LA FAMINE AURAIT TUÉ 85,000 ENFANTS AU YEMEN

La famine aurait tué 85 000 enfants au Yémen

Publié aujourd’hui à 14 h 07

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Les explications de Frédéric Nicoloff

La famine au Yémen pourrait avoir tué jusqu’à 85 000 enfants de moins de 5 ans depuis l’intervention de la coalition militaire conduite par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis en mars 2015, selon un rapport de l’ONG Save the Children publié mercredi.

Reuters

L’enquête, qui s’appuie sur des données des Nations unies, parvient à la conclusion que 84 700 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont peut-être perdu la vie entre avril 2015 et octobre 2018.

« Nous sommes horrifiés que quelque 85 000 enfants au Yémen aient pu mourir des conséquences de la faim extrême depuis que la guerre a commencé », écrit Save the Children dans un communiqué.

«Pour un enfant tué par des bombes ou des balles, des dizaines d’autres meurent de faim et de maladie, et ce serait pourtant tout à fait évitable.»

—L’ONG Save the Children

Le conflit au Yémen s’est aggravé avec l’intervention de la coalition conduite par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis contre les miliciens chiites houthis.

Le dernier bilan de la guerre émanant des Nations unies date de 2016 et faisait état de plus de 10 000 morts.

L’organisation Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) fait état de 57 000 morts depuis le début 2016 au Yémen.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n’a pas de chiffres, mais souligne que la population civile paie un lourd tribut à la malnutrition et aux combats. « Ce que nous voyons dans les différents centres [de santé] où nous travaillons, c’est une situation humanitaire catastrophique, pas seulement en raison de la malnutrition », a dit à Reuters Carlos Batallas, responsable du CICR à Aden.

« Nous constatons aujourd’hui qu’il n’y a pas de vaccinations, que des femmes enceintes ne sont pas suivies et ne peuvent pas accoucher à l’hôpital ou dans un centre de santé », a-t-il ajouté.

Les combats se poursuivent pour le contrôle de la ville portuaire d’Hodeïda, sur la mer Rouge.

L’organisation Médecins sans frontières (MSF) rapporte que les affrontements se sont rapprochés d’un hôpital où travaille une de ses équipes. « Notre personnel entend tous les jours des explosions extrêmement proches et des tirs autour de l’Hôpital Al Salakhana. Les combats entre les forces militaires se rapprochent de cet hôpital, ce qui est très inquiétant pour la sécurité de nos patients et de notre personnel », a déclaré Caroline Seguin, responsable des opérations de MSF au Yémen.

L’émissaire de l’ONU Martin Griffiths est arrivé mercredi à Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les rebelles houthis. Il doit s’entretenir avec des responsables des discussions de paix prévues le mois prochain en Suède.

SUR GOOGLE
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MON AMI ARNAUD VIENT DE M’APPORTER UN TEXTE SUR PATRUL RIMPOCHÉ TIRÉ DU «VAGABOND DE L’ÉVEIL» DE MATHIEU RICARD…. JE LE TRANSCRIS PAR PUR AMOUR DE LA POÉSIE DES MOTS DES AUTRES… POUR ME REPOSER DE MES PROPRES MOTS…. COMME DANS UN IMMENSE CAHIER DE NOTES NUMÉRIQUE QUI N’EN FINI PLUS DE RAPETISSER POUR MIEUX IMPLOSER DE BEAUTÉ DU MONDE DANS LE FOND D’UNE BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE

Le lieu de naissance de Patrul Rinpoché, au Tibet oriental. Photographie de Mathieu Ricard.

Une biographie du fameux ermite et maître spirituel tibétain du 19eme siècle, Patrul Rinpoché, vient d’être traduit du tibétain en français ou en anglais. Deux courtes biographies écrites par les disciples de ce maître et plus d’une centaine d’anecdotes issues de la tradition orale, ainsi que quelques enseignements ont été rassemblée dans cet ouvrage , LE VAGABOND DE L’ÉVEIL.

Très jeune, Patrul Rinpoché étudia auprès des maîtres les plus éminents de son temps. Doué d’une mémoire hors du commun, il retint par cœur la plupart des enseignements oraux qu’il entendait: ainsi devint-il capable d’élucider les aspects les plus complexes de la philosophie boudhiste sans utiliser le support des textes imprimés, pas même lorsqu’il délivrait des enseignements pendant des semaines d’affilée.

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N’ayant pas le moindre intérêt pour les activités de ce monde, il renonça sans difficultés AUX HUIT PRÉOCCUPATIONS MONDAINES qui constituent les espoirs et les craintes de toute personne ordinaire…

L’ESPOIR DE GAIN ET LA PEUR DE LA PERTE,
L’ESPOIR DU PLAISIR ET LA CRAINTE DU DÉPLAISIR
L’ESPOIR DE LA LOUANGE OU LA CRAINTE DU BLÂME
L’ESPOIR DE LA RENOMMÉE OU LA CRAINTE DE L’OBSCUTRITÉ

Vêtu d’un épais manteau de feutre, ou chouba, ou bien enveloppé d’une peau de mouton l’hiver, Patrul se mit en route seul. Il n’emportait rien d’autre que son bol à aumônes, sa théière et un exemplaire de LA MARCHE VERS L’ÉVEIL de Shandivéda. Il cheminait toujours à pied, renonçant à se déplacer à cheval. Parfois, il se joignait à d’autres personnes, sinon il voyageait seul. IL VIVAIT EN ACCORD AVEC LA SAGESSE DES MAÎTRES.

O

LES LARMES DE JOIE DE MA GRAND-MÈRE LUMINA, FEMME DE MON GRAND-PÈRE LUCIEN, QUE VIVENT EN CE MOMENT MARLENE LA JARDINIÈRE, MICHEL LE CONCIERGE ET PIERROT VAGABOND TOMBENT DES MERCIS DU PLUS PROFOND DU COEUR À MICHELINE SARRAZIN ET FRED PELLERIN…. FRED, DE SON ART INTIMISTE A RÉUSSI PAR SON INTERPRÉTATION DE LA CHANSON DU CAMIONNEUR SUR SON C.D. À FAIRE DE GILBERT PRINCE, CE CAMIONNEUR QUI A EXPLOSÉ DANS SON CAMION-CITERNE, LA VOIX VENANT DE L’ÉTERNITÉ POUR DIRE JE T’AIME À SA FEMME ET SES ENFANTS…. BÉNISSANT AINSI DES MILLIONS DE CAMIONNEURS À TRAVERS LE MONDE DANS LEUR AMOUR OEUVRE D’ART POUR LEURS PROCHES.

Après avoir buché durant 14 ans sur une maîtrise dont l’objet portait sur: comment fonctionne le rire dans le cerveau humain, je devais faire mon doctorat sur LES LARMES DE JOIE.

Les larmes de ma grand-mère Lumina, la femme de Lucien…celle qu’on entendait jamais parlé mais qui pleurait dans ses silences épiques la beauté du monde. Je ne me rappelle pas de ne pas avoir vu ma grand-mère Lumina pleurer des larmes de joie… On aurait dit la statue d ela madone de l’histoire qui à chaque date fixe, verse quelques larmes miraculeuses.

Combien de fois j’ai entendu mon grand-père qui ne comprenait pas trop bien le mécanisme dire à sa femme: Lumina, vas faire un tour de carré, le temps que ça sèche… La première neige tombait, Lumina pleurait, la première neige fondait, Lumina pleurait….

