La toute première photo d’un trou noir présentée au monde entier
Publié le mardi 9 avril 2019 à 11 h 43
Mis à jour il y a 12 minutes
Alain Labelle
La toute première photo d’un trou noir, l’un des objets les plus mystérieux de l’Univers, a été présentée au monde entier lors d’une conférence de presse tenue par les responsables du radiotélescope virtuel EHT (Event Horizon Telescope), un réseau international d’observation.
Les rumeurs célestes laissaient entrevoir la publication d’une première photographie du monstre situé au centre de notre notre galaxie, mais c’est celle du trou noir au centre de M87 qui est présentée aujourd’hui.
La conférence était orchestrée par la Fondation nationale pour la science à partir de Washington, aux États-Unis, mais des représentants de plusieurs autres organisations internationales, notamment européennes, chiliennes, et japonaises, participeront également à la rencontre.
Alain Labelle
La toute première photo d’un trou noir, l’un des objets les plus mystérieux de l’Univers, a été présentée au monde entier lors d’une conférence de presse tenue par les responsables du radiotélescope virtuel EHT (Event Horizon Telescope), un réseau international d’observation.
Les rumeurs célestes laissaient entrevoir la publication d’une première photographie du monstre situé au centre de notre notre galaxie, mais c’est celle du trou noir au centre de M87 qui est présentée aujourd’hui.
La conférence était orchestrée par la Fondation nationale pour la science à partir de Washington, aux États-Unis, mais des représentants de plusieurs autres organisations internationales, notamment européennes, chiliennes, et japonaises, participeront également à la rencontre.
Carte illustrant les endroits où sont situés les instruments du radiotélescope virtuel EHT.
Les endroits où sont situés les instruments du radiotélescope virtuel EHT. Photo : ESO
Un mégatélescope
Ce réseau de huit télescopes terrestres est né en 2012. Ces instruments partenaires sont situés un peu partout dans le monde, ce qui a permis de créer l’équivalent virtuel d’un radiotélescope de plusieurs milliers de kilomètres de diamètre.
L’image serait née à la suite de l’analyse de téraoctets de données recueillies en avril 2017. Depuis ce moment, plus de 200 astrophysiciens tentent de déceler la « silhouette » de l’ogre au centre de la galaxie M87
L’astrophysicien Olivier Hernandez, directeur du Planétarium Rio Tinto Alcan, explique que le défi d’une telle observation réside dans la synchronisation des différents télescopes connectés au réseau.
« Plus on ajoute de télescopes, plus l’image sera brillante, et plus la distance entre chaque antenne est grande, meilleure sera la résolution obtenue. »
— Olivier Hernandez
Il faut ensuite entreposer, puis analyser l’immense quantité de données recueillies.
Une image déjà historique
Pourtant, l’image qui a présenté n’a que de 30 à 50 pixels.
« On peut s’attendre à avoir une image qui ressemble à un anneau, à un beigne vaporisé. »
— Olivier Hernandez
Le saviez-vous?
•Si le centre d’une galaxie est difficile à observer, il laisse cependant percevoir dans certaines longueurs d’onde une activité intense.
•Cette activité tiendrait sa source dans la présence du trou noir supermassif autour duquel évoluent une douzaine d’étoiles supermassives et des nuages de gaz.
•Un trou noir est un objet céleste qui possède une masse extrêmement importante dans un volume très petit. Comme si le Soleil ne faisait que quelques kilomètres de diamètre ou que la Terre était comprimée dans la tête d’une épingle.
•Le concept de trou noir a émergé à la fin du 18e siècle.
•Ils sont si massifs que rien ne s’en échappe, ni la matière ni même la lumière. Ils sont donc pratiquement invisibles, si bien qu’aucun télescope n’a encore réussi à en « voir » un.
L’horizon des événements
Les astrophysiciens ont réussi à reconstruire une image de l’horizon des événements qui marque la limite immatérielle de l’entrée dans le trou noir. Ce « contour » du trou noir est considéré comme l’un des endroits les plus violents de l’Univers, et le point de non-retour au-delà duquel tout – c’est-à-dire les étoiles, planètes, gaz, poussière, et toute forme de rayonnement électromagnétique, y compris la lumière – serait irréversiblement aspiré.
Concrètement, cette image montre la « silhouette » de l’horizon des événements du trou noir sur le fond étoilé, et permettre par le fait même d’obtenir pour la première fois la preuve que l’objet que l’on observe au centre de notre galaxie est bien un trou noir.
Confirmer l’état de nos connaissances
Si cette image marquera certainement les esprits, la plus grande avancée sur le plan scientifique est certainement la confirmation des théories actuelles sur les trous noirs. Cette annonce valider l’un des concepts de la théorie de relativité générale d’Einstein, un peu comme l’a fait l’Observatoire LIGO il y a quelques années.
« C’est un pas dans la bonne direction. Une preuve qu’on ne s’est pas trompé. »
— Olivier Hernandez
Toujours mystérieux
Ces objets célestes restent toutefois très mystérieux, même si certaines de nos théories sont vérifiées. Où va la matière qu’ils absorbent? Comment définir leur singularité gravitationnelle? Qu’est-ce qui se trouve de l’autre côté? Autant de questions sans réponse auxquelles la science pourra continuer de s’attarder dans les prochaines années.
Plusieurs autres trous noirs
Il n’y a pas qu’un ou deux trous noirs au cœur de la Voie lactée, mais au moins une douzaine, et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, affirmaient des astrophysiciens américains et chiliens l’année dernière.
Outre le trou noir supermassif Sgr A*, s’y trouveraient des trous noirs stellaires, qui se forment à l’occasion de l’effondrement gravitationnel de certaines étoiles massives en fin de vie, qui explosent en supernovae.