Gaëlle Étémé / La raison cosmétique… – YouTube
Salut Pierrot ,
Merci de m’avoir envoyé cette vidéo que je reçois comme une invitation à participer en pensée à votre bienveillante assemblée.
Que de choses à dire avant de retourner à mes bicyclettes !
Déja dans cette mise en scéne en partie involontaire ou le rideau noir rappel l’espace de la représentation théatrale ou institutionnelle (soutenance de thése), Marléne et Michelle sont deux personnages bienveillants qui écoutent avec une générosité véritable (non cosmétique) le voyage intérieur de Gaelle. Elle occupe dans l’espace scénique une position en ombre chinoise singulière (élément sur lequel je reviendrais). A l’avant scène, dans l’ombre de cette ombre, ”le pleureur” souligne à sa manière la joie de voir la rose éclore.
Ce qui m’a d’abord saisie dans cette représentation ou le corps témoigne autant que le verbe, c’est comment Gaelle dans sa corporéité témoigne par le geste des concepts qui cherchent à s’incorporer dans le monde des formes matérielles. Je m’explique, quand Gaëlle parle et que son visage m’est dérobé à l’entendement, je ne vois que sa silhouette comme une ombre se dégageant d’un fond lumineux. Ces gestes, ses mains sont une danse complexe et précise. Ils s’ imposent comme un langage des signes, un alphabet à part entière. On pourrait penser aussi au mouvement de la tisseuse sur un métier à tisser imaginaire : je tisse du concept dans ma tête et dans l’espace. On peut dire aussi : ma pensée ne se perdra pas dans l’espace, mon corps viendra sculpter méthodiquement les limites de sa fuite, calmer dans la perméabilité du contact avec l’autre la tentation de se perdre dans le malentendu.
Sur son travail, sur son alphabet il y aurait sans doute d’autres choses à dire mais ce qui m’a plu c’est cette grande joie, plaisir de la création en elle-même. Cela est important, car comme le rappelle Gaëlle en fin de vidéo il faut savoir abdiquer pour commencer à connaître. Elle n’a pas le temps de développer dans l’espace de la vidéo mais j’ajouterais pour ma part que s’il faut savoir abdiquer (probablement sur soi-même et sa volonté de contrôler rationnellement la connaissance ) il faut sans doute aussi abdiquer sur la possibilité d’aboutir à une connaissance véritable. Tout connaissance finit inlassablement dans un charnier de ”cendres” mais l’important n’est -il pas, comme elle tente de le faire, de s’émerveiller, comme l’enfant, de la construction personnelle d’une structure qui tient la route. Qui tient la route et devient donc empruntable ou non par une infinité de styles de conduite.
Enfin, comme toujours et pour conclure, j’ajouterais que pour une personnalité si engagée dans sa complexité créative, la solitude en chute libre ne doit jamais être trop loin. Il est bon de savoir qu’au bord du gouffre un gardien solide est toujours proche d’elle pour tenir en respect les démons de ses rêves.
Amitiés,
Arnaud
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RÉPONSE COURRIEL DE PIERROT
encore une fois mon ami, tu es d’une telle justesse d’analyse poétique voilà pourquoi il me semble, cette video de Gaelle témoigne de la grandeur et de sa pensée et de sa vocation de penser…