LE BURLESQUE QUÉBÉCOIS A PRODUIT UN AUTHENTIQUE GÉNIE COMIQUE…. LA POUNE… dixit Jean-Claude Germain

Le burlesque québécois et américain
textes inédits
Chantal Hébert
centre de recherche en littérature québécoise
préface
Jean-Claude Germain

Dans le sketch de Bye Bye 70 qui l’a hissé à tout jamais au rang d’un mythe, Olivier Guimond campe un soldat de l’armée canadienne. Nous sommes pendant la crise d’octobre et le troufion Tizoune fait les cent pas devant la maison d’un riche anglophone de Wesmount qui pourrait aussi bien être un francophone d’Outremont. A l’instar de l’agent secret canadien-français IXE-13 qui, en fin de carrière, écopait de la mission honteuse de pourchasser les premiers séparatistes, le rejeton de Ti-coq et de Joseph Latour d’Un simple soldat a hérité, en fin de lignée, d’une tâche tout aussi ingrate, celle de protéger les nantis.

C’est la veille de Noël et le maître de la maison quitte un instant ses invités pour offrir un remontant au soldat qui monte la garde devant sa porte. Flatté par l’attention qu’on lui manifeste, Tizoune rinque volontiers avec son hôte et, de fil en aiguille, il lui confie que, d’où ils se tiennent, on peut apercevoir le quartier populaire Saint-Henri, dont on distingue les lumières au loin, en bas de la côte. Un dernier verre, une dernière claque dans le dos, puis le bourgeois retourne à son réveillon, laissant derrière lui un soldat éméché aux prises avec un escalier qui n’arrête plus de se dérober sous ses pieds – un numéro qu’OLIVIER GUIMOND A MIS UNE VIE À PARFAIRE.

En un raccourci saisissant, du moins si on adopte le point de vue du haut de la côte, c’est toute la relation du burlesque et de la bonne société qui se trouve résumée dans ce sketch. Pour l’élite québécoise, comme pour Radio-Canada qui en a été jusqu’à tout récemment l’expression fidèle, on peut certes frayer avec le comique populaire sur le bord de la porte, sur le perron, sur le trottoir, dans la rue, mais il n’est pas question de l’inviter à l’intérieur d’une maison où il va de soi que les fêtes se déroulent derrière les portes closes, entre gens de même éducation. Le burlesque n’a-t-il pas été de tout temps UNE SOUS-CULTURE DES NON-INSTRUITS ET LES VALETS DE COMÉDIE, DES CARICATURES DE LEURS MAÎTRES? De même, la culture instruite ne s’attend-elle pas à voir la culture populaire perdre pied et s’aplatir devant elle comme le p’tit gars de Saint-Henri devant la porte que Wesmount lui ferme au nez?

D’en bas, la perspective est différente, et si on rêve d’aller à la fête d’en haut, c’est pour y semer la zizanie. La fonction première du comique populaire, comme le démontre Chantal Hébert dans son livre EST DE CONTESTER L’ORDRE ÉTABLI AU NOM DE L’ANARCHIE. Le rire burlesque n’a qu’un but: avoir le dessus, même temporairement, sur l’autorité paternelle, politique, judiciaire, policière ou morale. Et pour y parvenir, tous les moyens sont bons. Le comique populaire n’est pas mal élevé par manque d’éducation, mais bien par esprit de provocation. Son innocence est toujours feinte, mais jamais son impertinence, son impudence et son impénitence.

Dans l’esprit du burlesque, l’épouse trompée, par exemple, n’est l’objet d’aucune compassion. Dans un sketch truculent que Chantal Hébert a retrouvé pour notre plus grand plaisir, LA POUNE interprète une «guidoune» qui revient sur les lieux du crime. Négligeant la présence de la légitime avec un SANS-GÊNE MAGNIFIQUE, elle récupère les «caneçons» qu’elle a égarés quelques heures auparavant derrière le sofa lors d’un échange qu’on ne peut plus explicite avec le mari. C’est la loi du genre que de laisser la bienséance, les bonnes mœurs et le bon goût au vestiaire. Pour être admis au cénacle, les adeptes DU RIRE GRAS se doivent de déboutonner mentalement leurs braguettes ou de dégrafer leurs soutiens-gorge.

Du vivant d’Olivier Guimond, un grand nombre de comédiens et de comédiennes de théâtre admiraient sincèrement son talent comique. En même temps, la plupart d’entre eux rêvaient de le voir jouer un «vrai» rôle dans une «vraie» pièce, préférablement un classique, ce qui, dans leur esprit, aurait eu pour effet non seulement de confirmer ledit talent mais également de l’ennoblir. Or le burlesque n’est pas un art noble: c’est un art populaire qui ne recule pas devant la grossièreté et la vulgarité pour faire rire. D’ailleurs, quand il s’assagit, IL MEURT. Ou il devient autre chose, la plupart du temps du théâtre, comme les nazzis des acteurs de la commedia dell’arte sont devenus des pièces de Molière. Il n’y a qu’une façon d’accorder au comique populaire ses lettres de créance, c ‘est de l’accepter tel qu’il est.

C’est précisément le propos de Chantal Hébert: étudier le burlesque dans son contexte, sans le trahir ni le magnifier. L’auteure a écrit un livre savant d’où le burlesque québécois sort grandi parce qu’il n’est pas comme on le croyait une pâle copie du burlesque américain, mais bien UNE CRÉATION AUTOCHTON, dont l’originalité indéniable tient à une particularité: son public, contrairement à celui des États-Unis qui est masculin, est composé, encore aujourd’hui (1989) majoritairement de femmes.