Ma mère lui demandait d’aller garder le temps qu’elle prenne des vacances.. Lumina pleurait… Et comme elle n’avait aucune autorité et que ses gestes n’étaient fait que de bonté et de douceur… on devenait tellement tannants mes frères et sœurs que Lumina pleurait…. mais doucement…. comme on étaient incapables de l’impatienter….

mais quand elle nous faisait des sanwichs à salade qu’elle brassait toutes découpées en morceaux, moi je me mettais à brailler… je comprenais pas pourquoi mes larmes étaient un peu différentes de celles de mes fr“eres et sœurs… j’appellais cela mes larmes Lumina…

J’allais chez ma grand-mère… l’horloge coucou donnait le tempo… et nous pleurions ensemble… doucement, sans que ça paraisse pour ne pas faire virer le temps à la pluie… et la pluie au temps…

beaucoup plus tard…

Durant mes 14 ans de maîtrise sur le rire, je découvris accidentellement par essai et erreur sur scène (parce que j’écrivais des chansons qui faisaient pleurer le public, à mon grand ébahissement) que les larmes de joie comme je me suis mis à les nommer… sont les plus belles larmes qu’une personne humaine ne puisse verser sur la terre…

Je pris l’habitude d’aller à l’aéroport de Dorval… voir des gens qui attendaient des gens qui débarquaient de l’avion… A chaque fois, comme une tondeuse à deux temps… le même mécanisme… des larmes parce que ça fait 10 ans qu’on ne s’est pas vu… et de la joie dedans parce qu’enfin on peut se serrer dans nos bras…

C’est ma grand-mère Lumina qui m’a apprit à brailler les beaux moments de la vie en serrant l’autre dans ses bras… Moi qui refuse systématiquement qu’on me touche et cela nuit et jour, quand je braille, ca déverse des torrents de je t’aime par des bras Lumina….

Voilà pourquoi toute sortie publique est trop pour moi… Quand Isabelle a passé son examen de maîtrise… j’étais en arrière et je n’arrêtais pas de brailler comme un veau parce que j’étais trop content pour elle…

Curieusement, ma grand-mère Lumina m’a appris qu’il ne faut jamais verser une larme quand on a de la peine… jamais… EN BAS DES LARMES DE JOIE, il faut pencher le dos…. Je refuse systématiquement de brailler les peines du monde, sauf par la création, comme le dit une de mes chansons

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DES LARMES DE FRAICHEUR

COUPLET 1

une anecdote
ça touche le coeur

lorsque
des yeux s’échappent
de très belles larmes
de fraîcheur

COUPLET 2

en Haiti
un très gros bol de riz

plus personne
pour le manger
le dîner
est terminé

COUPLET 3

la dame de la maison
est allée dans la rue

pour ramener
un inconnu
un enfant d’6 ans
qui n’avait pas mangé

COUPLET 4

quand il a vu
le très gros bol de riz

l’enfant d’6 ans
est allé chercher
ses frères et soeurs
pour partager

COUPLET 5

cette anecdote
je peux la certifier

elle m’a
été contée
par cette femme même
qui a donné à manger

Pierrot
vagabond céleste

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Alors imaginez, faut pas que j’entende Fred chanter la chanson du camionneur sur son c.d….. je me mets à brailler…  des larmes de joie…et Lumina en haut de brailler avec moi… des larmes de fraîcheur parce que rendues l’autre bord, éternelles comme les cimes de l’intensité légères aux moments dansants.

Mes larmes, à cause de ce que m’a montré Lumina quand j’étais petit.. c’est l’hymne à la joie de Beethoven… comme toutes les larmes de joie du monde quand un enfant naît… Voilà pourquoi je suis si hanté par ces millions d’enfants fantomatisés de la terre qui se meurent de faim ou de blessures de guerre… L’invention de la nano-citoyenneté-planétaire permettra enfin que les larmes de joie signent la beauté du monde constructiviste abductive que je porte comme une chute immortelle à laquelle notre équipe de recherche s’abreuve tous les matins… Inventer la beauté du monde pour soulager la condition humaine… pour que les larmes de peine quittent abasourdis par la puissance conteuse des larmes de joie… celles de Lumina.

et ce que j’aime de Malene la jardinière et de Michel le concierge, c’est que notre bunker de l’amitié quand on a 3 wow, pleure des larmes de joie à la Lumina tout en ayant pas l’impression de travailler comme mon oncle Paulo.

Si j’étais plus jeune, j’inventerais un spectacle qui s’intitulerait «le bunker de l’amitié» où je raconterais en chantant 6 chansons de Michel et 6 des miennes, comment nous avons découvert en équipe les quatre questions de la vie personnelle œuvre d’art qui permettent par une formule «wow-t=2.7k?» de vivre des larmes de joie sur terre… Et je conterais l’histoire fabuleuse de Lumina….

Et le décor serait celui d’un aéroport… comme notre conseil d’administration de la créativité de ce matin… on aurait dit un aéroport… où on assistait à une descente d’avion du camionneur Gilbert Prince descendant d’avion pour serrer dans ses bras sa femme et ses enfants pendant qu’un chœur de millions d’enfants lui chantent la chanson du camionneur… Des je t’aime faits de larmes de joie.

Somme toute,

Nos larmes de joie de ce matin aimeraient vous dire merci Micheline Sarrazin et Fred Pellerin et toute votre équipe pour tout ce que vous faites… de magnifique par pure amitié. Merci d’inspirer le Québec et la francophonie. Merci à Simon Gauthier d’avoir initié tout ce tsunami de Je t’aime.

GILBERT PRINCE, LE COMPAGNON DE DANIELLE, JE CROIS
DOIT PLEURER DE JOIE LUI AUSSI

Pierrot vagabond
au nom de notre bunker de l’amitié

EXTRAITS SUR LA TUQUE … BIOGRAPHIE DE JACQUES BERTIN … FÉLIX LECLERC… LE ROI HEUREUX…

FELIX LECLERC LA TUQUE
JACQUES BERTIN
LE ROI HEUREUX
BIOGRAPHIE
JANVIER 1987,
ÉDITIONS aRLÉA
EXTRAITS
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p.8-9
Il sortait et – toute la nation québécoise avec lui – DE L’ENVOÛTEMENT DES VILLAGES IMMOBILES, de la honte du colonisé, de la pauvreté des laissés-pour-compte, du silence des sans-parole où la religion appuie et s’imprime longuement , comme une trace dans la neige et qui demeure. Le mouvement d’épaule pour changer le sac, c’est lui; le mouvement d’épaule pour se dégager du piège, c’est lui. Il a parcouru trois cents ans et 10 millions d’années-lumière et il n’a rien trahi. : Il a toujours célébré son enfance et parlé sans complexe au nom du peuple; il a accompagné les gens d’ici vers ce qu’il appelle «le monde adulte» URBANISATION, ÉMANCIPATION, NATIONALISME. Présent en 1940, il demeure présent en 1985. Rien renié, rien oublié, beaucoup vécu. Un québécois : à la fois timide et parleur, réservé et passionné, humilié et gai. Pas de complexe à part la certitude que les maladresses sont le produit de l’aculturation du colonisé… et la preuve qu’il a raison de se libérer.
Il vient de loin : du Canada. Du vieux Canada français : pas de littérature, pas de lecteurs, pas d’intelligentzia, pas de traditions culturelles, pas de café de flore, pas de Montparnasse, pas de chapelles se bombardant les unes les autres, pas de revues, pas de théâtre, pas d’édition, pas de spectateurs éclairés. Rien que des paysans arrivant en ville un par un avec un silence séculaire dans la tête en plomb. Il fut donc un artiste populaire : du peuple. Il a parlé fier, sans vulgarité. Et l’intelligentzia d’aujourd’hui est bien obligée de le saluer avec respect. Il a su se tenir droit. Les québécois le savent, les français le sentent.
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p.17

