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1:
Je suis tout petit….deux ans ou trois ans… c’est le soir… il neige…. il fait doux…. mon père et ma mère me font monter la côte St-Louis… il y a une musique classique de Noel qui joue au Pignon rouge que je fredonne encore aujourd’hui… on vire sur la rue du Pignon rouge… mon père et ma mère arrête dans un dépanneur pour m’acheter des pastilles noires… on entre au couvent des sœurs… je suis dans les coulisses… on me donne des fleurs… un bouquet de fleurs… je vais le porter à quelqu’un sur la scène… on applaudit dans la salle… et de me dire… TIENS CE SERA CELA MA VIE PLUS TARD….
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2:
Il y a trois livres à la maison: adagio de Félix Leclerc. Ti-coq de Gratien Gélinas et le vagabond Jean N’arrache d’Emille Coderre… En voyant le dessin stylisé sur la courverture, de me dire… TIENS CELA SERA MA VIE PLUS TARD.
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3:
Je suis sur la galerie… le train passe sur le côté de chez nous où il ralentit toujours avant d’aboutir à une rue transversale… Je vois soudainement sur le toît d’un wagon un hobo qui saute en bas… et de me dire: TIENS CE SERA MA VIE PLUS TARD.
Surtout que j’appris beaucoup plus tard que mon grand-père Lefebvre, travaillant pour les trains, accueillait ces hobos chez lui en leur donnant à manger et en les faisant coucher sur le banc du quêteux.
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4:
Mon père et ma mère ont beaucoup d’enfants (6 à l’époque je crois)… Pour soulager ma mère, mon père entreprend de faire avec nous une version de la famille Trapp en nous faisant chanter à 6 voix…. le résultat est bouleversant… certains dimanche matins, le téléphone est ouvert, Monsieur le maire Lucien Filion est au bout de l’appareil… et sous chantons pour lui… Et de me dire: JE N’APPARENDRAI JAMAIS LA MUSIQUE MAIS JE SERAI CAPABLE UN JOUR DE FAIRE CELA.
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5-
La place des arts vient d’ouvrir à Montréal (1963) Aubert Mongrain a un rêve… que toute son harmonie de La Tuque qu’il dirige à l’école secondaire aille y jouer pour un congrès provincial des frères Maristes….
Je suis choisi avec mon frère Claude et ma petite sœur Hélène je crois pour faire partie de 2 numéros de la famille Trapp avec madame Mongrain en mère Trapp…. Je n’oublierai jamais ce passage à la Place des arts à 13 ans…ET DE ME DIRE… UN JOUR MOI AUSSI JE RÉALISERAI MON PROPRE RÊVE…
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6:
Mon père vient de faire faillite avec son poste de télévision, le ier poste de télévision sur cable au Canada…. où j’étais caméraman chaque soir après l’école.
Il monte à Montréal… rentre au collège Jean-de Brébeuf…il voit un bureau demande au jésuite qui il est: c’est le père Trudeau qui me racontera lui-même cette scène que mon père n’a jamais conté par humilité.
Qui êtes-vous Monsieur?… et l’homme de répondre: Je suis le père Trudeau, directeur de ce collège… et mon père de lui dire: J’ai un problème de père de famille et quand je vais sortir de votre bureau, vous allez avoir un problème de prêtre.
J’ai un fils… sa tante habite à la rue d’à côté… Vous allez le faire travailler pour qu’il puisse payser ses études car je viens de faire faillite avec mon rêve… Et le père de dire.. a-t-il de bonnes notes? et mon père de répondre: Non, mais il va en avoir….
et le père Trudeau de dire: Monsieur, pour la beauté du geste que vous venez de poser, je vais prendre votre fils et il va travailler ici pour payer ses études.
Mon père revient,… ne me dit pas un mot jusqu’à la dernière journée… il me dit: Tu prends l’autobus pour aller étudier demain à Montréal… non que je lui dis..Je suis un artiste… je veux devenir un artiste… Il me dit… monte dans ta chambre… si dans 15 minutes tu es du même avis, je vais me plier à ton choix… 15 minutes plus tard, je redescend et lui dis: Je vais monter à Montréal mais rendu là, je fonde un groupe musical… Mon père me dit: fais-ce que tu veux en autant que tu étudies et que tu réussisses…
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7-
Je passe l’été à expo 67…. et là me vient un rêve… fonder un groupe de musique pour aller représenter le Canada à expo 70…. Je rentre dans la classe à Brébeuf en septembre (me rappelant que j’étais capable de faire faire des voix comme mon père avait fait avec nous petits) et je dis: Qui veut faire de la musique? On lève la main un à un Monique Desroches, Fabienne Desroches, Michel Claveau, Pierre Anger, Roseline Lebel… C’est ainsi que sont nés les contretemps.
