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Bonjour Pierrot
Ce fut longtemps, trop longtemps peut-être, mais sûrement pas. Le temps de passer à travers des orages, de s’embourber, de ramper, de se relever, de marcher avec sa blessure, mais de marcher quand même.
Pour quelle contrée ou quel écrin avez-vous quitté la bibliothèque de McGill ?
Hâte de retrouver la joie de vous lire
J’ai attrapé un arc-en-ciel qui s’était arrêté juste sur l’église. Dans le coin on dit que les arc-en-ciels montrent là où il y a un trésor. Si c’est le cas j’imagine que vous en traînez un avec vous.
Sarah Roubato
www.sarahroubato.com
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Chère Sarah
De mon côté, je suis dans un nuit et jour de chercheur universitaire… les quelques élèves à qui je sers de tuteur en maîtrise et au doctorat que je cultive depuis 5 ans maintenant me procurent des joies inouïes. Ils grandissent dans la brillance intellectuelle…. je leur fais vivre la différence entre un sujet de recherche et un objet de recherche (une proposition mentale constituée de concepts traversant les champs de paysages conceptuels autant que de schèmes conceptuels) à travers une question que je les invite à résoudre de manière inventive et non commentatrice, chacun ou chacune dans leur discipline institutionnelle respective.
ne triche pas avec ton rêve big-bang
et le big-bang cosmologique de ton rêve
ne trichera pas avec toi
Pierrot
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À
Pierre Rochette
Aujourd’hui à 17 h 08
j’avais tenté de vous envoyer plusieurs fois ce message mais il me revenait. Merci d’écrire d’une autre adresse.
dans un appartement d’où je vois la Tour Eiffel, bien chauffé, à ciseler des mots, tailler, encore et encore…
vous n’avez donc pas vagabondé depuis cet été ?
écrire…ce n’est même pas ma passion, c’est mon état d’être au monde, c’est mon geste.
invention plutôt que commentaire… oui ! J’ai écrit un article sur mon site qui s’appelle La culture du commentaire, car il est vrai qu’elle est effrayante. Avez-vous lu Deleuze ? il parle beaucoup des concepts comme une invention, et tisse les liens entre concepts percepts et affects.
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Chère Sarah
Deleuze et Guattari font partie de mon archéologie du rhizome, telle que résolue dans son œuvre par Edouard Glissant et sa dialectique entre le tout-monde et le métissage des inventions planétaires.
Cet été, j’ai vagabondé la connaissance… au nom de notre équipe de recherche (Auld-Woodard-Rochette) J’ai failli partir tellement de fois avec mon bâton et mon sac de couchage… mais je m’obstinais à faire œuvre planétaire par l’invention de la nanocratie (la nano-démocratie-planétaire) réfléchissant à la communauté des virtuoses des 125 justes, champ magnétique entre le particulier et l’universel tel que l’aurait rêvé et actualisé John Rawls s’il avait vécu à la période numérique.
Je reste passionné par le fait d’appliquer un certain nombres de vertus à la qualité du savoir. Je suis habité par ce que certains auteurs appellent «l’incéalité» que je décrirais comme une soif paroxystique d’une volonté de fondation éthique d’une communauté savante par l’exemplarité paradoxale d’une intimité para-institutionnelle.
Je reste persuadé qu’au 21eme siècle, une dimension nano-collective sera essentielle pour construire des champs de questions partagées autour de la problématique suivante: QUE FAUT-IL INVENTER POUR QUE TOUS ET TOUTES MANGENT À LEUR FAIM SUR LA PLANÈTE TERRE?
Si vous le permettez, je transcrirai ce dialogue sur mon blog poïétique (www.lepaysoeuvredart.ca)
Pierrot