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1) FELIX LECLERC ET SA VOCATION D’ARTISTE
Quand Félix Leclerc s’interrogeait sur sa vocation d’artiste…sa mère Fabiola disait: Il n’y a rien de vrai que ton rêve … faudrait aller dans un autre pays…et son père Léo lui l’encourageait en disant: laisse porter, ça viendra …la récolte est à l’automne et tu es au printemps de ta vie ….Et c’est Guy Maufette qui a peut-être le mieux résumé l’aventure artistique de Félix…. en disant de lui: son pied le conduisant toujours là ou son âme le précédait ……
tiré du Livre sur Félix Leclerc… moi mes souliers:
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.Et chaque rêveur qui ne triche pas avec son rêve, on le reconnaît parce que son pied le conduit toujours ou son âme le précède… De là la très grande valeur des souliers qu’il porte… de la paire de bottes qu’il porte, du canot qui le transporte… (l’histoire du canot)
2) la chanson moi mes souliers…
1. Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé,
Ils m’ont porté de l’école à la guerre
J’ai traversé sur mes souliers ferrés,
Le monde et sa misère.
2. Moi, mes souliers ont passé dans les prés,
Moi, mes souliers ont piétiné la lune,
Puis mes souliers ont couché chez les fées
Et fait danser plus d’une.
3. Sur mes souliers y a de l’eau des rochers,
D’la boue des champs et des pleurs de femmes,
J’peux dire qu’ils ont respecté le curé,
L’pays, l’bon Dieu et l’âme.
4. S’ils ont marché pour trouver l’débouché,
S’ils ont traîné de village en village,
Suis pas rendu plus loin qu’à mon lever,
Mais devenu plus sage.
5. Tous les souliers qui bougent dans les cités
Souliers de gueux et souliers de reine,
Un jour cesseront d’user les planchers,
Peut-être cette semaine.
6. Moi, mes souliers n’ont pas foulé Athènes,
Moi, mes souliers ont préféré les plaines;
Quand mes souliers iront dans les musées,
Ce s’ra pour s’y, s’y accrocher.
7. Au paradis, paraît-il, mes amis,
C’est pas la place pour les souliers vernis,
Dépêchez-vous de salir vos souliers
Si vous voulez être pardonnés…(Bis)
3) FELIX LECLERC, LE RÊVEUR ÉVEILLÉ
Pourquoi est-ce que je surnomme Félix leclerc de rêveur éveillé? Il faut pas prendre le mot rêveur au sens ordinaire et fade qu’on lui donne trop souvent. Mais dans un sens très fort qu’explique bien Laurence D’Arabie, l’auteur des 7 piliers de la sagesse, quand il parle des aventuriers.
Tous les hommes rêvent. Mais pas également. Ceux qui rêvent la nuit dans les replis de leurs pensées, s’éveillent le jour et rêvent que c’était vanité.
Mais les hommes rêveurs de jours sont des hommes dangereux car ils peuvent voir leurs rêves avec les yeux ouverts pour les rendre possibles.
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le… moi les souliers de Félix Leclerc , ça raconte aussi le rêve de deux rêveurs exceptionnels… des géants avec des bottes de 4 lieux.
Le ier s’appelait W.W. Brown … Y avait des bottes brillantes, tout en argent… il habitait la ville de Berlin au New Hampshire . Il possédait déjà un moulin à papier et rêvait d’en construire un deuxième …. dans un creux de forêt à 100 milles de trois Rivières et à 100 milles de Chicoutimi …. … près d’une chûte… parce qu’une rivière la rivière St-Maurice … pouvait transporter les billots de La Tuque à Trois Rivières. Mais y fallait une chûte pour alimenter e moulin à l’électricité et construire une ville autour du moulin… la partir à zéro…
Le second s’appelait Léo Leclerc . Lui y avait des bottes de sept lieux toutes salies par son travail de cultivateur.
quand Léo Leclerc entend parler du rêve du moulin à papier de W.W. Brown… Il est célibataire… avec projet de se marier et d’élever une famille …. il a vu son rêve… ouvrir un magasin général près du moulin à papier.
4.journal de la tuque 1911 … 2 éditions seulement.
Le plateau où s’ élève la Ville de La Tuque n’était il y a quatre ans qu’une forêt en friche. Le silence planait sur ces solitudes. Le hardi voyageur, égaré dans ces régions sauvages, n’ entendait que le cri du fauve, le chant des oiseaux et la chute des feuilles. L’on semblait dédaigner ces lieux apparemment destinés à la stérilité . Journal La Tuque , le 24 novembre 1911
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DEUX VOYAGES — SUR LE — SAINT-MAURICE (1886-1888)
— PAR L’ABBÉ N. CARON Chanoine de la Cathédrale des Trois-Rivières.LIBRAIRIE DU SACRÉ-COEUR-^ IF. V . A T O T T ÎLIBRAIRE—ÉDITEUK
LE Saint-Maurice, venant de Montachingue, roule ses flots noirs avec une grande majesté ; il est profond,
c’est le roi du Nord qui s’avance. Mais tout à coup une montagne, la Tuque, se rencontre juste sur son passage ; voilà deux majestés en présence; il y a combat,
mais il faut bien que le fleuve cède. Il se détourne à regret, et trouve à côté de la montagne un passage de quelques pieds seulement. Quoi ! un si petit espace pour le roi du Nord ! Deux rochers s’élèvent
de chaque côté, impassibles dans leur masse, et le fleuve est obligé de se contenter de l’espace qu’on lui laisse. Il s’enfle, il gronde, puis il se précipite-avec
fracas et forme la première cascade. Ses flots ne sont pas encore apaisés, qu’une arête de rocher se trouve encore sur son passage : il frappe, il bondit, il s’irrite,
mais le rocher tient bon, et le fleu\e est obligé de sauter lourdement par-dessus l’obstacle. Il écume de rage, et pendant l’espace d’un arpent, il lance son onde
vers le ciel en jets multipliés, comme pour menacer encore le rocher si dur qu’il vient de rencontrer. Cependant il lui faut faire un troisième et dernier saut ;
alors on ne lui voit plus cette majesté qu’il déployaità la première et à la deuxième cascade : tout couvert
d’écume, il s’élance irrégulièrement tantôt d’un côté,tantôt de l’autre ; c’est la colère! impuissante et lassée de ses propres excès.
