ARTICLE SUR LES ACTEURS DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE A MONTRÉAL

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Stéphane Martel, cofondateur d’E-AI, une communauté regroupant les acteurs clés du divertissement et de l’intelligence artificielle

Qu’ont en commun deux des plus grandes forces de Montréal, le divertissement et l’intelligence artificielle (IA) ? Trop peu, estiment une cinquantaine d’entreprises et d’organisations des deux milieux qui ont décidé de s’unir au sein d’une nouvelle communauté, E-AI.

Publié à 7h00
Karim Benessaieh

KARIM BENESSAIEHLA PRESSE

« Nos geeks de l’IA ne rencontrent pas souvent nos artistes et nos créateurs du milieu du divertissement, résume Stéphane Martel, cofondateur d’E-AI. Le but du projet, c’est de provoquer cette conversation, dans une perspective pas seulement locale, mais également internationale. »

L’initiative offrira sa première vitrine les 14 et 15 juin prochains. On tiendra alors des tables rondes, des conférences et des activités de réseautage au Palais des congrès de Montréal et en ligne.

Derrière ce sigle pour « Entertainement – Artificial Intelligence », il y a M. Martel, qui a notamment œuvré pour C2MTL de 2011 à 2014 et lancé la firme d’accompagnement de voyages Yulism. Depuis juin 2021, il a patiemment réuni des acteurs montréalais du divertissement et de l’intelligence artificielle pour explorer les possibilités de rapprochement. E-AI est officiellement née l’automne suivant, cofondée avec quatre autres entreprises. On a obtenu un financement mixte du public et du privé, notamment un coup de pouce du fonds d’investissement du Palais des congrès pour la mise sur pied d’évènements.

Aujourd’hui, une cinquantaine d’organisations, notamment Moment Factory, Behaviour Interactive, Ivado, le Centre Phi et la Banque Nationale font partie de ce regroupement.

Combler les fossés

L’idée derrière E-AI, c’est de « prendre deux domaines d’excellence où on performe assez bien, le divertissement et l’intelligence artificielle, explique M. Martel. Ce ne sont pas deux domaines qui se connaissent, qui se côtoient ou se fréquentent. On s’est rendu compte qu’il y avait là un espace à occuper, qu’on était crédibles à Montréal étant donné notre bonne position dans les deux secteurs. »

Difficile évidemment pour le responsable d’une initiative à peine naissante de donner des exemples concrets de ce que pourrait donner cette rencontre de deux mondes. Mais il offre quelques pistes.

L’intelligence artificielle dans le divertissement aujourd’hui, c’est utilisé pour amplifier la créativité. L’IA n’enlèvera pas de jobs, ne va pas automatiser la créativité, mais elle a permis à des entreprises innovantes de l’être encore plus.

Stéphane Martel, cofondateur d’E-AI

On note souvent un fossé entre la recherche et la commercialisation de l’IA, rappelle-t-il. « Est-ce que le divertissement, orienté sur la narration et l’expérience usager, ne pourrait pas être un allié pour le développement de l’IA ? Ce n’est pas seulement l’IA qui vient sauver le divertissement, c’est aussi le divertissement qui vient aider l’IA. »

De façon plus prosaïque, M. Martel a retenu quatre besoins exprimés par des responsables d’entreprises et d’organisations consultés en juin 2021. Le premier, c’est la vulgarisation de l’IA. « C’est un champ d’innovation que certains joueurs connaissent bien, mais auquel beaucoup de joueurs en divertissement ne se sont jamais frottés. Ils ne comprennent pas ce que ça peut faire dans leur vie, ils sont plus craintifs. »

Des retombées économiques

On a de plus manifesté la volonté de rapprocher les deux milieux, d’augmenter l’attractivité des entreprises montréalaises et de donner des outils d’aide à la commercialisation et à l’exportation.

Pourquoi avoir retenu un sigle anglais pour une métropole francophone ? M. Martel reconnaît qu’il y a eu « des débats éthiques » sur cette question et qu’on souhaitait essentiellement refléter les ambitions internationales de cette nouvelle communauté. On a d’ailleurs abandonné une première version du projet en 2020 baptisée YUL-AI, fauchée par la pandémie avant même son lancement. E-AI, « c’est un nom qui n’est pas parfait, même en anglais », reconnaît-il.

Le succès d’E-AI, à long terme, ne sera pas uniquement évalué par la taille et la popularité de ses rassemblements, précise M. Martel. « D’ici cinq ans, j’aimerais qu’on regarde davantage notre impact en termes de retombées économiques. »