LA CONTRIBUTION DU BURLESQUE À L’ÉVOLUTION CULTURELLE DU QUÉBEC n’est donc ni mineure ni inexistante, comme on le supposait, mais bien majeure, et ce n’est pas le moindre mérite de l’ouvrage de Chantal Hébert que de nous l’avoir révélé. Elle est majeure parce que le COMIQUE POPULAIRE proposait, dès 1930, une bonne partie DES CHANGEMENTS DE MOEURS qui devaient attendre les années soixante pour s’imposer. Elle est majeure aussi parce qu’en plus d’interprètes de grand talent tels que Tizoune père, Olivier Guimond fils, Juliette Pétrie, Manda et Gilles Latulippe, le burlesque a produit UN AUTHENTIQUE GENIE COMIQUE: LA POUNE. Elle est majeure encore parce qu’à cette époque où le théâtre était toujours au ruralisme du Prespytère en fleurs de Léopold Houlé, le burlesque s’avérait résolument QUÉBÉCOIS, MODERNE ET URBAIN.

LE PÈRE LEGAULT ET LA POUNE SONT QUÉBÉCOIS TOUT COMME ESCHYLE ET ARISTOPHANE ÉTAIENT GRECS, mais, dans un cas comme dans l’autre, ils ne mangent pas à la même table. Eschyle , à la rigueur, aurait pu s’encanailler à la table d’Aristophane en oubliant, le temps d’un repas, qu’il était Eschyle. De la même manière, l’élite québécoise se permettait à l’occasion d’assister à un spectacle de La Poune en prenant toutefois la précaution d’oublier, le temps d’une soirée, qu’elle était bien-pensante. Aristophane, en revanche, ne pouvait jamais oublier qu’il était Aristophane. Le burlesque est depuis toujours UN BRAS D’HONNEUR AU POUVOIR ÉTABLI, CELUI DE L’ETAT COMME CELUI DE L’EGLISE ET CELUI DU THEATRE. La richesse du rire du burlesque, c’est tout ce que les tenants du pouvoir politique reproches encore aujourd’hui AUX PAUVRES; la paresse, la ruse, la liberté sexuelle, le désordre et l’anarchie. Et cette richesse-là, il semble bien que le burlesque québécois en ait fait bon usage!

Jean-Claude Germain
dramaturge

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Pierrot vagabond

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MICHEL LE CONCIERGE

ULYSSE A-T-IL ABANDONNÉ SA FEMME ET SON ENFANT OU N’A-T-IL PAS PLUTÔT ENSEIGNÉ LA LIBERTÉ À SON ENFANT?

Dans l’histoire de l’humanité, il est aussi difficile de s’affranchir de LA LOI DU GROUPE, et cela depuis les premiers homo sapiens de la préhistoire que pour les astronautes s’affranchir de l’attraction terrestre pour vivre l’absence de pesanteur dans l’espace…

Quand je réfléchis au personnage d’Ulysse dans l’Odyssée d’Homère, je ne peux m’empêcher de l’étiqueter comme le PREMIER VAGABOND CÉLESTE de l’histoire de l’humanité.

Homère a enseigné à la Grèce entière que LA LOI DE LA LIBERTÉ était plus importante QUE TOUTE LOI DU GROUPE…

Quand Ulysse revient, âgé vers sa femme et son fils, il revient leur dire bonjour, puis, avant que l’ennui de LA LOI DU GROUPE ne vienne le terrasser à nouveau, il repart vagabonder son rêve.

Ainsi en fut-il des grands rêveurs ou rêveuses de l’histoire (ex… Jean de La Fontaine, Margaret Sangers, D.H. Thoreau….)

Une des raisons fondamentales qui me fit arrêter ma carrière sur scène, ce sont les 18 ans où j’ai chanté à l’auberge La Calèche, à raison de 20,000 personnes par années, qui venaient de partout à travers le Québec et l’Ontario, en voyages organisés…

Des groupes d’aînés qui avaient pour principale caractéristique d’être catholiques, en colère de s’être fait castré leur sexualité par la grande noirceur ultra-montaine, ayant vécu de façon insoutenable pour la plupart la tyrannie de la loi du groupe ( avoir des grosses familles pour les femmes et travailler à petit salaire pour les hommes, tout en étant obligé de vivre avec des familles et belles-familles depuis trop longtemps dysfonctionnelles).

D’un spectacle à l’autre, cette souffrance d’une classe moyenne générationnelle m’était devenue insoutenable au sens où je servais durant une heure et demie comme «plaster» de divertissement à un scandale existentiel de prédation spirituelle sur des gens à moitié éduqués et souvent non-instruits et à la limite illétrés …

Surtout que très souvent j’arrivais une bonne heure et demie avant le spectacle et j’échangeais dans un but sociologique avec ce groupe d’âge, table par table, humain par humain, pour tenter de comprendre le scandale de leur castration générationnelle, spirituelle et intellectuelle. Enquête que je poursuivis en chantant dans des mouroirs et en recevant des confidences des démunis de la souffrance, qui n’avaient reçu aucun outil théorique de leur vivant sauf la bénédiction d’un prêtre pour l’affronter (les vertus théologiques faisant disparaître le fondement des vertus cardinales enseignées par les grecs)

Très peu parmi ceux-ci ou celles-ci devant qui j’ai chanté,  connurent la liberté intellectuelle par laquelle on reconnaît l’autonomie kantienne d’une condition humaine articulant les paramètres d’une marche vers son rêve décente.

Beaucoup de larmes de pauvres… des émotions débordantes d’incohérence logique… conséquence de la prédation spirituelle d’un monde probable mais non vérifiable sur une réalité qui exige une gestion rationnelle des ses appétits irrationnels

Je suis parti vagabonder pour tenter de comprendre le Québec… Chez les catholiques papiste, LA LOI DU GROUPE se cimente à partir du petit catéchisme où on fait passer la construction intellectuelle utilitaire de tout savoir pour de la vérité DOGMATIQUE,

LA LOI DU GROUPE CHEZ LES PROTESTANTS… permet l’émergence de l’esprit critique individuel dans l’interprétation des textes de la bible et du nouveau testament… mais cela reste encore pré-lumière.