1, PLEURE ¸O MAURICIE
«Nous sommes tous nés, frères et sœurs, dans une longue maison de bois à trois étages… » Ainsi Félix commence-t-il lui-même le récit de son enfance.Pieds nus dans l’aube. Une maison bossue et cuite comme un pain de ménage, chaude en dedans et propre comme de la mie.». Tous les québécois sont nés dans cette maison. Et pour les autres, il y a les manuels. Dès 1957, Samuel Baillargeon cite la première page du livre dans son Histoire de la littérature canadienne française à l’usage des élèves du secondaire. Ä se passe à La Tuque, le 2 août 1914.
La Tuque est à peine une ville : Un gros bourg de pionniers en haut de la rivière St-Mauric. 2934 habitants en 1911, 5603 en 1921. C’est un point d’interrogation jeté au milieu de la carte. De Trois-Rivières où le Saint-Maurice se jette dans le Saint-Laurent, la colonisation arrivera-t-elle à joindre le Saguenay et le lac Saint-Jean, à trois cent kilomètres au nord? Entre les deux : La Tuque. Jusqu’au milieu du X1X e siècle, le Canada français, en dehors de la grande région de Montréal se limitait à la vallée du fleuve, sur une largeur n’excédant jamais vingt milles de chaque bord. Au-delà commençait le royaume des castors, des ours, des orignaux, des moustiques, des arbres.
(p.18)… Je vais faire naître – provisoirement- Félix vers 1850, quelque part sur une berge du Saint-Laurent, à cent cinquante kilomètres de La Tuque, Félix en effet vient de là. D’où vient-il?
La conquête de la Mauricie est une épopée. Mais les épopées vues de l’intérieur, n’ont rien d’épique. La ruée vers le nord n’est qu’un long piétinement pénible : sueurs et larmes. Pas de gloire « Durant la iere moitié du X1X siècle, les cadres géographiques du Bas-Canada éclatent. Les terres à proximité du fleuve ne suffisent plus. Bien sûr, jusqu’en 1850, il s’en trouve encore un certain nombre de libres mais on les dit de moins bonne qualité. Il faut donc partir à la conquête de nouveaux milieux naturels.»
En 1850, il n’y a que cinq milles habitants à Trois-Rivières. Le gouvernement encourage les colons. Mais il encourage aussi les grosses entreprises forestières : construction navale et exportation de bois hier, pâte à papier aujourd’hui, l’avenir est dans la forêt mauricienne. MONTEZ VERS LA TUQUE!
Et tandis que les paysans avancent l’épaule dans les arbres, les forestiers jettent la main sur la région.
Les colons d’abord! Les «habitants». Une marée lente comme les années qui, vague lente après vague lente, repousse la forêt.
Le futur habitant vient seul, laissant femme et enfants dans sa paroisse d’origine. Et, toujours aussi seul, il abat des arbres. Une première année est occupée uniquement à la bataille : faire reculer l’horizon. On a trop dit que ce pays était celui des grands espaces. Ce qui frappe plutôt l’étranger, ici, C’EST LA SENSATION D’ENFERMEMENT| La pression des bois qui engloutissent le paysage. Et ne parlons pas de la neige.
(p.19)… A l’automne, entre les souches, il plante de l’orge, du sarrazin, des pommes de terre, après un premier labeur à la pioche. Puis, «quand il a construit sa première demeure, le colon cesse d’habiter chez le voisin et invite son épouse à le rejoindre. Certains hésitent à convier si tôt leur «créature» et préfèrent attendre une autre année
Et des mouches
Et des souches
Et des frousses
À la tonne
Le paradis qu’on dit
Est derrière l’abattis
On le cherche on l’appelle
On travaille comme des bœufs
Et le soir, y a plus rien
Qu’deux étoiles dans les cieux.
—-
Mais il avance, l’habitant, dans cette solitude. Une maison de bois tous les deux cents mètres, le long d’un chemin trop droit, le «rang». Et derrière elle, deux à trois kilomètres de terre, parallèle à celle du voisin : prairie, labour, forêt. De quoi vivre en autarcie complète comme ont fait ses parents depuis le X!!eme siècle. Cela donne, vu du ciel, cet extraordinaire quadrillage qui signale au bon Dieu que le pays existe bien. Cela donne aussi une mentalité d’assiégé PAR LE SILENCE ET LES TRADITIONS. L’habitant est rangé, classé dans sa case, figée dans une pensée quadrillée, elle aussi, sans une ouverture pour rien qui soit moderne ou différent.
(p.20)… Un confluent, une chute d’eau, un passage, voici un village, plutôt une «paroisse», tant le catholicisme tient son monde en main et en langue. Curieux villages sans agglomération qui s’étendent sur des kilomètres de long. L’habitant, bloqué à sa place, ne fréquente guère que ses voisins immédiats. D’ailleurs le système veut que, dans la plupart des cas, il n’ait personne de l’autre côté du chemin. Pour la circulation des idées, cela ne vaut pas le téléphone arabe.
Des églises.t des chemins qui ne mènent nulle part. La route viendra beaucoup plus tard. «En 1887, c’est en barge et en canot que Monseigneur Laflèche fit sa première visite épiscopale dans les petites agglomérations qui avaient pris racine sur les côtes du Saint-Maurice entre les Piles et
La Tuque. (Forêt et société en Mauricie, René Hardy et Normand Séguin, Boréal-Express, Montréal 1984)». Le chemin de fer vers le lac St-Jean sera construit entre 1905 et 1911. La route ne libérera La Tuque qu’en 1925.
J’ai deux montagnes à traverser
Deux rivières à boire
Une ville à faire avant la nuit.
Un détail : LES PAYSANS N’ONT PAS LE DROIT DE COMMERCIALISER LEUR BOIS.
Ils n’ont pas assez de travail pour l’hiver. Ni assez d’argent. Une aubaine pour les compagnies forestières qui vont ainsi s’offrir de la main-d’œuvre bon marché. Voici le deuxième volet de la colonisation : L’EXPLOITATION DE LA FORÊT PAR LES HOMMES ET LES DEUX ENSEMBLE PAR LE CAPITAL.
L’exploitation du bois est aux mains de quelques grandes compagnies. Les concessions sont attribuées selon une procédure bien peu égalitaire. : en 1852, l’État octroie 119 concessions pour 6064 milles carrés. Les deux plus gros entrepreneurs s’en partagent plus de la moitié. Les six premiers, 90%! Dès 1880, les grandes sociétés anonymes imposent leur loi. Anglo-américaine, bien sûr : Glenn Falls, International paper, Union bag. Whitehead, etc…. Que fait Hyacinthe Bellerose? Fainéants de canadiens français!
(p.21) Hyacinthe Bellerose est dans le bois.
Comment naît une nation? La langue ni l’histoire politique ou militaire ne suffisent. Mais UNE COMMUNAUTÉ DE SOUFFRANCE, LE SENTIMENT DE L’INJUSTICE PARTAGÉE ET D’UN EXPLOIT DIGNE DE MOBILISER LES CŒURS. Pouvoir dire : «Mon père a vécu cela.» Et d’autant plus si cela était une grande douleur.
Voici la grande douleur.
« A saint-Stanislas, en 1860, près de 40% des hommes de seize à 45 ans avaient passé l’hiver dans les seuls chantiers de la Mauricie. D’autres s’étaient engagés à l’extérieur de la région (…) Vers l’âge de 16 ans, le temps était venu pour l’adolescent de quitter le foyer et d’aller en forêt. Véritable rituel d’initiation. Vivre pendant 6 mois avec les hommes, peiner jusqu’à la souffrance, éprouver toute sa résistance physique et revenir enfin dans sa communauté avec le sentiment d’être reconnu comme un adulte. Puis, des années durant, à répétition, six mois de MISÈRE MORALE ET D’EXIS VOLONTAIRE de la société formeront les traits d’un type d’homme (Fprêt et société en Mauricie, op.cit)