En 1969, nous gagnions le championnat nord-américain du meilleur groupe de folklore collégial à Toronto, puis, après avoir été mentionné au parlement canadien pour le ier long jeu bilingue canadien, nous étions choisi pour représenter le Canada au Japon à l’exposition d’Osaka en 1970.
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8-
Un clown de Toronto fait partie d’une troupe de patinage artistique sur glace qui passe entre nos spectacles… Je le trouve exceptionnel… La dernière journée avant de quitter pour Hawai, je lui demande en pleurant: Monsieur pourquoi vous êtes un artiste et je n’en suis pas un?
Et lui de me dire… Je vais te dévoiler un secret qu’on ne se partage qu’entre initiés à travers le monde. Il y a 4 étages dans une âme d’artiste. 1) le cabotinage, 2) le don de soi, 3) la communion, 4) la catharsis…. Ca prend toute une vie d’artiste sans tricherie pour se rendre au quatrième…
Et moi de lui demander… Mais comment vais-je faire pour savoir que j’ai traversé un étage? Et lui de me dire: chaque étage ne disparaîtra jamais en toi… Mais chaque fois que quelqu’un t’appellera maître, tu sauras que tu es rendu à l’étage supérieur… et rendu au dernier étage que se passe-t-il? Je n’ai pas le droit de te le dire… Tu verras bien…
Et voilà que je décide de faire carrière sur scène juste pour traverser mes étages et que j’arrêterai la scène quand j’aurai franchi le quatrième étage… J’entre donc au Café St-Vincent…. avec le cabotinage comme ier étage…. et chaque soir, je désespère de monter au deuxième… Cela prendra plusieurs années (une bonne dizaine je crois) pour qu’un jour enCôte d’ivoire alors que je représentais le Canada à Abidjan et que j’étais devenu en une seule prestation à la télévision la vedette d’un jour, un africain vient à mon hôtel et me dit:
JE VOUS AI VU À LA TÉLÉVISION MAÎTRE…
Et moi de lui dire… Pourquoi tu m’appelles maître frère… et lui de me dire.. parce que j’ai vu que tout ce qui compte pour vous, c’est les autres…
Le clown avait donc raison…. mais comment on fait pour se rendre au troisième? L’année suivante, ce fut un tel succès à la semaine canadienne pour l’ambassade du Canada qu’on me redemande… Après le plus grand succès sur scène de ma carrière, une limousine vient me chercher… elle m’amène chez une grande chanteuse africaine qui me dit:
MAÎTRE, OÙ EN ÊTES VOUS RENDU EN VOUS?
Je lui dis sans hésiter la communion… et elle de me dire…. c’est ce que j’ai ressentis en vous écoutant ce soir…
Mais là je me suis dis… wow… à quand la quatrième étape? Quand je quittai la scène un soir en chantant la quête de Jacques Brel à l’auberge la Calèche, j’avais perdu tout espoir de réussir ma quatrième étape…
Je deviens donc squatter dans une galerie alternative à recyclo-livres Victoriaville durant 4 ans en dormant sur une table dans la cave habillé seulement par un drap de peinture…
Une jeune femme de 19 ans vient… Monsieur vous avez fondé une association des écrivains dont vous êtes le président… accepteriez-vous de me guider dans mon ier roman…. durant plus de 2 ans, elle vient me voir et je lui lis ses propres textes…. elle publia finalement…
Un jour, alors que j’étais vagabond céleste et que j’étais à la baie James, je reçois un courriel sur le site www.demers.qc.ca où elle me dit qu’elle étudie en littérature et qu’elle apprend institutionnellement tout ce que je lui ai appris vagabondément.. et elle de me dire
VOUS AVEZ ÉTÉ MON MAÎTRE
C’est là que j’ai su que ma 4eme étape venait d’être franchie… à 58 ans….. la catharsis, c’est l’étape où on obtient enfin la grâce de n’être maître de rien…
Tout était déjà inscrit dans la petite chanson scoute
ego sum pauper (je suis pauvre)
nihil habeo (je n’ai rien)
et nihil dabo (je ne demande rien)
à suivre
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