Mais il suffit de vagabonder et d’assister à toutes les formes de culte (mormons, jehovah, catholiques, presbytériens, orthodoxes…) pour bien saisir la puissance de toute LOI DU GROUPE et la castration orchestrée de toute tentative de VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART.

Quand je relis le livre de Paul-Emile Bourassa sur l’histoire de la musique à la Tuque, j’y revis beaucoup de peine car la musique, un peu comme dans la caverne platonicienne, permettait aux ombres de la liberté de se rendre sur le mur interne des cavernes existentielles que constituent les humains, mais ne permettaient pas d’actes vraiment ULYSSIENS, dans le sens grec du terme… Je n’oublie jamais que les prêtres empêchaient mon père d’aller jouer de la trompette pour les protestants l’autre bord de la voie ferrée (l’armistice) tout en l’obligeant à se cacher dans la salle de bain quand le curé passait pour sa visite paroissiale… Mon père avait la révolte d’un homme non-instruit… il la passait dans sa trompette, se considérant comme un prêtre laïc et comme sa manière de gagner son ciel…  Comme on est loin d’Ulysse quand même, la poésie du polythéisme étant infiniment supérieur à l’intimidation bureaucratique vaticane du monothéisme.

CE QUE JE RETIENS DU LIVRE DE PAUL-EMILE BOURASSA

SUR L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE À LA TUQUE?

LA LOI DU GROUPE… Quand Aubert Montgrain, le chef de l’harmonie de La Tuque, à 50 ans partit de nuit avec une de ses musiciennes de 15 ans, cachés d’abord par la pègre à Montréal (comme il me l’a conté), travaillant ensuite dans une station d’essence pour enfin de se touver un travail dans un cegep à Longueuil, il devint l’Ulysse pour lequel on porte deux jugements aporitiques… On le condamne par la loi du groupe et on le comprend malgré soi par la loi de la liberté… les deux étaient en amour… Comme Roméo et Juliette de Shakespeare, LA LOI DU GROUPE étant différente pour les deux époques (tous comme pour les grecs qui vivaient des amours pédophiles), Aubert et sa compagne qui vécurent ensemble durant 20 ans, commirent l’odieux d’aller contre LA LOI DU GROUPE.

Paul-Emile Bourassa garda toute sa vie une immense admiration pour Aubert… c’est dans son automobile que j’arrivai chez Aubert, dans son petit condo à Longueuil et le premier geste qu’il fit fut de m’amener devant un cadre où il y avait une photo… 1963, LA PLACE DES ARTS… Aubert dirige, l’harmonie de La Tuque joue et madame Montgrain et 5 ou 6 enfants au milieu duquel je chante font une imitation de la famille Trapp…

ON EN DIRA BIEN CE QU’ON VOUDRA… AUBERT MONTGRAIN FUT LE SEUL ULYSSE QU’A PRODUIT LA VILLE DE LA TUQUE…

Il fut notre Jean de La Fontaine et notre Margaret Sangers, tout deux ayant du revisiter leurs liens familiaux pour réaliser leur rêve….

Après la mort de Margaret Sangers, qui fut la plus grande héroine américaine et dont la gloire est d’avoir contribué magistralement à inventer la pilule anti-conceptionnelle, ses enfants purent l’honorer en disant d’elle… MA MÈRE NE NOUS A PAS ABANDONNÉS, ELLE NOUS A ENSEIGNÉ LA LIBERTÉ.

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Michel le concierge

CE SOIR, UN MONSIEUR ÂGÉ M’A ARRÊTÉ SUR LA RUE EN ME DISANT… VOS QUATRE QUESTIONS VONT TOUCHER TOUT LE MONDE… AVEZ-VOUS UN CRAYON POUR QUE JE LES COPIE?

Je revenais de l’Université Concordia… marchant la rue Ste-Catherine… je suis arrêté à un rassemblement citoyen où l’on donnait le micro à ceux ou celles qui voulaient s’exprimer sur la démocratie…

Je levai la main…. on me donna le micro… et je dis à voix basse et très mal à l’aise… « L’été, je vagabonde le Canada pour ensemencer ceux et celles que je rencontre de quatre questions: Quel est ton rêve? Dans combien de jours? Qu’as-tu fais aujourd’hui pour ton rêve? En quoi ton rêve prend-il soin de la beauté du monde?……. Je voulais juste dire que la démocratie, ça commence avec des citoyens qui ont l’espérance d’une vie personnelle œuvre d’art. Un pays ça commence d’abord par se changer soi-même….»

Et je quittai… doucement… pas très fier de moi… je suis vraiment incapable de communiquer mes recherches devant public…. Pour moi, un vrai chercheur, ça cultive le silence et ça vie la perfection comme nous invite Aristote… La perfection dans le sens de…. la vie la plus parfaite possible sur cette terre par l’exercice des quatre vertus cardinales: La justice, la paix, la tempérance et le courage.

Un acadien âgé m’a suivi pour m’arrêter sur la rue 15 minutes plus tard en me disant… Monsieur, vos quatre questions vont toucher tout le monde… Me donnez-vous la permission de les copier… Je vais en faire ma philosophie de vie…

Nous étions immensément gênés tous les deux.. les quatre questions étant infiniment plus émouvantes que nos deux personnalités aléatoires…. Oui les quatre questions sont à ce point rhizomiques et virales que bien longtemps après ma mort, elles voyageront encore dans l’espace-monde que deviendra un jour la terre planète œuvre d’art.

