ET SI LE SPORT OEUVRE D’ART DEVENAIT LE MOTEUR DE LA NANO-MODERNITÉ DE LA RÉVOLUTION PLANÉTAIRE DU DROIT DES FEMMES À L’ÉGALITÉ FONDATRICE DE LA NANO-CITOYENNETÉ-PLANÉTAIRE ET DE SES 2 ASSEMBLÉES COMPLÉMENTAIRES DES JUSTES (125 FEMMES ET 125 HOMMES)

Les filles de Kaboul soulèvent des montagnes (ou presque)

Anne Chaon – Agence France-Presse à Kaboul

9 mars 2018

Asie
Elles ne sont qu’une vingtaine, contre une centaine de leurs compatriotes masculins. Mais les filles de l’équipe d’haltérophilie d’Afghanistan sont prêtes à soulever des montagnes dans une société qui considère le sport féminin comme un outrage à la réputation des femmes.

Avec les moyens du bord, elles se retrouvent deux à six fois par semaine dans une minuscule salle moquettée de rouge au Comité olympique afghan, à Kaboul, pour hisser de la fonte, levant avec elle les tabous tenaces hérités des traditions.

Ici pourtant, toutes affirment avoir le soutien et même les encouragements de leur père ou mari, à l’instar de Rasheda Parhiz, 40 ans, une belle femme aux rondeurs rares pour l’Afghanistan, où les filles sont souvent petites et surtout très menues.

C’est parce qu’elle était justement trop forte que Rasheda s’est mise au sport d’abord, puis aux poids quand la discipline s’est créée à Kaboul il y a sept ans.

En jogging, tunique et foulard noirs, allongée sur un banc, dos à plat, elle brandit au-dessus d’elle la barre lestée de 50 kilos : « 70 kilos au total », sous-titre l’entraîneur Totakhail Shahpor.

« Il y a neuf ans, j’allais à la gym en burqa, j’étais trop grosse : je pesais 120 kilos, je passais mon temps chez le médecin. Maintenant, j’en fais 82 », raconte-t-elle entre deux expirations.

Le record de Rasheda, c’est 100 kilos, ce qui lui a valu déjà deux coupes et des médailles en série dans les compétitions locales et régionales, en Inde et au Kazakhstan.

Photo: Wakil Koshar Agence France-Presse

Rasheda Parhiz avec ses trophées

De retour chez elle, dans un quartier périphérique de Kaboul aux rues de terre brute, elle étale ses trophées sur le tapis du séjour. Au lieu de trôner dans une vitrine, avec les services à thé et les bouteilles thermos, ses récompenses sont rangées pêle-mêle dans un sac plastique du bazar.

« Parce qu’on est trop paresseuses pour les épousseter ! » s’amuse sa fille aînée, Lema, 22 ans. « Qui ça intéresse ? » reprend Rasheda.

Pourtant, affirme-t-elle, son mari est « très fier » d’elle. Il autorise même les filles à la suivre et Beshta, 20 ans, a commencé à s’entraîner au Comité olympique avec sa mère.

C’est plus compliqué pour la salle de gym, confessent les deux soeurs, qui s’échappent en cachette avec leur mère dès que le père part travailler.

« Il trouve qu’on est trop jeunes pour ça », glisse Lema.

Si tu fais du sport, ici, on te considère comme une fille de mauvaise vie. C’est mal, c’est tout.

— Lema, 22 ans

Défier l’ultraconservatisme

En fait, dès leur plus jeune âge, 6 ou 7 ans, les mères expliquent aux filles qu’elles ne doivent ni courir ni sauter, ni même faire du vélo, au risque de perdre leur sacro-sainte virginité, la pire honte qui soit et une véritable calamité pour une future mariée.

Peu de filles, face à cette menace, osent braver cette croyance bien ancrée.

Pour 38 % des hommes afghans, le vêtement approprié pour les femmes en public reste donc la burqa, qui les couvre intégralement, regard compris, d’après une étude de l’Asia Foundation. Plus des deux tiers (72 %) considèrent que les femmes ne doivent pas travailler hors de la maison et 66 % des femmes afghanes n’ont reçu aucune éducation, selon cette étude intitulée « Afghanistan in 2017 ».

Aussi, quand le comité olympique afghan a lancé la fédération d’haltérophilie, il a fallu faire un peu de publicité pour attirer les filles, se souvient Totakhail Shahpor. Lui-même a repris le flambeau il y a trois ans, après la défection de son prédécesseur, parti avec la caisse de l’équipe pendant une compétition au Canada.

Militaire de carrière, ce grand brun de 52 ans considère de son devoir d’encourager et de protéger les filles. « Si j’imposais une discipline comme à l’armée, le lendemain je n’aurais plus personne, s’amuse-t-il. Je les traite comme mes filles. »

Il veille aussi à organiser de nombreuses compétitions pour les motiver, malgré un budget étique : « Chacun de nous touche 1000 afghanis [moins de 15 $] par mois » — à peine de quoi payer le transport.

« Regardez leurs vêtements, elles n’ont même pas de chaussures », reprend-il en désignant Sadia Ahmadi, dont le survêtement gris et jaune arbore un énorme trou sur la cuisse. À 25 ans, la jeune femme aux yeux chargés de khôl est pourtant la plus titrée de la fédération.

« Quatre médailles d’or », insiste Shahpor, glanées en Ouzbékistan, en Inde et au Kazakhstan. « Avec davantage de budget, on pourrait préparer les Jeux olympiques. »

Mais la fédération afghane avantage les hommes, regrette-t-il. Avec toutefois un certain succès. Malgré leur arrivée récente dans la discipline, les Afghans se sont illustrés sur la scène régionale et internationale avec 250 récompenses en huit ans et même un record du monde en 2012.

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