DÉBRIS DE LA MÉMOIRE DU K-OEUR 6

Débris de la mémoire du K-œur… 6,

NOUS AVONS EU LA CHANCE INOUIE DE POUVOIR RÉALISER CE RÊVE. (you tube, sonde voyager, en route vers l’infini, documentaire scientifique,2019, 0.50)

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Une personne humaine est un Je qui rêve l’infini au k-oeur même de sa FINITUDE. Commençons d’abord par cette FINITUDE, elle est d’abord et avant tout le sort incontournable de toute vie humaine sur terre. On naît, vit et meurt. Sur 7 milliards de personnes (chiffre de l’O.N.U en 2011), aucune ne sera encore vivante en 2130. Ce mur de la finitude existentielle, on le retrouve remarquablement synthétisé dans la vie et l’œuvre du peintre Paul Gauguin dans toute sa cruauté dramatique. Après quelques années à Tahiti, dit-il, ou le bonheur succédait au bonheur, soudainement il apprend par une petite lettre de sa femme que leur fille Aline âgée de 19 ans est morte le 19 janvier 1897. La dépression le ronge, la culpabilité d’avoir abandonné ses 5 enfants pour vivre l’aventure de son rêve lui fait faire des cauchemars, ses problèmes de santé s’accentuent (des cicatrices qui ne veulent pas guérir) et les douleurs compulsives qui en résultent nuit et jour l’enchaînent à une escalade de consommation d’arsenic et de morphine dans ses tentatives pour guérir. Le 7 juin 1897, Gauguin se dirige vers le port ou il espère qu’un bateau lui apportera une lettre de ses enfants pour ses 49 ans. Mais rien…. Le vide… l’impasse. En juillet 1897, il se rend encore au port… Il espère un mandat qui lui permettrait de palier à ses dettes. Aucune nouvelle de George Chaudet qui est chargé de vendre ses toiles, aucun envoi d’argent de Daniel de Monfreid, son ami le plus fidèle. L’idée de se tuer lui traverse l’esprit pour mettre un terme à cette existence de miséreux. Et pourtant, l’idée d’un tableau germe en lui…. Comment témoigner du long et mystérieux déroulement de la vie humaine, semblable aux pirogues qui flottent et serpentent les lagons avec comme féérie d’arrière-fond, l’île de Taroa …. car se demande Gauguin… D’OÙ VENONS-NOUS?, QUI SOMMES-NOUS? OU ALLONS-NOUS? De juillet à décembre 1897…. L’horreur de la douleur prend des formes étranges … Plaies sur les jambes, eczema, séjour à l’hôpital. Il doit peindre…. Son testament pictural. … D’où venons-nous? … Que sommes-nous? Ou allons-nous? Un mois nuit et jour, sans ressentir la faim ou la soif … ébloui de sérénité en ayant pris le pari que s’il ne reçoit aucun subside par le prochain bateau, il aura le courage de se tuer…. Le bateau a pris du retard… Gauguin continue à peindre … Quand le bateau surgit enfin dans le port de Papeete, Il accoure … rien pour lui… rien… Il revient à Panaiauna… Il saisit sa toile… écrit en haut à gauche le titre du tableau : D’OÙ VENONS-NOUS?, QUI SOMMES-NOUS? , OU ALLONS-NOUS? Un tableau en trois temps qui  lit la finitude de gauche à droite ….le début de la vie (trois femmes et un enfant) ….. le temps au quotidien qui file (groupe de jeunes) et une vieille femme résignée à mourir ( à ses pieds, un oiseau blanc qui tient dans son bec un lézard représentant la futilité des mots) le tout sous fond d’idole bleue représentant l’au-delà. Le tableau est un chef d’œuvre… Et Gauguin le sait…. Il le sait d’ailleurs depuis le tout premier coup de pinceau …. Toute la beauté de l’énigme de la finitude sur terre s’y trouve respectée sans chercher à la résoudre par quelque réponse logique que ce soit. La fiole d’arsenic…. La fiole d’arsenic…. Il la capte…. Il sera capitaine de sa finitude sur terre. Il écrira d’ailleurs à un ami: J’ai voulu me tuer, je suis parti dans la montagne pour que mon corps soit mangé par les fourmis. Je n’avais pas de revolver, mais j’avais de l’arsenic. … Effectivement, il avale l’arsenic, mais très vite son corps est pris de nausées qui, sous forme de vomissements, dureront toute la nuit. À l’aurore, toujours vivant, il redescend la montagne, retrouve sa case, s’effondre dans son lit.  La mort n’a pas voulu de lui. Il mourra pourtant 6 ans plus tard, le 8 mai 1903, brisé par les douleurs horribles de l’eczéma, rongé par la syphilis, devenu un artiste maudit exilé dans la pauvreté et la faim la plus abjecte.