La patronne du FMI craint l’avènement d’un « âge de la colère »
Publié le mardi 4 décembre 2018 à 20 h 27
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, plaide pour un « nouveau multilatéralisme » qui permettrait de partager « les bienfaits de la mondialisation ». Photo : Reuters/Thomas Peter
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a lancé mardi un vigoureux appel à un renouvellement de la coopération internationale, craignant l’avènement d’un « âge de la colère » où les inégalités pourraient bientôt surpasser celles de l’« âge d’or » du capitalisme au 19e siècle.
Dans un discours à la prestigieuse bibliothèque du Congrès à Washington, la patronne du FMI a plaidé pour un « nouveau multilatéralisme » qui assurerait que « les bienfaits économiques de la mondialisation soient partagés par tous et non plus seulement par quelques-uns ».
Le commerce mondial doit selon elle être « réparé » : « Nous devons poursuivre la désescalade » des tensions commerciales et améliorer le système des échanges, en « éliminant les subventions qui causent des distorsions » et en protégeant les droits de propriété intellectuelle.
Mme Lagarde préconise aussi un nouveau système de taxation internationale. « Les entreprises ont maintenant une présence planétaire, mais les gouvernements n’ont pas trouvé la bonne réponse fiscale », a-t-elle affirmé, dénonçant les stratégies d’optimisation fiscale qui laissent « trop de recettes d’impôts sur la table ».
Sans cette « coopération internationale réimaginée », la responsable du FMI craint que dans 20 ans, d’ici 2040, « les inégalités ne surpassent ce qu’elles étaient pendant l’âge d’or du capitalisme ».
Cet « âge de la colère » verrait des géants monopolistiques de la technologie face à des États faibles, des catégories favorisées de la population « pouvant vivre jusqu’à 120 ans quand des millions d’autres souffriront de pauvreté ».
« Le fossé entre aspirations et réalités » risquerait de « nourrir colère et amertume », a-t-elle averti.
S’affirmant « une optimiste », Mme Lagarde assure qu’un « âge de l’inventivité » est possible, où les économies profiteront des énergies renouvelables, d’une plus forte intégration des femmes dans le monde du travail et où les grandes entreprises feraient montre de responsabilité sociale.
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