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Pierrot vagabond

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Michel le concierge

LA FLÂNERIE OU L’ERRANCE POÉTIQUE DANS SA FORME DE VAGABONDAGE LA MIEUX CONCEPTUALISÉE

10 juillet 2011
(article tiré de la précarité du sage.blog.lemonde.fr
Le flâneur et le psychogéographe : Paris et Londres
Guide psychogéographique de Paris

La foule est son domaine, comme l’air est celui de l’oiseau, comme l’eau celui dupoisson. Sa passion et sa profession, c’est d’épouser la foule. Pour le parfait flâneur, pour l’observateur passionné, c’est une immense jouissance que d’élire domicile dans le nombre, dans l’ondoyant dans le mouvement, dans le fugitif et l’infini. Etre hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde, tels sont quelques-uns des moindres plaisirs de ces esprits indépendants, passionnés, impartiaux, que la langue ne peut que maladroitement définir.

Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne, 1859.

Parmi les types de récits de voyage contemporains, la flânerie urbaine a une place à part et doit faire l’objet, au moins une fois dans son histoire, d’un billet de blog précaire. Car la figure du flâneur, depuis la description de Charles Baudelaire et la théorisation par Walter Benjamin, ne s’est jamais éteinte à Paris.

Des esprits malins diront que c’est Edgar Alan Poe, non Baudelaire, qui a inventé la flânerie. Les esprits malins se trompent car L’Homme de la foule de Poe (traduite par Baudelaire avec des mots similaires à ceux de la citation ci-dessus!) décrit un comportement déviant, « le génie du crime profond », alors que le flâneur est un PRODUCTEUR. L’homme de la foule de Poe est un homme qui ne dort pas, qui respire et ne vit que dans le trafic, c’est un fantôme qui ne voit pas le narrateur qui le suit à la trace (même quand celui-ci se poste en face de lui). C’est un personnage de conte à dormir debout, magnifique, profond, mais ce n’est pas un flâneur. Baudelaire se sert de l’oeuvre de Poe pour élaborer cette figure de l’art moderne qu’est le flâneur : une autre façon d’être « de la foule », une autre façon d’ « épouser la foule ».

Charles Baudelaire

Et cela nous mène à établir tout de suite que « flâner » ne signifie pas « se promener, errer de-ci de-là sans but ». Ou plutôt, ceci est une définition courante, mais n’est pas celle que nous utiliserons dans un contexte littéraire. Pour nous, la flânerie signifie un DÉPLACEMENT CITADIN RÉFLÉCHI, qui a pour but de couvrir un certain territoire et d’expérimenter des états de perceptions variés. Je l’avais abordée brièvement dans une typologie des récits de voyage.

Du Spleen de Paris (commencé en 1855) à Zones de Jean Rolin (1995) et même Un livre blanc de Philippe Vasset (2007), les essais de littérature ne manquent pas, depuis 150 ans, pour décrire une action de déplacement individuelle dans la ville, mêlant UNE MÉTHODE STRICTE et INCERTITUDE TÉLÉOLOGIQUE, SCIENTIFICITÉ et désordre mental.

Le triptyque surréaliste Le Paysan de Paris de Louis Aragon (1926), Nadja d’André Breton (1928) et Les dernières nuits de Paris (1928) d’André Soupault, ainsi que Le piéton de Paris de Léon-Paul Fargue, sont autant de récits de déplacements dans la capitale française, qui constituent explicitement des tentatives littéraires pour déconstruire une forme bourgeoise de littérature. Walter Benjamin voyait dans la flânerie, si j’ai bonne mémoire (mais il faudrait vérifier), UNE LUTTE INÉGALE DE L’INDIVIDU MODERNE POUR RESTAURER UN RAPPORT CRÉATIF À LA VILLE, et ne pas laisser la marchandise et le commerce dicter les logiques de déplacement et de pratiques urbaines.

C’est cette association entre déplacement et résistance qui est au centre de la « psychogéographie » mise en avant par Guy Debord, dès 1955. L’année même où fut publié Tristes tropiques, qui se voulait une somme définitive sur le temps des voyages, un mouvement d’avant-garde parfaitement obscur prenait déjà une voie tangentielle pour concentrer le voyage dans un périmètre restreint et lui donner un objectif presque clinique, et quasi politique : « La psychogéographie, écrit Debord dans Les Lèvres nues, se proposerait l’étude des lois exactes et des effets précis du milieu , consciemment organisés ou non, sur les émotions et les comportements des individus. »

S’il n’y a pas de définition définitive du flâneur, et pour la raison avancée par Rebecca Solnit qu’il n’existe pas, il n’en reste pas moins que quelques paramètres descriptifs simples sont constants : « the image of an observant and solitary man strolling about Paris. » (Solnit, Wanderlust. A History of Walking.)

On peut ajouter à cela que s’il est seul, le flâneur entretient un rapport intense avec le collectif, auquel il se sent appartenir ; il observe la population et les bâtiments, mais son point d’observation n’est pas de surplomb (il est un « homme de la foule »). Il entre donc dans un rapport dialectique avec ses contemporains, tantôt s’en distanciant pour prendre du recul, tantôt y fusionnant pour apprécier les changements d’ « atmosphères psychiques » (Debord). Ainsi, s’il « flâne » dans une ville, le déplacement du flâneur n’est pas une promenade de pure détente, mais plutôt UN ART DE LA MARCHE qui cherche à SUBVERTIR les modalités utilitaristes des flux humains planifiés par l’urbanisme officiel.

Le situationnisme (d’où procède la psychogéographie, ou plutôt qui a fusionné avec elle) est généralement considéré, sous l’angle de la pratique des villes, comme un MOUVEMENT SUCCESSEUR DU SURRÉALISME, et un moment important de la théorie de la flânerie, mais il n’a pas nécessairement produit un ensemble de textes qui pourraient être considérés comme des récits de voyage. L’ensemble de sa production textuelle, branchée sur l’espace urbain, l’exercice de la « dérive » et les productions audio-visuelles centrées sur les territoires et leurs usages, forment cependant des composantes narratives et théoriques qui influent sur l’évolution du récit de voyage. De surcroît, l’importance de l’approche situationniste est considérable dans l’écriture du voyage des décennies suivantes, et c’est la raison qui me fait m’arrêter sur ce mouvement.

