Lambros Couloubaritsis
Histoire de la philosophie
ancienne et médiévale
Pythagore et les pythagoriciens
p.169-170
extrait
LA PARABOLE DE LA PANÉGYRIE
ANTIQ. GR. Grande fête religieuse à l’occasion de laquelle tout le peuple se rassemblait sur un lieu saint. De temps immémorial, (…) des panégyries réunissaient autour d’un autel tout un peuple ou même les représentants de peuples divers, mais apparentés (G. Glotz,Hist. anc., Hist. gr., Paris, P.U.F., t.1, 1925, p.511).
B. − P.anal. Rassemblement du peuple à l’occasion d’une grande fête religieuse. [Le roi] tomba dans une mélancolie profonde; il n’accompagnait plus les panégyries du dieu Tôth; il négligeait de sacrifier au dieu Phthâh, et n’envoyait plus d’offrandes à la déesse de Tafné (Du Camp,Nil, 1854, p.71).Les villes de processions, de pèlerinages et de grandes panégyries annuelles étaient souvent favorables à la prédication des apôtres (Renan,StPaul, 1869, p.54).
− P.méton. Lieu de rassemblement du peuple (lieu saint ou les abords de celui-ci). Dans ce système d’établissements [l’habitat dispersé], les centres de vie se réduisent à des lieux de rendez-vous périodique, marché, église, chapelle, panégyrie (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p.187).
REM. 1.
Panégyre, subst. masc.,hist., synon. (supra B p.anal.).Silo était (…) une ville commune. Le beau développement de la plaine, en cet endroit, présentait un lieu favorable aux panégyres de tout Israël (Renan,Hist. Isr., t.1, 1887, p.250).
2.
Panégyriarque, subst. masc.,antiq. gr. Magistrat spécialisé, chargé de veiller au bon déroulement des panégyries (supra A) (d’apr. Vial 1972).
Prononc.: [paneʒiʀi]. Étymol. et Hist. 1765 panegyris «assemblée générale du peuple à Athènes» (Encyclop. t.11); 1823 panégyri (Boiste); 1824 panégyrie (Champollion, Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, p.160 ds Quem. DDL t.13). Empr. au gr. π α ν η ́ γ υ ρ ι ς «assemblée de tout le peuple» comp. de π α ̃ ν neutre de π α ς «tout» (v. pan- élém. formant) et de α γ υ ρ ι ς «rassemblement, foule» forme éolienne à voy. init. longue pour α ̓ γ ο ρ α ́ «place publique», v. agora.
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LA PARABOLE DE LA PANÉGYRIE
« Pythagore fut le premier à s’appeler PHILOSOPHE; non seulement il employa un mot nouveau, mais il enseigna une doctrine originale. Il vint à Philonte, il s’entretint longuement et doctement avec Léon, le tyran de Philonte; Léon, admirant son esprit et son éloquence, lui demanda quel art lui plaisait le plus. Mais lui, il répondait qu’il ne connaissait pas d’art, QU’ILÉTAIT PHILOSOPHE. S’étonnant de la nouveauté du mot, Léon lui demanda quels étaient donc les philosophes et ce qui les distinguaient des autres hommes».
Ensuite, il raconta la parabole. Pythagore aurait expliqué au tyran que le passage provisoire de l’homme de cette vie ressemble À CE QUI SE PASSE DANS UNE FÊTE: les uns usent de force et viennent pour la gloire, les autres font du commerce et viennent pour le guain, et d’autres, enfin, viennent plutôt pour voir des sites, des œuvres d’art, des exploits et des discours vertueux. C’EST À CES DERNIERS QUE RESSEMBLENT LES PHILOSOPHES, PARCE QU’ILS ONT REÇU LE PRIVILÈGE DE MÉDITER SUR DE BELLES CHOSES.
Or, si on les appelle «philosophes» et non « sages», c’est, dit Héraclite, parce que personne n’est sage si ce n’est Dieu.
Comme on le constatera, à l’instar de ce que révèle galement le fr. 35 d’Héraclite, cette histoire fait état de PHILOSOPHE ET NON DE PHILOSOPHIE, ce qui traduit une certaine situation de l’époque …
***OÙ LE PHILOSOPHE CHERCHE À REMPLACER LE SAGE****
bien avant que son activité soit reconnue et qualifiée de «philosophie». Mais en même temps, la façon dont Pythagore introduisit la figure du «philosophe» comme étant inférieure à celle du sage, qualificatif attribué principal au seul sage possible,Dieu, lie l’activité philosophique à une forme de théologie, puisqu’elle s’instaure relativement À UNE ACTIVITÉ DIVINE SUPÉRIEURE À LAQUELLE ELLE DOIT SE SOUMETTRE, mais à laquelle aussi elle peut aspirer en prenant comme OBJET DE RECHERCHE des choses divines.
Parmi celles-ci sont comprises, chez Pythagore et les siens, les réalités mathématiques qui concourent , avec les Dieux (les astres visibles et les dieux invisibles), les démons et même les âmes (soumises au cycle d’une transmigration permanente) à circonscrire un lieu de stabilité, une topologie d’un monde qui atteste son identité immuable ou conforme à ses régularités.
Or, ce que le pythagorisme fait émerger, d’une façon discrète, deviendra pourtant la source de l’étonnante histoire de la pensée qui aboutira à l’avènement de la science et, ensuite, À LA THÉOLOGISATION MÊME DE LA PHILOSOPHIE.
Si la formation de la science mathématique trouve un point culminant chez Platon, qui élargit le domaine de la science AUX ESSENCES (OUSIAI) TRANSCENDANTES CONSTITUTIVES de ce qu’on appelle «le monde des idées», c’est néanmoins bers le 4eme siècle de notre ère, à une époque où le christianisme sera en pleine expansion, que la THÉOLOGISATION DE LA PHILOSOPHIE se confirmera au nom de Pythagore et du polythéisme hellénique – désigné habituellement par le terme de «paganisme».
C’est dire qu’en 10 siècles,
DEPUIS SA NAISSANCE
SOUS LE MASQUE DE PHILOSOPHE
LA PHILOSOPHIE AURA TRACÉ UNE HISTOIRE
DONT LES RACINES LOINTAINES
SE TROUVENT DANS SON ACTE DE NAISSANCE
QUE RÉVÈLE LA PARABOLE DE LA PANÉGYRIE….
SUR GOOGLE Michel le concierge