Les droits des enfants sont « bafoués de manière révoltante », dénonce l’UNICEF
Violence extrême, atrocités, viols, mariages forcés, accidents: des millions d’enfants dans le monde sont pris pour cibles dans les conflits qui font rage à divers endroits du globe. Dans son bilan de fin d’année, l’UNICEF reproche à la communauté internationale d’avoir « une fois de plus » abandonné les enfants.
« Depuis trop longtemps, les parties aux conflits commettent des atrocités et jouissent d’une impunité quasi totale », affirme Manuel Fontaine, directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF. Et la situation est loin de s’améliorer. »
« Nous pouvons et devons faire beaucoup plus pour protéger et aider les enfants. »
— Manuel Fontaine, directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF
Présente dans 190 pays et territoires, l’UNICEF a été créée en 1946 par les Nations Unies pour fournir une aide d’urgence aux enfants à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. « Le monde a changé, mais les besoins des enfants sont restés les mêmes », dit l’agence sur son site Internet.
En 2018, l’UNICEF relève des situations intenables pour les enfants dans des pays tels que l’Afghanistan, la République démocratique du Congo, le Myanmar, la Syrie ou encore le Yémen.
« L’année 2019 marque le 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant et le 70e anniversaire des Conventions de Genève, rappelle Manuel Fontaine dans le rapport annuel 2018. Or, à l’heure actuelle, le nombre de pays qui sont en proie à un conflit interne ou international est plus élevé qu’à n’importe quelle autre époque des trente dernières années. »
« Les enfants coincés dans des conflits sont parmi ceux dont les droits risquent le plus d’être bafoués. Les attaques contre les enfants doivent cesser. »
— Manuel Fontaine, directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF
L’enfer, de l’Afghanistan au Myanmar
En Afghanistan, où les États-Unis ont toujours quelque 16 000 soldats déployés en appui aux troupes afghanes, environ 5000 enfants ont été tués ou mutilés au cours des trois premiers trimestres de 2018, soit le même nombre de victimes que pour l’année 2017 en entier. La grande majorité des victimes civiles d’accidents, attribuables aux résidus explosifs de guerre, sont des enfants.
La Syrie se trouve depuis cinq ans au dernier rang de l’Indice de paix mondial (IPM) 2018, produit par l’Institut pour l’économie. De janvier à septembre, l’ONU y a rapporté l’assassinat de 870 enfants. Il s’agit du nombre le plus élevé pour les neuf premiers mois de l’année jamais signalé depuis 2011, date du début de la guerre civile dans ce pays.
En République démocratique du Congo, violences et instabilité ont sapé les efforts déployés pour enrayer l’épidémie du virus Ebola dans le nord-est du pays. C’est la deuxième en importance après celle de 2014-2015 qui avait fait des milliers de morts, en Afrique de l’Ouest. En RDC, en plus d’être victimes de violence, environ 4,2 millions d’enfants sont à risque de souffrir de malnutrition sévère aiguë.
Les Nations unies cumulent les informations au sujet du sort réservé aux Rohingyas, des musulmans birmans qui font l’objet de répression au Myanmar : Plus de 700 000 d’entre eux ont trouvé refuge au Bangladesh depuis août 2017. Au Myanmar comme tel, le rapport de l’UNICEF affirme que pour éviter une « génération perdue » d’enfants rohingyas, il est essentiel de leur assurer une éducation de qualité.
Violées ou utilisées comme « bombes humaines »
Au Nigéria, en octobre dernier, l’UNICEF avait annoncé la libération de plus de 800 enfants qu’avait enrôlés la milice civile d’autodéfense, qui combat avec l’armée le groupe djihadiste Boko Haram. Cependant, des groupes armés liés notamment à Boko Haram continuent de violer, de marier de force ou d’utiliser comme « bombes humaines » des jeunes filles, dénonce l’UNICEF dans son bilan de fin d’année.
Pays le plus pauvre de la péninsule arabe, le Yémen est depuis 2015 la proie d’une guerre effroyable que soutiennent des puissances étrangères. En 2018, les Nations unies ont confirmé que 1427 enfants ont été tués ou mutilés dans des attaques. On estime que dans ce pays, un enfant meurt toutes les dix minutes d’une maladie évitable et que 400 000 enfants souffrent de malnutrition sévère aiguë.
« […] Nous ne devons jamais accepter que les enfants soient la cible d’attaques, affirme Manuel Fontaine de l’UNICEF. Nous devons obliger les belligérants à respecter leur obligation de protéger les enfants. »
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