Un auteur comme Jean Rolin reprend la figure du flâneur dans les années 90 et rend hommage à Guy Debord à plusieurs reprises dans Zones. Plus généralement, la psychogéographie doit à ceux qui s’en sont revendiqués, ces dix dernières années, d’être étudiée dans le champ de la littérature des voyages. Paradoxalement, c’est surtout à Londres qu’elle a été reprise en considération, par la génération d’écrivains anglais de la fin du XXe siècle, comme le grand James G. Ballard (Concrete Island), Iain Sinclair (London Orbital), Will Self (Psychogeography) ou Peter Ackroyd (London: The Biography) redonnant à Londres le statut de haut lieu de la flânerie, reconnu comme tel depuis les travaux de Blake, De Quincey et Stevenson (selon le critique anglais Merlin Coverly, Psychogeography, 2005.)

A leur tour, ces écrivains anglais ont inspiré de jeunes auteurs français qui, dans les années 2005-2010, reprennent la ville de Paris comme territoire d’intervention, pour des récits qui sacrifient à une pratique géographique, géométrique, et cartographique, de l’écriture et des déplacements. Je pense par exemple à Un livre blanc de Philippe Vasset, qui explore les zones de Paris laissés en blanc sur la carte IGN. (Vasset paie clairement sa dette aux grands écrivains anglais). Je pense aussi au travail de Mathieu Bouvier dont le travail sur les terrains vagues et les zones herbeuses a déjà été décrit ici.

On assiste ainsi, à travers la figure du flâneur, à un aller-retour entre Londres et Paris qui nécessitera une étude à part, mettant en lumière ce que ces deux villes ont produit comme récits de flânerie urbaine.

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COMMENTAIRE

PIERROT LE VAGABOND CÉLESTE QUI INFILTRE LES BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES ACCOUTRÉ DE SES PANTOUFFLES EINSTEIN ET DES SES GUENILLES ROYALES TITRÉES MONTE AU-DESSUS DU SURRÉALISME PUIS UNE COCHE AU-DESSUS DE LA FLÂNERIE… DESSINANT PAR SON ERRANCE POÉTIQUE UNE VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART À L’ORIGINE MÊME D’UNE PSYCHO-GÉOGRAPHIE NANO-DÉMOCRATIQUE D’UN CANADA PAYS OEUVRE D’ART.

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Michel le concierge

LE DROIT EST LA LANGUE DU PAYS OEUVRE D’ART…. dixit Michel le concierge

Cela fait maintenant 8 ans que Marlene la jardinière, Michelle le concierge et Pierrot le vagabond céleste réfléchissent sur le pays œuvre d’art et la vie personnelle œuvre d’art dans un protocole comprenant caméra, échanges du matin et conseil d’administration de la créativité une fois par semaine.

Le tout repose sur l’a priori suivant… qu’il est possible à un petit groupe de citoyens ordinaires dont une vit son rêve, l’autre en gère les variables technologiques et le troisième en documente la contextualisation historique dans les bibliothèques de suggérer une modélisation argumentée d’une nouvelle éthique sociale basée sur LE VOILE D’IGNORANCE DE JOHN RAWL que l’on pourrait traduire par LA PERSPECTIVE inter-changeable (the moral arc, Michael Shermer).

Maintenant que mes guenilles royales portent les écuissons des universités Concordia (casquette), McGill (veste), Montréal (chandail) et UQAM (université du Québec à Montréal avec le sac en bandoulière , pour bien intéréagir avec les gardiens de sécurité des différentes universités tout en modélisant factuellement le concept d’artiste-activiste humaniste pratiquant l’art de l’infiltration sociale par le vagabondage.

A la bibliothèque de l’UQAM se trouvent les recherches en axiologie de Dupréel, à McGill les recherches de l’université Cambridge sur l’invention de l’autonomie au siècle de Kant, à Concordia le merveilleux 2500 pages de l’université d’Oxford sur l’histoire de la philosophie critique morale, à l’université de Montréal toute la série de la revue M.A.U.S.S. consacrée aux différentes recherches sur le don et à la bibliothèque nationale, les nouveautés du 21eme siècle concernant les recherches en anthropologie et ethnologie sur les pré-émergences morales des groupes de pré-humanités archéologiquement et sociologiquement documentés et cela mondialement par différentes équipes de recherche universitaires… (ex. Christopher Boehm…. moral origins, the evolution of virtue altruism and shame).

Christopher Boehm is an American cultural anthropologist with a subspecialty in primatology, who researches conflict resolution, altruism, moral origins, and feuding and warfare. He is also the Director of the Jane Goodall Research Center at University of Southern California, a multi-media interactive database focusing on the social and moral behavior of world hunter gatherers.[1] (Wikipédia)

EN CONSÉQUENCE DE QUOI….

La contextualisation historique et paradigmatique de l’étiquette pays œuvre d’art versus celle de vie personnelle œuvre d’art commence peu à peu à prendre forme, le tout entrecoupé entre des vagabondages (l’été) dans différentes provinces du Canada….

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Michel le concierge a bien raison….

LE DROIT EST LA LANGUE DU PAYS OEUVRE D’ART

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1962, MON PÈRE ROGER ROCHETTE FONDAIT LE IER POSTE DE TÉLÉVISION SUR CABLE AU CANADA À LA TUQUE

Juin 1962

Mon père eut une idée… faire venir des États-Unis du matériel pour opérer un poste de télévision… lui qui n’y connaissait absolument rien… Quel rêveur quand même… et au deuxième étage de notre maison… un rêve devint réalité… un studio, deux caméras et l’imagination de tous et chacun dans une ville nommée La Tuque, bien enfouie entre deux montagnes,  où la liberté créatrice était née en 1916 grâce à la musique classique.

