ARCHIVES HEBDO JOURNAL 10 AOUT 2010

Le récit peu banal d’un vieux rêveur

Marie-Ève Marie-Ève Bourgoing-AlariePublié le 11 août 2010
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Pierre Rochette, l’une des entités derrière la fameuse Boîte à chanson Les Deux Pierrots, se définit comme un vieux rêveur. Il a tout abandonné il y a deux ans pour vivre comme un errant avec pour seuls bagages un bâton de marche, une guitare, un vieux sac à dos…et plusieurs souvenirs.

La démarche de Pierre Rochette fera l’objet d’un documentaire. Photo, Marie-Eve Alarie/L’HEBDO JOURNAL.

«Ma thèse porte sur la question suivante: si tu abandonnes tout, est-ce que l’univers prend soin de toi? J’ai passé deux ans et demi à fouiller dans une bibliothèque et j’ai squatté pendant quatre ans celle de Victoriaville pour élaborer mon doctorat. Un jour, j’ai rencontré la plus pauvre et la plus vieille des femmes. Elle souriait. Et son sourire battait mes 3000 pages. C’est là que j’ai compris que je faisais fausse route», raconte l’homme de 61 ans de passage à Trois-Rivières la semaine dernière.

Du jour au lendemain, il a tout abandonné pour parcourir le Québec de Tadoussac à Montréal, comme le ferait un vagabond, dans un but bien précis: rencontrer des rêveurs.

«Les rêveurs sont très importants dans une société et je considère que c’est important qu’un vieux rêveur comme moi vienne les encourager parce que c’est loin d’être toujours facile», précise-t-il.

L’homme autonome

«Les rêves prennent toutes sortes de formes. Je me souviens d’une belle rencontre avec un homme ici. Il avait eu un petit accident à vélo et je l’ai raccompagné jusque chez lui. J’ai alors appris qu’il était atteint de la maladie de Parkinson depuis 22 ans. Son rêve à lui, c’était de rester autonome. Il m’a invité à rester manger chez lui en me disant fièrement: “reste assis, c’est moi qui cuisine”», raconte Pierre.

Film à venir

Sa démarche deviendra prochainement l’objet d’un film documentaire. Le tournage de Mon ami Pierrot, le dernier homme libre est déjà complété. On y suit Pierre à travers huit saisons et une dizaine de villes où il a fait des douzaines de rencontres dans les cafés, les rues et les maisons. Ce portrait-documentaire d’une heure visera «à exposer la vie et les choix hors de l’ordinaire d’un homme que l’on peut croire fou, mais qui a déjà laissé derrière lui plusieurs projets significatifs pour le Québec», peut-on lire sur le site Internet du projet.

On pourrait même s’attendre à y retrouver quelques rêveurs de la région. Le film devrait voir le jour en janvier ou février 2011.

«Je prévois le présenter dans tous les lieux publics que j’ai visités sous la forme d’un petit spectacle réunissant environ 39 personnes. Une partie de la soirée consisterait à visionner le film tandis que la seconde serait plutôt consacrée aux rêves des gens réunis: chaque rêveur est important. Car après tout, l’idée de l’automobile ou qu’un homme puisse marcher sur la lune est issue d’un de ces rêveurs…»