J’ai deux montagnes à traverser
Deux rivières à boire…
(p.22) C’est une des premières chansons de Félix. Un jeune homme imprégné DE LA LÉGENDE DE LA MAURICIE. Trait dominant de la société québécoise, LE TRAVAIL DANS LES CHANTIERS renplit les chansons du pays. «L’homme est parti pour travailler/ La femme est seule, seule, seule, chante Gilles Vigneault. Georges Dor chantait : « Si tu savais comme on s’ennuie/ à la Manic. » Il s’agissait à s’ennuyer à la construction du barrage. Point commun : l’exil longtemps. Et vous connaissez sans doute cette chanson donnée comme folklorique : «Mon mari est au Rapide Blanc/ Y a des hommes de rien…». Elle fut écrite en 1940 par Oscar Thiffaut. Et si elle a fait un succès, ce n’est pas seulement grâce à ses qualités musicales.
Il faut partir. « Les gens se sentaient parfois déprimés lorsqu’au départ pour un hivernement de cinq ou six mois, il leur fallait quitter femme et enfants. N’était-ce point pathétique? Et quelquefois pitoyable? Alors, pour leur remonter le courage et le moral, M. Baptiste avançait à chacun d’eux une couple de bouteilles de gin ou de whisky. L’effet en était magique à ce qu’on dit» Bon gré, mal gré les voilà à pieds d’œuvre.
Tant que dure la lumière du jour, les bûcherons se battent dans la neige qui rend la circulation et la coupe plus aisées. On attaque les arbres – et la neige, à chaque coup de hache, vous tombe sur la tête, gaiement. On charge d’invraisemblables traînaux (cinquante à soixante billes de trois mètres de long) retenus par deux chevaux invraisemblablement naïfs qu’un invraisemblable audacieux retient sur les pentes. Glissons! On entassera ces troncs sur la rivière gelée, seule voie de communication, été comme hiver. Au printemps, l’eau emportera tout vers les usines, comme une foule ou comme une chanson.
Le soir, les gars se retrouvent dans «le camp». Les logis étaient souvent trop exigus pour loger trente, quarante ou cinquante hommes «cordés» les uns à côté des autres, ne pouvant même pas s’asseoir (sur les lits de la rangée supérieure) le plafond étant trop bas.» «les hommes couchés têtes au mur se réveillaient avec du givre sur les moustaches et dans les cheveux.»
Et je ne vous dirai pas ce qu’ils mangent : c’est caviar et compagnie! Le matin, certains s’en allaient même au boulot avec des fils de champagne givrés dans la barbe!
(p.23) … « Nous ne saurons jamais le nombre de malades, de blessés, voire de morts que ces conditions de vie et de travail ont provoqué car il n’était ni dans l’intérêt des travailleurs, ni de celui des entrepreneurs de le déclarer. Déjà mal rémunérés, les bûcherons ne pouvaient se permettre de perdre une partie de leur salaire pour cause de maladie. Du reste, les défaillances étaient mal vues dans ce petit monde fermé où l’on attachait tant d’importance à la force physique, à la résistance et aux exploits.»
Naturellement, au-dessous d’un certain seuil, il faut bien que l’esprit humain justifie l’inacceptable : Il s’invente une mythologie, il sacralise le combat, il peint la nécessité aux couleurs du défi, IL TRANSFORME LE MALHEUR EN ÉPOPÉE. Il exalte «la force physique, symbole de la masculinité dans cet univers d’hommes. Les champions cités en exemple étaient d’emblée reconnus comme les coqs de la paroisse.»
Les historiens pourront se battre entre eux pour décider si le départ au chantier ÉTAIT UN ESCLAVAGE OU UNE LIBÉRATION? Oui, il y avait de ça aussi. Ces hommes coincés, au village, dans une SOCIÉTÉ ULTRADÉVOTE, où l’on ne pouvait respirer que le parfum de l’encens, étaient bien contents de partir, affirment certains. Et de me raconter la tyrannie des curés, la bigoterie générale et les campagnes antialcooliques. Comment résister? En fuyant! Dans les bois,me dit-on, IL Y AVAIT UNE VIE LIBRE, UNE VIE ENTRE HOMMES, PAS DE CUR.S, DES SAUVAGESSES. Et à boire. C’est vrai. C’est vrai aussi que ces hommes, au village, tout l’hiver, étaient confinés, inutiles, impuissants, réduits à subir.
Et maintenant, afin d’égayer un peu le tableau, je vous offre un entracte amusant. Les draveurs. Au début du siècle, ils seront environ 500 à se produire sur le Saint-Maurice, dans leur si excitant dans leur numéro d’équilibristes. Voici les draveurs! Bravo les draveurs!
(p.24) Ils vont «driver» le bois. Rien de plus simple. Le seul problème qui peut se poser à la compagnie, à part la chute des cours, c’est lorsque le convoi de billes, libéré par le dégel, se coince dans les roches. Les billes se mêlent, s’entassent, un barrage se forme. J’y vais patron! Que fait le pittoresque draveur avec sa ridicule pique en bois, sur la photo? Juché sur l’amoncellement qui me donne la chair de poule, il décoince patiemment les billes une à une. Et si ça ne va pas assez vite,il allume un bâton de dynamite, se protège derrière son doigt et, dès que l’embâcle se défait, d’un seul coup, lorsque tout fout le camp, il fuit le plus vite qu’il peut, sautant d’un tronc à l’autre vers la rive, en tâchant de ne pas être emporté. Bravo le draveur! On ne le voit pas courir sur la photo : le photographe pas fou, s’est tiré avant que la forêt de la Mauricie ne lui roule sur la gueule. Amusant métier! Comme ils ont dû rire.
Vous aussi, vous allez rire : ces gens-là portent des bottes trouées. Exprès. Pour que l’eau s’évacue. Toute la journée des bottes trouées, les pieds dans l’eau. Vite le printemps! Vite le draveur!
A l’angelus du matin
Le chef de gare, le gros Malouin
A dit : les billots sont pris
Qui d’entre nous, avec sa gaffe
Va faire un trou pour qu’ça dégraffe
Celui-là r’viendra pas…
….
Il faut lire ce reportage – car c’est un reportage – que Félix écrit sous forme de deux chansons : MacPherson en 1948 et la Drave en 1954. Pas de poésie : des phrases courtes, de style parlé, des jets de regard, deux feuillets qu’un journaliste envoie aux jeunes gens de 1987 :
(p.25) Ça commence au fond du lac Brûlé
Alentour du 8 ou 12 de mai (…)
Thauvette, Sylvio Morin
Éphée, les deux Mainguy
Sweeny, l’gros Quévillon (..)
On creuse un trou,
À la bonne place
On s’met l’joujou
Dessous la glace
Jambes à son couo
On débarrasse (…)
Mélançon s’est noyé par ici
Il faudrait pas que ça r’commence
Pour arriver au moulin
Au Moulin de Buckingham
Il faut débloquetr la jam (…)
.. Dans sa tête, y a plus de billots qui flottent
Mais sa femme au village qui tricote