M. Roger Rochette après 18 ans de loyaux services chez H.R. Hillier quittait pour fonder le poste de TV privé sous l’appellation: RALT-TV à La Tuque. Mes deux frères et moi furent cameramen tandis que mon oncle Paulo était assistant de mon père à la réalisation dans la cabine technique… Toute la population devient tour à tour des animateurs et animatrices d’émissions locales….

L’humoriste Claude Landré , qui n’avait même pas 18 ans, y commença sa carrière comme animateur dans une émission intitulée… LANDRÉ EN PRIMEUR…

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JE NE REMERCIERAI JAMAIS ASSEZ DENIS LAMARRE, MON PARTENAIRE DE SCÈNE, POUR LES 18 ANS DE PARFAITE EUMÉTRIE DU DUO ROCHETTE-LAMARRE, ET CELA AUTANT SUR LA SCÈNE QUE DANS LA VIE PRIVÉE

Il n’y a jamais eu de chicanes entre nous en 18 ans de carrière, 250 spectacles par année minimum…. Ce fut magique, intense, respectueux et nous avons pratiqué un concept du philosophe Onfrey qui s’appelle l’eumétrie…

Nous avons divisé équitablement le pouvoir… Tout ce qui se passait en bas de la scène, Denis avait la dernière décision, tout ce qui se passait sur scène… j’avais la dernière décision parce que j’avais à dessiner l’architecture théorique de ma thèse de maîtrise sur le rire, écrire les numéros de comédie, slapstick ou monologues tout en performant dans des variables thématiques où ma nature «MON ONCLE PAULO» servait bien notre duo… comme la nature DE MONSIEUR PARFAIT AU NIVEAU ÉTHIQUE… mais REMARQUABLEMENT PARFAIT DE DENIS…… le rendit unique à mes yeux et aux yeux du public…

 

que de joies… je me rappelle un jour… j’avais un numéro de comédie ou je dansais un slow avec une femme dans la salle qui me dit à l’oreille… j’ai un fantasme…. danser un slow avec ton copain QUI LUI EST BEL HOMME… je conte cela à Denis rendu sur scène… il me répond dans l’oreille…. DIS LUI QUE LES PLUS BEAUX FANTASMES SONT CEUX QUI NE SE RÉALISENT JAMAIS… je retourne danser avec la dame… qui toute en chair et poitrine en guerre bien portante me serra très fort en me disant… ahhhhh… quellle réponse… j’en ai des frissons…. pis c’est toi qui va payer pour… c’est ainsi que par procuration, je dégustai les fantasmes de Madame dans son espérance qu’ils traversent mon corps pour atteindre celui de Denis….. )))))))))))))))))))))

Que de joies… je me rappelle entre autres ces nuits où Denis chauffait l’automobile, pendant que je lisais ma bibliographie pour ma maîtrise sur le rire (qui me prit 14 ans, parce que j’y répondais une question de nature doctorale tout en expérimentant une à une des hypothèses fortes sur scène à travers l’écriture et l’exécution de numéros originaux).

Et Denis, souvent puisant dans sa riche discothèque de chansonniers québécois et, pour nous reposer, nous faisions l’analyse de chansons très rares et très belles autant au niveau de la musique, de l’orchestration que du texte…

Oui… Aujourd’hui, Denis vis à St-Adolphe d’Howard, dans la forêt et à côté de sa maison, il y a un studio avec toutes nos pistes musicales, et de nombreux vidéos de tous nos numéros… et notre amitié sans tache et sans faille….

DENIS POURRAIT DIRE COMME MOI que nous fûmes, tel qu’on le dit de Félix Leclerc…. et cela durant 18 ans sans exception, ni bémols,

…… DES ROIS HEUREUX…..

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Michel le concierge

MÉMOIRES DE L’HARMONIE DE LA TUQUE… PAR PAUL-EMILE BOURASSA

Paul-Emile Bourassa a publié un magnifique livre de 650 pages sur l’historique de l’harmonie de La Tuque dont la fondation remonte à 1915 et l’on peut y voir de nombreuses photographies de mon grand-père Lucien, mon père Roger et de mon oncle Paulo, de notre passage à la place des arts en 1963 et même des photos du groupe Les Contretemps à notre retour du Japon à un spectacle pour l’harmonie de La Tuque je crois…. le tout est en vente chez E Bay..

p.s.
j’oublie souvent de dire que dans l’orchestre de mon grand-père, il y avait 4 enfants… mon père Roger, 5 ans à la mandoline, mon oncle Paulo, ma tante Dine et ma tante Micheline, la seule encore vivante qui rside encoreà La Tuque à plus de 85 ans….

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Prix

30,00 $
Adresse
Saint-Basile-le-Grand, QC J3N1G2

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À vendre par
Particulier

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Mémoires de l’harmonie de La Tuque. 1997. Édition limitée à compte d’auteur, no 92, autographié par l’auteur Paul-Émile Bourassa, 650 pages. Abondamment illustré. Rare. 30$

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Michel le concierge

QUEL ÉTAIT LE RÊVE DE MON GRAND-PÈRE LUCIEN, DE MON PÈRE ROGER ET MON ONCLE PAULO…. LE MÊME QUELE MIEN… LE DROIT UNIVERSEL À UNE ERRANCE POÉTIQUE PAR LA VIE PERSONNELLE OEUVRE D’ART

Il y a trois sortes d’errances… l’errance fantômatique (les sans-papiers du monde entier par exemple), l’errance axiologique (ceux ou celles qui se battent pour une cause contre une cause, exemple Trump contre Clinton) et l’errance poétique ( ceux et celles pour qui les malheurs de la vie ne sont qu’une gare où le bonheur de vivre fait le plein dans la marche vers son rêve épique).

