Montréal pressenti pour accueillir un bureau de l’ONU
La Presse
(Ottawa) En pleine réforme administrative, l’ONU souhaite établir quatre centres de services partagés à l’extérieur de son siège new-yorkais. Et Montréal pourrait en accueillir un.
Marc-André Blanchard, ambassadeur du Canada aux Nations unies, en novembre 2016
L’Organisation des Nations unies (ONU) souhaite établir des racines plus profondes à Montréal, attirée notamment par la main-d’oeuvre bilingue qualifiée qu’offre la métropole et ses avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Montréal fait partie d’une liste de quatre villes qui ont été retenues par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, afin d’accueillir un des centres de services partagés que l’organisation internationale souhaite établir en dehors de son siège social de New York dans le cadre d’une réforme administrative visant à réduire ses coûts de fonctionnement.
Le secrétaire général Guterres a entre les mains un rapport recommandant que la ville de Montréal soit choisie pour accueillir un tel centre pour la région des Amériques. Les autres villes qui pourraient se voir attribuer un centre du même acabit sont Nairobi, capitale du Kenya, pour la région de l’Afrique ; Budapest, capitale de la Hongrie, pour la région de l’Europe ; et Shenzhen, ville du sud-est de la Chine, pour la région de l’Asie, selon des informations obtenues par La Presse hier.
Une décision concernant cette réforme administrative doit être prise par la Cinquième commission, une entité de l’ONU chargée des questions administratives, au plus tard en mars, a indiqué hier l’ambassadeur du Canada aux Nations unies, Marc-André Blanchard, précisant que le centre pourrait ouvrir ses portes à Montréal en 2020 et pourrait compter une centaine d’employés en tout.
Au départ, la ville de Mexico semblait être en position de tête pour obtenir le centre pour la région des Amériques, mais Montréal a pu lui damer le pion au cours des derniers mois grâce aux efforts déployés par les membres de la mission canadienne à l’ONU et à la présentation bien ficelée faite par Montréal International avec l’appui de la Ville de Montréal et du gouvernement du Québec. Si Montréal obtient un tel centre, les autorités canadiennes se sont engagées à payer les frais de location des bureaux.
Si cette réforme devait aller de l’avant, Montréal obtiendrait ainsi une troisième entité des Nations unies sur son territoire, après l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique.
« Une ville de calibre mondial »
Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, entre deux rencontres aux Nations unies, M. Blanchard a soutenu que Montréal disposait de quelques atouts qui font en sorte que la métropole a la cote auprès des dirigeants de l’ONU. « Cela confirme que Montréal est une ville hôte de calibre mondial dans le contexte onusien », a affirmé l’ambassadeur.
Il a souligné que Montréal jouissait d’une position avantageuse en raison de sa main-d’oeuvre bilingue qualifiée – le français et l’anglais étant les deux langues de travail de l’ONU -, sans compter que nombre de travailleurs maîtrisent souvent une troisième langue. Montréal a également la cote parce qu’il est devenu une plaque tournante en matière d’intelligence artificielle en peu de temps, a-t-il dit.
Aussi, le Canada est un ardent défenseur du multilatéralisme sur la scène internationale – une position qui est fort appréciée à New York, a souligné M. Blanchard.
« La réforme de l’ONU est une priorité pour le secrétaire général. Donc, nous travaillons de près sur cette réforme. Mais il est à prévoir qu’il va y avoir des débats et de la diplomatie durant les prochaines semaines entre les gens qui sont favorables à cela et ceux qui auraient peut-être souhaité des recommandations différentes », a dit M. Blanchard.
« Urgence d’agir »
Les centres qui sont proposés permettraient de rationaliser les dépenses de l’ONU grâce, par exemple, à la centralisation des services aux agences et aux secrétariats touchant l’administration, les ressources humaines, la comptabilité et les services informatiques. Une décision doit être prise rapidement, car la réforme administrative doit permettre à l’ONU de réaliser des économies de 53 millions de dollars durant les cinq prochaines années, et de 23 millions de dollars par année par la suite.
« Compte tenu de la situation financière précaire des Nations unies, il y a une urgence d’agir dans ce sens-là. Le rapport du secrétaire général recommande ces quatre villes », a dit M. Blanchard, en poste depuis 2016.
« Mais la Cinquième commission doit prendre une décision par consensus. Cette commission est composée de 193 États membres des Nations unies, et elle doit entériner la recommandation du secrétaire général, ce qui n’est pas du tout un automatisme. »
– Marc-André Blanchard, ambassadeur du Canada aux Nations unies
Au départ, 63 villes ont été évaluées par une firme de consultants pour accueillir un des quatre centres. Parmi elles, 39 villes répondaient aux exigences techniques minimales (main-d’oeuvre locale qualifiée, coûts de fonctionnement et pertinence de l’emplacement). En fin de compte, 19 États membres ont confirmé qu’ils étaient prêts à offrir des incitations financières qui permettraient à l’ONU de réduire ses coûts de fonctionnement.