Mais ici les rochers s’éloignent subitement, le fleuve comprimé voudrait prendre tout l’espace qu’il a maintenant devant lui, il s’élargit outre mesure, court
encore quelque temps sans but et sans raison, puis il s’apaise peu à peu, et à là fin il s’endort comme d’épuisement. Pendant son sommeil, il laisse tomber les
terres ou il tenait en suspension, et forme des îles qui se couvrent ensuite de verdure. L’ÎLE AUX GOÉLANDS EST UN RÊVE DU ST-MAURICE ENDORMI.[1]
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[1] Dans le blogue du 15 mai 2016 (1300) , nous écrivions :
Je peux dire que La Tuque, du temps de la jeunesse de mon Grand-père Lucien s’est construite autour du moulin à papier, à partir duquel les billots descendaient la rivière St-Maurice de La tuque à Trois-Rivières. Ce qui fit en sorte parallèlement que la ville se trouva divisée par une voie ferrée… d’un côté les riches anglicans capitalistes nourris à la lecture de la bible avec devoir de réussir financièrement pour bien montrer qu’on faisait partie des élus… et de l’autre, les prolétaires catholiques mis à genoux par le chapelet, le papisme et la moutonnisation des consciences frileuses…
Mais ces anglicans qui possédaient et la ville et son moulin adoraient à ce point la musique classique… qu’ils achetèrent des instruments de musique pour que leurs ouvriers en jouent et forment une harmonie qui pouvait même se métamorphoser en fanfare … et les esclaves maigrement salariés devinrent soudain les coureurs des bois d’un univers impossible pour eux : CELUI DE L’ERRANCE POÉTIQUE SUR DES NOTES DE MUSIQUE.
Et c’est ainsi que la musique classique devint l’ancrage de l’errance poétique vécue par toute une ville, et cela durant plus de 50 ans… au point où il y eut même deux harmonies musicales en guerre comme deux orchestres des Rochette en guerre …. Et le grand conteur international Simon Gauthier décrit magnifiquement cette scène où en 1929, mon grand-père promène sa femme et ses jeunes enfants jouer de la musique d’une maison à l’autre pour chasser la misère sociale par leur errance poétique … Sur une photo… on voit mon grand-père Lucien, jeune homme et mon père, qui à 5 ans tient une mandoline dans ses mains … et mon oncle Paulo avec une guitare et ma grand-mère Lumina un banjo je crois…
Et les années passèrent … 1945…. Parce que La Tuque était enclavée entre deux montagnes, et que Trois-Rivières était à plus de 100 kilomètres … sans radio, sans télévision… Notre ville devint donc un immense conservatoire de musique classique… une pépinière de musiciennes et de musiciens … Chaque été dans les parcs, il y avait concert hebdomadaire et à chaque fête comme à Noel, une parade… une arrivée du père Noel au son de la fanfare… Mon père qui avait gagné le premier prix de trompette à C.K.A.C. en 1948 en était l’âme poétique ….
Et les années passèrent… arriva 1965 … L’harmonie de La Tuque fit la place des arts nouvellement ouverte… j’y fut partie prenante dans une imitation de la famille Trapp avec Madame Mongrain… ( www.latuquehistoire.blogspot.com) … Et j’ai retrouvé sur Internet une photo de moi à 13 ans avec la jeune harmonie de l’école Champagnat de La Tuque au moment où nous nous apprêtions à partir pour Montréal, dans une attitude que n’aurait pas renié mon grand-père Lucien avec ses bottes pour aller plus loin dans la vie, mon oncle Paulo et son avion imaginaire de chasse-misère et mon père avec sa trompette pour convoquer la beauté du monde cachée dans le cœur de sa musique. Et les années passèrent… en une nuit …La Tuque qui s’était bâtie sur une légende mourut comme on se meurt dans les contes de fée… Tout ça s’effondra en une seule nuit quand le directeur de l’harmonie de La Tuque, Aubert Mongrain s’enfuit avec une jeune fille de 15 ans pour vivre une grande histoire d’amour à Montréal qui dura plus de 20 ans … Un jour que je retrouvai Aubert à Longueuil à plus de 80 ans, il me dit : Elle était musique et ma liberté n’a fait que marcher la musique toute ma vie… AIS-JE RÊVÉ TOUT CELA?