Dans tous mes vagabondages poétiques, je n’ai trouvé qu’un seul environnement de nature poétique qui ressemblait à la ville de La Tuque où je suis né, et c’est Caraquet au Nouveau-Brunswick…

Oui Caraquet… Ce village cité comme le plus long du monde dans un dictionnaire était habité entre deux extrémités… par  les purs à un bout (les religieux avec un lieu de pèlerinage) et les impurs à l’autre bout (lieu des marins du monde entier vivant de la pêche).

Oui Caraquet… Dans un milieu presqu’uniquement catholique, le ciel d’un côté, le purgatoire dans le milieu et l’enfer à l’autre bout… le seul errant poétique possible était celui ou celle qui le marchait comme Ulysse dans l’iliade sans se faire endoctriner autant par les esclaves du spirituel que par les esclaves du materiel. Juste le temps de prendre un café chez Tim Horton, de dormir sous la galerie du musée local les jours de pluie et de s’enfouir entre les mouettes et les vagues dans l’intemporalité de l’errance heureuse…

Je peux dire que La Tuque du temps de la jeunesse de mon grand-père Lucien, était divisé par une voie ferrée entre les anglicans capitalistes nourris à la lecture de la bible et le devoir de réussir financièrement et les catholiques prolétaires mis à genoux par le chapelet, le papisme et la moutonisation des consciences frileuses.

Mais, les anglicans qui possédaient le moulin de La Tuque adoraient à ce point la musique classique qu’ils achetèrent des instruments de musique pour que leurs ouvriers jouent d’un instrument et forment une harmonie… Et les esclaves devinrent soudain les coureurs des bois d’un univers impossible pour eux: l’errance poétique.

La musique classique devint l’ancrage de l’errance poétique de toute une ville durant plus de 50 ans…. au point où il y eux deux harmonies musicales en guerre, 2 orchestres Rochette en guerre… et Simon Gauthier décrit magnifiquement cette scène où en 1929 mon grand-père promène sa femme et ses enfants jouer de la musique d’une maison à l’autre pour chasser la misère sociale par leur errance poétique…. Mon grand-père Lucien et mon père avec une mandoline dans les mains à 5 ans et mon oncle Paulo à 9 ans avec une guitare je crois et ma grand-mère Lumina… furent les premiers chasses-misères de deux esclavages spirituels … celui luthérien des riches et celui papiste ultramontain des pauvres….

Et les années passèrent…. arriva 1945

Parce que La Tuque était enclavée entre deux montagnes et que Trois-rivières était à plus de 100 kilomètres, sans radio, sans télévision, La ville de La Tuque devint un immense conservatoire de musique classique par ses citoyens et pour ses citoyens… chaque été dans les parcs, il y avait concert et à chaque fête, une parade et à Noel, une arrivée du père Noel au son de la musique classique.. Mon père, qui avait gagné le premier pris de trompette provincial en 1948 à C.K.A.C en était l’âme poétique……

Et les années passèrent… arriva 1965

Moi-même, avec Madame Mongrain et quelques enfants, je fis partie d’une imitation de la famille trapp quand l’harmonie de Latuque d’Aubert Montgrain envahit poétiquement la Place des arts, en 1965
(LATUQUOISERIES) www.latuquehistoire.blogspot.com

Et j’ai retrouvé sur Internet une photo de moi à 13 ans, avec la jeune harmonie de l’école Champagnat de La Tuque au moment où nous nous apprêtions à partir pour montreal, Place des arts… on me voit debout en avant…. dans une attitude que n’auraient pas renié Mon grand-père avec ses bottes pour aller plus loin dans la vie, mon oncle Paulo et son avion de chasse-misère et mon père avec sa trompette pour annoncer la beauté du monde cachée dans le cœur de sa musique…

 

ET LES ANNÉES PASSÈRENT… ET EN UNE NUIT…. lA TUQUE QUI S’ÉTAIT BÂTI SUR UNE LÉGENDE MOURRUT COMME ON SE MEURT DANS LES CONTES DE FÉE.

Tout ça s’effondra en une seule nuit, quand Le directeur de l’harmonie de La Tuque, Aubert Mongrain, qui devait avoir 50 ans à l’époque, s’enfuit avec une jeune musicienne de 15 ans pour vivre une grande histoire d’amour… qui dura plus de 20 ans…

Un jour que je retrouvai Aubert à Longueuil à plus de 80 ans… je lui demandai… Pourquoi il avait choisi l’errance poétique par une histoire d’amour impossible… ET IL ME RÉPONDIT… pierrot elle était musique et je n’ai fait que marcher ma liberté par la musique toute ma vie.

Quand Aubert Mongrain est décédé…. c’est la légende même de la musique chasse-misère qui s’enfuit avec lui….

et cette légende d’une ville coureuse des bois de l’errance poétique est venue se blottir au centre même de mes angoisses de chercheur universitaire.

Il en est ressorti quatre questions

QUEL EST TON RÊVE?

DANS COMBIEN DE JOURS?

QU’AS-TU FAIS AUJOURD’HUI POUR TON RÊVE?

EN QUOI TON RÊVE PREND-IL SOIN DE LA BEAUTÉ DU MONDE?

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Michel le concierge

QUI EST SARAH ROUBATO?

Depuis quelques temps, elle écrivait des lettres à des gens qui ne pouvaient pas lui répondre. Certaines restaient dans un cahier, d’autres étaient publiées sur internet. Puis le 20 novembre 2015, une lettre de plus, Lettre à ma génération, publiée sur Mediapart, est devenu le billet le plus lu de l’histoire du journal, avec plus d’un million de lecteurs. Sarah Roubato, pisteuse de paroles, chercheuse en trans-écritures, écouteuse à temps plein, qui vit entre la France et le Québec, publie toutes ces « Lettres à ma génération » chez Michel Lafon.