Ben oui, comme ils ont dû rire…
Et pour pas cher. Fin de l’entracte : les angloaméricains savent qu’ils tiennent là une main-d’œuvre prête à payer pour jouer dans la neige et dans l’eau : «Quand, en 1881, un journaliste affecté à la construction de l’aqueduc (…) recevait un dollar par jour, un travailleur forestier de cette paroisse s’en voyait offrir 16 par mois, pension comprise. La Laurentide go, de Grand-Mère, en 1887, demandait un maçon à deux dollars cinquante par jour, alors que ses bûcherons en recevaient moins de la moitié.»
(p.26) Il y a une astuce. Les économistes , ici, vont tressaillir de volupté. Comment et pourquoi trouvait-on de la matière première humaine pour un boulot somme toute aussi insensé que les acrobaties des coolies chinois de la Central Pacific dans les à-pics de la Sierra Nevada? Et bien voilà : (en bonne période) «le recrutement le plus large des bûcherons correspondait aux rémunérations les plus élevées, de même qu’à la plus forte demande aux approvisionnements de toutes sortes. Les conditions optimales se trouvaient de la sorte réunies pour faire avancer rapidement le front pionnier. En période de baisse de cycle, la chute de l’emploi en forêt s’accompagnait inévitablement d’une importante diminution des taux de rémunérations et d’un affaissement de la demande en denrées agricoles. Dès lors, sous-emploi et misère accrue se combinaient pour freiner le mouvement de colonisation et même contraindre bon nombre de colons à renoncer à la terre parce qu’ils n’arrivaient plus à garantir leur subsistance. «Autrement dit, les cours de la pâte à papier décidaient de la vie des colons. Pleure ¸o Mauricie.
«Y aura-t-il des chantiers cet hiver?» Voilà la question qu’un gamin entend dans la bouche de son père, vers 1885. Voilà la question qu’entend le père de Félix dans la bouche du grand-père. «Y aura-t-il des chantiers cet hiver? Sinon, il faudra s’éloigner…»
LE CAPITALISTE TIENT LA POPULATION DANS SA MAIN QU’IL OUVRE ET FERME À SON GRÉ. Dans certains endroits, il possède l’usine, les terres agricoles et le commerce. A Val Jalbert, cette extraordinaire ville-fantôme du lac Saint-Jean, même les maisons appartiennent à M. Jalbert. Et quand le proprio s’en va, on coupe l’électricité et vous n’avez plus qu’à partir ou à crever. Et ça ne se passe pas au Moyen-âge, mais en 1932. Et le paysage est identique en Gaspésie où la famille Robin ASSERVIT PENDANT UN SIÈCLE LES PÊCHEURS DU COIN.
(p.27) Et Jobin et Jalbert et Baptist, c’est du pareil au même : «Pendant que les hommes étaient au chantier pour l’hiver, leurs familles devaient s’approvisionner pour vivre à l’unique magasin de M. Baptist qui vendait au prix qui lui convenait. Cependant, avec les maigres salaires que ces messieurs distribuaient à leurs employés, ceux-ci restaient généralement en dette quand arrivait le règlement des comptes après l’hivernement ou à la clôture de la saison du sciage.»
Et le Félix vieillissant conclut pour moi, dans la pénombre naissante d’un après-midi de novembre 1985 : «Où il y a des montagnes d’or, il y a des banques, des bureaux, des spécialistes, des gouverneurs, des constitutions, des lois, des armées et des prisons pour protéger l’exploitant, souvent blanc et protestant, et punir l’indigène qui oserait dire qu’il est chez lui et que les richesses sous ses pieds sont à lui…
«… Mon humiliation de Canadien français n’est rien, d’ailleurs, comparée à celle que l’Indien connaît depuis trois cents ans! Ici, l’indien est inexistant, fini, mort avec une Histoire qui est celle d’un barbare, d’un tueur, d’un tortionnaire, d’un monstre. Mais il était chez lui; il défendait son territoire, sa femme, ses enfants, ses coutumes. On l’a violé, volé, tué et on nous apprenait à l’école que c’était un bon débarras…»
Félix reste un moment silencieux. Il sait que je vais arpenter avec rage et pitié la forêt de son enfance. Il me laisse faire. Il lui a fallu longtemps pour admettre ces choses, pour «devenir adulte»…
Il se lève. On se voit demain après-midi! Il rentre chez lui. On attend la première neige qui mettra sur la grisaille comme au printemps un drap sur un pré. Un baume de pureté sur la souffrance.
(p.28)… Je reviens à mes notes.
« Faut-il rappeler que le chômage endémique et le sous-emploi laissaient peu de choix à quiconque devait travailler en dehors de l’agriculture jusqu’à l’avènement tardif de l’industrialisation. L’emploi en usine ne commença réellement à concurrencer le travail en forêt qu’à la veille de la première guerre mondiale. Il aura donc fallu que la crise vienne dégrader davantage des conditions de travail déjà pénibles pour que les protestations des travailleurs forestiers surgissent et entraînent une première intervention gouvernementale en 1934».
Ils protestent, les travailleurs? Ils osent protester? Non! Ils ont attendu en 1934, la crise et l’aggravation de leur situation pour protester. L’aggravation! Plus de quatre-vingt ans, ils ont attendu|
Non, les travailleurs ne protestaient pas. «Recrutés en grande partie dans le milieu rural, souvent dans les centres de colonisation, ils retrouvaient en forêt des conditions de vie et de travail assez semblables aux durs labeurs du défricheur.» Il faut dire aussi «qu’ils se définissaient généralement comme des agriculteurs, c’est-à-dire des petits producteurs indépendants dont le travail en forêt, quoique nécessaire à leur subsistance, n’en était pas moins perçu comme une seconde source de revenus»
Les travailleurs ne protestaient pas. A cause de l’habitude de la souffrance physique et de la misère, à cause de l’isolement, à cause du manque de relai pour leur plainte (pas de villes, pas de presse, pas d’intelligentzia, eh oui, les intellectuels sont utiles!) à cause D’UN ENCADREMENT RELIGIEUX SERRÉ COMME UN ÉTAU, ils ne protestaient pas. OR, L’ÉGLISE NE PROTESTAIT PA SNON PLUS. Ni les politiciens, SOUVENT LIÉS AUX COMPAGNIES. D’ailleurs, il va de soi que le premier grognement tel celui des «patriotes» en 1837 ou celui de Riel en 1885 se serait heurté à la mère patrie.
(p.29)… La répression de la vieille Albion aurait bousculé cette classe politique sans force et atteint de plein fouet l’Église. CELLE-CI A ACCEPTÉ DE CAUTIONNER L’EXPLOITATION. AUX ANGLAIS, L’ARGENT, LES AFFAIRES. A NOUS, LES ÂMES. ET LA MISÈRE. Et Hyacinthe Bellerose ira couper notre bois dans les chantiers.
La conquête de la Mauricie finit ainsi : Un jour, on s’aperçoit que la colonisation ne peut plus avancer. A trente kilomètres de Trois-Rivières, aujourd’hui, en 1985, c’est la forêt : plein d’arbres qui nous narguent, cachés dans les buissons. LA TUQUE EST TOUJOURS UN POINT, PERDU EN PAYS HOSTILE. «La population mauricienne n’avait pas voulu déborder la barrière des montagnes au-delà desquelles les conditions d’existence les plus ÉLÉMENTAIRES PARAISSAIENT INCERTAINES».
De la grande idée, IL NE RESTE QUE CETTE USINE DE PÂTE À PAPIER, À LA TUQUE. Installée en 1907, elle employa très vite des milliers d’ouvriers : quatre travailleurs industriels sur cinq. VOILÀ LA VILLE DES PIONNIERS DE FÉLIX : les dépendances d’une usine. Sanc compter cette autre dépendance, installée là pour la dérision, comme pour narguer les géants du passé : UNE FABRIQUE DE BÂTONNETS POUR CHOCOLATS GLACÉS….
Les souvenirs eux, traînent dans les combes, stagnant comme des brouillards : les ruines d’un camp, les mots d’une société en déclin, quelques phrases arrachées à un vieillard, des images grises, des taches sur les photos, des sentiments jadis partagés par des milliers d’hommes qui vont former la mentalité – «l’inconscient collectif» du peuple québécois. (Le secteur bois emploie encore directement ou indirectement deux cent cinquante mille personnes en 1985 et réalise 18% des exportations du Québec).
(p.30)… Je suis allé à La Tuque. C’EST UNE LAIDE PETITE VILLE SANS CHARME DANS UN DÉCOR MAGNIFIQUE POURTANT. L’usine l’enveloppe d’un brouillard jaunâtre qui lui indique son statut. Rien n’a changé. En haut de la ville, surplombant de très haut la rivière superbe, il y a un joliquartier avec de jolies maisons, de jolies pelouses, une jolie église anglicane, de l’air vif et du calme. ON Y PARLE ANGLAIS, FORCÉMENT.
Félix a-t-il connu le monde des pionniers? Je crois que non. IL EN A VU LA FIN. Il a baigné dans les souvenirs. IL A COURU ENTRE LES MAISONS DE BOIS DES PREMIERS ARRIVANTS. Il les a écouté parlé, parler l’oncle Richard et son père et son frère ainé. Il a manqué l’aventure de quelques années, très peu. Lorsque le père et le frère monteront coloniser l’Abitibi, Félix trop jeune, devra partir étudier à Ottawa. Félix Leclerc le colon? Félix est un menteur. LORSQU’IL A COMMENCÉ À ÉCRIRE ET À CHANTER, LA BATAILLE ÉTAIT TERMINÉE. Il l’a manquée. Il n’en a vécu que les adieux, les ultimes odeurs, les bruits qui se taisent, les anecdotes qui circulent ET SE FIGENT POUR DEVENIR FOLKLORE. Félix naît le jour même de la déclaration de guerre : les historiens font commencer le xxeme siècle ce jour-là. Trop tard pour lui ou trop tôt. A cheval, il sera sur deux mondes.
Vous trichez, Félix. Mais cette tricherie est plus pathétique que la vérité des biographes : elle en dit long sur vous et les québécois.
J’ai deux montagnes à traverser
Deux rivières à boire
Une ville à faire avant la nuit.
Vous trichez, Félix, mais vous avez raison : où vous posez la main, les gens d’ici ont leur fierté et leur douleur,
C’est pourquoi, de forêt, il n’est pas revenu…
La conquête de la Mauricie, marque la culture québécoise. Le Saguenay et la Gatineau sont d’autres Mauricie. Six millions de québécois d’aujourd’hui?
(p.31) Un million et demi à la fin du X1Xeme siècle! Peu ou prou, tout le monde vient de là. Tout le monde a un cousin Tremblay du Saguenay et un grand-père Leclerc de La Tuque : DES PAUVRES. Les enfants des habitants-forestiers sont la légion des beaux jeujeunes gens de Québec, professeurs, infirmières, psychologues qui ont fait la révolution tranquille puis le parti québécois. Ils sont le bûcheron de 16 ans, le vieux qui s’éveille avec du givre dans la moustache, la femme qui attend six mois sur douze, le draveur qui court sur l’embâcle et le photographe épouvanté. Quand Félix parle, chacun sait de quoi il parle, de quelle misère. Et quel silence il charme.
Observateur amical, j’ai vu ce pays respirer comme un cœur sur la carte, de chaque côté du Saint-Laurent, son aorte. C’est facile : l’aventure est courte, le développement est simple; ici chacun sait d’où il vient et le nom de ses ancêtres. On a l’impression que l’Histoire s’est mise à taille humaine comme pour être une leçon lisible.
La France est un trop vieux pays. Pas un chanteur ne dira «nous» en parlant de la patrie. Tout au plus quelques-uns prétendent-ils parler «des gens» ou «des jeunes» ou plutôt de certaines couches de jeunes, zonards, contestataires etc. selon les époques. Ils durent le temps de deux 33 tours et sont remplacés. La superficialité reste : de l’écume renouvelée.
Personne, dans ce pays perdu, perdu sous la surenchère, ne dira aussi tranquillement «mon pays» que les québécois en général, leurs chanteurs ensemble et Félix Leclerc en particulier. Félix chante le pays et le peuple acquiesce. La simplicité avec laquelle la nation québécoise se parle à elle-même, est quelque chose de prodigieux pour un français habitué à un charivari, aux contrefeux, aux jeux d’ombres. D’où vient cette audace tranquille du Québécois à tutoyer l’histoire? Peut-être du fait qu’il n’en est qu’à la première page : l’habitant a pioché, labouré, dessouché en silence.
(p.32) Un peuple puis une nation mais toujours pas d’État. Il peut bien tutoyer l’histoire, ce ne sera pas plus terrible que de tutoyer la neige et la forêt qui, elles, ne répondaient jamais.
Au printemps 1905, un homme apparaît entre les arbres. POUR ÉCHAPPER À SON DESTIN DE PAYSAN, il vient de parcourir cent milles en canot et à pieds. Il a quitté Trois-Rivières quatre jours plus tôt, avec Guertin et l’Italien. IL S’APPELLE LÉO LECLERC. Il est marié à Sainte-Emmélie-de-Lotbinière. Vous le voyez en contreplongée. C’est un colosse. Il pèse cent ving-cinq kilos.
Deux montagnes à traverser…
Il regarde devant lui la montagne de La Tuque et le plateau qui surplombe la rivière. Voilkà l’endroit dont il rêvait : la palissade de l’ancien poste, les travaux de la future usine, là-haut; quelques fermes… il s’avance. Il porte sur son dos le cadavre de l’Italien.

