Norbert Elias
la société de cour
extrait
p.231-232
Dans cet équilibre des tensions, LES DEUX GROUPES SE TENAIENT COMME DEUX BOXEURS DANS UN CORPS-À-CORPS., ni l’un ni l’autre n’osait changer de position, car l’adversaire aurait pu en tirer un profit; ET IL N’Y AVAIT PAS D’ARBITRE POUR SÉPARER LES COMBATTANTS! Les interdépendances se compensaient de telle manière que l’attachement et la répulsion réciproques s’équilibraient à peu près.
Nous avons vu que, pendant la dernière phase de ce régime, même les plus hauts placés sur l’échelle hiérarchique, LE ROI, LA REINE, les membres de la maison royale avec ses dames de cour et ses courtisans, ÉTAIENT TELLEMENT PRISONNIERS de leur propre cérémonial et de l’étiquette qu’ils les observaient en ployant littéralement sous leur poids.
Etant donné que chaque démarche, chaque geste symbolisait les privilèges de telles personnes ou de telles familles, que chaque entorse à l’étiquette risquait de susciter le mécontentement et la résistance active d’autres groupes et familles privilégiées, on renonçait à la moindre modification de peur qu’en touchant aux privilèges des autres ON NE COMPROMIT SES PROPRES PRIVILÈGES.
L’étiquette et le cérémonial de la cour symbolisaient en quelque sorte LES INTERRELATIONS DES ÉLITES DE L’ANCIEN RÉGIME en général.
Qu’il s’agit d’un monopole sur certaines charges, d’un droit sur certaines ressources ou d’avantages de rang et de prestige, toute la gamme nuancée de privilèges, non seulement de la famille royale, mais aussi de la noblesse d’épée, de la noblesse de robe, des grands fermiers et des grands financiers – qui malgré de nombreuses relations horizontales étaient néanmoins reconnaissables come groupes élitaires dotés de privilèges particuliers – était considérée comme une sorte de propriété privée que chaque groupe, que chaque famille gardait jalousement et protégeait contre toutes menaces.
L’extension des privilèges d’un autre groupe était souvent déjà considérée comme une menace. Louis X1V était encore assez puissant pour augmenter ou diminuer dans certaines limites les privilèges et adapter ainsi le réseau de tensions aux nécessités de sa position royale.
LOUIS X1V
AVEC TOUTE SA VASTE FAMILLE
FAIT DÉJÀ FIGURE
DE PRISONNIER DU MÉCANISME
RÉGLANT CES INTERDÉPENDANCES
Au lieu de contrôles, il se laissait dans une certaine mesure contrôler par lui. Semblable à UN MOUVEMENT PERPÉTUEL FANTÔME, il forçait tous ceux qui en étaient les rouages à défendre dans une émulation sans fin LA BASE PRIVILÉGIÉE DE LEUR EXISTENCE et de faire du surplace.
C’EST CE CORPS-À-CORPS SOCIAL
QUI IMMOBILISAIT LES GROUPES.
Chacun vivait dans la crainte qu’un déplacement du centre de gravité n’aboutît à sa propre perte….
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