Comment dire la beauté du monde, comment la préserver, comment y participer, alors que des forces contraires – l’hyperconsommation, les renoncements politiques, l’ambivalence du progrès technologique – nous isolent toujours plus les uns des autres ? Sarah Roubato, artiste parisienne trentenaire, se questionne. Chacune de ses lettres écrite à qui ne pourra pas y répondre transpire l’expérience vécue et l’authentique. Mais si Sarah dévoile son cœur sur le papier, ce n’est pas pour parler d’elle. Chaque lettre pose une question de fond sur les enjeux de notre monde moderne. Sarah dit je, mais elle interroge le nous.

Ces quelques écrits qui semblent tant parler aux internautes vont se rassembler en un livre édité chez Michel Lafon. Dans celui-ci, Sarah revient sur l’expérience de son « buzz » inattendu dans sa Lettre à internet. Elle y questionne cet espace de communication ambivalent qui a inventé la « discussion désincarnée » où, dernière nos écrans, on peut tout dire, tout faire, sans prendre souvent conscience de la profondeur des mots : « Les mots n’ont plus de ton, plus de regard, plus de timbre pour les porter vers l’autre. ».

sarah stylo2

Continuant à l’exprimer à ces choses qui l’entourent, elle écrit aussi à son Indifférence, en forme de lettre de rupture : « Il y a avait aussi une autre violence, celle du silence des clients…et du mien. Ça ne nous regarde pas. C’est ça que tu as voulu me faire croire depuis mon enfance. Tu croyais que je n’allais jamais découvrir que cette violence silencieuse que tu m’as apprise participait à toutes les autres formes de violence ? La société est comme la peau d’un tambour : chacun de nos gestes – ceux qu’on fait et ceux qu’on ne fait pas – résonne partout. Aujourd’hui, ma chérie, je vais te quitter. Ne t’inquiète pas, on pourra toujours aller boire un verre de temps en temps. Mais ces moments ne seront plus que des parenthèses dans mon quotidien. »

Très vite, on réalise que l’auteure est comme une enfant qui a échappé par chance au formatage sociétal. De sa pensée libre, elle questionne tout, des rouages du monde à sa propre conception des choses. Sarah écrit alors à Émile Zola ou Denise Glaser, pour interroger le journalisme qui ne suit pas le mouvement de masse. À Louis Leakey, primatologue et mentor de Jane Goodall ou encore Dian Fossey : « Nous vivons dans un monde pour lequel on ne nous avait pas préparé. Nous sommes nombreux à ne pas travailler avant l’âge de trente ans. On nous avait pourtant dit : cette école pour devenir ceci, ce diplôme pour de venir cela. Mais ce monde s’essouffle. Nous sommes la génération qui a un pied de chaque côté d’une faille qui menace d’ouvrir la terre. Nous devons inventer les métiers de demain. Nous avons les idées, les outils, la puissance de travail, l’imagination. Nous ne demandons qu’à les mettre en œuvre, si on nous en donne l’espace. »

musicienne des rues

Elle touche également à l’éducation dans sa Lettre à ma maîtresse, d’un monde étouffé par l’image et le spectacle dans la Lettre à une cassette, ou encore de l’obsession de nos sociétés à vouloir préserver la beauté en l’isolant, ce qu’elle appelle « le complexe de Blanche-Neige ». En écrivant son admiration à des personnes en marge de la société, Sarah nous invite à poser un autre regard sur Pierrot, un vagabond du Québec qui se questionne sur le sens, sur Martin, un détenu qui a décidé de devenir souverain de sa vie, ou encore sur une musicienne des rues :

« Tu n’as pas de maison, pas de voiture. Mais tu es la personne la plus riche que j’aie jamais rencontrée. Où que tu ailles, tu pourras toujours gagner de quoi manger et trouver où dormir. Grâce à tes quatre cordes et à tes dix doigts. Tu vis dans une abondance qui ne subira jamais la crise économique. Ca partout dans le monde, il y aura toujours des gens avec quelques pièes dans la poche pour se regrouper autour d’un musicien. Tu as la sécurité de l’emploi et la liberté de changer de lieu quand tu le souhaites. Tes horaires sont flexibles, ta clientèle toujours renouvelée. » (Lettre à une musicienne des rue)

echo

Et quand Sarah écrit à Echo l’éléphant, c’est pour souligner le lègue qu’elle nous laisse, à nous, humains : « Vous leur avez montré que tout éléphant qu’on est, on peut s’arracher aux lois de son espèce. Pas pour les trahir. Pour les réinventer. Votre famille marche sur les routes que vous lui avez montrées. Des pistes de milliers de kilomètres que les hommes commencent à peine à cartographier (…) Ils avancent avec cette fausse lenteur qu’ont tous les géants. Marcher pour ne pas mourir. Tout quitter, pour mieux vivre ailleurs. C’est la force qui a permis à toutes les espèces de peupler la terre. Elle habite les papillons, les oies, les baleines, les éléphants, les tortues marines… et les hommes. Quelque part, un sac dans une main, un enfant dans l’autre, nous marchons aussi. Chassés, réfugiés, migrants. Puis installés, résidents, méfiants envers les nouveaux déplacés. Comme nous, vous avez des territoires à protéger. Vous avez sur trouver l’équilibre entre le territoire des uns et la route des autres, tous deux nécessaires à la survie de l’espèce. Nous cherchons encore. »

Qu’elles s’adressent à des objets, à des personnages réels ou fictifs, morts ou vivants, à des humains ou à un éléphant, ces lettres résonnent et raisonnent comme l’écho du cri que nous portons tous en nous, et qu’on aimerait lancer, même s’il n’y aura pas toujours de réponse… si ce n’est celle des lecteurs. Un livre à découvrir sur Michel-Lafon.fr.

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