FRED PELLERIN SUR LE C.D. CHANTE TELLEMENT JUSTE LA CHANSON DU CAMIONNEUR QU’ON DIRAIT QU’IL CHANTE FAUX, COMME ON SE FAISAIT L’HONNEUR DE LE FAIRE DANS MON TEMPS AUX PIERROTS

Quel magnifique conseil d’administration de la créativité ce matin… Hier soir, Michel avait travaillé avec passion pour terminer la nouvelle interface de www.wow-t.com qui accompagne la poïétique du lab doctoral de www.lepaysoeuvredart.ca… pendant que de mon côté à la bibliothèque, je transcrivais des passages de Félix Leclerc le roi heureux, biographie de Jacques Bertin pour nourrir le fil d’or de l’item La Tuque du chapitre 2 du doctorat.

Ceci dit… Michel me dit: Pierrot, Louis Alary m’a envoyé un extrait du c.d. de Fred où il chante la chanson du camionneur… l’as-tu entendu…. j’ai dit non… je suis concentré sur le doctorat…

Et Michel de la faire jouer…. Inimaginable…. une voix en avant comme je l’ai toujours vécue dans ma carrière…. tellement en avant qu’elle atteint le fragile éternel de chaque personne humaine… Une perfection émouvante… Un peu plus et je me disais que Fred aurait pu même la composer…

Quel cadeau quand même… et cette voix de femme si subtile et discrète qui semble habiter l’âme du camionneur pendant qu’il conduit…

Ca me rappelle… Aux Pierrots… la deuxième année je crois… Robert Ruel avait bâti un feu de foyer gigantesque dans le mur face à la scène… Les lundis de l’hiver, pendant des tempêtes de neige impressionnantes, je chantais sur une chaise devant le feu de foyer pour les quelques clients… les grandes chansons en lisant dans mon cahier et en arrêtant entre les couplets pour raconter….raconter…et raconter encore… Une voix qui rythmait le feu et les bûches…. une voix issue de nos folklores…. J’étais un homme qui chante et qui humblement, comme les premiers habitants de ce pays, comme mon arrière grand-mère avec son accordéon à piton faisait danser mon grand-père agé de 5 ans et ses frères et sœurs un 25 décembre pendant que mon arrière grand-père se mourait dans le haut côté…. avec des cris de douleurs que seul le vent de la tempête entre les montagnes pouvait accompagner…

Isabelle m’a souvent dit: Y a jamais personne qui t’a dit que tu chantais faux?…. ca m’a toujours fait éclater de rire… 32 ans à chanter faux…. certainement…. un homme qui chante refuse de chanter juste comme un vrai chanteur… Il chante faux pour tous les errants fantomatiques qui n’ont que la fausseté de leur gorge pour crier à l’univers la peur ontologique d’être né au mauvais moment et au mauvais endroit….

J’ai chanté faux toute ma vie comme j’ai eu des mauvaises notes à l’école toute ma vie… Il fallait s’enfuir par les crack de planchers des errants axiologiques trop asservis à devenir quelqu’un dans la courte existence….

La poésie passe par l’anonymat…. Ce camionneur de la chanson… il y a que lui et moi qui savons que j’ai vraiment volé les mots de sa bouche, des mots dédiés à sa femme… il y a que lui et moi qui savons que dans une tempête épouvantable sur la route de La tuque, on a failli se tuer pendant que le vieux chapelet jauni auquel on ne croyait ni lui ni moi se balançait complètement de nous…

Il y a que lui et moi qui savons que son amour pour sa femme était plus grand que son lit dans le camion…. Je lui ai volé ses mots en échange de quelques je t’aime qui bloquaient dans le fond de sa gorge comme une débâcle au printemps qui n’en finit plus de se gonfler de pitounes.

Oui Isabelle, j’ai chanté faux toute ma vie… j’ai jamais accordé ma guitare… j’ai souvent joué avec des cordes en moins… je fuyais, je me cachais en arrière de l’autre Pierrot parce que j’haissais profondément la scène… De la scène, on voit la terrible misère humaine des humains qui s’imaginent qu’on est quelqu’un parce qu’on est là-dessus alors que j’étais juste assez lâche pour me cacher là-dessus pour ne pas travailler…..

Une chanson… et c’est ce que Fred a compris… ca se chante au creux de l’oreille, dans un studio d’un ami, pour sa femme et ses enfants….faisant de chacun des hommes brisés par les horreurs de la condition humaine une espérance du meilleur à offrir à sa femme.

FRED CHANTE TELLEMENT JUSTE SUR SON C.D. QU’ON DIRAIT QU’IL CHANTE FAUX:))))))))))))))))))))))))) comme dans mon temps:))))))))))))))))) ET C’EST SUPERBEMENT RÉUSSI

Bravo Fred

Pierrot vagabond

POUR LE DOCTORAT, ARCHIVES… LA PRESSE + FRED PELLERIN ET LA CHANSON DU CAMIONNEUR

Après de Fred Pellerin

Le grand dépouillement

Fred Pellerin l’interprète est de retour, toujours aussi émouvant et enveloppant, avec un nouveau disque intitulé Après. Une œuvre intime et dépouillée, qui va directement de son cœur au nôtre.

Josée Lapointe

La Presse

Mine de rien, le conteur sort cet automne son cinquième disque, le quatrième en solo. Pas mal pour quelqu’un qui n’a jamais voulu faire une carrière – un mot qu’il n’aime pas beaucoup d’ailleurs – en chanson. Pourquoi continue-t-il alors ?

