CONTE 1… MON FRÈRE BIEN-AIMÉ EN QUI J’AI MIS TOUTES MES COMPLAISANCES

” T’as besoin d’un psychiatre, que me dit mon frère
et je vais te…… l’payer…”

On aurait dit une page de l’ancien testament… Yahvé sur la montagne sacrée… Je suis celui qui est…. haleinant quelques paroles divines à Moïse, son perdu bien-aimé.

Faut dire qu’avec mon sac à dos de vagabond-poète rempli de menteries joyeuses, mon vieux case de guitare et surtout mon long bâton de pélerin, on me surnommait souvent Moïse sur les routes célestes de mes joies de vivre, au point ou rapidement je me mis à signer mes courriels: Pierrot, vagabond céleste.

Ce qui est mythologique quand mon frère Yahvé s’exprime, c’est que chaque parole le fait gonfler de vérité au point ou il se métamorphose d’une montgolfière à l’univers, sa création, retenue et ancrée seulement que… par sa maison payée, son $100,000 et plus dans son compte de banque et son discret fond de pension.

Pour un menteux du village engagé pour l’hiver, Caraquet est le lieu par excellence pour sortir ses plus belles menteries et faire rire les dérangés du grand dérangement par un conte dont ils n’ont jamais entendu parler. Le conte de Yahvé et Moïse.

Alors imaginez, moi qui n’avais pas revu Yahvé depuis 10 ans, y m’a pris une idée… Sans l’avertir je me suis retrouvé devant lui… J’adore la beauté de son personnage existentiel… Je pourrais en parler des heures et à la fin, l’univers entier voudrait lui serrer la main…

Mais…que je lui dis… ” J’ai marché de Montréal à Cap Chat pour une poignée de main historique,,, ” et je lui tends la main… surtout qu’on s’était jamais chicané… mais comme on dit… un nomade et un sédentaire c’est comme Mars et Vénus.

Yahvé s’est mis à gonfler, gonfler gonfler au point ou le vent commença à garocher de la pluie sauvage dans ses fenêtres pour lui signaler que la situation était anormalement inquiétante…

” Tas vraiment besoin d’un psychiâtre que me dit Yahvé…en oubliant cette-fois-ci d’ajouter qu’il me le paierait… On ne réussit pas dans la vie sans un jugement professionnel….

Et moi de lui murmurer d’un air coquin…” En attendant le psychiatre, je peux-tu au moins te serrer la main… j’ai tellement marcher pour?…

Yahvé s’approcha de moi, se pencha lentement vers moi, et lentement. cérémonieusement comme si au lieu de communiquer on vivait une communion institutionnelle de calibre international… Yahvé serra ma misérable main de vagabond va-nu-problèmes dans la sienne rentable et rentière et me dit tendrement:

” Ça te fait tu du bien?”

Et moi de renchérir: ” Ça te dérange-tu si je la serre encore un peu… C’est long Montréal- Cap Chat….à pied… pour une poignée de main..

Et Yahvé serra ma main avec compassion en ajoutant… ” T’as vraiment besoin d’un psychiatre et… je vais… te le ………………………………………… payer…

Quand Yahvé prononce le mot payer, on dirait que les cloches du Vatican sonnent pour avertir les fidèles que le magasin de souvenirs religieux va ouvrir pour les soulager de leurs misères cachées sous de la petite monnaie.

Et je dis à Yahvé:

“Tu me donnes-tu le droit de choisir mon psychiâtre?”

Yahvé étonné me dit… t’en connais déjà un?

“Oui… Y passes des fois à la télévision… Ya juste une jambe et y s’appelle le docteur Marcoux… Comme je vagabonde de village en village, y va avoir de la misère à me suivre pis ça va te coûter beaucoup moins cher…”

Yahvé recula d’effroi comme si son fils venait d’être cloué sur la croix… C’est comme s’il avait soudain entendu de son coeur la grande tirade: Frère… pourquoi m’as tu abandonné?

Il recula… mit la main sur son poitrine forteresse, devint pâle et agonisa lentement dans un cri d’amour qui venait du fond de son portefeuille…

“Ca se fait pas aller chez le monde sans téléphoner”

Je pouvais pas lui donner tort… culottes courtes, zona sur les jambes, c’est dur de remplir une église… Si fallait que le pape se présente comme ça sur l’balcon pour bénir… ça nuirait au magasin de souvenirs.

Mais j’aime tellement mon frère… “je lui dis: Je vais repartir pis je vais revenir une autre année quand on inventera une ligne téléphonique pour les vagabonds… et je suis retourné sur mes pas, ai refermé sa porte en me disant… mais quel personnage fabuleux pour un menteux engagé pour l’hiver… m’a pouvoir conter c’te menterie-là devant tous les poêles à bois d’Acadie.

C’t’histoire là a du arriver l’été 2006… A chaque fois que ca me remonte du sac à dos à la gorge, je ris entre chaque phrase quand je la raconte… je me suis dit… bon… on est à Caraquet, le pays historique des menteux, il est temps de se la conter sans passer par la littérature. Me la su donc conter au Tim Horton de caraquet, le 26 juin 2015, 9.03 du matin pour que si mon frére la lit sur mon blogue internet, il sache que je l’aime comme il est….

Le philosophe Roger Savoie, un des grands théoriciens de la révolte acadienne étudiante en 1968 écrivait ceci en 1978 dans un texte universitaire célèbre intitulé Acadie-Anarchie:

” L’acadien sans histoire et sans patrie a bien des choses à dire et à faire… il pourrait soigneusement cultiver ses défauts qu’on lui reproche. Au lieu de se soucier de devenir quelqu’un, il pourrait, comme tous les nomades, profiter du fait qu’il n’est personne. Cet anonymat lui donnerait une énorme mobilité.”

je lui dédie donc, s’il est encore vivant, mon premier conte transcrit à Caraquet, capitale imaginaire d’un pays oeuvre d’art, qui existe depuis toujours, l’Acadie. Le titre: Yahvé et Moïse.

Pierrot vagabond céleste