal pour une œuvre poétique collaborative qui, au final, flirtait aussi avec les arts plastiques, la vidéo et l’art scénique.

Malheureusement, en raison d’une situation hors de notre contrôle survenue durant la journée, aucun des jeunes n’a pu être présent lors du dévoilement, et j’imagine que c’est là une des réalités liées à la décision d’œuvrer avec des clientèles marginalisées. Malheureusement, ils n’ont pas pu voir les réactions du public ému face à la profondeur de leurs univers, à chaque fois qu’ils apparaissaient à l’écran pour livrer, sur vidéo, les textes de leur création que j’avais intégrés à une longue suite poétique.

Parce que je crois qu’ils doivent absolument pouvoir être spectateurs de leurs créations pour saisir la beauté extraite des quelques séances de travail auxquelles ils ont participé, Denise et moi sommes actuellement en discussion afin de trouver un moment pour leur offrir, en classe, le fruit de leur travail. Ils le méritent bien.

Adaptabilité. Résilience. Générosité. Dans les deux sens, toujours. Voilà, pour moi, les premières bases de ma médiation culturelle.

Et pour la suite des choses, après avoir vu la lumière poindre dans les yeux des jeunes, mais aussi dans ceux des autres artistes de la communauté, je l’entrevois, ou du moins je la souhaite, toute aussi riche de projets, de partenariats et d’échanges. Car ce qui en restera, au-delà du beau, c’est un pas de plus vers le vivre ensemble.

+ + + + +

Ce projet a été développé dans le cadre du projet national de médiation culturelle de La Fédération culturelle canadienne-française développé en collaboration avec Culture pour tous et financé par le ministère du Patrimoine canadien et le Conseil des arts du Canada. Je tiens à les remercier, ainsi que mes partenaires du Centre culturel de Caraquet, du Centre de création pédagogique turbine et de l’Association des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick, pour une expérience qui continuera, j’en suis sur, à faire grandir ma pratique artistique.

Par Jonathan Roy

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salutations à un vrai…
c’est un honneur pour moi
d’avoir partagé avec ce poète-rêveur
les 4 questions
de mon vagabondage canadien.

quel est ton rêve?
dans combien de jours?
qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve?
En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?

Pierrot vagabond

CLARENCE LEBRETON, HISTORIEN CORROSIF AUX LIGNES CONCEPTUELLES INTUITIVES

Ce matin, Claude Bouthillier ( pas l’écrivain mais l’ancien sous-ministre des pêches à Ottawa), m’a introduit à un autre personnage typique de la diversité culturelle de Caraquet. L’historien Claude Lebreton.

Je le décrirais comme un historien survolté par des intuitions trop nombreuses pour creuser à fond chacune d’entre elles. Il me fait penser à une abeille gorgée de miel…

Avec lui, les enjeux sont clairs (par exemple le haut taux de natalité des femmes de Caraquet en rapport à la survie, le fossé séparant les purs des impurs, soit les agriculteurs du haut Caraquet (serviles des prêtres) des pêcheurs du bas-Caraquet (aussi libres et insolents que les mic macs)…..

Rien chez lui ne vient du peuple, tout est élitisme ce qui lui donne une essence aristocratique qu’on ressent à chacune de ses phrases… Quand il raconte une histoire, c’est comme comme un vin d’un grand cru… tout en contraste de l’historien Bernard Thériault, que je comparerais à une bière locale d’une très grande saveur défendue ( d’un humour des plus joyeux, des plus accessibles mais des plus subtils de par la solide charpente intellectuelle sous-jacente).

Voici quelques notices biographiques de Clarence Lebreton,  ce savoureux intellectuel acadien:

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Clarence Lebreton naît à Caraquet, au Nouveau-Brunswick, le 14 décembre 1951. Ses parents sont Émilie Chenard et Clarence LeBreton. Il étudie à l’Université de Moncton puis à l’Université d’Ottawa, où il obtient un baccalauréat en histoire.

Durant les années 1970, il fait partie de l’équipe dirigeant la création du Village historique acadien, avec Jean-Yves Thériault, Antoine Landry, Jacques Boucher et Vincent Légère.

Clarence Lebreton devient conservateur en chef du Village historique acadien au milieu des années 19701, poste qu’il conserve durant 9 ans. Il travaille ensuite pour le chef du parti libéral du Nouveau-Brunswick Doug Young. En 1982, il devint directeur de l’Aquarium et centre marin du Nouveau-Brunswick et professeur d’histoire au Centre universitaire de Shippagan.

En 1992, après cinq ans de recherches, Clarence Lebreton publie un livre intitulé L’affaire Louis Mailloux, sur les événements ayant mené à des émeutes dans la ville de Caraquet en janvier 1875. Le livre est critiqué pour sa présentation et ses fautes d’orthographe tandis que certains des faits historiques décrits sont contestés. Malgré la volonté de l’auteur, l’éditeur décide finalement de le retirer du marché. Clarence Lebreton doit plus tard démissionner de son poste d’enseignant au Centre universitaire de Shippagan. Il quitte également la direction de l’aquarium en 1995. Les Éditions de la Francophonie rééditent le livre le 26 juillet 2002, sous le titre La révolte acadienne, à l’occasion de la Fête nationale de l’Acadie. Le texte est corrigé et Clarence Lebreton en profite pour ajouter des documents. L’éditeur Denis Sonier affirme à ce sujet « C’est un livre trop important, d’une richesse au niveau de l’histoire, pour être oublié. ». Le livre connut un certain succès et fut vendu au Nouveau-Brunswick et dans une soixantaine de librairies du Québec, ainsi qu’à Paris.

Il prend la direction du Village historique acadien en 2007, où il a dirigé les travaux de restauration de la première phase et de construction de la seconde phase.

Clarence LeBreton a été sous-ministre adjoint du Développement du Nord et sous-ministre adjoint du Tourisme et Parcs du Nouveau-Brunswick jusqu’à janvier 2011. Il est toujours président de L’Acadie nouvelle, de son imprimeur, Acadie Presse, ainsi que membre du conseil d’administration du portail CapAcadie.com.

Clarence LeBreton a pris sa retraite du Village Historique Acadien à la fin 20105.

À l’automne de 2011, il fait paraître aux Éditions GID de Québec deux ouvrages portant sur l’histoire de sa région, notamment un sur le 50e anniversaire de la municipalité de Caraquet intitulé Caraquet 1961-2011, un album de famille et un deuxième sur l’histoire des pêcheries de la Péninsule acadienne ayant pour titre La Péninsule acadienne, les pêcheries en image.

Pierrot Vagabond