« Je chante parce que j’adore ça, nous répond Fred Pellerin. Comme je trace un sentier dans le bois ou que je bâtis ma cabane à sucre. C’est dans la même zone. Quand j’aborde la chanson, il n’y a pas de plan, ça n’a pas besoin d’être rentable. Ce n’est pas mon travail. »

Après regroupe 10 chansons épurées et à fleur d’émotion. Certaines sont tirées du répertoire québécois – connues ou méconnues –, d’autres ont été écrites pour lui, mais toutes sont reliées par ce thème : ce qui vient après la vie, l’amour, la mort. « Après toutes sortes de choses, précise-t-il. Quand on enlève les pelures et qu’il ne reste que ça, le noyau de l’oignon. Mais on s’en est rendu compte juste à la fin ! D’ailleurs, le disque a failli s’appeler Toujours… Ce sera pour une autre fois ! »

Un opus chargé d’émotions

La charge émotive portée par ce disque est tout de même très forte, et ce, dès la première chanson, L’étoile du Nord, un texte de Gilbert Langevin sur une musique de Claude Gauthier qui a été chanté par le passé par Pauline Julien et Bori. « C’est comme la première neige / Et le premier printemps / Mon amour, mon amante / Mon étoile du Nord », chante doucement l’interprète à notre oreille. On le lui demande d’emblée : fait-il exprès pour nous faire pleurer ?

« Oui », dit-il, presque timidement (c’est rare). C’est que, dans le fond, il y a deux Fred Pellerin. Celui des contes, où « ça revole et ça explose », et celui de la chanson, qui n’a pas besoin « de gigoter ou d’avoir le spot ».

« Avec la chanson, j’ai besoin d’être dans l’autre bout du spectre où mon char de contes ne rentre pas. C’est l’étage du parking où le toit frotte. Alors, j’arrive là en vélo. La chanson, c’est mon vélo. Du ring a flang a flang, je ne peux pas faire ça en chanson. Je n’ai pas ce qu’il faut. »

— Fred Pellerin

C’est pourquoi il chante juste un peu – trois ou quatre pièces maximum – pendant ses spectacles de contes et qu’il ne fait pas de tournées. « J’ai fait une petite tournette il y a quelques années, mais je ne ferais pas plus que ça. » Cette manière tout en retenue qu’il a de chanter sur scène, il la reproduit donc sur disque. C’est aussi sa manière de chanter dans la vie, ajoute-t-il.

« Tous les soirs, je joue de la guitare à mes enfants. Je m’assois à côté du bain et je leur chante des tounes. Cet album, c’est celui qui ressemble le plus à quand je joue tout seul. Si je te jouais La chanson du camionneur là maintenant, mon capot dans la case trois, ben je te dis que ce serait pas mal ce que tu as sur l’album. On a ajouté une petite basse, juste pour garnir le système de son si tu l’écoutes dans l’auto, sinon c’est très proche. Et c’est volontaire et réfléchi. »

Le résultat est bien sûr une intimité instantanée, comme s’il ne jouait que pour la personne qui l’écoute. « T’as plus 22 affaires entre toi et moi. C’est juste ma voix et ma guitare. » D’ailleurs, c’est ainsi qu’il aimerait que les gens l’écoutent, seuls, avec leur casque d’écoute ou dans la bulle de leur automobile. « De toute façon, ce n’est pas vraiment un disque d’ambiance qu’on met pendant un souper… », dit le chanteur, qui assume totalement sa mélancolie.

« Je suis triste pour plein de choses dans la vie. Et puis, il y a l’affaire du temps qui me hante, depuis des années. Je suis beaucoup pris avec ça. Le temps. Peu importe le temps que tu mets sur tes trucs, qu’il soit bien investi ou non, ce temps-là ne revient jamais. Tu peux investir à la Bourse et faire minoter ton argent, mais le temps ne minote jamais. Il coule. Ça me bouleverse chaque fois que j’y pense. Chaque jour. »

Justement, il vient de passer un automne où le temps a filé à toute allure, entre la tournée de son spectacle de contes Un village en trois dés, le lancement de l’album, la préparation du conte de Noël de l’OSM – « C’est gros, ça, juste bouger deux virgules, c’est trois paliers de gouvernement ! » – et un séjour en France au Festival de Champagne, où il a chanté avec un chœur de 900 personnes – « Avec tout le respect que j’ai pour un violon qui vibre, ça ne fait pas le même effet… ».

La même équipe depuis ses débuts

Il ne pouvait pas dire non à cette expérience, mais il a dû annuler les 10 jours de congé qu’il avait prévus. « Je l’ai échappé un peu cet automne », admet-il. En général, son horaire est mieux équilibré – au printemps prochain par exemple, il a réservé tout son mois de mars pour la saison des sucres, en faisant même reporter une série de spectacles en France. « Ce sera la première fois depuis que mon père est mort. »

On s’inquiète quand même pour lui : a-t-il le temps de vivre ? « Ah, mais je vis ! Je vis au village, j’ai des enfants, une famille, des voyages. Je fais du bois de chauffage, je passe la gratte dans les trails pour les marcheurs. On a un réseau de sentiers, et cette année on ajoute le ski de fond. Je fais tout ça. Je suis très groundé. »

Cette belle vie qu’il s’est organisée malgré les nombreux engagements, elle existe aussi dans le boulot. Fred Pellerin travaille avec les mêmes gens depuis le début de sa carrière, et l’idée de changer d’équipe ne l’a jamais effleuré.

« Je suis fidèle. Mettons que demain, Jeannot [Bournival, le réalisateur de tous ses disques] décidait de ne plus faire d’album, je ne sais pas si j’en ferais encore. On se connaît depuis qu’on a 7 ans. À 10 ans, on avait déjà notre agence d’espionnage. »

— Fred Pellerin

En fait, Fred Pellerin aime l’idée d’intégrer l’amitié au travail.

« Ça fait une différence sur la quantité d’amis que tu as à ta tablée, sur la continuité entre les affaires, sur le fait d’avoir un fil qui se tient. »

Un public toujours au rendez-vous

Après vient tout juste de sortir qu’on sent déjà qu’il répond à un besoin du public – chacun des albums de Fred Pellerin a d’ailleurs été un grand succès. Comment explique-t-il cette connexion ?

« Peut-être que je suis dans une zone où on propose moins la chanson comme ça. Moi, le deal que je fais, c’est d’y aller d’instinct. Et on dirait que ces choix qui font résonner quelque chose en moi trouvent leur écho ailleurs. » Autre hypothèse, ajoute-t-il, les chansons ne sont pas pensées pour tourner à la radio.

« On ne martèle pas, on n’écœure pas le monde. Ça doit aider à long terme. C’est un bon investissement de ne pas écœurer le monde. »

« L’auteur, Pierre Roger Rochette, est un vagabond qui s’est fait embarquer 1000 fois par des truckers. Et celui de la chanson existe, il lui racontait pendant des kilomètres comment il aimait sa femme, et qu’il était en train de rénover sa cuisine et tout, mais qu’il n’était pas capable de le lui dire. Pierrot lui a dit : on va le faire dans une chanson. Le résultat, avec cette poésie du quotidien qui fait rimer cuisine avec mélamine, c’est une ostie de belle toune d’amour. »

« Je trouvais que cette chanson n’avait pas besoin de moi. Martin Léon est mon contemporain, et il me semblait que je ne lui apportais rien de plus. Je la chantais déjà dans mon spectacle de contes, et ça m’a pris tout mon petit change. Quand Martin est venu me voir à Sainte-Adèle au printemps et que je lui ai dit que je faisais un album, c’est lui qui m’a dit de la mettre dessus. Mais je l’aborde avec beaucoup d’humilité. »

« C’est une des chansons les plus enveloppées du disque, qui le fait avancer. C’est David Portelance qui l’a écrite, un grand parolier et mélodiste qui a écrit de grandes chansons que j’ai chantées [Tenir debout, Au commencement du monde]. C’est rare que ça ne marche pas, nous deux. C’est drôle parce que quand il les chante, il est complètement ailleurs, il est plus rock. Moi, je les pogne, je les démonte et je les remonte en chuchotant. Peut-être qu’on se complète d’une certaine façon. »

« Ah, celle-là va faire un hit ! C’est un jeu, cette chanson. On l’a vraiment écrite à trois, Manu Trudel, Josée Beaudoin et moi, en écrivant chacun notre couplet mais sans s’asseoir ensemble. Ça en prenait une pour alléger l’atmosphère, il fallait aller dans une autre zone, donner du relief, sinon c’est juste pâle. Ça prend des asymétries. »

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MNBAQ : un regard neuf sur l’histoire de l’art du Québec

Publié le samedi 17 novembre 2018

L’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec dresse un portrait de l’histoire de l’art au Québec.L’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec dresse un portrait de l’histoire de l’art au Québec. Photo : Idra Labrie

Fruit d’une intense réflexion sur la collection nationale, l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec au pavillon Gérard-Morisset revampé du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) s’avère magnifique, et nécessaire.

Un texte d’Anne-Josée Cameron

La commissaire de l’exposition et conservatrice de l’art moderne au MNBAQ, Anne-Marie Bouchard, souhaitait présenter de manière nouvelle la collection nationale. L’inspiration est venue de l’esthétique des réseaux sociaux.

« J’avais envie qu’on regarde les oeuvres avec un regard neuf, avec nos yeux d’aujourd’hui, explique-t-elle. On a donc pensé réseaux sociaux, Pinterest, Instagram. On a réfléchi à de nouvelles façons d’apprécier les oeuvres. »

Le résultat est une exposition plus plastique, moins didactique. Ici, pas de longs paragraphes expliquant la vie de l’artiste, mais des oeuvres disposées de manière à susciter l’émotion, à faire vivre une expérience forte. Malgré le peu de textes explicatifs, l’information est tout de même transmise.

Ces 350 ans de pratiques artistiques au Québec sont donc répartis en cinq salles, chacune identifiée sous un thème.

Croire

Dans la salle Croire, les visiteurs sont invités à découvrir une sélection d’oeuvres religieuses témoignant de l’émergence des pratiques artistiques au 17e siècle. On est cependant ici très loin de la mise en place traditionnelle.

«Quand je pensais à ça, je pensais à mes garçons qui ne sont jamais allés à l’église et je pensais à ma mère pour qui c’est très important. Je voulais que ces deux générations-là soient capables d’aller là et d’en tirer un profit.»

—Jean Hazel, designer principal, MNBAQ

Une salle d’exposition du Musée national des beaux-arts du Québec La salle Croire du pavillon Gérard-Morisset s’inspire de l’église. Photo : Radio-Canada/Anne-Josée Cameron
Pour le désigner principal du MNBAQ, Jean Hazel, l’idée de l’église s’est imposée d’entrée de jeu. « On a fait une espèce d’anamorphose de l’église, c’est ça qui nous a allumés. Donc, on a mis le maître autel au centre de la pièce, puis on a explosé les différents éléments qu’il y avait autour de ça. Le résultat est impressionnant, il se dégage de cette salle d’exposition une impression de grandeur et d’humanité, car on montre aussi l’arrière des oeuvres. »

Le MNBAQ a choisi de montrer l’envers des oeuvres afin de rappeler aux visiteurs que celles-ci ont besoin de soins, qu’elles ne sont pas éternelles.

On aperçoit parfois l’arrière des oeuvres dans l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec. On aperçoit parfois l’arrière des oeuvres dans l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec. Photo : Anne-Josée Cameron
Devenir

La salle Devenir s’ouvre sur une collection de portraits réalisés dès la fin du 18e siècle. On y dévoile le portrait des notables, des bourgeois et des gens du peuple.

« En face de la salle des portraits, c’est comme si on avait installé les gens dans les bancs de l’église. C’est comme ça que nous, on s’est raconté notre histoire », explique en souriant Jean Hazel.

Installés sur des panneaux de verre grâce à de gros aimants, les portraits semblent flotter tels des fantômes du passé ou encore exister pour notre amusement.

Des tableaux exposés sur des panneaux en verre L’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec présente près de 600 oeuvres du 17e siècle aux années 1960. Photo : Radio-Canada/Anne-Josée Cameron
En effet, chaque portrait, qui est à hauteur d’homme, devient l’objet d’un jeu. Spontanément, de nombreux visiteurs se cachent derrière les portraits et ajoutent ainsi des jambes aux individus représentés. « On était bien conscient que cette salle ferait l’objet d’amusement et de nombreuses photos sur les réseaux sociaux », admet en souriant Anne-Marie Bouchard.

Imaginer

Cette salle fait la part belle aux artistes formés dans les grandes institutions académiques de la seconde partie du 19e siècle. Le premier coup d’oeil nous invite dans l’atelier du peintre Napoléon Bourassa.

Salle « Imaginer » de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec. Représentation de l’atelier de Napoléon Bourassa. Salle « Imaginer » de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec. Photo : Idra Labrie
« On a essayé de rentrer dans la tête du peintre, mentionne Jean Hazel. On a essayé d’en faire un rêve. On a essayé de voir comment l’artiste imagine son univers. C’est pour ça qu’on a placé cette petite courbe-là dans le bas du mur. Pour faire comme si les tableaux étaient directement appuyés sur le plancher parce que souvent les artistes travaillent et retravaillent leurs tableaux qui sont directement au sol. »

En tant que visiteur, on a l’impression d’entrer chez l’artiste, on ressent tout de suite l’intimité des lieux, ce qui bonifie l’expérience vécue par celui-ci.

Ressentir

Cette salle est consacrée aux paysages, très à la mode à la fin du 19e siècle. Elle témoigne de l’éclatement des formes et des pratiques picturales.

«Dans cette salle-là, ce qui nous allume, c’est l’idée des saisons. C’est la lumière qui nous a dirigés.»

—Jean Hazel, designer principal, MNBAQ

On y retrouve des toiles horizontales, suspendues sur des stèles de verre. L’effet est magique. Le visiteur a l’impression d’évoluer à travers le changement des saisons. Les œuvres exposées sont absolument superbes.

Salle « Ressentir » de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec Salle « Ressentir » de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec Photo : Idra Labrie
Revendiquer

La salle Revendiquer présente des œuvres plus modernes qui rappellent à quel point la première moitié du 20e siècle a été marquée par la contestation de l’académisme alors jugé rétrograde.

Salle « Revendiquer » de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec Salle « Revendiquer » de l’exposition 350 ans de pratiques artistiques au Québec Photo : Idra Labrie
L’exposition permanente 350 ans de pratiques artistiques au Québec dresse un panorama vivant et interactif du début de la colonie à aujourd’hui. On y découvre des oeuvres, près de 600 disséminées dans les cinq salles, dont plusieurs n’ont jamais été exposées.

Ce redéploiement arrive à point nommé et confirme hors de tout doute la place du MNBAQ dans le grand circuit des musées internationaux.

FRÉDÉRIC BOUDREAULT, DIT «FRED»… UN ARTISTE DU QUOTIDIEN QUI VIT UN AMOUR OEUVRE D’ART AVEC SA COMPAGNE VÉRONIQUE, M’A CONQUIS PAR SAUCE À SPAGHETTI QUE J’AI RITUALISÉ SOUS LA FORME QUE J’APPELLE «LES TARTINES À LA SAUCE FRED»

C’est parfois si magique la vie… Il y a quelques jours, Fred arrive à ma table à la bibliothèque et me dit… «J’ai un cadeau pour toi Pierrot»… Et il me remet un pot de sa sauce à spaghetti…

Véronique, sa compagne qui travaille elle aussi à l’UQAM m’avait déjà confié à quel point son Fred était un maîte de la lenteur pour créer des œuvres d’art par la table…

Par principe de vagabondage, je n’utilise que très rarement, sinon jamais la cuisine chez Marlene et Michel… Je vis comme si j’étais sur la route, au cas où je reparte, mes pieds étant plus chasse-galerie que ma tête….

Mais là… un vendredi soir… Marlene et Michel sont à leur maison secondaire… j’ouvre le pot… je sens… wow… et je décide de me faire des tartines à la sauce Fred…. 4 tranches….

Vero a raison… une magistrale flambée d’épices discrètes….

Merci Fred….
je ne sais quand je te ramènerai ton pot
je ne fais jamais la vaisselle:)))))))

Pierrot